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1514. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Clymène est ce que je vous disais, un conte fantaisiste en dialogue, où paraissent des personnages réels ou supposés, comme Clymène elle-même, et Acanthe qui est l’amoureux, qui est le poète amoureux, qui, évidemment, représente La Fontaine. Et, d’autre part, paraissent les personnages des dieux de l’ancienne mythologie, à savoir Apollon et les muses. […] Par exemple, ceci nous donne une petite vision du premier état d’âme de La Fontaine amoureux, et en tout cas cela me paraît tout à fait digne de vous être soumis. […] Je veux vous citer encore quelque chose d’assez curieux que je vous ai signalé, ce me semble, et qui me paraît devoir du moins appeler votre attention. […] Je vous citerai encore, dans le même genre, mais seulement au point de vue d’une sentimentalité, d’une sensibilité qui paraît un peu nouvelle, et véritablement nouvelle à cette époque, la Courtisane amoureuse.

1515. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La sociologie biologique n’avait de regards que pour ces « corps » sociaux qui seuls paraissent naître et se développer à la manière des organismes. […] D’ailleurs, si, dans bien des cas, l’organisation économique moderne force les hommes à exercer simultanément plusieurs professions, plus souvent encore elle les forcera à les exercer successivement, D’après des observations faites sur les ouvriers anglais, qui paraissent sentir, plus promptement que les autres, les exigences du système de production actuel, le travailleur idéal, le travailleur de l’avenir serait celui qui serait, apte à changer de métier suivant les variations de la demande164. […] Guizot l’observe justement, lorsqu’il oppose, à l’influence bienfaisante du catholicisme, l’influence funeste du mahométisme : « C’est dans l’unité des pouvoirs temporel et spirituel, dans la confusion de l’autorité morale et de la force matérielle que la tyrannie, qui paraît inhérente à la civilisation mahométane, a pris naissance175. » Ce serait au contraire le privilège de notre civilisation que la multiplicité des principes176. […] Ne serait-on pas, au contraire, porté à juger a priori, indépendamment de ses actes propres, de la valeur d’un individu par la place qui lui paraît marquée d’avance dans toutes les sociétés, et à le tenir, avant toute expérience, comme digne de respect ou de dédain, suivant la hauteur de ce rang toujours le même ? […] En France, après 1870, des maisons de commerce avaient, dit-on, inscrit sur leurs devantures : « On ne vend pas aux Allemands » ; et il paraît que les Américains, pour se venger de l’attitude prise par la presse française lors de la guerre de Cuba, se sont proposé de « boycotter » notre commerce.

1516. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Son éducation intellectuelle me paraît avoir été faible. […] On dit que l’homme est paresseux ; il n’y paraît pas. […] Elle nous paraît trop considérable et trop énorme. […] A Ballanche, elle paraît d’autant et de plus 4e conséquence peut-être que le christianisme. […] Quelque adresse qu’on y mette, il ne paraît pas.

1517. (1886) Le roman russe pp. -351

Et le sentiment religieux paraissait inséparable des interprétations temporaires qu’on identifiait avec lui. […] Je me la rappelle en voyant que ces petites perles, tombées dans une prose étrangère, y paraissent mortes et n’ont plus d’orient. […] Ce furent là, paraît-il, les premières classes du jeune Gogol et les plus profitables. […] Du milieu du ciel, la lune regarde ; la voûte incommensurable s’étend et paraît plus profonde encore ; elle s’embrase et respire. […] Enfin le monarque parut, l’air distrait : il s’était oublié dans son cabinet à lire l’Iliade.

1518. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Cette forêt, trop pleine de ronces, de houx et d’épines, lui a paru infernale. […] Puis, le livre paru, le critique montait en chaire et expliquait au peuple l’évangile nouveau. […] Il paraîtrait toujours nouveau. […] Cela paraît raisonnable et c’est enfantin. […] Challemel-Lacour eût rougi de paraître encore pessimiste.

1519. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

) nous apprend qu’on a dit senatuis, fluctuis ; & le génitif senatûs, fluctûs paroît n’en être qu’une contraction. […] Souvent il paroît modifier tout autre adjectif dont le corrélatif est exprimé ou supposé : plenus vini, lassus viarum, supp. […] C’est, dit-on, que l’usage moderne ne doit son origine qu’à la négligence de quelques copistes malhabiles, & que celui des Grecs paroît venir d’une institution réfléchie. […] M. du Marsais paroît avoir senti cet inconvénient, dans le détail qu’il fait des figures de construction aux articles […] Mais il me paroît que c’est juger du latin par le françois, que de trouver une hypallage dans ces paroles d’Horace, Lucretilem mutat Lycoeo Faunus.

1520. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il paraît que Voltaire ne s’était pas tout à fait aventuré en parlant de corrections faites aux Lettres persanes. […] « Quand j’ai été rappelé à l’antiquité, j’ai cherché à en prendre l’esprit, pour ne pas regarder comme semblables des cas réellement différents, et ne pas manquer les différences de ceux qui paraissent semblables. […] Le débiteur qui parut sur la place, couvert de plaies, fit changer la forme de la république. […] « J’ai observé le tissu extérieur d’une langue de mouton, dans l’endroit où elle paraît, à la simple vue, couverte de mamelons. […] À mesure que la langue s’est dégelée, les mamelons, à la simple vue, ont paru se relever, et au microscope, les petites houppes ont commencé à reparaître.

1521. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Son intérêt exigerait au contraire qu’il parût le très fidèle observateur du pacte social, et, au besoin, qu’il en démontrât aux autres les avantages et le caractère sacré. […] Et pareillement un ordre abstrait, intérieur, dont l’origine est méconnue, qui paraît sortir du moi lui-même, et représenter soit sa nature essentielle la plus haute, soit une volonté supérieure et divine. […] À vrai dire, cette mythologie paraît avoir surtout prospéré chez les philosophes. […] J’ai dû exposer les démarches successives de l’instinct social de façon à paraître transformer la réalité. […] Mais on retrouve encore sa trace et son influence jusque dans ce qui paraît être seulement une révolte de l’instinct individualiste, tellement l’esprit social se mêle à toute notre vie et s’applique à la tourner à son profit.

1522. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Il a paru ce matin un grand article de Céard. […] Il n’est pas content du roman qu’il fait… Il y a trop de vente de toile et de coton… À distance, et avant de l’avoir commencé, la chose lui paraissait devoir être plus intéressante. […] Le peintre. — Vraiment, vous trouvez cela étonnant… le chiffre vous paraît excessif… Vous, à combien en êtes-vous ? […] Dans les corridors, on se dit à l’oreille : « Ça me paraît démodé, hein ?  […] Le jour, où elle est venue donner la leçon à Léon, et qu’il lui a donné les deux numéros parus du journal : « Aujourd’hui, a-t-elle dit à son élève, il n’y aura pas de leçon, vous allez me traduire le roman de M. votre père. » Et derrière la porte, Daudet l’entendait rire à « Oh !

1523. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

VIII De ce jour la littérature, jusque-là maudite, me parut un plaisir un peu chèrement acheté, mais qui valait mille fois la peine qu’on nous imposait pour l’acquérir. […] « Les hirondelles, qui sont revenues depuis peu de jours des pays inconnus où elles ont un second nid pour leurs hivers, n’ont pas encore pris leur vol ; elles sont rangées les unes à côté des autres sur les conduits de fer-blanc qui bordent le toit, afin d’y saluer de plus haut le soleil qui va paraître, ou d’y tremper leurs becs dans l’eau que la dernière pluie y a laissée ; on dirait une corniche animée qui fait le tour du toit. […] Ces livres, ainsi feuilletés et commentés en plein ciel, avec une ardeur continue d’intérêts divers par ces trois solitaires, me parurent renfermer je ne sais quels oracles mystérieux que ces sages venaient consulter dans le recueillement de l’âme et des sens sur ces hautes cimes. […] J’aurais voulu que la vie publique mêlât le talent littéraire à tout ; rien ne me paraissait réellement beau, dans les champs de bataille, dans les vicissitudes des empires, dans les congrès des cours, dans les discussions des tribunes, que ce qui méritait d’être ou magnifiquement dit, ou magnifiquement raconté par le génie des littérateurs. […] D’ailleurs, une réflexion juste m’a toujours paru condamner ces morts d’ostentation ou d’impatience.

