Un écrivain n’est pas devenu un savant pour s’être barbouillé de quelques livres de médecine qu’il a compris par à peu près et dont il a retenu quelques termes baroques qu’il place ensuite, au hasard le plus souvent. […] Ils signalent à leur vertueuse indignation ces portraits comme autant d’exactes photographies ; ils leur demandent ce qu’il faut penser d’une société qui inspire de tels livres et de celle qui les admire. […] Nos romans modernes forment ainsi comme une rallonge au livre de M. […] Ce n’est pas au peuple que s’adressent les livres où il est en scène. […] Quand il aura péri sous ses propres excès et n’appartiendra plus qu’à l’histoire, les critiques feront alors du récit de sa grandeur et de sa décadence un curieux chapitre des livres que lira le xxe siècle.
Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).] […] [La Vie et les Livres (1897).]
. — Le Livre des Odes (1897). — La Noblesse de la Terre, théâtre (1899). — Monsieur Bonnet, théâtre (1900). […] Depuis, il s’était tu, et de nouveau chantant le Livre des Odes, il est resté assez fidèle à l’esthétique que préconisèrent ces deux écrivains et qui était la sienne dès lors… En vingt poèmes, M.
Cet écrivain s’est révélé maître de sa forme dans son livre de début : Le Lis. […] On s’imaginerait volontiers, après avoir fermé son livre, se réveiller d’un beau rêve qu’on aurait fait, au crépuscule, au bord d’une source pure où, tout le temps aurait murmuré dans les roseaux une nymphe au doux langage.
Ainsi je ne sçaurois esperer d’être approuvé, si je ne parviens point à faire reconnoître au lecteur dans mon livre ce qui se passe en lui-même, en un mot les mouvemens les plus intimes de son coeur. […] Un livre qui, pour ainsi dire, déploïeroit le coeur humain dans l’instant où il est attendri par un poëme, ou touché par un tableau, donneroit des vûës très-étenduës et des lumieres justes à nos artisans sur l’effet general de leurs ouvrages qu’il semble que la plûpart d’entre eux aïent tant de peine à prévoir.
Qu’on nous permette de risquer un mot sur un livre qui n’est aussi qu’un mot, mais bien dit ! […] Mais aussi pourquoi étrangler sa pensée dans un pareil nœud coulant quand on a assez de talent pour avoir besoin d’indépendance, quand on est fait pour nous donner un livre étoffé et corsé au lieu des maigreurs d’un Mémoire, — fût-il même couronné par l’Académie ?
La Gloire prit dans ce dessein un morceau de marbre, l’Amour des tablettes de cire, et l’Amitié un livre blanc. […] Nous arrivons au dernier écrit de Mme de Rémusat, à son livre sur l’Éducation des Femmes, publié par son fils. […] Je n’aborderai pas le détail d’un livre que chacun peut apprécier. […] Il n’y avait au désaveu de M. de Chateaubriand qu’une petite réponse à faire et que je fis à peine, c’est que le fragment était écrit et signé de sa main sur le livre où je l’avais copié. […] On l’a dit, l’inconvénient des livres de Pensées, quand elles ne sont pas communes, est qu’elles paraissent souvent prétentieuses ; les mêmes choses dites ne l’étaient pas.
Au reste, s’il lisait déjà beaucoup et toutes sortes de livres, il ne se croyait pas encore voué à un rôle de critique ; il eut là de premiers printemps qui sentaient plutôt la poésie, et j’ai sous les yeux une suite de lettres écrites par lui dans l’intimité durant les années 1832-1836, c’est-à-dire depuis l’âge de seize ans jusqu’à celui de vingt, dans lesquelles les rêveries aimables et les vers tiennent la plus grande place. […] Vers le même moment, Charles Labitte concevait, seul, un autre projet plus riant et qui eût été pour lui comme le délassement de l’autre, un livre sur le règne de Louis XIII et où devaient figurer Voiture, Balzac, Chapelain, l’hôtel Rambouillet, etc. ; une grande partie des matériaux amassés ont paru depuis en articles dans la Revue de Paris et ailleurs. […] Charles Labitte, qui était un esprit resté naturel parmi les jeunes (qualité des plus rares aujourd’hui), dans le livre utile où il apporte toutes sortes de preuves nouvelles en aide à la saine tradition, fait justice de ces travers en sens opposé. […] Lettre XI du livre V. […] Lettre XXIII du livre VIII.
Il faut des livres à votre fils. […] On dit mon livre, ainsi dites ton livre, son livre, leur livre. […] Livres choisis. […] On dit aussi, dans les citations, livre premier, chapitre second ; hors de là, on dit le premier livre, le second livre. […] Livre XII. épît. xjv.
« M. de La Fontaine, dit l’abbé Poujet, son confesseur, ne pouvait s’imaginer que le livre de ses _Contes_ fût un ouvrage si pernicieux. Il protestait que ce livre n’avait jamais fait sur lui, en l’écrivant, de mauvaises impressions, et il ne comprenait pas qu’il pût être si fort nuisible aux personnes qui le lisaient. » Je le crois ; il l’avait fait trop naturellement pour y voir du mal. […] Car d’abord il est universel comme Homère : hommes, dieux, animaux, paysages, la nature éternelle et la société du temps, tout est dans son petit livre. […] Platon, à ce qu’on rapporte, ayant appris que le grand roi voulait connaître les Athéniens, fut d’avis qu’on lui envoyât les comédies d’Aristophane ; si le grand roi voulait nous connaître, ce sont les livres de La Fontaine qu’il faudrait lui porter.
Le livre de M. […] Dans son livre sur L’habitude et l’intelligence 287, il admet « la loi d’association comme loi dernière, mais pour la psychologie seulement. […] Nous ne dirons rien non plus des critiques que notre Ecole a soulevées dans son propre pays288, car ceci est un livre d’exposition, non de critique. […] Sur ce point, voir son livre Mind and Brain, 1re édit. 1860.
On voit dans ce livre l’école démocratique s’affranchir peu à peu du joug de Rousseau et du Contrat social, s’attaquer aux républiques anciennes, comme à des sociétés barbares, contraires à la nature, et combattre ces restaurations de l’antique qui avaient été à la fois si ridicules et si funestes pendant la Révolution. […] Daunou. qui était de la même école, se montre dans son livre des Garanties individuelles (livre curieux, trop peu connu) assez indifférent sur les formes de gouvernement, et semble même assez peu favorable à l’esprit d’empiétement des assemblées. […] Il serait impossible de surprendre une vue politique de quelque nouveauté et de quelque importance dans les Paroles d’un croyant, dans le Livre du peuple, dans l’Esclavage moderne, dans le Passé et l’avenir du peuple.
C’est ce grand et mystérieux Inconnu de la Papauté qu’il a voulu nous faire connaître, en écrivant l’histoire de son passé pour en inférer l’avenir de son règne… Léon XIII, ce lion de Juda, — comme il s’est nommé lui-même dans une circonstance que Teste a racontée dans son livre, — Léon XIII, ce lion de Juda, qui ne rugit pas, mais qui attend l’heure de son rugissement, est d’une date trop récente pour avoir donné sa mesure, mais s’il est de taille avec les besoins de son siècle, il sera bien grand ! […] … C’est peut-être le dernier combat que livrera l’Église pour la gloire du monde qu’elle a créé ou pour sa fin… Teste, qui est chrétien, et qui cherche à se faire avec des souvenirs une espérance, invoque l’Histoire à toute page de son livre, et rappelle les nombreuses et effroyables épreuves dont la Papauté est toujours sortie victorieuse. […] Dans ce livre sur Léon XIII, Teste a fait de l’Europe, en proie à cette fièvre de liberté qui est la furie du siècle et qui pourrait bien en être la calamité, un tableau lamentable et tout à la fois effrayant d’exactitude, et, quand on le lit, on se dit que ce suicide des gouvernements, qui mettent plus de temps à se tuer que les hommes, est déjà commencé. […] … Le livre de Teste nous apporte sur l’Italie des détails affreux, À Rimini, dit-il, on a fêté l’anniversaire de la Commune.
Toutes les Odelettes de Théodore de Banville ont cette légèreté, ce linéament d’arabesque à peine appuyé, cette grâce de bulle de savon dans le vent, cette transparence de dentelle qui recouvre… absolument rien, et la petitesse du volume, précédé pourtant d’une dédicace solennelle à Sainte-Beuve, montre assez que le livre en question est chose grave et probante, non pas seulement dans l’amour-propre, mais dans les idées de l’auteur. […] En effet, quand le livre finissait, il était en progrès, Banville ! […] Les Œuvres complètes qu’il offre à la postérité avec une coquetterie sans courage, — car, de toutes ces pièces, il pouvait en oublier quelques-unes, et le livre y aurait gagné ; les Œuvres complètes ne changent rien à l’opinion exprimée par nous sur les Odelettes, ici retrouvées, et les Odes funambulesques, qu’on n’y retrouve pas. […] à moitié vides ou tout à fait vides, comme l’autre harmonica, ne peuvent pas constituer cette chose émue et puissante, intimement puissante, qui s’appelle un livre de poésie pour les esprits mâles et bien faits, même quand toutes les pièces du recueil ressembleraient à celle que nous venons de signaler, quand toutes seraient d’un timbre aussi mélodieux et aussi pur !
Cette critique cherche ce que l’on doit croire sur les fondateurs, ou auteurs des nations, lesquels doivent précéder de plus de mille ans les auteurs de livres, qui est l’objet de la critique philologique. […] De quelque état de barbarie et de férocité que partent les hommes pour se civiliser par l’influence des religions, les sociétés commencent, se développent et finissent d’après des lois que nous examinerons dans ce second livre, et que nous retrouverons au livre IV où nous suivons la marche des sociétés, et au livre V où nous observons le retour des choses humaines.
