« Je veux avoir, dit-elle, un mari qui n’aime que moi et qui m’aime toujours. » Elle ajoute naïvement qu’elle est belle et riche ; mais elle veut que l’élu de son cœur se fasse protestant, et cette pieuse exigence met fin au roman ébauché. […] Voici de quel ton il raille sa propre laideur : « Les uns disent que je suis cul-de-jatte ; les autres que je n’ai point de cuisses et que l’on me met sur une table dans un étui, où je cause comme une pie borgne ; et les autres, que mon chapeau tient à une corde qui passe dans une poulie et que je le hausse et le baisse pour saluer ceux qui me visitent… » Il proteste gaiement contre ces peintures de fantaisie ; mais, revues et corrigées par lui, elles ne le rendent pas beaucoup plus séduisant. […] Paris avait vu des milliers d’êtres humains emportés par une maladie inconnue et foudroyante ; des rues entières dépeuplées, au point que les fabricants de cercueils ne suffisaient plus à la consommation ; des cadavres empilés nus, pêle-mêle, à ciel ouvert, dans des charrettes quelconques ; des terreurs paniques, où la foule avait mis en pièces des hommes accusés d’empoisonner le vin et les fontaines ; le plaisir côtoyant la mort ; des mascarades plus folles que jamais ; et dans les théâtres mêmes des sachets de camphre, des seaux d’eau chlorurée destinés à conjurer le péril toujours invisible et présent. […] Il faut alors à l’esprit des mets épicés ou faisandés.
J’ai mis dans mon livre ma foi en la vie. […] La distribution des travaux, la classification des sciences, la mise en ordre des systèmes, et l’anéantissement des hiérarchies, toutes ces opérations fondamentales dépendent de l’esthétique seule. […] Ils n’ont qu’à les mettre à leur place auprès de Dieu. […] La classification des sciences, le perfectionnement de la race, la mise en ordre du système et l’anéantissement des hiérarchies, voilà quel doivent être les effets de nos travaux.
Une circonstance singulière le mit en vue dès 1831. […] Jamais, sous prétexte d’avoir mis son humilité, une fois pour toutes, aux pieds du Saint-Siège, un jeune talent d’orateur ne s’est passé plus en sûreté de conscience ses facultés altières, piquantes, ironiques, et n’a joué plus librement de l’arme du dédain. […] Depuis lors, son beau talent, avec la fermeté, la souplesse et la vigueur qui le distinguent, avec cet art de présenter la pensée sous des aspects toujours larges et nets, avec l’éclat et la magnificence du langage qui ne se séparent point chez lui de la chaleur du cœur, s’est mis tout entier au service non seulement des belles causes, des causes généreuses, mais aussi des choses praticables et possibles. […] Enhardi bientôt, il s’est mis à parler sur de simples notes, et, si je ne me trompe, aujourd’hui il combine ensemble ces diverses manières, en y ajoutant ce que la pure improvisation ne manque jamais de lui fournir.
Mais Oudri aurait mis au croc un canard avec une bécasse, un faisan avec une perdrix. […] Eh bien, malgré tous ces défauts, quoiqu’assez chaud de mon naturel et peu disposé à pardonner le froid à une composition quelconque ; quoiqu’il me paraisse absurde d’avoir allongé les oreilles de Midas avant son impertinente sentence, et que cet effet soit d’un instant postérieur, du moment où Apollon ayant cessé de jouer, la main étendue, l’air indigné, il ordonne à ces oreilles de pousser ; quoique ce morceau soit proscrit sans restriction, j’avouerai qu’il y en a cent autres au sallon, qu’on regarde, qu’on loue, et que je mets au-dessous. […] Descamp, pauvre peintre, littérateur ignoré, a mis devant une table à café, où l’on voit une serviette étalée, une cafetière, une tasse avec sa soucoupe, une petite chambrière de campagne, assise, le coude appuyé sur la table, la tête penchée sur sa main, rêvant tristement. […] Ensuite je chercherai si Michel-Ange a pu, avec quelque jugement, mettre la figure de l’homme en contradiction avec ses mœurs, son histoire et sa vie.
Son rôle est de nous mettre en mains des points de repère auxquels nous puissions rattacher d’autres observations que celles qui nous ont fourni ces points de repère eux-mêmes. […] Dans ces conditions, elle ne servira pas seulement à mettre un peu d’ordre dans des connaissances toutes faites ; elle servira à en faire. […] Notre classification doit donc commencer par des sociétés du premier ordre, c’est-à-dire du plus simple51. » Malheureusement, pour mettre ce principe en pratique, il faudrait commencer par définir avec précision ce que l’on entend par société simple. […] On y voit rapprochées, dans la plus étonnante confusion, les sociétés les plus disparates, les Grecs homériques mis à côté des fiefs du xe siècle et au-dessous des Bechuanas, des Zoulous et des Fidjiens, la confédération athénienne à côté des fiefs de la France du xiiie siècle et au-dessous des Iroquois et des Araucaniens.
Ces charitables académies de province ont été créées et mises au monde pour corriger les injustices, — pour laver les iniquités de la Ninive (Babylone a tant servi !) […] Il serait temps d’aviser. » On se met en marche, les gardes lâchent les chiens… Bianchon demandait une inspiration au Seigneur… Tout à coup, une idée providentielle traverse son front, et je le vois introduire sournoisement — avant de charger son fusil — un grain de plomb dans la cheminée. […] Le pauvre auteur, battu et harcelé de la sorte, — mis, pour ainsi dire, en coupe réglée, que fera-t-il ? […] Les idées tassées en famille se reproduisent, comme les êtres ; elles ont une postérité : deux idées mises en rapport en procréent une troisième.
La ponctuation n’est pas moins importante pour le nombre que pour le sens et c’est pourquoi une faute de ponctuation met les auteurs et particulièrement les poètes au désespoir. […] On peut le prendre au point de vue de l’harmonie de la façon suivante, en la scandant quelquefois, non plus seulement en ayant égard à la reprise de l’haleine, mais à l’accent rythmique que doit mettre l’orateur sur certains mots et qui les isole, eux avec les quelques mots qui les précèdent, du reste du membre de phrase ; et alors nous avons ceci. […] Il est aussi dans les membres de phrase courts en même temps qu’ils sont sourds, des membres de phrase déprimés du commencement, auxquels s’oppose le membre de phrase final, non pas allègre, mais libre, mais libéré, s’espaçant discrètement, mais s’espaçant et prenant du champ et qui semble comme l’expression du soulagement et de la reprise de la vie dans un sourire : « les yeux des jeunes filles y sont (verts et bleus à la fois) comme ces vertes fontaines où sur un fond d’herbes ondulées se mire le ciel. » Ainsi, en lisant à haute voix, vous vous pénétrez des rythmes qui complètent le sens chez les écrivains qui savent écrire musicalement ; du rythme qui est le sens lui-même en sa profondeur ; du rythme qui, en quelque façon, a précédé la pensée (car il y a trois phases : la pensée en son ensemble, en sa généralité : « Je suis né en Bretagne » — le rythme qui chante dans l’esprit de l’auteur, qui est son émotion elle-même et dans lequel il sent qu’il faut que sa pensée soit coulée — le détail de la pensée qui se coule en effet dans le rythme, s’y adapte, le respecte, ne le froisse pas et le remplit) ; du rythme enfin qui, parce qu’il est le mouvement même de l’âme de l’auteur, est ce qui, plus que tout le reste, vous met comme directement et sans intermédiaire en communication avec son âme. […] Je penche à croire que Victor Hugo a mis « rumeur » par horreur de la rime pauvre.
Je n’aurai point la prétention de le résoudre ; je me bornerai à présenter les faits avec toute la clarté que je pourrai mettre dans un tel sujet. […] Je n’ai pas besoin, je pense, d’avertir que nous écarterons de cet examen toutes les doctrines qui tendent plus ou moins au matérialisme ; et que Locke et Condillac seront eux-mêmes mis hors de cause, à plus forte raison Helvétius et Cabanis. […] Il n’est aucun de mes lecteurs qui ne puisse compléter une telle série de faits : il me suffit de l’avoir mis sur la voie. […] De là l’espèce de violence qu’ils mettent dans leurs attaques, et le dédain qu’ils ont pour les archéophiles, dédain souverainement injuste ; car les partisans des idées anciennes sont loin de manquer de lumières et de talents, et surtout ils sont loin de manquer de sincérité : leur conscience, pour la plupart, est placée si haut qu’il est impossible de l’atteindre.
La première punition de ces jalouses du génie des hommes a été de perdre le leur, — le génie de la mise, cette poésie d’elles-mêmes, dont elles sont tout ensemble le poëme et le poëte. […] Or, cette espèce est très moderne en France et il a fallu les transformations successives par lesquelles nous sommes passés depuis la Révolution française, pour que des femmes qui n’étaient ni bossues, ni laides, ni bréhaignes, eussent l’idée de se mettre en équation avec l’homme, et que les hommes, devenus aussi femmes qu’elles, eussent la bassesse de le souffrir. […] Ce n’est pas d’hier que l’idée d’égalité, en dehors du Code, s’est mise à poindre dans tous les horizons ; puis, par degrés, à insolemment rayonner. […] D’étranges professoresses (car le bas-bleuisme bouleverse la langue comme il bouleverse le bon sens) se sont mises à faire solennellement des conférences et ont pu trouver des publics.
On peut dire qu’il jouait avec sa robe, quoiqu’il ne la mît jamais, comme un chat joue avec sa queue. […] — Sénèque avait mis les esclaves dans le droit romain, mais, avant Sénèque, Cicéron aussi. […] « Mis en dehors d’elle, — dit-il, — ils n’en exerçaient pas moins dans l’ombre une grande action religieuse. […] Les sornettes que ce charmant dandy de professeur met à la place de cela, sont magnifiques.
