Sa vie aventureuse et romanesque a prêté à des Mémoires apocryphes fabriqués de son vivant, et qu’il put lire lui-même en haussant les épaules de pitié : Ce sont de pauvres gens, écrivait-il à son frère (26 septembre 1741), que ces prétendus historiens, qui sans doute payent leurs hôtes et s’habillent à mes dépens. […] Aujourd’hui, quand on veut savoir de lui ce qui est authentique, on doit se borner à lire le Mémoire sur le comte de Bonneval, rédigé par le prince de Ligne, et dont le savant bibliographe Barbier a donné une nouvelle édition en 1817. […] Entre lui et Prié, c’est une guerre à mort ; il se figure que l’Europe entière est attentive à ce démêlé et à l’éclat qu’il en a fait : Je dois songer à la grande affaire qui est de vaincre, écrivait-il à un ami de Bruxelles pendant sa détention au château d’Anvers (16 septembre 1724) ; le moyen que j’ai pris et mes mesures m’y conduisant tout droit, il n’importe pas si cela se fait exactement suivant le goût et la règle des cours, puisqu’un homme de courage hasarde volontiers une petite mortification de la part de son maître pour arriver à un plus grand bien, et qu’il doit suivre sans aucun égard les routes les plus courtes, pourvu que ce soient celles des gens de bien, quand on y devrait chiffonner sa perruque, déchirer ses habits, perdre son chapeau et le talon de ses souliers en sautant les fossés… Au reste, si vous lisez attentivement mes lettres à Sa Majesté, vous verrez qu’elles présagent les pas que j’ai faits avec toute la franchise d’un soldat qui ne craint rien, pas même son maître, quand il y va de son honneur, que je n’ai jamais engagé ni n’engagerai de ma vie à aucun des rois de la terre. […] Bonneval, se voyant au pied du mur et prêt à être livré à ses ennemis, avait chargé son domestique de lui amener un Turc instruit pour lui expliquer ce qu’il avait à faire et la sainte formule qui devait le protéger : Lamira (c’était le domestique), m’ayant lu cet écrit, me dit : « Monsieur le comte, ces Turcs ne sont pas si sots qu’on le dit à Vienne, à Rome et à Paris… » Je lui répondis que je sentais un mouvement de grâce turque intérieur, et que ce mouvement consistait dans la ferme espérance de donner sur les oreilles au prince Eugène, quand je commanderais quelques bataillons turcs.
Entendant le solitaire mélancolique accuser hautement la fatalité et le sort de tous les maux, qui affligent tour à tour les diverses nations, il l’en reprendra au nom de ces ruines et lui dira d’y lire les leçons qu’elles présentent : « Et vous, témoins de vingt siècles divers, temples saints ! […] Ce livre de Volney est de ceux qui se lisent moins qu’ils ne s’étudient : la partie intéressante pour le lecteur ordinaire se trouve rejetée dans les notes et les Éclaircissements. […] L’amiral y consentit, et, dans ces journaux qui arrivèrent, on lut des articles de Volney qui étaient dans le sens prochain de l’avenir. […] I, p. 302) une de ces impressions de lecture comme je les aime et qui ont pour moi du prix : Je viens de lire le nouvel ouvrage de Volney (Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique).
Avec ces éléments, en puisant au trésor poétique de toute une race, il a composé ses œuvres les plus pures, les plus impersonnelles, les plus lues en Allemagne, des lieds vagues et charmants que pénètre toute la songerie diffuse et la mélancolie des populations du Nord, de merveilleuses petites pièces, d’un dessin moins arrêté que les quelques joyaux de l’Anthologie, mais plus émues et d’un chant plus profond. […] Une partie des lieds de Heine, et de quelques autres poètes, ne sont pas que l’expression d’une humeur particulière, que de l’écriture morte, lue silencieusement et solitairement par une élite. […] Quel que soit le manque d’ordonnance de ses Reisebilder, c’est encore la seule œuvre prosaïque allemande qu’un Français puisse lire d’un bout à l’autre, sans avoir à user de sa volonté pour contraindre son attention. […] Si lu as de bons yeux, Et que tu regardes dans mes chants, Tu verras une belle jeune fille Y errer sans cesse.
Mais le plus souvent le critique s’adresse à celui qui a lu le livre et écouté la pièce, et c’est à ce spectateur, à ce lecteur qu’il doit donner de nouvelles raisons d’aimer ou de dédaigner l’ouvrage que tous les deux, connaissent de façon inégale. […] Georges Ohnet n’a pas baissé mais on s’est moins vanté de lire les Batailles de la Vie. […] La littérature seule n’a pas de prise sur des gens qui lisent, en hâte, dans la fièvre de leurs courses ou les intervalles du service, au restaurant. […] Ernest-Charles éprouve du plaisir en écrivant de semblables choses et malgré nous, nous en éprouvons à les lire !
Sans ce mérite un poëte ne vaut presque pas la peine d’être lu ; il est sans couleur. […] Toutefois sans la facilité de trouver ce chant, cette espèce de musique, on n’écrit ni en vers ni en prose : je doute même qu’on parle bien ; sans l’habitude de la sentir ou de la rendre, on ne sait pas lire ; et qui est-ce qui sait lire ? […] C’est qu’avant de se livrer à un genre de peinture, quel qu’il soit, il faudrait avoir lu, réfléchi, pensé ; c’est qu’il faudrait s’être exercé à la peinture historique qui conduit à tout.
À cet égard on n’a plus de doute quand on a lu le livre de Cassagnac. […] Pour mieux montrer que la Révolution ne fut point la fille de la philosophie du xviiie siècle, Cassagnac publie un exposé de l’organisation de la censure, un état de la librairie et un relevé d’arrêts du Parlement qui démontrent, avec la netteté d’une statistique, que les livres des philosophes n’avaient été lus au xviiie siècle que dans les hauteurs de la société, et qu’ils n’étaient jamais descendus assez dans les masses pour s’y propager et les incendier. […] Lisez, en effet, tous les livres composés, de 1830 à 1850, sur des sujets historiques, par les esprits les plus divers ; et voyez si, dans la plupart, le panthéisme ne réduit pas, plus ou moins, le jeu de la personnalité humaine au sein des luttes de ce monde, pour enrichir de tout ce qu’il prend à cette personnalité la vague notion de force des choses que le matérialisme connaissait bien un peu avant Hegel, mais que le panthéisme, qui a grandi et complété toutes les erreurs du matérialisme, a grandie aussi, comme les autres. […] Ainsi on a lu avec éblouissement l’Histoire des Girondins, ces poésies trompeuses d’un grand poète qui se trompe lui-même, et avec les horreurs du dégoût sinon avec les frénésies d’un désir partagé, cette Histoire de Michelet, qui, je le dis avec tristesse, est un grand crime, si elle n’est pas une honteuse folie.
On lisait par exemple un journal : voilà le rêve. […] Mais lisez attentivement le chapitre : vous verrez que l’auteur a connu, pendant une certaine partie de sa vie, un état psychologique où il lui était difficile de savoir s’il dormait ou s’il veillait. […] Vous ne liriez pas alors beaucoup de pages dans votre journée. […] Mais la phrase n’a pas de sens, et nous nous apercevons bien vite que le mot lu par nous n’était pas le mot imprimé : il y avait simplement entre eux certains traits communs, une vague ressemblance de configuration.
