/ 2637
1688. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Il n’est pas jusqu’à cette vogue religieuse du moment qui ne semble jusqu’à un certain point devoir se rapporter à lui : sans doute, en ce qu’elle aurait de tout à fait sérieux et de profond, lui-même il n’en accepterait pas l’honneur, et il l’attribuerait à une cause plus haute ; sans doute, en ce qu’elle offre d’excessif et de blessant, il aurait le droit d’en décliner la responsabilité, lui qui a surtout présenté la religion par ses aspects poétiques et aimables ; mais enfin il est impossible de ne pas remarquer que la vogue religieuse, dont le Génie du Christianisme fut le signal, est encore, après toutes sortes de retours, la même qui va accueillir la Vie de Rancé. […] Lui remarquant un air qui me parut extraordinaire et un visage qui me faisoit voir que la paix et la sérénité de son cœur étoient grandes (il avoit soixante ans), je lui demandai s’il prenoit plaisir à l’occupation dans laquelle il passoit ses jours : il me répondit qu’il y trouvoit un repos profond, que ce lui étoit une si sensible consolation de conduire ces animaux simples et innocents, que les journées ne lui sembloient que des moments ; qu’il trouvoit tant de douceur dans sa condition qu’il la préféroit à toutes les choses du monde, que les rois n’étoient ni si heureux ni si contents que lui, que rien ne manquoit à son bonheur, et qu’il ne voudroit pas quitter la terre pour aller au ciel s’il ne croyoit y trouver des campagnes et des troupeaux à conduire. 

1689. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il faudrait encore dans Eugénie Grandet amoindrir l’inutile atrocité d’égoïsme du jeune Charles à son arrivée d’Amérique ; il est à la fois trop ignoble de la sorte envers sa cousine, et trop naïf aussi de n’avoir pas deviné la grande fortune de son oncle ; le résultat mieux ménagé pourrait être d’ailleurs absolument le même, et l’admirable Eugénie, au milieu des Des Grassins et des Cruchotins, près de sa fidèle Nanon, ne perdrait rien ni en pâleur mortifiée, ni en sensibilité profonde et rétrécie, ni en perpétuel sacrifice. […] Nous citerons le début : « Le Ciel m’ayant permis de réussir à faire la pierre philosophale, après avoir passé trente-sept ans à sa recherche, veillé au moins quinze cents nuits, éprouvé des malheurs sans nombre et des pertes irréparables, j’ai cru devoir offrir à la jeunesse, l’espérance de son pays, le tableau déchirant de ma vie, afin de lui servir de leçon, et en même temps de la détourner d’un art, etc. » En effet, l’honnête alchimiste, bien qu’il ait trouvé le secret de la transmutation, conserve jusque dans son triomphe un sentiment si profond de son infortune passée, qu’il voudrait détourner les jeunes gens des périls de cette science hermétique, au moment même où il la leur dévoile obscurément.

1690. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Il en est autrement dans Jean Cavalier : la révolte des Cévennes, qui ensanglanta les premières années du dix-huitième siècle, fut sérieuse ; elle sortit du plus profond des misères et du fanatisme des populations ; elle coïncida avec les grands événements de la guerre de la Succession ; elle fit ulcère au cœur de la puissance déclinante de Louis XIV. […] Sue oublie trop toujours l’atmosphère singulière de ce règne et le souffle universel qu’on y respirait, l’illusion profonde que se firent si naturellement alors les hommes les plus illustres et les plus sages dans les conseils du monarque.

1691. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Selon Pascal, qui est du Calvaire, il n’y a de profond et de sérieux dans l’homme que la sainte pauvreté et le dépouillement, la tristesse féconde qui se change en joie ; tout le reste est légèreté. […] En résultat, grâce à cette édition qui fixe le texte et coupe court aux conjectures, on a droit de dire, si je ne me trompe, que nous avons reconquis le premier Pascal, mais nous le possédons aujourd’hui par des raisons plus entières et plus profondes.

1692. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Cette pensée secrète qui le travaillait perce déjà dans la préface de Phèdre, et dut le soutenir, plus qu’on ne croit, dans l’analyse profonde qu’il fit de cette douleur vertueuse d’une âme qui maudit le mal et s’y livre. […] Au reste, comme nul sentiment profond n’est stérile en nous, il arrivait que cette poésie rentrée et sans issue était dans la vie comme un parfum secret qui se mêlait aux moindres actions, aux moindres paroles, y transpirait par une voie insensible, et leur communiquait une bonne odeur de mérite et de vertu : c’est le cas de Racine, c’est l’effet que nous cause aujourd’hui la lecture de ses lettres à son fils, déjà homme et lancé dans le monde, lettres simples et paternelles, écrites au coin du feu, à côté de la mère, au milieu des six autres enfants, empreintes à chaque ligne d’une tendresse grave et d’une douceur austère, et où les réprimandes sur le style, les conseils d’éviter les répétitions de mots et les locutions de la Gazette de Hollande, se mêlent naïvement aux préceptes de conduite et aux avertissements chrétiens : « Vous avez eu quelque raison d’attribuer l’heureux succès de votre voyage, par un si mauvais temps, aux prières qu’on a faites pour vous.

