À cette époque, l’Église recueillait les fruits de la politique de Grégoire VIL Alexandre III était mort, tué peut-être de sa victoire, après son long duel contre Frédéric Barberousse.
D’abord, le Pierrot n’était pas ce personnage pâle comme la lune, mystérieux comme le silence, souple et muet comme le serpent, droit et long comme une potence, cet homme artificiel, mû par des ressorts singuliers, auquel nous avait accoutumés le regrettable Debureau.
Elles sont purement affectives et ce n’est qu’après une longue éducation qu’ils nous donnent de véritables connaissances. […] Et quand même il la projetterait, cette notion de l’espace serait bien rudimentaire, et pour arriver à la notion de l’espace que nous avons aujourd’hui, il faudrait une longue éducation. […] Buffon l’a dit, le génie n’est qu’une longue patience. Il faut comprendre par là une longue imagination, et une longue attention. […] Il leur a fallu, il est vrai, de longs efforts pour s’entendre, mais le temps n’est rien pour nous.
En fait, la représentation théâtrale, qui est l’achèvement de l’œuvre dramatique, est toujours précédée d’une longue période de pure élaboration mentale. […] C’est à un degré à peine atténué ce qui se produit dans la somnolence d’une lourde après-midi d’été, quand sans fermer tout à fait les yeux on s’accorde quelques minutes de rêvasserie ; ou bien en wagon, dans cette sorte d’excitation cérébrale un peu trouble que cause la trépidation du train, dans cette demi-fièvre qui brouille et accélère les associations d’idées, qui fait apparaître et disparaître brusquement les images, « comme si l’on avait secoué la boîte à souvenirs de l’esprit22 » ; ou bien encore au coin du feu, après une longue marche par la pluie et le vent, quand on s’engourdit dans le bien-être de la réaction physique, et que l’afflux du sang au cerveau fait reparaître en demi-hallucination les souvenirs de la journée. […] Parfois de grands varechs filaient en longues branches, Nos pieds glissaient d’un pur et large mouvement. […] Au cours d’un long travail de composition, il ira d’une méthode à l’autre, selon les besoins du moment. […] Et c’était aussi le principe du vers gréco-latin, où deux syllabes brèves pouvaient tenir la place d’une longue, de telle sorte que le vers conservât sa cadence régulière quel que fût le nombre total de syllabes émises. — Je n’ai pas à établir pour quelles raisons le premier système a prévalu dans la prosodie moderne, et s’est définitivement imposé en France, au point de faire disparaître de notre vers toute combinaison rythmique fondée sur la quantité des syllabes.
Durant nos longues luttes avec l’Espagne, les haines nationales avaient ôté aux deux peuples l’envie de se connaître. […] Il disait de tout écrit, de quelque main qu’il vînt : « Cela n’est pas méprisable. » C’est ainsi qu’il parvint à tenir suspendu, pendant de longues années, le ridicule qui, au premier cri de guerre de Boileau, fondit sur lui, dissipant cette gloire poétique formée de complaisance, de crédit, d’attentes prolongées, d’un certain art de se faire désirer et de forcer les gens, par des louanges données à leurs vers inédits, à soutenir ses vers imprimés. […] Une irréflexion du même genre a fait blâmer ce vers qui termine l’excellente description du sonnet : Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème126 .
Ce premier en date de nos journalistes a la phrase un peu longue ; pardonnons à l’enfance de l’art.
Je ne prétends point flatter ici Saint-Martin et je tiens à le montrer tel que je le conçois et qu’il m’apparaît après une longue connaissance plutôt qu’après une étude bien régulière.
Il y avait, dans la première édition des Considérations sur les mœurs, quelques passages assez peu honnêtes qu’elle n’avait pas bien compris : « Ce que j’entends le moins dans ce recueil, disait-elle en lui en renvoyant le manuscrit, c’est ce qui touche mon sexe ; mais pour le reste, je l’ai souvent pensé. » Mme de Créqui, malgré sa longue expérience du monde et son esprit mordant, avait l’âme neuve et par certains endroits assez naïve.
Que pouvons-nous raconter, nous autres, acteurs partiels de ce long drame ?
J’ai vu de sa façon un portrait aquarelle de son vieil ami Old-Nick (Forgues), portrait de tout jeune homme, long, fluet, riant, couché, la tête renversée en arrière, les jambes étendues, dans cette délicieuse position horizontale ou demi-horizontale que l’artiste aime à reproduire, et par laquelle il exprime à ravir le far niente, la flânerie, cette première condition du bonheur : il a voulu, tout à côté, faire du même Old-Nick une charge, et il n’a réussi qu’à faire un portrait moins bien, en triste et en laid.
Le fait est que Jean-Bon sortit de cette rude et longue épreuve non énervé, non détrempé, mais certainement sage, modéré, humain, juste.
» De son côté, Riouffe, qui était présent également, a dit en quelques traits rapides, mais heureusement touchés : « Le jour où elle fut condamnée, elle s’était habillée en blanc et avec soin : ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu’à sa ceinture… Elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme.