» Je lis dans un autre, que « le système de la langue grecque fut conçu par des philosophes et embelli par des poètes ». […] Les historiens surtout sont jugés avec une rigueur qu’on trouverait inexcusable de la part d’un homme qui les aurait lus avec attention. […] n’a-t-elle jamais lu dans Thucydide le récit des malheurs et des factions qui désolaient Corcyre ? […] On est étonné de lire dans l’Essai sur les Éloges que Bossuet manque d’idées toutes les fois qu’il n’est pas soutenu par son sujet. […] Fontanes, qui avait écrit la page qu’on vient de lire, n’eut pas beaucoup d’effort à faire pour entrer dans l’idée de cette omission.
D’abord l’orateur, le prédicateur enflammé, le missionnaire qu’est ou qu’a été le père Lacordaire, avait quelque effort à faire pour se mettre au ton du discours académique, de ce discours qui doit être lu et qui n’est, si je puis ainsi parler, qu’un demi-discours, orné et mesuré. […] Lu, le discours trahira de grandes irrégularités de style, et plus que des audaces, je veux dire des incohérences d’images, des disparates de ton et des défauts d’analogie qui s’apercevront assez : Cela sautait aux yeux, même à l’audition.
J’aurais voulu y joindre Eloa, mais elle n’existe plus, même chez moi. » Dans ce grand mouvement de propagande romantique de 1828-29, je travaillais à être utile à ces Poèmes de M. de Vigny et à les propager, non seulement en les célébrant dans mes vers, mais aussi en les faisant lire, en les commentant et les démontrant, pour ainsi dire, à d’autres critiques de bonne volonté qui furent des premiers à leur rendre justice. […] Victor Hugo, et à côte de lui dans la sphère littéraire, est peut-être la plus à même aujourd’hui de bien juger M. de Vigny, l’ayant vu de tout temps et connu très anciennement dès les plus belles années : « J’ai lu et relu votre Étude sur de Vigny.
J’ai lu quelque part une belle comparaison à ce sujet, qui a de plus le mérite d’une extrême justesse. […] Pour le lire convenablement, et se pénétrer de l’esprit qui y respire, il convient de dépouiller bien des idées familières aux libéraux et aux républicains rationalistes, comme nous le sommes.
En l’attendant à ses prochaines œuvres, qui auront à satisfaire une curiosité à bon droit exigeante, nous conclurons en redisant dans notre satisfaction toute vive : lisez Gerfaut, lisez surtout la Femme de quarante ans.
Ceux qui sont constitués pour en juger, étant ravis et transportés de telle affection, prononcent— » 1541 : « Or à toi appartient, Roi… » 1560 : « Or c’est votre office, sire… » 1541 : « Et ne te doit détourner le contemnement de notre abjection. » 1560 : « Et ne devez être détourné par le contemnement de notre petitesse. » 1541 : « Mais nous ne lisons point ceux avoir été repris qui aient trop puisé… » 1560 : « Mais nous ne lisons point qu’il y en ait eu de repris pour avoir trop puisé. » 1541 : « Cestuy étoit Père, qui… » 1560 : « C’étoit un des Pères, qui… » 1541 : « Voysent maintenant nos adversaires… » 1560 : « Que maintenant nos adversaires aillent…261 » Et pareillement Calvin remplace en 1560 loquacité par babil, abnégation par renoncement, diriger par adresser, subjuguer par dompter, expéter par désirer, promouvoir par avancer, médiocre par moyen, cogitation et présomption par pensée, locution par façon de parler, etc.
Il suffirait, pour ne point se méprendre sur la mienne, d’avoir lu ce que je n’ai cessé d’écrire depuis quelques années ; mais c’est une peine que je ne prétends infliger à personne. […] « Sainte-Beuve. » Il faut noter aussi cette pensée, cueillie dans les échos, à propos d’une inscription lue sur le mur de clôture du cimetière Montparnasse : « Liberté, Égalité, Fraternité » : — « Dans combien de siècles cette devise strictement vraie pour les morts sera-t-elle enfin une vérité pour les vivants ?
L’auteur n’eût pas mieux demandé ; mais depuis qu’on a plaisanté contre les susdits et susdites marquises, prêtres, nonnes et capucins avec des guillotines, des fusillades, des mitraillades, des bateaux à soupapes et autres railleries tout à fait délicates, il est devenu vraiment difficile de trouver contre ces monstres rien qui soit plus sanglant, plus piquant, plus mordant ou plus tranchant que les diverses drôleries dont on vient de lire une énumération abrégée. […] Il lui reste à remercier les huit où dix personnes qui ont eu la bonté de lire son ouvrage en entier, comme le constate le succès vraiment prodigieux qu’il a obtenu ; il témoigne également toute sa gratitude à celles de ses jolies lectrices qui, lui assure-t-on, ont bien voulu se faire d’après son livre un certain idéal de l’auteur de Han d’Islande ; il est infiniment flatté qu’elles veuillent bien lui accorder des cheveux rouges, une barbe crépue et des yeux hagards ; il est confus qu’elles daignent lui faire l’honneur de croire qu’il ne coupe jamais ses ongles ; mais il les supplie à genoux d’être bien convaincues qu’il ne pousse pas encore la férocité jusqu’à dévorer les petits enfants vivants ; du reste, tous ces faits seront fixés lorsque sa renommée sera montée jusqu’au niveau de celles des auteurs de Lolotte et Fanfan ou de Monsieur Botte, hommes transcendants, jumeaux de génie et de goût, Arcades ambo ; et qu’on placera en tête de ses œuvres son portrait, terribiles visu formæ , et sa biographie, domestica facta .
Outre ses deux belles leçons aux conférences de la Sorbonne, l’une sur le rôle de l’homme dans la création, l’autre sur la physionomie, il faut lire l’intéressante discussion qui a eu lieu en 1862 à la Société d’anthropologie entre lui et M. […] N’oublions pas toute une classe d’ouvrages qui doivent être encore lus et étudiés par ceux qu’attire le grand problème des rapports du cerveau et de la pensée.
Ceux qui voudront être instruits plus au long sur le temps et sur les autres circonstances de ces inondations, peuvent lire les deux premiers volumes de l’ouvrage de Monsieur Menson Alting, intitulé, descriptio agri batavi. Ils ne le liront pas sans profit et sans regreter que cet auteur soit mort il y a vingt ans, avant que de nous avoir donné le troisiéme.
Lisons, ça mettra mon imagination en train… Si je me faisais journaliste ? […] Sais-tu lire ?
La bonne imitation, a dit Laveaux, est une continuelle invention. » Ceci est net, je pense, et il faut qu’on nous ait lu bien légèrement pour ajouter : « Comme M. […] Nous répétons à satiété, dans le chapitre qu’on a si mal lu, que l’imitation consiste à « s’approprier pour le traduire autrement, ce qu’il y a de beau dans un auteur, les conceptions et les développements d’autrui, et à les mettre en oeuvre suivant ses qualités personnelles et sa tournure d’esprit », et que « l’imitation est une continuelle invention ».
Pour en faire un que l’on pût lire, il ne s’agissait que de partir, regarder et revenir. […] Elle les imprimera, et nous les lirons, ce qui fera une différence pour elle, et, pour nous, une diabolique perspective.
