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1365. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henriette d’Angleterre » pp. 7-9

Imprimé en Hollande cinquante ans après la mort de l’héroïne, vingt-sept ans après celle de l’auteur, ce livre était semé de fautes hollandaises, les plus belles fautes qui puissent étaler leur sottise sur le sens ou la langue d’un ouvrage. Un écrivain dont nous regretterons longtemps la perte, — un esprit assurément moins original, moins profond, moins artiste que Stendhal, mais qui était de la même race, qui en avait l’acier, moins damasquiné mais aussi pur, et surtout le fil, — Bazin, l’auteur du Louis XIII, ce sobre historien que les imbéciles peuvent croire sec, avait entrepris de restaurer le livre de madame de La Fayette, et c’est cette restauration, accomplie avec le tact d’une connaissance approfondie, que l’éditeur Techener a publiée.

1366. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Avis du traducteur » pp. -

Trois éditions ont été faites du vivant de l’auteur, dans les années 1725, 1730, et 1744. […] M. le chevalier de Angelis, auteur de travaux inédits sur Vico, a bien voulu nous communiquer la plupart des ouvrages italiens que nous avons extraits ou cités ; exemple trop rare de cette libéralité d’esprit qui met tout en commun entre ceux qui s’occupent des mêmes matières.

1367. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

L’auteur de cet essai était un Champenois, Pierre de Larivey. […] Les auteurs commencent par imaginer une suite et une confusion d’incidents singuliers : c’est là l’invention. […] Voilà ce que nos auteurs empruntaient aux Espagnols. […] C’était l’usage : Molière, acteur et auteur tout à la fois, devait commencer par flatter l’usage. […] Un auteur dérobe le bien d’autrui quand il n’égale pas ce qu’il emprunte : c’est la vieille image du geai paré des plumes du paon.

1368. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Lundi 11 décembre 1854 L’auteur de la traduction nouvelle a exprimé dans sa préface avec beaucoup de vérité et de modestie l’occasion et l’inspiration naturelle de son travail. […] C’est à une pareille illusion qu’a cédé l’auteur de ce nouveau travail qui, assurément, laissera encore aux admirateurs du Dante le désir toujours renaissant d’une traduction meilleure. […] Il avait déjà dit, dans ses Lettres sur les Anglais, qu’on ne lisait plus Dante en Europe « parce que tout y était allusion à des faits ignorés : il en est de même d’Hudibras. » Mais dans une lettre adressée au Père Bettinelli, auteur des Lettres Virgiliennes, où Dante était traité assez lestement, Voltaire se découvrait encore davantage (mars 1761) : Je fais grand cas, écrivait Voltaire à ce littérateur italien, du courage avec lequel vous avez osé dire que le Dante était un fou, et son ouvrage un monstre. […] Sincèrement épris de l’Italie, de sa musique, de son ciel et de ses grands auteurs, M.  […] Je voudrais être plus autorisé en ces matières pour mieux motiver mon éloge et pour engager l’honorable auteur à poursuivre.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Entre Homère et Virgile, si on les veut comparer, l’auteur des Essais se récuse et avoue bonnement qu’il n’est pas juge : « Moi qui n’en connois que l’un, dit-il, puis seulement dire cela, selon ma portée, que je ne crois pas que les muses mêmes allassent au-delà du Romain. » D’Homère cependant il est très tenté de faire un des trois plus excellents hommes et presque un dieu, mais il ne le lit pas. […] À continuer, après le siècle de Ronsard, d’adresser cette question à nos poètes et auteurs en renom : « Lisez-vous Homère ? […] Stace et Lucain sont trop près de vous et vous sont trop chers. — Je n’oserais dire de Balzac, si instruit, si docte même, qu’il n’a pas eu la connaissance d’Homère, mais je dirai sans crainte que l’habitude d’Homère lui a manqué. — Pascal, au génie sévère et à l’imagination sombre, le connaît peu ; il en parle comme de l’auteur d’un beau roman, il ne voit en lui que le père des mensonges. […] Ce n’est pas moi qui me plaindrai des constants témoignages de sympathie pour l’auteur, que M.  […] Brunet, le savant auteur du Manuel du libraire, prépare sur le même sujet et dont il a réuni les éléments.

1370. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Monmerqué, toutes les additions, les explications, les assaisonnements enfin qu’on peut désirer, sans compter que le texte y est donné avec la vraie orthographe de l’auteur, dans toute sa pureté et son exactitude. […] Paul Boiteau, qui a prononcé à ce propos, dans quelques vers qu’il a mis en tête du volume, les beaux noms de Grèce et d’Ionie, et qui a l’air de saluer en son auteur un des zélateurs sincères et des fidèles du culte de la beauté. […] On a au bas des pages un portrait composite par dix auteurs. […] Il a fait des traductions ; regardez le bel auteur qu’il a choisi : il a mis Perse en vers français. […] Tallemant continue sans effort la race des conteurs et des auteurs de fabliaux ; il a sa veine de Rabelais.

1371. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Au sortir de l’odieuse crise où il y eut du sang versé, le jeune Favre reprit ses études ; mais cette fois il les dirigea entièrement dans la voie historique et littéraire, il lisait tout, le crayon ou la plume à la maint ; il approfondissait les auteurs anciens et les examinait de près dans leur texte, dans les usages et les mœurs particulières qu’ils supposent, dans les questions de tout genre qu’ils suggèrent. […] Malheureusement tout cela n’est pas condensé, n’est pas composé ; l’auteur, trop patient à la recherche, ne s’inquiète de rien au-delà. « J’ignore, dit-il en un endroit, quels furent les lieux habités par Marius Philelphe pendant la plus grande partie de l’année 1453 ; il revint peut-être dans la rivière de Gênes. » Mais qu’est-ce que cela nous fait que Marius ait fait un pas de plus ou de moins, qu’il ait perdu quelques mois de plus ici ou là ? […] On ne s’intéresse pas à ce Marius qui n’est nullement un personnage intéressant, et que son biographe est trop exact pour nous montrer tel ; et l’auteur n’a pas su introduire quelque idée supérieure à la fois et juste, qui rattache cette vie à toute son époque, et qui fasse qu’on se rattrape par ce côté. […] J’aurais voulu que l’auteur, à de certains moments, nous eût montré la notion d’Alexandre telle qu'elle était chez les diverses nations contemporaines, plus exacte ici, moins exacte là, déjà fabuleuse ailleurs ; j’aurais voulu pouvoir considérer d’un coup d’œil et à chaque siècle les différentes nuances et les teintes de cette erreur en voie de progrès, de cette illusion naissante ou déjà régnante. […] Deluc ayant, en 1837, préparé un ouvrage où il discutait les questions historiques qui se rattachent aux Évangiles, Guillaume Favre le détourna de le publier, et, dans une belle lettre adressée à l’auteur, il exposa ses motifs, qui sont ceux d’un vrai sage en même temps que d’un chrétien éclairé.

1372. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

On les avait même renouvelées à l’occasion de son Esther et de son Athalie, afin qu’il en traitât du moins avec les Comédiens qui lui en offraient une somme très-considérable, et il était demeuré ferme, et le roi avait toujours eu la bonté de ne point vouloir qu’ils les représentassent sans l’agrément de l’auteur, qu’il a toujours très-constamment refusé. […] Il affecta, dans un discours tout rempli de Racine et des mérites du nouvel académicien, de ne souffler mot de Despréaux, le premier auteur pourtant du choix de M. de Valincour, et qui l’avait demandé au roi. […] Il n’est rien de tel, pour exalter et nourrir l’admiration, que ces poëtes inachevés et inépuisables ; car on veut dorénavant que la poésie soit dans le lecteur presque autant que dans l’auteur. […] Il semble même que les habiles et parfaits auteurs de ces chefs-d’œuvre l’aient compris tout les premiers ; car, leur œuvre achevée, ils détendaient leurs esprits, ils baissaient le ton, ils n’étaient plus les mêmes. […] Ce terme de grand revient naturellement sons la plume des auteurs originaux de Port-Royal quand ils parlent de lui.

1373. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

En se présentant à l’Empereur comme chargé des lettres de Ney, Jomini se garda bien de dire qu’il était lui-même l’auteur de l’ouvrage. […] L’auteur n’y perd jamais de vue cette maxime : « La théorie est le pied droit, et l’expérience est le pied gauche. » Les guerres de la Révolution lui fournissaient aussi des termes naturels de comparaison et des exemples ; il les empruntait le plus volontiers à la campagne d’Italie de 1796-1797 et à celle de 1800. […] L’auteur ne marche que derrière Lloyd et Tempelhof. […] Cette forme définitive, Jomini ne l’a donnée à son Traité qu’à la quatrième édition en trois volumes (1847) ; mais la première édition, commencée en 1805, continuée en 1806 et les années suivantes, était compléte en 1809 ; elle renfermait tout ce qu’il y avait d’original y compris le premier volume des Campagnes des Français depuis 1792, que l’auteur a bien fait de détacher ensuite pour en former une série à part, tout historique, l’Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution (15 vol.). […] Ces notes pourront être utiles à l’auteur pour ses prochaines éditions et intéresseront les militaires. » Suivent quelques renseignements précis sur les batailles de Montenotte, Lodi, Castiglione, etc.