Il ne se dit point que l’autorité de Raynal (si autorité il y avait) ne pouvait se séparer du fond des doctrines qu’il avait si ostensiblement soutenues et proclamées ; que son changement d’idées graduel et sincère, remontant à quelques années et connu seulement de quelques amis, ne pouvait que lui nuire en éclatant comme une conversion subite et en s’étalant comme un exemple de plus de la versatilité humaine ; que les hommes célèbres et les personnages publics ne sont pas seulement ce qu’ils sont, mais ce qu’ils paraissent ; que l’auteur de l’Histoire philosophique était le dernier des hommes qui eût le droit de rappeler si solennellement à la modération ceux qu’il avait de longue main excités et échauffés ; que c’était tout au plus ce qu’aurait pu tenter un Mirabeau, se transformant de tribun séditieux en tribun conservateur : et encore aurait-il eu de terribles difficultés personnelles à vaincre : Quis tulerit Gracchos de seditione querentes ?
Parmi les genres qu’il conseille, Du Bellay ne pouvait omettre le « long poème françois ».
On se rappelle, en effet, les scènes délicieuses de cet ouvrage étrange, la pureté virginale d’Ordener, le baiser d’Éthel dans le long corridor ; le reste n’eût été qu’un fond noirci, un repoussoir pour faire ressortir le tableau, une ombre passagère et orageuse de désespoir.
Lorsqu’il y a tout à l’heure dix ans une brusque révolution vint rompre la série d’études et d’idées qui étaient en plein développement, une première et longue anarchie s’ensuivit ; dans cette confusion inévitable, du moins de nouveaux talents se produisirent ; les anciens n’avaient pas péri ; on pouvait espérer dans un ordre renaissant une marche littéraire satisfaisante au cœur et glorieuse.
Telle fut la vieillesse du grand Corneille, une de ces vieillesses ruineuses, sillonnées et chenues, qui tombent pièce à pièce et dont le cœur est long à mourir.
L’art du bonheur dans la dévotion est de se donner une dernière illusion plus longue que la vie, et dont on ne puisse se détromper avant la mort.
Voici maintenant trois vers, où non les rimes seules, mais tous les mots, sont choisis pour la qualité expressive de leur son : Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent ; Les murs en sont émus ; les voûtes en mugissent ; Et l’orgue même en pousse un long gémissement.
La forme du dialogue cornélien est une des parties essentielles de son génie dramatique : ce dialogue tantôt se distribue en longs couplets, d’une rare éloquence, d’un raisonnement puissant et nerveux, et traversés d’éclatantes sentences, tantôt se ramasse en courtes répliques, qui se croisent et s’entre-choquent avec une singulière vivacité.
De 1660 à 1668, Boileau compose neuf satires, sa dissertation sur Joconde, et son Dialogue des héros du roman ; de 1668 à 1677, il écrit neuf épitres, son Art Poétique (1674), sa traduction de Longin, quatre chants du Lutrin (1674), qui ne sera achevé qu’en 1683 ; de 1687 à 1698, des épigrammes contre Perrault, neuf Réflexions sur Long in (1092-1694), trois Epitres, deux Satires ; de 1703 à 1710, des épigrammes contre les Jésuites et la Satire XII (1705).
La métaphysique ne tient pas davantage de place dans son œuvre : l’affirmation de Dieu, la négation de la Providence et du miracle, voilà toute la métaphysique de Voltaire ; ajoutez-y ce fameux dada que de longue date il a emprunté à Locke, que Dieu, tout-puissant, a bien pu attribuer à la matière la faculté de pensée.
Je retrouve ce style poli, souple, bien tenu, presque toujours précis, non pas coloré, mais fleuri, et cette allure qui me fait songer à un cheval de race, long, aux jambes fines, avec de subits frémissements à fleur de peau.
Je recueille, à travers le long récit de M. le duc d’Aumale, les quelques phrases qui concernent Gassion : elles ne lui attribuent qu’un rôle effacé et tout subalterne.
Zucca fait un long monologue que Molière a imité au commencement du cinquième acte du Dépit amoureux.
Ce dernier a le double tort d’être démesurément long et de se donner comme un amendement au Tartufe indirectement critiqué partout où Onuphre diffère de Tartufe.
Voyons, vous avez écrit de longs articles, il a bien fallu pour cela que vous vous serviez de mots.
Dans la première manière (celle qui a eu lieu en effet), les barbares, plus forts que Rome, ont détruit l’édifice romain, puis, durant de longs siècles, ont cherché à rebâtir quelque chose sur le modèle de cet édifice et avec des matériaux romains.
Qu’on relise, dans La Bruyère, la longue liste des mots réprouvés par les précieuses.
Un soir, à la tombée du crépuscule, assis dans le salon déjà sombre, devant le jardin, — comme de rares paroles, entre de longs silences, venaient d’être échangées, sans avoir troublé le recueillement où nous nous plaisions, — je demandai, sans vains préambules, à Wagner, si c’était pour ainsi dire, artificiellement — (à force de science et de puissance intellectuelle, en un mot) — qu’il était parvenu à pénétrer son œuvre, Rienzi, Tannhæuser, Lohengrin, le Vaisseau Fantôme, les Maîtres Chanteurs même — et le Parsifal auquel il songeait déjà — de cette si haute impression de mysticité qui en émanait, — bref, si, en dehors de toute croyance personnelle, il s’était trouvé assez libre-penseur, assez indépendant de conscience, pour n’être chrétien qu’autant que les sujets de ses drames-lyriques le nécessitaient ; s’il regardait, enfin, le Christianisme, du même regard que ces mythes scandinaves dont il avait si magnifiquement fait revivre le symbolisme en ses Niebelungen.
