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1216. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

C’est ici que se place un incident très connu, mais dont on n’a jamais, que je sache, apprécié la valeur réelle. […] Pour dire ce que Wagner a intentionné avec son roi Marke, il me faudrait plus de place que ce dont je dispose aujourd’hui. […] Dans les parties itères et pleines de reproches, elle ressemble à celle de Wotan au second acte de la Walküre ; lorsque la douleur l’accable, l’allitération disparaît et la rime prend sa place, une rime riche et très sonore. […] Et je crois avoir démontré clairement qu’on n’a nullement le droit d’en conclure que la parole est reléguée à une place inférieure. […] Oui, quant à l’unité de sujet, nous serons forcés de reconnaître que Tristan occupe, non seulement dans l’œuvre de Wagner, mais dans l’histoire de l’art, une place unique.

1217. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Tout cela est devenu des assignats, et cette Elisabeth Lenoir, cette fille d’argent, comme on disait alors, et que M. de Courmont avait épousée pour sa fortune, — morte dans un grenier en compagnie d’un vieux chien, — a été enterrée dans la fosse commune, et notre cousine n’a qu’une toute petite rente viagère et une place au cimetière Montmartre, payée d’avance et bien à elle. […] » Oui, je crois que dans un avenir non lointain, On sera amené à des mesures de police répressives, qui leur défendent, comme au xviiie  siècle, les loges honnêtes, qui corrigent leur insolence, refrènent leurs prospérités, les remettent à leur place — au ruisseau. […] 3 avril Quand je prends une tasse de chocolat, je suis à Naples, au Café de l’Europe, au coin de la grande place du Palais. […] Pauvre salle de spectacle, où jamais comédie ne fut jouée, et qui pourtant, s’élevant de terre et se parant de sculptures, dut prendre tant de place dans les rêves du bâtisseur de cette maison au temps jadis. Son nom, qui est quelque part dans un contrat de vente, je l’ai oublié, mais le personnage était un vieux marchand de sabots, — oui, un marchand de sabots artiste, — qui, sa fortune faite, avait donné asile, pendant deux ou trois ans, à deux sculpteurs italiens de passage dans la province, et qui, affolé de musique et de gentille sculpture, sur les marches de son perron, devant la fête de la façade de sa maison, amusait les échos de la grande place, debout toute la journée, penché sur le radotage d’un antique violon.

1218. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

* * * — Je crois que beaucoup d’hémiplégies viennent de la disproportion de l’homme avec sa place : les trop grandes positions font sauter les petites cervelles. […] Une place, est-ce qu’ils ont jamais songé à me donner une place… Dans leurs musées, c’est la même chose. […] Venons au blasphème du petit parvenu politique, entré à quarante ans dans cette Académie, où Balzac n’a pas eu sa place. […] Il y a un recul qui remet les petites choses et les petites gens de la vie littéraire à leur place.

1219. (1926) L’esprit contre la raison

Préface de Marie-Paule Berranger 2012 L’Esprit contre la raison est un texte véhément et inspiré qui porte le lecteur, sans qu’il puisse nécessairement situer son urgence, ni son actualité au cœur de l’œuvre de Crevel ; il se place entre les premiers romansa, ces « détours » autobiographiques, et un autre essai issu d’une thèse en gestation, Le Clavecin de Diderot, paru en 1932b. […] De Valéry aux surréalistes, tous se réclament de « l’esprit », mais se trouvent pourtant sur des positions antagonistes : ainsi L’Esprit contre la raison peut-il apparaître comme une tentative de résolution philosophique d’une contradiction personnelle qui place Crevel en porte à faux : on le sent à la fois épris de rêve et de conséquence dans la pensée et le discours ; agacé par les attractions irrationnelles des surréalistes autant que par l’apologie de la rationalité occidentale, qu’il voit lui aussi comme une « rationalité restreinte ». […] » ; mais c’est surtout son propre réquisitoire dans le procès Barrès que Crevel, alors absent des rangs pré-surréalistes, est en train de livrer : il lui faut désormais prendre sa place encore vide au tribunal. […] Même si Défense de l’Occident d’Henri Massis, ne paraît qu’en 1927 chez Plon, les articles dans lesquels il voit la révolution russe comme une pointe avancée des hordes qui camperont bientôt sur les places de Paris nourrissent la polémique dans la presse depuis le début des années vingt. […] Les histoires littéraires et les manuels qui mentionnent Rimbaud au début du XXème siècle justifient par cette étiquette la place marginale qu’ils lui réservent.

1220. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

II Jean-Marie Audin est né à Lyon dans une année fameuse, — l’année où la royauté eut la tête coupée sur la place de la Révolution. […] Ses parents, et notamment son parrain, un vieil abbé, chenu de foi et de vertus, le destinaient au sacerdoce, et, dans leurs espérances, lui marquaient sa place parmi les recrues de cette Église, veuve de ses prêtres, qui les pleurait comme la mère des Machabées pleurait ses enfants, en regrettant de n’en plus avoir à donner, pour augmenter la grandeur de son holocauste. […] était, dans les lettres, la Légitimité reprenant la place usurpée par la Bâtardise ! […] Sans ces connaissances générales, il n’est pas d’histoire particulière dans l’histoire du catholicisme que l’historien pût toucher, tant les mailles de ce magnifique réseau rentrent profondément les unes dans les autres, tant le fil électrique de la tradition, remué à une place, tressaille et vibre dans toute sa longueur, de l’une à l’autre de ses plus distantes extrémités ! […] Après avoir écrit le mot Civilisation avec la béate confiance d’un moderne, il en place l’idée dans le développement des lettres et des arts, et la diffusion des connaissances.

1221. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

… je le ferais tout de même, à votre place. […] Durand-Gréville (chez Plon, Nourrit et Cie) : Chacun à sa place. […] Cependant, Théodore réclame à Didyme sa place. […] C’est par elle que la société où Anna a sa petite place se soutient et dure, tant bien que mal. […] Il m’est réellement impossible de me mettre à sa place.

1222. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Ce fut Boris Godounof, son beau-frère, qui régna à sa place, en vrai maire du palais, après la mort d’Ivan IV. […] Le paysage, on le comprend, tient une large place dans ce volume. […] N’eûmes-nous pas aussi notre place entre vous ? […] Cousin, tel est l’enseignement suprême qu’il place au frontispice de ses leçons, et qu’il résume dans ces paroles sacrées : Sursum corda ! […] Otto, lui avait dit en prenant sa place : « Que voulez-vous, monsieur ?

1223. (1885) L’Art romantique

Chez l’un, la raison a pris une place considérable ; chez l’autre, la sensibilité occupe presque tout l’être. […] Toute sa carrosserie est parfaitement orthodoxe ; chaque partie est à sa place et rien n’est à reprendre. […] Le génie de l’action ne vous laisse plus de place parmi nous. […] Une colombe prend la place du cygne, et Godefroi, duc de Brabant, reparaît. […] Chaque chose est à sa place, tout est bien ordonné et de juste dimension.

