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3374. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Aux extrêmes frontières de son empire, s’agitait dans une péninsule maigre et sèche, entrecoupée de montagnes, toute de côtes au terrain pierreux, un petit peuple qui, selon le mot d’un de ses poètes, « avait eu la Pauvreté pour sœur de lait ».

3375. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — La synthèse »

Saisie dans le jour blanc d’un musée ou fixée aux panneaux futilement ornés d’un salon, la toile dont les pigments réfléchissent les diaprures incluses du rayonnement solaire, refleurira par les mots, dans l’accord heurté ou doux à l’œil de ses nuances stridentes ou tragiquement mortes ; et il y aura des cadences de phrase pour la langueur innocente d’un beau corps nu, et des aurores verbales pour l’éveil religieux d’un blond rayon de lumière entre les ténèbres d’un fond où s’effacent de torturés ou humbles visages, et de pénétrantes périodes pour la sagace analyse de quelque froide et mince tète de roi ou de moine surgie du passé, avec ses yeux pleins de pensées mortes et ses traits sillonnés par des passions définitivement réprimées.

3376. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

On condamne d’un mot et en bloc l’opinion de tous les maîtres de notre langue, de tous les juges de notre littérature, de tous les grands poètes et grands écrivains, depuis Ronsard jusqu’à Chénier, Chateaubriand, Sainte-Beuve et Flaubert, sans oublier Boileau, Racine et Gœthe, qui tous ont admis et conseillé hautement l’imitation d’Homère.

3377. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

ce livre, qui a la prétention d’être une revendication historique et une justice tard rendue, mais enfin rendue, à un homme dont Mazarin et Louis XIV ont confisqué la gloire, — le mot me paraît vif venant d’une plume si rassise, — n’est, par le fait, rien de plus que l’exposition, inconsciente et inconséquente, des faveurs dont Lionne fut l’objet de la part de Mazarin et de Louis XIV qui, bien loin de confisquer sa gloire, lui en créèrent une dans la leur.

3378. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Inattention singulière, ou plutôt, faut-il dire le mot ?

3379. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

J’ai dit qu’il avait bien commencé et mal fini, et ce n’est pas le mot ; bien avant la fin, la grandeur de vingt-quatre heures qu’avait eue Gustave, quand il fit son célèbre coup d’État qui émerveilla l’Europe, fut vite fanée.

3380. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

— et telle l’idée de Victor Hugo, quand il a fait, dans son poème du Pape, son tintamarre de mots et de faux hoquets contre la Papauté, et qu’il y pleure sur elle et sur l’humanité avec la sensibilité d’un crocodile… Or, c’est cette idée-là dont M. de L’Épinois fait implicitement l’histoire.

3381. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

je n’ignore pas que nous sommes des animaux naturellement curieux, qu’il y a en nous quelque chose d’essentiellement commère, — disons le mot cruel, — quelque chose d’éternellement portier, et qui, à toute époque, a été friand de ce qui se trouvait, dans les conceptions du génie, d’inférieur et de pauvrement personnel.

3382. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

C’est l’application du mot de Bacon : « les hommes ont peur de la mort comme les enfants ont peur de l’ombre. » Cette peur des sens soulevés prend mille formes dans les Histoires de Poe ; mais soit qu’elle se traduise et se spécifie par l’horreur qu’il a d’être enterré vivant, ou par le désir immense de tomber, ou par quelque autre hallucination du même genre, c’est toujours la même peur nerveuse du matérialiste halluciné.

3383. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

On ne peut lire plusieurs morceaux de ce discours, et la fin surtout, sans attendrissement ; mais, ce qu’on ne croirait pas, c’est que dans un éloge funèbre du duc de Bourgogne, il se trouve à peine un mot qui rappelle l’idée de Fénelon.

3384. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Seulement, au souvenir de la bonne déesse, Déméter ou Cérès, elle associe par un jeu de mots puéril l’apothéose du fils d’Antigone, dont elle subit avec joie la protection et les débauches.