Le comte de Gasparin était, malheureusement, protestant, — mais nous arrivons à ce moment épouvantable dans les croyances et dans les mœurs, où ceux qui ont gardé, à travers toutes les méconnaissances, toutes les erreurs et toutes les révoltes, un pauvre atome de foi chrétienne dans leur esprit et dans leur cœur, ont, de cela seul, une supériorité relative qui les met bien au-dessus de la tourbe des écrivains de la libre incrédulité. […] Ce n’est là qu’un coup d’œil et quelques coups de langue sur un sujet très vaste, très chargé, et qu’il est impossible de creuser sans y mettre l’effort, le détail et le temps. […] Ainsi, pour conclure, quand nous mettrions de côté le parti-pris protestant qui plane comme une nuée sur tous les faits de ce grand règne et qui en obstrue la lumière, Innocent III interprété n’est pas jugé par le comte de Gasparin. […] Et il ne nous y fera pas mettre non plus.
On mit du temps à être indiscret. […] ayant assurément plus de talent de plume, si elle voulait s’en servir, que les faiseuses de livres qui mettent bas pour l’heure tant de volumes, mais se contentant d’écrire des lettres où elle a versé toute son âme, — et c’est ainsi qu’elle a prouvé une fois de plus que le génie de la femme n’est que là où elle a mis le sien. […] Pour la faire plus femme encore, l’amour l’a faite une enfant… « Mettez votre cœur dans vos yeux, et donnez-les-moi », dit-elle avec la suave câlinerie de l’enfance.
« La fille présumée de Parny, vivement sollicitée par moi à l’endroit de ses souvenirs d’enfance, m’a dit, ainsi qu’à plusieurs, se rappeler que dans son plus jeune âge une dame belle et bien mise, étrangère aux personnes de la maison, venait quelquefois la voir, et la comblait alors de petits présents et de caresses. […] On ne risquait plus alors d’être mis à la Bastille pour de telles échappées ; on raconte seulement que ces vers : Et vous, peuple injuste et mutin, Sans pape, sans rois et sans reines, Vous danseriez au bruit des chaînes Qui pèsent sur le genre humain ! […] Il est à croire que le succès de ses vers éclaira l’auteur lui-même ; l’intérêt que le public se mit aussitôt à prendre à Eléonore, et que vinrent entretenir d’autres pièces à elle adressées dans les Opuscules poétiques de l’année suivante (1779), acheva de décider le choix du poëteamant, et lui indiqua le parti qu’il lui restait à tirer de sa passion : dans les éditions qui succédèrent, les Aglaé, les Euphrosine, furent sacrifiées ; l’inconstance devint un crime, tandis qu’auparavant on ne voyait que l’ennui de criminel ; en un mot, Parny s’attacha à mettre de l’unité dans ses élégies et à pousser au roman plus qu’il n’avait songé d’abord. […] L’esprit humain enferme de telles contradictions et de telles particularités qu’au moment où, par un sentiment généreux, Parny jetait au feu son poëme galant sur les reines de France, parce qu’alors on les égorgeait, il se mettait à composer à loisir et sans le moindre remords cet autre poëme où il houspillait, selon son mot, les serviteurs de Dieu, tandis qu’ils étaient bien houspillés en effet au dehors, c’est-à-dire égorgés aussi ou pour le moins déportés. […] Le succès de la Guerre des Dieux ne fit que mettre Parny en verve, et il continua sur le même ton dans divers chants restés inédits et dans d’autres petits poëmes qui parurent sous le titre de Portefeuille volé, en 1805.
Nous sommes des bandits qui s’entendent pour mettre la main sur une proie, s’unissent, se concertent, sacrifient — pour un moment — à l’ordre général leurs convoitises personnelles. […] Chacune a cherché à duper l’autre et chacune cherche à profiter de son mieux de la convention qui a mis la paix entre elles. […] L’élément qui remplit bien sa fonction sera mis en état de la continuer, celui qui ne peut ou ne veut s’en acquitter sera éliminé ou mis hors d’état de nuire. […] L’obéissance se rattache étroitement à l’imitation dont Tarde, quoi qu’on puisse penser de la généralisation qu’il a faite, a mis hors de doute l’énorme importance. […] Mais par cela seul qu’une forme sociale s’est réalisée, elle tend forcément à réprimer les fantaisies individuelles, les désirs égoïstes qui la mettent en danger.
Il lui reste seulement à se mettre en règle avec la société. […] Ce que le dramaturge nous met sous les yeux, c’est le déroulement d’une âme, c’est une transe vivante de sentiments et d’événements, quelque chose enfin qui s’est présenté une fois pour ne plus se reproduire jamais. […] Elle vise à mettre sous nos yeux des types. […] Et notre imagination la met souvent là où elle n’a que faire. […] Jourdain met son art au-dessus de tous les autres.
Il va maintenant mettre en ses œuvres l’Unité, ayant acquis le charme de la Vraie Science. […] Il nous exhorte à compatir, à mettre dans ce monde l’unité, par la suppression de toutes limites personnelles ; et à mettre notre vie dans un monde nouveau, librement issu de notre pouvoir créateur. […] Il a construit si loin le temple de son art, qu’il l’a mis à l’abri de la Gloire elle-même. […] Taine, jusqu’à ses menus procédés d’intitulation et de mise en page. […] Schwob de mettre plus clairement en valeur ces traits divers de son originalité.
Le si vis me flere, dolendum est, d’Horace, n’est jamais si heureusement mis en usage, que quand il l’est avec modération. […] En vain M. l’Abbé Prévôt s’efforce de corriger, par la morale, ce que les faits offrent de dangereux : toutes les fois que le crime sera mis en action, les maximes vertueuses seront froides & inutiles.
Et la vieille a dit à celui-ci : « Quand tu ne vas plus nous voir, si tu préfères rester avec ta mère, tu n’as qu’à te mettre à pleurer. […] Dans l’arbre les singes se mirent à caqueter, à faire un tintamarre assourdissant.
Quand, plus tard, il songea à être baron, en rêvant de ses armoiries il a dû y mettre un hérisson. […] Tout le met en fureur de la part de ceux qui veulent avoir sur lui une influence. […] Tocqueville n’a pas développé ces idées, et je mets ici du mien ; mais il les a indiquées. […] Dans l’idée de justice, nous, hommes du commun, nous mettons toujours une idée de pitié. […] C’est tout ce qu’il a jamais prétendu mettre de « scientifique » dans sa critique.
Non, Montfort, c’est à mettre au point, l’héritage du dernier siècle. […] D’autre part, si l’on se mettait à discuter, il faudrait d’abord savoir si la classification des grandes époques par « siècles » correspond à une réalité profonde ; et, cette discussion nous entraînerait loin. […] Dans la nomenclature rapide que vous énumérez, vous oubliez, il me semble, Michelet et Villiers de l’Isle-Adam et Becque et surtout Chateaubriand, sans parler de Jules Vallès, un écrivain formidable qui mettrait dans sa poche les nombreux princes dont s’enorgueillit notre époque. […] Un travail de filtrage de mise au point, s’impose, ainsi qu’on l’a fait pour les époques précédentes. […] Quitte à mettre une sourdine à leurs rancunes politiques, ils cesseront d’attaquer notre xixe siècle qui apparaît, de plus en plus, ainsi que le « grand siècle français ».
Quelques-uns mettaient en vers Arthur et les héros de la Table Ronde, courant à la recherche du saint ciboire où avait bu Jésus-Christ ou Charlemagne et ses compagnons, allant conquérir la Palestine. […] Comme il se désespère, le dieu d’Amour vient mettre à son service une armée pour assiéger le château de Jalousie. […] Vénus y met un prix : les barons vont jurer qu’aucune femme vivante ne restera chaste ; ils en font le serment sur leurs carquois et leurs flèches, en guise de reliques dit Jean de Meung. […] L’imagination, dans Jean de Meung, se met au service de la raison. […] Seulement il y a mis une sorte de perfection, soit en complétant ce personnel d’êtres allégoriques, soit en y établissant une hiérarchie plus raisonnée.
« On ne passe point dans le monde, dit Pascal, pour se connaître en vers, si l’on n’a mis l’enseigne de poète, ni pour être habile en mathématiques, si l’on n’a mis celle de mathématicien. » Dans les beaux siècles de l’antiquité, on était philosophe ou poète, comme on est honnête homme dans toutes les positions de la vie. […] Mais je mets en fait qu’il n’y en a pas encore eu un seul de la sorte, et peut-être même ce caractère est-il en dehors des conditions de l’humanité. […] Jusqu’à ce que le peuple soit initié à la vie intellectuelle, l’intrigue et le mensonge sont évidemment mis aux enchères. […] Et puis il y a dans les sages je ne sais quoi d’orgueilleux, quelque soin qu’ils mettent à se faire humbles et condescen-dants. […] Quand on joue sa tête pour sa pensée, il n’y a que les possédés de Dieu, les hommes entraînés par une conviction puissante et le besoin invincible de parler qui se mettent en avant.
Cela est toujours difficile, mais ici ce l’est d’autant plus qu’on est forcé de mettre les paroles sous une mélodie qui, elle, reste immuable. […] Si le traducteur ne met pas ici le même mot sous la même note, les modulations n’ont plus de raison d’être, et nous assistons à une de ces « orgies » qui dégoûtaient le maître. […] Mettez quelques centaines d’hommes qui ont de l’éducation, du bon sens et du bon goût, mais qui n’ont jamais entendu parler de Wagner dans un théâtre, et jouez-leur la Valkyrie de M. […] Il manifeste l’activité effroyable que la possédée met à accomplir la volonté qui lui est imposée. […] Dans l’imagerie wagnérienne, Parsifal prend souvent les traits du Christ, comme dans les gravures de Franz Stassen par exemple ou dans certaines mises en scène de Bayreuth du début du siècle passé.