1224. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Malherbe est le type de ces honnêtes gens poètes, et sensés bien que poètes, qui savaient à la fois rester à leur place, modestes en cela, et aussi se mettre à leur place dans leur ordre, fiers et indépendants, comme pas un. […] Il avait, à sept ou huit lieues de cette ville, une maison embellie de toutes les diversités propres au soulagement d’un esprit que les affaires ont accablé : il a oublié le plaisir qu’il en recevait, ou plutôt le besoin qu’il en avait, pour se résoudre à la vendre, et on a employé les deniers à l’achat de cette place. […] Et d’ailleurs, on voit bien que ce qu’il laissera d’imparfait ne saurait jamais être achevé par homme qui tienne sa place. […] Vous, le grand distributeur, pourrez-vous me gratifier d’une modeste place ? […] Le voilà remis à sa place dans le jugement général de Malherbe ; il y a son compte. — En signalant cette exagération dont Du Vair a été récemment le sujet, je n’entends point parler du livre très-modéré et très-judicieux que lui a consacré M. 

1225. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

A quelles chances une figure dite historique n’est-elle pas soumise, sitôt qu’échappant aux premiers témoins, elle passe aux mains des commentateurs subtils, des érudits sans jugement, ou, qui pis est, des tribuns et des charlatans de place, des rhéteurs et sophistes de toutes sortes qui trafiquent indifféremment de la parole ? […] Et même lorsqu’il l’eut abandonnée, même depuis qu’il a marqué si haut sa place parmi les défenseurs d’un autre système, prenez garde ! […] Cousin, et tout d’abord il marqua dans l’école philosophique au premier rang des amateurs, en attendant qu’il y fît sa place comme un maître. […] On voit combien la philosophie est allée prenant chaque jour plus de place dans ses études ; ce qui avait été longtemps un culte secret a fini par éclater. […] Mais, quoi qu’il publie ou de tout nouveau ou de composé déjà, il ne fera certainement par ses écrits qu’entrer en possession de la place qui lui est dès longtemps reconnue dans l’opinion.

1226. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Place tes soldats sur la colline des Figuiers ; c’est par là que la ville est accessible ! […] D’abord elle place devant eux une table éclatante, polie avec soin, et dont les pieds sont teints de couleur d’azur ; puis elle sert dans un plat d’airain l’oignon qui irrite la soif, le miel fraîchement écoulé de la ruche et les pains pétris de la farine du froment sacré. […] « Il dit : le dieu massif et difforme s’éloigne en boitant de l’enclume ; ses jambes grêles flageolent sous son corps ; ensuite il place ses soufflets loin de la flamme, et dans un coffre d’argent il rassemble tous les outils de son métier. […] Nous pensons plutôt qu’aux époques où Pisistrate et Alexandre le Grand recueillirent de la bouche des rapsodes ces chants immortels, épars dans la mémoire des homérides, les éditeurs du poème déplacèrent machinalement ces jeux de la place qu’Homère leur avait assignée dans sa composition, et reléguèrent à la fin ce qui ne pouvait avoir de convenance et de beauté qu’au commencement du poème. […] « Que n’êtes-vous morts tous à la place d’Hector ! 

1227. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Tout citoyen romain était orateur dans la mesure de son esprit et de son talent ; la grande loi, la loi suprême, la loi de la place publique, c’était la parole. […] Si tu es le premier qui aies essuyé un semblable affront, attends-tu que des voix s’élèvent contre toi, quand le silence seul, quand cet arrêt, le plus accablant de tous, t’a déjà condamné, lorsqu’à ton arrivée les sièges sont restés vides autour de toi, lorsque les consulaires, au moment où tu t’es assis, ont aussitôt quitté la place qui pouvait les rapprocher de toi ? […] « Mais ce fut pour cet homme divin le chant du cygne, ce furent les derniers accents de sa voix ; et nous, comme si nous eussions dû l’entendre toujours, nous venions au sénat, après sa mort, pour regarder encore la place où il avait parlé pour la dernière fois. […] Ces lieux ont vu Speusippe, ils ont vu Xénocrate et Polémon, son disciple, dont voici la place favorite. […] Lui, en rougissant : — Ne m’interrogez pas là-dessus, dit-il, moi qui suis même descendu sur la plage de Phalère, où l’on dit que Démosthène déclamait au bruit des flots, pour s’habituer à vaincre par sa voix le frémissement de la place publique.

1228. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Par suite, il est à craindre que le premier mouvement de vos clients ne soit la défiance, et que cette défiance ne fasse bientôt place à l’hypocrisie. […] C’est encore l’idée que, seul, un hasard heureux nous a préservés des nécessités qui oppriment les pauvres et qui parfois les réduisent à un abaissement moral que nous aurions peut-être subi comme eux si nous avions été à leur place, mais qui, d’autres fois, développent en eux des vertus dont nous n’aurions peut-être pas été capables. […] Mais quel moyen avons-nous de connaître la valeur historique des comédies du dernier mois, et de savoir quelle place elles occuperont dans l’histoire littéraire, ou même si elles y occuperont une place ? […] La bonne Paméla s’offre à prendre sa place : tout est sauvé ! […] Ce qui, dans Paméla, tient la plus grande place, ce n’est pas Louis XVII et son martyre (et j’avoue que ce spectacle, trop prolongé, de souffrances surtout physiques eût été vite intolérable), et ce ne sont pas non plus les personnes et les sentiments des conjurés : c’est la conspiration elle-même, vue par l’extérieur.

1229. (1879) À propos de « l’Assommoir »

— Étant monté à l’autel, au milieu, il place le calice à côté de l’Évangile, abaisse le voile s’il était replié, tire de la bourse le corporal, qu’il étend au milieu de l’autel… Art. 40  En disant Oremus, il étend et rejoint les mains… Art. 58  L’ayant achevé (l’offertoire), il découvre le calice des deux mains, plie le voile et le place du côté de l’épître, près du corporal…, puis, mettant la main gauche sur l’autel, hors du corporal, il prend dans la droite le calice et la place du côté de l’épître ; alors il enlève la pale de la main droite. […] L’aîné des enfants recueillait l’avoine que les chevaux laissaient tomber aux stations des voitures de place. […] Trois semaines à l’avance, toutes les places laissées libres par le service étaient louées ; les malheureux qui voulaient voir quand même, en étaient réduits à recourir aux expédients les plus coûteux. […] Quand l’auteur de Valentine, dans ses plaidoyers contre le mariage, veut perdre une héroïne, elle la fait descendre jusqu’à la faute en la poussant, par toutes sortes de circonstances indépendantes de sa volonté, sur une pente si douce, si insensible, qu’on ne s’en aperçoit pas ; de sorte que lorsque la femme honnête est devenue adultère, elle garde tout son charme et toute sa vertu aux yeux du lecteur ; chacun la plaint, la trouve malheureuse, et se dit : « A sa place, j’aurais fait comme elle ! 

1230. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Chez Riche, je trouve Scholl, en train de dîner, et qui n’ose s’aventurer place du Châtelet, à l’Opéra-Comique, où il a une place, pour la première de Werther. […] Et bientôt une insomnie cauchemarresque, où moitié dormant, moitié éveillé, je voyais que l’on faisait, de mon vivant, une vente de toutes mes collections, en un endroit pareil à une place de village, et dans laquelle les trois quarts des objets étaient égarés, perdus, volés, ne se retrouvaient pas, et au milieu de mes désespoirs, de mes fureurs, dire l’ironie muette des crieurs, de l’expert, du commissaire-priseur. […] Dans ce monde de bibeloteurs japonais, c’est une folie de surenchères entre Gillot, Havilant, Manzi, et le bijoutier Vever, le plus passionné de tous, et qui nous montre le billet de sa place sur le paquebot, pour l’Exposition de Chicago. […] Sa mère qui est à la porte, me dit : « De son lit, il vous a vu traverser la place… entrez donc quelques instants… vous lui ferez un vrai plaisir. » Et tout bas : « Ç’a été bien dur. » — Ah ! […] La politique se fera en dehors de la Chambre, et les gens de la Chambre ne seront plus que des mandataires domestiques d’électeurs, des distributeurs à la province, de tronçons de chemins de fer, de bureaux de tabac et de poste, de places de gardes champêtres, etc., etc., en un mot de bas ouvriers gouvernementaux, jouissant de la déconsidération des membres des parlements américains — et si quelque chose peut tuer le parlementarisme, ce sera cela….