Protégé par cette demi-obscurité et peu éclairé par ce lampadaire, le nom, violemment pittoresque, ne se détachait que mieux, et tous les ignorants, qui rivalisent parfois avec les savants en pédantisme, ne manquaient jamais l’occasion, quand elle se présentait, de citer ce nom de Leopardi qui faisait bien dans la phrase et qui surtout faisait croire qu’ils l’avaient lu… Telle était, en France, la position de Leopardi. […] II Mais moi qui ne l’ai pas traduit, moi qui viens de le lire, je ne dirai pas tout chaud, mais tout froid, dans la traduction de M.
Il faut l’avoir peu ou mal lu pour le juger ainsi. […] Jamais il ne lisait un livre, ne se préoccupait d’une chose, étrangers à son travail du moment. […] Tous peuvent la lire et la comprendre. […] On lira avec fruit les articles sur Taine publiés, en 1893, par M. […] Ils comptent pour une recrue tout homme qui apprend à lire.
Oui, quand Zola, récemment, s’est plaint qu’on ne le lisait pas, le public a crié au paradoxe, on a cru que c’était une énorme boutade ! […] C’est auprès des étangs nostalgiques luisants de lune et tout crépus de mousse, qu’il a lu Lamartine. […] Tout vibrant, tout pénétré du lourd parfum des choses, lorsqu’il entreprit de lire les auteurs, et dès que le premier émerveillement verbal se fut éteint en lui, je crois qu’il ressentit d’atroces souffrances. […] Et il convient de lire ce dernier roman comme un chant splendide et lumineux de renaissance et de renouveau. […] Si Zola a été lu par la foule, — il a été lu mal.
* * * — Je lis un récit sur les prodigieuses découvertes d’une ville à Siam, dont les ruines couvrent dix lieues, et où il y a des fragments de statues dont l’orteil mesure douze longueurs de fusil. […] * * * — Je crois que nous finirons par mourir avec l’idée que personne n’a lu un livre ni vu un tableau. […] Sur ma couchette, après avoir lu du Joubert. […] Il lisait, et savez-vous ce qu’il lisait, L’Hôtel Carnavalet de Paul Féval, oui L’Hôtel Carnavalet ! […] * * * — Lu un peu du Mémorial de Sainte-Hélène.
Béranger les chanta, dit-on, à M. de Fontanes, son patron ; celui-ci les lut à son tour à l’empereur. […] Près des lis, qu’ils soutiendront, Ces lauriers reverdiront. […] Lisons ces strophes du Pindare gaulois : Viens, mon coursier, noble ami du Cosaque ! […] Je l’ai vue heureuse et parée ; Elle cousait, chantait, lisait. […] Nous sommes tous un poème ou une chanson : il ne faut que savoir y lire !
Connaît-on de très anciens textes où se lisent de pareilles récriminations ? […] Les femmes cessèrent de lire Gallus, et Gallus a péri presque tout. […] On peut lire et relire Pascal et goûter peu Rabelais. […] Il lut et il comprit. […] Celle qui a eu le courage d’entr’ouvrir Goncourt n’en a lu que des pages.
Mais, après ce récit, Molière ne voulut point lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges qu’il venait de recevoir. Il se contenta de lire le premier acte du Misanthrope, auquel il travaillait dès ce temps-là, disant qu’on ne devait pas s’attendre à des vers aussi parfaits que ceux de M. […] Hélas, pour mes péchés, je n’ai que trop su lire Depuis que tu fais imprimer. […] Molière, après les avoir lus, dit qu’il ne les entendait pas non plus, “Mais attendez, dit-il à Baron, M. […] Un jour, pour éprouver le tact et le goût de La Forêt, il lui lut plusieurs scènes de La Noce de village de Brécourt, en les lui donnant pour son ouvrage.
A ne les juger que sur le papier, les pièces lues (qu’on ne s’en étonne pas) ne rendent que bien peu les mêmes pièces chantées ; c’est une lettre morte et muette ; il faut l’air pour leur rendre le souffle et le sens. A lire, par exemple, la jolie chanson intitulée les Inconvénients de la Fortune (1812), se douterait-on de ce demi-ton de tristesse, de ce filet de mélancolie qui se mêle si bien au refrain chanté ? […] — Le soir, en rentrant du théâtre, à minuit, il se mettait à lire les pièces présentées, avant de les faire lire au comité. Il les lisait jusqu’au bout, et écrivait aux auteurs des lettres longues, motivées, paternelles, qui adoucissaient les refus.
C’est Plutarque « depuis qu’il est françois135. » Montaigne n’aurait pu le lire dans l’original. […] Depuis Calvin jusqu’à Malherbe, combien qui l’ont lu et qui s’en sont inspirés ! […] Sur la fin du siècle toutefois, on commence à le lire, et on le juge mieux. […] Pascal l’a dit, ne croyant pas faire l’éloge de l’homme : « Ce n’est pas dans Montaigne, mais dans moi, que je trouve ce que j’y vois153. » C’était avouer qu’il se reconnaissait dans Montaigne en même temps qu’il le lisait ; car, ce qu’il voit en lui-même, il ne nie pas que Montaigne ne l’ait vu le premier. […] Il y a des gens qui ont toujours lu Montaigne, et qui ne l’ont jamais fini.
Samedi 21 avril Le poète anglais Wilde me disait, ce soir, que le seul Anglais qui avait lu Balzac, à l’heure actuelle, était Swinburne. […] Je leur lis quelques notes de mes Mémoires : ils ont l’air sincèrement étonnés de la vie de ces pages parlant du passé mort. […] — Un enfant qu’on ne voit jamais lire, est destiné par avance à une carrière seulement de mouvement et d’action. […] Puis l’on s’en va, Daudet disant : « Demain je laisserai lire les journaux à mon compaing, et n’en lirai aucun : ça me rendrait agité, nerveux, et ça m’empêcherait de travailler à mon livre, pendant dix jours.
Elle se mit à lire énormément, mais avec une curiosité tumultueuse, sans direction et sans ordre. […] Elle avait beaucoup lu Walter Scott, dont les traces se retrouvent dans plusieurs de ses romans. […] Je demandais à un philosophe distingué de ce temps quel était, d’ordinaire, le premier article qu’il lisait dans la Revue des Deux Mondes. […] Si tu le lis, tu verras que partout la vie a été déchirée à fond, même dans les pays où la guerre n’a pas pénétré ! […] Il faut écrire pour tous ceux qui ont soif de lire et qui peuvent profiter d’une bonne lecture.
N’est-ce pas, c’est bien eux les Goncourt, ai-je lu dans un article de Sainte-Beuve, qui ont dit que l’antiquité a peut-être été faite, pour être le pain des professeurs ? […] Il me dit qu’il vient d’en lire une partie à sa femme, qui a été un peu troublée par la passion mise dans le bouquin. […] Et l’autopsie faite, le professeur lisait aux hommes de la famille assemblés, ses notes qui leur disaient : « Attention à tel organe ! […] Moi, je lui conte mon procédé de neutralisation de l’attaque littéraire : c’est de mettre les articles dans une enveloppe cachetée, et de les lire deux ou trois mois, après leur apparition. […] Il s’y refusa, m’imposant de lire avant, quatre gros volumes de ses conférences.
Maintes personnes qui, jadis, auraient lu, écrivent désormais. […] … Seulement, à lire le poème, Platon n’eût pas reconnu sa pensée. […] Ils l’ont lu, médité, compris. […] Tu liras ses vers plus tard. […] Je lus ainsi l’Iliade et l’Odyssée avec une ferveur attentive.