La mise en vente demeure considérable35. […] Remy de Gourmont a mis une perversité souriante et une morale anarchiste. […] Mettons que dans les vers il y ait une trouvaille par strophe ; dans sa prose il y en a une par mot : une trouvaille “poétique”. […] Les femmes ne peuvent guère mettre en relief plus d’un personnage. […] Il faut mettre hors de pair, Hiésous de Pierre Nahor (Émilie Lerou).
On les négligera, et même le sien propre, pour se mettre en quête de la rose qui parle, du goût en soi. […] C’est dans ses phrases qu’il met son coeur. […] Il lui faut cinq épithètes, là où un écrivain de bonne époque n’en mettrait qu’une, et peut-être aucune. […] Les contes de fées ne sont souvent qu’une métaphore expliquée et mise en tableaux. […] Un vase d’étain était bon à mettre sous nos yeux, ciselé au seizième siècle, mais non d’hier.
Le père de La Tour, devenu supérieur général de l’Oratoire, le fit rentrer dans la congrégation et l’occupa à Lyon, puis à Paris au séminaire de Saint-Magloire, où il le mit comme un des directeurs. […] Joubert) a dit de lui : « Le plan des Sermons de Massillon est mesquin, mais les bas-reliefs en sont superbes. » Je sais de plus que les hommes du métier, et qui ont fait une étude approfondie de ces orateurs de la chaire, mettent Bourdaloue fort au-dessus de Massillon pour l’ordonnance et pour le dessin des ensembles. […] Dans tout le cours de ce développement, il est impossible de s’arrêter et de mettre le point à aucun endroit ; c’est une seule et unique pensée qui court par des branches multipliées et sous des couleurs diverses. […] Et après qu’il avait ainsi fait frissonner, en la touchant au passage, la plaie cachée de chaque auditeur, après qu’il avait dû sembler en venir presque aux personnalités auprès de chacun, Massillon se relevait dans un résumé plein de richesse et de grandeur ; il se hâtait de recouvrir le tout d’un large flot d’éloquence, et d’y jeter comme un pan déployé du rideau du Temple : Non, mon cher auditeur, disait-il aussitôt en rendant magnifiquement à toutes ces chutes et toutes ces misères présentes des noms bibliques et consacrésa, non, les crimes ne sont jamais les coups d’essai du cœur : David fut indiscret et oiseux avant que d’être adultère : Salomon se laissa amollir par les délices de la royauté, avant que de paraître sur les hauts lieux au milieu des femmes étrangères : Judas aima l’argent avant que de mettre à prix son maître : Pierre présuma avant que de le renoncer : Madeleine, sans doute, voulut plaire avant que d’être la pécheresse de Jérusalem… Le vice a ses progrès comme la vertu ; comme le jour instruit le jour, ainsi, dit le Prophète, la nuit donne de funestes leçons à la nuit… Ici l’écho s’éveille et nous redit ces vers de l’Hippolyte de Racine : Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes… Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés… On a souvent remarqué que Massillon se souvient de Racine et qu’il se plaît à le paraphraser quelquefois. […] Les grands effets de l’éloquence de Massillon sont connus : le plus célèbre est celui qui signala son sermon Du petit nombre des élus, au moment où, après avoir longuement préparé et travaillé son auditoire, il l’interrogea tout d’un coup et le mit en demeure de répondre, en disant : « Si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de cette assemblée, la plus auguste de l’univers, pour nous juger, pour faire le terrible discernement, etc… » Cette assemblée, la plus auguste de l’univers, était celle de la chapelle de Versailles ; mais ce ne fut point là que Massillon prêcha d’abord ce sermon : ce fut à Paris, dans l’église de Saint-Eustache, où se produisit l’effet imprévu, irrésistible.
Or, cette personne qui revient quelquefois dans ses lettres, disciple de Corinne à beaucoup d’égards, surtout par les prétentions à l’enthousiasme, et qui paraît avoir été peintre, si ce n’est poète, il ne put jamais, malgré son esprit et son mérite, parvenir à la goûter : Ma foi, mon cher, écrivait-il à un ami, malgré son amabilité (affectée bien souvent), je lui trouve si peu de naïveté, de vrai sentiment, de jugement raisonnable, qu’elle est bien loin d’aller sur ma piquée… Elle nous fait des compliments si exagérés souvent, qu’il est impossible de ne pas voir qu’ils ne sont que dans sa bouche ; et puis, enfin, on voit le caractère des gens dans leur peinture ; je trouve qu’elle n’a pas l’ombre de sentiment, pas d’expression, pas de vérité bien souvent dans la couleur ; pour le dessin, elle ne s’en doute pas : et elle veut mettre à tout cela une touche-homme… Ma foi, je la juge violemment, tu diras. […] Les femmes manquent toujours leur vocation quand elles veulent sortir des soins du ménage, de l’aiguille et du fuseau. » Dans ces dispositions si naturelles et si sincères, on conçoit l’embarras de Léopold Robert pour mettre un éclair au front de sa Corinne idéale ; de guerre lasse, il s’en était tenu à copier, en l’arrangeant pour ce rôle, une des belles brigandes de Sonnino, lorsqu’il se décida enfin, pour plus de sécurité, à effacer de sa toile la fausse muse, et il y substitua selon son cœur un Improvisateur populaire, qu’il avait vu et bien vu de ses yeux (1822). […] J’ai cent projets qui se contrarient les uns les autres, et qui me mettent dans cet état d’incertitude qui m’empêche souvent d’agir. […] Et il expliquait, il cherchait à définir ce sentiment d’au-delà que rien ne pouvait satisfaire : C’est le sentiment de la nature que je pense avoir plus que je ne l’ai exprimé jusqu’ici, et que je cherche à mettre sur ma toile ; mais, quand ce sentiment est profond et réfléchi, il ne peut se rendra comme celui qui ne donne que l’écorce. […] Les uns, qui ont la promptitude de l’observation, se font les moyens prompts de la rendre ; ceux au contraire qui, comme Ingres, vont chercher dans le cœur les expressions qui animent leurs figures, mettent plus de lenteur ; ils cherchent ce qu’ils sentent, mais qu’ils ne voient pas.
En général pourtant, les esprits les plus distingués entre ceux qui ont pris part aux grandes choses, mettent leur honneur et leur bon goût, quand ils en écrivent, à être ou à paraître simples. Le nom d’écrivains proprement dits continue d’appartenir à ceux qui de propos délibéré choisissent un sujet, s’y appliquent avec art, savent exprimer même ce qu’ils n’ont pas vu, ce qu’ils conçoivent seulement ou ce qu’ils étudient, se mettent à la place des autres et en revêtent le rôle, font de leur plume et de leur talent ce qu’ils veulent : heureux s’ils n’en veulent faire que ce qui est le mieux et s’ils ne perdent pas de vue ce beau mot digne des temps de Pope ou d’Horace : « Le chef-d’œuvre de la nature est de bien écrire. » Les autres, les hommes d’action, qui traitent de leurs affaires, ne sont écrivains que d’occasion et par nécessité ; ils écrivent comme ils peuvent et comme cela leur vient ; ils ont leurs bonnes fortunes. […] Et encore le lendemain : Mon faucheur, mets des ailes à ta meilleure bête ; j’ai dit à Montespan de crever la sienne. […] Qu’a donc à désirer de plus ce Marans ainsi décrit, mis en regard des sites du dehors les plus consacrés et les plus célèbres ? […] Sully a dénoncé la vanité qu’eut le roi de Navarre d’aller présenter en personne à la comtesse « les enseignes, cornettes et autres dépouilles des ennemis qu’il avait fait mettre à part pour lui être envoyées.
C’est là que nous la trouvons au moment où la Révolution éclate : elle en fut témoin, une des patientes et des victimes, victime non immolée toutefois, et qui survécut assez pour être une des belles indignées qui se vengèrent par un récit où elles mirent leur âme. […] Le trône écroulé, le roi arrêté et mis en jugement, lui, prince du sang, il se figurait qu’il allait continuer de vivre à Paris à son aise, dans les plaisirs et en riche citoyen ; et son amie Mme de Buffon, femme gracieuse, qui montra plus tard bien du dévouement, écrivait au duc de Biron (un autre intime), alors à la tête de l’armée du Rhin, une lettre curieuse, incroyable34, où elle lui racontait à sa manière et sur un ton badin, les événements du 10 août, les arrestations qui en étaient la suite, les exécutions qui devaient commencer le lendemain au Carrousel : Au milieu de ces arrestations, disait-elle, Paris est calme pour ceux qui ne tripotent point. — J’oubliais de vous dire que Mme d’Ossun est à l’Abbaye. […] Causant un jour avec Biron du procès du roi, elle lui dit « que c’était l’événement le plus cruel et le plus abominable qu’on eût vu jusqu’alors, et que son seul étonnement était qu’il ne se fût pas trouvé un brave chevalier français pour mettre le feu à la salle où siégeait la Convention, brûler les scélérats qui y étaient, et délivrer le roi et la reine de la prison du Temple ». […] Je ne pus m’empêcher de dire : — « J’espère, monseigneur, que vous voterez pour la mise en liberté du roi. » — « Certainement, répondit-il, et pour ma propre mort ! […] Ce fut d’après le désir du roi son père qu’elle mit par écrit ses souvenirs.