1231. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Il vit chichement, avec sa vieille mère, dans un modeste logement de la place de Thionville, ci-devant place Dauphine. […] Ces derniers exploits lyriques n’ont pas trouvé place dans le recueil de M.  […] Romain Rolland, on conçoit qu’il ne saurait y avoir place pour l’esprit critique. […] Mais peut-être la Renaissance italienne était-elle un mouvement essentiellement viril, où il n’y avait point place pour une influence féminine prépondérante. […] Un homme vraiment supérieur et bien organisé sait concilier la vie intellectuelle et la vie affective, en donnant à chacune sa place normale.

1232. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

pourquoi favoriserait-elle une région plus qu’une autre, lorsque les individus que le hasard y place vivent sous une température également propice au développement de leur intelligence ? […] Est-il un auteur qui se puisse flatter de vaincre les préventions et les rivalités de ses contemporains, si le plus impartial et le moins envieux des hommes ne daigne accorder qu’une place inférieure à Molière ? […] Souvent même l’auteur place dans le dialogue sa justification, son apologie, ou sa défense contre les critiques. […] Aussi les acteurs passent-ils d’une chambre dans une place, d’un bois ou d’un champ dans une ville, sans que la condition des pièces secondaires en soit offensée. […] une leçon à quiconque sacrifie son repos domestique aux empressements de la brigue, et l’honneur de sa femme et le sien à la vanité de cumuler les places.

1233. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Ne te place pas à une des extrémités de l’univers ; l’arc du monde perdrait l’équilibre et serait entraîné par ton poids. […] Arrivé à là place des Juifs le duc renvoya l’estafier, lui disant de l’attendre une heure sur cette place, puis de retourner au palais, s’il ne le voyait revenir. […] Lorsque les Français s’emparèrent de Mons, il crut que c’était sur Guillaume III queLouis XIV avait conquis cette place forte. […] Un mendiant français s’étant approché du carrosse de la reine pour demander l’aumône, le roi faillit le faire tuer sur la place. […] » — Pas de borne où déposer son fardeau, pas de Cyrénéen pour le porter à sa place.

1234. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Le comte Portalis a défendu très à propos la tradition gallicane et remis à sa place M. de Montalembert.

1235. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Je voyais avec peine un jeune poète, dont je pressentais le magnifique avenir, entrer dans cette voie où la première place était prise, et je me disais tout bas qu’il serait dur de ne s’appeler que Thomas Ponsard.

1236. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

Pour moi, je ne suis point la dupe de la Gloire ; Je vous cede ma place au Temple de Mémoire, &c.

1237. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 285-289

Ils lui mériterent une place à l’Académie Della Crusca.

1238. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre III. Des Ruines en général. — Qu’il y en a de deux espèces. »

Font-ils des décombres, elle y sème des fleurs ; entrouvrent-ils un tombeau, elle y place le nid d’une colombe : sans cesse occupée à reproduire, elle environne la mort des plus douces illusions de la vie.

1239. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Ces sentiments sont ceux de nombre de touristes libres-penseurs qui déchiffrent l’inscription commémorative de la place de la Seigneurie à Florence. […] Mais sa préface ne pouvait que nous induire en erreur, et il s’est bien gardé, au cours du volume, d’indiquer la place et la dimension des coupures. […] Pourquoi n’y ont-elles pas trouvé place ? […] A priori, si l’on considère la place capitale qu’elle a tenue dans sa vie et dans son œuvre, c’est bien invraisemblable. […] Mais l’enthousiasme des libérés fera bientôt place à des discordes, qui commencent à poindre lorsque MM. 

1240. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

On lui trouva une place de secrétaire en province. […] Viens, reconnais la place où ta vie était fleuve. […] » N’avez-vous pas dans un coin de ce grand univers une place où il pourrait revivre ? […] Le souci ou de moraliser ou d’attendrir, dans les arts littéraires, s’il n’est pas nécessaire, est à sa place, et, contenu dans une certaine mesure, est utile. […]  ; fête publique dans Paris : En passant par la place Louis XV… ; translation des cendres de Napoléon Ier : Le retour de l’Empereur ; événements de 1870-71 : Année terrible.

1241. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

S’il est mélodieux, il a déjà un sens, et il a déjà pris sa place dans le répertoire des souvenirs. […] Devéria firent partie du bataillon sacré des coloristes ; leur place était donc marquée ici. — Le tableau de M.  […] Penguilly de n’avoir pas pris le type de Deburau, qui est le vrai pierrot actuel, le pierrot de l’histoire moderne, et qui doit avoir sa place dans tous les tableaux de parade. […] A proprement parler, la place de M.  […] Joyant, qui n’est jamais sorti de la place Saint-Marc et n’a jamais franchi le Lido.

1242. (1898) La cité antique

Il doit être posé sur le sol ; une fois posé, on ne doit plus le changer de place. […] Comme le foyer, elle occupera toujours cette place. […] La religion ne place pas la femme à un rang aussi élevé. […] Romulus à cette même place posa un autel et y alluma du feu. […] Maître absolu ce jour-là, il fixait la place de chaque homme dans les différentes catégories.

1243. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Les gens du peuple ne suivent pas la ligne droite du raisonnement et du récit ; ils reviennent sur leurs pas, ils piétinent en place ; frappés d’une image, ils la gardent pendant une heure devant leurs yeux, et ne s’en lassent pas. […] À un certain degré finit la conscience ; la nature prend sa place, et l’homme court sur ce qu’il désire sans plus penser au juste ni à l’injuste qu’un animal de la forêt voisine. […] … Je vous en prie, apaisez-vous, —  ma mère ; je m’en vais à la place du marché. —  Ne me grondez plus. […] Alors nous allons changer de place. —  Venez ici, messieurs. […] Better be with the dead Whom we, to gain our place, have sent to peace, Than on the torture of the mind to lie In restless ecstasy.

1244. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

1245. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

Par malheur, dans le roman, tel que l’a écrit l’auteur, la place manque aux développements.

1246. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Emmanuel Des Essarts Par ce volume excellent (Au fil de l’eau) comme par l’ensemble de son œuvre, Albert Mérat a conquis sa place au premier rang des jeunes poètes.

1247. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

Nous avons d’abord cru que cette primauté étoit pour suivre l’ordre alphabétique ; mais le Compilateur assure très-positivement que c’est par ordre de mérite & de distinction : c’est parce que je crois , dit-il très-sérieusement, pouvoir assigner à cet Auteur estimable la premiere place parmi les Philosophes de nos jours, non seulement de ma Nation, mais de toutes celles de l’Europe .

1248. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Je refonds dans notre Journal le petit volume des Idées et sensations qui en étaient tirées, en les remettant à leur place et à leur date.