1693. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Placée en face des choses, elle reçoit l’impression plus ou moins exacte, complète et profonde ; ensuite, quittant les choses, elle décompose son impression, et classe, distribue, exprime plus ou moins habilement les idées qu’elle en tire  Dans la seconde de ces opérations, le classique est supérieur. […] Siéyès a le plus profond dédain pour l’histoire, et « la politique est pour lui une science qu’il croit avoir achevée381 » du premier coup, par un effort de tête, à la façon de Descartes, qui trouva ainsi la géométrie analytique.

1694. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

En bon bourgeois aussi, le collaborateur indigne de Guillaume de Lorris méprise les femmes : et de ce mépris brutal et profond naît pour lui l’impossibilité de comprendre l’amour courtois : comment peut-on perdre temps en propos ingénieux, en grimaces dévotes, avec cet être fragile, vicieux, bavard, menteur, et qui ne sert pour un prud’homme qu’à tenir le ménage et donner des enfants ? […] Son œuvre a subi de durs assauts : mais il semble que les pieux esprits qu’il a scandalisés, Christine de Pisan, Gerson, aient été frappés de certains détails apparents et extérieurs, propos cyniques, épisodes immoraux, plutôt que du sens hardi et profond de l’ensemble.

1695. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

La Bruyère n’est pas un esprit profond ; il n’a pas un point de vue original et personnel d’où il regarde les actions humaines, En un mot, il n’a pas de système. […] Sa peinture de l’homme est juste, un peu banale ; c’est l’homme de Montaigne, de La Rochefoucauld et de Pascal : égoïste, léger, inconstant, toujours en deçà et au-delà du vrai, prenant pour raison sa fantaisie, son habitude et son intérêt, incapable d’un sentiment profond et durable, plus capable d’un grand effort d’un instant que d’une vertu moyenne et constante, allant aux belles actions par vanité, ou par fortune, soumis à la mode dans ses mœurs, dans ses idées comme dans son vêtement.

1696. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Voilà comment le catholicisme des Jésuites si confortable, si élégant, si complaisant aux raffinements, aux plaisirs, parfois aux faiblesses de l’esprit mondain, l’effarouche moins que le jansénisme, cette religion des hautes intelligences, si profonde en ses obscurités pour une raison non prévenue, mais si ascétique, si irréconciliable à toutes les délicatesses, à tous les péchés mignons de la vie riche et voluptueuse. […] Une autre raison, plus profonde peut-être et plus décisive, rend compte du plan du Siècle de Louis XIV : c’est l’intention philosophique de l’auteur.

1697. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Autant les modes généraux de sensibilité qui constituent les personnages de premier plan sont délicats et compliqués, autant les caractères attribués aux personnages accessoires sont sommaires et peu profonds. […] Ainsi s’étend la comédie fantaisiste de Musset, précieuse et naturelle, excentrique et solide, sentimentale et gouailleuse, plus poétique que la comédie de Marivaux, moins profonde que la comédie de Shakespeare, œuvre unique en somme dans notre littérature, et d’une grâce originale qui n’a pu être imitée.

1698. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Non, vous n’imaginez pas la joie intime et profonde que sent la fille d’un concierge le jour où elle a prononcé pour la première fois désir. […] Les plus exactes analyses de sentiments, les vues les plus profondes sur l’âme humaine, les peintures les plus fines ou les plus éclatantes du monde moral ou physique, ce qu’il y a de plus rare dans la littérature contemporaine soit pour le fond, soit pour la forme, c’est chez nos poètes, nos romanciers, nos critiques et nos philosophes qu’il faut le chercher.

1699. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

On opposait aux œuvres une sorte de christianisme intérieur qui s’entretenait et se renouvelait par la déclaration souvent répétée, et du plus profond de l’âme : La foi justifie saris les œuvres. […] Voilà ce qui fit une si grande nouveauté de ce livre, où Calvin se montrait à la fois profond hébraïsant, latiniste consommé, également savant dans les deux antiquités, et rendant sensible toute cette science par le langage le plus approprié et le plus clair.

1700. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

L’histoire véridique, l’histoire vraie, l’histoire définitive, désormais chargée de l’éducation du royal enfant qui est le peuple, rejettera toute fiction, manquera de complaisance, classera logiquement les phénomènes, démêlera les causes profondes, étudiera philosophiquement et scientifiquement les commotions successives de l’humanité, et tiendra moins compte des grands coups de sabre que des grands coups d’idée. […] Pendant que, du côté de l’engloutissement, de plus en plus penchante au gouffre, la flamboyante pléiade des hommes de force descend, avec le blêmissement sinistre de la disparition prochaine, à l’autre extrémité de l’espace, là où le dernier nuage vient de se dissoudre, dans le profond ciel de l’avenir, azur désormais, se lève éblouissant le groupe sacré des vraies étoiles : Orphée, Hermès, Job, Homère, Eschyle, Isaïe, Ézéchiel, Hippocrate, Phidias, Socrate, Sophocle, Platon, Aristote, Archimède, Euclide, Pythagore, Lucrèce, Plaute, Juvénal, Tacite, saint Paul, Jean de Pathmos, Tertullien, Pelage, Dante, Gutenberg, Jeanne d’Arc, Christophe Colomb, Luther, Michel-Ange, Kopernic, Galilée, Rabelais, Calderon, Cervantes, Shakespeare, Rembrandt, Kepler, Milton, Molière, Newton, Descartes, Kant, Piranèse, Beccaria, Diderot, Voltaire, Beethoven, Fulton, Montgolfier, Washington ; et la prodigieuse constellation, à chaque instant plus lumineuse, éclatante comme une gloire de diamants célestes, resplendit dans le clair de l’horizon et monte, mêlée à cette immense aurore, Jésus-Christ !