Pierre Champlion, un voyageur de la trempe des Backer et des Livingstone, un Christophe Colomb de trente ans, qui a découvert des mines d’or dans l’intérieur de l’Afrique et qui en revient sain et sauf, après des traversées et des aventures à remplir tout un roman de long cours.
s’écriait-il (et je demande qu’il me soit permis de citer au long ce qui est une des grandes et belles pages de notre éloquence parlementaire sous la Restauration), hé quoi !
Cette fin malheureuse et les circonstances touchantes qui l’accompagnèrent, le long deuil, le mérite et la beauté de sa noble veuve, cette pitié et cette indulgence mutuelle dont chacun avait besoin après tant d’erreurs et tant d’excès, ont pu recouvrir les torts de ses dernières années et faire remonter peu à peu son nom au rang d’où il n’aurait jamais dû le laisser déchoir.
Le grand moment est celui du troisième acte, lorsque Cléopâtre, saisie d’un sentiment de jalousie et de remords à la vue de ce qu’elle croit le bonheur de la chaste Octavie, s’en prend à cette nature de feu qui l’a égarée, et lance son apostrophe au soleil d’Afrique, sa longue invective en l’honneur de la vertu.
Les trois années qu’elle resta depuis à la Cour ne furent pour elle qu’une longue épreuve et un supplice.
Au sortir de là, toute remplie de son objet, elle écrivit une longue lettre à Mme de Motteville, qui lui répondit à son tour.
En vain l’abbé Maury chercha-t-il à se faire interrompre, s’interrompit-il lui-même, se plaignit-il qu’on ne voulait pas l’entendre ; en vain, abandonnant et reprenant le sujet principal de son discours, se perdit-il dans les digressions les plus étrangères, interpella-t-il personnellement Mirabeau et lui jeta-t-il vingt fois le gant de la parole ; au moindre mouvement d’impatience qui s’élevait dans l’Assemblée : « Attendez, monsieur l’abbé, disait Alexandre Lameth avec un sang-froid désespérant, je vous ai promis la parole, je vous la maintiendrai. » Et, se tournant vers les interrupteurs : « Messieurs, écoutez M. l’abbé Maury : il a la parole ; je ne souffrirai pas qu’on l’interrompe. » Ayant ainsi expliqué au long tout ce jeu de scène et de coulisse, Ferrières termine en disant : « Après deux grandes heures de divagations, tantôt éloquentes, tantôt ennuyeuses, l’abbé Maury descendit de la tribune, furieux de ce qu’on ne l’en avait pas chassé, et si hors de lui, qu’il ne songea pas même à prendre de conclusions. » Or, quand on lit dans les Œuvres de l’abbé Maury, ou même dans l’Histoire parlementaire de MM.
La Harpe nous est représenté à dîner chez un riche banquier, un peu avant le dessert ; il est dans cette disposition heureuse de cœur et d’estomac qui porte à l’indulgence : rien de ce qu’il aimait n’avait manqué au repas ; il était réconcilié avec les hommes ; il aurait trouvé de l’esprit à Saint-Ange, du jugement à Mercier, de la décence à Rétif, de la douceur de caractère à Blin de Sainmore ; enfin, il aurait accordé du talent à d’autres qu’à lui, quand tout à coup il se lève de table et disparaît : Après une assez longue absence, la maîtresse de la maison le fait chercher : on ne le trouve point.
Quant à Mlle de Biron, comtesse de Bonneval, elle ne le prit pas si légèrement : il ne lui avait pas fallu un long temps pour s’attacher d’un goût très vif à ce brillant et volage aventurier, pour l’aimer même, bien qu’elle osât à peine se permettre un tel mot.
Je désire, en vérité, de très bon cœur, que votre jouissance soit longue, et que vous puissiez continuer encore trente ans à illustrer votre siècle : car, malgré vos faiblesses, vous resterez toujours un très grand homme… dans vos écrits.
Voici donc un tableau général et en raccourci de l’aspect et du sol des États-Unis à la date où Volney les a visités, en 1797 ; pas un mot n’est à perdre ni à négliger : Telle est, en résumé, dit-il, la physionomie générale du territoire des États-Unis : une forêt continentale presque universelle ; cinq grands lacs au nord ; à l’ouest, de vastes prairies ; dans le centre, une chaîne de montagnes dont les sillons courent parallèlement au rivage de la mer, à une distance de 20 à 50 lieues, versant à l’est et à l’ouest des fleuves d’un cours plus long, d’un lit plus large, d’un volume d’eau plus considérable que dans notre Europe ; la plupart de ces fleuves ayant des cascades ou chutes depuis 20 jusqu’à 140 pieds de hauteur, des embouchures spacieuses comme des golfes ; dans les plages du Sud, des marécages continus pendant plus de 100 lieues ; dans les parties du Nord, des neiges pendant quatre et cinq mois de l’année ; sur une côte de 300 lieues, dix à douze villes toutes construites en briques ou en planches peintes de diverses couleurs, contenant depuis 10 jusqu’à 60 000 âmes ; autour de ces villes, des fermes bâties de troncs d’arbres, environnées de quelques champs de blé, de tabac ou de maïs, couverts encore la plupart de troncs d’arbres debout, brûlés ou écorcés ; ces champs séparés par des barrières de branches d’arbres au lieu de haies ; ces maisons et ces champs encaissés, pour ainsi dire, dans les massifs de la forêt qui les englobe ; diminuant de nombre et d’étendue à mesure qu’ils s’y avancent, et finissant par n’y paraître du haut de quelques sommets que de petits carrés d’échiquier bruns ou jaunâtres, inscrits dans un fond de verdure : ajoutez un ciel capricieux et bourru, un air tour à tour très humide ou très sec, très brumeux ou très serein, très chaud ou très froid, si variable qu’un même jour offrira les frimas de Norvège, le soleil d’Afrique, les quatre saisons de l’année ; et vous aurez le tableau physique et sommaire des États-Unis.