Voilà que je fais le Nestor et que je radote du vieux temps : j’en viens vite à l’idée qui m’a mis la plume à la main. […] La Rochefoucauld a consigné l’élixir amer de cette expérience dans des Réflexions et des Maximes immortelles qui vivront autant que la nature humaine, et contre lesquelles elle aura jusqu’à la fin à se débattre, Pascal a, certes, grandement profité de cette vue de la Fronde, et il conclurait en politique aussi vertement et aussi crûment qu’un Machiavel, s’il n’était avant tout un pénitent qui n’a de hâte que pour s’agenouiller et pour aller tout mettre au pied de la croix. […] … Lorsque Dieu forma le cœur et les entrailles de l’homme, il y mit premièrement la bonté comme le propre caractère de la nature divine… La bonté devait donc faire comme le fond de notre cœur… La grandeur qui vient par-dessus, loin d’affaiblir la bonté, n’est faite que pour l’aider, etc. » Mais c’est méconnaître outrageusement l’expérience que de déclarer ainsi que la bonté fait le fond de l’homme : l’homme n’est précisément ni bon ni méchant ; les uns ont reçu en naissant la bonté peut-être, mais les autres ont certainement autre chose au fond du cœur, et le grand Condé plus qu’un autre homme était une preuve de cette disposition primitive et nullement débonnaire. […] Avant 89, il y a un but, il se mêle presque toujours à l’observation un élément dogmatique, polémique, une intention et une arme de combat ; c’est qu’on a en effet des ennemis à vaincre, à mettre en déroute : on est à la guerre, on marche à une conquête. […] M. de Talleyrand n’a pas écrit ses maximes comme La Rochefoucauld, il les a pratiquées ; il les a appliquées et mises en jeu dans ces grandes parties d’échecs il avait l’Europe pour échiquier.
Renan, dans ce livre tant controversé, est précisément, tout en se rendant bien compte de ce triple ensemble et, si je puis dire, de ce triple feu d’objections opposées et convergentes, d’avoir osé se mettre au-dessus et prendre position au-delà. […] Renan qui, depuis des années, avait formé le dessein de donner une histoire critique des origines et des progrès du christianisme pendant les trois premiers siècles, crut devoir modifier un peu son plan de campagne : il pensa qu’il serait bon et opportun de détacher le premier volume et de le donner hardiment sous forme de récit, presque de cinquième Évangile ; il publia la Vie de Jésus, qui vient de mettre le feu aux poudres et de passionner le public. […] Renan s’en soit tiré à la satisfaction de tous les lecteurs, ni peut-être à la sienne propre, avec sa théorie des « sincérités graduées » et des « malentendus féconds » ; mais il a mis du moins à cette transition, et pour la sauver, tout l’art et toute la ténuité, toute la subtilité d’explication dont un esprit aussi distingué est capable. […] Il n’est pas aisé de transposer le Spasimo de Raphaël d’une toile à l’autre, surtout si l’on veut y introduire en même temps des changements et substitutions essentielles, y mettre du plus et du moins. […] — Le mercredi 24 juin 1863, jour où le livre avait paru, le Constitutionnel avait inséré la note suivante : « La librairie Michel Lévy met aujourd’hui même en vente un livre qui était depuis longtemps annoncé et bien impatiemment attendu, la Vie de Jésus, par M.
Mais il insista pour que je demeurasse, disant que cela ne servirait en rien à prolonger sa vie que de négliger un devoir. » Et à l’instant, lord Granville se mit à réciter en grec les vers d’Homère, ces mêmes paroles généreuses de Sarpédon à Glaucus, ayant soin d’élever la voix et d’appuyer avec une certaine emphase orgueilleuse sur ce vers qui lui rappelait la haute part qu’il avait prise aux affaires publiques : « Tu ne me verrais point combattre moi-même comme je le fais, au premier rang. […] J’en ai dit assez pour montrer que, sur ces questions de l’Antiquité comparée et mise en face de l’esprit moderne, s’il ne se livre pas de combats réguliers comme à d’autres époques, il y a toujours deux camps. […] Après quelques années d’interruption, essayez un peu, et vous verrez la difficulté, il est besoin auparavant de se recueillir, de s’isoler de la vie qui fait bruit et de lui fermer la porte, de faire comme on faisait autrefois quand on voulait s’approcher des mystères, de prendre toute une semaine de retraite, de demi-ombre et de silence, de mettre son esprit au régime des ablutions et de le sevrer de la nourriture moderne. […] Ne parlez plus de vos grâces païennes : Je mets Thalie, Euphrosine, Aglaé, A cent piques des Parisiennes… Ailleurs, dans une pièce intitulée le Jeu de Boules (et ceci devient tout à fait anacréontique) : Près de Paphos, dans des bois solitaires, Les Jeux, les Ris et les Grâces légères Au cochonnet jouaient à qui mieux mieux. Psyché parut, plus brillante et plus belle ; L’Amour la vit, l’Amour brûla pour elle : L’Amour, bientôt, la mit au rang des dieux… C’est ce même rimailleur soi-disant classique qui, dans une pièce critique et satirique de 1825, qu’il s’est bien gardé de perdre et qu’il a tenu à conserver, débutait par ces mots : Et j’ai dit dans mon cœur : « Notre ami Lamartine Définitivement a le timbre fêlé… » Et ce sont les auteurs de pareilles inepties et platitudes qui se mêlent de juger à première vue les plus délicats d’entre les poètes de l’Éolie et de l’Ionie !
Jésus-Christ est annoncé, il est attendu : il paraît que Le Dieu selon la Bible se complète, se corrige, s’attendrit, s’abaisse, s’humanise, se civilise, si j’ose dire, se met à la portée de tous les hommes et de toutes les races par le Dieu selon l’Évangile. […] sa vénérable mère dans cette mise antique et simple, avec cette physionomie forte et profonde, tendrement austère, qui me rappelait celle des mères de Port-Royal, et telle qu’à défaut d’un Philippe de Champagne, un peintre des plus délicats nous l’a rendue ; cette mère du temps des Cévennes, à laquelle il resta jusqu’à la fin le fils le plus déférent et le plus soumis, celle à laquelle, adolescent, il avait adressé une admirable lettre à l’époque de sa première communion dans la Suisse française20 ; je la crois voir encore en ce salon du ministre où elle ne faisait que passer, et où elle représentait la foi, la simplicité, les vertus subsistantes de la persécution et du désert : M. […] Vous avez mis votre pensée en regard de la mienne avec une habileté consommée en même temps qu’avec une parfaite courtoisie. […] Il ne serait pas exact de penser, comme paraît l’avoir cru l’illustre écrivain, d’après une autre lettre de lui écrite à la même date et dont j’ai eu communication, que ce « philosophe critique, sans femme, sans enfants, sans affaires, spectateur curieux et douteur, ce soit moi-même », et que j’aie mis là mon portrait en regard du sien. […] Je mets seulement mon honneur à les comprendre tous, sauf à préférer en définitive celui qui, toute expérience faite et toutes illusions dissipées, me paraît le plus vrai
Le Play, averti par lui et sentant qu’on ne pouvait de soi-même chercher et trouver dans bon grand in-folio les mille inductions éparses qui résultaient de cet ensemble d’observations particulières, a pris le soin de résumer les idées, d’élever les points de vue, de grouper et de serrer les comparaisons, de les développer en même temps et de les mettre dans leur vrai jour, d’en tirer les conclusions plus ou moins pratiques, plus ou moins immédiates, mais toutes fondées sur une connaissance exacte des sociétés et des peuples. […] Habitué comme je le suis et enclin par nature à étudier surtout les individus, et ainsi fait moi-même que la forme des esprits et le caractère des auteurs me préoccupent encore plus que le but des ouvrages, je l’ai défini et appelé tout d’abord, après avoir lu de lui quelques chapitres : « un Bonald rajeuni, progressif et scientifique. » Mais de telles désignations sommaires ne signifient rien que pour ceux qui savent déjà tout ce qu’on y met. […] Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité, et les enfants de respect. » Toutes ces pensées dont on voit l’originalité morose et dans lesquelles il entrait une part de vérité, avaient l’inconvénient toutefois de ne comprendre qu’un seul côté de la question, le côté qui regarde le passé, de ne tenir aucun compte des changements survenus, de l’émancipation des intelligences, du libre développement de l’individu, des progrès des villes, de ceux de l’industrie, des rapports multipliés avec l’étranger. […] Afin de mieux se rendre compte des restes de l’esprit ancien, subsistant au cœur d’anciennes provinces, il est allé jusqu’à acheter successivement de grandes propriétés rurales dans des contrées où il savait ne point devoir résider longtemps, à cette seule fin de se mettre en commerce plus intime avec l’esprit des populations. […] Il s’agit de renoncer à quelques-unes des idées qui, mises en avant dans la lutte, n’étaient que des armes de guerre.
Car supposez un esprit tout pénétré des vérités nouvelles ; mettez-le spectateur sur l’orbite de Saturne et qu’il regarde334. […] Découvert par Montesquieu, aujourd’hui encore il nous sert d’appui pour construire, et, si nous devons reprendre en sous-œuvre l’édifice du maître, c’est seulement parce que l’érudition accrue a mis entre nos mains des matériaux plus solides et plus nombreux. […] Au commencement, point de définitions abstraites : l’abstrait est ultérieur et dérivé ; ce qu’il faut mettre en tête de chaque science, ce sont des exemples, des expériences, des faits sensibles ; c’est de là que nous extrairons notre idée générale. […] De cette façon la science parfaite s’achèvera par une langue bien faite347 Grâce à ce renversement du procédé ordinaire, nous coupons court à toutes les disputes de mots, nous échappons aux illusions de la parole humaine, nous simplifions l’étude, nous refaisons l’enseignement, nous assurons la découverte, nous soumettons toute assertion au contrôle, et nous mettons toute vérité à la portée de tout esprit. […] I. « Descendu sur ce petit amas de boue et n’ayant pas plus de notion de l’homme que l’homme n’en a des habitants de Mars et de Jupiter, je débarque sur les côtes de l’océan dans le pays de la Cafrerie, et d’abord je me mets à chercher un homme.
