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2216. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Tandis que Balzac et Voiture se disputaient laborieusement à qui écrirait le mieux une lettre sans objet, un médecin philosophe, esprit piquant, satirique, peu ami des puissances, sauf le roi, penseur plus que libre, qui ne voyait dans les réjouissances du jubilé que « force crottes et catarrhes, et de la pratique pour les médecins176 » ; un type de l’esprit d’opposition dans notre pays qui sait beaucoup mieux ce qu’il ne veut pas que ce qu’il veut, Guy Patin donnait, sans s‘en douter, le premier modèle de lettres simples, naturelles, écrites, non plus à des indifférents pour leur faire les honneurs de son esprit, mais à des amis pour le plaisir de s’épancher, par un auteur qui n’a souci ni du style ni des ornements, et qui ne met dans ses lettres comme il le dit lui-même, « ni Phébus ni Balzac177. » Dans le même temps que La Rochefoucauld se plaçait par trop de soins donnés à ses Mémoires, Mme de Motteville écrivait, d’une plume facile, élégante et ferme en plus d’un endroit, la chronique de la cour d’Anne d’Autriche.

2217. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Ce Saint Gral, qui forme le centre du drame de Parsifal, en ce sens qu’il est l’objet de toutes les adorations et de toutes les convoitises et qu’il symbolise une puissance mystérieuse, est donc poétiquement identique à l’Or du Rhin, lequel dans le Ring joue le même rôle.

2218. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

5 juin Quelque chose de destructif dans les mains ; il est toujours à froisser, à tracasser les objets à sa portée, à les mettre en tapon.

2219. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Quelques-uns de ces phénomènes linguistiques sont moins obscurs ; c’est quand l’objet nommé ou surnommé est très caractéristique de forme ou de couleur : ainsi l’able ou ablette (albula) est dite poisson blanc par les Hollandais, les Anglais, les Polonais : witfisch, white hait, bialoryb ; ainsi le choucabus (à tête ; caput, chabot142, caboche) est aussi pour les Allemands, kopfkohl, et pour les Italiens, capuccio ; ainsi le phénicoptère des Grecs, l’oiseau aux ailes de flamme, est pour nous le flamant.

2220. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Il peut non-seulement contribuer à l’édification des simples fidéles par les exemples de vertu & les maximes de sainteté qu’il contient ; mais encore à l’éclaircissement des faits historiques, qui font l’objet des utiles recherches des savans.

2221. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Comme ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver, et toutes les fois quelle leur est donnée, elle leur est toute nouvelle, puisque la nature n’ayant pour objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire toujours égale », etc… Une science toujours égale, mais qui quelquefois est inégale et change complètement selon les besoins !

2222. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

— tous ses procédés consistaient à décrire l’objet, c’est-à-dire le livre, c’est-à-dire l’œuvre quelconque dont il avait à rendre compte, et cela identiquement de la même façon qu’un naturaliste étudie une plante ou un animal.

2223. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Tel est, dans son esprit et son inspiration générale, ce livre sur madame de Pompadour, qui a pour objet de laver un peu (le croira-t-on ?)

2224. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Les êtres et les choses, objets de mépris ou d’indifférence, reprennent en lui leur saveur originelle ; ce qui semblait banal réapparaît dans tout l’éclat de la force.

2225. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Ces conclusions ont pour objet de préciser la portée de ma méthode et aussi de légitimer cette méthode, non plus par un groupement de faits, mais par la logique d’une construction synthétique.

2226. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Oui, l’on sait bien que l’art est une chose et que la morale en est une autre ; on sait aussi que l’art a pour objet la beauté, non l’utilité; mais, messieurs, est-ce que par hasard la beauté morale serait seule exclue ? […] Hérode Si le divin objet dont je suis idolâtre Passe pour un rocher, c’est un rocher d’albâtre, Un écueil agréable, où l’on voit éclater Tout ce que la nature a fait pour me tenter. […] À toute heure, en tous lieux, dans une nuit si sombre, Je pense l’embrasser, et n’embrasse qu’une ombre ; Et mon amour déçu par cet objet trompeur Se forme des soupçons qui redoublent ma peur : Je ne découvre point de marques de sa fuite ; Je crains du comte mort les amis et la suite ; Leur nombre m’épouvante et confond ma raison : Rodrigue ne vit plus, ou respire en prison… Justes Cieux ! […] S’il lui échappe (dans la seconde entrevue) de l’encourager au combat contre Don Sanche par ces paroles : Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix, elle ne se contente pas de s’enfuir de honte au même moment, mais, sitôt qu’elle est avec Elvire, à qui elle ne déguise rien de ce qui se passe dans son âme, et que la vue de ce cher objet ne lui fait plus de violence, elle forme un souhait plus raisonnable, qui satisfait sa vertu et son amour tout ensemble, et demande au Ciel que le combat se termine Sans faire aucun des deux ni vaincu ni vainqueur. […] Scudéry termine en disant : « Peut-être l’auteur du Cid sera-t-il assez vain pour penser que l’envie m’aura fait écrire ; mais je vous conjure de croire qu’un vice si bas n’est point en mon âme, et qu’étant ce que je suis, si j’avais de l’ambition, elle aurait un plus haut objet que la renommée de cet auteur. » Étant ce que je suis !