La leçon de ce long et éclatant scandale sera l’avertissement que la Providence s’est plu à donner à l’avenir par la rencontre en un même règne de trois règnes de femmes, et la domination successive de la femme des trois ordres du temps, de la femme de la noblesse : Mme de la Tournelle ; de la femme de la bourgeoisie : Mme de Pompadour ; de la femme du peuple : Mme du Barry.
Philarète Chasles a toujours été la coqueluche de toutes les Philamintes, les Bélises et les Cathos de son temps, un temps déjà long.
Le rêve Conférence faite à l’Institut général Psychologique,le 26 mars 1901 Le sujet que l’Institut psychologique a bien voulu m’inviter à traiter devant vous est si complexe, il soulève tant de problèmes, les uns psychologiques, les autres physiologiques et même métaphysiques, il appellerait de si longs développements — et nous avons si peu de temps — que je vous demande la permission de supprimer tout préambule, d’écarter l’accessoire, de me placer d’emblée au cœur de la question.
« Moins de longues distances, dit Guizot 87, moins d’obscurités mutuelles », et par suite moins d’échanges de mépris et de respect.
… » Comme si, par une association naturelle avec les touchantes beautés de l’Odyssée, il avait eu à cœur de dater d’Ithaque tous les souvenirs les plus chers de la patrie, Gandar écrivait de là aussi à une personne dont le nom ne m’est pas indiqué, qui pourrait bien être celle à laquelle il était déjà fiancé de cœur et qui devint plus tard, et non sans d’assez longues épreuves, la digne et dévouée compagne de sa vie ; ou si ce n’est elle, il s’adressait à elle par une amie commune, et en parlant à l’une, il pensait certainement à l’autre. […] Après avoir tant fait pour arriver au terme, qui ne devait être pour lui qu’un point de départ nouveau, après tant et de si longues années d’apprentissage, au moment où il entrait dans la pleine maîtrise, il tombe.
Et ceci, d’une si belle et courageuse sincérité, et qui me paraît aller loin dans la connaissance de notre misérable cœur : … Évidemment cette lutte doit se terminer par le triomphe du bien ; mais elle est longue et douloureuse en raison du mal qu’on a commis : car on n’a pas fait une faute, si odieuse soit-elle, qu’on ne désire la faire encore, et faire pis. […] Dans cette longue et douloureuse bataille plus quam civilia bella il me semble bien que c’est Veuillot, en principe, qui a raison.
On parlait de mouches étouffées dans l’huile. de crapauds crevés avec de la poudre, de bagatelles, de mécaniques, occupations dont il sortait par des gaietés déplacées ou des exercices physiques de peu de dignité163. » Saint-Simon lui reproche en outre le trop continuel amusement de cire fondue, ce qui s’entend des longues lettres, alors qu’il fallait agir. […] Il le fit participer aux affaires, il l’arracha aux préjugés de son éducation, « pour lui faire voir les hommes, dit Saint-Simon, les lui faire étudier, entretenir, sans se livrer à eux, lui apprendre à parler avec force et à acquérir une autorité douce. » Il lui ôta peu à peu ces vaines délicatesses et ces doutes serviles de lui-même où l’avait élevé Fénelon, et il l’eût rendu digne de réparer les malheurs de sa vieillesse et les fautes de sa trop longue vie.
Car l’étonnant ne reste longtemps tel, qu’à condition de faire beaucoup penser, c’est-à-dire de provoquer une longue suite de réflexions bien enchaînées, aboutissant à une conception générale et plus ou moins synthétique. […] Lorsqu’on s’est ennuyé longtemps à attendre une personne, qu’on la rencontre enfin et qu’elle vous sourit, on oublie d’un seul coup la longue heure passée dans la monotonie de l’attente ; cette heure ne semble plus former dans le passé qu’un point sombre, bientôt effacé lui-même : c’est là un simple exemple de ce qui se passe sans cesse dans la vie.Tout ce qui était gris, terne, décoloré (c’est-à-dire en somme la majeure partie de l’existence) se dissipe, tel qu’un brouillard qui nous cachait les côtés lumineux des choses, et nous voyons surgir seuls les rares instants qui font que la vie vaut la peine d’être vécue.
Pour de la difficulté, si Gœthe, qui ne descend pas les montagnes russes, mais qui les grimpe, en éprouva, il la diminua aisément, ce monsieur Sans-Gêne littéraire, en copiant tout au long des pages entières de Beaumarchais et en les plaquant dans sa pièce, où elles détonnèrent cruellement sur le style déclamatoire et glacé du reste de l’ouvrage. […] Le Wilhelm Meister, bien moins lu, moins célèbre, mais plus long.
Plus tard, après un long séjour dans la ville, j’y circulerai machinalement, sans avoir la perception distincte des objets devant lesquels je passe. […] On se représente volontiers la perception attentive comme une série de processus qui chemineraient le long d’un fil unique, l’objet excitant des sensations, les sensations faisant surgir devant elles des idées, chaque idée ébranlant de proche en proche des points plus reculés de la masse intellectuelle.