3385. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — Ce qu’on demande par le mot pourquoi. — Donnée intermédiaire et explicative qui, étant liée à la première et à la seconde, lie la seconde à la première. — Prémisses, conclusion, raisonnement. […] Trois propositions de ce genre assemblées dans cet ordre constituent un syllogisme, et le syllogisme, selon le mot d’Aristote, devient une démonstration scientifique, lorsque, comme dans le cas précédent, l’intermédiaire par lequel il relie deux données est la raison explicative110 de leur liaison. […] Pensons bien à ce mot : la dernière raison d’une loi. […] Si, en répétant une expérience, on trouve des résultats discordants ou même contradictoires, on ne devra jamais admettre des exceptions ou des contradictions réelles, ce qui serait antiscientifique ; on conclura uniquement et nécessairement à des différences de conditions dans les phénomènes, qu’on puisse ou qu’on ne puisse pas les expliquer actuellement… Dès que les lois sont connues, il ne saurait y avoir d’exception… On doit forcément admettre comme axiome que, dans les conditions identiques, tout phénomène est identique, et qu’aussitôt que les conditions ne sont plus les mêmes, le phénomène cesse d’être identique. » On voit qu’ici les mots nécessairement, forcément, axiome sont prononcés. — Helmholtz emploie des expressions équivalentes125.

3386. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Les mots les plus remarquables, les discours les plus éclatants ont été prononcés à la veille des batailles, au milieu de leurs dangers, dans ces circonstances périlleuses qui élèvent l’homme courageux et développent en lui toutes ses facultés à la fois.

3387. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Avec les optimistes qu’on en est venu à plus de simplicité sinon de sincérité ; — ou avec les pessimistes que, dans l’impossibilité d’imposer gravement des théories auxquelles on ne croit pas à un public qui y croirait peu, on a dépouillé tout dogmatisme, le bon comme le mauvais, et suivant une distinction de mots que nous emprunterons, petite pédanterie, Pascal, on n’ose plus essayer de convaincre et l’on se contente d’agréer.

3388. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

Ce fut pour elle que ce mot fut employé originairement comme désignation d’un caractère.

3389. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Mathilde de Toscane41 I Le premier mot de la préface de ce livre sur Mathilde de Toscane 42, c’est que, « s’il emprunte aux circonstances actuelles un intérêt de plus, il n’est pas né du moins de ces circonstances ».

3390. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

L’une est cette madame Cornuel dont j’ai parlé plus haut, une madame Pernelle, terrible et charmante, qui a laissé autant de mots que Rivarol, mais d’un tout autre calibre, moins fastueux, mais plus meurtriers.

3391. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Et, en effet, pas un mot de rancune, dans l’introduction de Pelletan, contre cet homme d’énergie et d’ordre qui fît, lui, son Deux-Décembre au mois de Juin.

3392. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

que dans les mots.

3393. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

… Quoi qu’il en soit, du reste, en attendant l’Introduction qui viendra, nous allons faire la nôtre à cette édition qu’Alphonse Lemerre élève (le mot n’est pas trop grand) à la gloire de La Fontaine.

3394. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

— Le mot amour lui paraissait de feu et la robe de Marguerite de plomb.

3395. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Cette faculté d’imitation, si facile qu’elle en paraît instantanée comme l’éclair, les Russes ont trouvé un mot pour l’exprimer sans faire saigner cette veine si pleine, toujours gonflée sur la joue rougissante de l’amour-propre national.

3396. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Ces trois romans : Un début à l’Opéra, M. de Saint-Bertrand et le Mari de la Danseuse, qui ne font, comme je l’ai dit, qu’un seul livre, malgré leur triple étiquette, et qui devraient seulement s’appeler M. de Saint-Bertrand, ne sont que la vie de ce beau fils aimé d’une danseuse, homme entretenu (il faut dire exactement le mot), qui, pour jouer et bambocher, vend tout, se vend lui-même d’abord, puis vend sa maîtresse, puis sa femme, puis, quand sa femme n’est plus, son cadavre !

3397. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iv »

Je n’aime guère cette idée, à moins qu’on ne prenne le mot dans le sens antique consacré à.

3398. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIV. Siècles de barbarie. Renaissance des lettres. Éloges composés en latin moderne, dans le seizième et le dix-septième siècles. »

Que ces mœurs s’anéantissent, la plus grande partie du langage périt ; les mots ne sont plus que des simulacres froids, qu’il est impossible de ranimer.

3399. (1813) Réflexions sur le suicide

Il faut s’élever à une grande hauteur pour adopter ce mot dans son entier ; mais toujours est-il vrai qu’on doit avoir pour le Sort un genre de respect. […] L’opinion exerce sur la plupart des individus une action poignante dont il est très difficile de diminuer la force : ce mot : — je suis déshonoré — trouble entièrement l’esprit de l’homme social, et l’on ne peut s’empêcher de plaindre celui qui succombe sous le poids de ce malheur, car probablement il ne l’avait pas mérité, puisqu’il le ressent avec tant d’amertume. […] quel mot j’ai prononcé !