2227. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

C’est cette exaltation qui est emphatique par rapport à la petitesse ou l’indignité des objets auxquels elle s’attache et qu’elle revêt d’une importance ou d’une sublimité menteuse. […] Ils commencent par demander un prix assez élevé d’un seul objet, et ils finissent par en laisser quatre ou cinq pour la même somme. […] Que d’objets divers et de rebut ! […] En face, un grand amandier branchu se couvre de ses fleurs éclatantes ; une douce colline avec sa couronne de pins et sa ceinture de mimosas et d’anthémis, émerge, fraîche et pimpante, de la grisaille du ciel, sous les gouttes de pluie… Maintenant le soir tombe ; il ne fond point les objets, il les découpe plus nettement. […] La fin d’un crépuscule attique d’une couleur d’azur velouté, transparent et opaque à la fois, enveloppait les objets.

2228. (1888) Portraits de maîtres

L’épithète redevint comme dans Homère une marque caractéristique destinée à fixer les nuances, à discerner les objets, à faire comprendre qu’un bois vu à midi n’offre pas les mêmes aspects qu’à une autre heure du jour et qu’une rivière peut avoir son caractère physique (les anciens disaient plus hardiment, en parlant des choses, mores, des mœurs) aussi bien qu’un héros de tragédie a son âme distincte. […] Mais, avant d’arriver à cet objet important, signalons, au point de vue esthétique, une innovation des plus hardies, l’introduction du sentiment chrétien dans notre littérature nationale. […] Le rythme n’est pas un objet moins constant des préoccupations de Béranger. […] Le développement du vieux mythe, objet de la curiosité constante de l’art grec, évoqué successivement par les inspirations si diverses de Calderon, de la Fontaine, de Corneille et de Molière, était chez Victor de Laprade aussi nouveau qu’ingénieux. […] C’est donc cette puissance épique, inconnue dans notre littérature jusqu’à l’avènement du Maître, que nous prendrons pour objet d’une brève étude en l’honneur du Poète de nos préférences, de l’invariable élu de notre culte enthousiaste et réfléchi.

2229. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

» Jamais homme de Port-Royal ou du voisinage (qu’on le remarque bien) n’aurait eu pareille pensée, et c’eût été plutôt le contraire qui eût paru naturel, le pauvre étant aux yeux du chrétien l’objet de grâces et de vertus singulières. […] Il observait ce qui se passait autour de lui ; mais son observation était si sérieuse en face des objets, qu’elle ressemblait à l’abstraction du géomètre, à la rêverie du fabuliste.

2230. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Au lieu de creuser notre malheur, de nous enfoncer dans la poitrine la pointe de nos chagrins, nous portons avec une facilité vraiment extraordinaire notre attention sur d’autres objets plus agréables, et nous retrempons notre courage dans l’oubli de nos maux. […] Quelle est cette manie de toujours rapprocher l’un de l’autre deux objets entre lesquels il n’y a pas de points de comparaison ? […] Il n’avait d’autre objet que de les peindre, estimant que d’une peinture exacte de la vie il se dégage la seule moralité que l’on puisse demander à l’art. […] Il conte dans un des chapitres qu’étant enfant, comme il avait l’oreille très délicate, on s’amusait souvent à lui faire désigner la note produite par tel ou tel objet sonore, flambeau, verre ou bobèche. […] Elle l’interrompt à tous coups, pour le rappeler à l’objet de la conversation.

2231. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

La même délicatesse de sens l’avertit qu’un objet n’est pas d’aplomb, et qu’il y a de la poussière sur un meuble. […] C’est, dit-on, une loi de la physique, qu’une lumière allumée la nuit, dans une solitude nue, où nul objet alentour ne la réverbère, se consume inaperçue et n’éclaire qu’elle-même. […] Ainsi, par une admirable harmonie du monde physique et du monde moral, de même que la lumière n’existe que par le rayonnement, ni le rayonnement que par la présence d’objets qui la réfléchissent, de même le bonheur véritable n’est qu’un reflet et comme un rejaillissement du bien sur le bienfaiteur. […] Parlez pour vous, messieurs les beaux esprits, qui travaillez sans doute pour un objet moins chimérique.

2232. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

» — Une autre fois encore, pendant son ambassade à Londres, comme il avait été l’objet, à la Chambre des lords, d’une violente et inconvenante attaqué du marquis de Londonderry, le duc de Wellington se leva aussitôt, et il défendit, il vengea en termes chaleureux son vieil ami, le vétéran des diplomates.

2233. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Ce n’était ni verve ni saillie éblouissante, mais quelque chose de plus doux ; une pensée perpétuelle sans effort, de l’animation sans fumée ni flamme, la proportion juste des idées, chaque objet saisi à son point et avec détachement, tout le nonchaloir des loisirs.