1249. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Je refonds dans notre Journal le petit volume des Idées et Sensations qui en étaient tirées, en les remettant à leur place et à leur date.

1250. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

D’ailleurs, puisque l’auteur, si peu de place qu’il tienne en littérature, a subi la loi commune à tout écrivain grand ou petit, de voir rehausser ses premiers ouvrages aux dépens des derniers et d’entendre déclarer qu’il était fort loin d’avoir tenu le peu que ses commencements promettaient, sans opposer à une critique peut-être judicieuse et fondée des objections qui seraient suspectes dans sa bouche, il croit devoir réimprimer purement et simplement ses premiers ouvrages tels qu’il les a écrits, afin de mettre les lecteurs à même de décider, en ce qui le concerne, si ce sont des pas en avant ou des pas en arrière qui séparent Han d’Islande de Notre-Dame de Paris.

1251. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre X. Machines poétiques. — Vénus dans les bois de Carthage, Raphaël au berceau d’Éden. »

Plus parfait que tous les êtres créés, il occupe la première place près de l’Être infini.

1252. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Ollivier » pp. 299-300

Le massacre s’exécute sur une place publique, au centre de laquelle sur un piédestal une figure qui semble ordonner de la main.

1253. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

Avant qu’il fût de retour, le petit redescendit de la toiture avec sa mère et s’empara de la flûte d’Ybilis, puis il reprit sa place sur le dos de la femme, et tous deux regagnèrent le village.

1254. (1888) Études sur le XIXe siècle

Le récit de ses expéditions, avec leurs détails à la fois circonstanciés et précis, pourrait peut-être paraître sec, s’il n’était interrompu de place en place par des élans lyriques coupés de points d’exclamation, qui font éclater à la fois la sincérité et la naïveté du héros. […] Edmondo de Amicis occupe une bonne place. […] Ce n’est point non plus par hasard que la mosaïque tient une si grande place dans l’art industriel national. […] Cela ne suffit-il pas à marquer sa place parmi les contemporains ? […] Mais quelle place !

1255. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il y eut cela de particulier que la Fronde, n’opérant aucun bouleversement, attaquant tout sans rien renverser, laissa chaque homme et chaque classe à sa place. […] Avec une telle manière de procéder, il ne reste plus que peu de place pour l’action et pour le sentiment. […] Le droit romain, et toutes ses maximes de pouvoir absolu, avait déjà pris peu à peu la place du droit public des libres nations d’origine germanique. […] Louis XVI avait raison ; l’esprit de vertige qui dominait l’Assemblée ne laissait point de place à l’attendrissement. […] Entre nos princes et lui, le mot faveur ne pouvait trouver place.

1256. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Cette chose a cela de particulier, qu’elle n’est pas là pour son compte, mais au lieu et place d’un autre objet, dont elle doit évoquer en nous l’idée. […] — Qu’est-ce que cette personnalité encombrante qui veut à toute force se faire une place dans l’œuvre d’art ? […] Dans les œuvres d’imagination, l’imitation a aussi une place. […] Emprunte-t-il ses sujets au roman, comme on le fait depuis que le roman tient une place prépondérante et presque abusive dans la littérature ? […] Ces exercices devraient trouver place dès le début, dans les premières années d’apprentissage.

1257. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

On lui demande des « autographes pour album », on l’invite à dîner ; on le place à côté de jolies femmes à qui il fait un brin de cour. […] Victor Hugo reprend la place, qu’il gardera, au tout premier rang des écrivains de ce siècle. […] Il avait comme un réveil d’orgueil et il reprenait avec tranquillité la place qui lui était due, en pleine lumière. […] Jamais il ne sollicita une place ; et il osa, à plusieurs reprises, tenir tête à l’Empereur. […] Zola se place sous la tunique d’un simple soldat, il fait campagne avec lui, il endure ses souffrances, et suit jusqu’au bout sa lamentable odyssée.

1258. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Et personne ne peut le soulager, et personne non plus, fils, frère ou sœur, ne voudrait être à sa place. […] Puis vous faites semblant de vous raviser, vous demandez du vin rouge, et vous rendez le broc d’eau claire à la place du broc de vin blanc. […] elle vous place un petit portrait à la Théophraste, en huit ou dix vers, qu’elle débite comme une leçon. […] Dumas) a pris une telle place dans la vie du jeune homme qu’il faut que nous expliquions. […] Et quelques-uns même avaient loué leurs places d’avance, craignant sans doute une affluence énorme !

1259. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Les universitaires occupent beaucoup de places dans le journalisme littéraire. […] Quand une place est vacante dans un journal, il la prend. […] C’est moi qui l’ai empêchée de prendre la place qu’elle avait payée. […] Jules Claretie, cédaient la place aux vaches grasses. […] À sa place, M. 

1260. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Il s’agit d’entrer dans la place et d’en chasser la lâche habitude. […] Quant à Philarète Chasles, il n’a vraiment pas sa place. […] Les costumes, les mouvements, les dialogues, les réticences, chaque chose a sa place, sa valeur, et sa nécessité. […] Ce qui paraît incontestable, c’est que, du point de vue où Taine se place, Taine a raison. […] Certes, Marcel Schwob a pris dans la jeune littérature une place grande et méritée.

1261. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

L’Amérique enfin, elle aussi, a traduit, commenté, critiqué Molière ; et comme l’Angleterre, elle le place à côté de Shakespeare. […] Il y avait dans les places d’en haut un groupe de mobiles, qui éclataient joyeusement à chaque saillie du dialogue. […] comme chaque mot porte et est bien à sa place : conscience, sûreté, serments, vérité. […] Est-il si étranger que Jupiter soit un peu jaloux de celui dont il prend la place et qu’il sent seul aimé. […] Quand il revient, la place est prise ; et prise, on s’en doute bien, par l’ami lui-même.

1262. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

Et encore : « Il y avait aujourd’hui (six heures et demie), au Capitole, séance de l’Académie des Arcades : les cardinaux et les prélats en carrosse accouraient ; la place était remplie de livrée rouge.

1263. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

Ce n’est pourtant pas une simple traduction versifiée du Nouveau Testament, l’imagination y prend sa place, la légende aussi, mais avec la discrétion qui convient à un pareil sujet.

1264. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guérin, Charles (1873-1907) »

Mais depuis cet ouvrage, une place lui est due parmi les meilleurs des jeunes poètes récents.

1265. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Songez bien que les Rois sont, à la vérité, les plus remarquables personnes de l’Histoire, mais que les grands changemens en sont le véritable sujet ; que, comme souvent un Ministre, & quelquefois une femme, y a plus de part que les Rois, on est obligé, en plusieurs endroits, de donner plus de place & de relief à ce qu’a fait ce Ministre, ou cette femme, qu’à ce que le Roi de leur temps a fait.

1266. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Après la mort de l’Académicien Conrart, un grand Seigneur ignorant sollicita sa place.

1267. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1828 »

Enfin dix pièces nouvelles, sans compter l’Ode à la colonne de la place Vendôme, ont été ajoutées à la présente édition.

1268. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 37, que les mots de notre langue naturelle font plus d’impression sur nous que les mots d’une langue étrangere » pp. 347-350

Ainsi quand nous avons appris dès l’enfance la signification du mot aimer, quand ce mot est le premier que nous aïons retenu pour exprimer la chose dont il est le signe, il nous paroît avoir une énergie naturelle, bien que la force que nous lui trouvons vienne uniquement de notre éducation, et de ce qu’il s’est saisi, pour ainsi dire, de la premiere place dans notre memoire.