1701. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Mais si, au lieu de lire ou de relire, nous traduisons, nous déchiffrons, si nous nous attachons à comprendre un texte ou subtil ou profond, et nouveau pour nous, ou bien un texte écrit dans une langue étrangère, alors les mots paraissent devancer les idées ; nous nous trouvons dans la situation de l’homme qui écoute la parole d’autrui ; nous écoutons notre parole intérieure, nous la comprenons ensuite si nous pouvons ; le mot appelle la pensée ; l’idée suit et interprète le mot. Or ce qui est aujourd’hui notre langage usuel a commencé par nous être étranger ; nous avons appris lentement notre langue maternelle ; et les pensées qui ne sont plus pour notre esprit exercé ni subtiles ni profondes paraîtraient telles à un enfant.

1702. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Quand nous sommes assis au bord d’une rivière, l’écoulement de l’eau, le glissement d’un bateau ou le vol d’un oiseau, le murmure ininterrompu de notre vie profonde sont pour nous trois choses différentes ou une seule, à volonté. […] Cet ouvrage (qui tient compte de la théorie de la Relativité) est certainement un des plus profonds qu’on ait écrits sur la philosophie de la nature.

1703. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. […] Erreur profonde !

1704. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

De cette manière, on peut dire avec Pomponius, rebus ipsis dictantibus regna condita  ; pensée profonde, qui s’accorde bien avec le principe établi par la jurisprudence romaine : le droit naturel des gens a été fondé par la Providence divine ( jus naturale gentium divinâ Providentiâ constitutum ). […] C’est la divine Providence qui règle les sociétés, et qui a fondé le droit naturel des gens En voyant les sociétés naître ainsi dans l’âge divin, avec le gouvernement théocratique, pour se développer sous le gouvernement héroïque, qui conserve l’esprit du premier, on éprouve une admiration profonde pour la sagesse avec laquelle la Providence conduisit l’homme à un but tout autre que celui qu’il se proposait, lui imprima la crainte de la Divinité, et fonda la société sur la religion.

1705. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Mais ces recommandations morales, ces saintes lois et d’autres encore, gravées sur les tables de pierre de Moïse, se retrouvent aussi et peuvent se lire sur la table intérieure et vivante du cœur humain, sur cette table rase en apparence, mais, comme un marbre jaspé, dit Leibniz, sillonnée de veines profondes, où réside l’instinct des vérités nécessaires que développe la croissance de l’âme. […] J’étais ému d’admiration, la première fois que je lisais dans Platon ce témoignage sur l’omniprésence de Dieu et sur sa providence inévitable : « Quand vous seriez caché dans les plus profondes cavernes de la terre, quand vous prendriez des ailes et que vous vous envoleriez au haut des cieux, quand vous fuiriez aux confins du monde, quand vous descendriez au fond des enfers ou dans quelque lieu plus formidable encore, la providence divine y serait près de vous. » Cela me frappait d’une secousse plus vive que l’imagination d’Homère décrivant la marche de ses dieux, « en trois pas, au bout du monde » ; j’y sentais une grandeur morale qui dépasse toute force matérielle.

1706. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Cette opinion aujourd’hui ne serait soutenable que pour un petit nombre de meneurs subalternes ; car la conviction et, si l’on veut, la frénésie sincère et profonde des principaux ne saurait être révoquée en doute : eux aussi ils ont rendu témoignage sur l’échafaud.

1707. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Cet homme, naguère si grand et si utile, d’un caractère fort, d’un génie profond et spécial, mais à idées fixes, irritable d’orgueil aussi bien qu’étroit d’intelligence, s’était laissé circonvenir et duper par la faction astucieuse qui rôdait autour de Moreau, achetait Pichegru et conspirait contre la république.

1708. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

Lerminier contre cet auteur profond, il aurait mentionné avec quelque détail le mystique précurseur et, je crois même, inspirateur de De Maistre.

1709. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Cette philosophie rudimentaire, non pas vraie (je l’espère du moins), mais irréfutable, qui a très bien pu être celle du premier anthropoïde un peu intelligent et à laquelle les hommes les plus raffinés des derniers âges finiront peut-être par revenir après un long circuit inutile ; cette philosophie que Maupassant a pris la peine de formuler dans un de ses derniers volumes (Sur l’eau), est la froide source, secrète et profonde, d’où venaient à la plupart de ses petits récits leur âcre saveur.

1710. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

À la base, profond scepticisme relativiste, confiance médiocre dans la raison humaine, défiance nette du cœur humain.

1711. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

D’autres fois, au contraire, il lui faut une attention méticuleuse pour saisir, sous une surface calme, le frisson presque imperceptible d’un ébranlement profond.

1712. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

L’idée pouvait être intéressante et d’une ironie profonde.

1713. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

Maintenant, du milieu de cette paix profonde, Tournez les yeux : voyez dans les routes du monde, S’agiter les humains que travaille sans fruit Cet espoir obstiné du bonheur qui les fuit.

1714. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

Une douleur capable de ce projet extrême est muette, tranquille, silencieuse, presque sans mouvement, et n’en est que plus profonde.