1374. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Vous arriverez, par cette gymnastique intellectuelle, à donner à votre esprit une puissance de déduction inconnue à ceux qui restent servilement dans le sillon creusé par leurs maîtres, moins par respect pour ceux qui ont ouvert les portes de la science que par paresse ou insuffisance. » L’emploi véridique de ce procédé, en littérature, suppose donc un certain degré de nescience de la part de l’auteur. […] Aujourd’hui que l’on s’occupe beaucoup de cette question dans notre monde médical, j’ai trouvé intéressant de signaler ce fait, auquel n’ont probablement pas songé les auteurs du roman, ils ont fait mourir leur héroïne d’un rhume négligé, mais ils ont tracé les caractères et la marche du mal d’une manière que ne renierait pas l’auteur du meilleur Traité de clinique médicale que nous possédions. » Questionné à ce sujet précis par le Dr Cabanès, Ed. de Goncourt répondit textuellement dans une lettre : « Pour Germinie38 ça s’est passé ainsi dans la nature, la pleurésie a précédé la tuberculose », et une autre fois « … j’ai décrit un cas de pleurésie prétuberculeuse, c’est bien l’expression technique ? […] Même auteur, Joseph de Lorme, préface. […] Delmas, de l’Opéra, créateur en France du rôle de Wotan et auteur de cette curieuse et scientifique interprétation qu’il eut l’obligeance de détailler et presque de répéter devant nous.

1375. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Un tel livre est dû tout entier au génie de l’auteur ; il n’a point de rapports avec le caractère général de la littérature italienne. […] Le Boyard, qui est le premier auteur du genre que l’Arioste a rendu si célèbre, a beaucoup d’analogie, dans son poème, avec les contes orientaux. […] Il faut que l’auteur italien prenne tout en lui-même pour faire une tragédie, qu’il s’éloigne entièrement de ce qu’il voit, de ses idées et de ses impressions habituelles ; et il est bien difficile de trouver le vrai de ce monde tragique, alors qu’il est si distant des mœurs générales. […] Les Italiens n’ont pas besoin d’être attendris, et les auteurs, faute de spectateurs, et les spectateurs, faute d’auteurs, ne se livrent point aux impressions profondes de l’art dramatique.

1376. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Sa gloire inquiéta Ronsard, d’autant que l’esprit de parti se plut à exalter l’auteur des Semaines aux dépens de l’auteur des Discours. […] Confondant l’État et le roi, non comme le courtisan pour livrer l’État au bon plaisir du roi, mais pour que le roi fit du bien public son bien, il voulut fortifier le roi pour assurer la paix ; il se dévoua à combattre tous les l’auteurs de sédition et, d’anarchie, les ambitieux déguisés en fanatiques, et les fanatiques en qui le zèle faisait tous les effets de l’ambition. […] Mais il faut noter qu’ici encore la guerre civile et l’actualité ont aidé les esprits à secouer le joug de l’érudition, et fait passer en quelque sorte l’imitation de l’extérieur à l’intérieur de l’œuvre littéraire ; la nécessité d’être lu, compris et goûté de tous a fait que les auteurs de la Ménippée, et parmi eux un lecteur royal, n’ont plus pris aux anciens que ce qu’ils ont senti être conforme à leur raison, ce qui pouvait rendre leur pensée ou plus forte, ou plus sensible, ou plus agréable aux simples Français. […] Préface des Tragiques. — Sur l’œuvre et l’auteur, cf. p. 363-367.

1377. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Mais, à supposer même que l’auteur n’eût pas assez signifié sa pensée sur ce point, il faudrait ici distinguer. […] je sais tout ce qu’on peut répondre, et ce que développent à ce sujet, sur les indications de leurs maîtres, tous les candidats à la licence ès lettres (car Molière est chez nous une superstition nationale) : que La Bruyère écrit en moraliste, et Molière en auteur dramatique ; qu’il faut tenir compte du « grossissement » nécessaire à la scène et de l’« optique du théâtre » ; qu’Onuphre, par trop de vérité, s’évanouirait sur les planches, etc… Je n’en suis plus du tout convaincu ; et, s’il faut tout dire, je ne goûte Tartuffe que dans les endroits précisément où, pour le ton du moins, il se rapproche d’Onuphre. […] C’est égal, si quelque auteur contemporain mettait au théâtre un personnage aussi incohérent, aussi visiblement double que le Tartuffe de Molière, que diriez-vous, ô mon maître Sarcey ? […] L’argument de Dorine, c’est l’argument commode qu’on a coutume d’opposer aux gens que scandalisent la lubricité d’un livre ou l’immodestie d’une œuvre d’art ; l’argument dont les chroniqueurs badins et les auteurs de revues accablent l’honorable M.  […] Et, par cela seul qu’il applique à une passion profane le vocabulaire et les images de la « mystique » chrétienne, il se trouve presque composer, sans le savoir, une sorte d’élégie idéaliste aux airs déjà vaguement lamartiniens : Ses attraits réfléchis brillent dans vos pareilles… Il a sur votre face épanché des beautés Dont les yeux sont surpris et les cœurs transportés ; Et je n’ai pu vous voir, parfaite créature, Sans admirer en vous l’auteur de la nature, Et d’une ardente amour sentir mon cœur atteint, Au plus beau des portraits où lui-même il s’est peint.

1378. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Il est certain qu’aujourd’hui, plus qu’à aucune époque, nos auteurs à succès sont tous à l’Académie ou vont en être, sauf ceux qui, déjà de la dissidente Goncourt, se voient interdire le cumul. […] À part le grand Anatole France — qui est si peu académicien — ces braves gens passent inaperçus et la plupart d’entre eux sont confondus avec les auteurs attitrés de Cluny et de Déjazet et les plus bas producteurs de romans-feuilletons. […] Eugène Montfort Depuis que l’objet de cette enquête est connu, j’ai rencontré plus d’un lettré disant : « Mais certainement, à présent, l’Académie s’ouvrirait devant Flaubert et devant Baudelaire… » Le lettré poursuivait : « Peut-être pas, d’ailleurs, devant des auteurs représentant aujourd’hui ce que Flaubert et Baudelaire représentaient de leur temps… » Opinion, à mon avis, mal fondée. […] La liberté de pensée et les convictions d’écrivain d’un Flaubert ou d’un Baudelaire sont d’une autre sorte que celles de nos petits auteurs contemporains. […] C’est pourquoi un Flaubert, un Baudelaire, ou tout autre auteur dont les œuvres scandalisent les salons, ne peuvent entrer à l’Académie que par un coup heureux du hasard comme il ne s’en produit guère.

1379. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

J’en sais d’autres qui voudraient courir à plus d’un à la fois, et qui embrasseraient dans leur curiosité et leur tendresse quantité d’auteurs favoris sans trop savoir par lequel commencer. […] À ce prix-là, si l’on pouvait aller passer une journée tout entière au xvie  siècle, et s’en aller causer chacun avec son auteur, avec son philosophe, où iriez-vous ? […] Or, dans cette journée que je suppose qu’on puisse aller passer au xvie  siècle avec son auteur préféré, je doute que Calvin, de nos jours, eût beaucoup de chalands. […] Nul auteur n’a été plus admiré que Rabelais, mais il l’a été de deux manières et comme par deux races, très distinctes d’esprit et de procédé. […] Cette dernière manière, qui se pique d’être beaucoup plus philosophique et plus logique, me semble beaucoup moins rabelaisienne1 Le jeune auteur de la brochure dont j’ai parlé en commençant, M. 

1380. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Il y a l’auteur tragique qu’on ne lit plus et qu’on peut difficilement relire, celui qui eut l’idée d’introduire sur notre théâtre des imitations de Shakespeare sans savoir l’anglais, et qui, dans l’avertissement qui précède son Hamlet (1770), disait naïvement : Je n’entends point l’anglais, et j’ai osé faire paraître Hamlet sur la scène française. […] Ce Ducis, auteur dramatique, qui fut très contesté en son temps, mais qui réussit, somme toute, en dépit des résistances de Le Kain, des impatiences de Voltaire, des rudesses de Geoffroy, ce Ducis, qui fit couler bien des larmes sous Louis XVI, et que Talma, dans notre jeunesse, nous a ressuscité parfois avec génie, est aujourd’hui mort, ou à peu près mort ; et, s’il n’y avait que ce côté-là en lui, nous ne viendrions pas le tirer de ses limbes. […] On conviendra qu’il y a bien peu d’auteurs de théâtre qui soient habitués à tenir de la sorte leur vie en partie double ; et, chez celui dont nous parlons, il y avait harmonie et simplicité. […] Sa première pièce donnée au Théâtre-Français fut la tragédie d’Amélise, de laquelle Collé dit en son Journal (janvier 1768) : Les Comédiens-Français ont donné, le samedi 9 du courant, la première représentation d’Amélise, tragédie d’un M. d’Ussy, auteur inconnu. […] La première phrase du discours de réception de Ducis (4 mars 1779) fut saluée d’un long applaudissement : « Messieurs, il est des grands hommes à qui l’on succède et que personne ne remplace… » Ainsi Voltaire fut remplacé et célébré par celui même dont il avait tant de fois parlé comme d’un auteur wisigoth ou allobroge et ne sachant pas écrire : Vous avez vu sans doute Hamlet, écrivait-il à d’Argental lors de la première pièce de Ducis qui eut du succès ; les Ombres vont devenir à la mode ; j’ai ouvert modestement la carrière, on va y courir à bride abattue : domandava acqua, non tempesta.