Sans doute, si cette courbe est trop capricieuse, nous serons choqués (et même nous soupçonnerons des erreurs d’expérience), mais le principe ne sera pas directement mis en défaut. […] Telle sensation est belle, non parce qu’elle possède telle qualité, mais parce qu’elle occupe telle place dans la trame de nos associations d’idées, de sorte qu’on ne peut l’exciter sans mettre en mouvement le « récepteur » qui est à l’autre bout du fil et qui correspond à l’émotion artistique. […] L’essentiel est qu’il y a des points sur lesquels tous ceux qui sont au courant des expériences faites peuvent se mettre d’accord. […] Cette vérité, la Terre tourne, se trouvait mise sur le même pied que le postulatum d’Euclide par exemple ; était-ce là la rejeter. […] Une théorie physique, avons-nous dit, est d’autant plus vraie, qu’elle met en évidence plus de rapports vrais.
C’est une fausse conception de l’égalité qui mettait, sans apprentissage préalable, une pelle et une pioche dans leurs mains jusque-là exercées au seul maniement délicat de la plume et condamnait au labeur de portefaix, leur corps fragile, impuissant à se redresser de la courbature des pupitres. […] que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères Plutôt que de nourrir cette dérision ! […] » et la foule applaudit, mais en sortant de ces réunions, elle acclame, sur son cheval blanc, le nouveau ministre de la Guerre qui passe, le général Boulanger, et le jour où elle croit voir un drapeau allemand à l’une des fenêtres de l’hôtel Continental, elle s’indigne, crie au scandale, et veut mettre l’hôtel à sac. […] Même, après l’apparition du livre d’Allan Kardec, la supercherie des frères Davenport viendra ajouter à son discrédit et les gens ne seront tentés de voir dans les pratiques du spiritisme qu’une mise en coupe réglée de la crédulité publique. […] Mettez en regard l’outrecuidance des arrivistes vulgaires et des poètes de nos jours.
C’est qu’en effet la science n’aura détruit les rêves du passé que pour mettre à leur place une réalité mille fois supérieure. […] On eût mis l’esprit humain au défi de concevoir les plus étonnantes merveilles, on l’eût affranchi des limites que la réalisation impose toujours à l’idéal, qu’il n’eût pas osé concevoir la millième partie des splendeurs que l’observation a démontrées. […] Que les théologiens s’arrangent entre eux pour se mettre d’accord avec elle. Il faut bien se figurer que ce qui est surpasse infiniment en beauté tout ce qu’on peut concevoir, que l’utopiste qui se met à créer de fantaisie le meilleur monde n’imagine qu’enfantillage auprès de la réalité, que, quand la science positive semble ne révéler que petitesse et fini, c’est qu’elle n’est pas arrivée à son résultat définitif. […] Le bon sens a fait justice de cette singulière école esthétique de l’ironie, mise en vogue par Schlegel, où l’artiste, se drapant fièrement dans sa virtuosité et sa génialité, faisait exprès de ne présenter que des choses fades et insignifiantes, puis haussait les épaules sur le sens obtus du public, qui ne pouvait goûter ces platitudes.
Comme les êtres destinés à vivre, l’esprit humain fut, dès ses premiers instants, complet, mais non développé : rien ne s’y est depuis ajouté ; mais tout s’est épanoui dans ses proportions naturelles, tout s’est mis à sa place respective. […] Pour s’absorber ainsi dans un grand corps, par lequel on vit, dont on fait sienne la gloire ou la prospérité, il faut avoir peu d’individualité, peu de vues propres, seulement un grand fond d’énergie non réfléchie prête à se mettre au service d’une grande idée commune. […] On amalgame alors sans scrupule, on mélange le tout sans y regarder de si près, on y met son originalité sans le savoir. […] On nous plaindra alors, nous, les hommes de l’âge d’analyse, réduits à ne voir qu’un coin des choses ; mais on nous honorera d’avoir préféré l’humanité à nous-mêmes, de nous être privés de la douceur des résultats généraux, afin de mettre l’avenir en état de les tirer avec certitude, bien différents de ces égoïstes penseurs des premiers âges, qui cherchaient à improviser pour eux un système des choses plutôt qu’à recueillir pour l’avenir les éléments de la solution. […] Que si les gens d’esprit y regardent parfois d’un peu près, ou bien ils se rabattent avec une facilité caractéristique sur notre incompétence à juger de ces sortes de choses, ou bien ils se mettent franchement à en rire.
Voici Agrippa d’Aubigné et Du Bartas, deux vaillants poètes qui mettent leur plume et leur épée au service de la Réforme. […] « Rousseau, écrit-il56, qui mettait le Robinson au-dessus de tous les autres livres, s’est toujours senti attiré par les îles. […] Qu’est devenue la peur du loup, qui met un frisson dans tant de nos vieux contes populaires ? […] Elle a été le refuge des druides et la forteresse inexpugnable des Celtes ; fidèle à elle-même, elle se cramponne aujourd’hui d’une étreinte désespérée au catholicisme qui décline et à la monarchie qui s’en va ; et en même temps vaincue dans sa lutte contre les vagues, perdant chaque mois, presque chaque jour, quelques-uns des siens au milieu des écueils, elle a peur encore des sorciers et des korrigans ; elle est convaincue que tous les ans, à la Toussaint, les noyés remontent à la surface des eaux et pour rien au monde elle ne mettrait une barque à flot ce jour-là ; elle abonde en légendes tristes ; elle est pleine de fantômes vagabonds ; et par cela même elle a gardé une physionomie archaïque, qui, non seulement se reflète dans les œuvres de ses enfants, mais l’a rendue chère aux écrivains et aux artistes de notre siècle. […] Le romantisme avait excité dans une quantité d’âmes une fièvre intense de voir du nouveau, de changer de vie en changeant de lieu, de se mettre en quête par le monde de sensations artistiques et imprévues.
Rousseau, deux actes de L’École des maris de Molière, et mettre en goût son auditoire ; au Palais-Royal (vestibule de Nemours), le docteur Lemaout faire sentir et presque applaudir la comédie des Deux Gendres d’Étienne ; au Conservatoire de musique, M. […] L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes, et comme marginales, qui se glissent dans la lecture, et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt, suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale et de se former une impression. […] Pour les explications, en tout cas, et même en les réduisant à ce qu’elles ont de moindre, le lecteur ne saurait se dispenser, par un préambule, de mettre l’auditoire au point de vue, de faire connaître en peu de mots l’auteur dont il va lire quelque chose, de montrer cet auteur en place dans son siècle, et d’amener tellement, pour ainsi dire, les deux parties en présence, que l’effet, à un certain degré du moins, soit immanquable. […] On est, dans ce cas, presque toujours obligé de citer le trait saillant et d’abréger le reste, c’est-à-dire qu’on est ramené insensiblement à y mettre du sien comme dans un cours ; et, une fois les conditions bien posées, je ne vois pas grand mal à cela. […] Les directeurs des établissements publics mettent souvent peu de bonne volonté à accueillir les lectures ; c’est au gouvernement, de qui ils dépendent, de vaincre ces résistances peu libérales16.
Mais dès l’abord, ce me semble, on ne laisse pas de reconnaître en Pline un homme éclairé de son temps, un de ceux avec lesquels un homme éclairé du nôtre pourrait entrer en commerce immédiat et s’entendre, profiter et mettre du sien sans être choqué en rien d’essentiel et sans choquer à son tour ; avec qui, en un mot, on causerait de plain-pied comme avec un de ses pairs. […] Il apprécie et définit Pline et ses caractères avec autant de précision qu’il en mettrait à décrire tout autre individu de l’histoire naturelle. […] Parlant de ceux qu’il avait interrogés, et même de deux pauvres filles esclaves qu’il avait fait mettre à la question, il reconnaît qu’il n’a pu apercevoir en eux tous d’autre crime qu’une mauvaise superstition et une folie : Ils assurent que toute leur faute ou leur erreur consiste en ceci, qu’ils s’assemblent à un jour marqué, avant le lever du soleil, et chantent tour à tour des vers à la louange du Christ, qu’ils regardent comme Dieu ; qu’ils s’engagent par serment non à quelque crime, mais à ne point commettre de vol ni d’adultère, à ne point manquer à leur promesse, à ne point nier un dépôt ; qu’après cela ils ont coutume de se séparer, et ensuite de se rassembler pour manger en commun des mets innocents… Pline et son oncle étaient des hommes humains, modérés, éclairés ; mais cette humanité des honnêtes gens d’alors était déjà devenue insuffisante pour la réformation du monde. […] [NdA] Des personnes très compétentes m’assurent que, tout en rendant justice à Pline, je n’accorde pas assez à Vincent de Beauvais, qu’en effet je connais trop peu, et je mets ici cette critique qu’on m’adresse, à titre de réparation.
L’un est de Karr ; l’autre, c’est un article où il y a des vers… Qui est-ce qui a mis des vers dans un article, ce mois-ci ? […] — Alors je… (Mettez ici l’expression la plus énergique de la vieille France.) […] » Gavarni nous dit aujourd’hui : « Chaque jour la science mange du Dieu… N’a-t-on déjà pas mis la foudre du vieux Jupiter en bouteille de Leyde ? […] Dans les premiers temps de son séjour à Barbizon, un jour qu’il se promenait avec Jacques, des paysans en train de faucher se mirent à se moquer d’eux, à blaguer les Parisiens. […] Sur le banc, dans des poses ratatinées, sept à huit vieillardes, de vraies sibylles, et mises avec des loques de spectres, les genoux ramassés sous les corps voûtés, et sur les genoux un gueux au-dessus duquel se croisent leurs deux mains, comme les deux mains qui sont sur les tombeaux.