1524. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

On explique généralement ces différences par l’influence des conditions physiques de ces îles ; mais une pareille explication ne me paraît pas satisfaisante et les facilités d’immigration me semblent avoir eu au moins autant d’importance que la nature des conditions locales. […] D’ailleurs, le temps a suffi à la production d’espèces autochtones appartenant à d’autres classes, et l’on sait que sur les continents, les mammifères paraissent et disparaissent plus vite que d’autres animaux inférieurs. […] Parmi les coquilles sur lesquelles j’expérimentai était une Helix Pomatia, et, lorsqu’elle hiverna de nouveau, je la replaçai dans l’eau de mer pendant vingt autres jours, et elle supporta encore ce traitement sans paraître en avoir souffert. […] Longtemps cette objection me parut difficile à lever. […] Ainsi, la durée de chaque espèce et groupe d’espèce est continue dans la succession des âges : du moins, les exceptions à cette règle sont si rares, qu’elles peuvent, avec droit, être attribuées à ce que nous n’avons pas encore découvert en quelque dépôt intermédiaire les formes qui paraissent y manquer, bien qu’on les trouve dans les formations immédiatement inférieures ou supérieures.

1525. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Que me fait Lara ou le Corsaire, ou cette belle sultane Missouf qui, dans un conte de Voltaire, quelque soir me parut si voluptueuse ! […] J’en sais à qui elle paraîtra intolérable et le contraire du véritable amour. […] Les formes du buste lui parurent plus pleines, mais encore d’une minceur élancée. […] Une telle poésie serait impossible en terre germanique, et j’imagine qu’elle doit paraître incompréhensible à ceux qui n’y furent pas préparés par une identique formation. […] Peut-être ne paraîtra-t-il pas sans intérêt de se poser la question suivante : ses conclusions s’en trouveraient-elles modifiées, et dans quelle mesure ?

1526. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

Thiers, laquelle décidément s’imprime, et dont les trois premiers volumes (contenant cette Histoire du Consulat tout entière) paraîtront ou à la fin de l’année ou tout au commencement de l’autre. […] Ce ne serait que Henri IV qui, descendu de Robert de France, sixième fils de Louis IX, aurait enfin fait rentrer la couronne dans la lignée directe du saint roi. » Le fait est qu’une quarantaine d’années après la mort ou la prétendue mort de ce petit roi Jean, parut en France un aventurier qui se donna pour lui, qui raconta toute une histoire romanesque à laquelle plusieurs puissances et personnages politiques d’alors ajoutèrent foi, notamment Rienzi.

1527. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Le style est ce qui, dans l’ouvrage, paraît laisser le plus à désirer ; le plus souvent on n’y songe pas, tant ce style est simple, facile et courant. […] Il paraît que mademoiselle Rachel y a été très-belle et créatrice.

1528. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Ce mot de M. de Montesquiou a paru au public le trait le plus piquant peut-être du discours de M.  […] Dans la situation toute secondaire où est descendue l’Académie française et d’où il est difficile qu’elle se relève, n’ayant ni action directe, ni but propre, elle paraît décidée à se recruter en grande partie parmi les hommes politiques, comme autrefois elle faisait parmi les grands seigneurs, et elle aura raison, pourvu que, de temps à autre, elle ne dédaigne pas d’ouvrir ses invalides à quelque littérateur pur et simple qui aura la témérité de se mettre sur les rangs.

1529. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre V. Du jeu, de l’avarice, de l’ivresse, etc. »

Dans un moment d’émotion, il n’y a plus de jugement, il n’y a que de l’espérance et de la crainte ; on éprouve quelque chose du plaisir des rêves, les limites s’effacent, l’extraordinaire paraît possible, et les bornes ou les chaînes de ce qui est, et de ce qui sera, s’éloignent ou se soulèvent à vos yeux. […] Je ne m’arrêterai point à parler des malheurs causés par l’avarice ; on ne voit point de gradation ni de nuance dans cette singulière passion ; tout y paraît également douloureux et vil.

1530. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Que Denys d’Halicarnasse, grammairien subtil, signale dans un discours de Démosthène toutes les figures de la rhétorique ; ce qui loue vraiment l’orateur, c’est que l’auditeur ne les aperçoit pas, et n’y fait pas réflexion, et que ce qui est figuré lui paraît propre : il n’imagine point d’autre moyen de dire ce que l’orateur voulait dire. […] Une certaine catégorie de synonymes ne paraît pas présenter cette différence de sens dont je parlais tout à l’heure : un coursier n’est ni plus ni moins qu’un cheval.

1531. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

Rien ne paraît s’interposer entre l’esprit du lecteur et celui de l’écrivain, pour en gêner ou en rompre la communication ; il semble qu’on voie les choses mêmes, et non par l’intermédiaire des mots. […] Mais comme l’abus de ces termes de liaison donne au discours un air pesant et pédant, et comme d’autre part il paraît facile de s’en passer, on ne se donne pas la peine d’en connaître l’énergie et les propriétés.

1532. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Le lieu lui parut propice pour s’affranchir de la « cohue des gens trop laids ». […] À Rebours avait paru.

1533. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Or, à ce moment, le français paraissait aussi pauvre en termes abstraits que le latin classique, tandis que le latin du moyen âge, enrichi de toute la terminologie scolastique6, était devenu apte à exprimer, avec la dernière subtilité, toutes les idées ; ce latin médiéval a versé dans le français toutes ses abstractions ; la philosophie et toutes les sciences adjacentes s’écrivent toujours dans la langue de Raymond Lulle. […] La nécessité n’explique pas tous ces emprunts ; la vanité en explique quelques autres : il a toujours paru aux savants de tous les temps qu’ils se différenciaient mieux de la foule en parlant une langue fermée à la foule.

1534. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

Voilà une belle page ; elle paraît écrite sans peine ; tout y est coulant, nulle trace de travail ; point de rhétorique ; netteté, limpidité, tour, nuance, saillie, rien n’y manque. […] Vous ne pouvez conclure qu’une chose, c’est que la rhétorique n’y paraît pas et que tout l’art, en effet, consiste à faire disparaître le métier.‌

1535. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Ce fut dans la même année que parut l’Histoire de Jonathan Wild-le-Grand. […] Il ne paraît pas qu’il ait songé à réparer son échec. […] La paix européenne paraît assurée pour quelque temps. […] En premier lieu, Prosper Mérimée paraît s’être, en général, fort peu soucié des théories poétiques. […] D’ailleurs, lorsque parut ce premier livre, en 1828, toutes les questions de plastique poétique étaient encore flagrantes.

1536. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Ce jugement me paraît lui-même provincial, c’est-à-dire borné. […] Tu parus et tout mon intérieur rentra dans l’ordre. […] Faute de pouvoir réaliser celui-là, les autres lui parurent irréalisables. […] Il a préféré laisser à son Discours sa portée générale, en se contentant d’indiquer ce qui lui paraissait bon et ce qui lui paraissait mauvais. […] Ma prose peut me paraître bonne ; un autre peut trouver à y corriger.

1537. (1890) Dramaturges et romanciers

Feuillet a poussé ce caractère à outrance, de manière à le faire paraître invraisemblable. […] La dignité de Marguerite finit par paraître insolente, et l’amour de Maxime par paraître humble. […] Autre chicane : des deux tableaux qui composent le cinquième acte, le premier nous paraît de trop. […] À d’autres époques, la pensée que nous venons d’exprimer eût paru un lieu commun, tant les arts avaient d’étroits rapports avec la religion ; mais aujourd’hui nous craignons presque que cette pensée ne paraisse un paradoxe. […] Disons à cet égard toute notre pensée, ce sacrifice ne nous paraît nullement regrettable.

1538. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Si le rédacteur en chef du journal avait, comme il est présumable, des prétentions à se connaître en peinture, le jeune Thiers dut lui paraître un peu fou. […] La critique a été pour lui amère et ignorante ; sauf quelques nobles exceptions, la louange elle-même a dû souvent lui paraître choquante. […] Mais il paraît que la tragédie et le paysage historique sont plus forts que les Dieux. […] La Poésie légère paraît d’autant plus froide qu’elle est plus maniérée ; l’exécution n’en est pas aussi grasse que dans les anciennes œuvres de M.  […] Scribe a accroché dans les frises du Gymnase. » — Courrier français, feuilleton du 6 avril. — Cela m’a paru tellement sublime, que j’ai présumé que MM. 

1539. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

La chose parut curieuse à M. le directeur des Beaux-Arts. […] Buloz doit, à vous surtout, paraître bien petit. […] Je la vis passer de loin ; elle me parut bien mince ; elle s’était, la pauvre fille, un peu allongée ; mais elle s’était considérablement aplatie. […] L’article paraît huit jours avant la représentation !!! […] Buloz, me paraît confirmer mon assertion.