1381. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

L’auteur de ces poésies a ; inventé pour elles une musique qui fait ouvrir des ailes de feu à ses vers et qui enlève fougueusement, comme sur un hippogriffe, ses auditeurs fanatisés. […] dans ses trois volumes, dont le second est énorme, n’a pas une seule fois écrit le nom de Dieu, même par distraction… L’auteur des Névroses est un Pascal sans Dieu, qui ne l’a jamais vu qu’une fois dans le fond de son gouffre, quand il pousse la clameur inconséquente de son De profundis qui clôt le livre. […] C’était aussi bête que de lui reprocher d’avoir des cheveux noirs… Si Shakespeare, que ces imbéciles admirent par lâcheté de tradition, donnait aujourd’hui son Hamlet, le plus beau de ses drames, ils diraient de la scène du cimetière où Hamlet, de ses mains de prince, joue au bilboquet avec des têtes de mort fraîchement déterrées, ce qu’ils disent des peintures horribles et sépulcrales de l’auteur des Névroses ; car Hamlet et M.  […] Nier la sincérité dans l’auteur des Névroses, c’était nier ou entamer sa force. […] Voilà, pour mon compte, tout ce que j’aurais pu reprocher et arracher à ce livre des Névroses, qui n’en place pas moins son auteur entre Edgar Poe et Baudelaire, mais qui est plus foncé en noir, plus lugubre, plus démoniaquement lugubre qu’eux.

1382. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Le vers étant une sorte particulière de musique doit être fait plus pour l’oreille que pour l’œil, quoiqu’en puissent prétendre les auteurs des traités de versification exigeant que, « pour la satisfaction de l’œil, les consonnes muettes qui suivent la voyelle rimante soient identiques (ou prétendues équivalentes) dans les deux mots à la rime3. » Or, considérons que les exigences de la rime dite correcte, proviennent d’une époque où les consonnes finales n’étaient pas encore devenues muettes. […] Heureusement que l’auteur des Bergeries ne s’en émut guère et continua de rimer indifféremment aux terminaisons en ent et en ant, sans faire pour cela des vers moins bons. […] J’ai lu souvent des vers dont les auteurs, en pareille occurrence, ne craignaient pas d’offenser la grammaire. […] Pourquoi dès lors obliger un auteur à employer une rime forte quand c’est d’une douce qu’il a besoin ? […] Sully Prudhomme lui-même, Pontifex maximus des Parnassiens, dans le règlement des prix qu’il a chargé le comité de la Société des Gens de Lettres de décerner en son nom, annuellement, n’a pas craint, malgré son absolutisme, d’insérer cet alinéa caractéristique « Aucun ouvrage présenté au concours ne sera exclu de plein droit parce que l’auteur ne se serait pas conformé aux règles usuelles de la versification.

1383. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Qui enfin leur a inspiré cette touchante et solide espérance que, cette vie terminée, l’âme immatérielle, intelligente et libre, sera recueillie par son auteur ? […] » Il y a une grâce touchante dans cette phrase : « L’âme immatérielle, intelligente et libre, sera recueillie par son auteur. » Mais cette grâce et cette force sont à demi cachées ; l’auteur ne les étale point ; d’elles-mêmes elles se font sentir. […] L’auteur ressemble à un homme qui voudrait calculer avec des chiffres dont il ignorerait ou changerait la valeur. […] Vous voyez, mon pauvre Kant, que votre système tombe en ruine ; c’est que je me suis enfoncé dans l’intimité de la conscience, à un degré où vous n’avez pas pénétré27. » Je me suis quelquefois représenté le sentiment d’horreur qui eût pénétré Condillac et les analystes du dix-septième siècle, s’ils avaient lu cette préface, et si on leur eût dit que l’auteur, écrivain admirable, avait commencé par écouter leurs leçons.

1384. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Par exemple, on sait l’ardent patriotisme de l’auteur de Grecque. […] L’auteur de l’Assommoir est un de ceux-là, même pour M.  […] Et voyez comment l’auteur échappe par là au reproche d’obscénité volontaire. […] L’auteur finit par prêter à ses personnages son œil grossissant. […] Expliquerons-nous cet étrange parti pris de l’auteur de Pot-Bouille ?

1385. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Ou l’auteur copie un historien, et son œuvre alors est inutile, ou il traite l’histoire par-dessous la jambe. […] Qu’on lise les auteurs d’une époque, si on veut connaître les mœurs de cette époque. […] — Je n’ai pas pu me rendre compte du reproche de décoration adressé à l’auteur ; je n’en vois pas l’inconvénient. […] et puisque j’avoue que nos auteurs amusent le public, n’ai-je pas tort de m’inquiéter de quelle façon ? […] Dans le second cas, au contraire, c’est l’auteur qui tombe en contradiction.

1386. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

en littérature, j’ai le sentiment que l’auteur soit le mâle, et qu’il fasse une espèce d’enfant au lecteur. […] Parmi ceux-là, Henri de Régnier semble le seul à suivre la tradition purement française des grands auteurs classiques. […] Et La Fontaine, l’auteur du vers libre, et Chénier ! […] Et ces deux purs seraient : l’auteur de l’Argent et… l’auteur de Madame Meuriot. […] Comme il est agréable d’admirer les œuvres en elles-mêmes sans s’infliger la préoccupation de classer leurs auteurs !

1387. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Quelle coiffure nocturne orne le front de l’auteur de Nana ? […] Dans cette revue de nos auteurs dramatiques, quel étrange oubli ! […] Pour parler de tel auteur, il a dû lire ces œuvres de suite, coup sur coup. […] Il demande sa part de dollars dans les droits d’auteur. […] La pièce, l’auteur et les artistes ont été unanimement acclamés.

1388. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Avant-propos »

Même à ce point de simplification, il nous paraît garder cette indéniable utilité de donner à son auteur une occasion publique de manifester sa gratitude à l’égard de tous ceux qui lui furent bienveillants, efficaces et doux, de lui permettre un partiel acquittement de la dette accumulée, — et, ayant reçu pendant vingt années, de rendre à son tour. […] Et nullement dans leurs rapports avec la mentalité des auteurs.

1389. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

J’ai nommé l’auteur de la Nuit , du Cerisier fleuri, de Prométhée. […] L’auteur « avoue en tremblant — dans un court avertissement — qu’il tente d’accomplir sur un plan lyrique le sublime pèlerinage de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis ».

1390. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Valère (1867-1950) »

Son livre, Le Château des merveilles, — une série de poèmes jolis et musqués comme le nom de leur auteur, — apparaît comme une guirlande de fleurs minuscules pour une jolie fête de Lilliput. […] La Cithare est une glorification du génie libre et créateur de l’Hellade antique, soit que l’auteur célèbre Salamine, … île aux beaux oliviers, Ô nourricière des colombes !

1391. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Quand l’Auteur n’auroit eu que le courage de résister au goût dominant du siecle pour le langoureux ou philosophique, ce qui est la même chose ; d’avoir su mépriser ce genre bâtard, quoique plus facile & plus applaudi par la multitude, & de s’être uniquement attaché aux bons modeles ; cette preuve de jugement suffiroit seule pour lui mériter des applaudissemens capables de l’encourager. […] Non, sans doute : il vaut beaucoup mieux marcher d’après les bons modeles, que de s’obstiner à créer des monstres bizarres qui ne sauroient jamais plaire qu’à des esprits frivoles, triste jouet du premier Auteur médiocre qui veut les séduire.

1392. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

Sans être sublime comme l’Auteur de Cinna, sans être naturel & tendre comme celui de Phédre, il s’est fait un genre particulier qu’il ne doit qu’à lui-même, & il excelle dans ce genre. […] Si l’Auteur de Zaïre eût eu, à l’égard de ce Poëte, la même indulgence qu’il est dans le cas de réclamer pour ses Pieces, quelque bonnes qu’elles soient, il se seroit épargné le blâme d’une censure injuste, à l’égard d’un homme qu’il avoit si fort loué de son vivant.

1393. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 210-213

Le dialogue est juste & concis, le comique des personnages est tiré de la pensée, quelquefois de la situation, & ne consiste point dans des jeux de mots ou de froides saillies, ressources ordinaires des Auteurs médiocres. […] Ce qu’il y a de certain, c’est que, lorsque Dufresny voulut faire représenter le sien, il n’étoit plus temps : celui de Regnard s’étoit emparé des suffrages ; ce qui acheva de brouiller irréconciliablement ces deux Auteurs.

1394. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 445-448

Sans souiller sa plume par l’impiété & la licence, qui déshonorent celle de l’Auteur de la Pucelle, le Poëte a su y répandre un agrément, une fraîcheur & une vivacité de coloris qui le rendent aussi piquant dans les détails, qu’il est riche & ingénieux dans la fiction. […] D’ailleurs personne ne devroit être plus réservé sur la plaisanterie, lorsqu’il s’agit de Comédie, que l’Auteur de la Prude, de l’Indiscret, de la Femme qui a raison, du Droit du Seigneur, de Charlot ou la Comtesse de Givry, du Dépositaire, en un mot, de toutes les Comédies réprouvées qui ont paru sous son nom.

1395. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

Il est pourtant vrai qu’il a été le premier, parmi nous, ce qu’on appelle un Auteur Bel-Esprit. […] Il en sera toujours de même des Auteurs qui se passionnent trop pour les modeles, choisis plus par attrait que par jugement.

1396. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Argument » pp. 1-4

L’auteur prouve d’abord la nécessité de suivre dans cette recherche une nouvelle méthode, par l’insuffisance et la contradiction de tout ce qu’on a dit sur l’histoire ancienne jusqu’à la seconde guerre punique (chap.  […] Dans ce chapitre, l’auteur jette en passant les fondements d’une critique nouvelle : 1º La civilisation de chaque peuple a été son propre ouvrage, sans communication du dehors ; 2º On a exagéré la sagesse ou la puissance des premiers peuples ; 3º On a pris pour des individus des êtres allégoriques ou collectifs (Hercule, Hermès.)