A lire Virgile et à lire La Fontaine, que de vérités n’aperçoit-on pas sur l’Esthétique ! […] Il faut lire, dans le livre de M. […] quand j’ai entendu ou lu quelques pages. […] Je lus en effet. […] Les fragments qu’on va lire sont empruntés à la longue suite de ces feuilletons.
Pour nous, à mesure que nous lisions les pages les plus heureuses de l’auteur genevois, il nous semblait retrouver, au sortir d’une vie étouffée, quelque chose de l’air vif et frais des montagnes ; une douce et saine saveur nous revenait au goût, en jouissant des fruits d’un talent naturel que n’ont atteint ni l’industrie ni la vanité. […] Que. si l’on ajoute à cette influence, d’autant plus heureusement littéraire qu’elle y visait moins, des lectures entrecoupées de Brantôme, de Bayle110, de Montaigne, de Rabelais, tomes épars dans l’atelier de son père et que l’enfant avait lus et sucés au hasard sans trop comprendre, mais parfaitement captivé par les couleurs du style ou par cette naïveté que Fénelon osait bien regretter, on reconnaîtra combien est véritablement et sincèrement française la filiation de M. […] Xavier de Maistre, qui aime et pratique lui-même la peinture, qui en poursuit jusqu’aux procédés et à la chimie, lut, à Naples où il était alors, les premiers livres de ce traité, et il envoya en présent à l’auteur une belle plaque d’encre de Chine avec toutes sortes de précieux témoignages. […] Lorsque plus tard l’aimable auteur du Lépreux acheva de connaître celui dont la théorie l’avait attiré, lorsqu’il put lire ces touchantes petites productions, sœurs des siennes, la Bibliothèque de mon Oncle, le premier chapitre du Presbytère, il dut voir avec bonheur combien entre certaines natures les premières affinités trompent peu, et qu’il y a des parentés devinées à distance entre les âmes. […] Trois jours après, à Genève, Charles, qui s’y est rendu en sortant de sa niche, dès qu’il l’a pu, reçoit du chantre une lettre qu’il faut lire en son idiome natif, et, jointe à la lettre, la montre de famille, gage des fiançailles.
Il avait lu le Dante, et il avait pu apprendre dans Salluste, que traduisait un de ses contemporains, les devoirs de l’historien. […] De même, la langue française se reconnaît à cette netteté de l’expression, à cette grâce du tour, à cette fermeté sans roideur, à cet éclat tempéré, qui frappent le critique le moins suspect d’archaïsme, et que sentiraient ceux même qui veulent lire sans juger. […] Le plus illustre fut Charles Chastelain, nom que j’apprends, peut-être, à quelques-uns de ceux qui lisent cette histoire. […] Ils ont peut-être formé Comines, qui certainement les avait plus lus que les historiens latins. […] Un progrès de plus de la langue, et on s’imaginerait lire Bossuet montrant le doigt de Dieu dans les chutes des empires et la disparition des peuples, et épouvantant la sagesse humaine de la fragilité de ses établissements.
Il ne dépend pas de Descartes qu’on croie plus ou moins, ou qu’on ne croie pas du tout à Dieu et à l’âme ; son pouvoir est petit, à cet égard, sur ceux qui le liront. […] Et de même qu’il a une langue pour tous les états de son âme, il en a une pour toutes les passions de ceux qui le lisent. […] il donna un écrit qu’il lut en présence de tous ces messieurs, qui n’y donnèrent aucun applaudissement. […] Pascal fit la première lettre, la leur lut ; M. […] « Oui, dit celui-ci. — J’en suis bien aise, dit le père, allez, vous n’êtes point obligé de jeûner. » Et il le mène à sa bibliothèque, où il lui fait lire le cas de dispense dans Escobar.
Eschine après avoir lu, dans son école de Rhodes, la harangue de Démosthènes, dit à l’Assemblée qui l’applaudissoit, Et que seroit-ce donc si vous l’aviez entendu lui-même ? […] On lira toujours ses Sermons avec plaisir, indépendamment du fruit qu’on peut en retirer pour la direction des mœurs. […] Mais on lira encore avec beaucoup plus de plaisir les Causes amusantes, petit recueil en 2. vol. […] Cependant malgré la sévérité de ce jugement & le dégoût du public pour ces sortes de discours, j’ose avouer que j’en ai lu un grand nombre avec plaisir. […] Ils méritent d’être lus pour la correction & l’élégance du style.
Quand un homme s’arrête sur le chemin de ses affaires et demande à lire, la librairie lui offre, faute de mieux, le dernier volume qui vient de paraître ; l’homme le prend, remporte et le lit. […] Quelquefois, ils se réunissent en grande cérémonie pour distribuer des prix de vertus — ce qui, soit dit entre parenthèse, serait beaucoup mieux dans les attributions du ministère de l’intérieur. — Ces jours-là ils arrivent en nombre, rayonnants de joie, car ils se font cette illusion qu’ils sont revenus à ce bon temps où ils pouvaient bavarder tout à leur aise dans une assemblée consultative ; un orateur désigné d’avance se lève, il déroule un cahier et se met à lire. […] Une bonne partie de cette société française qui pleure le passé en arrosant des lis et qui tient M. de Vigny en singulière aversion, parce qu’il est un libre penseur, et qu’il sort par son talent de la médiocrité désolante de son monde, fut ravie, sauta de joie, et proclama l’ex-ministre un grand homme. […] Abordez-la hardiment cette forme, déroulez ses volutes, regardez derrière ses images, et vous ne trouverez rien, rien : et si comme Polonius je vous demande : Que lisez-vous là, Monseigneur ? […] » Ouvrons-le donc sans crainte ; feuilletons-le, lisons-le à chaque page, commentons-le à chaque mot, déchiffrons-y la vérité, dût-elle nous éblouir pour toujours, et ne reculons jamais devant notre tâche.
Mais j’ai voulu lire l’historien qui nous offre la contrepartie et le véritable complément de Villehardouin, le Byzantin Nicétas, homme de bien et de considération, lequel a raconté dans des pages émues et lamentables, bien que fleuries et académiques (comme nous dirions), le désastre de sa patrie, les brutalités du vainqueur, les spoliations de l’étranger, et les violations de tout genre commises sur cette cité alors unique et incomparable. […] Nicétas, lu ainsi en regard de Villehardouin, provoque une foule de réflexions et de pensées. […] Il est curieux, pour l’étude de la langue, de lire à côté du texte la traduction ou paraphrase qu’en a donnée Du Cange.
Avant d’être à Versailles et pendant qu’il pratiquait la médecine à Aix, Lieutaud avait lu avec des yeux sévères un traité de Sénac, premier médecin du roi ; il envoya ses réflexions critiques à un libraire de Paris pour les publier, mais avec permission de les communiquer auparavant à l’auteur qu’elles intéressaient. […] À ces juges impétueux et qui sont sujets à secouer du geste la balance, il y aurait, s’ils daignaient écouter, à opposer maint passage excellent de ton, irréprochable de pensée et de goût : tel est, dans l’Éloge de M. de Lassone, ce morceau exquis sur Fontenelle et que peu de personnes ont lu, car l’Éloge de Lassone n’a pas même été recueilli dans les Œuvres de Vicq d’Azyr : Plusieurs médecins, dit-il, se sont vantés d’avoir compté Fontenelle parmi leurs malades, quoique ce philosophe si paisible et qui a vécu si longtemps n’ait dû que rarement avoir besoin des secours de notre art : M. de Lassone se félicitait seulement de l’avoir eu pour protecteur dans sa jeunesse, et pour ami dans un âge plus avancé. […] Il y est apprécié à sa hauteur comme savant : « Pour savoir tout ce que vaut M. de Buffon, il faut, messieurs, l’avoir lu tout entier. » On a dit de nos jours que Buffon n’avait été apprécié à ce titre de savant et non plus seulement d’écrivain que depuis une quinzaine d’années.