1715. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Le mal n’est point — comme le dit ce prudent de Lescure un peu à la légère — d’être un satirique, d’avoir suivi cette vocation terrible qui ne rapporte que des douleurs à ceux qui l’ont, d’avoir touché à cette arme « sur laquelle on mêle son sang à celui de la victime », mais d’avoir été un satirique à froid, sans sincérité profonde, esclave des autres, et ne s’appartenant pas, à soi !

1716. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Frédéric Masson montra l’homme profond, et nous eûmes Bernis dans toute sa valeur intégrale.

1717. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

Sainte-Beuve, par exemple, qui donne depuis si longtemps et qui n’a pas tout donné, car il recommence tous les jours le miracle des roses littéraires, Sainte-Beuve, d’une morbidesse de touche exquise, et qui serait le plus profond des critiques si son talent, comme le coton filé trop fin, ne cassait pas en entrant dans la profondeur, n’a point de critique, avec les qualités les plus sensibles du critique, parce qu’il n’a point de doctrine.

1718. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Nous sommes tous, plus ou moins, incapables de variété profonde, de riche multiplicité.

1719. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Vitu a raconté avec une émotion contenue, mais profonde, cette existence si pleine, si militante et si courte, couronnée par cette effroyable mort.

1720. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Ni l’un ni l’autre de ces messieurs n’a l’intérêt profond et la tressaillante émotion des vrais poètes, mais l’ennui (je demande pardon de la vivacité du terme), l’ennui que répand M. de Laprade dans ses poésies est plus pur et tombe de plus haut.

1721. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Sceptique comme lord Byron, — et c’est peut-être sa plus profonde ressemblance avec le grand poète qui accable toute comparaison, — sceptique comme Alfred de Musset et comme tous les enfants d’un siècle qui, du moins, avait sauvé du naufrage de son ancien spiritualisme l’honneur d’être sceptique encore, mais qui a fini par étouffer jusqu’au dernier éclair tremblant du scepticisme dans son âme, morte maintenant, morte toute entière sous l’athéisme contemporain, le douloureux inquiet de La Vie inquiète, qui, fût-il heureux, a de ces pressentiments et de ces incertitudes : Peut-être vous cachez sous votre pur sourire Des pleurs que j’essuirai des lèvres quelque jour… mêle à tous les sentiments qu’il exprime ce scepticisme qui ne va à Dieu, dont on doute, que pour retomber à la créature dont on va douter ; car le scepticisme est la plus cruelle des anxiétés de la vie, c’est la plus formidable inquiétude, pour une âme ardente, qui puisse dévorer l’esprit et le cœur !

1722. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Le sien, qu’il appelle une promenade, avec une modestie bien légère, — car une promenade de deux volumes in-8°, de quatre cents pages19, fait l’effet d’une assez longue route, — le sien nous apprend-il sur l’Amérique des choses intimes et profondes jusque-là inaperçues ou mal observées ?

1723. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Au reste, dans sa manière d’écrire, il ressemble plus à Sénèque et à Pline, qu’à Cicéron ; quelquefois même il a des tours et un peu de la manière de Tacite : ses expressions ont alors quelque chose de hardi, de vague et de profond qui ne déplaît pas.

1724. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Ces hommes se sont accoutumés à ne penser qu’à l’intérêt privé ; au milieu de la plus grande foule, ils vivent dans une profonde solitude d’âme et de volonté.

1725. (1929) La société des grands esprits

Au sud passe la route actuelle, d’où l’on a vue sur le profond ravin de Pleistos et sur le mont Kirphis. […] Il admire hautement ces sceptiques grecs, chez qui il aperçoit les marques du subtil et profond génie hellénique. […] Elle ne s’explique chez lui que par son idée fixe de la profonde corruption de l’homme, c’est-à-dire par son irréductible jansénisme. […] Ce plaisir est pour Spinoza si puissant, si profond, que c’est bien là ce qu’il nomme amour. […] Enfin le mépris profond et sans nuances de M. 

1726. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Il lui prête des cris et des mots grotesques, mais qu’on sent du moins partir du plus profond des entrailles. […] Ce qu’on reprochait au comique de Molière, c’est ce qu’il a de franc, de profond et de hardi. […] Dans une page d’une surprenante habileté ou, pour mieux dire, d’une astuce profonde, M.  […] Il aurait une tête de quatrocentiste, le culte de feu Jules Laforgue, et le plus profond mépris pour ses aînés. […] Coppée a été frappé de la beauté du sentiment qui a quelquefois attaché les peuples à leur roi : sentiment profond, irraisonné, mystique, et de la même nature que la foi religieuse.

1727. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Aussi, n’est-ce pas sans raison, — sans une espèce de raison instinctive, confuse, et profonde, — que la mémoire des foules lui est reconnaissante encore de ce qu’il a tenté pour fonder le droit du nombre sur un titre authentique. […] Mais alors l’erreur de Lamennais n’était donc pas si profonde ? […] Et en effet, avant tout, — et avant même d’être pleins de pensées profondes, — il se pourrait que des vers dussent être des vers. […] On a donc loué, comme il convenait, la simplicité de l’intrigue, l’originalité des caractères, le pathétique profond d’un drame tout intérieur, la générosité, la noblesse, la hauteur de l’inspiration. […] En tout temps, comme en tous lieux, le pouvoir de l’individu contrepèse celui des masses, et là même peut-être est l’attrait intérieur et profond de l’histoire.