1397. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

L’auteur d’Émile n’est plus compris ; que dis-je ? l’auteur d’Héloïse paraît froid. […] J’ai donc cité l’auteur pour justifier le critique. […] Vous croyez que l’auteur veut vous amuser, point du tout ; il plaide une cause. […] Le but de l’auteur est décidément l’émancipation de la femme.

1398. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Mais leur sermonnaire n’est pas plus responsable de leur chute que l’auteur dramatique. […] Larroumet, auteur d’un livre sur Marivaux, qui a été couronné par l’Académie française. […] L’auteur n’a pas même pris la peine de le dire. […] Ils trouveront que l’auteur se moque deux avec ces puérilités et ces minuties. […] Il suit docilement l’auteur qui le mène.

1399. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Vous, mon cher ami, vous êtes onctueux et indulgent. » Cette onction de M. de Meilhan de loin nous échappe, mais les auteurs contemporains ont ainsi, pour les personnes qui les connaissent et qui les aiment, toutes sortes de vertus et de supériorités singulières qui s’évanouissent à distance. […] Le roman, qui est agréable, n’est que pour la forme ; tirons-en le fond, et quoique l’auteur, quand il l’écrivait, fût de quelques années plus âgé qu’en ses beaux jours d’éclat auprès du fauteuil de Mme de Créqui, soyons bien sûr qu’il avait déjà tous les mêmes jugements dans la tête et dans la conversation quand il désennuyait si bien la marquise. […] Le président de Longueil n’est point de ceux qui méprisent les hommes, bien qu’il les pénètre et les juge ; il aspirerait plutôt à les guider, à les conseiller utilement, à diminuer le nombre des injustices et des maux dont ils sont auteurs ou victimes. […] Quand il arrive, dans cette revue qu’il fait en idée de sa bibliothèque, aux auteurs dramatiques et aux tragédies, le président exprime des idées littéraires très libres, très dégagées, et qui, bien que justes au fond, ne sont pas vérifiées encoreao. […] Il en doit être un jour des honneurs et de la gloire, comme de la demande des auteurs à la fin d’une pièce ; le flatteur empressement avait enivré Voltaire, et les Poinsinet y devinrent insensibles.

1400. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

L’ouvrage, bien entendu, était dédié au roi, qui gratifia aussitôt l’auteur d’une pension. […] Il n’y mit pas son nom, mais il fut vite soupçonné d’en être l’auteur, et il se déclara aussitôt. […] Que je plains les auteurs, et quel péril ne court pas aujourd’hui le meilleur livre ! […] Il est vrai que l’auteur ne conduit pas son action avec finesse ; il l’interrompt même par des amours épisodiques d’assez mauvais goût ; mais, à travers ces défauts, je vois le grand poète, je vois un homme illustre, digne d’être envié à sa nation. […] C’est là que parurent successivement sa Dissertation sur les langues en général, et sur la langue française en particulier, en tête du numéro de mars 1717 ; ses Réflexions sur l’éloquence, en tête du numéro de mai 1718 ; son Nouveau Système d’éducation, en tête du numéro de juillet, même année : notre auteur, toutes les fois qu’il y écrit, a de droit la place d’honneur dans le Mercure.

1401. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Il est ainsi arrivé à des jugements sur son auteur qui ne sont point d’une parfaite exactitude : il nous dira, par exemple, que ses écrits n’ont rien perdu aujourd’hui de leur fraîcheur, tandis que cette fraîcheur, ils ne l’eurent pas même en naissant. […] On a révoqué en doute l’existence de ces lettres : elles valurent pourtant à l’auteur, dans le premier moment, un succès de mode, de salon, et les félicitations même d’une députation d’écrivains, parlant au nom du parti ultra-thermidorien, et qui, le croyant des leurs, l’invitaient à coopérer au rétablissement de la royauté : « Cette invitation, disait-il, me fit sauter en l’air. […] L’auteur véritable assistait dans un coin à la séance, et il put entendre dire à tout le monde que jamais Louvet n’avait si mal parlé. […] voilà le chef-d’œuvre, mais triste aussi et fané comme son auteur. […] D’ordinaire un journal est plus mauvais que son auteur ; et d’ordinaire encore un auteur devient plus mauvais par son journal.

1402. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

L’auteur, le comte Vitzthum, un homme d’État saxon, s’est vu amené précisément à étudier le maréchal de Saxe en retrouvant dans les Archives de son pays des lettres de lui toutes politiques, qui indiquaient une capacité du premier ordre. […] Ce livre des Rêveries lui-même fut écrit trop tôt (1732-1733), comme par un auteur amateur, avant son entière maturité et toute son expérience, du temps qu’il passait encore pour mener les troupes françaises à la tartare. […] Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène. […] Marius Topin, auteur d’un livre intitulé un peu fastueusement : L’Europe et les Bourbons sous Louis XIV, et qui, neveu de M.  […] Les sentiments d’un auteur ne vont pas jusque-là : ils se familiarisent trop avec la fiction pour aimer à ce point la réalité. » 14.

1403. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Un poète dramatique normand, auteur d’une tragédie de Marie Stuart, et de plus économiste, Antoine de Montchrétien, a été étudié avec soin sous ces divers aspects par M.  […] Joseph Dessaix, en faisant réimprimer le poème de Peletier intitulé la Savoye, dans les Mémoires de la Société d’histoire de Ghambéry (1856), en a préconisé de tout point l’auteur. […] On y découvrirait même une sorte de mode littéraire, si l’on y joignait les essais de poésie, odes ou odelettes, composées sur les rythmes de Ronsard, par des auteurs, alors très-jeunes, appartenant à nos dernières générations. […] MM. d’Héricault et de Montaiglon ont rendu ce genre de service par les publications d’auteurs et de poètes du xve et du xvie  siècle qu’ils ont données dans la très-utile Bibliothèque elzèvirienne de M.  […]  » Avec un auteur comme Du Bellay, dont tout le discours est ainsi pavé de réminiscences antiques, de telle sorte qu’on ne peut faire un pas avec lui sans marcher sur une pensée d’un Ancien, il est bon d’avoir un éditeur qui ait son Antiquité bien présente.

1404. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

L’énigme de l’auteur se mêlait à l’énigme de l’ouvrage. […] Les premières lectures qu’il entendit de l’auteur d’Atala lui révélèrent un monde nouveau. […] Sa Lettre était signée l’Auteur du Génie du Christianisme. […] Dans la Préface d’Atala qui parut peu après cette Lettre d’attaque, l’auteur consignait à la fin une sorte de rétractation, mais dont les termes mêmes laissent à désirer. […] Il y a tel drame dont personne ne voudrait être l’auteur, et qui déchire le cœur bien autrement quel’Enéide.

1405. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Il quitta le théâtre par un dépit d’auteur sifflé, après Pertharite : il y rentra, au moment où disparaissaient et les modèles qu’il peignait et le public qui avait fait sa renommée. […] Il n’a même pas beaucoup de couleur, sinon dans les sujets où l’imagination espagnole jette encore ses feux à travers le langage raisonnable de l’auteur français. […] Il fut un moment un des cinq auteurs qui écrivaient des pièces sous la direction de Richelieu ; il collabora aussi à la Guirlande de Julie. […] X, p. 4-23-425.)Éditions :le Théâtre de Corneille, revu et corrigé par l’auteur (avec les Discours et les Examens), Paris, A. […] Puis il fut un des cinq auteurs de Richelieu.

1406. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Et ces êtres vulgaires, formes dégradées de l’humanité, nous blessent dans notre amour-propre ; ils nous affligent, et nous les méprisons : pourtant ils sont si réels, si vivants, ils souffrent avec une si énergique intensité, qu’ils prennent droit de représenter la pauvre humanité, et qu’un peu de notre pitié, une pitié loyalement, rudement gagnée par eux sans complaisance ni tricherie de l’auteur, adoucit nos dégoûts, notre tristesse et notre révolte. L’ironie impitoyable de l’auteur s’abat seulement sur ceux que la vie ne châtie pas, qui fleurissent en leur sottise et leur bassesse, sur l’heureux, hilare et décoré Homais. […] Cette hallucination fantastique est sortie tout entière d’une patiente étude de documents ; de là, justement, la froideur de l’œuvre, et la fatigue qu’elle laisse : tellement l’auteur s’est mis en dehors de la vie contemporaine, tellement il a éliminé toute idée personnelle, toute conception philosophique, morale ou religieuse, qui eussent donné direction, sens et portée à ce splendide cauchemar. […] Zola n’a jamais aperçu la différence qui existe entre une expérience scientifiquement conduite dans un laboratoire de chimie ou de physiologie, et les prétendues expériences du roman où tout se passe dans la tête de l’auteur, et qui ne sont en fin de compte que des hypothèses plus ou moins arbitraires. […] C’est Gervaise qui est une Rougon-Macquart, mais c’est à l’alcoolisme de Coupeau que l’auteur s’attache ; et Gervaise, avec son hérédité, n’aurait pas déraillé, si Coupeau n’avait bu.