On a pu lire dans les Mémoires de la baronne d’Oberkirch quelle était l’attitude du cardinal en présence du charlatan habile qui le fascinait. […] Depuis Homère jusqu’à Milton, jusqu’au Tasse, jusqu’à Voltaire, je ne crois pas que le génie de l’épopée ait enfanté un poème qui ait paru dans un temps où l’on n’eût autre chose à faire que de le lire ; et beaucoup de difficultés doivent se réunir contre cette œuvre de l’esprit qui acquiert à son auteur la plus grande gloire dont l’homme soit susceptible. […] [NdA] Sur ces relations de Ramond avec Cagliostro, on peut lire les Mémoires de l’abbé Georgel (édition de 1820, t.
Il en tire, selon son habitude, l’occasion d’une petite moralité à l’usage des capitaines ses compagnons qui lui feront l’honneur de lire sa vie : l’important, c’est de chercher dès ses débuts à montrer ce qu’on vaut et ce qu’on peut faire ; ainsi les grands et chefs vous connaissent, les soldats vous désirent et veulent être avec vous, et par ce moyen on a toute chance d’être employé : « Car c’est le plus grand dépit qu’un homme de bon cœur puisse avoir, lorsque les autres prennent les charges d’exécuter les entreprises, et cependant il mange la poule du bonhomme auprès du feu. » M. de Lautrec, à la première occasion, donne à Montluc une compagnie ; celui-ci n’avait guère que vingt ans. […] » L’aveu, on le voit, et jusqu’à un certain point le repentir des cruautés de Montluc, se peuvent lire dans ces paroles. […] Lui qui n’a point lu les livres ni étudié, il a de belles et grandes paroles que lui envierait un Chateaubriand et tout écrivain d’éclat, et comme les trouvent parfois, sans tant de façons, ceux qui, avec une pensée vive et une âme forte, écrivent ou dictent en tenant l’épée.
Mais c’est lui pourtant qu’on aurait voulu entendre, et lire sur l’intérieur et la familiarité de Bossuet ; c’est à lui qu’il eût été séant plus qu’à aucun autre d’en parler. […] Bossuet, durant toute sa vie, avait lu et aimé les psaumes ; mais ce premier temps où, chanoine, âgé de treize ans à peine, il les chantait de sa voix pure et peut-être avec larmes aux offices du chœur à Metz, lui revenait plus tendrement dans ses derniers jours. […] — Qu’elle est certaine, et que je n’en ai jamais eu aucun doute », repartit Bossuet ; et la sincérité de cette parole éclate à nos yeux dans tout ce que nous lisons aujourd’hui à son sujet.
Augustin Thierry, qui se faisait beaucoup lire, un jour qu’il entendait ces Stances au chêne, arrêta son lecteur au vers que je viens de citer, et fit observer, en souriant de son fin sourire d’aveugle, qu’il n’y avait pas de raison pour qu’on ne dît pas à une citrouille : Pour ta rotondité, je t’aime entre nos sœurs. […] Je viens de lire de suite tous ces morceaux, et ce n’a pas été, je l’avoue, sans effort et sans fatigue. […] Ceux qui aiment ces sortes de considérations dites esthétiques, et qui croient que le lis est beau pour huitraisons et non pour neuf4, ceux-là pourront trouver que les cinq raisons alléguées par M. de Laprade contre les machines sont assez ingénieuses.
Il était du petit nombre de ceux qui ont lu la Mécanique céleste de Laplace. […] Je conçois pourtant l’espèce d’impatience qu’il ont donnée à quelques lecteurs, notamment à sir David Brewster, dont on a pu lire la protestation et la réfutation chaleureuse (Revue britannique, juillet 1861). […] Ceci me rappelle, quoique la transition puisse ne point sembler essentiellement logique et rigoureuse, que dans une lettre adressée par M. le comte de Chambord à l’un de ses amis de Trance, j’ai lu, non sans quelque surprise, l’éloge suivant de M.
Et ce n’est qu’ainsi qu’on peut bien goûter les poètes anciens ; il ne suffit pas de les comprendre, de les lire purement et simplement comme on consulterait un texte, et de passer outre ; il faut avoir vécu avec eux d’un commerce aisé, continuel et de tous les instants : Nocturna versale manu… Or les traductions en vers qui, pour les ignorants et les non doctes, étaient une dispense de remonter au-delà, devenaient un prétexte, au contraire, et une occasion perpétuelle pour les gens instruits, un peu paresseux (comme il s’en rencontre), de revenir à la source, et d’y revenir tout portés sur un bateau. […] Ayant fait sa première pièce qu’il vendit aux édiles pour être représentée, on exigea qu’il la lût auparavant au vieux poète Cécilius, alors en grand renom, et qui faisait ainsi l’office de censeur. […] Mais la phrase mieux lue et mieux ponctuée ne laisse pas subsister cette association de mots que sépare une virgule ; le comica, au lieu d’aller à vis, se rapporte au substantif qui suh, à virtus, qui n’a plus le même sens.
Celle-ci, la fille de Genève, n’a rien hérité de Versailles, ni des élégances convenues, ni des élégances innées ni de Fonction, de la dévotion à la française et selon le cœur de Marie ; elle n’a jamais beaucoup lu, j’imagine, ni le Petit Carême de Massillon, ni Fénelon dans ses Lettres spirituelles, ni l’Introduction à la vie dévote ; elle n’a pas fait de l’Imitation son livre de chevet. […] Mlle Eugénie de Guérin, cette fleur discrète de l’enclos du Cayla, a eu, je le sais, deux moments dans sa triste et longue jeunesse, le premier plus renfermé, plus doux, plus faible, plus enfant (si l’on put jamais lui appliquer un tel mot), avant d’avoir lu Lamennais, avant d’avoir lu Pascal, avant d’avoir souffert ; puis le second moment où elle est tout à fait mûre, avertie, fortifiée, frappée et brisée ; mais même dans ce second et plus ferme moment elle conserve quelque chose de parfaitement doux, de résigné et d’un peu effacé ; elle se dérobe à dessein : elle vient la dernière dans la procession des vierges.
On dit qu’il a eu un grand succès de lecture : moi qui sais avec quel feu il parle en improvisant, je regrettais d’abord qu’il ne se fût point livré à la parole vive ; mais on m’assure qu’il a lu de façon à produire plus d’effet encore. […] Duveyrier, qui est un auteur dramatique des plus distingués, qui connaît la mise en scène et l’art du dialogue, qui a excellé à faire parler des personnages naïfs et originaux, ait su donnera ce qu’il lisait l’accent, le ton, la physionomie, et que dans un seul monologue il ait diversifié les rôles. […] De telles pages bien lues devant des auditeurs intelligents, à l’heure où Lesseps le civilisateur réussit à rouvrir le canal de Suez, auraient l’effet d’une démonstration triomphante.