3400. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Mais, d’abord, un mot sur l’art dont il fut, selon nous, avec Beethoven et avant Rossini, le plus complet et le plus miraculeux inspiré. […] Comme le roi n’en comprend pas un mot, la reine lui traduisait tout ce que disait notre héroïque Wolfgang. […] Je le prie tous les jours de me donner la grâce de persévérer ici, afin que je fasse honneur à toute la nation allemande, que je gagne quelque argent pour être en état de vous venir en aide, qu’en un mot nous nous réunissions tous les quatre, et que nous passions le reste de nos jours dans la paix et dans la joie. » XV Cette paix et cette joie, qu’il aimait à voir en perspective, se changèrent peu de jours après en larmes éternelles et en complet isolement : la seule joie de sa solitude, sa mère, malade de tristesse et d’exil, lui donnait de temps en temps des appréhensions sur sa santé ; il la soignait comme le souffle de ses lèvres, il passait seul les jours et les nuits à composer, à prier, à espérer et à désespérer à son chevet.

3401. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Au contraire, le plus grand de leurs défauts est de les avoir imitez trop servilement ; c’est d’avoir voulu parler grec et latin avec des mots françois. […] Malherbe est inimitable dans le nombre et dans la cadence de ses vers ; mais comme Malherbe avoit plus d’oreille que de génie, la plûpart des strophes de ses ouvrages, ne sont recommandables que par la mécanique et par l’arrangement harmonieux des mots pour lequel il avoit un talent merveilleux. […] Ce fut alors que Sixte-Quint mit dans le tresor apostolique cinq millions d’écus d’or, que la banque de Genes se remplit, que les grands ducs mirent ensemble de si grosses sommes, que les ducs de Ferrare remplirent leurs coffres, en un mot, que tous ceux qui gouvernoient en Italie, à l’exception des vicerois de Naples et des gouverneurs de Milan, trouvoient après les dépenses courantes et les dépenses faites par précaution, un superflu dans le revenu de chaque année qu’on pouvoit épargner ; voilà le simptôme le plus certain d’un état florissant.

3402. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Mais je ne veux être qu’amateur, dilettante, selon le mot des Italiens : c’est le meilleur rôle dans tous les arts, et même dans toutes les carrières de la vie civile ; on goûte, on jouit, on juge, on s’essaye, et on ne se compromet pas ; on a, en un mot, des admirateurs, et on n’a point d’ennemis. » III C’est à ce double sentiment d’instinct de la gloire et de peur du bruit dans ces hommes délicats et exquis, appelés amateurs ou dilettanti, qu’on doit ces petits volumes diminutifs du génie, sourdines de la gloire, qui se publient de temps en temps à un si petit nombre de pages et à un si petit nombre d’exemplaires qu’on ne les affiche pas sur les étalages de libraires, mais qu’on les glisse seulement de la main à la main entre quelques amis discrets, comme une confidence du talent échappée à l’imprudence du poète.

3403. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Voilà, en quelques mots, le résultat logique de cette diplomatie de la démence ! […] Aussi tout le temps que la Restauration règne en France, l’Autriche, irritée d’avoir perdu notre alliance exclusive, se montre-t-elle partout et en toute occasion l’alliée la plus difficile, la plus susceptible, la plus envieuse, disons le mot, la plus hostile contre nous : colère d’une puissance qui ne nous pardonne pas de caresser d’autres alliances que la sienne.

3404. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Alors il demanda, en peu de mots, aux cardinaux qui étaient de l’autre côté, s’ils avaient entendu son discours. […] Consalvi, jeune encore, avait le délire de la musique, cette langue sans parole qui vient du ciel et qui exprime sans mots ce que l’âme rêve et ce qui est le plus inexprimable aux langues humaines ; la musique, langue des anges, quand elle avait touché son âme, y restait à jamais comme le souvenir d’un autre monde, comme une apparition à l’âme d’un sens supérieur aux sens d’ici-bas.

3405. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

D’autres foiz escartant ces cruelles imaiges, Croy, m’enfonçant au plus dense des bois, Mesler des rossignolz aux amoureux ramaiges, Entre tes braz, mon amoureuse voix : Me semble oyr, eschappant de ta bouche rosée, Ces mots gentils que me font tressaillir ; Ainz voyds, au mesme instant, que me suis abusée, Et, souspirant, suis preste à desfaillir. […] Vouluz mourir ; ainz voids à mes costés, De cheveulx blonds ugne espaisse ondelette À si beau chief tout freschement ostés, Et qui loyoient ung fragment de tablette Où le stylet ces mots avoit nostés : « S’il faut, hélas !