1407. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

de cet Ouvrage ; ce fragment a été trouvé imparfait dans ses papiers : l’auteur n’a pas eu le tems d’y mettre la derniere main ; mais les premieres pensées des grands maitres méritent d’être conservées à la postérité, comme les esquisses des grands peintres. […] La suite que l’auteur s’est faite, & celle que nous nous faisons se confondent ; l’ame ne retient rien, ne prévoit rien ; elle est humiliée par la confusion de ses idées, par l’inanité qui lui reste ; elle est vainement fatiguée & ne peut goûter aucun plaisir ; c’est pour cela que quand le dessein n’est pas d’exprimer ou de montrer la confusion, on met toûjours de l’ordre dans la confusion même. […] Augustin & autres auteurs de la basse latinité, & quelques-uns de nos modernes, comme Saint-Evremont : le tour de phrase toûjours le même & toûjours uniforme déplaît extrèmement ; ce contraste perpétuel devient symmétrie, & cette opposition toûjours recherchée devient uniformité. […] Ceci produit dans l’esprit différentes sortes de surprises ; nous sommes surpris du changement de style de l’auteur, de la découverte de sa différente maniere de penser, de sa façon de rendre en aussi peu de mots une des grandes révolutions qui soit arrivée ; ainsi l’ame trouve un très grand nombre de sentimens différens qui concourent à l’ébranler & à lui composer un plaisir. […] Il faut que dans un ouvrage on les sente parce qu’elles y sont, & non pas parce qu’on a voulu les montrer ; car pour lors la surprise ne tombe que sur la sottise de l’auteur.

1408. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Jeune, en débutant dans le monde littéraire, il commença par blesser la vanité de la foule des petits auteurs ; ils s’en vengèrent en s’en prenant à sa naissance. […] « Un idiome étranger, dit-il, proposant toujours des tours de force à un habile traducteur, le tâte pour ainsi dire en tous les sens : bientôt il sait tout ce que peut ou ne peut pas sa langue ; il épuise ses ressources, mais il augmente ses forces. » Ainsi ne demandez pas à Rivarol le vrai Dante ; il sent le génie de son auteur, mais il ne le rendra pas, il ne le calquera pas religieusement. […] Insistant sur la qualité essentielle de la langue française, qui est la clarté, tellement que, quand cette langue traduit un auteur, elle l’explique véritablement, il ajoutait : Si on ne lui trouve pas les diminutifs et les mignardises de la langue italienne, son allure est plus mâle. […] À Paris, on n’en était pas dupe : « En vain les trompettes de la Renommée ont proclamé telle prose ou tels vers ; il y a toujours dans cette capitale, disait Rivarol, trente ou quarante têtes incorruptibles qui se taisent ; ce silence des gens de goût sert de conscience aux mauvais écrivains et les tourmente le reste de leur vie. » Mais, en province, on était dupe : « Il serait temps enfin, conseillait-il, que plus d’un journal changeât de maxime : il faudrait mettre dans la louange la sobriété que la nature observe dans la production des grands talents, et cesser de tendre des pièges à l’innocence des provinces. » C’est cette pensée de haute police qui fit que Rivarol, un matin, s’avisa de publier son Petit almanach de nos grands hommes pour l’année 1788, où tous les auteurs éphémères et imperceptibles sont rangés par ordre alphabétique, avec accompagnement d’un éloge ironique. […] Il nous prouve très bien, par l’exemple des langues, que la métaphore et l’image sont si naturelles à l’esprit humain, que l’esprit même le plus sec et le plus frugal ne peut parler longtemps sans y recourir ; et, si l’on croit pouvoir s’en garder en écrivant, c’est qu’on revient alors à des images qui, étant vieilles et usées, ne frappent plus ni l’auteur ni les lecteurs.

1409. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

I, chap. 5] « Les véritables philosophes n’auraient pas prétendu, comme l’auteur du Système de la Nature, que le jésuite Needham eût créé des anguilles, et que Dieu n’avait pu créer l’homme. Needham ne leur aurait pas paru philosophe, et l’auteur du Système de la Nature n’eût été regardé que comme un discoureur par l’empereur Marc-Aurèle. » (Quest. encycl. […] L’auteur commence par le déluge, et finit toujours par le chaos : j’aime mieux, mon cher confrère, un seul de vos contes que tout ce fatras. […]  » Je ne réprouve pas moins ce livre comme citoyen : l’auteur paraît trop ennemi des puissances. […] » Il dit plus haut, en parlant de ce même ouvrage : On dira que l’auteur veut qu’on ne soit gouverné ni par Dieu, ni par les hommes.

1410. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Beaucoup d’auteurs, dans ces derniers temps, ont rapporté les phénomènes hypnotiques à une inhibition corticale. […] L’auteur déclare d’ailleurs que, « sur le fondement physiologique de cette faculté de contrôle, on ne peut admettre que des vues théoriques ». […] L’auteur ne le croit pas ; elles sont pour lui de cause centrale et dues aux oscillations de l’attention. […] D’après l’auteur, elle est dans l’oscillation des images qui accompagnent la perception sensorielle. […] Les auteurs qui ont recherché les causes déterminantes des idées fixes arrivent tous à la même conclusion : c’est un symptôme de dégénérescence.

1411. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Mais chez Rubys, un air de bassesse arrogante et l’aigreur distillée, mettent mal à l’aise et préviennent contre l’auteur. […] Tous les traits de satire avaient porté, tellement que le cardinal crut devoir réprimander l’auteur du scandale. […] L’auteur des Tragiques n’est pas si sauvage ! […] C’est là que l’auteur des Tragiques a puisé. […] On sent que l’auteur laisse son esprit travailler comme le vin nouveau, après avoir mis son cœur en sûreté.

1412. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Comme auteur dramatique, il a fait représenter des fractions d’à peu près de vaudevilles dans des simulacres de théâtres. […] — Vous, couper scène du chien, dit-il aux auteurs. […] On y représentait alors le premier ouvrage d’un romancier qui est devenu depuis un de nos plus féconds auteurs dramatiques. […] Derrière eux, les groupes d’auteurs échangent d’un air navré les propos les plus condoléants. […] Mais l’auteur de la Jeunesse ne s’est pas mépris sur les véritables intentions de cette rigueur sympathique.

1413. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

» L’auteur est si heureux de cette plaisanterie qu’il essaie de la renouveler vingt pages plus loin. […] Elle fait de la critique et elle appelle maître « le sympathique auteur du livret des Cloches de Corneville, M.  […] Dans le monologue, le cabotin fait au spectateur une commission de l’auteur. […] Dans les précédents recueils, l’auteur se croit trop obligée par la loi du genre et elle s’acharne à la chasse des idées drôles. […] Ce troisième roman est fort différent des premiers du même auteur.

1414. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Dubois fit un article plus chaleureux que l’auteur ne l’avait attendu et presque enthousiaste de l’ode intitulée les Deux Îles. […] Ainsi ce ne fut point à l’occasion du Cromwell que j’allai pour la première fois chez Victor Hugo (en janvier 1827) ; le Cromwell n’avait point encore paru, et l’auteur devait seulement en faire prochainement lecture, ou en partie, dans le salon de son beau-père. Je n’y allais pas non plus pour m’offrir d’en parler, ni pour faire des avances : j’étais trop critique, même dans ma jeunesse, pour aller d’emblée me jeter à la tête des auteurs dont je pouvais avoir à parler.

1415. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Auteur lui-même d’un poème épique, la Calédonie, et d’une tragédie héroïque, le Siége de Missolonghi, il y aurait eu bien des choses à lui retorquer sur cette pureté classique qu’il affichait et qu’il ne pratiquait pas sans de légères atteintes. […] Quant à l’Oraison funèbre du maréchal Bessières, qui fut demandée à l’auteur par Napoléon, et qui ne put être prononcée à cause des événements, l’éditeur nous dit en produisant aujourd’hui jusqu’aux variantes du morceau : « Je laisse aux lecteurs qui ont senti l’élévation de Bossuet et la profondeur de Tacite, le soin d’indiquer le rang où l’on doit placer Victorin Fabre. » Mais les lecteurs ne s’aviseront pas de donner le moins du monde dans ces rapprochements : l’oraison funèbre de Fabre est trop évidemment une copie, presque un pastiche de celles du grand Condé ou de Turenne. […] Sabbatier pour les soins qu’il apporte à cette publication, et qui, dans leurs scrupules mêmes et leur détail un peu superstitieux, ne sont que mieux d’accord avec l’auteur et avec le genre.

1416. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Voilà en quoi consiste la question véritable, ou plutôt il n’y a pas là de question, En effet, pour qu’une résurrection si miraculeuse de l’auteur original fût possible, il faudrait entre son traducteur et lui non-seulement une égalité, mais une identité de talent ; et, quand on l’obtiendrait par une sorte de métempsycose, le peu d’analogie qu’il y a du traduire au produire, surtout le peu de ressemblance Ses idiomes, suffirait encore pour empêcher fréquemment le succès. […] Nous n’énumérerons pas ici tant d’infructueux essais de traductions, depuis le président Claude Fauchet, qui donna en 1582 une version complète, critiquée dès son apparition par Étienne Pasquier, jusqu’au janséniste La Bletterie, qui fit parler son auteur, dit Voltaire, en bourgeois du Marais. […] En examinant sous le rapport du style ce premier livre des Histoires, traduit par l’illustre auteur, nous l’avons trouvé plus digne qu’on ne croit de Tacite et de lui, par le ton libre et ferme qui y respire, et je ne sais quelle séve de grand écrivain qui y circule ; on sent qu’il y traite son émule d’égal à égal, et que même, au besoin, il s’inquiète assez peu de le brusquer.

1417. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Le bibelot d’écriture, la joliesse plastique, de même que les jeux de phrases et les notations de nuances sentimentales semblaient seuls préoccuper les auteurs. […] « Il faut que les réformes d’art se subordonnent aux réformes mentales », a dit l’auteur de l’Annonciation. […] Et il suffit pour cela que les auteurs apportent des idées nouvelles, qui correspondent aux sentiments de l’époque et qui conviennent, en même temps, à la nature de nos nationaux.