Son livre est l’écho de son cœur et l’écho de son temps. […] Quel plaisir de savoir pourquoi le poète s’est courroucé contre Glycère, ou s’est réconcilié avec Lydie, ou s’est attendri sur Virgile, ou s’est rapproché d’Auguste, ou s’est fondu en larmes sur la maladie de Mécène, et quel intérêt double s’attacherait ainsi à un livre dont chaque phrase de l’éditeur expliquerait un vers du poète ! […] (Ode iii du IIIe livre.) […] … Quand l’hiver fera étinceler sa neige sur les hauteurs d’Albano, alors ton poète descendra vers la mer, et, renfermé avec ses livres, il se donnera les aises de la vie ; toi, ô mon ami tutélaire ! […] Ces vers sont adressés, par badinage, à son recueil de vers lyriques : « Quand un tiède soleil d’été vous fera lire à loisir, devant un cercle nombreux d’auditeurs, vous direz, ô mon livre !
, quelques pages incomparables et immortelles, un livre intitulé le Lépreux de la cité d’Aoste. Nous disons livre pour ne pas dire cri ou gémissement. C’est le livre dont nous allons vous entretenir aujourd’hui. […] Et comme je retirai la croix du livre, j’y trouvai un écrit cacheté, que ma bonne sœur y avait laissé pour moi. […] criâmes-nous tous les deux ; heureux le jour où nous pourrons lire pour seul livre : la nature !
Car et plus encore dans son roman Amis que dans son livre de vers Âme nue, il avoue un retour, ce matérialiste, vers l’usage classique et spirituel de la pensée. […] Charles Le Goffic Il débuta, sous l’anonyme, en 1883, par un livre de vers intitulé : La Légende des sexes, poème hystérique par le sire de Chamblay… C’est de la littérature sotadique, mais de la littérature pourtant.
. — Le Livre de la Naissance, de la Vie et de la Mort de la Bienheureuse Vierge Marie (1896). — Les Perses, tragédie, traduite d’Eschyle (1896). — La Cloche engloutie, de Gérard Hauptmann, traduction en français (1897). — Images tendres et merveilleuses (1897). — Sâvitri, comédie héroïque en deux actes et en vers (1899). — Au hasard des chemins (1900). […] [Le Livre des masques, 1re série (1896).]
Il a traduit aussi en vers le quatrieme Livre de l’Enéide, & certains morceaux de cette Traduction ne seroient point indignes de son frere, comme on peut en juger par ceux-ci. […] Le morceau où Didon, abandonnée par Enée, se livre à son désespoir, est d’une précision & d’une vivacité qui égale presque celle de l’original.
Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente ; car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d’exemples qu’on a sous les yeux, la multitude de livres qui traitent de l’homme et de ses sentiments, rendent habile sans expérience. […] Ici se trouvait l’épisode de René, formant le quatrième livre de la seconde partie du Génie du Christianisme.
Il persuada facilement au marquis de Cumiana, son beau-frère, et à sa sœur, attachés par des emplois à la cour, qu’il voulait leur donner tous ses biens en perdant la moitié au moins, en échange d’une rente viagère d’environ trente ou quarante mille livres à condition qu’il irait librement voyager et résider par tout l’univers. […] Bien que j’eusse là mes chevaux pour me distraire, comme je n’avais, en fait de livres, que mon petit Horace et mon Pétrarque de poche, je m’ennuyai beaucoup à Sarzana. […] L’hiver arriva, et, me trouvant alors à Turin, un jour que je passais mes livres en revue, j’ouvris par hasard un volume du théâtre de Voltaire, où le premier mot qui s’offrit à moi ce fut : Oreste, tragédie. Je fermai aussitôt le livre, dépité de me connaître un tel rival parmi les modernes. […] « Tel était l’homme que le duc d’Aiguillon faisait venir à Paris l’année suivante, en 1771, et à qui il offrait, au nom de la France, une pension de deux cent quarante mille livres, s’il consentait à épouser sans délai la jeune princesse de Stolberg.
Que de fois les beaux coursiers, dans la tristesse et l’abattement de mon cœur, ont osé combattre, ont osé vaincre les livres et les vers ! […] La comtesse abandonna la plus grande partie de son douaire, et la cour de France, pour faciliter cet arrangement, lui assura une rente annuelle de soixante mille livres. […] Ainsi, de ce côté, il s’en fallait peu que je n’eusse à ma disposition tous les livres qui pouvaient m’être nécessaires ou utiles dans l’étroite sphère de mes études. […] Ne nous trouvant pas, ils avaient confisqué nos chevaux, nos livres et le reste, mis le séquestre sur nos revenus, et ajouté nos noms à la liste des émigrés. […] À peine arrivé, il écrit, protégé par les Alpes et les Apennins, une lettre au président de la populace française pour revendiquer ses meubles et ses livres.
Alors, pourquoi vous attacher seulement au culte des livres d’hier ? […] D’abord tous les livres connus comme tels au baccalauréat. […] J’ai sur cette question des grands livres du dernier siècle un petit travail que je publierai quelque jour. […] C’est un esprit charmant, brillant, et dans ses livres il a le génie même de la conversation, nourri des plus riches études. […] Dans un excellent livre de critique (Les Idées en marche, p. 86), M.
Puis sa figure se repenche sur son livre de messe. […] — Voici un livre que vous devriez faire ! […] Beaucoup de bibliophiles aiment les livres, dans de médiocres reliures. […] J’aime les livres dont la reliure coûte très cher. […] Il n’y a ni livre, ni quoi que ce soit au monde, qui ait pu me tenir lieu et place de la femme… Comment exprimer cela ?
Nul autre ne serait plus capable do faire, après un recueil d’études, un livre proportionné et complet ; et il y a deux oui trois livres que nul autre ne pourrait aussi bien faire. […] Du moins il doit être tel, et si c’est à l’avantage du lecteur, c’est aussi au profit du livre. […] Le livre de M. […] Tel il fut dans sa vie, et tel on le retrouve dans ses livres. […] « Vivre dans un coin avec un livre », disait un moine du Mont-Cassin.
Rouvrez ses premiers livres. […] il a fait ce livre incomparable : L’Ève future ! […] Ouvrez son livre au hasard. […] Il laissait un livre. […] L’admiration pour son livre n’est pas une emphase d’oraison funèbre.
La Correspondance de Lamennais est un de ces livres sur lesquels il y a plaisir et profit à revenir. […] Nous ouvrons le livre, et dès l’abord ceux qui ne connaissent que le Lamennais des derniers temps sont comme transportés aux antipodes : on a un Lamennais tendre, gai, enfant, innocent, tout occupé du petit troupeau spirituel qui se rangeait autour de l’abbé Carron, et badinant avec un peu moins de légèreté que Saint-François de Sales, mais avec la même allégresse ; un Lamennais parlant du bon Dieu, de la sainte Vierge, et disant en toute naïveté : « Les Feuillantines sont ma pensée habituelle. — Mon cœur, ma vie est aux Feuillantines ; je me trouve partout ailleurs étranger. » Qu’il y a loin de là au Lamennais qu’on a vu siéger, silencieux et le front plissé, à la Montagne ! […] Il se répand lui-même, il se livre tout entier et se découvre ; il est tout dans son glaive, dans la pointe de son glaive, et n’a point de bouclier. […] Il avait beau les prévenir, ces amis tendres, et leur dire comme à l’oreille : « Peut-être, avant peu, entendrez-vous parler de quelque chose qui fera crier… Il va paraître un petit livre qui vous déplaira fortement. […] Mais quand je retournai le lendemain trouver M. de Lamennais, sa pensée avait fait du chemin ; il consentait à mettre son nom au livre.
Elle l’a raconté elle-même dans une page de son livre des Considérations : « C’en est fait, s’écria-t-elle, de la liberté si Bonaparte triomphe, et de l’indépendance nationale s’il succombe. » M. de La Valette a également noté dans ses Mémoires cette rencontre de Mme de Staël, et avec quelques variantes. […] Il ne s’agit pas de savoir si, un an après, résumant dans son livre des Considérations les événements accomplis, elle a écrit « que c’était une niaiserie de vouloir masquer un tel homme que Napoléon en roi constitutionnel » ; il s’agit de savoir ce qu’elle a pu écrire dans les premiers instants, quand l’avenir était encore incertain, et en apprenant ces concessions inattendues et si entières que faisait l’Empereur à la force des choses et aux exigences de l’opinion. […] Thiers d’une manière un peu leste et comme de haut en bas ; elle montre l’illustre historien préoccupé avant tout de chercher « des croyants à la conversion de Napoléon aux idées libérales » ; elle le rappelle à l’ordre pour n’avoir pas eu présents certains passages du livre des Considérations : « Lorsqu’il s’agit, dit-elle, d’un écrivain de l’ordre de Mme de Staël, il ne peut être permis de lui prêter des opinions autres que celles qu’elle a elle-même exprimées. Il suffît d’ouvrir le livre admirable où elle apprécie d’un jugement si ferme les principaux événements de la Révolution française, pour être pleinement édifié sur le peu de foi qu’elle accordait au libéralisme de celui, etc., etc. » Mais, Madame, il ne s’agit pas, encore une fois, du livre de Mme de Staël rédigé plus tard et d’après une impression totale et résumée où l’on supprime et l’on abolit tout ce qui a pu s’en écarter un moment ; il s’agit de lettres écrites dans les cinq premières semaines des Cent-Jours, sous le coup des événements les plus menaçants, de conseils d’amis sans doute très pressants, et sous l’inspiration aussi d’un sentiment national honorable, dont la suggestion a pu être plus forte que les règles et les principes.