3406. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Je dirai en peu de mots ce que je sens sur cet ouvrage. […] Montrez-nous, en un mot, dans toutes vos peintures, le salut de la destinée individuelle lié à celui de la destinée universelle.

3407. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Le prédicateur se gardait de le dire, et accentuait son effet par ces mots mystérieux : Tetigisse periisse, dits d’un ton profond et larmoyant. […] Elle ne nous dit jamais un seul mot, mais cet œil fauve et hagard nous frappait profondément, nous troublait.

3408. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

La mère, de sa couche à ces doux bruits levée, Sur ces fronts inégaux se penchait tour à tour, Comme la poule heureuse assemble sa couvée, Leur apprenant les mots qui bénissent le jour. […] Je suis sous ma tente, en un mot, pour enlever ma tente, pour la replier, et pour aller la replanter, déchirée et rétrécie, je ne sais où.

3409. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

En un mot, les Tuileries ne purent se parer d’elle, tandis que sa race, malgré tout, dans la personne de son chef, restait proscrite et déshéritée.

3410. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

On est insensiblement poussé à la forme, à l’apparence ; de si près et entre gens si experts, nulle intention n’échappe, nul procédé technique ne passe inaperçu ; on applaudit à tout : chaque mot qui scintille, chaque accident de la composition, chaque éclair d’image est remarqué, salué, accueilli.

3411. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

En un mot, ce n’est que par des travaux soutenus, et non sans de continuels dangers, que nous parviendrons à conserver la liberté que nous avons conquise ; mais nous la conserverons : la masse d’influence et de richesse est assez grande de notre côté pour que nous n’ayons à craindre aucune tentative violente ; nous n’avons qu’à nous réveiller et à briser les cordes lilliputiennes dans lesquelles on nous a enlacés durant le premier sommeil qui a suivi nos travaux. » Cette délivrance, que Jefferson présageait si énergiquement en 96, il a eu l’honneur de l’accomplir.

3412. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

« Ce mot retentit au milieu du silence universel, et tout un million d’âmes frémirent à la fois.

3413. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Une vanité démesurée est le partage de ces littérateurs médiocres et bornés : leur raison est faussée par le prix qu’ils attachent à des mots sans idées, à des idées sans résultats ; ce sont de tous les hommes les plus occupés d’eux-mêmes, et les plus ignorants de ce qui intéresse les autres.

3414. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Le mot populaire sur le meurtrier qui « a vu rouge » contient de la sagesse.

3415. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre troisième. De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. »

Dans la connaissance qu’on prend d’un beau livre, d’un beau morceau de musique, il y a trois périodes ; la première, quand le livre est encore inconnu, qu’on le lit ou qu’on le déchiffre, qu’on le découvre en un mot : c’est la période d’enthousiasme ; la seconde, lorsqu’on l’a relu, redit à satiété : c’est la fatigue ; la troisième, quand on le connaît vraiment à fond et qu’il a résonné et vécu quelque temps en notre cœur : c’est l’amitié ; alors seulement on peut le juger bien.

3416. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

En un mot, il en est de toutes les causes morales comme de l’ivresse, qui n’attaque l’entendement qu’après avoir lésé le cerveau.

3417. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

En un mot, nous n’entendons pas qu’entre nos mains la philosophie redevienne ce qu’elle a cessé d’être depuis longtemps, la servante de la théologie.

3418. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Rare esprit, âme plus rare encore ; âme tendre et forte qui n’a peur de rien, pas même du ridicule ; dévouement sincère, amour passionné, bonne foi complète, Alceste, en un mot.

3419. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Deshays » pp. 208-217

Il y a sans doute de la sublimité dans une tête de Jupiter ; il a fallu du génie pour trouver le caractère d’une Euménide, telle que les Anciens nous l’ont laissée ; mais qu’est-ce que ces figures isolées en comparaison de ces scènes où il s’agit de montrer l’aliénation d’esprit ou la fermeté religieuse, l’atrocité de l’intolérance, un autel fumant d’encens devant une idole ; un prêtre aiguisant froidement ses couteaux, un préteur faisant déchirer de sang-froid son semblable à coups de fouet, un fou s’offrant avec joie à tous les tourments qu’on lui montre et défiant ses bourreaux ; un peuple effrayé, des enfants qui détournent la vue et se renversent sur le sein de leurs mères, des licteurs écartant la foule, en un mot, tous les accidents de ces sortes de spectacles ?