C’est son apparition à un moment précis qui nous fait assister rétrospectivement à sa préparation, comme le volcan qui surgit tout d’un coup éclaire dans le passé une longue série de tremblements de terre 17. […] Elle eût constaté que si, pour simplifier le travail et aussi pour faciliter la coopération, on commence par réduire les choses à un petit nombre de catégories ou d’idées traduisibles en mots, chacune de ces idées représente une propriété ou un état stable cueilli le long d’un devenir : le réel est mouvant, ou plutôt mouvement, et nous ne percevons que des continuités de changement ; mais pour agir sur le réel, et en particulier pour mener à bien le travail de fabrication qui est l’objet propre de l’intelligence humaine, nous devons fixer par la pensée des stations, de même que nous attendons quelques instants de ralentissement ou d’arrêt relatif pour tirer sur un but mobile.
Aussi le long silence de Valéry, dont lui-même a fait d’avance la théorie dans la Soirée avec M. […] Le titre de Fragment indique que Valéry a rêvé un long poème de Narcisse qui ferait pendant à la Jeune Parque, un monologue métaphysique, et non seulement un monologue, mais une « monologie » je veux dire le poème du Seul, comme Stirner a écrit le livre de l’Unique. […] Une esclave aux longs yeux chargés de molles chaînes Change l’eau de mes fleurs, plongeaux glaces prochaines, Au lit mystérieux prodigue ses doigts purs ; Elle met une femme au milieu de ces murs Qui dans ma rêverie errant avec décence, Passe entre mes regards sans briser leur absence, Comme passe le verre au travers du soleil, Et de la raison pure épargne l’appareil.
Pendant une longue carrière, il est aussi constant dans ses croyances que dans ses mœurs et ses amitiés ; il ne nous laisse pas plus de changements à expliquer que de taches à couvrir. […] Sa tête semblait toujours éclairée par un sourire intérieur ; il n’y eut jamais rien en lui de cette morosité que produit souvent une longue expérience de la vie. […] Combien de génies n’ont eu que peu d’années, peu de jours dans une longue existence ! […] Peu curieux des pays inconnus, trouvant la nature assez belle partout où je rencontre le soleil, un grand arbre et la solitude, j’ai peu fait de longs voyages et j’en lis encore moins. […] L’épode était ou plus longue ou plus courte que la strophe, rarement elle lui était égale ; elle se composait de vers d’un rythme différent et ne se chantait pas sur le même air.
Marais le dit encore en un autre endroit assez agréablement ; c’est dans une lettre au président Bouhier (10 novembre 1725) : « Je vous renverrai incessamment la longue et éternelle lettre de l’abbé Le Clerc ; non est in tanto corpore mica salis (pas un grain de sel dans un si grand corps).
… J’écris une longue épître à l’Empereur pour lui expliquer tous les motifs de ma démarche… Je n’ai pas besoin de vous dire où je vais ; le souverain généreux qui m’a donné asile en 1 810 doit disposer dès aujourd’hui de la dernière goutte de mon sang.
Il parle souvent de ce dernier passage, tout en étant d’avis qu’il faut le couler le plus insensiblement qu’il se peut : « Si je fais un long discours sur la mort, après avoir dit que la méditation en était fâcheuse, c’est qu’il est comme impossible de ne faire pas quelque réflexion sur une chose si naturelle ; il y aurait même de la mollesse à n’oser jamais y penser… — Du reste, il faut aller insensiblement où tant d’honnêtes gens sont allés devant nous, et où nous serons suivis de tant d’autres. » Il professe la théorie du divertissement, ou du moins il ne semble en rien en blâmer l’usage : « Pour vivre heureux, il faut faire peu de réflexion sur la vie, mais sortir souvent comme hors de soi ; et, parmi les plaisirs que fournissent les choses étrangères, se dérober la connaissance de ses propres maux. » Il se plaint par moments du trop ou du trop peu de l’homme, ou plutôt il s’en étonne comme d’une bizarrerie, mais sans en gémir avec la tendresse et l’anxiété qu’y mettra l’auteur des Pensées.
Ce n’eût été, à simple vue, qu’un cri universel de réprobation, un long sifflet, si on l’avait osé : « Mais, quoi !
Au point de vue élevé où il se plaçait, et dans le regard sommaire sous lequel il embrassait et resserrait une longue suite d’événements, il arrivait à y saisir les points fixes, les nœuds essentiels, les lois, et déjà il laissait échapper de ces mots, de ces maximes, chez lui familières et fondamentales, qui exprimaient ce qu’on a pu appeler son système.
Je ne sais, mais vous me mettez en goût d’interdiction, messieurs de la Commission : eh bien, je vais vous signaler une lacune ; votre liste, si longue qu’elle soit, est incomplète : messieurs, il y manque Molière, il y manque Tartuffe.
Après avoir préparé son âme à attendre avec calme ce grand et terrible événement, ses inquiétudes se portèrent sur le bonheur des personnes de sa famille qu’il laissait après lui ; il désirait leur communiquer d’une manière solennelle le résultat de l’expérience d’une vie longue et toujours active.
Mais je m’aperçois que même en passant sous silence beaucoup d’autres et de belles choses, je suis plus long dans mon récit que je ne voulais en le commençant.