. — Il suffit de rappeler l’espèce de géographie à la fois physique et morale dont Michelet a rempli le livre III de son Histoire de France ; c’est un effort hardi pour retrouver les liens qui rattachent à leur sol natal les grands hommes de chaque région. […] « Rousseau, écrit-il56, qui mettait le Robinson au-dessus de tous les autres livres, s’est toujours senti attiré par les îles. […] On ne voit pas la marche d’une étoile troublée par quelqu’un des livres qui excitent notre admiration ou notre colère. […] Combien de grands voyageurs ont pris en des livres, dévorés par eux dans leur enfance, leur vocation d’explorateurs ! […] Combien sont partis sur la foi d’un livre séducteur pour des contrées mal connues, poétisées par la distance !
Le goût des livres n’a fait que gagner dans ces derniers temps. […] Hier encore, malgré l’élection du 28 avril5, tel petit livre du xvie siècle s’est vendu plus cher, plus follement cher qu’en pleine monarchie. […] La Société des bibliophiles (je reviens à elle) a donc été instituée « pour entretenir et propager le goût des livres, pour publier ou reproduire les ouvrages inédits ou rares, surtout ceux qui peuvent intéresser l’histoire, la littérature ou la langue, et pour perpétuer dans ses publications les traditions de l’ancienne imprimerie française ». […] Ce livre nous introduit dans un riche ménage d’honnêtes gens d’alors, et l’on en sait chaque détail comme si l’on y avait vécu. […] Alors seulement on pourra juger du livre de la spirituelle reine, que tous les éditeurs, même les premiers éditeurs, m’assure-t-on, ont étrangement défiguré.
M. de Lamartine suit dans cette Histoire la division par livres, et les livres sont divisés eux-mêmes, non par chapitres (ce mot est trop vulgaire), mais par chiffres, par nombres, par ces espèces de couplets épiques qui sont si à la mode aujourd’hui. […] M. de Lamartine, dès son premier livre, a de beaux portraits : il rencontre M. […] Ses livres d’histoire ne sont et ne seront jamais que de vastes et spacieux à-peu-près où circule par endroits l’esprit général des choses, où vont et viennent ces grands courants de l’atmosphère que sentent à l’avance, en battant des ailes, les oiseaux voyageurs, et que sentent également les poètes, ces oiseaux voyageurs aussi. […] L’exemplaire du livre de M.
On voit dans son livre une sorte de combat. […] Nisard critique finement ce grand livre en paraissant le louer. […] En Angleterre même, Locke ne l’avait exposé avant lui que dans un livre solide sans doute, mais pâle, diffus et sans éloquence. […] C’est à quoi se réduit ce livre célèbre. […] A ce point de vue, on ne peut que louer le livre de M.
Son geste était rare, son corps immobile ; on eût dit qu’il lisait un livre intérieur, uniquement attentif à le comprendre et à se convaincre ; il réfléchissait tout haut. […] Cousin avait examiné devant lui l’origine des idées et quelques points de psychologie : c’en fut assez ; sorti de l’école, il se mit au travail, « dévoré de l’ardeur de la science, de la foi en lui-même », jetant les livres, trouvant la psychologie à mesure qu’il l’enseignait. Il s’attacha à ce livre intérieur comme les puritains à la Bible. […] Les livres, les cours ne me furent plus rien. […] Ces sortes de livres font honneur à l’homme ; et si le Cours de droit naturel était écrit en style exact, on pourrait le lire à côté des Provinciales de Pascal.
Ce livre, composé d’après une méthode inflexible, écrit avec une éloquence entraînante, rempli de vues supérieures, paré d’images magnifiques et naturelles, n’est connu que des philosophes : l’auteur ne va pas chez les personnes influentes ; voyant qu’il ne se loue point, on ne le loue point ; il a oublié que la gloire se fabrique. Il y a cinq ou six ans, un monsieur, trompé par sa place, vint lui offrir un livre nouveau, et lui demander son crédit sur la presse. […] Le principal ornement de sa chambre est un bureau immense, je ne sais pas de quelle couleur, l’ayant toujours vu encombré de livres. […] Les deux livres les plus usés sont l’Éthique de Spinoza et la Logique de Hégel. […] Cela fait, il se livre à sa sensation ; il exprime comme s’il était seul ; il en jouit ; sa pensée atteint d’elle même au style le plus noble ; et, pour en peindre l’élan, l’ampleur et la magnificence, il faudrait la comparer à quelque eau impétueuse qui tout à la fois monte, bouillonne et resplendit.
Dans son livre sur le Duplicisme humain, M. […] Léon Blum, tout en conseillant de lire son livre. […] Le livre de M. […] C’est que je viens de lire, sans en passer une ligne, le livre de M. […] Ce petit livre est de ceux qui viennent à propos.
On peut dire que sa formation complète et définitive date de ce moment, et qu’en posant le livre, tout l’homme en lui se sentit achevé. […] Les livres qui flattaient son esprit furent donc accueillis avec empressement. […] Il a même fait, 1° un examen suivi et page à page, avec critique et discussion, du livre de M. de La Mennais, travail qui ne fournirait pas moins de deux-volumes ; 2° un Essai sur la nature du Pouvoir, qui est un livre terminé. […] Toute cette tentative est noble, grave, prudemment menée et pas à pas ; M. de Rémusat, en instituant le rôle de la raison, prêche d’exemple ; et j’ai entendu remarquer sans ironie que ce livre d’Essais est peut-être le seul livre de philosophie et de métaphysique où l’on ne rencontre jamais rien qui effarouche le bon sens. […] Je remarquerai pourtant que le premier livre de l’ouvrage imprimé, celui qui contient la vie d’Abélard, est peut-être supérieur au drame comme perfection.
C’est plutôt un livre de théologie à l’usage des mahométans que des chrétiens. […] Celui qui est à droite renferme la bibliothèque et les relieurs de livres. […] Les noms des auteurs sont écrits pour la plupart sur la tranche du livre. Des grands rideaux doubles, attachés au plafond, couvrent toutes ces niches, en sorte qu’on ne voit pas un livre en entrant dans la salle, mais seulement ces rideaux, et un double rang de coffres, hauts de quatre pieds, le long des murs, qui sont aussi pleins de livres. […] Je suppliai le bibliothécaire de me faire voir les livres en langue occidentale.
Tout le long du livre, il se pose cette seule question : « S’il doit, ou non, perdre sa candeur, et s’il peut se permettre de consommer l’œuvre de chair en dehors du mariage ? […] [La Vie et les Livres (2e série, 1895).]
Cependant prenez la peine de chercher le Livre de cet Auteur si indignement & si injustement avili. […] Linguet dans une note ; je ne l’ai jamais vu ; je n’ai jamais eu avec lui de liaison d’aucune espece, & n’en aurai jamais vraisemblablement ; mais javoue que, sur la dénonciation authentique qui a été faite à l’Europe de ses opinions & de son Livre, j’ai été long-temps, comme beaucoup de ses ennemis sans doute, à le croire, sans l’avoir lu, un homme & un Ecrivain détestable.
Par son secours, il se trouvoit en état de citer à tout propos & sur toutes sortes de sujets, des morceaux Grecs, Latins, Italiens, François, quantité d’Historiettes & de Bons Mots qu’il avoit appris, soit dans les livres, soit dans les sociétés. […] Ménage s’en acquitta avec succès, du moins pour lui-même ; car elle lui valut une pension de deux mille livres.
Son volume se divise en deux parts : la première, sous le titre de Livre d’Amour, est censée un legs d’un jeune poète mort à Moscou ; mais ce linceul n’est qu’un domino rose pour oser dire tout haut ses tendresses. […] Quand, par ces nuits d’hiver, l’homme de la campagne, Si vigilant et soucieux, Veut connaître l’instant de quitter sa compagne Pour le travail, alors ses yeux Cherchent le Chariot qui toujours au ciel reste Exposant ses trains éclatants : Là sept étoiles d’or dans le livre céleste Indiquent le chiffre du temps. […] Cette Étoile polaire doit être aussi comme la clef du lyrisme du Nord. — Les stances et sonnets qui composent le Livre d’Amour, attribué au jeune poète mort, ont souvent de la grâce et toujours une grande aisance.
Cependant il est certain que l’étude de l’histoire, la connaissance de tous les malheurs qui ont été éprouvés avant nous, livre l’âme à des contemplations philosophiques, dont la mélancolie est plus facile à supporter que le tourment de ses propres peines. […] L’homme donc qui se livre, sans projet, à ses impressions, reçoit par l’exercice des facultés intellectuelles un plus vif espoir de l’immortalité de l’âme. […] Je relis sans cesse quelques pages d’un livre intitulé : La Chaumière indienne ; je ne sais rien de plus profond en moralité sensible que le tableau de la situation du Paria, de cet homme, d’une race maudite, abandonné de l’univers entier, errant la nuit dans les tombeaux, faisant horreur à ses semblables sans l’avoir mérité par aucune faute ; enfin, le rebut de ce monde, où l’a jeté le don de la vie.
Bien des génies littéraires morts ou vivants ont évoqué, dans leurs œuvres, leur âme ou leur imagination devant nos yeux pendant des nuits de pensive insomnie sur leurs livres ; nous avons ressenti, en les lisant, des voluptés inénarrables, bien des fêtes solitaires de l’imagination. […] Homère, nous n’en avons lu aucun qui ait eu pour nous un charme plus inattendu, plus naïf, plus émané de la pure nature, que le poète villageois de Maillane — Si nous étions riche, si nous étions ministre de l’instruction publique ou si nous étions seulement membre influent d’une de ces associations qui se donnent charitablement la mission de répandre ce qu’on appelle les bons livres dans les mansardes et dans les chaumières, nous ferions imprimer à six millions d’exemplaires le petit poème épique dont nous venons de donner une si brève et si imparfaite analyse et nous l’enverrions gratuitement, par une nuée de facteurs ruraux, à toutes les portes où il y a une mère de famille, un fils, un vieillard, un enfant capable d’épeler ce catéchisme de sentiment, de poésie et de vertu, que le paysan de Maillane vient de donner à la Provence, à la France et bientôt à l’Europe. […] Le succès a été plus grand qu’on n’eût osé l’espérer pour un livre écrit en une langue inconnue de la plupart des lecteurs ; mais Frédéric Mistral, qui sait aussi le français, avait accompagné son texte d’une version excellente et presque tout le charme se conservait comme dans ces Lieder de Henri Heine traduits par lui-même.