1540. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Guillaume, doué d’une sensibilité plus mûre, dépassa son frère Alexandre, et le livre de Werther par Goethe, qui parut alors et qui fanatisa l’Allemagne et l’Europe, communiqua à Guillaume de Humboldt un sentiment comparable à ce que créa plus tard parmi nous le roman de Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre, ou René, par Chateaubriand. […] Ses considérations sur la température de l’Europe parurent conjecturales plus qu’expérimentales. […] Quand il était assis, il paraissait courbé et parlait en regardant à terre, ou bien il levait les yeux pour attendre la réponse des personnes auxquelles il s’adressait. […] Dans les dernières années de sa calme existence de savant, Humboldt s’occupa de préférence de son ouvrage du Cosmos, qui parut en 1858, jusqu’aux premières parties du quatrième volume. […] Il restera quelques jours ici, et je sens déjà que ce sera pour moi comme si j’avais vécu plusieurs années avec lui. » Son caractère politique paraissait aussi éminemment propre à la diplomatie qu’à la science.

1541. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

La forêt, qui paraissait déjà inhospitalière, le paraît dix fois plus au milieu de ce terrible vacarme. […] Il paraît évident que c’est là qu’il a par ses instincts manifesté sa divine nature aux premiers hommes. […] L’église de San-Carlo alle Quattro Fontane occupe exactement l’espace d’un de ces piliers et ne paraît pas petite. […] Les fidèles qu’on aperçoit d’en bas sur le pavé du temple paraissent des fourmis rampantes sur un morceau de marbre. […] Ces mondes nous paraissent petits ou grands, relativement à nous comme matière ; mais en réalité, et par rapport à Dieu qui les crée et qui les gouverne, ils ne sont ni grands ni petits.

1542. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Peut-être, au risque de paraître ingénu, vais-je vous parler des poètes symbolistes et décadents. […] Il m’a paru que la plupart étaient de bons jeunes gens, d’autant de candeur que de prétention, assez ignorants, et qui n’avaient point assez d’esprit pour machiner la farce énorme dont on les accuse et pour écrire par jeu la prose et les vers qu’ils écrivent. […] On y voit qu’ils ont inventé (paraît-il) deux choses : le symbole et l’instrumentation poétique. […] Il ignore souvent le sens étymologique des mots et les significations précises qu’ils ont eues dans le cours des âges ; les mots sont donc pour lui des signes plus souples, plus malléables qu’ils ne nous paraissent, à nous. […] Disons donc que ce poète est souvent peu attentif au sens et à la valeur des signes écrits qu’il emploie, et que, d’autres fois, il se laisse prendre aux grands mots ou à ceux qui lui paraissent distingués.

1543. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Vêtues comme elles sont, on ne devrait ni approcher les statues des dieux, ni entrer sous les toits des hommes. » — La Pythie s’enfuit, le temple s’ouvre, Apollon paraît. Il paraît tenant Oreste par la main, avec la majesté bienveillante d’un roi reconduisant un hôte comblé de ses dons. […] On peut restituer, d’après plusieurs vers du drame et quelques monuments archaïques, les figures grandiosement hideuses sous lesquelles il les fit paraître, comme on recompose, sur des fragments de dents et de griffes, les animaux antédiluviens. […] À première vue, le Conseil des Douze d’Athènes paraît aussi effrayant que le Conseil des Dix de Venise. […] » — Les Érynnies se rejettent sur leur strict office qui est de châtier les meurtres entre consanguins. — « Elle n’était pas du même sang que l’homme qu’elle a tué. » — La réponse d’Oreste paraît aussi dénaturée que son crime : — « Et moi, suis-je donc du sang de ma mère ? 

1544. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Il paraît d’autre part évident au lecteur le moins expert que les plans de Poe ont été préparés avec préméditation en vue d’un effet final vers lequel convergent toutes les parties. […] L’on oublie, devant ce magistral artifice, que l’Eurêka possède une certaine valeur scientifique, que l’hypothèse nébulaire s’y trouve défendue à une époque où elle paraissait compromise, qu’à la page 143. […] Les incidents nécessaires à la vraisemblance sont pressés en une intrigue purement logique, altérés, choisis et raffinés au point de paraître agiter une planète chimérique, au soleil plus pâle, aux nuits plus claires que la nôtre. […] Certains contes paraissent n’emporter qu’à la recherche fiévreuse de quelque problème singulier. […] Et le secret de leur empire lui paraîtra résider dans l’impassibilité maintenue du poète, qui sut ne ternir d’aucune phrase cordiale la rationalité de ses plus longues œuvres.

1545. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Elle ne serait pas plus contestée en sociologie si les faits sociaux, à cause de leur extrême immatérialité, ne nous paraissaient, à tort, destitués de toute réalité intrinsèque. […] C’est parce que les sociologues ont souvent méconnu cette règle et considéré les phénomènes sociaux d’un point de vue trop psychologique, que leurs théories paraissent à de nombreux esprits trop vagues, trop flottantes, trop éloignées de la nature spéciale des choses qu’ils croient expliquer. […] Spencer ne paraît pas être d’une autre nature. […] Ni Hobbes ni Rousseau ne paraissent avoir aperçu tout ce qu’il y a de contradictoire à admettre que l’individu soit lui-même l’auteur d’une machine qui a pour rôle essentiel de le dominer et de le contraindre, ou du moins, il leur a paru que, pour faire disparaître cette contradiction, il suffisait de la dissimuler aux yeux de ceux qui en sont les victimes par l’habile artifice du pacte social. […] Quant au détail, il est trop éloigné de l’extrême généralité des propriétés psychiques pour y pouvoir être rattaché ; il paraît donc aux disciples de cette école tout aussi artificiel qu’à leurs adversaires.

1546. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

L’effort intellectuel Cette étude a paru dans la Revue philosophique de janvier 1902. […] En même temps que paraissait notre travail, M.  […] Binet auprès d’un certain nombre de « joueurs sans voir » une conclusion bien nette paraît se dégager : c’est que l’image de l’échiquier avec ses pièces ne s’offre pas à la mémoire telle quelle, « comme dans un miroir », mais qu’elle exige à tout instant, de la part du joueur, un effort de reconstitution. […] Dans ces exemples, l’effort de mémoire paraît avoir pour essence de développer un schéma sinon simple, du moins concentré, en une image aux éléments distincts et plus ou moins indépendants les uns des autres. […] Les expériences de Cattell, de Goldscheider et Müller, de Pillsbury (critiquées, il est vrai, par Erdmann et Dodge) paraissent concluantes sur ce point.

1547. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Un des amis de ce dernier et qui paraît avoir été un homme des plus distingués, bien qu’il n’ait guère laissé de souvenir, le marquis de Saint-Georges, un sage, un homme de goût, un philosophe pratique comme il y en avait alors à Paris, comme il y en a peut-être encore, qui lisait ces lettres de Vauvenargues et les prisait infiniment, y trouvait, disait-il, de l’esprit partout, mais des endroits faux, trop de métaphysique, et ajoutait : « Il parle par théorie, on le voit. » C’est possible ; mais les lettres sont vraies pour nous en ce qu’elles nous peignent celui même qui les écrit, et c’est ce caractère surtout qui nous est intéressant aujourd’hui à connaître. […] Je donnerai de cette lettre, qui est à lire tout entière, ce qui m’en paraît de plus saillant : À Verdun, le 16 janvier 1740. […] Mirabeau, d’un ton pressé et saccadé, répond des choses qui nous semblent assez sensées sur bien des points ; — sur Versailles : « Vous rougiriez, si vous connaissiez Versailles, du portrait que vous en faites ; tout ce qui est obligé d’y rester en pleure… Quelle idée d’aller chercher le séjour du vice et de la dégradation totale de tous sentiments, pour y paraître vertueux avec plus d’éclat !  […] L’on ne mesure bien, d’ailleurs, la force et l’étendue de l’esprit et du cœur humains que dans ces siècles fortunés ; la liberté découvre, jusque dans l’excès du crime, la vraie grandeur de notre âme ; là, la force de la nature brille au sein de la corruption ; là, paraît la vertu sans bornes, les plaisirs sans infamie, l’esprit sans affectation, la hauteur sans vanité, les vices sans bassesse et sans déguisement.

1548. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Si vous avez hâte de mettre Sa Majesté dans votre galerie, il paraît que Sa Majesté n’est pas moins impatiente de poser. […] « On ne sait pas, dit Gavarni, ce que c’est que la richesse et la pauvreté, que le luxe et la misère, que le vol et la prostitution, quand on n’a pas vu l’Angleterre. » La Chine elle-même, dans son monde d’antipodes, ne lui aurait point paru plus étrange et plus neuve. […] Ces vieux vêtements de l’épouvantail lui paraissent, au prix des siens, toute une garde-robe de prince, et il les regarde, bouche béante, d’un air inexprimable d’envie et de convoitise. […] Je choisis, dans ces séries dernières et désenchantées, celle qui me paraît la plus facile, la plus directe et la mieux trouvée, la plus heureuse vraiment de ces contreparties, gaie encore et plaisante, sans rien d’odieux : les Invalides du sentiment.