2234. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

C’est une machine à tondre, grossière et mal agencée, qui fait autant de mal par son jeu que par son objet.

2235. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Pauvre enfant d’une veuve presque mendiante, recueilli par charité dans le château, il se considérait comme si subalterne, en naissance, en rang, en esprit, à tout le monde dans la ferme et à tous les jeunes garçons des deux villages voisins, qu’il aurait regardé comme un sacrilège de penser seulement à courtiser honnêtement cette belle jeune fille, objet de tous les regards et de toutes les ambitions de ses camarades.

2236. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Elle m’en récita quelques-uns, dont j’étais moi-même l’objet.

2237. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Un magnifique portrait au pastel, de grandeur naturelle, de Saint-Just, ce Barbaroux des terroristes, cet Antinoüs des Jacobins, s’étalait dans un cadre d’or poudreux contre la muraille entre les rideaux du lit et la porte, objet d’un culte de souvenir de jeune fille pour le plus séduisant des disciples du tribun de la mort.

2238. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Ils se disent à eux-mêmes : Voilà quelqu’un qui n’a pas les mêmes objets que nous en vue dans ses sorties à travers nos rues et nos places publiques ; voilà un étranger à nos intérêts d’ici-bas, voilà le feu sacré qui passe et qui nous coudoie sans nous voir.

2239. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Sophie et Juliette se lièrent bientôt de la plus étroite amitié ; elles consolèrent pendant quelque temps Clotilde de ses pertes ; elles l’aidèrent dans l’éducation de Jean de Surville, son fils : mais des passions malheureuses, que la religion seule pouvait vaincre, et dont l’objet leur était peut-être commun, arrachèrent encore ces deux amies à leur protectrice ; elles se retirèrent ensemble à l’abbaye de Villedieu.

2240. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Sa contemplation ainsi dirigée devient donc un tourment pour l’âme, qui cherche toujours son véritable objet, l’homme.

2241. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Ses fautes seront toujours un utile objet d’étude ; sa passion pour l’antiquité, qui devait lui coûter si cher, a été d’un bon exemple.

2242. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

En effet, chez les écrivains dont la sensibilité n’est pas encore émoussée, quelques expressions, quelques phrases rapides suffisent à peindre les objets.

2243. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Descartes doutait du témoignage de ses sens, de la réalité des objets qu’ils lui révélaient.

2244. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Jamais il ne s’étendait sur un objet, quel qu’il fût : il réservait la forte contention de son esprit pour les heures du travail et la causerie ne lui était, visiblement, qu’une manière de se délasser.

2245. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

On voit tous les jours, par les œuvres de Wagner données dans les plus grandes villes de l’Allemagne, combien, dans un théâtre dont l’unique objet n’est point l’Art, mais qui est forcé de compter avec un Public, il est impossible de conserver le style idéal.

2246. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

Si l’âme qui vit dans cette musique est l’âme ce l’harmonieuse fraternité des peuples, c’est qu’elle est l’âme de l’homme idéal, — de l’homme absolument naturel, franc, vrai, fort et grand, et qui à la fois dans la plus parfaite manifestation de son être est beau, digne et plein d’amour, parce qu’il est artiste et parce que l’exprimer est l’objet même de toute harmonie.

2247. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Recréer exactement des émotions réelles au moyen d’une langue musicale instituée, ce fut l’objet de Lulli.

2248. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Il regarde d’un peu loin les objets de ses dithyrambes, il prend volontiers le Pirée pour un homme, un singe pour un Dieu et Anatole France pour Balzac.

2249. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Il est composé de deux styles disparates : d’un style alors amoureux de Janin, celui du frère cadet ; d’un style alors amoureux de Théophile Gautier, celui du frère aîné ; — et ces deux styles ne se sont point fondus, amalgamés en un style personnel, rejetant et l’excessif sautillement de Janin et la trop grosse matérialité de Gautier : un style dont Michelet voulait bien dire plus tard, qu’il donnait à voir, d’une manière toute spéciale, les objets d’art du xviiie  siècle, un style peut-être trop ambitieux de choses impossibles, et auquel, dans une gronderie amicale, Sainte-Beuve reprochait de vouloir rendre l’âme des paysages, et de chercher à attraper le mouvement dans la couleur, un style enfin, tel quel, et qu’on peut juger diversement, mais un style arrivé à être bien un.

2250. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Ce n’était pas le Français qui était son principal objet, c’était l’homme.

2251. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je cachais mon visage dans mes deux mains ; je regardais furtivement entre mes doigts les tours, le balcon, le jardin, le verger, la fumée sur le toit, les bois derrière bordés de chaumières connues, la prairie, la rivière, les saules sur le bord de l’étang ; et, recevant de chacun de ces objets un souvenir, une image, un son de voix, une personne, une voix à l’oreille, une vision dans les yeux, un coup au cœur, je fondis en eau, et je m’abîmai dans l’impossible passion de ce qui n’est plus !