N’est-ce pas des conceptions idéologiques qui précédèrent la création artistique dans tous ses livres, c’est-à-dire dans tous ses romans, car la série la plus variée de romans est l’œuvre de Rousseau : Discours, Contrat social, Nouvelle Héloïse, L’Émile, Confessions, Rêveries d’un promeneur. […] Ses livres plus jeunes étaient plus gais, ceux-ci sont plus austères. […] Il me peinerait de quitter ce livre de M.
Chez les nations orientales par exemple, où le livre antique ne tarde jamais à devenir sacré, c’est toujours à la garde de cette langue savante, obscure, à peine connue, que sont confiés les dogmes religieux et la liturgie. […] Le livre sacré pour les nations antiques était le dépositaire de tous les souvenirs nationaux ; chacun devait y recourir pour y trouver sa généalogie, la raison de tous les actes de la vie civile, politique, religieuse. Les langues classiques sont, à beaucoup d’égards, le livre sacré des modernes.
Notules Quoiqu’on ait déjà dit beaucoup de l’assonance, j’ai cru peut-être utile de reproduire ici une courte étude naguères parue dans la Marche de France et qui servira de postface à une récente plaquette, Fleurs de Neige, et à ce présent livre. […] Ce sont actuellement les symbolistes (la toute ou presque toute jeunesse contemporaine), et les Parnassiens qui, quoi qu’on en ait dit, existent encore, luttent toujours et sont une force : ce livre magnifique des Trophées en est la preuve. […] Et maintenant peut-être quelque vieux classique murmurera-t-il, ayant lu ces notules et ce livre : Qu’on nous rende Corneille !
Il est clair que le livre aura le sort d’un livre hindou ou persan. […] Toute cette discussion est tirée des livres de saint Augustin sur la grâce. […] Et ajoutez que le livre en est plein, que M. […] Ce qui est pis, c’est que le livre en devient obscur. […] Ils impriment les livres pour les lire, et ne travaillent qu’afin de savoir.
Dans l’émouvant et charmant livre qu’elle avait intitulé Le Livre de ma vie, elle nous a conté son enfance, soit à Paris, soit dans la villa d’Amphion où ses parents, le prince et la princesse de Brancovan, venaient goûter les charmes des beaux étés et des doux automnes du Léman. […] C’était une vaste pièce dont le principal ornement consistait en rayons chargés de beaux livres anciens, car Lemaître était un bibliophile avisé. […] Ses livres sont d’un écrivain délicieux qui sait sa langue en puriste et l’emploie en artiste. […] Tout en causant, il feuilletait de son doigt amaigri les feuillets d’un livre. […] Germinie Lacerteux, Manette Salomon demeuraient des livres capitaux, mais leur « écriture » soulevait des objections.
Quant à la composition du livre, elle me semble presque admirable. […] Que l’on ne s’étonne pas de me voir citer un livre d’éducation. […] Le livre de M. […] Il en est un peu du livre de M. […] Voilà les défauts du livre de M.
voici un livre de vers qu’une femme seule pouvait écrire, un livre dont la sensualité est vraiment féminine. […] Obsédée par cette pensée d’être un petit être éphémère, accroché aux flancs de la Terre, ce grain de poussière égaré dans l’espace, Cécile Sauvage a intitulé son livre : Tandis que la Terre tourne. […] Forbier, vous avez une vie admirable, vous travaillez, vous savez tout : moi aussi je voudrais tout savoir. » Sabine insensée et irrassasiable ; et qui ne s’aperçoit pas que son âme déborde d’émotions factices et que le seul remède serait de fermer tous les livres et d’oublier. Mais, au contraire, elle rêve une vie « lourde et ennoblie de livres » comme la table d’étude chez Philippe Forbier. […] Peut-on laisser traîner ce livre sur la table du salon ?
Pourquoi se livre-t-il à son rival ? […] Le livre de l’Oiseau n’est qu’un chapitre ajouté au livre du Peuple. […] Le rossignol est dieu dans ce livre, et M. […] « Il donna 600 000 livres à la Fare, capitaine de ses gardes ; 100 000 livres à Castries, chevalier d’honneur de la duchesse d’Orléans ; 200 000 livres au vieux prince de Courtenay, qui en avait grand besoin ; 20 000 livres de pension au prince de Talmont ; 6 000 livres à la marquise de Bellefonds, qui en avait déjà une pareille, et, à force de cris de M. le prince de Conti, une de 60 000 livres au comte de la Marche son fils, à peine âgé de trois ans. […] Comment faire un livre qui soit lu ?
que la Nation a placés au rang des Grands Hommes qui l’honorent ; si un Livre dont on a fait vingt éditions dans le Royaume, dont cinq dans la Capitale, est un Livre très-obscur, &c.
Le domestique nous fit entrer dans la bibliothèque, où le premier objet qui s’offrit à notre curiosité fut un livre ouvert sur une table à laquelle il s’était probablement assis le soir précédent : la lampe éteinte était encore à côté. Impatients de connaître les lectures de nuit de ce grand philosophe, nous allâmes aussitôt au livre : c’était le volume des Œuvres d’Ovide contenant les Élégies, et ouvert à l’une des plus galantes pages de ce maître de l’amour.
Il convient de ne plus confondre des travaux aussi différents que la chronique d’un journal sur le livre du jour, les notes bibliographiques d’une revue, les feuilletons qui racontent le Salon ou les pièces de la semaine, et certaines études, par exemple, de M. […] Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent, comme on sait, un tout autre but, tendent à déduire des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois organiques ou historiques les émotions qu’elle suscite et les idées qu’elle exprime.
Il y a deux sortes d’écoles publiques : les petites écoles ouvertes à tous les enfants du peuple au moment où ils peuvent parler et marcher ; là ils doivent trouver des maîtres, des livres et du pain, des maîtres qui leur montrent à lire, à écrire et les premiers principes de la religion et de l’arithmétique ; des livres dont ils ne seraient peut-être pas en état de se pourvoir ; du pain111 qui autorise le législateur à forcer les parents les plus pauvres d’y envoyer leurs enfants.
Quel pénitent, dites-vous, qui fait des livres de lui-même, au lieu que M. […] Je vous renvoie au livre de M. […] … Deux bottes de foin, cinq à six mille livres ! […] Michaut l’a établi à son tour dans son livre sur Bérénice. […] Vous en trouverez le détail dans le bon vieux livre de M.
Ne pourrait-on pas, en poursuivant un paradoxe ingénieux, faire un livre sur le réalisme des classiques ? […] Le livre de La Salle respire, malgré ses prétentions morales très affichées, l’amour de la vie facile. […] Il leur arriva de ne donner à leurs livres ni commencement, ni milieu, ni fin. […] Dans le « Livre mystique » Louis Lambert représente la science positive, Séraphita le lyrisme et l’extase. […] Grâce à eux, il n’est pas un livre de M.
. — Le Livre de Monelle (1894). — Annabella et Giovanni, conférence (1895). — La Croisade des enfants (1896) — Spicilège (1896). — Moll Flanders, traduit de Daniel de Foë (1896). — Les Vies imaginaires (1897). — Hamlet, traduit de Shakespeare avec Eug. […] Et Bûchette et Jeanie, qui regarde en dedans, et Ilsée, Ilsée qui est l’apparition la plus essentielle que je sache ; et Marjolaine qui, la nuit, jette des grains de sable contre les sept cruches multicolores et pleines de rêves, et Cice, la petite sœur de Cendrillon, Cice et son chat qui attendent le prince ; et Lily, puis Monelle qui revient… Je ne puis tout citer de ces pages, les plus parfaites qui soient dans nos littératures, les plus simples et les plus religieusement profondes qu’il m’ait été donné de lire, et qui, par je ne sais quel sortilège admirable, semblent flotter sans cesse entre, deux éternités indécises… Je ne puis tout citer ; mais, cependant, la Fuite de Monelle, cette Fuite de Monelle qui est un chef-d’œuvre d’une incomparable douceur, et sa patience et son royaume et sa résurrection, lorsque ce livre se renferme sur d’autres paroles de l’enfant, qui entourent d’âme toute l’œuvre, comme les vieilles villes étaient entourées d’eau… [Mercure de France (août 1894).]
Son livre, qui trompe par la majesté de son titre, trompe aussi par ce qu’il renferme ; car les trois biographies qu’il contient n’ont point de lien large et puissant qui les rattache ensemble et leur donne cette unité que les hommes qui ont plus que de petits détails dans la tête impriment naturellement à leurs œuvres. […] Nisard, qui pourrait faire un bon glossaire, n’a écrit qu’un livre ennuyeux.
Les idées sortent des livres, s’animent, courent les rues. […] Cherchez par exemple en ce temps-là des livres où l’on examine et discute les principes ou les actes du gouvernement. […] Aussi quand Mme de Staël écrivit son livre De l’Allemagne, où elle soutenait des théories peu classiques, où elle rendait justice à un peuple en guerre avec la France, les ciseaux des censeurs commencèrent par pratiquer d’abondantes coupures, et, comme cela ne suffisait pas encore, le livre fut mis au pilon et l’auteur prié de s’exiler. […] Les intérêts engagés sont si graves que le ton prend soudain une véhémence, et l’on peut dire, une violence en harmonie avec la bataille acharnée qui se livre. […] Il fait éclore par dizaines les livres de Mémoires.