1269. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VII. La fausse fiancée »

Dêdé alors se lava les mains dans le sang de l’aventurière150 et prit la place à laquelle elle avait droit.

1270. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

L’Orgueil, ce vice des hommes, est descendu jusque dans le cœur de la femme, qui s’est mise debout pour montrer qu’elle nous atteignait et nous ne l’avons pas rassise à sa place, comme un enfant révolté qui mérite le fouet !

1271. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « César Cantu »

parmi les causes désolantes du succès des mauvais livres, l’esprit de parti a le droit d’être bien bête sans aucun danger, mais il est bête en répétant la même bêtise, en poussant son lecteur ou en le frappant à la même place, en se faisant une espèce de logique avec les passions ou les lieux communs de son parti.

1272. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Mme de Longueville considère ce renouvellement comme étant pour elle le premier pas d’une vie vraiment pénitente : « Il y avoit longtemps que je cherchois (ce me sembloit) la voie qui mène à la vie, mais je croyois toujours de n’y être pas, sans savoir pourtant précisément ce qui étoit mon obstacle ; je sentois qu’il y en avoit entre Dieu et moi, mais je ne le connoissois pas, et proprement je me sentois comme n’étant pas à ma place ; et j’avois une certaine inquiétude d’y être, sans pourtant savoir où elle étoit, ni par où il la falloit chercher. […] Singlin, que je suis proprement à cette place que je cherchois, c’est-à-dire à la vraie entrée du chemin de la vie chrétienne, à l’entour duquel j’ai été jusques ici171. » Avant de s’embarquer à écouter sa confession générale et de s’engager par là à lui donner conduite, M. […] Mais, enfin, la circonstance de la paix est une sorte d’amertume qui me blesse jusqu’au cœur, quand je me mets à sa place ; quand je me tiens à la mienne, j’en loue Dieu, puisqu’elle conserve mon pauvre Sévigné et tous nos amis. » On découvrit bientôt (un peu complaisamment peut-être) qu’avant de partir pour la guerre, M. de Longueville s’était converti en secret, qu’il avait fait une confession générale, que messieurs de Port-Royal avaient mené cela, qu’il répandait d’immenses aumônes ; enfin que, nonobstant ses maîtresses et un fils naturel qu’il avait, il était quasi un saint. […] C’est toujours le duel de la place Royale qui continue. — Faut-il le dire enfin (1852) ?

1273. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Beaucoup imaginer, c’est beaucoup prétendre ; beaucoup penser, c’est beaucoup souffrir ; être grand, c’est être disproportionné dans un monde de médiocrités ou de petitesses ; être disproportionné, c’est être déplacé ; être déplacé, c’est créer autour de soi des inimitiés, c’est éprouver soi-même une inimitié involontaire et générale contre tous ceux qui ne vous cèdent pas la place aussi vaste que la demandent vos facultés supérieures. […] Ayant acquis la certitude qu’un de ses amis les plus intimes avait abusé de sa familiarité, dans sa maison, pour ouvrir avec de fausses clefs ses cassettes, et pour épier ses secrets d’amour et ses vers, il lui fit des reproches publics de sa félonie, en plein jour, sur la grande place du palais. […] L’événement d’ailleurs est bien déplorable, soit que l’on considère son génie ou sa bonté. » Que peuvent répondre les accusateurs gratuits de la maison d’Este, dans cette circonstance, à une preuve aussi authentique de leur innocence, écrite sur place aux ennemis de cette maison par l’ambassadeur de ces ennemis ? […] En ma qualité d’étranger on m’avait réservé la place d’honneur.

1274. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Quelques mois à peine sont écoulés, et déjà le peintre a pris la place du poète dans l’hôtel du Lung’ Arno ; la casa di Vittorio Alfieri est aussi désormais la maison de François-Xavier Fabre. […] On croyait y participer en adorant de près et familièrement la place où, en s’éteignant, elle avait laissé la plus belle et la plus chère moitié d’elle-même. […] Ils vont à Paris pour soigner leurs intérêts royaux auprès du gouvernement populaire qui va administrer à leur place. […] La place d’Alfieri est vacante ; les hommes de talent y surabondent, et les Ristori ne lui manquent pas !

1275. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Mais pour un moment mettez-vous à ma place. […] Je n’ai rien ; que feriez-vous à ma place ? […] Toutes les femmes étaient réunies sur la place du hameau, c’est-à-dire sous le four banal, où les paysannes avaient fait cuire des châtaignes, des pommes de terre, et les courges dorées ; des pots de crème en terre rouge, et des raisins de différentes couleurs étaient épars autour de nous ; nos yeux étaient enivrés d’avance de ce frugal et délicieux repas. […] — C’est que, grâce à ce monsieur bienfaisant que vous avez vu au château le soir du grand dîner de cent couverts sous les ormes de la basse-cour, M. le préfet de Mâcon ayant eu pitié de vous vous a accordé une place gratuite à l’hospice des infirmes de cette ville.

1276. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Le silence et la rêverie nous gagnèrent ; ce que nous pensions à cette heure, à cette place, si loin du monde vivant, dans ce monde mort, en présence de tant de témoins muets, d’un passé inconnu, mais qui bouleverse toutes nos petites théories d’histoire et de philosophie de l’humanité ; ce qui se remuait dans nos esprits ou dans nos cœurs, de nos systèmes, de nos idées, hélas ! […] À chaque détour du torrent où l’écume laissait un peu de place à la terre, un couvent de moines maronites se dessinait en pierres d’un brun sanguin sur le gris du rocher, et sa fumée s’élevait dans les airs entre des cimes de peupliers et de cyprès. […] Dans cette œuvre, la poésie a sa place, quoique Platon voulût l’en bannir. […] Dès qu’il sera formé, dès qu’il aura une place dans la presse et dans les institutions, je rentrerai dans la vie poétique.

1277. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

A ce seul titre, le jansénisme occuperait une grande place dans le mouvement intellectuel du xviie . […] Quand on joue à la paume, c’est une même balle dont on joue l’un et l’autre ; mais l’un la place mieux. » Pascal excelle à placer la balle. […] Si on l’étudie de près, on apercevra que le secret de son énergie est dans le procédé scientifique que Pascal applique aux mots, manifestant leur définition et utilisant leurs liaisons dans les emplois qu’il en fait : le respect de leur propriété, et le choix de leur place, tout se ramène là. […] Jamais il n’est plus poète, plus largement, plus douloureusement, ou plus terriblement poète que lorsqu’il se place en face de l’inconnaissable. « Le silence éternel des espaces infinis m’effraie. » Et ailleurs, toute cette poursuite, angoissée et superbe, de l’inaccessible infini et de l’inaccessible néant.

1278. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Lamoureux a compris que la première qualité d’une interprétation est la précision : la précision, l’exacte observance d’un texte, la fidélité qui met à sa place chaque minuscule intention de l’auteur ! […] Il me semble que la place d’honneur doit être assignée à M.  […] D’autre part, nous n’avons rien à mettre à sa place. […] Nous avons dit que c’est Wolfram d’Eschenbach, son rival en poésie et en amour, qui insiste pour le ramener à la princesse Élisabeth qui l’aime, et en lui parlant d’elle, le décide à reprendre son ancienne place, entre eux poètes qu’il avait maintes fois vaincus, et qui pourtant déploraient son absence.