2252. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

  Pour ce qui est du Quinquina, il faut bien que je vous en parle puisqu’il nous présente le talent de La Fontaine occupé à un singulier objet, et puisque, du reste, il y a, dans le Quinquina, des vers très remarquables.

2253. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

À voir seulement les têtes de chapitre, on dirait une savante, immense et majestueuse histoire ; mais en pénétrant dans chaque biographie qui en est l’objet, on se démontre facilement à soi-même combien ces notules, ramassées au courant d’une lecture de dilettante, sont superficielles et vulgaires, et on se dit que l’histoire littéraire ne s’écrit pas à si bon marché.

2254. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Il avait tout décrit avec cette minutie d’observation qui détache tout et qui ne fond rien, et qui finit par nous faire entrer l’objet dans l’œil avec tous ses ongles, pour nous le faire voir.

2255. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

A quel objet défini et positif ?

2256. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Elle contient tes langes et quelques menus objets. […] Mais c’est que la littérature est presque toujours révolutionnaire, puisque son objet est essentiellement (sauf accidents) de nous présenter ou de nous suggérer des images redressées de la vie, et de nous la faire voir ou de nous la faire souhaiter plus belle, ou plus harmonieuse, ou plus conforme à la justice. […] Il donne l’idée mélancolique d’un grand diable de moulin à vent qui ferait virer ses longs bras pour ne rien moudre, et dont la généreuse gesticulation paraîtrait sans objet. […] Et si l’amour de Mme Blandain ne nous est indiqué que par des gestes rapides, des mots glissés à l’oreille entre deux portes ou sur un escalier, et de courts apartés noyés dans le tourbillon de la fête, il me semble que c’est là un trait de vérité de plus ; que ce genre d’« exposition » suffit et convient à un amour d’une espèce aussi élémentaire, et que les analyses raciniennes auraient été ici sans objet. […] Et voilà que, par ma faute, la patrie est devenue pour moi ce qu’elle est souvent pour les fils et les parents de rois : un objet de troc et d’échange.

2257. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

… Son histoire : c’est le mensonge et la convention pompeuse et bête de la plus vieille et solennelle histoire… Sa science, ses hypothèses, un objet de risée pour les savants contemporains ! […] Une lampe, à l’abat-jour baissé, laisse vaguement apercevoir un mobilier, où l’acajou se mêle à des objets d’art, à des glaces sculptées, et qui, enseveli dans la pénombre, a l’apparence du mobilier d’un bourgeois, habitué des Commissaires-priseurs.

2258. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

L’une a pour objet le passé. […] Il ne dédaigne pas ce qui parle aux yeux : il ne voit aucun avantage à replacer les acteurs d’un drame dans ce milieu abstrait où le xviie  siècle les faisait mouvoir ; il reconnaît qu’il existe un lien mystérieux entre les personnes et les choses qui les environnent, que les objets sans cesse présents à notre vue décèlent et modifient à la fois nos habitudes d’esprit ; il s’accommode donc des splendeurs et des complications de la mise en scène ; il considère même comme un progrès les scrupules d’exactitude dont les directeurs sont devenus coutumiers. […] D’abord, tout au contraire des moralistes, il se souciait fort peu de savoir si les forces mystérieuses contenues dans le livre, objet de ses études, étaient bienfaisantes ou malfaisantes ; il lui suffisait d’en constater l’existence, d’en démêler la genèse, d’en mesurer la puissance. […] Ceux qui sont l’objet de sa prédilection paraissent ainsi plus grands que nature, si bien que le lecteur finit par se dire de ce faiseur d’idoles : — Psychologue tant qu’on voudra, mais critique, je ne sais.

2259. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Quand il s’agit de personnes ou d’objets lointains, elle nous précède, nous appelle, nous attire à ses préférences. […] Au contraire, quand il s’agit d’objets colorés, vous êtes d’une précision criarde. […] Il y a entre les idées des différences, des distances inégales, mais réelles, et ce sont précisément ces distances, ces différences entre les idées que la ponctuation et les divers signes de la ponctuation ont pour objet de marquer. […] Chaque objet était revêtu de riches couleurs et de formes enivrantes ; tout avait des mouvements plus suaves, des ondulations plus voluptueuses. » Et elle célèbre la nature « embellie, animée par un jeune cœur avide qui recevait de toutes les impressions un ébranlement profond de sensibilité ».

2260. (1802) Études sur Molière pp. -355

Valère, il faut être bien malheureux pour ignorer que la lettre d’un objet chéri finit toujours trop tôt. […] Veut-on, dès le premier acte, juger un acteur dans le rôle d’Arnolphe, on n’a qu’à l’observer au moment où Horace lui dit : Un jeune objet qui loge en ce logis, Dont vous voyez d’ici que les murs sont rougis ; S’il n’est pas tout à coup l’opposé de ce qu’il était, s’il ne devient pas un autre homme, n’attendez rien de lui. […] La scène où Sganarelle consulte quatre médecins sur la maladie de sa fille est évidemment calquée sur celle où Demiphon consulte quatre avocats, mais, les hommes tenant plus à la vie qu’au gain d’un procès, le comique et la moralité de la scène française croissent avec l’importance de l’objet, et par le choix des charlatans mis en action. […] Les caractères accessoires. — Molière n’ayant pas donné à son Alceste des couleurs assez fortes, pour qu’il pût être l’unique objet d’une pièce en cinq actes, le met en opposition avec une prude, un bel esprit, quelques petits maîtres de cour, l’indulgent Philinte ; et surtout avec la coquette Célimène ; et ces divers caractères lui donnent occasion de développer le sien.