J’en ai vu un exemplaire aux mains de deux charmantes sœurs à qui on l’avait envoyé parce qu’elles avalent un chagrin ce jour-là, et il y était écrit pour épigraphe ces deux vers : Lire des vers touchants, les lire d’un cœur pur, C’est prier, c’est pleurer, et le mal est moins dur. […] On a pu lire ce que nous disions des deux premières (article sur Brizeux et Auguste Barbier tome II, page 224 des présents volumes).
Celles-ci, les femmes du xviiie siècle antérieures à Rousseau (et Mme de Staal-Delaunay en offre l’image la plus accomplie et la plus fidèle), sont purement des élèves de La Bruyère ; elles l’ont lu de bonne heure, elles l’ont promptement vérifié par l’expérience. A ce livre de La Bruyère, qui semble avoir donné son cachet à leur esprit, ajoutez encore, si vous voulez, qu’elles ont lu dans leur jeunesse la Pluralité des Mondes et la Recherche de la Vérité. […] L’inconvénient pour elle de sa première éducation et de cette culture exclusive, c’eût été plutôt, comme elle l’indique assez véridiquement, d’offrir une teinture scientifique un peu marquée, d’aimer à régenter, à documenter toujours quelqu’un auprès de soi, comme cela est naturel à une personne qui a lu l’Histoire de l’Académie des Sciences, et qui a étudié la géométrie.
Je suis étonné qu’on y ait surtout cherché des excitations au trouble et à l’intrigue séditieuse ; bien lus, ils seraient plutôt faits pour en dégoûter. […] Mme de Sévigné travaillait de tout son pouvoir à le distraire : Nous tâchons d’amuser notre bon cardinal (9 mars 1672) : Corneille lui a lu une pièce qui sera jouée dans quelque temps, et qui fait souvenir des anciennes ; Molière lui lira samedi Trissotin, qui est une fort plaisante chose ; Despréaux lui donnera son Lutrin et sa Poétique : voilà tout ce qu’on peut faire pour son service.
Un ouvrage de M. de Rémusat est fait de tout temps pour attirer l’attention et appeler l’intérêt de ceux qui lisent : aujourd’hui il devra trouver un accueil plus empressé encore et plus favorable auprès de tous ceux qui regrettent l’éloignement d’un si aimable et si ingénieux esprit, qui en veulent à la tourmente politique de l’avoir enveloppé dans son tourbillon, et qui trouveraient certainement des accents pour invoquer les dieux après l’orage, si ce maudit point d’honneur politique ne venait à la traverse, et si l’on ne craignait de déplaire à celui même qui serait l’objet d’un vœu si innocent. […] Il est arrivé, en effet, que, ce drame une fois terminé, l’auteur qui l’avait lu et relu dans le monde avec applaudissement, fut pressé de le publier ; il hésita, il consulta, et, comme il s’adressa à un homme grave (M. de Broglie), il lui fut conseillé de laisser là l’imagination sur la personne et l’âme d’Abélard, et d’en venir à l’étude même de sa philosophie. […] Didier, d’en avoir pu lire des feuilles avant le public (août 1852).
« Les Français, disait-il, manquent de goût ; il n’y a que le goût ancien qui puisse former parmi nous des auteurs et des connaisseurs ; et de bonnes traductions donneraient ce goût précieux à ceux qui ne seraient pas en état de lire les originaux. » Si nous manquons de goût, j’ignore où il s’est réfugié ; ce n’est pas au moins faute de modèles dans notre propre langue, qui ne cèdent en rien aux anciens. […] Sénèque, si excellent à citer et si fatigant à lire de suite, qui tourne sans cesse avec une rapidité brillante autour du même objet, différent en cela de Cicéron, qui avance toujours vers son but, mais avec lenteur ; Lucain, le Sénèque des poètes, si plein de beautés mâles et vraies, mais trop déclamateur, trop monotone, trop plein de maximes et trop dénué d’images ? […] C’est en littérature une ressource assurée, je ne dis pas pour être estimé, mais pour être lu.
Quant à nous, le sonneur de cloches de ce que nous admirons et aimons, nous n’aurions pas assez de carillons pour l’annoncer… Malheureusement, lorsqu’on a lu la traduction de M. […] Lisez une page… que disons-nous ? lisez seulement dix lignes de ces deux écrivains à qui on ne peut comparer personne, et vous avez, dans ces dix lignes, entiers et visibles, ces deux esprits, véritables et charmants phénomènes qui sont une gracieuseté du bon Dieu faite à l’intelligence humaine, et qui n’ont, littérairement, ni ancêtres ni postérité, apparemment pour que les hommes ne pussent pas compter sur un tel bonheur tous les jours !
Je sais qu’il y a beaucoup de différence entre l’orateur qui parle, et l’écrivain qui ne doit être que lu. […] songez que chaque ligne que vous écrivez ne s’effacera plus ; montrez-la donc d’avance à la postérité qui vous lira, et tremblez qu’après avoir lu, elle ne détourne son regard avec mépris.
Elle ne se contente pas de le lire, elle le fait jouer sur tous ses grands théâtres. […] Il est assez curieux de lire un article que Walter Scott écrivit sur Molière, à propos de la biographie que M. […] Je lisais, ces jours derniers, un volume que M. […] Vous le lisez au coin de votre feu ; ce n’est plus cela. […] J’ai lu dans un journal que M.
Écrire serait dangereux ; d’ailleurs le Breton ne sait pas lire. […] Mais ne craignez pas que je vous raconte ce que vous venez de lire ou que vous lirez demain. […] Il faut lire ce volume, qui invite à penser. […] Pour parler de tel auteur, il a dû lire ces œuvres de suite, coup sur coup. […] Nous avions déjà lu tout cela dans les manifestes précédents.
Vers 1490260, on a recommencé à lire les classiques ; coup sur coup on les traduit ; bientôt c’est une mode que de les lire dans l’original. […] Il s’installa dans un fauteuil, leur indiqua du doigt des pliants, et leur dit : « J’ai lu, Messieurs, vos petites drôleries. […] Trente ans durant il a lu, il s’est mis une encyclopédie dans la tête, et maintenant pour s’amuser et se décharger, il prend un in-folio de papier blanc. […] Quel plus grand plaisir que de lire ces fameuses expéditions de Christophe Colomb, Améric Vespuce, Marc-Paul le Vénitien, Vertomannus, Aloysius Cadamustus, etc. ? […] Dans les deux cas, c’est un âge littéraire qui finit. — Lisez comme spécimen le discours prononcé devant l’Université d’Oxford.
Une jeune fille qui, après avoir été virginalement aimée, se serait faite religieuse, pourrait presque lire et chanter, sous la grille, cette mystique romance inspirée par son chaste souvenir : Dans sa cellule A vous, ma Colombe voilée, A vous les roses de l’espoir, Et les brises de la vallée, Et les enchantements du soir ! […] Sainte-Beuve a porté un dernier jugement sur Turquety dans les Notes et Pensées qui ont remplacé la Table analytique à la fin du tome XI des Causeries du Lundi, page 517. — On peut lire aussi une note sur ce poète dans le tome XIII et dernier des Nouveaux Lundis, page 398 (article Malherbe).