Thalès y perd ses jours, Heraclite en pâlit, Démocrite en riant a broyé la matière ; Il livre à deux amours cette immense poussière, Et le repos y naît d’un éternel conflit. […] Le livre des Blasphèmes s’ouvre par un premier sonnet intitulé : Tes père et mère. […] Au lieu de scandaliser, le livre fût du même coup devenu édifiant y il n’eût pas été pour cela plus démonstratif qu’il ne l’est. […] Richepin nous a donné la sienne, qui est un des meilleurs morceaux de son livre : J’ai fermé la porte au doute, Bouché mon cœur et mes yeux. […] Et la rotomontade finale du livre Eh bien !
Ninon sourit à la figure et à la vivacité d’esprit de l’élève de l’abbé de Châteauneuf, elle lui légua dans son testament deux mille livres pour acheter des livres. Les livres que la courtisane, enrichie par ses vices, léguait ainsi à l’enfant poëte, n’étaient certainement pas des livres de théologie ou de piété. […] Il ne retourna un moment à Cirey que pour en déménager ses livres, ses manuscrits, ses habitudes, ses souvenirs. […] Il écrivait à peine, l’histoire seule l’occupait encore ; ce fut le temps où il rédigea son premier livre historique, la vie du roi de Suède Charles XII. […] Un livre de Thucydide poétise plus les événements et les hommes, une page de Tacite reflète plus d’éclairs sur l’abîme des caractères.
Il est des esprits chagrins qui ne regardent jamais un tableau qu’avec le désir d’y reconnaître des fautes de dessin, qui ne prennent jamais un livre qu’avec l’espoir d’y découvrir des incorrections de style. […] C’est par l’analyse et la critique qu’ils procèdent, et il nous semble que le moyen le plus sûr et le plus facile de prouver les beautés d’un livre, c’est de les montrer. […] Dans la musique, tout est noté, le mouvement, les intonations et les repos ; et cependant, malgré de longues études, combien peu de musiciens savent chanter à livre ouvert ! […] La conversation est une lecture dialoguée dont le livre est la pensée même de celui qui parle : il lui importe donc que sa pensée soit revêtue et ornée des formes qui peuvent la rendre agréable à ceux qui écoutent. […] Un salon d’attente, enrichi de livres et d’ouvrages d’art, est contigu à la salle des séances.
Elle donne des ailes aux trouvailles qui ont vu le jour dans les gros livres techniques ou dans les creusets des laboratoires. […] Voyez plutôt la description d’un livre singulier usité chez les habitants de la Lune : « C’est un livre miraculeux…, où pour apprendre les yeux sont inutiles ; on n’a besoin que des oreilles. […] Et ces résultats ne restent pas emprisonnés dans les livres spéciaux. […] Dans tous ces livres, comme dans l’Esprit des lois, se décèle la volonté de percer l’écorce des choses et de chercher sous l’apparence ce qui peut les expliquer. […] Il ne faut pas être trop sévère pour des livres, d’ailleurs si magnifiquement dorés et reliés, dont l’apparition fut une fête dans la vie d’une multitude de petits hommes et de futures femmes.
Dans ce cas, la censure n’était donc qu’une mesure dérisoire, puisqu’elle n’a jamais pu empêcher un livre de paraître, ni un auteur d’écrire librement sa pensée sur toute espèce de sujets : après tout, le plus grand mal qui pouvait arriver à un écrivain, était d’aller passer quelques mois à la Bastille, d’où il sortait bientôt avec les honneurs d’une persécution, qui quelquefois était son seul titre à célébrité. […] Extrait tiré du premier livre du Sacerdoce. […] Tantôt c’est en lui découvrant l’origine des préjugés, tantôt c’est un livre sur l’esprit, tantôt le système de la nature ; cela ne finit point. […] Nos mauvais livres sont moins mauvais que les mauvais que l’on faisait du temps de Boileau, de Racine et de Molière, parce que dans ces plats ouvrages d’aujourd’hui, il y a toujours quelques morceaux tirés visiblement des auteurs du règne du bon goût. […] Dites-moi si les bons livres de ce temps n’ont pas servi à l’éducation de tous les princes de l’empire ?
On n’avait pas eu jusque-là dans un livre la révolution tout entière résumée à l’usage de la génération qui ne l’avait ni vue ni faite, mais qui en était fille, qui l’aimait, qui en profitait et qui l’aurait elle-même recommencée, si elle eût été à refaire. […] Le livre fut à l’instant traduit dans toutes les langues, en espagnol, portugais, italien, danois ; il y eut jusqu’à six traductions différentes en allemand. […] C’est en soi, si l’on peut ainsi parler, un beau livre d’histoire. […] Il l’a hautement prouvé et par ce livre de la Révolution, et par l’admirable tableau qu’il a donné des événements de Hollande et de la mort des frères de Witt dans le Recueil sur Louis XIV. […] Lettre xxvii du livre IX.
Au dix-septième siècle, on les appelle « les honnêtes gens », et c’est à eux désormais que s’adresse l’écrivain, même le plus abstrait. « L’honnête homme, dit Descartes, n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles » ; et il intitule son dernier traité « Recherche de la vérité selon les lumières naturelles qui, à elles seules et sans le secours de la religion et de la philosophie, déterminent les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui doivent faire l’objet de ses pensées349 ». […] Il est de principe que naturellement tout esprit humain parle et pense comme un livre Aussi quelle insuffisance dans l’histoire ! […] Le Grec ancien, le chrétien des premiers siècles, le conquérant germain, l’homme féodal, l’Arabe de Mahomet, l’Allemand, l’Anglais de la Renaissance, le puritain apparaissent dans leurs livres à peu près comme dans leurs estampes et leurs frontispices, avec quelques différences de costume, mais avec les mêmes corps, les mêmes visages et la même physionomie, atténués, effacés, décents, accommodés aux bienséances. […] Dans un livre qui est comme le testament philosophique du siècle382, Condorcet déclare que cette méthode est « le dernier pas de la philosophie, celui qui a mis en quelque sorte une barrière éternelle entre le genre humain et les vieilles erreurs de son enfance ». — « En l’appliquant à la morale, à la politique, à l’économie politique, on est parvenu à suivre dans les sciences morales une marche presque aussi sûre que dans les sciences naturelles. […] Sauf dans les Pensées de Pascal, simples notes griffonnées par un chrétien exalté et malade, et qui certainement ne seraient pas restées les mêmes dans le livre imprimé et complet.
Quand le roi de Prusse fit avec faste à d’Alembert une pension modique, comme Louis XV se moquait devant elle du chiffre de cette pension (1 200 livres), mise en regard des termes de génie sublime qui la motivaient, elle lui conseilla de défendre au philosophe de l’accepter, et d’en accorder une double : ce que Louis XV n’osa faire par principes de piété, à cause de l’Encyclopédie. […] Mme de Pompadour avait une belle bibliothèque, très riche surtout en matière de théâtre, une bibliothèque en grande partie composée de livres français, c’est-à-dire de livres qu’elle lisait, la plupart reliés à ses armes (trois tours), et quelquefois avec de larges dentelles qui ornent les plats. Ces volumes sont encore recherchés, et les bibliophiles lui accordent à elle-même une place d’élite sur leur livre d’or, à côté des plus illustres connaisseurs dont les noms se sont conservés. […] J’ignore si je trouverai mes sûretés pour le paiement, mais je sais très bien que je risquerai, avec grande satisfaction, cent mille livres pour le bonheur de ces pauvres enfants. […] Ce livre de Mme Du Hausset laisse une impression singulière ; il est écrit avec une sorte de naïveté et d’ingénuité qui s’est conservée assez honnête dans le voisinage du vice : « Voilà ce que c’est que la Cour, tout est corrompu du grand au petit », disais-je un jour à Madame, qui me parlait de quelques faits qui étaient à ma connaissance. — « Je pourrais t’en dire bien d’autres, m’ajouta-t-elle ; mais la petite chambre où tu te tiens souvent t’en apprend assez. » Mme de Pompadour, après le premier moment passé de féerie et d’éblouissement, jugea sa situation ce qu’elle était, et, tout en aimant le roi, elle ne garda aucune illusion sur son caractère ni sur l’espèce d’affection dont elle était l’objet.
Il est composé de vingt Livres ou de vingt Chants ; & on ne peut guéres les lire tous sans beaucoup d’ennui. […] La mort d’Inés de Castro, femme du Roi Dom Pedre, qui fait partie de cette histoire, est racontée dans le troisiéme Livre, & ce morceau passe pour le plus beau du Camoens. […] Mais il en reste toujours assez dans la traduction pour faire sentir que Milton, quoique chrétien, n’avoit pas sur cet article la même délicatesse que montre Virgile dans le cinquiéme Livre de son Enéide. […] ON nous parle tant de ce peuple depuis quelque tems, qu’il ne sera pas inutile d’indiquer les Livres qui peuvent donner une idée de leur poésie. […] Ce livre est infiniment curieux par toutes les notions historiques, géographiques, physiques & littéraires sur la Chine & la Tartarie qu’il renferme, ainsi que par la singularité du sujet, de la matiere & de l’auteur.
Je suppose à présent que la langue française n’existât, comme la langue latine, que dans un très petit nombre de bons livres ; et je demande si dans cette supposition on pourrait se flatter de la bien savoir, et être en état de la bien écrire ? […] Si le grand orateur que nous venons de citer, avait fait un livre de synonymes latins, comme l’abbé Girard en a fait un de synonymes français, et que cet ouvrage vînt à tomber tout à coup au milieu d’un cercle de latinistes modernes, j’imagine qu’il les rendrait un peu confus sur ce qu’ils croyaient si bien savoir. […] Le lecteur peut dire alors comme ce philosophe, à qui on voulait présenter un jeune homme qui savait tout Cicéron par cœur ; il répondit, j’ai le livre. […] Pour moi, j’ose assurer que s’il n’avait jamais étudié l’italien que dans les livres, il n’aurait jamais écrit en cette langue que très imparfaitement. […] De ne pas croire (page 23) qu’un livre n’existe point, parce qu’il ne lui est pas connu ; par exemple, l’ouvrage imprimé au Louvre en 1693, et cité partout sous le titre de Recueil des Voyages de l’Académie.