1728. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Dans une autre lettre, il croit qu’on peut aller plus loin dans les passions, et qu’il y a encore quelque chose de plus profond dans les sentiments que ce qui se trouvedans Andromaque. […] c’était là le fruit des méditations profondes d’un jeune homme de vingt-sept ans, auteur de deux tragédies qui avaient eu du succès ? […] La scène est moins attendrissante dans Racine, mais elle est plus noble et beaucoup plus courte : c’est là qu’on trouve ce sentiment profond, exprimé avec une précision admirable : Vous y serez, ma fille. […] Son urbanité, sa finesse, son enjouement répandaient de la grâce et de la légèreté sur cette profonde érudition que ses manœuvres lui amassaient laborieusement de tous côtés ; il couvrait de fleurs les discussions les plus sèches et les plus arides. […] Aujourd’hui la pièce de Devisé est ensevelie dans l’oubli le plus profond : elle n’est pas cependant tout à fait indigne d’être connue, ne fût-ce que pour avoir fourni à Quinault les caractères, les situations, l’intrigue, les détails, en un mot, tous les matériaux de sa comédie.

1729. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

En est-il moins profond et moins plein de délices ? […] Je ne sais si jamais homme a jeté des regards plus profonds sur la nature humaine. […] Entre les gorges de ces montagnes, on aperçoit de profondes vallées de granit, revêtues de mousse, où coule quelque torrent. […] Le génie de M. de Bonald nous semble encore plus profond qu’il n’est haut ; il creuse plus qu’il ne s’élève. […] Qu’est-ce donc que cette pensée de l’homme, qui laisse des traces si profondes jusque dans la poudre du néant ?

1730. (1908) Après le naturalisme

La Révolution des Encyclopédistes était plus sage et devait être moins rapide, mais plus profonde Il lui fallait plusieurs siècles pour s’accomplir et, interrompue, détournée par les erreurs des partis et la réaction impériale inévitable, c’est peut-être maintenant qu’elle va reprendre. […] Il y a plus de volupté profonde dans le fond que dans la forme. […] Croit-on que de l’ignorance absolue, de l’erreur profonde, de l’orgueil mal dirigé puisse sortir la sagesse. […] Et toutes les lois sociales pour être justes et naturelles doivent se conformer aux exigences du type, elles-mêmes engendrées par la nature et que seule parvient à pénétrer une science étendue et profonde. […] Grâce au jeu des acteurs, donnant l’apparence formelle de la réalité aux productions de la littérature, la conviction s’affirmera plus profonde au cœur des hésitants, de ceux qui ne croient pas assez aux Idées seules pour s’y conformer.

1731. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Chacun, s’observant à l’approche d’un si profond observateur, avait lieu de trembler que ses manies ne se décelassent à la subtilité de son esprit, et sentait qu’un œil si prompt à sonder l’intérieur des âmes en surprenait les plus secrets mystères. […] En icelle, bien autre goût trouverez et doctrine plus absconse (c’est-à-dire profonde, mystérieuse) tant en ce qui concerne notre religion que aussi l’état politicq et vie économique ». […] Il faut que ce ridicule ait des racines bien profondes, puisque son origine remonte plus loin que l’époque de notre art théâtral. […] Arnolphe est sourd à cet argument profond, et n’écoute que son entêtement jaloux. […]  » Ce dernier trait n’est point une saillie d’esprit, mais l’ironie profonde du génie.

1732. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

L’essor universel de la curiosité intempérante exige des jouissances plus raffinées ; il n’y a que le rêve et la fantaisie qui puissent la satisfaire, non pas la fantaisie profonde et pensive telle qu’on la trouvera dans Shakspeare, non pas le rêve passionné et médité tel qu’on l’a trouvé chez Dante, mais le rêve et la fantaisie des yeux, des oreilles, de tous les sens extérieurs, qui, dans la poésie comme dans l’architecture, réclament des singularités, des merveilles, des défis engagés, gagnés contre le raisonnable et le probable, et qui ne s’assouvissent que par l’entassement et l’éblouissement. […] Il n’assomme pas, il pique, en passant, non par haine ou indignation profonde, mais par agilité d’esprit et prompt sentiment des ridicules ; il les jette à pleines poignées sur les personnages. […] Toujours est-il qu’un nouvel esprit perce, presque viril, en littérature comme en peinture, chez Chaucer comme chez Van Eyck, chez tous deux en même temps, non plus seulement l’imitation enfantine de la vie chevaleresque211 ou de la dévotion monastique, mais la sérieuse curiosité et ce besoin de vérité profonde par lesquels l’art devient complet. […] Ainsi peu à peu, par degrés, la conception qui féconde et régit les autres s’est desséchée ; la profonde source d’où ruissellent toutes les eaux poétiques est vide ; la science ne fournit plus rien au monde.

1733. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

. — Mais je n’ai pas voulu passer sans te voir, Kobus ; je viens te chanter mon chant d’amour, mon premier salut au printemps. » Tout cela, le violon de Iôsef le disait, et bien d’autres choses encore, plus profondes ; de ces choses qui vous rappellent les vieux souvenirs de la jeunesse, et qui sont pour nous… pour nous seuls. […] voilà de la poésie ; cela dit des choses profondes, dans un langage naïf. […] Le gros Hâan, les deux mains sur les épaules de sa grande danseuse, tout en galopant, se balançant et frappant du talon, la contemplait de bas en haut d’un air d’admiration profonde ; elle, avec son grand nez, tourbillonnait comme une girouette. […] Fritz, à cette vue, voulut parler ; mais il ne put dire un mot, et c’est le père Christel qui commença : « Monsieur Kobus, s’écria-t-il d’un accent de stupéfaction profonde, ce que le rebbe David vient de nous dire est-il possible ?