La querelle des anciens et des modernes éclata par son poème du Siècle de Louis le Grand, qu’il lut à l’Académie le 26 janvier 1687, Les Régniers, les Maynards, les Gombauds, les Malherbes, Les Godeaux, les Racans, … Les galants Sarrazins et les tendres Voitures, Les Molières naïfs, les Rotrous, les Tristans, étaient mis au-dessus des poètes grecs et romains. […] Il suffit de lire dans Malebranche451 les mordants chapitres où il malmène les adorateurs de l’antiquité, pour comprendre ce que pouvait donner l’esprit cartésien quand on l’appliquait aux lettres et aux arts452.
Il peut m’arriver, en lisant les vers ou la prose d’un Grec ou d’un Latin, d’être ému d’autant de tendresse ou d’admiration que lorsque je lis mes plus aimés contemporains ; mais jamais, au grand jamais, d’éclater de rire. […] C’est comme une convention allégeante et salutaire que l’écrivain nous demande d’admettre un instant. « Il n’y a rien… absolument rien… La douleur même est un pur néant quand elle est passée… L’univers n’existe que pour nous permettre de le railler par des assemblages singuliers de mots et d’images… » Voilà ce que nous admettons implicitement lorsque nous lisons une page de Grosclaude ; et de là cette impression de déliement, de détachement heureux, que nous font souvent éprouver ses facéties les plus macabres.
Qui n’a lu les chœurs d’Esther et d’Athalie, les odes de Rousseau et de Malherbe ? […] Quiconque lira l’Évangile avec un peu d’attention y découvrira à tous moments des choses admirables, et qui échappent d’abord à cause de leur extrême simplicité.
contentez-vous d’en lire de belles. […] Je me souviens d’en avoir lu il y a quelques années de françaises, faites par un Italien de beaucoup d’esprit ; les idées en étaient nobles, la poésie facile, correcte, et pourtant mauvaise.
Quand nous avons lu ses deux énormes volumes, et qui ne sont que le commencement d’un récit qu’il continuera, jamais nous n’avons mieux compris la rareté des historiens véritables en présence de la plus resplendissante histoire à écrire, et jamais nous n’avons plus souffert du choquant contraste qui existe parfois entre l’historien et le héros. […] Il a manqué deux fois de goût avec le bombast de son titre, et il en a été puni par l’effet que produit rétroactivement ce titre, d’une prétention si accusée, quand on a lu un ouvrage qui, au contraire, devait conseiller toutes les modesties de l’auteur.
Lisez son livre, et voyez si déjà, dans ce jeune homme d’hier, il n’y a pas assez de pénétration, assez de profondeur prématurée, assez de mépris admirablement exprimé, pour arriver très vite à cet état de l’âme dont les hommes ont fait une fatalité, — la misanthropie. […] Il peut être comique : il l’est parfois ; mais gai, jamais, — car je demande en grâce à ceux qui me lisent de ne pas confondre le comique avec la gaîté.
Ces vers, il faut sans doute, pour en comprendre toutes les beautés, les lire dans la langue du poète ; mais on peut, dans une traduction, en comprendre au moins la puissance. […] Les vers de Louis Wihl, ces vers, fils de la Bible et ressemblant à la Bible comme des enfants amoureusement faits ressemblent à leur mère, peuvent se lire après la Bible et ne pas tomber dans le néant où le rapprochement de la Bible fait tomber toute imitation qu’on fait d’elle.
Ces gens-là ne lisent guères Ludolphe et Tauler, et pour que M. […] Les bibelotiers de cette époque de décadence, les soi-disant raffinés, ces artificiels niaisement épris de toutes les chinoiseries des civilisations matérielles, les pervertis de l’ennui à qui la simple beauté des choses ne suffit plus, le liraient seuls.
Ses soixante dernières pages surtout, sont écrites comme un valet qui, voulant faire fortune, écrirait l’histoire de son maître, à qui il viendrait tous les matins la lire à son lever. Si quelqu’un veut éprouver toute l’indignation que la flatterie inspire ; s’il veut apprendre comment on ne laisse échapper aucune occasion de louer un homme puissant ; comment on s’extasie sur ses bonnes qualités, quand il en a ; comment on dissimule les mauvaises ; comment on exagère ce qui est commun ; comment on donne des motifs honnêtes à ce qui est vicieux ; comment on rabaisse avec art, ou sans art, les ennemis ou les rivaux ; comment on interrompt son récit par des exclamations qu’on veut rendre passionnées ; comment on se hâte de louer en abrégé, en annonçant que dans un autre ouvrage on louera plus en détail ; comment, et toujours dans le même but, on mêle à de grands événements, de petites anecdotes ; comment on érige son avilissement en culte ; comment on espère qu’un homme si utile et si grand, voudra bien avoir longtemps pitié de l’univers ; comment, enfin, dans un court espace, on trouve l’art d’épuiser toutes les formules, et tous les tours de la bassesse, il n’y a qu’à lire ces soixante pages, et surtout les vingt dernières.
Il lisait Byron, soyez en sûr, bien moins dans le texte anglais que dans ses propres sentiments à lui et dans son âme. […] Un livre savant et approfondi n’eût pas été lu et ne fût pas devenu populaire. […] Qu’on lise entre autres ce sonnet de M. […] Vous pensiez lire un livre et vous lisez une âme. » Charles Nodier ne fut cependant poète qu’en prose. […] Je veux parler de Henri Heine qu’il faut avoir lu dans sa langue pour apprécier pleinement.
On croirait, par instants, à le lire que Renan a été une nature toute rationnelle à la Descartes. […] Lamartine l’a lue dans son adolescence. […] J’en ai lu bien des pages à mes élèves. […] Excellent pianiste, Moussorgsky a lu Beethoven, Haendel, Mozart, Schumann en amateur très distingué. […] Il a, depuis, tout lu, tout connu.
Vous avez tous lu bien des fois Le Dépit amoureux, et Les Fourberies de Scapin, avec Géronte, la galère et le sac. […] Purgon ; le voici, je veux vous le lire. […] Il faut lire toute cette tirade, vous la connaissez. […] Nous les lisons dans l’histoire, quand ce ne serait que chez le peuple romain. […] Lisez-le bien dès la jeunesse ; il vaut mieux que l’expérience elle-même.
Dès janvier 1859, les médecins lui défendaient de lire et d’écrire. […] Un peu avant de mourir, il pria que sa fille lui lût une page d’un Lundi de Sainte-Beuve. […] À lire le récit de ces tristes années la pitié vient. […] Malheureux, il les lut en homme. […] C’est pour cela qu’on souffre à lire Henri Heine, même quand il veut être doux et ne pas blasphémer.
Pendant six mois, il essaya de se préparer ; mais il lisait sans comprendre ; une fièvre nerveuse le minait. […] Il employait le reste de la journée, comme un méthodiste, à lire l’Écriture ou des sermons, à chanter des hymnes avec ses amis, et à s’entretenir de matières spirituelles. […] Il lisait les chartes provinciales, les plus mauvais vers latins du moyen âge, les registres de paroisse, même les contrats et les testaments. […] » Lisez encore ces vers sur le jardin où rêve la sensitive. […] Puis le grand lis dressé qui levait en l’air, — comme une Ménade, sa coupe éclairée par la lune, — jusqu’à ce que l’étoile ardente, qui est son œil, — regardât l’azur tendre du ciel à travers la rosée transparente.