3420. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Un dernier mot sur l’homme — et j’arrive à l’artiste.

3421. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Sans doute de grands malheurs ont nécessité de grands sacrifices, car la fortune publique est livrée à des parvenus grossiers ; des laquais enrichis foulent aux pieds toutes les lois de l’honneur ; l’honnêteté, la pudeur sont bravées ; la vertu n’est plus qu’un vain mot !!!

3422. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

La société, avons-nous dit, est nouvelle, dans la plus rigoureuse acception du mot.

3423. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Ainsi, quand Bossuet nous fait, à coups si rapides, son Discours sur l’histoire universelle, c’est sa marque surtout à lui, c’est le trou de boulet fait par sa puissante tête qu’il laisse dans l’histoire, beaucoup plus qu’une histoire dans la rigueur et les responsabilités du mot qu’il écrit.

3424. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Entre les Maures et les Espagnols, ce ne fut point une guerre religieuse, mais de race ; une guerre de sang, dans toutes les acceptions du mot.

3425. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Et, comme si ce n’était pas assez que tout cela, — quand quelques mots auraient suffi, — il faut que, pendant tout ce volume, qui a cinq cents pages, l’abbé Maynard ajoute au poids intrinsèque de son livre celui de sa toujours présente et redondante personnalité.

3426. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Je lui demande bien pardon du jeu de mots auquel il fait penser : il a bâillonné son sujet.

3427. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Cette faculté d’imitation, si facile qu’elle en paraît instantanée comme l’éclair, les Russes ont trouvé un mot pour l’exprimer sans faire saigner cette veine si pleine, toujours gonflée sur la joue rougissante, de l’amour-propre national.

3428. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

S’il est vrai, comme le disait Napoléon, que les hommes, grands ou petits, sont fils des circonstances, le mot est encore plus vrai des idées… Flèches lourdes ou légères, aiguës ou émoussées, le vent qui les pousse, l’air qu’elles traversent, le point d’où elles sont ajustées, font plus pour elles que la corde de l’arc qui les chassa ou la main qui les a lancées.

3429. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Ni le Hussitisme et ses guerres d’un fanatisme si sauvage, ni le Condottierisme qui déchire et se partage l’Italie, ni les exploits de Huniade et de Scanderbeg contre les Turcs, inspirés par l’héroïque mais mourant esprit des Croisades, n’ont la gravité désastreuse de ce concile de Bâle où la Révolution, comme les temps modernes l’ont vue depuis, sophistique, bavarde, ergoteuse, n’ayant à la bouche que cet insolent et menaçant mot de réforme qui a fini par titrer le protestantisme, est entrée dans l’Église pour descendre de cette cime du monde et s’étendre dans le monde entier, et de religieuse se faire politique sans pour cela cesser d’être religieuse, — les communards et les athées de ce temps ne le prouvent-ils pas ?

3430. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

La plus grande, je l’ai dit, c’est d’y être resté exclusivement philosophe, et par là d’avoir évité le mot bête et belge de la Haine : « C’est un clérical ! 

3431. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Le Christianisme n’est pas seulement une civilisation qui renferme en soi toutes les civilisations possibles : c’est aussi le dernier mot de la nature humaine prise dans ce mystère de la vie qui l’étreint et qui la déchire.

3432. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Un meurtre de sang-froid, sans excuse du moment qu’il est sans nécessité, en un mot une immolation. […] La pitié n’est pas un vain mot parmi les hommes.