1549. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Le jeune duc, dans les derniers temps, paraissait soumis, résigné, caressant même, quand une maladie inopinée vint tout à coup à la traverse de ce parfait semblant d’obéissance. […] Il paraît avoir de l’aversion pour les personnes qu’il croit dans mes intérêts. […] J’ai ordonné que l’on eut un peu de cruauté pour ceux que l’on trouve cachés dans les montagnes, qui donnent la peine de les aller chercher, et qui ont soin de paraître sans armes, lorsqu’ils se voient surpris étant les plus faibles. […] Mais il temporise, il attend son heure et l’occasion : il se ménage aussi des prétextes pour ne point paraître l’agresseur.

1550. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il paraît difficile de conquérir ce nom à la littérature ; et pourtant c’est ce que je voudrais faire jusqu’à un certain point. […] Rien ne lui paraît plus dans la nature qu’un enfant naturel ; s’il n’a pas de famille, il est mis dans un régiment ; à défaut de mère, il a son colonel, et s’il n’a pas de nom, qu’il s’en lasse un sur le champ de bataille. […] Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu ! […] Une pensée généreuse de progrès et d’amélioration sociale qu’il ne perdait jamais de vue le lui disait non moins nettement : car cet homme, qui parut de bonne heure si mêlé et si plongé dans les affaires, avait son but, sa visée supérieure et constante.

1551. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Ce n’est pas de ce côté que me paraît être le plus grand danger pour le roué et le libertin marié, pour peu qu’il soit sincèrement marié et qu’il tienne à bien vivre ; le pire danger est en lui-même ; son plus grand ennemi est dans son vice ; car comment ne pas rester ou redevenir libertin quand on l’a été ? […] La nuit est venue ; le comte Herman est dans son appartement ; il paraît calme, content de lui ; il a assez bien mené sa triple intrigue : il se flatte d’avoir louvoyé assez habilement tout le soir entre Emma et Pompéa, sans trop se trahir ; la Lisette, au moyen d’un signe convenu, vient de lui faire tenir une réponse favorable pour le rendez-vous de minuit ; enfin il a donné un rendez-vous à Pompéa pour ce soir même, tout à l’heure, dans son appartement, et il l’attend de pied ferme. […] Je ne marche en ceci que d’accord avec tous les vrais moralistes : « La durée de nos passions, a dit le plus grand, ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie. » Ce même moraliste (La Rochefoucauld) a dit encore : « Il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle de passions, en sorte que la ruine de l’une est toujours l’établissement d’une autre… On pourrait dire que les vices nous attendent dans le cours de la vie, comme des hôtes chez lesquels il faut successivement loger. » Or ceci me devient une lumière, et je la propose humblement au comte Herman, afin de mieux assurer son bonheur et de fortifier sa constance ; car, comme tous les Almavivas convertis, il me paraît de sa nature un peu fragile. […] Elle est toute trouvée : « L’ambition, a dit un autre moraliste des plus consommés, Senac de Meilhan, est une passion dangereuse et vaine, mais ce serait un malheur pour la plupart des hommes que d’en être totalement dénués ; elle sert à occuper l’esprit, à préserver de l’ennui qui naît de la satiété ; elle s’oppose dans la jeunesse à l’abus des plaisirs qui entraînerait trop vivement, elle les remplace en partie dans la vieillesse, et sert à entretenir dans l’esprit une activité qui fait sentir l’existence et ranime nos facultés. » Qu’Herman donc, s’il veut rester fidèle à sa femme, au moins dans l’essentiel (car je néglige tout ce qui ne tire pas à conséquence), devienne ambitieux ; il le faut à tout prix, et ce n’est que de ce jour-là que sa conversion me paraîtra assurée.

1552. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

On aime à paraître se contrarier, même lorsqu’au fond on est d’accord ; cela fait aller la conversation et sortir toutes les idées. […] Les peintures de Mme de Gasparin abondent en ces sortes d’expressions vierges49 ; toutes ne paraissent pas également heureuses. […] Ils m’ont paru peu envieux de gloire, et pour le moins aussi têtus que Bécarre qui, du reste, aurait triomphé par sa beauté ; j’en ai vu peu d’une aussi belle figure. […] Ce ne paraît pas difficile, mais on tape les yeux bandés et souvent on frappe en l’air. » Remarquez-vous comme le trait est court, léger, la plaisanterie discrète, et quelle manière différente de celle qu’affecte l’intrépide Vaudoise et qui nous aurait frappés bien plus encore si nous l’avions suivie plus loin dans ses courses de touriste, par-delà le Saint-Gothard, à travers le Tessin et jusqu’aux lacs d’Italie ?

1553. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Chéruel, qui du reste ne prétend nullement lui contester ce double talent, ne me paraît pourtant point assigner à celui qui le possède le rang et le cran d’honneur qui lui est dû. […] Chéruel me paraît aussi trop insister sur la bravoure du maréchal ; elle était loin d’être proverbiale en son temps : c’est un point sur lequel Saint-Simon n’invente rien et se fait l’écho des bruits de ville et de Cour. […] Saint-Simon paraît ignorer qu’à la guerre les talents de chef sont plus rares qu’on ne pense, et qu’à celui qui possède une supériorité, il faut, comme disait Napoléon, passer bien des choses. […] Je conçois Saint-Simon exagérant, prenant et présentant pour un scélérat ou un coquin fini quelqu’un qui n’est coquin qu’à demi ; mais prendre pour un fourbe un parfait homme de bien et une belle âme, cela me paraît difficile à lui ; il a le flair de la vertu et du vice. — Eh !

1554. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

L’indépendance des idées est nécessaire à l’indépendance de l’admiration. » Ils veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres : « En littérature, on ne fait bien que ce qu’on a vu ou souffert. » L’Antiquité leur paraît encore à juger ; ils ne paraissent accepter rien de ce qu’on en dit ; ils croient que tout est à revoir, et que le procès à instruire n’est pas même commencé ; ce respect du passé en littérature, ce culte des anciens à tous les degrés, qu’il s’agisse des temps d’Homère ou du siècle de Louis XIV, est, selon eux, la dernière des religions qu’on se prendra à examiner et à percer à jour : « Quand le passé religieux et politique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire. » Ils ne font grâce entre les anciens qu’à Lucien, peut-être à Apulée, à cause de l’étonnante modernité qu’ils y retrouvent : ce sont pour eux des contemporains de Henri Heine ou de l’abbé Galiani. […] Aussi voudrais-je que l’artiste ne s’en souvînt que de loin, pour lui-même et pour sa gouverne, sans le laisser paraître. […] Ils sont bien des hommes de la fin du xviiie  siècle en cela ; mais ils sont tout à fait des artistes du xixe   par les touches successives du tableau et les nuances à l’infini : « Se trouver, en hiver, dans un endroit ami, entre des murs familiers, au milieu de choses habituées au toucher distrait de vos doigts, sur un fauteuil fait à votre corps, dans la lumière voilée de la lampe, près de la chaleur apaisée d’une cheminée qui a brûlé tout le jour, et causer là à l’heure où l’esprit échappe au travail et se sauve de la journée ; causer avec des personnes sympathiques, avec des hommes, des femmes souriant à ce que vous dites ; se livrer et se détendre ; écouter et répondre ; donner son attention aux autres ou la leur prendre ; les confesser ou se raconter ; toucher à tout ce qu’atteint la parole ; s’amuser du jour, juger le journal, remuer le passé comme si l’on tisonnait l’histoire ; faire jaillir, au frottement de la contradiction adoucie d’un : Mon cher, l’étincelle, la flamme, ou le rire des mots ; laisser gaminer un paradoxe, jouer sa raison, courir sa cervelle ; regarder se mêler ou se séparer, sous la discussion, le courant des natures et des tempéraments ; voir ses paroles passer sur l’expression des visages, et surprendre le nez en l’air d’une faiseuse de tapisserie ; sentir son pouls s’élever comme sous une petite fièvre et l’animation légère d’un bien-être capiteux ; s’échapper de soi, s’abandonner, se répandre dans ce qu’on a de spirituel, de convaincu, de tendre, de caressant ou d’indigné ; jouir de cette communication électrique qui fait passer votre idée dans les idées qui vous écoutent ; jouir des sympathies qui paraissent s’enlacer à vos paroles et pressent vos pensées comme avec la chaleur d’une poignée de main : s’épanouir dans cette expansion de tous et devant cette ouverture du fond de chacun ; goûter ce plaisir enivrant de la fusion et de la mêlée des âmes, dans la communion des esprits : la conversation, — c’est un des meilleurs bonheurs de la vie, le seul peut-être qui la fasse tout à fait oublier, qui suspende le temps et les heures de la nuit avec son charme pur et passionnant.