Il avait demandé à ce ministre de quoi subvenir aux frais de réimpression de son Histoire ou de l’Abrégé qu’il en voulait faire ; Mazarin le lui avait promis, et de plus l’avait fait porter sur l’état de la maison du roi pour une pension de douze cents livres. […] À ces causes, considérant que les sciences et les arts n’illustrent pas moins un grand État que font les armes, et que la nation française excelle autant en esprit comme en courage et en valeur ; d’ailleurs désirant favoriser le suppliant et lui donner le moyen de soutenir les grandes dépenses qu’il est obligé de faire incessamment dans l’exécution d’un si louable dessein, tant pour paiement de plusieurs personnes qu’il est obligé d’y employer que pour l’entretien des correspondances avec toutes les personnes de savoir et de mérite en divers et lointains pays ; nous lui avons permis de recueillir et amasser de foules parts et endroits qu’il advisera bon être les nouvelles lumières, connaissances et inventions qui paraîtront dans la physique, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, anatomie et chirurgie, pharmacie et chimie ; dans la peinture, l’architecture, la navigation, l’agriculture, la texture, la teinture, la fabrique de toutes choses nécessaires à la vie et à l’usage des hommes, et généralement dans toutes les sciences et dans tous les arts, tant libéraux que mécaniques ; comme aussi de rechercher, indiquer et donner toutes les nouvelles pièces, monuments, titres, actes, sceaux, médailles qu’il pourra découvrir servant à l’illustration de l’histoire, à l’avancement des sciences et à la connaissance de la vérité ; toutes lesquelles choses, sous le titre susdit, nous lui permettons d’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter soit toutes les semaines, soit de quinze en quinze jours, soit tous les mois ou tous les ans, et de ce qui aura été imprimé par parcelles d’en faire des recueils, si bon lui semble, et les donner au public ; comme aussi lui permettons de recueillir de la même sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera en quelque sorte que ce puisse être les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens. […] On raconte que l’aimable fils de Colbert, M. de Seignelay, pour lors âgé de seize ans, et qui étudiait en philosophie au collège de Clermont, ayant lu le livre, en parla à son père, et lui parut singulièrement instruit, d’après cette lecture, de l’origine des impôts et revenus du roi, de la taille, gabelle, paulette, etc., et même de leurs abus et inconvénients, que Mézeray était plus porté à exagérer qu’à diminuer. […] Il était riche d’ailleurs et serré ; il entassait les sacs d’écus derrière ses livres, avait maison rue Montorgueil et une campagne avec vigne à Chaillot. […] Elle n’a d’autre intérêt que de bien fixer l’état de Mézeray sous Mazarin : il n’avait pas alors cette pension de 4 000 livres qu’il eut et qu’il perdit plus tard, et que, par une confusion intéressée, dans le but de la rendre plus inviolable, il aimait à faire remonter jusqu’au temps de Mazarin.
Car La Bruyère, en parlant de Tréville d’une manière si serrée et si incisive, semble avoir quelque chose de particulier à venger sur lui : on dirait qu’il a appris que ce juge dégoûté des ouvrages de l’esprit a ouvert un jour une des premières éditions des Caractères et a jeté le livre après en avoir lu quelques pages, en disant : « N’est-ce que cela ? […] [NdA] Voici ce passage où je conjecturais qu’il pouvait bien être fait allusion aux Contes de La Fontaine : « Paraît-il un livre diabolique qui révèle ces mystères d’iniquité, c’est celui que l’on recherche. » Mais, en y réfléchissant, il me paraît bien plus probable qu’il s’agissait de quelque autre ouvrage plus raffiné, peut-être de l’Aloisia, dont la publication coïncide assez bien avec la date probable de ce sermon, et que semblait également avoir en vue le chanoine Maucroix, l’ami de La Fontaine, quand il écrivait en février 1682 à un autre chanoine de Reims : « Oh ! mon petit cher, quel livre court secrètement par Paris ! […] Arétin, livre honnête !… Il est écrit en latin, etc., etc. » Je livre ce point de détail à l’examen des bibliographes.
Taine a choisi le fabuliste pour sujet de sa thèse française ; mais, depuis quelques années, les brillants candidats au grade de docteur nous ont habitués, le lendemain matin de leur réception, à lire des livres plutôt que des thèses proprement dites : il a suffi pour cela que le brocheur enlevât la page finale où se lisait le visa de M. le doyen. […] Le sol, la lumière, la végétation, les animaux, l’homme, sont autant de livres où la nature écrit en caractères différents la même pensée. » De même, en étudiant l’histoire, il est porté à voir dans les individus, et sans excepter les plus éminents, une production directe, un résultat à peu près fatal du siècle particulier où ils sont venus. […] Toutes ces parties de son livre sont supérieures de vues, et, qui plus est, pittoresques à ravir. […] Il est peu de pages plus belles que celles qu’il a consacrées à décrire ce qu’on voit du haut du Bergonz, montagne située derrière Luz, et qui est fort bien placée pour servir de belvédère sur l’ensemble des Pyrénées ; c’est le point central du livre et du tableau : Quelle vue ! […] Nous aurons à le suivre dans son Essai sur Tite-Live et dans son livre sur les philosophes modernes.
Car voilà que, dans le temps même où je me livre à ces pensées, je suis l’objet d’un nouveau don du Père très clément. […] — Et plus tard à Paris, et ensuite à Cantorbéry ou à Londres, ne croyez pas que Casaubon puisse se livrer en paix et selon son cœur à ses études chéries ; non, ce qu’on demande de lui, ce que désirent les puissants du siècle, c’est autre chose : et qui donc, en aucun temps, excepté quelques esprits atteints d’une douce manie, va s’occuper uniquement des morts, des livres d’autrefois, des chastes et pures belles-lettres ? […] Irai-je donc siéger parmi ceux qui se préparent à condamner un livre où la pieuse et sainte doctrine est renfermée ? […] Toutes les prétentions et les éruditions de Jacques Ier ne sauraient me faire oublier un admirable mot de Henri IV, ce prince qui, pour être peu fort sur les livres, n’en paraît que plus grand de cœur et d’esprit. […] On aurait à relever bien d’autres choses dans le journal de Casaubon ; on y apprend bien des particularités sur les hommes célèbres du temps avec lesquels il est en relation, et sur son beau-père Henri Estienne, devenu le plus bizarre des hommes en vieillissant, qui avait si bien commencé et qui a si mal fini, et sur Théodore de Bèze dont la vieillesse, au contraire, est merveilleuse ; et sur des personnages considérables de la Cour de France, le duc de Bouillon et d’autres ; mais le personnage intéressant, c’est lui-même, lui, à toutes les pages, nous faisant l’histoire de son âme : aussi, pour ceux qui aiment ce genre de littérature morale intime qui nous vient de saint Augustin, on peut dire qu’il existe maintenant un livre de confessions de plus.
Et je prends ma quenouille, ou un livre, ou une casserole, ou je caresse Wolf ou Trilby. » Voilà le vrai ; elle est ménagère, elle sait être pratique, et elle nous dira son vœu le plus humble, son rêve d’Horace, de Jean-Jacques ou de La Fontaine : « Mon ami (c’est toujours à son frère qu’elle parle), quand je ne pense pas le faire plaisir ou t’être utile, je ne dis rien ; je prends ma quenouille, et au lieu de la femme du xviie siècle, je suis la simple fille des champs, et cela me fait plaisir, me distrait, me détend l’âme. […] mais on a parlé de classique dernièrement à propos des écrits d’une dame russe fort vantée, et j’ai protesté contre cette manière d’éloge : Mme Swetchine, avec tout son esprit, ne saurait, en effet, être appareillée aux véritables classiques, même en matière de spiritualité ; celle qui mériterait véritablement ce nom par la grâce du tour, la correction du trait, le naturel et la propriété des images, la simplicité (au moins relative) des pensées, ce serait Mlle Eugénie de Guérin, si elle avait fait un livre. […] Douce image qui des deux côtés est charmante, quand je pense qu’une sœur est fleur… » Aussitôt qu’il est parti, elle rentre dans la chambrette qu’il occupait ; elle prend le livre qu’il a lu : c’est un Bossuet où il a mis des signets de sa main, souvent aux mêmes endroits qu’elle avait notés elle-même : « Ainsi nous nous rencontrons partout comme les deux yeux ; ce que tu vois beau, je le vois beau. » Quand il est près de se marier, elle semble que cela ne réussisse pas et ne vienne à manquer par quelque côté, car ce frère chéri est, comme elle l’appelle, « un mauvais artisan de bonheur. » Elle se met à sa place et craint qu’il ne recule au dernier instant. « Toujours me semble « effrayant pour toi, aigle indépendant, vagabond. […] Ce livre se pourrait intituler le Livre des frères et des sœurs.