1418. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Paul Bourget, Études et portraits. »

Il y a un passage du saint auteur de l’Imitation que je cite souvent, parce qu’il me console de mon ignorance de sédentaire, parce qu’il m’empêche d’être dévoré de la plus noire envie quand je pense à ceux qui ont le courage de voyager et de changer d’horizon, comme l’auteur de Cruelle Enigme. […] Je sais bien qu’on voit quelquefois des singes en traversant le défilé de la Chiffa ; mais l’auteur de l’Imitation me ferait remarquer qu’ils sont parfaitement semblables à ceux du Jardin des Plantes.

1419. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Sans l’histoire, il est difficile d’entendre les auteurs anciens ; sans la morale universelle, il est impossible de fixer les règles du goût : et, sous ces deux points de vue, l’enseignement de ce second cours reflète encore sur l’enseignement du premier. […] L’auteur y établit les principes généraux de la science des mœurs, et finit par les contrats, les actes de mariage, les promesses verbales, les promesses écrites, le serment et le reste de ces engagements que nous prenons si légèrement et qui ont des suites si longues et si fâcheuses. […] Sans la mythologie, on n’entend rien aux auteurs anciens, aux monuments, ni à la peinture, ni à la sculpture, même modernes, qui se sont épuisées à remettre sous nos yeux les vices des dieux du paganisme, au lieu de nous représenter les grands hommes.

1420. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection » pp. 277-289

Le frere du roi des parthes, Tiridate qui venoit à Rome faire hommage, pour parler suivant nos usages, de la couronne d’Armenie, auroit eu moins de peur du céremonial des romains, ajoûte l’auteur que j’ai cité, s’il les avoit mieux connus. […] Ils ne le liront pas sans profit et sans regreter que cet auteur soit mort il y a vingt ans, avant que de nous avoir donné le troisiéme. […] Notre auteur parle d’Hispahan, et Rome et Athenes sont des villes septentrionales par rapport à la capitale de la Perse.

1421. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Il a accepté les Mémoires de Marmont pour juger l’auteur de ces Mémoires, et le Marmont qu’il en a tiré, c’est précisément celui-là qui ne voudrait pas s’y reconnaître ! Cette vie que l’auteur des Mémoires a, pendant des années, arrangée comme un piège pour y prendre l’absolution de la postérité, a suffi au franc historien pour déconcerter l’homme et son piège et rendre toute absolution impossible. […] Malgré une absence de composition que le sujet litigieux choisi par l’auteur explique et suffisamment justifie, c’est aussi une histoire où le sens politique se révèle autant que le sens moral, et monte aussi haut.

1422. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

par le coup d’État 2, a déjà plusieurs mois d’existence ; mais il tire du talent, et plus encore de la famosité de son auteur, une importance telle qu’on pourrait y revenir même de plus loin que nous ne sommes aujourd’hui. […] Il n’y a pas d’écrivain qu’on puisse opposer mieux à Proudhon que Louis Couture, l’auteur d’un livre qui s’achève en ce moment, et dont la première partie est publiée : Du Bonapartisme dans l’histoire de France 3. […] Pour l’auteur du Bonapartisme dans l’histoire de France, l’avènement des Bonaparte n’est point un accident, mais la racine d’une dynastie.

1423. (1898) Essai sur Goethe

La plupart restaient comme attachés à leur auteur, en relations étroites avec les circonstances personnelles qui les avaient produits. […] L’auteur de Werther et d’Iphigénie a-t-il ici voulu se moquer de lui-même ou de son public ?  […] Ce que vaut cette conception, c’est à la vie de l’auteur qu’il faut le demander. […] Ces rapports, à vrai dire, ce n’est point dans les caractères des auteurs qu’il faut les chercher. […] Il souleva — ce qui ne fut point pour déplaire à son auteur — quelque colère parmi les « classiques ».

1424. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

L’auteur, non. […] Charles Maurras a fortement marqué combien cette indépendance-là est déjà limitée, puisque le succès suppose toujours un accord du public avec l’auteur, et il arrive trop souvent que cet accord se fait non point, par une élévation de ce public jusqu’à cet auteur, mais par une adaptation trop docile de cet auteur à son public. […] C’est le mot dont se sert l’auteur de l’Âme du chirurgien. […] Nul n’est plus intensément Français que l’auteur de la Comédie humaine. […] Je n’ai pas souvenir de l’avoir rencontrée, dans aucun des auteurs d’avant 1789.

1425. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Il sentait vaguement que la société n’était que là, et qu’on ne pouvait passer pour un auteur vraiment français que quand on y avait reçu le baptême. […] Il nous apprend, par exemple, à quel point les Martyrs de Chateaubriand, que nous savions bien n’avoir pas réussi au gré de l’auteur et de ses amis, ont été et ont paru une chute, une vraie chute, « la plus brillante dont on eût été témoin », mais une chute complète et avouée des amis eux-mêmes. […] L’auteur et l’homme chez Chateaubriand étaient deux ; Sismondi s’en aperçoit avec une surprise qui, dans son expression, ne laisse pas d’être naïve : « 14 mars 1813 (au sortir d’une conversation)… Chateaubriand considère l’Islamisme comme une branche de la religion chrétienne, dans laquelle cette secte est née, et en effet il a raison. […] Il put revenir, après avoir vu l’auteur, d’une partie de ses préventions, mais d’une partie seulement. […] Je crois bien que j’en ressens plus encore, parce que je reconnais l’auteur à chaque page, et que jamais confession n’offrit à mes yeux un portrait plus ressemblant.

1426. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

On en compte de trois sortes : ceux qui continuent à enregistrer les faits contemporains, à l’exemple des chroniqueurs ; ceux qui exploitent quelque partie de l’héritage de l’antiquité ; ceux enfin qui en appliquent les méthodes et les immortelles leçons à améliorer le présent et à préparer l’avenir : les auteurs de Mémoires, les érudits et les écrivains politiques. […] Il feint que l’auteur lui est inconnu ; que, voulant l’aller remercier du grand profit qu’il a fait à l’impression et au débit de l’ouvrage, « auquel, dit-il, on a couru comme au feu », il s’est longtemps enquis de sa demeure. […] Je reconnais encore le grand écrivain de tous les temps dans cette critique de certains auteurs de son siècle : « Pourveu, dit-il, qu’ils se gorgiassent en la nouvelleté, il ne leur chault de l’efficace ; pour saisir un nouveau mot, ils quittent l’ordinaire, souvent plus fort et plus nerveux168. » Mais voici qui est de l’écrivain du xvie  siècle « Le langage françois n’est pas maniant et vigoureux suffisamment ; il succombe ordinairement à une puissante conception ; si vous allez tendu, vous sentez souvent qu’il languit soubs vous et fleschit ; et qu’à son default le latin se presente au secours, et le grec à d’aultres. » Cette crainte d’en dire trop peu dans le discours, de laisser quelque chose de reste, et que ce reste soit le plus important, est bien d’un siècle plus affamé de connaissances que de vérité. […] Le livre de la Sagesse, malgré les réserves les plus explicites et les plus sincères en ce qui touche la foi, s’y substituait à l’insu de l’auteur, en réglant par la morale générale certains points que la religion seule avait réglés jusque-là. […] La satire Ménippée est l’ouvrage de quatre auteurs, Gillot, conseiller au parlement, Pierre Pithou, et les poètes Rapin et Passerat.

1427. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Il aurait fallu resserrer en deux mille vers, à peu près, ce que l’auteur allemand a exprimé en neuf mille. […] Boileau, en traduisant le commencement de l’Énéide, a mis trois vers pour deux, comme le remarque M. de la Harpe, et pourtant il a supprimé l’une des circonstances les plus essentielles dont l’auteur latin avait voulu frapper l’esprit du lecteur. […] L’auteur des Templiers a dû ajouter à son ouvrage des notes explicatives, tandis que Schiller, dans sa Jeanne d’Arc, sujet français qu’il présentait à un public allemand, était sûr de rencontrer dans ses auditeurs assez de connaissances pour le dispenser de tout commentaire. […] Les auteurs allemands peuvent employer, pour le développement des caractères, une quantité de circonstances accessoires qu’il serait impossible de mettre sur notre théâtre sans déroger à la dignité requise ; et cependant ces petites circonstances répandent dans le tableau présenté de la sorte beaucoup de vie et de vérité. […] La seule règle que je me sois imposée a été de ne rien faire entrer dans le rôle de Thécla qui ne fût d’accord avec l’intention poétique de l’auteur original.

1428. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

L’auteur de l’Étude sur Virgile aurait du coup, et pour la dernière fois, effacé et rendu désormais impossibles toutes ces comparaisons du plus au moins, éternisées entre Virgile et Homère. […] cette unité du génie épique de l’antiquité qui s’appelle tour à tour Homère et Virgile, non seulement l’auteur de l’Étude que voici ne l’a pas assez déterminée dans ce que ses éléments ont d’identique et de différent, de commun et de particulier, de contrastant et de sympathique, mais il l’a méconnue encore de fait comme d’essence, — aussi bien sur le terrain de l’histoire que dans l’intelligence des poètes qu’il avait à juger. […] L’auteur de l’Étude a donné, de sa fine main, ce petit soufflet aux idées fausses. […] Le poète à la bouche saignante et au front bilieux de Joseph Delorme, l’auteur de ces intailles si fouillées qu’on appelle les Portraits littéraires, peuvent s’y révéler par des qualités inattendues, par des renouvellements de manière comme il a commencé de le faire aujourd’hui, Phénix éclos d’un autre phénix, sans que le premier soit en cendres ! […] Il n’y a point l’aveugle sentiment d’amour-propre qu’on passerait à peine à l’auteur.