1555. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Si Jasmin avait vécu au temps des troubadours, s’il avait écrit en cette littérature perfectionnée dont il vient, après Goudouli, Dastros et Daubace, et, à ce qu’il paraît, plus qu’aucun d’eux, embellir encore aujourd’hui les débris, il aurait cultivé la romance sans doute, et quelques heureux essais de lui en font foi ; mais il aurait, j’imagine, préféré le sirvente, et, en présence des tendres chevaliers, des nobles dames, des Raymond de Toulouse et des comtesses de Die, il aurait introduit quelque récit railleur d’un genre plus particulier aux trouvères du Nord, quelque novelle peu mystique et assez contraire au vieux poëme de la vie de sainte Fides d’Agen. […] » Depuis qu’il fait des vers, en effet, Jasmin, pour parler en pose, grâce au bon débit de ses productions et à l’intérêt bien entendu qu’y ont mis les Agenais, a pu, sans quitter son état, devenir propriétaire de la maison qu’il habite et obtenir une petite aisance, qui paraît le comble de ses vœux. […] Nous sommes trop incompétent au sujet de cette langue, que nous n’avons saisie qu’à l’aide d’amis obligeants, pour avoir un avis sur ce que peut être le bon style en patois ; mais il paraît bien que Jasmin a ce bon style. […] Lafon nous paraît porter sur la détérioration inévitable du patois plus que sur la manière même de Jasmin, qui fait ce qu’il peut, qui n’a pas lu les troubadours, et qui se sert avec grande correction de son patois d’Agen tel qu’il le trouve à la date de sa naissance.

1556. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

» Rentrée en France à l’époque du Consulat, et apportant pour soin principal et aliment de tendresse ses deux filles, seuls enfants qu’elle ait jamais eus, elle vécut isolée sous l’Empire, sans jamais paraître à cette cour, le plus souvent retirée à un château en Touraine27, toute à l’éducation de ses filles, à la bienfaisance pour ce qui l’entourait, et à la vie de ménage. […] Adèle de Sénange, composée avant la Révolution, paraissait en 93 ; mais les romans qui succédèrent ne diffèrent pas notablement de ton ; une teinte mélancolique et funèbre ne les attriste pas. […] Elle arrange un peu les choses et explique son malheur à sa manière dans ses lettres à Mme Swetchine. » On n’a plus à espérer de voir rien paraître des autres productions inédites de Mme de Duras, auxquelles elle attachait pourtant bien du prix, dont elle avait par son testament désigné l’éditeur, et que la circonspection excessive de la famille a retenues assez longtemps pour que l’heure de les publier soit passée : les ouvrages d’esprit ont aussi leur saison. […] ne put-elle pas éprouver quelque temps avec souffrance cette impression de n’être pas à sa place, ce désaccord qui, sous différentes formes, paraît l’avoir occupée beaucoup, et qu’elle traduisit plus tard dans ses touchants écrits en un autre genre d’inégalité ?

1557. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Cela parut louche au prince et à ses conseillers, et on décida, qu’en attendant de plus amples renseignements sur le meurtre provoqué du capitaine, que mon père et ma tante rentreraient dans la propriété de la maison, de la vigne et du châtaignier, et que la peine de mort d’Hyeronimo serait convertie (encore était-ce pour ne pas démentir les sbires) en deux ans de galères. […] CCLXVIII Cela dit, elle parut s’attendrir, elle m’embrassa, elle essuya mon front tout trempé de la sueur du chemin avec mon mezaro, et chargea la sœur portière de faire enchaîner les chiens, pour qu’ils ne me mordissent pas pendant cette première nuit en voyant une étrangère. Mais l’ordre était superflu ; c’était un gros chien et une chienne qui n’étaient pas du tout méchants, ils parurent tout de suite comprendre que je n’étais pas plus méchante qu’eux ; ils flairèrent, sans gronder seulement, mes pieds nus, et en léchèrent la poussière, tellement que je priai la portière de ne pas les enchaîner, mais de me les laisser pour compagnie dans la nuit. […] J’avais oublié nos malheurs, et quand je jouais dans la rue de la zampogne, l’enfant paraissait goûter la musique, et les jeunes mères s’arrêtaient pour le contempler et pour m’entendre.

1558. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

En ce temps-là avait paru l’Art poétique, direct et rude coup pour les contempteurs de l’antiquité. […] Aussitôt après l’éclat du Siècle de Louis le Grand, Perrault avait annoncé son intention de développer sa théorie dans un ouvrage méthodique : ce furent les Parallèles des anciens et des modernes, dont le premier volume parut à la fin de 1688 et le quatrième seulement en 1697. […] Il parut plus occupé de contredire Perrault et d’opposer une négation absolue à chacune de ses affirmations légères, que de mettre en évidence la vraie beauté d’Homère et de Pindare. […] Il l’était si bien qu’il ne renversait la théorie moderne du « progrès » dont l’application à la littérature lui paraissait fort aventureuse, que par une théorie plus moderne encore, qui contient en germe les principes d’une critique toute « relativiste » et même « évolutionniste ».

1559. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Ce mélange peut paraître difficilement intelligible à qui regarde les choses du point de vue de la pure logique intellectuelle, de la logique fondée sur le principe de contradiction. […] Celles-ci paraissent bien être en effet une « machinerie », une combinaison de mensonges de groupe dont l’origine doit être cherchée en partie dans des mensonges individuels qui se sont propagés et généralisés dans le groupe ; en partie dans le besoin naturel qu’ont les hommes vivant en société de se fabriquer des mensonges sociaux et de se duper les uns les autres. […] Durkheim contre la théorie de Hobbes et de Machiavel ne nous paraît pas convaincant. […] « Ni Hobbes, ni Rousseau, dit-il, ne paraissent avoir aperçu tout ce qu’il y a de contradictoire à admettre que l’individu soit lui-même l’auteur d’une machine qui a pour rôle essentiel de le dominer et de le contraindre107. » — S’il y a contradiction, répondrons-nous, cette contradiction est dans notre constitution mentale elle-même ; dans la dualité de notre être et dans l’antagonisme qui met aux prises en nous deux âmes opposées : l’âme sociale et l’âme individuelle.

1560. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

« Je voudrais, dit-il encore, se définissant lui-même à merveille, je voudrais faire passer le sens exquis dans le sens commun, ou rendre commun le sens exquis. » Le bon sens tout seul l’ennuief ; l’ingénieux sans bon sens lui paraît à bon droit méprisable : il veut unir l’un et l’autre, et ce n’est pas une petite entreprise : « Oh ! […] C’est quand il revient à parler des mœurs et des arts, de l’Antiquité et du siècle, de la poésie et de la critique, du style et du goût, c’est sur tous ces sujets qu’il nous plaît et nous charme, qu’il nous paraît avoir ajouté une part notable et neuve au trésor de ses devanciers les plus excellents. […] Joubert sur la critique et sur le style, de ses jugements sur les divers écrivains : il y paraît neuf, hardi, vrai presque toujours. […] Joubert n’est pas un classique, mais un moderne, et c’est à ce titre qu’il me paraît propre peut-être plus qu’un autre à donner de l’accent au bon conseil et à nous enfoncer le trait.

1561. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Ce poème, où il a appliqué son génie (et ce génie est manifeste), a paru digne, il y a quelques années, d’être publié avec luxe à Paris, aux frais du Gouvernement, dans la Collection orientale des manuscrits inédits. Trois volumes (texte et traduction) ont déjà paru, et le savant traducteur, M.  […] Le père n’a garde de refuser ; il accorde sa fille selon les rites du pays, qui paraissent avoir été assez faciles, et la belle Tehmimeh est au comble de son vœu. […] On ne le fléchit qu’en lui représentant que s’abstenir en une telle rencontre, ce serait paraître reculer devant le jeune héros.