1734. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

La sévère et profonde beauté des yeux, qu’on sent plutôt qu’on ne perçoit dans leur cernure d’ombre. […] Pauvre cadavre profané, si bien enterré et voilé, et qui devait si parfaitement se croire sûr du repos et du secret de l’inviolabilité éternelle, et que le hasard d’une fouille jetait là, comme une crevée de notre temps, sur une table d’amphithéâtre, sans que personne, autre que nous deux, en ressentît une profonde mélancolie. […] Mme Berthelot, une beauté singulière, inoubliable : une beauté intelligente, profonde, magnétique, une beauté d’âme et de pensée, semblable à ces créations de l’extra-monde de Poë. […] Dans l’ombre profonde des deux extrémités de la salle, le scintillement des boutons et des poignées d’épée des sergents de ville.

1735. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Ces vers ne sont pas d’une bien haute poésie, mais ils sont d’un profond accent de patriotisme, qui est la poésie du poète politique. […] Cette lettre, la première que je décachetais depuis la publication du livre, respirait un enthousiasme grave et profond qui faisait encore vibrer le papier sous la main du patriote. […] « M. de Talleyrand, que j’ai beaucoup connu, qu’on a fait bien pire qu’il n’était, et à qui vous avez rendu justice, était un très profond politique sous son apparente nonchalance, un politique inné, un politique d’instinct, ce qui veut dire un politique de génie, car on ne sait bien que ce qu’on n’a pas appris ; mais, dans sa politique, il avait principalement pour but son intérêt propre ; quant à moi, je n’ai jamais eu dans ma politique d’autre intérêt que ce que j’ai cru l’intérêt du peuple. […] Elles expliquent la profonde tristesse civique qui saisit Béranger quand, à la place de l’unanime et patriotique enthousiasme qui soulevait le peuple et l’Assemblée nationale au-dessus de terre en 1848, il vit l’Assemblée législative jouer, comme une assemblée d’enfants en cheveux blancs, à l’utopie, à la Terreur, à la Montagne, à la réaction, à l’orléanisme, au militarisme, à l’anarchie, à tous les jeux où l’on perd la liberté, la dignité, l’ordre social et la patrie.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

quelle vue sympathique, non systématique, sur tout ce qui tient au cœur de la nation et s’y rattache par quelque fibre profonde !

1737. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Félix Arvers, qui n’a pas toujours visé très-haut dans l’art, qui n’a pas réalisé toutes les espérances qu’avaient fait naître ses brillants débuts, ses succès universitaires, qui s’est un peu dispersé dans les petits théâtres et dans les plaisirs, a eu dans sa vie une bonne fortune ; il a éprouvé une fois un sentiment vrai, délicat, profond, et il l’a exprimé dans un sonnet adorable.

1738. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Le rapprochement philosophique et littéraire de l’auteur des Paroles d’un Croyant et du peintre magnifique de Lélia n’a rien eu de plus inattendu, de plus caractéristique par rapport à l’époque, que le soudain et profond reflet que vient de jeter la manière de M. de Balzac sur toute une partie souterraine de la Chute d’un Ange par M. de Lamartine.

1739. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Je ne redirai pas ici comment l’amour si profond et si vrai qu’avaient les Romains pour la campagne ne les inclinait pourtant point à l’églogue pastorale ; c’était un amour mâle et pratique, tout adonné à la culture, et dont les loisirs mêmes, si bien décrits dans les Géorgiques, se ressentaient encore des rudes travaux de chaque jour.

1740. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

. ; il y aura toujours une littérature plus en quête des exceptions, des idées avancées et encore paradoxales, des sentiments profonds, orageux, tourmentants, dits poétiques et romanesques.

1741. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Dans ses pièces mêmes de théâtre, il a, une ou deux fois, essayé d’un certain genre qui passe, avec raison, pour plus noble, plus sérieux et plus profond.

1742. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

demande le chanoine. » Non, répond Cosima ; ce non, si naturel à la fois et si démenti par tout son geste, nous rouvre l’abîme profond de son cœur.

1743. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Il introduit le triple principe par où la rénovation de l’éloquence sacrée se fera : le sérieux profond de la foi, la solide connaissance des Écritures, l’exacte connaissance de l’homme.

1744. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

C’est par elle-même, c’est par la force de l’évidence et sans le secours d’aucune considération extrinsèque, que sa profonde misère s’est révélée à moi.

1745. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

Loin de penser comme ce poète, je voudrais affirmer, en théorie de l’Art, cette vérité : L’âme est en devenir vers elle-même ; à tous les stades de son épanouissement, le moi ne peut être connu que par ses phénomènes, les idées, qui évoluent selon la durée, et le regard direct ou la conscience des spiritualistes n’a pour objet qu’une synthèse d’idées, elle aussi mouvante : nous ne sommes pas les mêmes, au plus profond de nous, dans l’adolescence et dans la vieillesse ; ce n’est point comme on l’a dit le voile qui se déchire ou retombe en lourds plis, ce n’est pas la conscience qui s’obscurcit ou s’éclaire, — c’est notre âme qui s’est renouvelée.