1429. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin nous tricote, ont, en effet, une connexion fort intime avec la psychologie dont il est l’auteur. […] Cousin qui, dans tout le cours de son livre, nous parle, comme Demoustier, l’auteur des Lettres à Émilie, des changements d’amants de Mme de Chevreuse, trop grande dame pour daigner connaître la retenue, — l’insolent !  […] , l’auteur du Beau et du Vrai continue son hymne d’adoration imperturbable, comme s’il n’avait là devant lui que de nobles actes et de grandes vertus ! […] Des erreurs de son livre (et elles sont nombreuses) celle-ci est peut-être la plus grave, celle qui prouve le mieux l’affaiblissement, la ruine de l’esprit de l’auteur ! […] L’auteur de Madame de Longueville, de Madame de Sablé, de Madame de Chevreuse, qui nous a filé depuis quelques années toutes ces belles histoires, est à la fin de son fuseau.

1430. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Hampden était l’auteur d’un écrit où fourmillaient les erreurs. […] Après des débats d’une solennité orageuse, le livre de Ward fut condamné et l’auteur dégradé de ses titres et banni de l’Université. […] Une lettre, digne des premières plumes théologiques de tous les temps et de tous les pays, avait été écrite par lui à l’évêque de Londres, et cette lettre était un manifeste en faveur des doctrines et des interprétations de l’éloquent auteur de l’Idéal. […] Son livre, qui tomberait des mains sans qu’on prît la peine de le ramasser, s’il ne s’agissait que de la personnalité de l’auteur, a cependant une certaine importance : — l’importance de l’opinion collective qu’il exprime. […] L’auteur du Mouvement religieux en Angleterre dit qu’on alla jusqu’à parler de refuser les taxes de l’Église.

1431. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXX » pp. 126-128

Saint-René Taillandier, auteur d’une bonne thèse sur Scot Érigène. […] C'est assurément un succès, c’est un hommage du moins à la position que s’est faite l’auteur par son grand esprit.

1432. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

Dans les trois premières, l’auteur a su amuser avec malice sans être par trop méchant. […] Karr n’échappent pas à l’épigraphe de Martial Sunt bona, sunt quædam mediocria, etc. ; il suffit qu’il y en ait de fort piquantes, en effet, et que l’auteur y fasse ; preuve en courant d’une grande science ironique des choses.

1433. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Samain, Albert (1858-1900) »

Albert Samain, qui a peut-être lu mes Intimités, doit beaucoup, héréditairement, à Baudelaire, à Verlaine et à ce symphonique et mystérieux Mallarmé que Mendès a spirituellement appelé un « auteur difficile », et qui n’en est pas moins pour beaucoup de « jeunes » un chef d’école. […] Avec tout ce qu’il doit à l’auteur des Fêtes galantes (il lui doit moins qu’on ne pourrait croire), Albert Samain est l’un des poètes les plus originaux, et le plus charmant, et le plus délicat, et le plus suave des poètes.

1434. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre premier. La question de fait et la question de goût » pp. 30-31

L’auteur y exprime telles idées, tels sentiments. […] Racine a été, selon les moments, considéré comme un poète merveilleux de grâce et de pénétration ou comme un auteur de tragédies aussi ennuyeuses que régulières.

1435. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 163-165

A considérer ces Pieces du côté de la chaleur, du sentiment & du pathétique, elles sont au dessus de tout ce que nous ont donné en ce genre les Auteurs de nos jours les plus prônés, & seront toujours regardées comme des Drames écrits avec une sensibilité, une force & une énergie capables d’attendrir le Lecteur le plus froid. […] Nous sommes fâchés que cet Auteur ait eu recours, dans ses Romans, à un faste typographique dont ils peuvent assurément se passer.

1436. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 440-443

La Grange, de Montpellier, mort à Paris en 1769, Auteur d’une douzaine de Comédies, dont quelques-unes eurent du succès dans leur nouveauté. […] la Grange de Checieux, mort à Paris en 1774, Auteur d’un Ouvrage de Politique, intitulé la Conduite des François justifiée, accueilli du Public dans le temps, & qui méritoit de l’être.

1437. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 100-103

C’est dommage qu’à force d’avoir abrégé l’Auteur Latin, sous prétexte de faire disparoître les défauts qui le déparent, & de rapprocher les beautés qui le font admirer, M. le Chevalier de Laurés soit quelquefois tombé dans une sécheresse non moins condamnable que l’enflure & le faux sublime de l’Original. […] On s’est persuadé qu’il n’y avoit d’autre parti à prendre, à l’égard des Auteurs Grecs & Latins, que de traduire, & l’on n’a pas fait attention que la diversité du génie des Peuples, celle des Langues, étoient des obstacles insurmontables pour une bonne Traduction.

1438. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Un auteur dramatique nous est-il né ? […] Cela explique tout, et nous croyons l’auteur sur parole. […] … Je m’y perds, et l’auteur aussi, je crois. […] Vous ne m’arracherez pas un seul mot désobligeant pour l’auteur. […] Les auteurs auraient-ils eu des intentions philosophiques ?

1439. (1774) Correspondance générale

C’est mon bien, pourtant, c’est le bien de vos auteurs que vous retenez. […] c’est ce qui vient de m’arriver tout à l’heure à moi-même avec un auteur et un libraire à qui j’avais vendu le manuscrit de l’auteur. Je disais : Si le libraire est mécontent, l’auteur sera satisfait ; et si l’auteur n’est pas satisfait, le libraire sera content. […] Imprimé en 1767, il fut joué en province, mais l’auteur ne put obtenir de le faire représenter à Paris. […] George Colman, célèbre auteur dramatique anglais.

1440. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Il y a plus : le Pascal de l’Entretien avec M. de Saci n’est pas seulement encore le Pascal des Provinciales ; et je crois qu’un psychologue, même exercé, ne laisserait pas d’avoir quelque peine à retrouver dans l’auteur des petites lettres tous les traits de l’auteur des Pensées. […] Fournier : « L’auteur de Tartuffe, prêtre ou moine !  […] vraiment, l’auteur de Gargantua n’a-t-il pas été l’un et l’autre ? […] L’auteur d’Œdipe entre en lice, et fait bruyamment valoir ses titres à l’héritage vacant. […] En effet, jusqu’aux auteurs dramatiques, ce n’est plus seulement l’ambition de la célébrité qui les travaille et les consume : c’est l’ambition du pouvoir.

1441. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Bien des pleurs et des plaintes de Pauline se sont produites dans ces vers que tu aimes, et dont elle est, en effet, le premier auteur. […] Il devait venir au théâtre Feydeau ; il était « homme du monde » et il était « poète. » Ami de Chateaubriand, et auteur de Cantates sacrées, imbu, sans doute par snobisme, de ce christianisme vague que nous avons vu revenir à la mode ces années-ci, il devait donner aisément dans un pathos idéaliste, propre à séduire la sentimentale comédienne. […] Ne te semble-t-il pas, mon ange, que la raison vacille plus devant ces prodiges humains que devant les merveilles incompréhensibles de l’Auteur éternel ? […] Benjamin Rivière devrait nous dire, s’il le sait, quel est l’auteur de ces Mémoires.) […] L’auteur de Joseph Delorme et des Consolations, l’ami de la poésie lakiste et des nuances morales gris-perle, devait se plaire dans ce monde modeste, gracieux avec décence, un peu mélancolique au fond, de jeunes institutrices.

1442. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

D’une longue fréquentation chez les Parnassiens, l’auteur des Épisodes a gardé des habitudes sévères de travail et le goût du définitif. […] Paul Verlaine notamment, — quelques pages laissaient deviner l’auteur de la Chevauchée. […] L’auteur de ce poème y échoue assurément lui-même, — ou plutôt il réalise, en des vers qui sont près de la prose, une sorte de rythme nouveau basé sur le geste. […] L’auteur des Cygnes sera peut-être surpris de se voir assimilé à Ravachol ; — comme il n’y a guère de propagande par le fait, disons plutôt Kropotkine. […] En 1885 il y parut un livre de vers signé « Moi », dont l’auteur réclamait pour les vers toute liberté de forme.

1443. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Ces discours, ou dialogues philosophiques, ont toujours pour prétexte une petite anecdote, une fable, à la vérité, mais la fable est comme dévorée par le discours, par la conversation de l’auteur et n’est plus, évidemment, pour l’auteur qu’un prétexte, pour le lecteur qu’un petit divertissement. […] Descartes, ce mortel dont on eût fait un dieu Chez les païens, et qui tient le milieu Entre l’homme et l’esprit, comme entre l’huître et l’homme Le tient tel de nos gens, franche bête de somme ; Voici, dis-je, comment raisonne cet auteur… Qu’est-ce que nous voyons ici ? […] Mais voyez comme, presque sournoisement, l’avocat qu’est La Fontaine, dépose en passant, jette, en passant, une idée qui sera féconde, il le suppose et il a bien raison de le supposer, dans l’esprit de son lecteur, et qui achemine le lecteur à la conclusion où lui, auteur, veut atteindre. […] Car où en veut venir l’auteur ? […] Que La Fontaine soit dans cette liste, cela peut vous étonner, car La Fontaine considéré comme un homme moral, et même comme un auteur moral, ce n’est pas mon avis et ce n’est probablement pas le vôtre.

1444. (1927) Des romantiques à nous

De 1813 à 1826, date de la mort de l’auteur, elle n’a pas eu l’époque, une grande popularité. […] Et les titres des ouvrages futurs que le jeune auteur nous annonce seraient bien faits pour nous confirmer dans notre prévision et notre espérance. […] Je n’attends pas de cet auteur une littérature « intérieure ». […] Une sorte d’impulsivité sacrée est, selon notre auteur, la loi des grands hommes, « Pascal, Danton, Nietzsche, Joseph Delteil ». […] Telle était, aux yeux de Baptiste, l’importance de son auteur qu’il ne le nommait même plus de son nom. 