1562. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Mais aujourd’hui je ne puis insister que sur le grand succès littéraire et moral par lequel il se rattache à la langue française de son temps, je veux parler de son Introduction à la vie dévote, qui parut d’abord en 1608, et dont l’effet fut soudain et universel. […] Converti d’abord par politique, il paraît qu’il le fut ensuite plus sérieusement et plus sincèrement avec les années, et que les raisons de conscience finirent par se joindre en lui aux autres considérations du personnage public et du roi. Quoi qu’il en soit, le livre de saint François de Sales parut à point pour servir ce désir royal, mais il n’en fut point le résultat ; ce ne fut en rien un livre commandé. […] Voyons saint François de Sales tel qu’il était, et ne nous prenons pas, comme les enfants, au-dehors et au détail ; voyons-le dans sa force et dans son élan intérieur, démêlons le jet de la source à travers son imagination vive, abondante, et si riante qu’elle paraît d’abord enfantine ; car il a non seulement de l’Amyot dans sa parole, il a du Joinville du temps de saint Louis.

1563. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

C’est même ainsi qu’elle se laissa prendre et gagner insensiblement aux doctrines des réformés qui se présentèrent d’abord à elle sous la forme savante et littéraire : traducteurs des Écritures, ils ne voulaient, ce semble, qu’en propager l’esprit et en faire mieux entendre le sens aux âmes pieuses ; elle les goûtait et les favorisait à titre de savants, les accueillait comme hommes aimant à la fois « les bonnes lettres et le Christ », ne voulait croire chez eux à aucune arrière-pensée factieuse ; et, lors même qu’elle parut détrompée sur l’ensemble, elle continua jusqu’à la fin de plaider pour les individus avec zèle et humanité auprès du roi son frère. […] Son frère l’ayant mariée en secondes noces, en 1527, à Henri d’Albret, roi de Navarre, elle eut à Pau sa petite cour, qui fut le lieu de refuge et le port de salut des persécutés et des novateurs : « Elle favorisa le calvinisme, qu’elle abandonna dans la suite, dit le président Hénault, et fut cause des progrès rapides de cette secte naissante. » Ces paroles du président Hénault me paraissent trop absolues. […] Au point de vue de l’État, il peut y avoir quelquefois danger dans le sens de cette tolérance trop confiante et trop absolue : cela parut bien, du temps de Marguerite, à cette heure critique où la religion de l’État, et, partant, la constitution d’alors, faillit être renversée. […] [NdA] Depuis que cet article a paru, Marguerite a été le sujet d’un intéressant volume et d’une étude par le comte H. de La Ferrière-Percy.

1564. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

«  Le lecteur ne trouvera ici, dit-elle, ni le parti pris chagrin de La Rochefoucauld, et moins encore la verve caustique de La Bruyère. » Est-ce bien sûr que la misanthropie de La Rochefoucauld fût un parti pris ; et l’optimisme des Jocrisses de la philanthropie moderne n’en serait-il pas beaucoup plus un chez Mme Stern, qui ne paraît pas avoir d’entrailles si aisément émues, qui n’a ni charité ni véhémence, mais qui fait l’effet de la poupée de l’abstraction montée sur un ressort d’acier, remplie du son du panthéisme allemand et pour la sévérité, peinte en Gœthe ? […] Il paraît que la purgation n’éveille pas trop tôt du beau rêve de la nature. […] [I à IV : article original paru dans Le Pays, 23 mars 1858.] […] [V à VIII : article original paru dans Le Constitutionnel, 14 avril 1873.] — Lévy.

1565. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

« Le plaisir de revoir une personne exquise — dit Renan avec certitude — guérit », et même ressuscite, à ce qu’il paraît ! […] Souvenez-vous du bruit de tonnerre que fit, quand elle parut, la Vie de Jésus ! Ce n’était rien, cela parut tout. […] Chose très simple, et qui va paraître peut-être prodigieuse parce que, comme aux choses très simples, on n’y a jamais réfléchi : Jésus-Christ a certainement plus besoin de l’Église que l’Église de Jésus-Christ !

1566. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Il parut à temps, et ce fut là aussi son succès, encore plus que le talent qu’il promettait. […] Cette intéressante uniformité, qui tend à s’emparer de l’univers pour lui donner de tous les côtés le même visage, paraît à son imagination un malheur d’ennui et de platitude incomparable, et lui, lui qui appartient encore à un peuple à physionomie, il efface la sienne avec le scrupule de ces vaillants qui croient que tout ce qui est expressif ou pittoresque touche au ridicule. […] mais Victor Hugo lui-même, avec sa couleur orientale, cet homme du gothique flamboyant, ne nous a pas effacé Chénier, tandis qu’il n’y a pas de poète au xixe  siècle qui, par le contraste, ne puisse nous éteindre ces gouaches de Brizeux dont la céruse ne nous parut lumineuse que parce qu’elles étaient sur le fond gris-sale de la Revue des Deux-Mondes ! En effet, où Gustave Planche était critique, un poète comme Brizeux devait paraître presque éblouissant !

1567. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Ayant montré que la psychologie est utile, il voulut prouver qu’elle est possible69, et mit dans cette preuve une abondance d’explications, une rigueur de raisonnement, un entraînement de passion et une force de conviction, qui renversèrent toute résistance et parurent lever toute difficulté. […] Comparés à celui-ci, les écrits écossais et français sur le beau paraissent misérables. […] II Comment donc se fait-il qu’après lui la psychologie soit morte, et que de son vivant même elle ait paru radoter et languir ? […] Allez plus loin : percez une seconde enveloppe ; remarquez que ce que nous appelons une hallucination, une vision, une représentation, est une apparence et une apparence fausse ; que lorsque nous nous figurons une maison, il n’y a rien dans notre esprit ni dans notre cervelle qui ressemble à la maison ; que cependant cette image remplace si bien la maison, que dans la rêverie ou dans le sommeil nous la prenons pour la maison elle-même ; vous conclurez qu’il y a en vous quelque modification ou opération inconnue, ayant la propriété de vous faire illusion, de vous paraître extérieure, quoiqu’elle soit intérieure, d’être confondue avec la maison physique et matérielle, quoiqu’elle n’ait rien peut-être de physique et de matériel.

1568. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

Je restreindrai encore le point de vue, ou plutôt je le simplifierai en disant qu’il me paraît difficile que ces lettres aient aujourd’hui aucun effet de piété et de dévotion ; la spiritualité en est trop subtile, trop particulière, trop compliquée de style métaphorique, de fleurs surannées, et trop mêlée à des questions ou à des intérêts de circonstance. […] Le Maître lui avait écrit en termes exaltés des mérites et des beautés de sa fiancée future, elle essayera de l’entendre, — de supposer qu’il l’entend de l’épouse du Cantique des cantiques, de la seule épouse spirituelle digne de ce nom, de l’Église : Mais en écrivant, ceci, je relis votre lettre, et, comme me réveillant d’un profond sommeil, j’entrevois je ne sais quelle lumière au milieu de ces ténèbres, et quelque chose de caché et de mystérieux dans des paroles qui paraissent si claires et si communes. […] Au petit rayon de clarté qui me paraît maintenant, mon esprit se développe et se met en devoir d’expliquer vos paroles, et de regarder d’un meilleur œil cette excellente fille qui a ravi votre cœur.

1569. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin étant mort à Cannes le 14 janvier 1867, le Constitutionnel désira de moi un article nécrologique qui parut le vendredi 18 janvier : M.  […] « En philosophie, comme vous l’avez indiqué, il oscillait un peu en ces temps-là ; il embrassait plus de nuages qu’il n’en a gardé dans la suite ; il ne semblait pas clair à tout le monde et ne tenait pas absolument à le paraître. […] Je tiens aujourd’hui à honneur de donner la lettre où Mme de Boigne m’écrivit le jour même où l’article parut, et aussi la réponse que je m’empressai de lui faire : « Il me faut absolument, Monsieur, vous dire merci.

1570. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

On a beaucoup parlé d’art dans ces derniers temps, et il faut convenir, en effet, que jamais peut-être l’art n’a été mieux compris, mieux étudié dans ses variétés brillantes, dans ses branches parallèles et ses transformations successives à travers l’histoire ; et pourtant l’époque elle-même, malgré l’éclat de ses débuts, ne paraît pas destinée à prendre rang dans ces grands moments et siècles, comme on les appelle, qui comptent entre tous, qu’on vénère de loin, et qui se résument d’un nom. […] En fait, les Anciens paraissent n’avoir jamais douté de la réalité d’un Homère. […] Dugas-Montbel me paraît sous l’empire de sa préoccupation quand il veut interpréter en sa faveur le mot de M.