Veut-il peindre un docteur, il nous montre l’homme « qui a un long manteau de soie ou de drap de Hollande, une ceinture large et placée haut sur l’estomac, le soulier de maroquin, la calotte de même, d’un beau grain, un collet bien fait et bien empesé, les cheveux arrangés et le teint vermeil » : ce costume, c’est le « caractère » ; un peintre qui ferait un portrait n’exprimerait pas autrement le moral.
Ainsi le baron de Saverny arrête une intrigue violente pour faire une longue leçon à Charles VII.
L’histoire, c’est la lutte des mendiants sublimes et des vieillards décoratifs, à longues barbes, contre les rois atroces et les prêtres hideux.
mais il semble que ma pièce d’artifice, allumée par une concession ici inutile, a fait long feu.
Ce n’est pas lire l’Esprit des lois que de s’y donner, dans une rapide lecture, le spectacle le plus éblouissant qu’un écrivain ait produit avec des faits et des idées ; il faut pénétrer, par la réflexion, dans ces maximes qui résument en si peu de mots de longs raisonnements et des méditations assidues.
Je n’empêche pas qu’un autre n’analyse longuement les dépêches et qu’il n’entrecoupe le récit par des extraits ; — mais alors il fait une histoire diplomatique ; — qu’il ne s’étende sur les dissensions intérieures de la Hollande et sur la fin tragique des De Witt ; mais c’est entreprendre sur l’histoire de la Hollande ; — qu’il ne raconte au long les combats qui en si peu de jours mettent la Hollande aux abois, et la forcent à se noyer pour se sauver ; — mais ce sont là des mémoires militaires.
En perdant la mélancolie de René, il perdrait cette paix qui s’y mêle à la fin, et ce repos au terme de la lutte, plus doux que celui du vieux soldat qui se délasse des fatigues des longues guerres au foyer du pays natal.
. — Il devrait encore étudier à fond l’action de la littérature sur les mœurs, étude à la fois longue et délicate, dans laquelle on ne saurait trop se mettre en garde contre les affirmations erronées ou hasardées.
Le reproche de partialité s’est également étendu sur les Auteurs que nous avons loués ; mais nous y avons répondu assez au long dans l’Avertissement de la seconde édition.
il ne montrera point sur la fin de ses jours un front sillonné par les longs travaux, les graves pensées, et souvent par ces mâles douleurs qui ajoutent à la grandeur de l’homme !
Sa conduite au 9 Thermidor, au moment de la chute et du supplice, répondit à cette prévision funèbre qu’il avait eue de longue main.
À posséder les résultats du labeur accompli au cours d’une longue civilisation par le génie de ses meilleurs représentants, quelques-uns des plus médiocres parmi les derniers venus prennent le change sur leur propre valeur ; ils se gonflent, comme d’un mérite individuel, des conquêtes intellectuelles dues à l’élite de l’espèce et dont ils bénéficient en vertu d’un privilège commun à toute l’Humanité.
Les organes fatigués par une longue journée de sueurs sont plus aptes à convier l’esprit au sommeil qu’à le suivre dans ses méditations.
Mais comment, à si longue distance, susciter en nous l’image de cette poésie sublime, extraordinaire, transmise dans de faibles versions, demeurée pour nous plus insolite qu’admirée, et aujourd’hui délaissée de cette flamme, de cette vie croyante qui donnait tant de force à ces chants, dans leur origine inspirée, et lorsqu’ils étaient répétés par la première ferveur du culte évangélique les divinisant de nouveau ?
En général on s’en tire par une définition indirecte qui consiste à dire qu’un classique est un auteur devenu scolaire ou destiné à le devenir ; mais cette désignation, pour être appliquée, demande l’épreuve du temps, et l’on ne peut savoir si un auteur est un classique que par le long usage fait de lui après sa mort. — Je ne risquerai pas une définition ; mais je dirai quels sont, selon moi, les principaux caractères de l’auteur classique. […] Ce sont ceux qui ont poussé très loin, avant les autres, l’œuvre de la civilisation ; ce sont ceux qui ont versé sur le monde une grande lumière à travers une longue succession de siècles. […] Il a devant lui une longue carrière encore, qu’il consacrera jusqu’au bout, nous en sommes sûrs, au service des bonnes lettres, en donnant toute leur extension, tout leur développement et toute leur portée en différents sens, aux cinq ou six grandes idées générales qu’il a ou réintroduites ou introduites pour la première fois dans ce que l’on pourrait appeler le domaine de la science littéraire, domaine qui est essentiellement le sien. […] Et la discussion, notez-le, entraînant souvent de longues recherches passionnées, le travail, qui ne perd jamais ses droits sur des hommes intelligents, rentrait par cette porte-là, et au bout des trois années sacrées, si l’on n’avait pas violemment préparé ses examens, si l’on n’avait pas travaillé très méthodiquement, la somme du labeur était cependant considérable. […] Ribot s’est appliqué de longues heures, et qui consiste à demander à quelqu’un quelle image, instantanément, évoque eu lui tel mot pris au hasard : chien, sculpture, infini ; et si vous abordez un ami dans la rue en lui demandant : « Abstraction ; que voyez-vous ?