2261. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Je prie qu’on veuille bien ne pas se méprendre sur ma pensée et n’y rien lire de plus que je ne dis : ce ne sont pas le moins du monde les estimables recherches en elles-mêmes que je viens blâmer ; personne au contraire ne les prise plus que moi quand l’esprit s’y contient à son objet ; je parle simplement des conclusions exagérées qu’on y rattache.

2262. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Diderot le pousse à bout jusque dans l’emphase larmoyante ou furibonde, par des exclamations, des apostrophes, des attendrissements, des violences, des indignations, des enthousiasmes, des tirades à grand orchestre, où la fougue de sa cervelle trouve une issue et un emploi  En revanche, parmi tant d’écrivains supérieurs, il est le seul qui soit un véritable artiste, un créateur d’âmes, un esprit en qui les objets, les événements et les personnages naissent et s’organisent d’eux-mêmes, par leurs seules forces, en vertu de leurs affinités naturelles, involontairement, sans intervention étrangère, de façon à vivre pour eux-mêmes et par eux-mêmes, à l’abri des calculs et en dehors des combinaisons de l’auteur.

2263. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Tous les partis se sont, pour ainsi dire, accordé mutuellement son nom pour en faire l’objet d’une injure et d’une exécration communes : les royalistes, parce qu’il fut un des plus grands moteurs de la Révolution ; les républicains, parce que sa mort fut une des plus odieuses ingratitudes de la république ; le peuple, parce qu’il était prince ; les aristocrates, parce qu’il s’était fait peuple ; les factieux, parce qu’il refusa de prêter son nom à leurs conspirations alternatives contre la patrie ; tous, parce qu’il voulut imiter cette gloire suspecte qu’on appelle l’héroïsme de Brutus.

2264. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Le poète se tut et chanta sous des noms de nymphe ou de bergère le seul et véritable objet de sa passion.

2265. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

L’attention se porte sur tant d’objets, que l’on a de la peine à se rendre compte des émotions que l’on ressent.

2266. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

J’avouerai que je trouve inexplicables plusieurs des travaux exécutés par les Barbares, et que l’on dit avoir eu pour objet d’aller fouiller dans les masses énormes qui forment le Colisée.

2267. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

— Est-ce que vous ne possédez aucun objet de petit prix à faire vendre pour vous procurer un petit adoucissement de plus pour le petit qui est si maigre ?

2268. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

La Chanson de Roland exalte les deux plus purs sentiments qui fussent dans les cœurs en leur proposant les plus hauts objets où ils pouvaient s’adresser : Charlemagne à servir, l’infidèle à combattre.

2269. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Mais, le service du roi, de la France, n’étant plus la fin de la bravoure, la prouesse n’ayant d’autre objet qu’elle-même, d’abord toutes les folies de Crécy, de Poitiers, de Nicopolis, d’Azincourt en ont résulté, et la chevalerie s’est révélée, non plus seulement inutile, mais funeste.

2270. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

De ce qu’une passion développée dans une tragédie pourrait, si l’on baisse un peu le ton, faire l’objet d’une comédie, s’ensuit-il que la tragédie où cette passion se déroule soit un « mélange » de comique et de tragique et, par suite, une œuvre romantique ?

2271. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Tharaud Nous n’avons aucune idée sur l’objet de votre enquête.

2272. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Si j’ai le regret de voir Mithridate user d’une supercherie de comédie pour savoir le secret de Xipharès et de Monime, au moins je le retrouve, dans ses discours contre Rome, tel qu’il est, grand comme l’objet de sa haine ; et mon imagination est satisfaite.

2273. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Le « motif-organe » dont il est question ici est bien le leitmotiv wagnérien, élément musical associé à un personnage, un objet, un lieu, un sentiment ou un concept, et qui reparaît plusieurs fois dans la partition » (Dictionnaire encyclopédique Richard Wagner, p. 1078).

2274. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

On a beau être courtisane, on n’aime pas être marchandée sottement, comme un cheval anglais ou un objet d’art.

2275. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

… Qui t’aurait dit alors que tu couvais un lâche, Et que ce fils, objet d’un orgueilleux amour, Dans un combat fameux devait s’enfuir un jour ?

2276. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Personne, non plus que moi, ne pouvait supposer qu’un livre empreint d’une spiritualité aussi ardente, aussi éclatante que les Fleurs du mal, dût être l’objet d’une poursuite, ou plutôt l’occasion d’un malentendu.

2277. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Il n’est qu’un appareil à description, une espèce de machine qui amène sous les yeux l’objet, le retourne, et le remporte après l’avoir montré.