Il me serait toujours impossible de lire cet endroit sans pleurer sur les malheurs du vieux monarque infortuné. » Et alors il prit le livre, et il essaya en effet de lire à haute voix le passage : « Allez-vous-en, misérables, opprobre de ma vie… » Mais il fut interrompu par ses larmes. […] Le poète critique attribue même un peu trop à Homère quand, se souvenant à son sujet d’un mot d’Horace pour le réfuter, il dit que là où nous voyons une faute et une négligence, il n’y a peut-être qu’une ruse et un stratagème de l’art : « Ce n’est point Homère qui s’endort, comme on le croit, c’est nous qui rêvons. » Le beau rôle du vrai critique, Pope l’a défini et retracé en divers endroits pleins de noblesse et de feu, et que je rougis de n’offrir ici que dépolis et dévernis en quelque sorte, dépouillés de leur nette et juste élégance : « Un juge parfait lira chaque œuvre de talent avec le même esprit dans lequel l’auteur l’a composée : il embrassera le tout et ne cherchera pas à trouver de légères fautes là où la nature s’émeut, où le cœur est ravi et transporté : il ne perdra point, pour la sotte jouissance de dénigrer, le généreux plaisir d’être charmé par l’esprit. » Et ce beau portrait, l’idéal du genre, et que chaque critique de profession devrait avoir encadré dans son cabinet : « Mais où est-il Celui qui peut donner un conseil, toujours heureux d’instruire et jamais enorgueilli de son savoir ; que n’influencent ni la faveur ni la rancune ; qui ne se laisse point sottement prévenir, et ne va point tout droit en aveugle ; savant à la fois et bien élevé, et quoique bien, élevé, sincère ; modeste jusque dans sa hardiesse, et humainement sévère ; qui est capable de montrer librement à un ami ses fautes, et de louer avec plaisir le mérite d’un ennemi ; doué d’un goût exact et large à la fois, de la double connaissance des livres et des hommes ; d’un généreux commerce ; une âme exempte d’orgueil, et qui se plaît à louer, avec la raison de son côté ? […] Quand Ajax (dans Homère) s’efforce de lancer quelque énorme quartier de rocher, le vers aussi travaille et les mots marchent pesamment : autre chose, quand la légère Camille (chez Virgile) rase la plaine, vole sans les courber sur la tête des épis, ou effleure la cime des vagues. » De tels morceaux, on le conçoit, sont intraduisibles ; et quand Delille, avec sa grande habileté, imitant ce passage au quatrième livre de l’Homme des Champs, vient nous dire : Peignez en vers légers l’amant léger de Flore ; Qu’un doux ruisseau murmure en vers plus doux encore…, il manque tout d’abord à la précision et à la sobriété de Pope qui dit Zéphyr tout court et non pas l’amant de Flore. […] Ce livre, il est bon de le rappeler, soumis à une Commission et lu par chacun des membres qui la composaient, avait paru d’abord, et à l’unanimité, digne d’un de ces prix que l’Académie française a pour charge spéciale de décerner. […] Taine nous entretenait l’autre jour27, — occupés, dis-je, à rechercher uniquement et scrupuleusement la vérité dans de vieux livres, dans des textes ingrats ou par des expériences difficiles ; des hommes qui voués à la culture de leur entendement, se sevrant de toute autre passion, attentifs aux lois générales du monde et de l’univers, et puisque dans cet univers la nature est vivante aussi bien que l’histoire, attentifs nécessairement dès lors à écouter et à étudier dans les parties par où elle se manifeste à eux la pensée et l’âme du monde ; des hommes qui sont stoïciens par le cœur, qui cherchent à pratiquer le bien, à faire et à penser le mieux et le plus exactement qu’ils peuvent, même sans l’attrait futur d’une récompense individuelle, mais qui se trouvent satisfaits et contents de se sentir en règle avec eux-mêmes, en accord et en harmonie avec l’ordre général, comme l’a si bien exprimé le divin Marc-Aurèle en son temps et comme le sentait Spinosa aussi ; — ces hommes-là, je vous le demande (et en dehors de tout symbole particulier, de toute profession de foi philosophique), convient-il donc de les flétrir au préalable d’une appellation odieuse, de les écarter à ce titre, ou du moins de ne les tolérer que comme on tolère et l’on amnistie par grâce des errants et des coupables reconnus ; n’ont-ils pas enfin gagné chez nous leur place et leur coin au soleil ; n’ont-ils pas droit, ô généreux Éclectiques que je me plais à comparer avec eux, vous dont tout le monde sait le parfait désintéressement moral habituel et la perpétuelle grandeur d’âme sous l’œil de Dieu, d’être traités au moins sur le même pied que vous et honorés à l’égal des vôtres pour la pureté de leur doctrine, pour la droiture de leurs intentions et l’innocence de leur vie ?
Ils ont commencé par l’excès, par l’abus ; ils ont abondé dans leur sens, ils ont beaucoup hasardé : mais bientôt ils ont tant vu et compulsé de pièces de ce xviiie siècle qu’ils chérissent et où ils ont placé leurs origines, ils ont tant recherché et comparé de tableaux, d’estampes et d’images, tant recueilli de détails, tant colligé d’anecdotes, tant dépouillé de journaux, de correspondances, en finissant par les gros livres et par les ouvrages de poids, qu’ils sont devenus à leur tour des habiles, des peintres et témoins fidèles, des experts de première qualité dans la connaissance de cet âge si voisin de nous et si compliqué, si raffiné. […] Après tout, en parlant ainsi, c’est pour leurs goûts et leurs préférences, c’est pour leur art favori, c’est pour leur maison qu’ils plaident : « Lire les auteurs anciens, quelques centaines de volumes, en tirer des notes sur des cartes, faire un livre sur la façon dont les Romains se chaussaient, ou annoter une inscription — cela s’appelle l’érudition ; on est un savant avec cela ; on est de l’Institut, on est sérieux, on a tout : mais prenez un siècle près du nôtre, un siècle immense ; brassez une mer de documents, trente mille brochures, deux mille journaux, tirez de tout cela non une monographie, mais le tableau d’une société, vous ne serez rien qu’un aimable fureteur, un joli curieux, un gentil indiscret. […] Comme ils sont entrés dans cette époque par l’art et par les tableaux, les livres ne sont venus pour eux qu’en second, et quand ils ont abordé les livres, ils ont commencé par les plus minces, les plus légers, les plus piquants, les plus analogues aux peintures de genre. […] La partie pittoresque domine chez MM. de Goncourt ; ils ont eu toute raison de mettre le mot Sensations au titre de leur livre : ce sont de vrais tableaux à la plume qu’ils font.
Surtout, lorsqu’il eut perdu en 1843 sa fille et son gendre, nouveau-mariés, qui se noyèrent à Villequier, il dit son désespoir, ses souvenirs douloureux, ses appels au Dieu juste, au Dieu bon en qui il crut toujours, dans un livre des Contemplations 871, où la perfection du travail artistique n’enlève rien à la sincérité poignante du sentiment. […] Et la même remarque s’impose quand on compare les deux derniers livres des Contemplations à la première Légende des siècles. […] En donnant des titres à ses sept livres, comme il les donne, le poète veut nous faire croire à un ordre intelligible, qui s’évanouit dès qu’on feuillette le recueil. […] Après avoir traduit le premier livre de Lucrèce, pour se faire la main, M. […] Idylles héroïques (1857), Voix du silence (1863), Pernette (1868), Poèmes civiques (1873), Le livre d’un père (1886).
Joubert, isolé, vivant avec ses livres, avec ses songes, notant ses pensées sur de petits papiers qui ne se joignaient pas, serait mort sans rien laisser d’achevé ni de durable, si l’un des alliés de la famille, M. […] « S’il est un homme tourmenté, dit-il, par la maudite ambition de mettre tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase, et cette phrase dans un mot, c’est moi. » Sa méthode est de toujours rendre une pensée dans une image ; la pensée et l’image pour lui ne font qu’un, et il ne croit tenir l’une que quand il a trouvé l’autre. […] Ces livres de maximes et d’observations morales condensées, comme l’était déjà celui de La Bruyère et comme l’est surtout celui de M. […] Joubert, non plus un livre de bibliothèque comme aujourd’hui, mais aussi (ce qui serait si facile avec du choix) un de ces beaux petits livres comme il les aimait, et qui justifierait en tout sa devise : Excelle, et tu vivras !
Les Anecdotes sur la révolution de Russie en l’année 1762 sont un très agréable petit livre, sans prétention solennelle, et où les événements historiques ne sont eux-mêmes envisagés qu’au point de vue des mœurs. […] Parmi les places et prérogatives dont jouissait Rulhière, il est une sinécure trop singulière pour ne pas être notée ; il avait ou devait prochainement avoir le gouvernement de la Samaritaine, ce qui valait de cinq à six mille livres. […] Daunou, dans son analyse des mérites de Rulhière, est allé jusqu’à remarquer que, dans les phrases courtes comme dans les plus longues, l’auteur varie sans cesse le ton, le rythme, les constructions, les mouvements : Il y a des livres, ajoute-t-il ingénieusement et en rhéteur consommé, où la plupart des phrases ressemblent plus ou moins, si l’on me permet cette comparaison, à une suite de couplets sur le même air ; et ce n’est pas sans quelque effort qu’un écrivain se tient en garde contre ce défaut ; car l’esprit ne s’habitue que trop aisément à un même genre de procédés, le style aux mêmes formes, l’oreille aux mêmes nombres. […] Il a conçu une vaste composition historique, il a commencé à l’exécuter et l’a poussée durant plus de onze livres avec aisance, harmonie et largeur. […] Lettre à Naigeon sur un passage de la première Satire du second livre d’Horace.
Je ne répéterai pas ce que chacun sait, mais voici une historiette qui n’est pas encore entrée, je crois, dans les livres imprimés. […] … Et encore, parlant de la vérité dans la satire : C’est elle qui, m’ouvrant le chemin qu’il faut suivre, M’inspira, dès quinze ans, la haine d’un sot livre… ; la haine des sots livres, et aussi l’amour, le culte des bons ouvrages et des beaux. […] La première édition des Fables, contenant les six premiers livres, fut publiée en 1668, chez le libraire Denys Thierry. […] V, livre vi, chap. 7.