Imprégnez-vous de ces quelques lignes de l’esthéticien, prises au hasard : « Ces caractères de Beauté que Dieu a mis dans notre nature d’aimer, il les a imprimés sur les formes qui, dans le monde de chaque jour, sont les plus familières aux yeux des hommes…. […] Ruskin prêchait, il est vrai, un retour sincère et réel à la nature et à la vérité ; et les peintres dont il se fit le champion passèrent pour mettre en pratique sa théorie toute entière. […] Ruskin ne semble pas comprendre qu’une forme réellement belle renferme, du fait même de sa beauté, le sentiment et la pensée, et que vouloir mettre dans la nature une idée indépendante d’elle, c’est l’amoindrir en la falsifiant. […] On sent leur détachement et leur indifférence pour cette magnifique machine humaine que la nature a mise à leur disposition. […] Les mouches vont s’y mettre.
Comme si l’œuvre d’art jamais ne devait être que la mise en valeur artistique d’une opinion ! […] Ne vous mettez pas devant moi ! […] Que les mises en scène gracieusement précises de M. […] M. de Diaghilew, organisateur remarquable, y mit quelque coquetterie. […] Je pense qu’ils mettaient une certaine coquetterie à y faire croire.
Près de mourir, en 1804, elle écrivait à un ami particulier, à propos d’une visite importune et indiscrète qu’elle avait reçue : « Si vous croyez que M. et Mme R… pourront vous mettre au fait de nous, vous êtes dans l’erreur. […] Dieu a mis dans notre cœur un penchant naturel à l’amitié qu’il nous serait, je crois, difficile ou même impossible de vaincre. […] La femme du meilleur air que j’aie encore vue, la plus polie, la mieux mise, a donné un nombre infini de pères à ses enfants ; elle a une fille qui ressemble à mylord…, et qui est belle. […] Et il y avait à tout cela, notez-le, de la bonté et une sorte de courage ; car la petite fille, jolie à la vérité, était si mal mise et avait si mauvaise façon, qu’un élégant un peu vain ne se serait pas soucié d’être vu dans les rues avec elle. […] M. de Bompré, âgé d’environ quarante-cinq ans, retiré du service, habite en paix une terre dans le pays de Vaud ; mais il est allé à Orbe, à la noce d’un ami, et il se met à envier ce bonheur.
C’est beaucoup de graver dans la mémoire l’expression concise et forte de la vérité ; mais c’est plus encore de découvrir la vérité elle-même et de la mettre dans tout son jour. […] Nous sommes bien sûrs à l’avance que nous n’aurons point à regretter de nous être mis à son école ; car il est poète aussi, en même temps qu’il est philosophe. […] C’est ainsi qu’on peut expliquer le prodigieux mérite des théories d’Aristote ; et, loin de le blâmer d’avoir mis en maxime les pratiques des Grecs, il faut l’en remercier. […] Aussi les commentateurs n’ont pas manqué de mettre le Traité de l’âme en tête de ces admirables et nombreux ouvrages qui composent l’histoire naturelle dans l’encyclopédie d’Aristote. […] Boileau répare cet oubli, du moins en partie, dans sa lettre de réconciliation à Charles Perrault ; mais il y semble encore mettre la Fontaine sur la ligne de Voiture et de Sarazin.
Albalat et se mettent sans lui à leur histoire du duc d’Angoulême. […] Mise en action elle s’exprime ainsi : négation d’un bien connu en faveur d’un bien inconnu. […] J’y mets la bêche, je vais semer. […] (Il serait si simple de mettre nos principes d’accord avec notre vie.) […] Il remaniait ensuite la copie mise au net.
Il n’a pas négligé de mettre en relief ces beautés de détail qui se détachent si fréquentes dans l’œuvre inégale de Milton. […] Mettons à part le monument de Hugo qui dépasse toute autre construction comme les cathédrales gothiques dominent les édifices d’une cité. […] L’un de ces récits met en scène une des fables répandues sur le compte du Masque de fer. […] Quinet y avait mis toute sa longue tendresse pour la fiancée qui, un an après, devint sa femme. […] Nous devons mettre à part une fort belle pièce, l’Occident, qui sort entièrement de la manière de Lamartine.
Qui mettra-t-on en regard de lui dans une voie opposée ? […] Mettez donc Giuseppe Montanelli parmi vos poètes. […] Mon office est de vous les mettre en parallèle sous les yeux. […] qu’il mettait ses enfants à l’hôpital. […] Il a, dans certains livres, mis son idéal dans le boudoir des duchesses ; ailleurs, il l’a mis dans les mœurs de l’atelier.
« L’idéal, a dit justement Amiel, ne doit pas se mettre tellement au-dessus du réel, qui, lui, a l’incomparable avantage d’exister. » L’artiste et le romancier doivent, comme le moraliste, tenir compte de cette parole. […] Vivre, c’est agir, c’est se traduire, s’exprimer, mettre en harmonie les organes intérieurs et extérieurs de soi. […] On ne petit pas à la fois mettre en un tableau la mer et une fourmi courant dans l’herbe : il faut choisir. […] Qui ne connaît le mot de Mme Necker : « Quand M. de Buffon voulait mettre sa grande robe sur de petits objets, elle faisait des plis partout. » Ces petits objets, c’était précisément l’essentiel dans l’art ; c’était ce qui fait la vie, la tendresse et la force à la fois. […] Il peut y avoir quelque chose de contradictoire à vouloir que le lecteur ressente sympathiquement la passion d’un personnage et à ne pas le mettre vis-à-vis du monde extérieur dans la même situation que le personnage lui-même, à distraire son regard par une foule d’objets que l’autre ne voit pas ou ne remarque pas.
Il y mettait un radicalisme qui offrait une frappante nouveauté. […] Je n’ai mis en toi, ô Livre, qu’une partie de mon âme. […] Il met une justice distributive dans sa misanthropie. […] il n’y mettait point de malice. […] Par son amour pour nous, Dieu s’est mis dans notre dépendance.
Quand elle dira oui, son rêve changera de thème comme celui du dormeur qui se met sur le dos. […] Les récréations mises à la portée du peuple sont nulles, coûteuses ou dangereuses. […] Que les primaires se mettent à prononcer dilame ? […] On se mit à écrire faict, dict, nud, pauvre, puits, etc. […] Souvent, la consonne finale se fait sentir, qui jadis restait mette.
On le connoît par un mince Recueil de Fables qu’il publia en 1771, sous le titre de Mythologie, ou Recueil de Fables Grecques, Esopiques & Sybariques, mises en Vers François. […] Il eût mieux fait d’intituler son Recueil : Parodie des Fables d’Esope, ou plutôt, des Fables de la Fontaine, [car ce Monsieur de Fresnay a mis en Vers les mêmes Fables que celui-ci], que d’annoncer son travail sous un titre qui le rend doublement ridicule.
On assure que ce Poëte avoit traduit en Vers tout le Poëme de Lucrece, & qu’il le mit au feu par des motifs de conscience. […] Despréaux, si délicat là-dessus, ne le nioit pas ; & quand on lui demandoit, pourquoi donc au troisieme Chant de son Lutrin, & dans sa neuvieme Satire, il en avoit parlé avec mépris, il répondoit, qu’au lieu d’Hesnault, il avoit d’abord mis Boursault, & ensuite Perrault, avec lesquels il s’étoit réconcilié, & leur avoit substitué, en dernier lieu, Hesnault, qui, étant mort dès 1682, étoit hors d’état de former aucune plainte. »
Quand Dieu, pour des raisons qui nous sont inconnues, veut hâter les ruines du monde, il ordonne au Temps de prêter sa faux à l’homme ; et le temps nous voit avec épouvante ravager dans un clin d’œil ce qu’il eût mis des siècles à détruire. […] Nous vîmes une église dont les toits étaient enfoncés, les plombs des fenêtres arrachés, et les portes fermées avec des planches mises debout.
Ce n’était au dernier Salon qu’un peintre médiocre, froid dans sa composition et faible dans les autres parties ; mais sa Susanne surprise au bain par les deux vieillards le met tout à coup sur la seconde et peut-être sur la première ligne. […] Gardez-vous bien de mettre cette ébauche en couleur ; ce serait du temps et de l’huile perdus.
Becq de Fouquières, jeune officier, avait conçu cette idée d’homme de goût et d’érudit dans le temps où, « un André Chénier à la main, il trompait les longues oisivetés de la vie militaire » ; devenu libre, il s’est empressé de se mettre à l’œuvre, et, d’abord, de se pourvoir de tous les instruments indispensables à l’exécution, parmi lesquels il faut compter au premier rang une connaissance des plus fines de la langue grecque. […] Sachant le grec dès l’enfance et comme sa langue maternelle, il étudie le français, et il s’y applique « avec le soin et l’exactitude qu’on met à approfondir une langue ancienne. » Il commente Malherbe, il possède à fond son Montaigne, son Rabelais ; il ignore Ronsard, et ce ne fut pas un malheur, car s’il doit renouveler à quelques égards la tentative de Ronsard, ce sera sans fausse réminiscence et « avec le goût pur de Racine. » M. […] Les vers qu’on avait mis à la date de 1782 doivent très probablement se rapporter à 1787.