3433. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

La couleur de ses cheveux et de sa barbe tenait le milieu entre le noir et le blond, dans une telle proportion cependant, que le sombre l’emportait sur le clair, mais que ce mélange indécis des deux teintes donnait à sa chevelure quelque chose de doux, de chatoyant et de fin ; son front était élevé et proéminent, si ce n’est vers les tempes, où il paraissait déprimé par la réflexion ; la ligne de ce front, d’abord perpendiculaire au-dessus des yeux, déclinait ensuite vers la naissance de ses cheveux qui ne tardèrent pas à se reculer eux-mêmes vers le haut de la tête, et à le laisser de bonne heure presque chauve ; les orbites de l’œil étaient bien arqués, ombreux, profonds et séparés par un long intervalle l’un de l’autre ; ses yeux eux-mêmes étaient grands, bien ouverts, mais allongés et rétrécis dans les coins ; leur couleur était de ce bleu limpide qu’Homère attribue aux yeux de la déesse de la sagesse et des combats, Pallas ; leur regard était en général grave et fier, mais ils semblaient par moments retournés en dedans, comme pour y suivre les contemplations intérieures de son esprit souvent attaché aux choses célestes ; ses oreilles, bien articulées, étaient petites ; ses joues plus ovales qu’arrondies, maigres par nature et décolorées alors par la souffrance ; son nez était large et un peu incliné sur la bouche ; sa bouche large aussi et léonine ; ses lèvres étaient minces et pâles ; ses dents grandes, régulièrement enchâssées et éclatantes de blancheur ; sa voix claire et sonore tombait à la fin des phrases avec un accent plus grave encore et plus pénétrant ; bien que sa langue fût légère et souple, sa parole était plutôt lente que précipitée, et il avait l’habitude de répéter souvent les derniers mots ; il souriait rarement, et, quand il souriait par hasard, c’était d’un sourire gracieux, aimable, sans aucune malice et quelquefois avec une triste langueur ; sa barbe était clairsemée et, comme je l’ai déjà dépeinte, d’une couleur de châtaigne ; il portait noblement sa tête sur un cou flexible, élevé et bien conformé ; sa poitrine et ses épaules étaient larges, ses bras longs, libres dans leurs mouvements ; ses mains très allongées mais délicates et blanches, ses doigts souples, ses jambes et ses pieds allongés aussi, mais bien sculptés, avec plus de muscles toutefois que de chair ; en résumé, tout son corps admirablement adapté à sa figure ; tous ses membres étaient si adroits et si lestes que, dans les exercices de chevalerie, tels que la lance, l’épée, la joute, le maniement du cheval, personne ne le surpassait. […] N’êtes-vous pas étonné qu’il ait pu faire un poème de plus de quarante mille vers, dans lequel il n’y a pas un morceau ennuyeux, pas une ligne qui pèche contre la langue, pas un tour forcé, pas un mot impropre ?

3434. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Ce ne sont pas eux qui ont ajouté la qualification : Est de fide à la suite de tant de propositions insoutenables, Une des pires malhonnêtetés intellectuelles est de jouer sur les mots, de présenter le christianisme comme n’imposant presque aucune sacrifice à la raison, et, à l’aide de cet artifice, d’y attirer des gens qui ne savent pas ce à quoi au fond ils s’engagent. […] C’est là une faute de français ; le mot « monseigneur » ne doit s’employer qu’au vocatif ou devant un nom de dignité.

3435. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Sous une forme contenue et voilée, il accompagne les premiers mots de Walther : « So rief der Lenz in der Wald », et « So rief es mir in der Brust » ; il souligne toute l’ardeur du poète, son désir d’Eva, de la maîtrise qui la lui donnera ; il apparaît quand le chevalier trouve l’art des maîtres nouveau et étranger pour lui ; pendant le choral, dans la mimique tendre de Walther, et quand il voit Eva s’avancer vers lui pour sortir de l’Église ; c’est lui qui proteste pendant que les maîtres accablent le héros ; lui qui s’insinue dans la pensée de Sachs, le trouble et lui fait dire plus tard à Walther : « All Dichtkunst und Poeterei ist nichts als Wahn-traumdeuterei. » Motif 3 (p. 34, 171, 264, 265, 266, 276,287, 300, 301, 315, 316, 318, 375, 379). — Les trois premières notes de ce motif sont les trois dernières du motif 2, et la seconde partie de la phrase est la répétition de la première où apparaît la note ré, trois fois répétée. […] Motif 24 (p. 2, 14, 17, 18). — Il appuie les instances de Walther pour obtenir un mot d’Eva, instances hardies devant sa timidité, et alors sous la forme du désir, la fin de la phrase se redresse comme aux motifs 12 et 22, — ou timides et suppliantes, et alors les dernières notes s’inclinent de plus en plus.

3436. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

L’instant d’après, elle s’en échappe à plat ventre, — à quatre pattes, c’est le mot — abattue et vautrée à terre par l’effroi, comme une vieille brebis fuyant du bercail changé en antre pendant son absence. — « Je me traîne sur les mains, n’ayant plus de jambes. […] On croit la voir passer une main de charmeuse sur la meute hérissée de ces méchantes bêtes, en prononçant des mots d’exorcisme.

3437. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

C’est d’un titre tout pareil (« Tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre ») et d’un seul mot en sa belle langue27, qu’Homère, ce premier chantre des combats, s’est plu à désigner Mars et la Victoire.