2278. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Il ne peut pas l’être comme cette forte mécanique de Flaubert, qui, en roman, fait ce que Taine fait en histoire, c’est-à-dire montre l’objet et puis s’en va.

2279. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Enfin, de Rubens, qui vient tout écraser avec ses toiles splendides, il n’a pas, il ne peut pas avoir la plantureuse grandeur, l’enthousiasme de la chair vivante, la sensualité du coloris et les bacchanales de palette, mais pourtant il nous fait penser aux ardentes couleurs de ce maître de la couleur, quand, avec un peu de noir et de blanc, — une fumée d’estompe, un rien presque, à ce qu’il nous semble, — il incendie le ton des objets, lustre les étoffes les plus chatoyantes, et verse à flots la lumière ou la distribue en pointes d’éclairs !

2280. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Cet axiome placé ici à cause de son rapport particulier avec le droit des gens, s’applique généralement tous les objets dont nous avons à parler.

2281. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

La science et la philosophie n’ont pas pour objet de calmer les nerfs ou les vapeurs des gens sensibles, mais de rechercher et d’établir la vérité. […] Mais son obsédant souci d’apologétique religieuse, politique et sociale exclut foncièrement la critique proprement dite, qui a pour objet de comprendre plutôt que de combattre, et surtout dans un camp où l’on nie la liberté intellectuelle, c’est-à-dire son principe même. […] Chacune a son objet et sa méthode propres, mais elles ont toutes le même principe, qui consiste à n’accepter que les conclusions de la logique et de l’expérience, c’est-à-dire des deux formes de la raison. […] Pour bien voir un objet et le situer dans un ensemble, il faut du recul.

2282. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Pour qu’un nom, quel qu’il soit, ne se puisse prononcer dans un salon sans produire une sensation marquée, il faut, à coup sûr, que la personne qui le porte, joue dans le monde un rôle spécial, qu’elle puisse disposer d’une influence déterminée, qu’elle soit enfin un objet d’admiration ou d’envie. […] Dans la peinture des objets extérieurs, Jocelyn est un véritable progrès. […] La Vision de Charles XI est racontée trop sommairement pour que la critique en fasse l’objet du blâme ou des louanges. […] Au lieu de réhabiliter celui qui la trompait, elle devient pour lui un objet de pitié. […] L’art est par lui-même une forme complète, indépendante de la pensée ; s’il emprunte à la réalité ou à l’histoire, à la vérité ou à la philosophie, des idées qui ne sont pas de son domaine immédiat, c’est pour se les assimiler, pour les faire siennes, c’est parce que la beauté, attribut exclusif de l’objet qu’elle se propose, ne peut se dégager absolument des autres éléments de la pensée.

2283. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Une sorte de vision possédait l’artiste ; les paysages et les événements se déroulaient dans son esprit comme dans la nature ; il concentrait dans un éclair tous les détails et toutes les forces qui composent un être, et cette image agissait et se développait en lui comme l’objet hors de lui ; il imitait ses personnages, il entendait leurs paroles ; il trouvait plus aisé de les répéter toutes palpitantes que de raconter ou d’expliquer leurs sentiments ; il ne jugeait pas, il voyait ; il était involontairement acteur et mime ; le drame était son œuvre naturelle, parce que les personnages y parlent et que l’auteur n’y parle pas. […] Dès lors une nouvelle carrière s’ouvre : l’homme a le monde entier à repenser ; le changement de sa pensée a changé tous les points de vue, et tous les objets vont prendre une nouvelle forme dans son esprit transformé.

2284. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Plus tard elle fut l’objet de grands honneurs. […] Les envoyés lui exposèrent amicalement et courtoisement l’objet de leur mission.

2285. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Et l’objet de ses convoitises s’en allait danser devant d’autres bouches… Rêve évanoui ! […] Que d’objets hétéroclites ! […] Il leur reste donc un franc soixante pour se loger, s’habiller, se procurer quelques légumes, car la viande est, pour eux, un objet de luxe.

2286. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Il n’y a pas d’idées qu’il ne puisse comprendre et s’assimiler aussitôt ; il les revêt immédiatement avec une élégance suprême ; elles semblent toutes mesurées à sa taille : il y a là un sortilège singulier ; on dirait qu’il possède, comme la marraine de Cendrillon, le don de transformer les choses en objets immédiatement utilisables ; il a touché à tout et tiré parti de tout ce qu’il a touché. […] Quant aux brillantes et éclatantes symphonies de couleurs et de lignes, quelle que soit leur importance pour le peintre, elles ne sont dans son travail que de simples procédés de symbolisation. » En son étude sur Gauguin, un an plus tard, il revint sur cette théorie, la développa, exposant, avec une grande sûreté de logique, les principes élémentaires de l’art symboliste ou idéiste, qu’il résume ainsi : L’œuvre d’art devra être : « 1° Idéiste, puisque son idéal unique sera l’expression de l’Idée ;  » 2° Symboliste, puisqu’elle exprimera cette idée par des formes ;  » 3° Synthétique, puisqu’elle écrira ces formes, ces signes, selon un mode de compréhension générale ;  » 4° Subjective, puisque l’objet n’y sera jamais considéré en tant qu’objet, mais en tant que signe d’idée perçu par le sujet ;  » 5° (C’est une conséquence) Décorative ― car la peinture décorative proprement dite, telle que l’ont comprise les Égyptiens, très probablement les Grecs et les Primitifs, n’est rien autre chose qu’une manifestation d’art à la fois subjectif, synthétique, symboliste et idéiste. » Après avoir ajouté que l’art décoratif est le seul art, que « la peinture n’a pu être créée que pour décorer de pensées, de rêves et d’idées les murales banalités des édifices humains », il impose encore à l’artiste le nécessaire don d’émotivité, en alléguant, seule, « cette transcendantale émotivité, si grande et si précieuse, qui fait frissonner l’âme devant le drame ondoyant des abstractions ».