Il est certain que ce mariage fut la première cause qui mit fin à ce qu’on peut appeler le règne de l’hôtel Rambouillet, c’est-à-dire à ses nombreuses réunions, à l’appareil des conversations de haut intérêt, à l’influence, à l’autorité des opinions qui y prévalaient. […] L’anarchie se mit dans le bel esprit et dans les usages de bienséance ; les mauvaises copies de l’hôtel de Rambouillet eurent la prétention de devenir modèles. […] C’était un homme avec qui il fallait compter, pour qui le roi n’eut toujours des égards infinis et beaucoup de confiance, et monseigneur une déférence totale tant qu’il vécut, et qui bien que peu affligé de sa mort, a conservé toujours pour tout ce qui lui a appartenu, et jusques à ses domestiques, toutes sortes d’égards et d’attentions. » Saint-Simon ajoute à ces graves notions, celle-ci, qui n’est pas sans mérite : « La propreté de M. de Montausier, qui vivait avec une grande splendeur, était redoutable à sa table, où il avait été l’inventeur des grandes cuillers et des grandes fourchettes qu’il mit en usage et à la mode. »
Enfin pour Wundt, on s’en souvient, si la perception est l’entrée d’une représentation dans le champ visuel de la conscience, l’aperception est la mise au point de vision distincte, œuvre de la volonté, acte essentiel de la volonté. […] Wundt attribue aussi à l’aperception le fait suivant : dessinez au tableau un dé dont les arêtes seules soient indiquées, « vous pourrez mettre en avant dans votre esprit celle des deux faces que vous voudrez, selon que vous vous représenterez intérieurement le dé vu de dessous ou vu de dessus. » Mais qu’y-a-t-il de plus simple que ce changement de perspective, dû à la manière dont nos souvenirs intérieurs s’associent avec les lignes extérieures ? […] Nous ne voyons pas davantage que l’aperception joue un rôle mystérieux dans la formation des idées générales. — Celles-ci se forment, dit Wundt, par la mise en relief d’un caractère important, aperçu et trié parmi les autres ; ainsi, parmi tous les caractères du cheval, il y en a un qui a vivement frappé l’Arya primitif, la vitesse ; pour les Aryas, le cheval fut le rapide ; l’homme fut le penseur ou le mortel, la terre la labourée, la lune la brillante.
Il avoit mis dans un de ses ouvrages : Il y a quelques petits moines qui sont dans l’église, comme les rats & les autres animaux imparfaits étoient dans l’arche. […] Elles le mirent au désespoir. […] Salomon dit : Il n’y a point de malice au-dessus de celle d’une femme ; Erasme mit à côté du passage : Vous observerez qu’il n’y avoit pas encore de moines.
Deux femmes, rivales & beaux esprits, se mettent à la tête des factions. […] On n’est point étonné que Racine ait mis deux ans pour écrire une pièce où il s’est surpassé lui-même, & qu’on peut regarder, ainsi que celle d’Athalie, comme le triomphe de la versification. […] Mais il ne parut point sous son nom : on ne fit que le répandre dans le public, & mettre certaines personnes dans la confidence : celles qui n’y étoient point, & qui d’ailleurs voyoient souvent madame Deshoulières, se firent une fête de lui apporter les vers nouveaux.
Si elle s’étoit mise à son clavecin et qu’elle eût préludé ou chanté (…), ou quelqu’autre morceau du même genre, le philosophe sensible eût pris un tout autre caractère, et le portrait s’en seroit ressenti. […] Le buste en tombant en morceaux sous le coup de l’artiste, mit à découvert deux belles oreilles qui s’étoient conservées entières sous une indigne perruque dont Madame Geoffrin m’avait fait affubler après coup. […] On a mis en jeu notre sensibilité.
S’il ne tient qu’à cela, ont-ils dit, nous mettrons de la philosophie dans nos vers. […] Un sentiment confus semble nous dire, qu’il ne faut pas mettre à exprimer les choses plus de peine et de soin qu’elles ne valent ; et que ce qui paraîtrait commun en prose, ne mérite pas l’appareil de la versification. […] Si on vient un jour à ne plus parler la langue française, nos neveux mettront toujours La Fontaine au rang des grands poètes, parce qu’ils sauront le cas infini que nous en faisons, et que d’ailleurs nos neveux n’auraient garde de ne pas penser comme leurs ancêtres.
Les Dauphines littéraires12 I Un singulier phénomène, digne d’être décrit et classé par les moralistes de ce temps, c’est celui d’une Société, démocratique par envie, qui n’a pas mis du tout, comme elle s’en vante, l’aristocratie par terre, mais qui s’est seulement contentée de la transposer ; C’est convenu et c’est entendu. […] Il n’a point suffi à Mme Marie-Alexandre Dumas de se mettre sous l’auvent du nom de son père, sous ce parasol de Runget-Sing… Elle a dédié son roman à son père. […] comme elle a été mondaine autrefois et même comme elle a été ménagère, quand elle mettait une robe de velours et passait un poignard à sa ceinture pour aller payer une note chez son épicier, tant l’effet dramatique est de race chez ces Dumas !
Je regretterais beaucoup de voir tant d’excellente substance cérébrale employée, tout entière, à faire les bulles de savon du jour le jour, si recherchées des amateurs, quoique chez Rochefort, par exception, les bulles de savon soient moins bulles que balles, — et balles visées juste et mises très bien en pleine tête (s’ils en ont) des petits ridicules contemporains. […] Je ne veux point parler de notre grand Rabelais, qu’il ne faut mettre à côté de personne, tant il est au-dessus de tous ! […] Le Traité du Prince et L’Esprit des Lois, dépassés, jugés, presque méprisés, dans leur fond, à cette heure, grâce à notre éducation et à notre expérience politiques, sont encore vivants par leur forme, qui, si elle n’est pas immortelle, mettra du moins plus de temps à mourir… Et s’il en est ainsi pour les œuvres de Machiavel et de Montesquieu, qui eurent leur jour de nouveauté et de profondeur dans la pensée, à plus forte raison pour un livre inférieur à ceux-là, pour un recueil, écrit au jour le jour, d’observations piquantes, — je le veux bien !
se mit à chanter, en la parodiant, une des lamentations de la synagogue. […] Le bouffon vaincu se mit à pleurer. […] Tout fils qu’il est, comme nous, de cette pénétrante et éparpillante civilisation qui tend de plus en plus à se substituer à toutes les patries, et qui éteindra un de ces jours jusqu’aux sons du cor de l’enfant des Alpes, l’auteur des Hirondelles a entendu, dans sa pensée, ce Ranz, qui n’était pas ailleurs, des montagnes de la Judée muette, et il en a mis l’écho dans des vers capables de donner le mal du pays aux âmes lâches qui ne l’éprouvent plus.
Il semble que vers l’origine du monde, l’homme, peu assuré des bienfaits de la nature, s’étonnait, pour ainsi dire, à chaque instant, de n’en être pas abandonné ; et le désordre qu’il voyait dans plusieurs endroits de la terre encore sauvage, lui faisait mettre un plus grand prix à l’ordre constant qu’il apercevait dans les cieux. […] Il ne nous reste rien des hymnes de Pindare, mais nous savons qu’elles étaient toutes consacrées à cet Apollon de Delphes, dont les oracles mettaient à contribution la crédulité des peuples et l’ambition des rois. […] Notre seul mérite aujourd’hui est d’avoir mis quelque pureté de style dans un genre d’ouvrage le plus susceptible de beautés fortes, et qui semblerait devoir être grand et sublime, comme le tableau de la nature.
C’était un beau jeune homme, une tête à caprices ; Son front à demi chauve, et le désordre heureux Où tout l’art d’Hippolyte avait mis ses cheveux, Son cou penché, son air tendre et mélancolique, Ses yeux à peine ouverts, et son regard oblique, Tout en lui décelait une peine de cœur, Que de son teint fleuri démentait la fraîcheur. […] Si vous dictez un vers qui ne sente l’effort, Et qu’avant d’applaudir, on comprenne d’abord, Je le mets au rebut comme un vieil invalide. […] Rien n’est plus amusant que l’Eschyle breton ; Il nous porte à son gré du Tibre à la Tamise, Du Nil au Capitole et de Chypre à Venise, Mêle aux discours des rois les lazis des manans ; Confond les savetiers avec les conquérans ; Et des trois unités méprisant l’hérésie, Mettrait le monde entier dans une tragédie.
Pour dernière ressource, Maximin fait mettre une roue sur le théâtre pour y exposer sainte Catherine et sa mère. […] elle tape dur742. » — En effet ; et par-dessus le marché, elle prend un fouet, le sangle, et le met à la porte. […] Il a traduit Perse, Virgile, une partie d’Horace, de Théocrite, de Juvénal, de Lucrèce et d’Homère, et mis en anglais moderne plusieurs contes de Boccace et de Chaucer. […] La petite Laclos disait à je ne sais plus quel duc en lui prenant son grand cordon : « Mets-toi à genoux là-dessus, vieille ducaille ! » Et le duc se mettait à genoux.
Mais la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes met entre eux et lui un abîme. […] Il y met tous les ingrédients du désir. […] C’est que la possession met fin à une jouissance bien plus chère : le caprice et ses fureurs. […] Il le fait se mettre en route par une supercherie et essaye de la violenter dans un hôtel. […] L’auteur a mis un singe devant sa pièce.
Resté seul, il met le feu à du bois goudronné, et se couche heureux sur le pont. […] On le mit en prison, où il fut traité de la manière la plus civile. […] Ce changement de fortune mit fin à ses querelles. […] Le roi mit le siège devant Saint-Jean-d’Angély. […] « J’espère que cette terrible chaleur sera tombée au moment où vous vous mettrez en route.
Pendant plus d’un demi-siècle, ce « scientisme » s’était mis en travers de la métaphysique. […] Nous mettons très haut l’intelligence. […] L’intelligence viendra plus tard y mettre des nuances. […] De quel droit met-on l’inerte d’abord ? […] Elle mettrait plus de science dans la métaphysique et plus de métaphysique dans la science.