1279. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

Ce qu’il y a eu de mieux dans toute cette discussion, & ce qui doit suffire pour réunir les deux partis, est la réflexion si judicieuse de M. de Voltaire : « Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies est un goût efféminé, l’en proscrire toujours est une mauvaise humeur bien déraisonnable » : mais, ajoute le même auteur, si l’on fait tant que de l’y amener, il faut qu’il y tienne la première place, il faut qu’il soit le nœud nécessaire de la pièce. […] Dans la distribution des places des poëtes comiques, on peut mettre La Chaussée immédiatement après les génies créateurs. […] La première qui se présente contre le comique attendrissant, est que nos grands comiques François ne s’étoient point douté de ce genre ; que ce n’est point celui de Molière & de Regnard ; qu’on n’a de comédies, qui en approchent, que celles de Mélite, de la Place royale, de la Veuve ; toutes pièces détestables, & peu dignes de leur auteur. […] Mais ici les gens en place se taisent, ou approuvent & autorisent, par leur exemple, la comédie ; princes, magistrats, évêques.

1280. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Ce père, homme hautain, vivait, depuis l’avènement de Louis XIV, retiré dans son gouvernement de Blaye, à la façon des anciens barons, si absolu dans son petit État que le roi lui envoyait la liste des demandeurs de places avec liberté entière d’y choisir ou de prendre en dehors, et de renvoyer ou d’avancer qui bon lui semblait. […] Cela en vint au point qu’un jour, au sortir d’un conseil où, après l’avoir forcé de rapporter une affaire que je savais qu’il affectionnait, et sur laquelle je l’entrepris sans mesure et le fis tondre, je lui dictais l’arrêt tout de suite, et le lisais après qu’il l’eut écrit, en lui montrant avec hauteur et dérision ma défiance et à tout le conseil ; il se leva, jeta son tabouret à dix pas, et lui qui en place n’avait osé répondre un seul mot que de l’affaire même avec l’air le plus embarrassé et le plus respectueux : Mort… dit-il, “il n’y a plus moyen d’y durer ! […] Faute de place dans le monde, il en prit une dans les lettres. […] C’est qu’il a trouvé sa vraie place ; cet esprit qui regorgeait de sensations et d’idées était né curieux, passionné pour l’histoire, affamé d’observations, « perçant de ses regards clandestins chaque physionomie », psychologue d’instinct, « ayant si fort imprimé en lui les différentes cabales, leurs subdivisions, leurs replis, leurs divers personnages et leurs degrés, la connaissance de leurs chemins, de leurs ressorts, de leurs divers intérêts, que la méditation de plusieurs jours ne lui eût pas développé et représenté toutes ces choses plus nettement que le premier aspect de tous les visages. » « Cette promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes » prouve qu’il aima l’histoire pour l’histoire.

1281. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Vous, partisan illimité de la presse, n’avez-vous pas accepté une place où vous serviez le Gouvernement qui comprima cette liberté15 ? […] Une place plus élevée vous eût-elle trouvé bien fort ? […] Sa place était marquée, ce semble, dans les deux volumes qu’on vient de publier : il y brille par son absence.

1282. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

En 1841, l’instituteur de la commune étant frappé d’une fièvre typhoïde qui menaçait de se prolonger longtemps, la maîtresse, non contente de lui donner ses soins, demanda et obtint l’autorisation de le remplacer auprès des petits garçons, afin qu’il ne perdît point sa place. […] Les faits particuliers qui nous sont attestés et qui nous donnent la mesure de son zèle au bien ne sauraient se reproduire ici : enfants nouveau-nés, trouvés sous des portes cochères, et qu’on va déposer d’abord chez Mme Navier ; — jeunes filles de dix ans, abandonnées par d’indignes parents, quelle recueille, qu’elle instruit, quelle ne laisse qu’après les avoir mises en lieu sûr ; — quelquefois des familles entières qu’elle entreprend de sauver de la détresse, et dont elle place les différents membres ; — des orphelins même qu’on lui envoie de province, comme si ce gouffre de Paris ne lui suffisait pas : — on admire, rien qu’à y jeter les yeux et à l’entrevoir un moment, cette série d’œuvres continuelles et cachées, ce courant salutaire et pur à côté d’autres qui le sont moins ou qui sont tout à fait contraires : c’est ainsi, selon une juste remarque, qu’au sein des sociétés humaines subsiste et se renouvelle incessamment cette dose de bien nécessaire à l’équilibre moral du monde. […] Et d’abord, sans prétendre en rien rouvrir une discussion générale, où tous les arguments de part et d’autre semblent avoir été épuisés, et qui pourtant resterait encore inépuisable, il est impossible de ne pas rappeler devant vous qu’il y a eu (et même dans la Commission dont j’ai l’honneur d’être l’organe) deux manières d’envisager la question des droits d’auteur : l’une qui la généralise et la simplifie, qui la constitue et l’élève à l’état de principe, de droit absolu, de propriété inviolable et sacrée, revendiquant hautement sa place au soleil ; et l’autre manière de voir, plus modeste, plus positive, plus pratique sans doute, qui ne s’est occupée que d’améliorer ce qui avait été fait déjà, de l’étendre aux limites qui semblent le plus raisonnables, en tenant compte des différences de matière et d’objet, en mettant la nouvelle loi en rapport avec les articles qui dans notre Code régissent le mariage, les successions, et en combinant le mieux possible les droits des auteurs et ceux du public.

1283. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Ils ont été destinés au salon de Mme de Sablé, alors établie à la Place Royale. […] Corneille y tient une grande place. […] Je ne sais si je me trompai mais il me semble que, dans l’ancienne société, telle qu’elle était faite, le champ de l’amitié était plus étendu qu’aujourd’hui : il y avait plus de sujets réservés, plus de choses particulières dont on eût à s’entretenir, même en matière d’idées ; la publicité, comme aujourd’hui, n’avait pas tout pris, tout défloré : il y avait bien plus de place à la confidence et au secret.

1284. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Vinet, la régularité du raisonnement, la propriété un peu étudiée de l’expression, laissent place à tout un atticisme véritable, qui, à la fois, étonne hors de France, et qui pourtant ne paraît pas dépaysé. […] Vinet, à Lausanne, sinon à Bâle, est à sa place ; il a une originalité qui reproduit et condense heureusement les qualités de la Suisse française, et, en même temps, il a une langue en général excellente, attique à sa manière, et qui sent nos meilleures fleurs. […] Dorat peut être dit l’héritier direct de Benserade, mais il ne l’est pas de Voiture, qui était d’une qualité et d’une saillie d’esprit bien supérieure, et qui eut grande influence : Dorat ne compta jamais. — En un mot, dans le tableau de ce dernier tiers du xviiie  siècle, les proportions véritables ne sont pas assez gardées ; la nomenclature l’emporte un peu sur le vrai classement ; trop de noms se pressent sous la plume de l’auteur, et paraissent admis à une place que quelques-uns seuls tenaient réellement.

1285. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

d’Aumont ; elles tiendront quelque place dans ce récit. […] Forgeot (c’est le nom du maître apothicaire), placé avantageusement, allait poser et mettre en place la canule, quand tout à coup le garçon de la chambre, voyant que la lumière qu’il porte donne en plein sur le derrière royal, et imaginant apparemment que son effet peut être dangereux pour la santé ou au moins la commodité de Sa Majesté, arrache avec précipitation de dessous le bras d’un médecin un chapeau, et le place entre la bougie et le lieu où M. 