2287. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

» Il explique, aussi bien que l’expliquerait Marivaux lui-même, comment dans la comédie l’honnêteté nuptiale n’est qu’un leurre, « car la passion ne saisit que son propre objet ; le mariage, loin d’empêcher tout autre amour, le provoque au contraire » ; et c’est justement à cet amour profane que se rattache l’intérêt des plus honnêtes comédies. […] — Il s’est jeté sur des corporations entières. — Il a lutté avec les médecins jusqu’à la mort ; s’il était fatigué, il se rejetait avec délices dans l’antiquité, objet de ses études, et dans la vieille farce française qui devait lui rappeler souvent sa vie errante ! […] Notre jeune homme s’estimait bienheureux d’être aimé d’un objet si innocent et si aimable.

2288. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

L’élément nouveau appelé l’opinion, force morale, s’est mêlé aux autres éléments de force matérielle que les négociations et les traités avaient pour objet de concilier et d’asseoir.

2289. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

se dirent-elles entre elles, il faut que nous participions à leur voyage puisque nous en sommes en partie l’objet ; moi je leur ferai voir ceci, moi je leur montrerai cela, moi la montagne, moi la vigne, moi le lavoir dans les prés ; et moi, se dirent-elles toutes ensemble, je disputerai à madame D*** l’honneur de les coucher après leur avoir préparé le lait de ma vache et le plat de courges de mon jardin cuites au four.

2290. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

L’objet de cet amour était aussi étrange que cet amour lui-même était inexplicable autrement que par la magie et la possession, explications surnaturelles des phénomènes des cœurs dans ce temps de superstition.

2291. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Mais il faut sentir surtout que d’Aubigné a trouvé l’une des plus riches sources de lyrisme qu’il y ait, un des sentiments les plus hauts, les plus universels par son objet que l’homme puisse exprimer un de ceux aussi qui prennent l’individu tout entier, et jusqu’au fond.

2292. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

La Bruyère, qui l’a bien senti, ajoute à l’excellent portrait qu’il en a tracé : « Corneille élève, étonne, maîtrise. » Quand Descartes définit l’admiration « une subite surprise de l’âme qui fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires34 », ne semble-t-il pas définir l’impression que nous recevons, soit de la représentation, soit de la lecture des pièces de Corneille ?

2293. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

L’œil saisit la forme animée de l’homme, la compare avec les objets ambiants et l’en différencie.

2294. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Cependant, en bon père qu’il est il cherche partout cet objet rare qu’on appelle un prétendant désintéressé, et, à force de chercher, il le trouve : M. de Trélan sera son gendre.

2295. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Béatrice promène une âme romanesque Dans un luxe d’objets arabes et persans, De tapis à ramage et de plats reluisants Dans le goût somptueux des hispano-mauresques… Béatrice de Manissès, à sa fenêtre, Parait avec l’aurore et le chant des oiseaux, Pour voir le jour venir sans changements nouveaux Et monotonément passer et disparaître.

2296. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Il n’y a dans le démocrate Proudhon rien qui rappelle ce bel oiseau aristocratique, qu’il faut laisser, pour objet de comparaison, aux reines et aux impératrices.

2297. (1864) Le roman contemporain

Vitet, dans sa réponse au récipiendaire, explique tout à la fois l’exclusion dont le roman a été pendant longtemps l’objet à l’Académie, et l’exception honorable faite en faveur de M.  […] On dirait que l’auteur goûte un brutal plaisir à vous démontrer, autant qu’il est en lui, que la sensibilité n’est au fond qu’un sensualisme raffiné, l’affection qu’un attrait physique, la bonté que le résultat de la faiblesse et de la bêtise, l’intelligence qu’un instinct, l’idéal qu’un rêve mêlé de fièvre, la vertu que l’hébétement des sens, l’enthousiasme, même quand il a Dieu pour objet, qu’une espèce de transport au cerveau. […] Vous devinez que cette invention de l’auteur a pour objet de jeter de l’intérêt sur son principal personnage, fatalement perverti par l’enfer du bagne.