L’auteur qui commence un roman met dans son héros une foule de choses auxquelles il est obligé de renoncer à mesure qu’il avance. […] Mais cette cuirasse, derrière laquelle l’animal se mettait à l’abri, le gênait dans ses mouvements et parfois l’immobilisait. […] Et ainsi, pour avoir placé l’entendement trop haut, on aboutit à mettre trop bas la connaissance qu’il nous donne. […] Elle ne doit pas mettre l’action avant l’organisation, la sympathie avant la perception et la connaissance. […] Elle peut tenir en échec d’autres habitudes motrices et, par là, en domptant l’automatisme, mettre en liberté la conscience.
On mettrait Lamartine, Hugo, Madame de Noailles parmi les premiers. […] Si l’artiste met l’accent sur la possession et non sur le rendement, il ne produira pas. […] C’est là se mettre, de la façon la plus naturelle, à la place même du divin. […] Mettons que ce sont des rêves. Mettons que la Jeune Parque soit un rêve.
Arrivé au poumon, le sucre, mis au contact de l’air et mêlé à toute la masse du sang, peut quelquefois disparaître complètement. […] Tous nos animaux ont été mis à jeun, sauf la quantité de fécule ou de sucre que nous leur faisions absorber chaque jour. […] Ces animaux ont été mis en expérience à dix heures et demie. […] Ici il a été mis avec de la levure de bière, il n’y a pas eu de fermentation. […] Cependant la fonction glycogénique du foie est mise en jeu, mais, ainsi que le dit l’auteur lui-même, d’une manière indirecte.
Mais, pour le juger, pour l’admirer dans toute sa puissance de bon et très bon poète, es menester, comme dit l’Espagnol, de se procurer l’unique recueil de vers de Charles Cros, le Coffret de santal, et de se l’assimiler d’un bout à l’autre, besogne charmante mais bien courte, car le volume est matériellement mince et l’auteur n’y a mis que ce que, bien trop modeste, il a cru être tout le dessus de son magique panier. Vous y trouverez, sertissant des sentiments tour à tour frais à l’extrême et raffinés presque trop, des bijoux tour à tour délicats, barbares, bizarres, riches et simples comme un cœur d’enfant et qui sont des vers, des vers ni classiques, ni romantiques, ni décadents, bien qu’avec une pente à être décadents, s’il fallait absolument mettre un semblant d’étiquette sur de la littérature aussi indépendante et primesautière.
Eh bien, ce tour de force, le magicien Soulary l’accomplit, et il vous met en quatorze vers symétriquement contournés et strangulés des mondes de pensées, de passions, et des boutades ; le tout dans une stricte et parfaite mesure. Il a comparé très joliment cette opération difficile de mettre dans un sonnet un peu plus qu’il ne peut tenir, et sans pourtant le faire craquer, à cette difficulté de toilette bien connue des dames et qui consiste à passer une robe juste et collante.
Delille, Ex-Oratorien, Auteur d’une Traduction inexacte & plate de Suétone ; d’une prétendue Philosophie de la Nature, qui n’est que l’écho infidele de ce qui a été dit mille fois d’une maniere plus simple & plus précise ; & enfin d’une Poétique sur la Tragédie, qu’on n’auroit pas été tenté d’attribuer à un Poëte, quand même l’Auteur n’auroit pas mis sur le frontispice en très-gros caractere, PAR UN PHILOSOPHE. […] Les Philosophes ont beau employer toute sorte de moyens pour se venger des courageux adversaires de leurs systêmes ; ils ont beau se montrer, dans la pratique, les plus fiers ennemis de la tolérance qu’ils prêchent, nous n’en serons pas moins disposés à les plaindre, quand ils seront malheureux ; & plus nous aurons mis de zele & de chaleur à combattre leurs erreurs, plus on nous trouvera empressés à réclamer, pour leur personne, l’indulgence de l’autorité & la protection du crédit.
Un jeune Anglais de distinction, lord Charlemont, se trouvant à Bordeaux en compagnie d’un de ses amis, fut invité par Montesquieu à l’aller voir à La Brède, et dans son journal de voyage il a rendu compte de cette visite en ces termes : Le premier rendez-vous d’une maîtresse chérie ne nous aurait pas tenus plus éveillés toute la nuit que ne fit cette flatteuse invitation ; et le lendemain matin nous nous mîmes en route de si bonne heure, que nous arrivâmes à sa campagne avant qu’il fût levé. […] … Il ajouta ensuite : « J’ai souvent pensé à mettre ces paroles au frontispice de ma maison. »
Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre, qui parut le jour du coup d’État. […] Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans Le Figaro.
Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre qui parut le jour du coup d’État. […] Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans le Figaro.
Le premier de ces genres peut conserver son appellation primitive puisqu’il est tout d’appréciation ; quant au second, il serait bon qu’on se mît à le désigner par un vocable propre ; celui d’esthopsychologie by pourrait convenir à un ordre de recherches où les œuvres d’art sont considérées comme les indices de l’âme des artistes et de l’âme des peuples ; mais ce mot est incommode, disgracieux ; nous nous excusons de l’employer parfois et nous le remplacerons le plus souvent par le terme critique scientifique que nous opposons à critique littéraire dans un sens à préciser. […] Ogden Nicholas Rood (1831-1902) : ce physicien américain, héritier de Helmholtz, a proposé en 1879 une « théorie scientifique des couleurs », appuyée sur leur mise en ordre à travers une « roue chromatique ».
Ce sont les comédies de Moliere qui nous ont dégoûtez de celles de Scarron et des autres poëtes qui l’avoient précedé, mais non des livres écrits pour mettre en évidence les défauts de ces pieces. […] Qu’on s’éleve plus haut que Virgile et que ses pareils, non point comme ce roitelet qui se mit sur le dos de l’aigle pour prendre son essort quand l’oiseau de Jupiter seroit las, afin de pouvoir lui reprocher ensuite que ses aîles le portoient plus haut que lui.
L’ancienne comédie prenait des sujets véritables pour les mettre sur la scène, tels qu’ils étaient ; ainsi ce misérable Aristophane joua Socrate sur le théâtre, et prépara la ruine du plus vertueux des Grecs. […] La tragédie, bien différente dans son objet, met sur la scène les haines, les fureurs, les ressentiments, les vengeances héroïques, toutes passions des natures sublimes.
Toute une correspondance d’un romancier connu s’est trouvée de la sorte mise aux enchères. […] La confusion ne s’y met guère. […] Le drame se trouve ainsi mettre ces Espèces en action à travers les individus. […] Il n’en est rien, parce que l’auteur a su mettre un dessous permanent à ces accidents. […] « Vous m’avez mis en selle », me répétait volontiers Barrès.
À la base, il mettait le respect de la propriété. […] Oui, si nous nous mettons au point de vue du monde spirituel. […] C’est un soi-disant antiquaire qui met les siens à l’abri dans une potiche sur laquelle ronronne un angora. […] Vous mettrez, dites-vous, des droits d’importation prohibitifs et qui défendront l’édition nationale ? […] » Qu’allait-on mettre à la place du régime tombé ?
que bien loin de vous Lucain marche à sa suite t « Sa trompette à grand bruit a mis Pégase en fuite. […] Renonçons à trouver l’unité dans ce chef-d’œuvre tout divin, que tant de grâce, lie variété, d’élévation et de génie mettent au-dessus de plus d’une règle classique. […] La question est de principe, et l’affirmative ne souffre point la restriction qu’ils y mettent. […] et qu’ils signalent bien l’esprit vivifiant de la mythologie, qui, multipliant les existences passionnées, met nos sentiments en commerce avec la nature entière. […] Celui-ci se flatte qu’en embouchant le cor dont le son mit les harpies en fuite, il chassera devant lui Pluton, les diables, et Cerbère lui-même.
Certes, il me déplairait qu’on vît dans ce livre plus de choses que je n’en ai voulu mettre. […] Nous voici en présence d’un païen en qui la nature a mis toutes ses complaisances. […] Car il ne concevait pas qu’on pût rien faire sans bien s’y mettre. […] Heureuse possession de soi permettant de se mettre à côté des choses pour mieux les regarder. […] L’Occidental, parce que réaliste, met à toute heure de l’ordre dans ses pensées et s’affirme à chaque instant.
Nous ferons certainement d’autres portraits contemporains, nous en avons déjà fait, en bon nombre, qui n’ont pu entrer dans les présents volumes, et, au moment même où nous achevons cette espèce de série, nous mettons sous presse un volume destiné à la compléter et à la poursuivre. […] Qu’une page première du poëte d’Elvire soit venue nous rendre au hasard quelqu’une des douces plaintes connues : Lorsque seul avec toi, pensive et recueillie, etc., etc… ; Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivage, etc… ; que Victor Hugo ait proféré, à une heure brûlante, cet hymne attendri : Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encore pleine, etc… ; qu’Alfred de Musset lui-même, à travers son léger récit d’Emmeline, ait modulé à demi-voix : Si je vous le disais pourtant que je vous aime, etc., etc. ; ces notes vraies, tendres, profondes, nées du cœur et toutes chantantes, nous paraissent, aujourd’hui encore, autrement enviables que bien des mérites lentement acquis.
Mais une âme fine et philosophique qui ait senti ce que la présence de l’homme met d’intérêt dans les choses inanimées, ce que l’indifférente sérénité de la nature a de navrant, quand disparaît ce bonhomme qui allait, venait, bêchait, taillait, introduisant le mouvement, la variété, la vie, peuplant ce désert à lui seul, âme de ce petit inonde ; une imagination imbue de poésie païenne, qui exprime la tristesse de cette impassibilité même, et mette en deuil pour le vieux jardinier les fleurs éternellement belles et souriantes, peuvent seules dicter cette brève parole, où l’on entend un écho d’Homère et de Virgile.