1286. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

La Sologne, jadis florissante633, est devenue un marécage et une forêt ; cent ans plus tôt, elle produisait trois fois autant de grains ; les deux tiers de ses moulins ont disparu ; il n’y a plus vestige de ses vignobles ; « les bruyères ont pris la place des raisins ». […] Mais ce serait en vain que l’on chercherait en France une servante d’hôtel proprement mise. » — Lisez quelques descriptions prises sur place, et vous verrez qu’en France l’aspect de la campagne et des paysans est le même qu’en Irlande, du moins dans les grands traits. […] Le marquis de Mirabeau décrit « la fête votive du Mont-Dore, les sauvages descendant en torrents de la montagne650, le curé avec étole et surplis, la justice en perruque, la maréchaussée, le sabre à la main, gardant la place avant de permettre aux musettes de commencer ; la danse interrompue un quart d’heure après par la bataille ; les cris et les sifflements des enfants, des débiles et autres assistants, les agaçant comme fait la canaille quand les chiens se battent ; des hommes affreux, ou plutôt des bêtes fauves, couverts de sayons de grosse laine, avec de larges ceintures de cuir piquées de clous de cuivre, d’une taille gigantesque rehaussée par de hauts sabots, s’élevant encore pour regarder le combat, trépignant avec progression, se frottant les flancs avec les coudes, la figure hâve et couverte de longs cheveux gras, le haut du visage pâlissant et le bas se déchirant pour ébaucher un rire cruel et une sorte d’impatience féroce  Et ces gens-là payent la taille !

1287. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

» VI Son second fils, Jean de Médicis, écrivit de Rome à Pierre de Médicis, qui héritait de sa place et de son influence : « De quoi puis-je aujourd’hui t’entretenir, si ce n’est de ma douleur ? […] Il subit son exil jusqu’à ce que le roi de l’Italie, unitaire contre la nature et l’histoire, transporte son trône ambulant de capitale en capitale pour trouver une bonne place sur la terre des Romains ; il y détrône un pontife désarmé, sans soldats et sans peuple, vainqueur par les armes françaises, d’une théocratie qui ne devait être remplacée que par la liberté de Dieu sur la terre. […] Je repris bientôt ma place, après avoir, autant que je le pouvais, essuyé mes yeux.

1288. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Les aventures, les exploits, la chevalerie, les tournois, la religion, n’y tiennent que peu ou point de place, encore que l’on y trouve des évêques et des couvents, et que les mœurs extérieures soient celles de l’Angleterre et de la France du xiie  siècle. […] Voici bien du nouveau pour notre public : voici la passion intime, éternelle, qui souffre, et qui se sacrifie : Fresne préparant le lit de la nouvelle épouse pour laquelle son seigneur la répudie ; la femme d’Eliduc ranimant la fiancée que son mari avait ramenée d’outre-mer, et se faisant nonne pour lui céder la place. […] Plus austère encore et plus raidement ascétique était une Quête du saint Graal rédigée au xiiie  siècle : Perceval, trop humain, cède ici la place à un certain Galaad qu’on donne pour fils à Lancelot.

1289. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Il convient de faire une place au roi354, qui dans ses Mémoires et dans ses Lettres, se montre à son avantage, avec son sens droit et ferme, son application soutenue aux affaires, sa science délicate du commandement : une intelligence solide et moyenne, sans hauteur philosophique, sans puissance poétique, beaucoup de sérieux, de dignité, de simplicité, une exquise mesure de ton et une exacte justesse de langage, voilà les qualités par lesquelles Louis XIV a pesé sur la littérature, et salutairement pesé. […] La littérature tient une grande place dans les lettres de Bussy : il donne son avis sur tout ce qui paraît, et il en parle à merveille, en grand seigneur qui est académicien, et ami des Pères Rapin et Bouhours357. […] Elle vit d’une petite pension, et des cadeaux de quelques amis, qu’elle s’ingénie à payer par des services : à l’Hôtel d’Albret, à l’Hôtel de Richelieu, chez les Montchevreuil, elle porte sa belle humeur, son activité, son humilité, tenant peu de place, et faisant toutes les besognes.

1290. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

N’en préférez-vous pas, décorativement ou pour une signification plus belle, la place dans le palais même du Livre, à la Bibliothèque Nationale ? […] Le Domaine public, dont il a été parlé, représente, en l’espèce, parfaitement, la place publique ou quelque édifice. […]   Tout à coup se clôt par la liberté, en dedans, de l’alexandrin, césure à volonté y compris l’hémistiche, la visée, où resta le Parnasse, si décrié : il instaura le vers énoncé seul sans participation d’un souffle préalable chez le lecteur ou mû par la vertu de la place et de la dimension des mots.

1291. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

On la désirerait, à certaines places, secouée de plus de nouveauté, vivifiée par des trouvailles ; et, si elle devait ne chercher que sa propre beauté, s’arrêter à la seule splendeur de ses lignes sculpturales, il faudrait (mais je cherche ici par trop la petite bête !) […] Mais une certaine indigence de mots et d’images se découvre à des prosaïsmes, à des expressions trop approximatives, qui étonnent et détonnent ; ou bien, à maintes places, un adjectif, un nom, un verbe qui ne sont plus de la langue chantée, ou qui ramènent trop près de nous. […] Bien que les annales n’en content rien, (et c’est grand dommage), je pense qu’à sa place Henri de Régnier eût agi autrement.

1292. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

… Là était ma place. […] Carbon et pour une autre raison péremptoire dont je vous parlerai tout à l’heure, je crus devoir refuser quelques propositions assez avantageuses, pour accepter, à l’école préparatoire annexée au collège Stanislas, une petite place qui, sous plusieurs rapports, était assez bien en harmonie avec ma situation actuelle. Cette place ne m’occupait pas plus d’une heure et demie par jour, et je trouvais là des cours spéciaux de mathématiques, de physique, etc., sans parler des cours préparatoires à la licence, dont l’un, entre autres, fait deux fois par semaine par M. 

1293. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Le respect de la pensée d’autrui, la tolérance mutuelle, la volonté de reconnaître à tous une égale liberté de conscience prit peu à peu dans l’estime générale, malgré la résistance des partisans attardés de l’orthodoxie forcée, la place si longtemps occupée par la conception chère aux Inquisiteurs. […] Qu’arrive-t-il, le jour où d’autres vertus prennent dans la vie réelle la place des vertus militaires ? […] Dans les moments de ferveur religieuse la prédication a des triomphes qui paraissent surnaturels ; des paroles tombées du haut de la chaire se traduisent aussitôt en actes passionnés ; ainsi, à la voix puissante de Savonarole, jeux, danses, tableaux et statues profanes disparaissent de la légère et païenne Florence et toutes les vanités mondaines sont brûlées solennellement sur la grande place, en compagnie du seigneur Carnaval, par une population fanatisée.

1294. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

En même temps qu’il présidait à la Cour des aides, il se trouva chargé par le chancelier son père d’une place de confiance des plus délicates, celle de directeur de la Librairie. Or, en un temps où aucun livre ne pouvait s’imprimer en France sans permission expresse ou tacite, et en plein milieu du xviiie  siècle, on peut juger de l’importance d’une pareille place que Malesherbes remplit durant treize années (1750-1763). […] Mais ces nouvelles précautions ne tinrent pas ; il y avait eu bientôt du relâchement, et l’ennemi avait trouvé moyen de s’introduire dans la place sous l’œil même des sentinelles.