Jordan, né à Berlin en 1700, avait douze ans de plus que le roi ; sa grande passion était pour les livres et pour les miscellanées littéraires, pour ce genre d’érudition ou de critique qui était une continuation et comme un débris du xvie siècle, et qui, remplacé chez nous par une culture plus brillante au début du règne de Louis XIV, ne subsistait plus dans tout son honneur que hors de France, en Hollande, à Genève, à Berlin. […] Les gens de lettres quittent leurs livres pour lire les gazettes, qui mentent, et qui ne nous sont jamais favorables, je ne sais pourquoi. […] Jordan venait de mourir ; on vendait sa bibliothèque ; Frédéric indiquait à Duhan ce moyen de se procurer les ouvrages qu’il désirait et qui devaient se trouver parmi les livres du défunt. […] Frédéric, en les recevant, en y reconnaissant cette inscription que Jordan mettait en tête de tous ses livres : « Jordani et amicorum », se sentit tout ému : Je vous avoue que j’ai eu les larmes aux yeux lorsque j’ai ouvert les livres de mon pauvre défunt Jordan, et que cela m’a fait une véritable peine de penser que cet homme que j’ai tant aimé n’est plus.
Ce superbe morceau est une espece de carte géographique de l’égypte, et, à ce qu’on prétend, le même pavé que Sylla avoit fait placer dans le temple de la fortune Prénestine, et dont il est parlé dans le vingt-cinquiéme chapitre du trente-sixiéme livre de l’histoire de Pline. […] Suarez évêque de Vaissons eut fait imprimer son livre proenestes antiquae libri duo. […] Ces sçavantes reliques sont passées à sa mort entre les mains du marquis Massimi, et l’on en voit les estampes dans le livre de M. de La Chausse intitulé : le pitture antiche delle grotte di Roma . Cet auteur a donné dans ce livre plusieurs desseins de peintures antiques qui n’avoient pas encore été rendus publics, et entr’autres le dessein du plafonds d’une chambre qui fut déterrée auprès de saint étienne in rotunda en mil sept cens cinq, c’est-à-dire, une année avant l’édition de son ouvrage. […] Les passages de ces auteurs que nous ne comprenions pas bien quand les peintres modernes ignoroient encore quels prestiges on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez et si difficiles depuis que Rubens, ses éleves, Michel Ange de Caravage, et d’autres peintres les ont expliquez bien mieux les pinceaux à la main que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres.
Il s’étale dans les journaux, dans les livres, dans les conversations. […] Je pourrais prendre l’un après l’autre les différents rôles classiques du provincial : le petit marchand des villes, le gros marchand enrichi, le châtelain ignorant et vaniteux, le châtelain pauvre, le châtelain grand seigneur, les femmes surtout qui se ressemblent presque toutes dans les romans dits provinciaux, mal habillées, sentimentales, courtes d’intelligence, de dévotion étroite, intimidées et hypnotisées à la seule vue d’une Parisienne ; je pourrais prendre ces personnages et montrer que, sauf de bien légères nuances, ils n’ont pas changé en passant de livre en livre, qu’ils sont au fond les mêmes et comme immuables dans la littérature depuis trois siècles. […] Quelques réminiscences de Balzac, un démarquage maladroit de Madame Bovary, deux ou trois portraits, qui voudraient être méchants, d’êtres inoffensifs connus et peut-être aimés autrefois, et nous avons un nouveau livre sur la province ou plutôt contre elle. […] Ainsi donc, ces différences superficielles de costumes, d’habitudes et de langage, sur lesquelles nos écrivains, depuis trois siècles, ont insisté tant et tant de fois, sur lesquelles ils ont bâti des livres, qu’ils ne se lassent point de décrire lorsqu’ils opposent la province à Paris, disparaissent de plus en plus.
Ménard, nous livre le secret de leurs cœurs, la nature et la forme de leurs espérances. […] Varignon était pauvre, l’abbé de Saint-Pierre n’était pas riche ; il n’avait que 1800 livres de rentes. Mais la mort de ses parents le laissant maître de suivre ses goûts, « et persuadé, nous dit Fontenelle, qu’il n’y avait pas de meilleur séjour que Paris pour des philosophes raisonnables », il y vint habiter et se logea au faubourg Saint-Jacques, dans ce qu’il appelait sa cabane, avec son ami Varignon, à qui il constitua une rente de 300 livres par contrat, pour qu’il fût bien établi que des deux amis l’un ne dépendait pas de l’autre. […] Dans ces années de jeunesse et tandis qu’il occupait dans le faubourg Saint-Jacques cette petite maison de 200 livres, il allait voir les hommes célèbres par leurs écrits, il courait après eux (c’est son mot).
Ici je vois quatre ou cinq recueils en un : l’Ame, — les Jeunes filles, — la Vie, — Paris, — l’Art, — autant de livres distincts et qui ont chacun la diversité de couleur ou de sujets. […] Mais tout en nous disant qu’il n’est pas assez poëte, il nous le dit à ravir et très poétiquement : Quand je vous livre mon poëme, Mon cœur ne le reconnaît plus ; Le meilleur demeure en moi-même, Mes vrais vers ne seront pas lus. […] Chenavard ou Puvis de Chavannes n’ont pas de crayons plus nobles dans la série de leurs graves esquisses : Poëte, oubliais-tu les bas-reliefs antiques Racontant la naissance et le progrès des arts, Le soc, le bœuf, la ruche et les essais rustiques Faits par les jeunes gens sous les yeux des vieillards ; Partout, dans la campagne égale et spacieuse, Les efforts du labour, les merveilles du fruit, Et la rébellion farouche et gracieuse Des premiers étalons que le dompteur instruit ; Les sages ; l’alphabet écrit dans la poussière ; La chasse aventureuse et l’aviron hardi ; Les murailles, les lois sur les livres de pierre, Et l’airain belliqueux pour l’épaule arrondi ; Les femmes dessinant les héros dans la trame ; Les artistes au marbre inculquant leurs frissons, Et le berger poëte, inventeur de la gamme, Suspendant le soupir à la chaîne des sons ? […] Ce qui veut dire que le studieux et le rêveur lui-même, celui qui autrefois eût été le clerc ou le moine dans sa cellule, et qui hier encore était l’homme de livres et de cabinet, va en chemin de fer et en profite désormais pour visiter le monde, pour prendre sa part de toutes les curiosités, de toutes les beautés d’art ou de nature.
Louis Passy, que des affinités de famille rattachent au comte Frochot, vient d’écrire sur lui un très bon livre, puisé aux sources, construit avec des documents originaux. […] Frochot est dénoncé et décrété d’accusation ; caché chez un ami, il se livre par générosité lui-même ; arrêté et incarcéré à Dijon, où sévit un proconsul et où l’échafaud est dressé, il frise la guillotine. […] Mais quelques pensées de lui que nous livre son biographe nous le montrent tel qu’il était alors, bien désabusé au fond de l’âme, vacillant et désorienté dans ses vues, ne croyant plus en la République, présageant avec effroi une prochaine servitude, espérant toutefois contre toute espérance, s’en remettant à l’imprévu et appelant presque un miracle. […] Il faut qu’un commissaire général de police soit chargé de toutes les fonctions de police sans exception, mais sans aucun mélange d’administration. » Je renvoie pour ces parties essentielles au livre de M.
« Est-ce curieux, notent les de Goncourt à propos de Belot, est-ce curieux : cet homme qui, dans la souffrance, a des sensations distinguées, assaisonnées de remarques et de réflexions presque littéraires, lorsqu’il écrit est absolument dénué de littérature et ne se doute pas du tout de ce qui fait la beauté d’un livre. »41 Si l’être qui souffre n’est plus un médiocre, le résultat s’élève d’autant. […] … » « Vous connaissez, a-t-il écrit dans la préface de son livre Chez nos voisins et chez nous, la res angusta domi ; ma maladie est la res angusta corporis. […] Mon livre viendra, malgré tout, en son temps. » 46 De la même maladie Aubryet nous laisse, outre des descriptions exactes à en frissonner comme celles précédemment citées, une très curieuse étude de « Psychologie mondaine ». […] Pendant cette singulière maladie qui ravage les races à bout de sang, de soudaines accalmies succèdent aux crises. » La liste est longue, des traitements suivis : hydrothérapie, suppression des alcools, du café et du thé, régime lacté, promenades et exercice, assa fœtida, valériane et quinine, sans compter l’emploi d’une thérapeutique morale où « il essaya des lectures émollientes, tenta, en vue de se réfrigérer le cerveau, des solanées de l’art, lut ces livres si charmants pour les convalescents et les mal à l’aise… les romans de Dickens ».
L’impression qui se dégage de ses livres est plus forte que toutes les professions de foi de l’écrivain. « L’homme, lisons-nous dans l’Imitation, s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes : la simplicité et la pureté. » Ces deux ailes manquent étrangement à l’auteur d’Une vieille maîtresse. […] Un mois après, sans avoir rien dit, elle entre une nuit dans la chambre de l’officier et se livre, toujours sans dire un mot (le Rideau cramoisi) Le comte Serlon de Savigny empoisonne sa femme, de complicité avec sa maîtresse Hauteclaire, fille d’un prévôt, avec laquelle il fait des armes toutes les nuits. […] Il plaît et règne par les apparences qu’il donne à sa personne physique, comme l’écrivain par ses livres. […] Mais l’outrance énorme et continue de son expression donne à tous ses livres un air théâtral, une apparence d’artifice.
Son titre est vaincu par son livre ! Ce titre ne dit pas la moitié du livre qu’il nomme. […] Le livre de M. […] Ce magicien-roi qui sait tout, à qui toutes les époques et tous les personnages de l’histoire sont familiers, et qui ressuscite les Égyptiennes du temps de Moïse, aussi bien que la lydienne Omphale, a trop souvent caché, derrière son manteau de pourpre, le ferme et délicat rimeur, d’une pureté antique et d’une idéale délicatesse, qui, pareil à un statuaire grec, ne livre pas son Âme, et pudiquement la laisse deviner à peine sous les blancheurs du marbre sacré.