3438. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Léon Dierx avec ses Poëmes et Poésies 39, empreints de force et de tristesse ; — Alphonse Daudet avec ses vers légers et ses agréables contes ; — Georges Lafenestre surtout, qu’on a fort salué dans ce jeune monde pour ses Espérances 40, espérances (c’est bien le mot) pleines de fraîcheur en effet, d’une sève abondante et riche, d’une fine grâce amoureuse ; — je les nomme tous trois ensemble, et ne crois faire injure à aucun.

3439. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET (La Confession d’un Enfant du siècle.) » pp. 202-217

., est d’une exquise et irréprochable volupté ; le dernier a quelques mots mystiques que je voudrais retrancher ; on peut le comparer à un chapitre d’Adolphe, qui est aussi tout en exclamations passionnées, et à d’enivrantes pages d’Oberman.

3440. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Or, l’homme habile, à expédients, le génie à métamorphoses, le Mercure politique, financier ou galant, l’aventurier en un mot, ne dit jamais non aux choses ; il s’y accommode, il les prend de biais, il a l’air parfois de les dominer, et elles le portent parce qu’il s’y livre et qu’il les suit ; elles le mènent où elles peuvent ; pourvu qu’il s’en tire et qu’il en tire parti, que lui importe le but ?

3441. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Enfin quel mot décisif que ce cri de Beaumarchais : « Si quelqu’un est assez barbare, assez classique… ! 

3442. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Jamais homme ne fut plus éloigné de la religiosité mélancolique ou enthousiaste des Chateaubriand et des Lamartine : « athée avec délices », selon le mot de Chênedollé, le xviiie siècle dont il était n’était pas celui de Rousseau ; c’était celui de Voltaire, de l’Encyclopédie, de Buffon, le xviiie siècle irréligieux, sensualiste, et scientifique.

3443. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

C’est avec elles surtout qu’est vrai le mot : Si tu veux commander, commence par obéir.

3444. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

En un mot, le temps psychologique nous est donné et nous voulons créer le temps scientifique et physique.

3445. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

L’auteur, sans être absolument muet sur la question du libre arbitre, l’effleure à peine : le mot n’y est pas même prononcé.

3446. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Nous nous élevions contre une Cabale qui se croyoit triomphante ; nous combattions les usurpations du mauvais goût ; nous réduisions à leur juste valeur des mérites équivoques ; nous vengions le vrai mérite des atteintes de l’ignorance & de l’envie ; nous déclarions, en un mot, la guerre à la Philosophie, à la fausse Littérature, à la vanité, à la prévention, à tous les préjugés dominans ; nous rappellions les esprits à la Religion, à la raison, aux vrais principes, à la justice, à la vérité.

3447. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Eugène Montfort a prononcé des mots d’une force et d’une tendresse peut-être plus pures encore : « Puisqu’on ne se plaît plus à l’église, a-t-il écrit au cours de l’Essai sur l’amour, je voudrais qu’aujourd’hui la voix du poète — comme autrefois celle des cloches — sonnât dans toutes les âmes ; je voudrais qu’elle les réunît, elle aussi, dans un vol unanime ; je voudrais qu’elle les fît vivre ensemble dans ce temple incommensurable qu’est le monde. » Voilà l’expression positive de nos pensées.

3448. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Pour cela il accumule les faits, associe les anecdotes et les citations, les récits historiques et les caractères littéraires, expose et raconte, généralise et conclut, tente en un mot une démonstration au lieu de prononcer des jugements, de défendre ou d’attaquer une esthétique.

3449. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Je ne dirai qu’un mot sur la manière d’enseigner, c’est que si les élèves connaissaient mieux la fatigue des maîtres, ils supporteraient plus aisément la leur.

3450. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Le mot de simplicité n’a de sens défini que s’il signifie une absence complète de parties.

3451. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Il faut que les idées et les mots vivent, que leur pouls batte fort — pour qu’on le sente battre seulement un peu.

3452. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Il est aussi capable qu’un autre de saisir le fin des choses et d’en pénétrer la profondeur ; mais il ne se paie pas de mots et veut comprendre avant d’admirer.

3453. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

En France, où ils se sont multipliés d’une manière si prodigieuse, qu’on peut croire que leur nombre l’emporte sur celui de tous les autres pays de l’Europe, en France, pays salique, encore plus de mœurs que de monarchie, et où le mot de littératrice n’était pas français, les Bas-bleus, avant ces derniers temps, n’existaient presque pas.

3454. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Un chrétien tremble toujours un peu devant ce grand mot : « la fin de l’Église ».