Saint-Simon dira plus tard de tout le règne de Louis XIV : « Ce long règne de vile bourgeoisie ». […] De même l’avocat fait de longs compliments à Sganarelle, mais encore l’auteur n’en écrit que la moitié et ajoute un « etc. » pour indiquer à l’acteur qu’il peut poursuivre en improvisant. […] Pourquoi cette longue scène de dépit amoureux inutile à l’action et même où Mariane montre un peu un caractère qui n’est pas le sien et où, encore, la puérilité des deux amoureux pourrait ôter de l’intérêt qu’on a pour eux et par conséquent de l’intérêt général de l’ouvrage, et qui encore détonne dans l’ouvrage, Tartuffe étant très nettement une comédie réaliste et la scène du dépit amoureux ressortissant à la fantaisie de la comédie italienne ? […] Les Fourberies de Scapin Les Fourberies de Scapin sont une farce on peu longue et qui n’est pas intéressante jusqu’à la fin, mais qui contient les scènes les plus puissamment bouffonnes, les plus marquées d’une verve gigantesque que Molière ait trouvées dans son imagination comique. […] Une Célimène s’en tirerait avec aisance ; Elmire s’en tire approximativement, très difficultueusement et avec des mouvements tournants qui sont longs et gauches : « Je vous ai refusé, mais avec regret, avec un regret qui s’est marqué à ce que j’ai supplié Damis de ne rien dire.
Il en est resté un témoignage piquant : c’est ce mot de Vardes, un des seigneurs les plus à la mode au commencement du règne, qui disait, en revenant d’un long exil : « Sire, quand on est loin de Votre Majesté, on n’est pas seulement malheureux, on devient encore ridicule. » Le portrait que font de son caractère les mêmes témoins n’est guère moins beau : « Dieu, dit l’un d’eux, lui avait donné toute l’élévation nécessaire à un grand roi205. » Un autre loue en lui la parfaite égalité d’humeur ; un cœur ouvert, sincère, et dont on croyait voir le fond ; un esprit de droiture et d’équité jusqu’à prononcer contre soi-même206. […] Ainsi, d’une part, point d’esprit de société à cause de l’état de guerre, qui rendait toutes les situations précaires et isolait toutes les classes ; de l’autre, une grave altération du caractère national, fruit de la longue intervention de l’Espagne dans nos affaires, tel est le double trait qui caractérise la société française pendant la minorité de Louis XIV.
Et ainsi tout le long. […] La princesse s’anime, fulmine, devient rouge… Hébert continue à donner, du bout de ses longs et fins pinceaux, des caresses, au visage furieux de la princesse.
Et, dans un autre endroit : Nous n’ignorons pas ce que demande de longs et pénibles travaux l’ordre de choses dont nous voudrions la restauration, et plus d’un pensera peut-être que nous donnons trop à l’espérance… Mais nous supplions les princes et les gouvernants, au nom de leur clairvoyance politique et de leur sollicitude pour les intérêts de leurs peuples, de vouloir équitablement apprécier nos desseins et les seconder de leur autorité… Le siècle dernier laissa l’Europe fatiguée de ses désastres, tremblante encore des convulsions qui l’avaient agitée. […] » Ceux qui m’ont répondu par une longue énumération des progrès de la science ne m’ont donc rien appris que je n’eusse moi-même eu soin de dire ; ils n’ont donc fait qu’essayer de donner le change à leurs lecteurs ; et s’ils ne l’ont pas pris eux-mêmes, je demande quelle est cette manière de discuter ?
Dumas. » C’est que je connaissais de longue date M. […] Buloz de longue main ; en effet, la connaissance date de 1829.
Mais, de cette multiplicité de sens que lui ont donnée tour à tour les Hugo et les Dumas, les Vigny et les Musset, les Sainte-Beuve et les George Sand, — pour ne rien dire des moindres, — et de cette diversité de traits qui le caractérise, si nous essayons d’en dégager, d’en isoler, et d’en préciser un, dans la dépendance duquel se rangent aisément tous les autres, il semble bien qu’il ne puisse y avoir de longue hésitation ; et le romantisme, c’est avant tout, en littérature et en art, le triomphe de l’individualisme, ou l’émancipation entière et absolue du Moi. […] Le Rouge et le Noir, et sa Vie de Napoléon]. — Son long séjour à Milan, 1814-1817 et 1817-1821 [Cf. […] Ernest Daudet, La Police et les Chouans sous l’Empire] ; — si les soudards de la Restauration se montrent quelque part à nous, c’est dans un Un ménage de garçon ; — et pour voir revivre à nos yeux les bourgeois censitaires du temps de Louis-Philippe, nous n’avons qu’à rouvrir César Birotteau ou La Cousine Bette. — Il convient d’ajouter que les moyens dont il a usé, sont encore ceux de Walter Scott ; — « états des lieux », inventaires, descriptions précises, minutieuses et pittoresques des mobiliers et des costumes ; — « localisation » des mœurs provinciales et des milieux parisiens ; — « généalogie », physiologie, psychologie détaillée de ses moindres personnages ; — « rattachement », par brèves indications, de leur histoire particulière à l’histoire générale de leur temps ; — et généralement tout ce qui manque, à cet égard, — dans Volupté ; dans Valentine ou dans Indiana ; — dans Adolphe. — C’est le premier mérite de Balzac, et déjà un mérite unique. — Il a été non seulement le « peintre », mais « l’historien » des mœurs de son temps ; — dont il a non seulement saisi la physionomie, — mais fixé la succession ou le mouvement même. — Et, tandis que Walter