1746. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Aux quinzième et seizième siècles, la comédie improvisée devint un art très savant qui lutte avec la comédie régulière, qui crée plus que celle-ci des caractères durables, qui laisse dans l’imagination des peuples une trace plus profonde, et qui se vulgarise et se popularise dans toute l’Europe.

1747. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

La profonde originalité de celle-ci est dans le sentiment qui la remplit.

1748. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

La synthèse, il faut se garder de l’oublier, est le but de l’analyse ; on ne dégage les éléments divers qui forment un ensemble que pour avoir de cet ensemble une conception logique et raisonnée, à la fois plus claire et plus profonde.

1749. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

Cependant, Molière, qui voyait le train de la cour continuer, l’amour du roi et de madame de Montespan braver le scandale, imagina d’infliger un surcroît de ridicule aux femmes dont les mœurs chastes et l’esprit délicat étaient la censure muette mais profonde et continue de la dissolution de la cour.

1750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Rien de plus sublime, pour le fond des pensées ; rien de plus séduisant, pour la versification ; rien de plus profond & de plus lumineux, pour la morale.

1751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Ses Réflexions sur la Poésie, où plusieurs Auteurs ont souvent puisé sans s’en vanter, annoncent un Homme profond dans la Littérature.

1752. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Il faut en convenir, un mouvement vaste et profond travaille intérieurement la littérature de ce siècle.

1753. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

De là, dans tous les esprits, ennui de la veille, crainte du lendemain, défiance de tout homme, découragement de toute chose, dégoût profond.

1754. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Peut-être cet académicien célèbre, d’un esprit si juste, si délicat, si profond, si enchanteur & qui s’étendoit à tout, n’eut-il pas mieux fait, s’il eut écrit lui-même pour sa propre défense.

1755. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Enfin le professeur d’histoire ecclésiastique se proposerait de montrer l’origine et les progrès successifs de la hiérarchie ecclésiastique, je ne dirai pas l’origine et les progrès successifs, mais au moins le développement de ses dogmes, tâche difficile, mais consommée dans le profond ouvrage de Bingham108, ministre anglican.

1756. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Faussée par les salons où elle a comméré toute sa vie, Sophie Gay ne soupçonne pas qu’il y ait des ridicules plus profonds que des ridicules de salon.

1757. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

— travaillé de ses mains potelées à la réputation qu’on lui a faite, que ce Monsieur de Cupidon à l’esprit ailé et aux joues rebondies, ce sagittaire de la fourchette, tout cet éternel dessus de porte de salle à manger, pouvait bien, malgré tout, être une âme, — une âme aussi profonde qu’aucune des nôtres, et que sous ces lunettes qui rient, spirituelles comme des regards, il pût y avoir de ces larmes qui ne seraient plus des gouttes de champagne, remontées là, après souper !

1758. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Son érudition est profonde, certaine, indiscutable, et il ne suppose pas qu’elle puisse être discutée.

1759. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

Quoiqu’il ait la phrase claire et l’esprit ironique (voir ce qu’il dit de Tallemant des Réaux et de bien d’autres, dont il parle avec un pli de bouche d’une raillerie profonde), ce n’est point un voltairien que M. 

1760. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Il a consacré toute sa vie et toutes les forces de sa pensée à cet imposant et profond sujet de méditations.

1761. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Il y avait harmonie profonde entre la trempe de sa pensée et la trempe de son courage.

1762. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Il n’est pas si profond que cela, et j’aurais voulu que l’historien l’eût dit.

1763. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Mais il n’en est pas moins vrai que l’auteur des Ruines a l’honneur d’avoir avec eux la fraternité des idées et une parenté d’intelligence… Ce Revelière inconnu, et qui, dans l’égarement universel de la raison, a grande chance de rester inconnu, est un esprit d’une force rare, toujours, dans la pensée, et souvent dans l’expression, mais il est moins près de ces hommes profonds et sans égaux que d’un autre homme de leur temps, un autre observateur politique trop oublié et qu’il rappelle, ce Mallet-Dupan qui, lui aussi, préjugea la Révolution française dès son origine, et dont le préjugé eut parfois toute la justesse d’un jugement… L’auteur des Ruines est une espèce de Mallet-Dupan après la lettre, la terrible lettre de la Révolution !

1764. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Armé, il l’était comme personne ne le fut peut-être par la nature de son esprit étincelant, acéré et rapide ; mais il ne l’était pas par le caractère, les principes, la conviction réfléchie et la dernière ressource de la vie, — une profonde moralité.

1765. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Louis-Auguste Martin, l’auteur de plusieurs ouvrages que je n’ai pas lus, que je n’ai pas besoin de lire, celui-ci me suffisant pour juger l’homme qui doit être, j’en suis sûr, de la plus profonde unité.

1766. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Ventura a publié les sermons qu’il a prononcés devant Sa Majesté l’Empereur, à la chapelle des Tuileries, en 1857, et l’illustre théatin, dont la pensée, — comme l’on sait, — est toujours une pensée d’ensemble et d’unité profonde, les a publiés sous un titre collectif qui dit bien, en un seul mot, le sens particulier de ces discours.

1767. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

On la vit donc, timide, circonspecte, inconséquente, comme tout ce qui n’a pas en soi la fortitude des convictions profondes, cette lumière du cœur qui naît dans la lumière de l’esprit comme le phénix dans ses propres cendres, donner le prix à l’aveuglette de son scepticisme ou de sa philosophie myope, et en cela méconnaître ouvertement l’autorité de l’histoire à laquelle elle avait d’abord fait appel !