1295. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Supposez que vous êtes mon ami ; que vous ne pouvez vous absenter d’ici ; qu’il vous importe que j’aille à Metz à votre place, Balancerai-je ? […] Selon lui, son séjour dans ce pays du Jura ne doit pas être aussi court qu’on le suppose ; le dessein de son père n’est pas d’abréger cet exil ; et lui-même il en est venu à renoncer à toute carrière d’ambition : Depuis que j’ai été à même et en état d’observer, les temps-ont été si difficiles, les circonstances si fâcheuses, l’esprit du gouvernement si bizarre, son despotisme à la fois si odieux et si insensé, que je me suis accoutumé à regarder la vie privée comme la place d’honneur3. […] La singulière place d’honneur, pourtant, qu’il s’était choisie, en entendant de la sorte la vie privée, et en ne l’embrassant ainsi que pour la consumer tout entière et la ravager !

1296. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Dans une autre circonstance, comme la municipalité de Blérancourt faisait brûler en grande pompe, sur la place publique, la protestation que quelques membres de la minorité de l’Assemblée constituante s’étaient permise contre le décret favorable aux droits des non-catholiques : « M. de Saint-Just, dit le procès-verbal, a prêté le serment civique, et il a promis de mourir par le même feu qui a dévoré la protestation, plutôt que de refuser sa soumission entière à la Nation, à la Loi et au Roi. » On a prétendu même qu’il étendit la main sur le brasier, comme Scévola. […] Le jeune homme lui offre une place dans son cabriolet ; M.  […] Puis le lendemain, son bienveillant introducteur et guide lui offre une place pour Paris : M. 

1297. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

, tout bonnement sur la place publique, sur la place de Grève. […] C’est le pourvoyeur titulaire des places de Grève.

1298. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

En fait, la condition de l’homme de lettres a changé ; le nombre est de plus en plus grand de ceux qui, ne pouvant s’assujettir à ce qui fait l’objet de la plupart des ambitions, à ce qu’on appelle une place, sont prêts à se confier tout entiers, eux et les leurs, à leur plume, à leur plume seule. […] Entre un clergé qui possède les âmes et une féodalité ignorante et guerrière, il n’y a point de place pour une classe de lettrés distincte et indépendante. […] Vous distribuez des places, des faveurs de toutes sortes : réservez pour eux les emplois qui exigent de l’intelligence, mais qui laissent des loisirs.

1299. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il me faut développer sur ce point ma pensée, parce que, si le roman-feuilleton n’est pas le roman populaire, il en tient, il en usurpe la place. […] C’est pour une autre raison surtout qu’il ne saurait remplir le rôle de roman populaire et qu’il usurpe, en ce moment, la place qu’il détient. […] J’accorde même qu’il y aura toujours un certain nombre d’hommes, attachés de corps et dame à la besogne journalière, tellement privés de toute culture, que l’art ni la littérature ne pourront jamais trouver place dans leur vie.

1300. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

La rapidité de déroulement de ce Temps extérieur et mathématique pourrait devenir infinie, tous les états passés, présents et à venir de l’univers pourraient se trouver donnés d’un seul coup, à la place du déroulement il pourrait n’y avoir que du déroulé : le mouvement représentatif du Temps serait devenu une ligne ; à chacune des divisions de cette ligne correspondrait la même partie de l’univers déroulé qui y correspondait tout à l’heure dans l’univers se déroulant ; rien ne serait changé aux yeux de la science. […] Seule, cette quatrième dimension nous permettra de juxtaposer ce qui est donné en succession : sans elle, nous n’aurions pas la place. […] Nous n’avons pas ici à la discuter, encore moins à en mettre une autre à la place.

1301. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

On les voit du moins précéder le temps des rois, d’autant plus que nul autre pouvoir n’eut trouvé place entre le peuple choisi et le Dieu qu’il adorait. […] « Si tu vois un voleur, tu cours à ses côtés ; et ta place est avec les adultères. […] Quelle place y doit prendre encore la foi surnaturelle ?

1302. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Chez le président Jeannin, quand le conseiller politique avait épuisé ses raisons auprès du duc, l’ami intime, le serviteur fidèle conservait la place et continuait de le servir quand même. […] Mansfeld, en force, s’avança au secours de la place ; il pouvait en faire lever le siège, pour peu qu’il reçût des Pays-Bas de nouveaux renforts.

1303. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Bossuet, à la différence de Bourdaloue ou de Massillon, n’a donc jamais répété ni le même carême ni le même Avent ; il se renouvelait sans cesse, il s’appropriait sans relâche ; il était incapable de monotonie, d’uniformité, même en parlant de ce qui ne varie pas ; il voulait dans ses instructions les plus régulières une fraîcheur de vie toujours présente, toujours sensibleaa ; rien du métier ; il voulait l’action, l’émotion toute sincère ; il fallait que toute son âme, son imagination, émues de l’Esprit d’en haut, y trouvassent leur place et à se répandre chaque fois ; il ne pouvait souffrir dans l’orateur sacré que toutes ses paroles et ses mouvements fussent à l’avance réglés et fixés ; ce n’était plus verser la source d’eau vive. […] L’abbé Le Dieu n’a peut-être pas sur ces points toute l’exactitude et la connaissance de détail qu’on désirerait : ce qui du moins reste bien manifeste, c’est que la littérature profane, en prenant alors une grande place dans les études de Bossuet, n’y envahit rien, n’y empiète point sur le reste ; elle a ses limites arrêtées à l’avance : bien qu’on nous dise qu’il lui arrivait quelquefois de réciter des vers d’Homère en dormant, tant il en avait été frappé la veille, il n’éprouva jamais dans ces sortes de lectures cette légère ivresse poétique qui, dans l’âme et rimagination séduite de Fénelon, se produira par le Télémaque.

1304. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Sa place est entre M.  […] Je dis cela, à quelque point de vue qu’on se place, soit religieux, soit philosophique.

1305. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Pour faire à Gresset sa vraie place, pour réserver le rang qu’elle mérite à une élégie de Parny, est-il donc indispensable d’avoir fait le tour des littératures, d’avoir lu les Niebelungen, et de savoir par cœur des stances mystiques de Calderon ? […] La poésie érotique n’est pas l’enfance, mais l’enfantillage de la poésie. » Voilà l’anathème du vieux Caton ; — pas si Caton qu’il en avait l’air, pas si Aristide du moins, et qui, dans son austérité de censeur en titre, ne dédaignait ni les places, ni les émoluments, ni les biens solides pour sa famille : — « Les Bonald, je les connais », disait M. 

1306. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

. — Mais ici ce n’est pas au point de vue du public, c’est au point de vue du gouvernement que je me place, et c’est le gouvernement qui a dû s’effarer tout le premier et se tâter pour savoir s’il était bien le même ; c’est lui qui a dû s’étonner de ne plus trouver un matin autour de lui ce qui y était la veille et se demander à son tour : Comment se fait-il que cette opinion qu’il y a quelques mois encore on supposait disciplinée et soumise, et quelque peu sommeillante, se soit tout d’un coup réveillée ? […] Nous en détachons la note suivante : « J’ai, en bien des cas, prêté ma plume à mes amis, en me mettant en leur lieu et place et en faisant ce qu’ils désiraient de moi.

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