2298. (1896) Le livre des masques

Pour en finir, il faut se borner à de timides insinuations philosophiques et demander si vraiment nous connaissons la « chose en soi », s’il n’y a pas une certaine petite différence inévitable entre l’objet de la connaissance et la connaissance de l’objet ?

2299. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Il me semble que c’est bien là un caractère distinctif de l’art, cette faculté de transporter les objets loin de nous de façon que l’attouchement direct soit remplacé par un rapprochement idéal. […] Pour lui devenir plus précieux, l’objet de son amour devait avoir perdu de sa valeur, et il lui fallait, à lui aussi, se sentir amoindri. […] De quel objet aimé est-il privé ? […] L’atmosphère chaude vibrait visiblement et baignait les objets dans une transparence de vapeur bleuâtre. […] Sud et qui le fait agir comme il le fait, mais c’est plutôt l’embarras secret qu’éprouve l’homme du monde devant un objet étranger doué d’une vie mystérieuse, ou encore le dilettantisme surpris devant les choses de la nature.

2300. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Pendant les loisirs que lui laissent ses textes, il s’est égayé à la manière allemande, c’est-à-dire en variant un peu l’objet de son labeur et en changeant l’aspect de ses dossiers. […] Voici comment il parvint à se former une opinion raisonnée sur l’école dite « symboliste », qu’il choisit de préférence, la jugeant mûre pour une étude scientifique, comme tous les objets déjà fossiles. […] Bonvalot et le prince Henri d’Orléans ont exposé les objets qu’ils ont rapportés de l’Asie centrale, on est poursuivi par des impressions très nettes et des visions singulièrement précises. […] « Aimer l’oubli et le mépris des créatures comme un apanage de son état, n’être pas plus sensible aux objets extérieurs qu’un corps mort, aimer sa destruction intérieure et extérieure pour rendre hommage au souverain être de Dieu », voilà ce qu’écrivait, dans un examen de conscience rédigé par ordre de ses supérieurs, la sœur Louise-Angélique de Flacourt, morte le 1er décembre 1694.

2301. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Voilà que, tout à coup, par la magie, par le charme du quatuor ou du trio, les personnages et les objets les plus vulgaires se transforment et affectent des allures inconnues. […] Avec un esprit fin et pénétrant comme le sien, prompt à s’assimiler les personnes et les objets, vous comprenez quelle fortune d’observations il vient d’amasser et rapporte à la maison. […] « Chaque objet vient saillir au premier plan et tirer le regard. » (Sainte-Beuve.) […] Nous le voyons, au début, la tête entre ses mains, se tourmentant à définir le roman et son objet. […] Elles seront l’objet, dit M. de Sacy au courant de sa préface, de travaux particuliers et subséquents.

2302. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Lui qui se distingue habituellement par la franchise et la simplicité hardie de l’expression, il s’épuise en efforts pour déguiser sa pensée, pour envelopper d’un nuage l’objet qu’il n’ose nommer. […] Lors même, en effet, que ces pensées seraient clairement exprimées, lors même que la périphrase serait absente et laisserait voir nettement les objets que le poète a voulu désigner, les sentiments qu’il s’est proposé de traduire, l’émotion émotion par le lecteur demeurerait encore assez tiède ; car c’est à peine s’il est permis d’attribuer au poète une émotion sincère. […] Sa passion ne s’éteint pas dans le mépris ; mais dès qu’il voit dans sa maîtresse une fille perdue, il n’est plus pour lui-même qu’un objet de colère et de honte.

2303. (1932) Les idées politiques de la France

Mais la lecture du journal de Marc Sangnier ne fut pas interdite, et le Sillon ne fut pas l’objet d’une condamnation doctrinale. […] Simplement, elle considère les idées politiques, les courants politiques, comme des objets, qui sont donnés dans la vie politique et par la vie politique d’un pays. […] En réalité, il y a aussi une personne, le demi-géographe et le demi-romancier, qui mêle en un clair-obscur sa sensibilité et sa vérité, garde à son monde politique le caractère d’un complexe, mais sait que ce complexe lui-même prend figure de coupe personnelle quand on le compare au complexe de l’objet, à la réalité insondable et multiforme des idées et des faits.

2304. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

quels objets !

2305. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Philippe Casa Vecchia a vu le livre ; il pourra vous distraire en vous rapportant ce que l’ouvrage contient, ainsi que les raisonnements que nous en avons faits tous deux, quoique depuis ce temps-là je le lèche et le polisse sans cesse… « J’irais bien vous voir à Florence, mais je craindrais qu’au lieu d’y descendre de voiture chez moi, je ne descendisse chez le geôlier de la prison, et il n’y manque pas d’amis empressés qui, après avoir invité les autres à dîner avec moi, me laisseraient l’embarras de payer… « Je voudrais bien que ces seigneurs de Médicis commençassent à m’employer : c’est la nécessité domestique où je suis qui me force à cette démarche auprès de leurs amis ; car je me consume, et je ne puis pas rester longtemps dans la même pénurie sans que la pauvreté me rende l’objet de tous les mépris.

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