1768. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Elle était la fille légitime de l’Église, qui, pour le chrétien, est Dieu sur la terre, et elle fut la plus grande et la plus puissante de toutes les monarchies du monde tout le temps qu’elle eut le profond respect de sa mère… Pour Maurice de Bonald, le mal qui prit la monarchie et dont elle est absolument morte, si Dieu ne la ressuscite pas par des moyens présentement inconnus à toute prévoyance humaine, n’est pas d’hier.

1769. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Assurément il y avait mieux à faire en demeurant, au pied de la lettre, dans les bornes du programme de l’Académie, et, comme je l’ai dit, c’était un livre d’histoire, sévère et profond, sans rien au-delà.

1770. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Mais nul sentiment, venant de plus haut ou de plus profond qu’un épiderme, rougissant ou pâle, ne passe dans cette langue ouvragée comme une cassolette pour contenir, à ce qu’il semble, les plus immatériels éthers de la vie, et qui ne gardera pas même cette goutte de larmes moins pure !

1771. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

mais les quelques gouttes qui ne sont pas tombées de cette coupe du pauvre ne lui ont jamais échauffé le front, pour lui communiquer la chaleur profonde, la vraie vie et la fécondité.

1772. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

en les rendant mortelles, — jusqu’à ses autres poèmes d’une concentration moins profonde et jusque dans les pages les plus sérieuses de ses ouvrages en prose, Henri Heine a toujours mêlé à tout ce qu’il a écrit une ironie… est-ce divine ou diabolique qu’il faut dire ?

1773. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

il s’agit simplement pour nous des Contes d’un vieil enfant 30 à des enfants plus jeunes, et surtout d’impression profonde et sincère, et voilà pour quoi nous croyons que les contes en question auraient gagné à avoir une origine plus obscure et moins savante ; car, en fait de récits merveilleux et de légendes, tout ce qui nous vient par les livres nous vient diminuant.

1774. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Aux mœurs les plus douces, il joignit le savoir le plus profond.

1775. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Giraud est presque muette, mais elle est profonde. […] On peut appeler au contraire naturel le style qui exprime la vraie et profonde nature de l’homme, et qui implique parfois, pour être ramené à la lumière, un effort complexe, un forage difficile. […] J’ai voulu donner seulement l’impression de ce qui, dans le travail du style tel que Flaubert le conçoit, relie ce travail aux directions profondes de la langue et à l’œuvre des maîtres. […] Dans les expériences de spiritisme qu’on faisait à Guernesey, Molière et Victor Hugo dialoguaient en fort beaux vers, qui étaient bien entendu tous également hugoliens, et l’étude des profondes sources psychiques de ce génie poétique reste à faire : la psychologie nouvelle y contribuera. […] Balzac a le sentiment profond de la communauté de plan et de sang entre les règnes naturels et le règne humain.

1776. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

À tout le moins, dans leur vulgarité même, sont-ils mieux composés, plus intéressants, plus dramatiques ; et, autant ou plus que ceux de George Sand, les derniers contribuent à détourner l’attention de ces misères dont les romantiques avaient fait tant d’éclat, pour la diriger vers d’autres misères, plus réelles, plus profondes, plus cruelles. […] Au milieu de cette misère si réelle et si profonde quel intérêt voulez-vous qu’excitent les plaintes superbes de la froide intelligence ? […] iv] ; — mais du moins pour quelques idées fécondes et profondes ; — qu’il a marquées de son empreinte ; — si même on ne doit dire qu’il en est le premier introducteur. […] 2º L’Écrivain ; — et pour quelle raison on n’en a pas parlé plus tôt ; — qui est que son influence, très profonde [Cf.  […] Le Cœur d’Hialmar, La Vérandah, La Tête du comte]. — En quoi ces descriptions diffèrent profondément de celles du romantisme ; — par le souci de l’exactitude ; — par l’attention qu’y met le poète à ne rien mêler de lui-même ; — par l’intensité du courant de vie profonde qu’il y fait circuler [Cf. 

1777. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

A partir de ce jour, l’Église des Gaules est fondée véritablement et scellée dans sa première pierre, et elle croîtra, elle grandira sans interruption jusqu’à Bossuet qui apparaît debout au sommet ; grâce à cette sève de christianisme, profonde et si longtemps puissante, la branche la plus brillamment profane de notre littérature se couronnera elle-même par des chefs d’œuvre, Polyeucte et Athalie. […] Un oubli profond les submergea. […] Depuis sa mort, ses excellents Cours sur Dante, sur la Littérature provençale, ont paru, et il est donné à tous aujourd’hui de puiser à cette science si vraie, si désintéressée, si profonde, où la sagacité et la circonspection se combattent ou concourent avec une honorable candeur.

1778. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Le profond respect que les Chinois conservent pour la mémoire de leur sage par excellence, et pour tout ce qui peut contribuer à leur en rappeler le souvenir, leur fait regarder ce tronc aride comme un monument digne de toute leur attention. […] ” Il n’en fut pas ainsi de Jen ; il abdiqua l’empire, et à peine l’eut-il abdiqué qu’il tomba dans la mélancolie la plus profonde. […] Quant à nous, Européens, qu’avons-nous à représenter que l’inconstance, les versatilités, les courtes grandeurs, les chutes profondes, les progrès rapides, les décadences soudaines, les péripéties éternelles de principes contraires et de mouvements sans repos ?

/ 2637