1571. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Les ouvrages purement littéraires, s’ils ne contiennent point cette sorte d’analyse qui agrandit tous les sujets qu’elle traite, s’ils ne caractérisent pas les détails, sans perdre de vue l’ensemble ; s’ils ne prouvent pas en même temps la connaissance des hommes et l’étude de la vie, paraissent, pour ainsi dire, des travaux puérils. […] Lorsque c’est la finesse des idées ou l’énergie des sentiments qui inspirent le besoin d’une expression plus nuancée ou d’un terme plus éloquent, le mot dont on se sert, fût-il inusité, paraît naturel. Le lecteur ne s’aperçoit pas d’abord que ce mot est nouveau, tant il lui paraît nécessaire ; et frappé de la justesse de l’expression, de son rapport parfait avec l’idée qu’elle doit rendre, il n’est pas détourné de l’intérêt principal ni du mouvement du style, tandis qu’un mot bizarre distrairait son attention, au lieu de la captiver.

1572. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Dans la Satire I paraissaient Colletet, Montmaur, Saint-Amant, et puis, reconnaissable sous le masque, P***, c’est-à-dire l’oracle de l’Hôtel de Rambouillet et de l’Académie, le conseiller littéraire de Richelieu et de Colbert, l’illustre Monsieur Chapelain. […] La littérature était mûre pour l’art classique, quand Boileau parut ; mais ceux même qui retardaient le mouvement étaient ceux par qui ce mouvement s’était transmis jusqu’à lui. […] Combien de ses ennemis et de ses victimes, et ceux qui paraissaient le plus s’égarer à la poursuite d’un autre idéal, ou dans les caprices d’une fantaisie sans idéal, combien ont ainsi, malgré eux, et croyant faire autre chose, travaillé pour lui, aussi réellement que Malherbe ou Pascal qu’il admire !

1573. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il n’a été révélé qu’après sa mort : la Jeune Captive, la Jeune Turentine furent imprimées dans la Décade et le Mercure ; les Œuvres ne parurent qu’en 1819. […] Les Antichitu di Ercolano, de l’Acad. de Naples, paraissent de 1755 à 1792. […] Il s’attacha aux Choiseul, et leur sacrifia ses espérances de gloire scientifique ; il a fait pourtant d’utiles travaux sur la numismatique, sur l’alphabet phénicien, etc,L’Anacharsis parut en 1788. 4 vol. in-4.

1574. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

« Il nous paraît, disait-il, essentiel, dans l’inquiétude actuelle des esprits, de déterminer sous quelle forme l’idée de science peut s’appliquer aux questions psychologiques ou morales. […] Bien plus : l’idée de science tend, selon nous, à organiser… la pensée et la conduite humaine… Mais ce ne sont pas tels ou tels procédés qu’il faut emprunter à la science ; c’est son esprit… « Il nous paraît, en effet, qu’il n’y a pas de science, pas de méthode universelle, mais seulement une attitude scientifique universelle. […] C’est le Clergé qui fait retirer ou qui exclut de ses écoles les livres où Calvin et Renan n’ont pas l’éreintement qu’exige, paraît-il, le salut de la religion.

1575. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

En tête du volume, il y a une lettre de Francesco Andreini, comico Geloso detto il capitano Spavento, dans laquelle il fait l’éloge de son compagnon, « qui ne dérogea pas à la noblesse de sa naissance en s’adonnant au noble exercice de la comédie » ; il rappelle le succès que ces pièces ont eu pendant de longues années, et promet une seconde série non inférieure à la première ; mais il ne paraît pas que celle-ci ait jamais vu le jour. […] Mais enfin il est constant que les Gelosi se piquaient d’une certaine réserve et que cette réserve au moins relative paraissait tout à fait remarquable et de nature à écarter tout reproche. […] Les bizarres équipées attribuées sur le théâtre aux Isabelle, aux Célia, aux Aurélia ne les empêchaient nullement, à ce qu’il paraît, d’être tenues en haute estime, quand elles savaient conserver dans la vie privée une dignité convenable.

1576. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

À son retour il me confia que la besogne lui avait paru impossible et superflue : en vingt pages de l’Ennemi des lois, tout était dit, et comment ! […] La première page de ses livres me confond : la liste des ouvrages du même auteur, parus ou à paraître, toute une bibliothèque, avec les ouvrages de fond, les grands romans valeureux des pleines reliures, Être, l’Essence de soleil, Soi et les plus rapides histoires, que tous les trois mois édite Paul Adam, comme une terre bénie d’où, par an, quatre récoltes éclosent.

1577. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Le 15 juillet 1849, j’en donnai un extrait à la Liberté de penser, avec l’annonce que le volume paraîtrait « dans quelques semaines ». […] Ce qui paraît maintenant bien probable, c’est que le socialisme ne finira pas. […] Dans le jeu de tir à la cible auquel s’amuse l’humanité, le point atteint paraît le point visé.

1578. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Le pouvoir illimité d’un seul appuyé sur deux ordres privilégiés, l’un chargé de la défense, l’autre de l’éducation de la société, lui paraît le principe essentiel et éternel de tout ordre politique. […] Celles du libéralisme pur ne paraissaient pas en différer essentiellement. […] Déjà, à la vérité, vous voyez paraître certaines attaques contre les propriétaires, les rentiers, les oisifs.

1579. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

. — Théâtre satirique et philosophique C’est le théâtre dit injouable, parce qu’il paraît trop plein de pensées ou de paroles neuves et éternelles aux frivolités de notre public. […] Mais ces chemins sont étrangement beaux. — Nous connaissions depuis longtemps déjà Tête d’Or et La Ville ; une version très différente, de ce dernier drame avait paru plus récemment dans Le Mercure ; L’Échange avait paru dans L’Ermitage, l’an passé ; La jeune Fille Violaine et Le Repos du Septième Jour, inédits encore, malgré d’admirables parties, sont moins bons. — Réunis d’un coup en volume, ces cinq drames manifestent un travail et une puissance d’invention considérables. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. »   La Dame à la Faux de M. 

1580. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Dans les tragédies, Niobé paroît avec un visage triste, et Medée nous annonce son caractere par l’air atroce de sa phisionomie. […] Pollux dans l’ouvrage que nous citons, dit quelque chose qui me paroît propre à confirmer la conjecture ingénieuse et sensée dont je viens de parler. […] Ce fut en l’endroit de la piece où il falloit qu’Electre parut tenant dans ses mains l’urne où elle croit que sont les cendres de son frere Oreste.

1581. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Voyez, en effet, comme nous avons besoin déjà de nous transporter au temps où notre littérature classique et nationale a paru tout à coup avec tant d’éclat, si nous voulons l’apprécier et la sentir, du moins en partie. […] Je demanderai donc aux partisans des idées nouvelles si, parce que ces idées, qui leur paraissent être la raison même, eussent été méconnues et même honnies à de certaines époques, le mépris dont on les aurait couvertes aurait pu prouver contre elles. […] Mais, je le demande encore, désaccoutumés que nous sommes de la forte nourriture des livres saints, pourrions-nous remarquer dans ce dernier Père de l’Église, sa merveilleuse facilité à s’approprier les textes sacrés, et à les fondre tout à fait dans son discours qui n’en éprouve aucune espèce de trouble, tant il paraît dominé par la même inspiration ?

1582. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

La comtesse Guiccioli25 I Il y a déjà quelques années, — et plusieurs, avant le livre sur Byron de l’auteur de Robert Emmet 26, — que parut, en 1868, je crois, un livre intitulé : Byron jugé par des témoins de sa vie. […] … Voilà ce que je pensais, en ouvrant avec les frémissements de la curiosité la plus excitée, ce livre sur Byron, qui paraissait après quarante ans de silence, simplement, comme un livre ordinaire, et qui, s’il avait été ce qu’il eût dû être, aurait éclaté ! […] [Article original paru dans Le Constitutionnel, 4 août 1868.]

1583. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Fustel de Coulanges n’en est jusqu’ici qu’au ras du sol, mais il va monter… Maître de Conférences à l’École normale supérieure quand il fit paraître ce livre, il n’a, pour moi, contre lui, que son titre d’universitaire ; mais c’est un esprit que je crois assez vigoureux pour secouer et mettre à ses pieds les préjugés traditionnels de l’Université et de son enseignement. […] l’était de clinquant, — et coulant, aisé et large, au lieu de se cristalliser péniblement en de petits angles pointus… Il paraît que ce livre fit coup — ainsi que disent les Italiens — dans le cercle de l’Enseignement ; mais il ne porta pas plus loin. […] » Avouez que, vus ainsi, ils ne sont pas grands, ces hommes qui paraissaient gigantesques, et à qui on a trop fait les honneurs de l’Histoire !