1445. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Que l’auteur ait des sympathies pour lui, cela est possible, mais ne regarde guère le lecteur. […] Une certaine distance est nécessaire entre le romancier et la foule, que l’auteur ne garde plus assez grande. […] Il faut qu’elle devienne objet, ne reste pas ombilicalement liée à son auteur. […] La première page de ses livres me confond : la liste des ouvrages du même auteur, parus ou à paraître, toute une bibliothèque, avec les ouvrages de fond, les grands romans valeureux des pleines reliures, Être, l’Essence de soleil, Soi et les plus rapides histoires, que tous les trois mois édite Paul Adam, comme une terre bénie d’où, par an, quatre récoltes éclosent.

1446. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

La politique des Stuarts et la politique de 1688 y ont chacune son théoricien, l’une dans l’auteur du Léviathan, l’autre dans l’auteur de l’Essai sur le gouvernement civil ; mais c’est surtout en France, au xviiie  siècle, que l’union de la politique et de la philosophie a été brillante et féconde : Montesquieu, Rousseau, Turgot, Condorcet, en sont les témoignages les plus éclatants, mais non pas les seuls. […] Quelle distance, par exemple, de M. de Bonald à M. de Chateaubriand, de l’auteur de la Législation primitive à l’auteur de la Monarchie selon la charte !

1447. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Cet auteur, en parlant des masques de caractere, dit que celui du vieillard qui joüe le premier rôlle dans la comédie doit être chagrin d’un côté, et serain de l’autre. Le même auteur dit aussi en parlant des masques des tragédies qui doivent être caracterisez, que celui de Thamiris, ce fameux témeraire que les muses rendirent aveugle, parce qu’il avoit osé les défier, devoit avoir un oeil bleu et l’autre noir. […] Cet auteur en conseillant aux orateurs de bien examiner quels sont leurs talens naturels, afin de prendre un goût de déclamation convenable à ces talens, dit qu’on peut réussir à plaire avec des qualitez differentes. […] Cet auteur, en parlant de l’architecture du théatre, entre dans un détail long et méthodique sur la forme de ces vases, qui n’étoient apparemment autre chose que des plaques d’airain rondes et un peu concaves, ainsi que sur les endroits où il falloit les placer, afin que la voix des acteurs trouvât à propos des échos consonans.

1448. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

La comtesse Guiccioli25 I Il y a déjà quelques années, — et plusieurs, avant le livre sur Byron de l’auteur de Robert Emmet 26, — que parut, en 1868, je crois, un livre intitulé : Byron jugé par des témoins de sa vie. […] Et quand je dis le premier bas-bleu venu, je dis trop, cependant… Mme Guiccioli ne l’était pas ; elle n’avait ni la morgue, ni l’insolence, ni la pose des bas-bleus vulgaires… Mais quand elle songea à nous donner son livre sur lord Byron, elle n’était déjà plus la suave Italienne à robe blanche et à esprit ingénu, que l’auteur de Childe-Harold avait aimée… Les années avaient pâli ses cheveux d’or… Dans d’autres temps, elle fût probablement devenue dévote. […] … Le Byron vertueux qu’on trouve ici, le Byron éthéré, le Byron même anachorète — comme saint Antoine, — ce Byron enfin de perfection idéale, angélique et archangélique, m’inquiète légèrement, je l’avoue ; et quoique je n’aie jamais cru aux bêtises et aux calomnies du bégueulisme sur Byron, je ne crois pas pourtant qu’il fût si ange et si archange que cela… Il devait faire, très bien, ses sept petits, péchés mortels par jour, — comme on dit que les font les Justes… L’auteur du Byron jugé, qui est une Italienne et une catholique, nous a enlevé un Byron de vitrail et de sainte chapelle, mais ce n’est pas plus le Byron vrai que le Henri de La Rochejacquelin de Hopwood — un ange aussi, — toujours les anges !  […] L’auteur de Robert Emmet.

1449. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Connu déjà par plusieurs ouvrages, l’auteur de celui-ci appartient à cette race d’écrivains qui s’établissent volontiers sur les sujets graves, avec plus de bonne volonté que de bonheur. […] Nul aperçu, nulle vue particulière à l’auteur n’y domine et n’y décide les conclusions de parti, qui ne s’y expriment pas, mais qui y soupirent. […] Il est vrai que les uns reprochèrent à l’auteur du Voyage en Russie un peu d’humeur dans les opinions, et les autres beaucoup d’ingratitude vis-à-vis d’un pays qui l’avait reçu avec une si coquette hospitalité. […] L’auteur y refait, sous le nom de Petchorin, ce beau roman de René, la seule chose vraie qu’ait écrite Chateaubriand, et par un procédé assez grossier d’imitation (toujours l’imitation !)

1450. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

pas plus que le livre de la Monarchie du Dante et le Mare Clausum de Milton, n’ont fait celles du poète de la Divine Comédie et de l’auteur du Paradis perdu. […] Auguste Barbier, l’auteur des Ïambes et du Pianto, a été un de ces fleuves, bouillonnants et disparus… Mais Lamartine, l’inépuisable Lamartine n’a jamais cessé d’être le grand poète des premières Méditations ; et, jusqu’à sa dernière heure, il aurait coulé, nappe éblouissante d’une inspiration et d’une expression de la plus idéale pureté, sans la politique de son temps, dans laquelle, hélas ! […] Mais l’admiration qui l’a sténographié était humble… L’auteur du Lamartine et ses amis a la coquetterie heureuse de se faire voir, dans son livre, à côté de Lamartine, Il prend de cette lumière, il grippe de ce soleil… et Boswell, lui, s’efface, non pas devant Johnson, mais derrière ! […] V On voit maintenant les différences entre ma notion de Lamartine et celle de l’auteur de Lamartine et ses amis.

1451. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

L’auteur des Institutions politiques de l’ancienne France établira-t-il la vérité complète, absolue, sans objection, de l’histoire qu’il a entreprise ? […] II Ce point de vue supérieur, d’une unité grandiose, que l’auteur des Institutions politiques de l’ancienne France fait planer sur son histoire, et qui en contredit toutes les origines, c’est l’influence de l’Empire Romain sur le monde barbare, — c’est-à-dire tout le contraire de ce qu’on a pensé depuis des siècles. […] En ce premier volume, l’auteur n’est encore qu’à la porte de son sujet. […] Plus tard, l’auteur, sans doute, dégagera de ce qu’il appelle les Institutions de l’ancienne France, l’immense part de cette influence qui les a pénétrées comme l’eau pénètre l’éponge. « La collection de Justinien — dit-il en passant — a eu force de loi jusqu’au milieu du Moyen Âge… » Mais, en ce moment, ce qu’il veut, c’est de marquer notre lignage et de le purifier de cette tache originelle de la conquête, que l’Histoire lui a fait trop longtemps porter.

1452. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

III L’un des plus comptés parmi eux, l’auteur de La Dame aux Camélias, se devait à lui-même de faire une préface à Manon Lescaut, puisqu’on la rééditait avec cette furie. […] L’œil à fleur de tête de l’auteur du Demi-Monde voit mieux son sujet que l’œil trouble de cet ivrogne de Planche, infiltré de madère. […] Il y a un auteur responsable, qu’il faut toujours juger dans la liberté, coupable ou innocente, de sa puissance ! […] Je sais comme est écrit Gil Blas et même Candide ; mais j’avoue que je n’ai jamais rien vu de pareil au verre d’eau claire du style de Manon Lescaut, qui n’a jamais été chauffé, même au bain-marie, par la passion de son auteur.

1453. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

L’auteur nous y entr’ouvre le cœur douloureux du vieux poète. […] L’auteur avait beau être marguillier et saint homme : il ne put s’empêcher d’y aller voir. […] Soupçonnerais-je par hasard la sincérité religieuse des heureux auteurs de Grisélidis ? […] Je n’en sais absolument rien ; les auteurs non plus. […] L’auteur n’a songé qu’à « passer la rampe », comme disent les malins.

1454. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Charles Nuitter fût remanié par l’auteur en collaboration avec M.  […] Si elle est réellement belle, je saurai l’admirer et rendre justice au génie de l’auteur, tout en méprisant son caractère, Je n’ai pas besoin, pour arriver à cet éclectisme, que l’on me commente éloquemment la fameuse maxime : « L’art ne connaît point de patrie. » J’ai l’esprit plus terre à terre. […] Gounod ; que l’indignation publique doit faire justice de l’impudence de qui voudrait jouer Lohengrin dans un théâtre subventionné ; que la Revue Wagnérienne est rédigé par des allemands : que Wagner a fait un opéra intitulé « le Maître Chanteur » … L’auteur de ce pamphlet ? — Une indiscrétion venue de l’imprimerie où a été faite la brochure, nous a renseignés : l’auteur serait Mme Adam. […] Albert Wolff (1835-1891), journaliste, auteur dramatique et critique fut le secrétaire d’Alexandre Dumas et collabora aux journaux Le Gaulois, Le Charivari et le Figaro dont il fut même le rédacteur en chef.

1455. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « V » pp. 19-21

L'auteur timide et provincial n’avait pas osé venir (c’est un M. […] L'auteur n’a manqué aucun des heureux motifs indiqués et les a développés avec un talent que tous, je crois, salueront. — Par malheur, la pièce sera mal jouée à l’Odéon.

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