3455. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Elles continuent de vivre, de se donner, de se reprendre, de se faisander chaque jour davantage au contact d’ignominieuses caresses, et de réaliser le mot terrible de Diderot : « Il y a plus loin pour une femme de son mari à son premier amant que de son premier amant à son dixième. » Le clerc de notaire, M. 

3456. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

Jamais la misanthropie d’Alceste, qui n’est après tout qu’une boutade de salon laquelle n’a jamais crevé le plafond, jamais celle de La Rochefoucauld, qui n’est que de l’égoïsme aux caillots biliaires dans le ventre, ni celle de La Bruyère qui n’est qu’un chagrin d’homme vieilli, faisant payer au monde le regret caché de n’être plus jeune, ni celle de Rousseau qui n’est que la révolte d’un laquais contre sa livrée, ni celle plus cruelle de Chamfort qui hachait, avec les couteaux à dessert des soupers qu’il faisait chez les grands seigneurs de son temps, la gorge d’une société assez bête pour la lui tendre, comme il se la hacha à lui-même avec son rasoir pour s’éviter l’échafaud, ni enfin aucune des misanthropies célèbres qui ont laissé leur empreinte sur notre littérature et l’ont marquée ou du sillon brûlant de la colère ou du sillon froid du mépris, n’ont l’étoffe, l’étendue, le complet, et, qu’on me permette ce mot !

3457. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

C’est le concours des philosophes et des poètes qui perfectionne les langues ; c’est aux philosophes qu’elles doivent cette universalité de signes qui rend une langue le tableau de l’univers ; cette justesse qui marque avec précision tous les rapports et toutes les différences des objets ; cette finesse qui distingue tous les progrès d’actions, de passions et de mouvements ; cette analogie qui dans la création des signes les fait naître les uns des autres, et les enchaîne comme les idées analogues se tiennent dans la pensée, ou les êtres voisins dans la nature ; cet arrangement qui, de la combinaison des mots, fait sortir avec clarté l’ordre et la combinaison des idées ; enfin cette régularité qui, comme dans un plan de législation, embrasse tout et suit partout le même principe et la même loi.

3458. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Dans les longues promenades que ce profond connaisseur de toutes les gloires françaises me faisait faire dans les rues de Paris de la rive gauche, m’expliquant l’histoire de chaque maison et de ses propriétaires au xviie  siècle, il me disait souvent ce mot : « Mon ami, on ne comprend pas encore quel crime a été la révolution de février ; le dernier terme de cette révolution sera peut-être le démembrement de la France. »  Le coup d’état du 2 décembre nous froissa profondément. […] Il n’y a pas un exemple de plus complète trahison d’un État par son souverain, en prenant le mot trahison pour désigner l’acte du mandataire qui substitue sa volonté à celle du mandant. […] nous avions cru qu’en faisant balbutier quelques mots de raison à l’être informe que la lumière intérieure n’éclaire pas, nous en faisions un homme. […] L’empereur romain qui, au moment de mourir, résumait son opinion sur la vie par ces mots : Nil expedit, n’en donnait pas moins pour mot d’ordre à ses officiers : Laboremus.

3459. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse. […] D’un mot, Marie Stuart pouvait commuer la peine ou faire grâce au coupable.

3460. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Il végète ainsi sous la plante, comme la statue dort dans le bloc, attendant le mot magique ; le ciseau plastique qui le déracinera de la glèbe pour l’appeler à une existence supérieure. […] Le mot de passe de ses initiés sera, plus tard, cette formule : « J’ai mangé du tambour et bu de la cymbale. » C’est la nuit, sous la lune à laquelle l’unissent des hymens cosmiques, aux éclairs des torches de mélèze furieusement agitées, qu’il aime surtout à célébrer ses Mystères.

3461. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Se battaient-ils, en un mot, parce qu’ils préféraient la mort à la soumission ?

3462. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Incapable d’une activité quelconque, « il était maintenant incapable de comprendre un mot aux volumes qu’il consultait », il se rangeait parmi ces épigones de Nietzsche, toujours tournés vers le passé.

3463. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Le mot de vertu n’a point un sens positif dans les auteurs grecs d’alors.

3464. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

On sent mieux, et, par conséquent, on dit mieux ce que l’on produit que ce que l’on emprunte des autres par le secours de la mémoire… Le geste et l’inflexion de voix se marient toujours avec le propos au théâtre, tandis que, dans la comédie apprise, le mot que répète l’acteur est rarement celui qu’il trouverait s’il était livré à lui-même. » L’effet produit par la commedia dell’arte était donc plus grand que celui produit par la comédie soutenue, et cela précisément à cause de la spontanéité de l’expression.

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