1584. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Il paraît que ce nom de Marie Desylles, dont il est étoilé, ne serait pas la véritable étoile. […] Eh bien, malgré ce que je viens d’écrire là, si les lettres de Réa Delcroix ne sont qu’un roman, il faut bien le dire : elles sont un roman de génie, tant elles paraissent une vérité ! […] Et qui sait même si ces lettres, en ce temps-là, ne paraîtront pas incompréhensibles ?

1585. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Cette métaphysique des honnêtes gens, au xixe  siècle, me paraît toujours avoir été pensée et conçue en présence d’un immense danger, et le lendemain d’une excessive curiosité punie. […] Je demande pardon au lecteur de revenir ainsi sur un détail qui est de peu d’importance : pourtant, nous autres critiques qui n’avons que notre jugement, nous devons tenir à ne point paraître nous être trompés du tout au tout sur le caractère d’un ouvrage nouveau.

1586. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Ce qu’il avait écrit dans la première et au sein d’une retraite d’étude et d’intimité ne parut que trente ans plus tard, et il se trouva, par son influence au milieu de la Restauration, contemporain de Lamartine, de Victor Hugo, de Béranger. […] Lorsque les Poésies d’André Chénier parurent, sous la Restauration, les circonstances étaient fort différentes de celles au milieu desquelles il avait écrit, mais elles n’en étaient que plus propices au succès du poëte.

1587. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

c’est ce que nous ne saurions décider en aucune manière ; mais que la conquête existe, que la limite de l’art et des effets qu’il produit ait été reculée, c’est ce qui nous paraît hors de doute dans un cas comme dans l’autre, et ce qui le paraîtra à tous les lecteursiIntelligents d’Hoffmann, comme à tous les observateurs impartiaux du magnétisme animal.

1588. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Né à Édimbourg, le 15 août 1771, d’un père, homme de loi (writer of the signet), et d’une mère un peu poëte, à laquelle surtout il paraît avoir dû ses brillantes qualités, qualités naturelles, le jeune Scott fut destiné de bonne heure à l’étude du droit et au barreau. […] Wawerley parut en 1814, et ouvrit la série des chefs-d’œuvre qui ont fait le charme et les délices de l’Europe durant ces quinze dernières années.

1589. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Devant un tel tribunal, le goût paraît encore plus nécessaire que l’énergie. […] Ce n’était pas un despotisme qui comprimait les esprits ni les âmes ; c’était un despotisme qui paraissait à tous tellement dans la nature des choses, qu’on se façonnait pour lui comme pour l’ordre invariable de ce qui existe nécessairement.

1590. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Avertissement »

Avertissement Cet ouvrage a paru d’abord dans une collection destinée aux jeunes filles. […] On y trouvera quelques remarques sur des défauts de pensée et de style, auxquels les femmes paraissent enclines par leur nature ou par les vices ordinaires de leur éducation.

1591. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

C’est que les personnes très riches sont privilégiées de plus de façons encore qu’il ne paraît à première vue ; c’est que, en même temps que la charité sous sa forme la plus élémentaire, qui est l’aumône en argent, semble devoir être plus facile aux gens qui en ont beaucoup, ceux-ci, à mérite égal — et en vertu de leur richesse même, qui les signale à l’attention et leur permet des largesses d’un chiffre imposant — sont singulièrement plus assurés de la reconnaissance publique que les gens de condition médiocre ou petite, et, ainsi, ne manquent guère de recevoir, dès ici-bas, la récompense de leur bonne volonté. […] Il nous fascine alors par toute la puissance que nous sentons accumulée en lui ; et, justement parce que cette puissance, étant indéfinie, paraît énorme et merveilleuse, nous n’avons plus le courage de la détacher de nous, ni même de diminuer sérieusement ce qui amplifie si fort notre être.

1592. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Il paraît qu’il a défendu dans ces pages, comme dans d’autres d’ailleurs, des idées qui troublent la sieste des bonnes gens. […] Depuis l’apparition de son premier recueil, Cloches en la nuit (avril 1889) jusqu’à la réalisation de ses derniers poèmes — Campagne première — il paraît avoir accompli une lente évolution.

1593. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Quoique le nôtre fût commencé long-temps avant que le sien parût, nous nous fussions dispensés volontiers de le mettre au jour. […] Si nous avions sérieusement à nous défendre de cette imputation, il nous seroit facile de prouver que les Trois Siecles étoient presque achevés quand ses Mémoires parurent ; nous ferions observer qu’un seul volume de la premiere édition des Trois Siecles en auroit fait deux plus gros que ne l’étoient alors ses Mémoires ; nous défierions enfin M.

1594. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

L’auteur insiste sur ces idées, si évidentes qu’elles paraissent, parce qu’un certain nombre d’Aristarques n’en est pas encore à les admettre pour telles. […] Voici maintenant que l’équilibre de l’Europe paraît prêt à se rompre ; le statu quo européen, déjà vermoulu et lézardé, craque du côté de Constantinople.

1595. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

L’essai sur la critique parut en 1709. […] Quand l’Homère Anglois parut, il ne fit qu’augmenter l’idée qu’on en avoit conçue.

1596. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands Ce discours paroît me conduire naturellement à parler de la difference du goût des italiens, et du goût des françois sur la musique. […] Le fait ne me paroît pas véritable.

1597. (1818) Essai sur les institutions sociales « Préface » pp. 5-12

Je réimprime, aussi sans y rien changer, le Vieillard et le jeune Homme, ouvrage qui parut un an après le premier. […] Deux articles, insérés, l’un dans le Journal des Débats, l’autre dans le Journal du Commerce, à la fin de 1818, marquent très bien, à mon avis, la situation des esprits, relativement à l’Essai sur les Institutions, lorsque le livre parut.

1598. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

La vue d’un cachet de chancellerie, le chiffre d’une dépêche, la description d’une cérémonie, voilà qui le ravit, voilà qui lui paraît le haut intérêt de l’histoire ! […] Mais quand la Reine paraît —  apparuit dea !

1599. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Seulement, n’oublions pas non plus, nous autres Français, que soixante-seize ans après Don Quichotte paraissait La Princesse de Clèves, bien avant que l’Angleterre, cette terre du Roman qui, en moins de deux siècles, est allée de Richardson à Walter Scott, n’eût publié les chefs-d’œuvre de Daniel Defoë et Clarisse ; Clarisse, qui est le Roman même, dans la plus splendide netteté de sa notion ! Les romans de Defoë parurent tous, en effet, de 1719 à 1724, et Clarisse en 1748.

1600. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXII. Des éloges des hommes illustres du dix-septième siècle, par Charles Perrault. »

Aujourd’hui, d’ailleurs, que les connaissances s’effacent et se perdent ; aujourd’hui que la science de l’histoire se réduit presque à des anecdotes ; qu’on abrège tout pour paraître tout savoir, et que la vanité, empressée à jouir, n’estime plus, dans aucun genre, que ce qu’elle peut étaler dans un cercle ; ces recherches pénibles, ces discussions profondes, ces monuments, fruit de quarante ans de travail et d’étude, qui n’ont que le mérite d’instruire sans amuser, et dont le matin, on ne peut rien détacher pour citer le soir, doivent nécessairement, parmi nous, perdre de leur estime. […] Il n’est pas inutile de remarquer que lorsque ces éloges parurent, quelques hommes trouvèrent mauvais qu’on eût déshonoré des cardinaux et des princes, jusqu’à les mettre à côté de simples artistes.

1601. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Quoi qu’il en soit, élève ou non de Corinne, Pindare paraît avoir été quelquefois son rival, et même il aurait été vaincu par elle dans un ou plusieurs concours de poésie. […] J’en atteste le dieu du Ménale, chantant un hymne, ton ouvrage, et oubliant sa flûte pastorale30. » Entre ces fables populaires, la longue vie du poëte paraît s’être écoulée dans le culte des dieux et les succès de son art, renommé par toute la Grèce.

1602. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Depuis, ces deux pièces ont toujours paru dans les éditions complètes de Molière. […] La tradition me paraît une légende. […] L’originalité leur paraît une bouffonnerie. […] Il ne paraît pas. […] Cela paraîtrait bouffon.

1603. (1932) Les idées politiques de la France

L’industrialisme est trop fort sur le terrain des intérêts pour paraître avec autorité sur le terrain des idées. […] Comme l’ancien opportunisme, et plus que lui peut-être, le néo-opportunisme parut avisé et prudent. […] » Aux électeurs de Voiteur, où il tenait une réunion, ce mot parut insolite, et il dut s’expliquer. […] La France multiforme ne nous paraît pas destinée à porter le Français unique. […] Mais la mobilisation allemande, du fait qu’elle fut connue la première, et passa pour la première, parut confirmer toutes les prévisions de ses adversaires.

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