Scott a besoin, pour nous donner la sensation de la diversité des temps, — d’en être lui-même séparé par d’assez longs intervalles, — Balzac nous a rendu les traits distinctifs des trois ou quatre générations d’hommes que l’on peut fréquenter dans le cours d’une seule vie. […] Le Poète ; — et son rôle dans la révolution romantique. — Il a trouvé le moyen, en rattachant le romantisme à la Pléiade et à André Chénier, — de donner aux novateurs toute une longue lignée d’ancêtres ; — moins illustres, mais plus « anciens », que ceux dont se réclamaient les pseudo-classiques. — Ayant reconnu dans Ronsard [Cf. ci-dessus l’article Ronsard], — le plus grand inventeur et le plus habile ouvrier de rythmes qu’il y ait eu dans la langue française, — il a enseigné aux « romantiques » en général, — et à Victor Hugo, particulièrement, — le pouvoir ou la vertu de la forme [Cf. la pièce célèbre : Rime, qui donnes leurs sons Aux chansons… — ou encore, dans les Pensées d’août, l’Épître à Villemain]. — Plus tard, dans ses Confessions de Joseph Delorme, 1829 ; — et dans ses Consolations, 1831, — il a poussé le lyrisme, — en tant qu’expression du moi du poète, — jusqu’à la limite où cette hypertrophie de la personnalité devient positivement « morbide » ; — et, à cet égard, c’est de lui que procédera en partie Baudelaire. — Et enfin, dans les Pensées d’août, 1837, — et comme convaincu que le lyrisme ainsi conçu ne saurait avoir qu’un temps, — n’ayant plus rien lui-même d’intéressant à dire en vers, — il a fait des vers qui ne sont que d’assez mauvaise prose ; — mais qui n’ont pas moins acclimaté dans la poésie française contemporaine le goût de l’insignifiant ; — et la sympathie pour la médiocrité. […] 2º L’Artiste. — Longue injustice de la critique à l’égard de Théophile Gautier ; — et sur quoi fondée : — l’étendue et la diversité de son œuvre ; — son air de négligence ou d’improvisation ; — et le scrupule avec lequel il s’est renfermé dans son « métier » de poète et de conteur. — Indignation pédantesque d’Edmond Scherer à cette occasion ; — et reproche qu’il fait à Gautier de « n’avoir pas eu d’idées ». — Qu’en effet Gautier n’a pas eu d’idées politiques ou théologiques ; — mais il en a eu sur son art, ou sur l’art en général ; — de très précises, de très fécondes ; — dont il a donné de très heureuses formules [Cf. ses Notices sur Balzac, sur Baudelaire, son Rapport sur la poésie, etc.]. — Et c’est pourquoi son rôle, dont l’importance pouvait échapper aux yeux il y a trente ou quarante ans, — est devenu considérable, — à mesure que l’on discernait mieux les rapports et les éléments communs ou contradictoires du romantisme et du naturalisme.
Cette longue analyse était nécessaire pour montrer qu’une réalité qui se suffit à elle-même n’est pas nécessairement une réalité étrangère à la durée. […] Nous prenons des vues quasi instantanées sur la réalité qui passe, et, comme elles sont caractéristiques de cette réalité, il nous suffit de les enfiler le long d’un devenir abstrait, uniforme, invisible, situé au fond de l’appareil de la connaissance, pour imiter ce qu’il y a de caractéristique dans ce devenir lui-même. […] C’est ou un bond indivisible (qui peut d’ailleurs occuper une très longue durée) ou une série de bonds indivisibles.
Du Bellay, dans un sonnet final, demande à ses vers s’ils osent bien espérer l’immortalité et si « l’œuvre d’une lyre » peut prétendre à espérer plus de durée que tant de monuments de porphyre et de marbre qui semblaient devoir être éternels. « Ne laisse pas toutefois de sonner, dit-il à son Luth, car si foible que tu sois, tu peux du moins te vanter d’avoir été le premier des François à chanter « L’antique honneur du peuple à longue robe. » Du Bellay a raison.
Capoulié du Félibrige Bernard, Valère (1860-1936) Il m’est difficile de répondre à votre première question, ne m’occupant exclusivement que de littérature provençale, et étant arrivé à la conviction absolue — par de longues observations — que ce que vous appelez l’esprit français, dans le sens particulier que vous paraissez donner à ce terme, n’existe nulle part en France, hors de Paris, sauf dans des milieux littéraires — et, partant, artificiels.
La France n’a pas eu à faire un long examen.
Depuis le départ de Bouchet, les jours et les nuits ont paru longs aux hôtes de Légugé.
Une langue ancienne et souvent inconnue, une paléographie à part, une archéologie et une histoire péniblement déchiffrées, voilà certes plus qu’il n’en faut pour absorber tous les efforts de l’investigateur le plus patient, si d’humbles artisans n’ont consacré de longs travaux à extraire de la carrière et présenter réunis à son appréciation les matériaux avec lesquels il doit reconstruire l’édifice du passé 71.
Si parfois j’ai pu désirer d’être sénateur, c’est que j’imagine que, sans tarder peut-être, ce mandat fournira de belles occasions de se faire assommer, fusiller, des formes de trépas, enfin, bien préférables à une longue maladie qui vous tue lentement et par démolitions successives.
évidemment non ; il n’y faut point chercher des éclaircissements sur les points obscurs, sur les passages controversés ; mais dans ce long voyage de Thalès à Comte, l’auteur a payé de sa personne, et il y a assez de doctrine émise pour contenter les uns, pour mécontenter les autres, et pour faire réfléchir tout le monde.