Lundi 2 février Je lis, ce matin, dans Le Figaro, l’article de Gayda. […] Je m’en vais lire, au murmure de la fontaine de Médicis, dans le soleil d’un entredeux de giboulées, un cruel article sur Banville, de Lemaître, je m’en vais voir mon portrait de Bracquemond au Musée du Luxembourg, portrait, que je ne sais pourquoi, le conservateur n’a pas indiqué sous mon nom. […] Céard est venu, ce matin, me lire la petite notice, qu’il a écrite, pour l’en-tête des lettres de mon frère. […] Mardi 31 mars En traversant le Palais-Royal, je lis au-dessus du café de la Rotonde : Grand café. […] Sur cette prétention parfaitement justifiée, Belot dans un mouvement d’irritation, avait dicté à son secrétaire une lettre dans laquelle il l’accusait de vouloir exploiter sa maladie : lettre un peu blessante, mais que Daudet avait incomplètement lue, quand il l’avait invité à dîner.
……………………………………… Bien lire l’univers, c’est bien lire la vie. […] Pour l’homme de bien, au contraire, tout s’explique ou paraît explicable, tout reflète l’infinie vérité : L’éternel est écrit dans ce qui dure peu ; Toute l’immensité, sombre, bleue, étoilée, Traverse l’humble fleur, du penseur contemplée ; On voit les champs, mais c’est de Dieu qu’on s’éblouit ; Le lis que tu comprends en toi s’épanouit ; Les roses que tu lis s’ajoutent à ton âme. […] L’un sait-il travailler et l’autre sait-il lire ? […] Ils ne savent pas lire ; les abandonnerez-vous pour cela ? […] Lisez la pièce des Contemplations qui a pour titre un simple point d’interrogation, et qui n’est tout entière qu’une grande antithèse : ?
Bottom n’est pas si rustre qu’on pense : il est peut-être poète lauréat ; en tous cas, la fée met un art incomparable à le lire. […] Personne n’a donc lu Han Ryner avec plaisir et avec soin pour qu’on ignore encore la possibilité d’en tirer un miraculeux florilège philosophique ? […] La même mine, sans doute, que j’ai vu faire à certains juifs ou libre-penseurs, lorsque je leur lisais, il y a dix ans de cela, des pages de Saint-Matorel. […] L’art de lire ne s’est pas longtemps satisfait de la simple transcription des œuvres originales. […] Lire n’étant plus une occasion inespérée devint une occupation de choix.
Le passage est un peu long, mais il ne semblera point tel, nous l’espérons, à qui l’aura lu en entier. […] Avec des édits, comme avec des traités, comme avec toutes sortes de pièces officielles, il y a moyen de refaire toute l’histoire, mais il faut savoir les lire. En général, savoir lire les pièces, c’est là un des secrets de l’originalité historique de M. […] C’est tout simplement un des plus beaux morceaux de haute critique qui se puisse lire en telle matière. […] Je dis qu’il n’est pas sacrifié, et personne, dans ce que nous avons lu, ne l’est par M.
Peu éloignée du temps où des héros qui ne savaient pas lire gagnaient des batailles et subjuguaient des provinces, elle ne connaissait encore d’autre gloire que celle des armes ; et c’est ici une de ces circonstances peu fréquentes dans notre histoire, où la paresse et le préjugé l’ont emporté sur le désir de faire sa cour au monarque. […] De là tant de réputations usurpées, du moins pour un temps, qui ne feront jamais rien produire aux talents médiocres, et qui découragent les véritables, qui les humilient même en leur montrant les mains par lesquelles la gloire est distribuée ; de là cette foule de petites sociétés et de tribunaux où les grands génies sont déchirés par des gens qui ne sont pas dignes de les lire. […] Ces considérations semblent devoir être principalement utiles à ceux qu’on appelle beaux-esprits, et dont les ouvrages étant faits pour être lus, sont aussi plus mal jugés. […] Une mauvaise épigramme fait quelquefois toute la vengeance d’un poète ; celle de nos sages est plus constante et plus réfléchie ; quoiqu’elle n’ait quelquefois pour objet que de placer dans la liste de ses partisans une femme de plus, qui se croit un personnage pour avoir subi l’ennui de lire des ouvrages de physique sans les entendre. […] Dans les pays où la presse n’est pas libre, a licence d’insulter les gens de lettres par des satires n’est qu’une preuve du peu de considération réelle qu’on a pour eux, lu plaisir même qu’on prend à les voir insultés.
Dans ces premiers accès d’enthousiasme germanique, Nodier ne savait que fort peu l’allemand ; il lisait plus directement Shakspeare ; mais il avait pour ainsi dire le don des langues ; il les déchiffrait très-vite et d’instinct, et en général il sait tout comme par réminiscence. […] Il n’a pas non plus besoin d’Oberman pour naître, bien qu’il le lise de bonne heure et qu’il l’admire aussitôt ; mais si Oberman et René sont pour lui des frères aînés et plus mûris, ce ne sont pas ses parents directs, ses pères. […] Il a lu aussi les dernières Aventures du jeune d’Olban, publiées en 1777, et il s’en ressent d’une manière sensible. […] On peut se donner l’agrément, et j’y invite, de lire dans Trilby, dès la troisième ou quatrième page, une certaine phrase infinie qui commence par ces mots : « Quand Jeannie, de retour du lac… » Jamais ruban soyeux fut-il plus flexueusement dévidé, jamais soupir de lutin plus amoureusement filé, jamais fil blanc de bonne Vierge plus incroyablement affiné et allongé sous les doigts d’une reine Mab ? […] On peut lire dans les Méditations du Cloître, qui font suite au Peintre de Saltzbourg, le paragraphe qui commence ainsi : « Voilà une génération tout entière, etc., etc. » 167.
mais personne n’a lu les classiques ! Il n’y a pas huit hommes de lettres qui aient lu Voltaire, — lu, vous m’entendez. […] J’ai lu trois fois son Jeune Homme pauvre… qui a une place de 10 000 francs… Et savez-vous à quoi on reconnaît que son jeune homme est distingué : c’est qu’il sait monter à cheval… Oui, et puis, tu sais, il y a dans tous ses livres, des jeunes gens qui ont des albums et qui prennent des sites… — Savez-vous, vous autres, avec quoi un jeune homme était riche, il y a vingt ans, soupire un dîneur, lisez Paul de Kock, vous y trouverez : Charles était riche, il avait 6 000 livres de rente, mangeait tous les soirs un perdreau truffé, entretenait un rat de l’Opéra, — et c’était vrai ! […] J’ai lu quelque part que les personnes qui soignaient les malades étaient plus portées vers les plaisirs des sens que les autres.
Ceux qui, comme nous, lisent M. […] Quand nous lisions les livres qui commencèrent sa renommée, pouvions-nous prévoir qu’en quelques années il atteindrait un tel résultat ? […] … Nous n’avons jamais lu de plus noir pamphlet sous prétexte d’histoire, et un pamphlet dont, malgré soi, on suspecte plus les passions ! […] Michelet croit leurs beautés, peuvent produire sur la moralité de celles qui les lisent un effet de jettatura funeste. […] Cette rage retrouvée l’aveugle au point que lui, l’historien, l’homme des faits, dans une note de la page 129 qu’il nous est impossible de transcrire, non par pudeur, mais par honte (que le lecteur la lise sans nous !)
Il les passait à lire ou à ramasser sur le rivage des coquillages et principalement des insectes, car il aimait l’histoire naturelle comme tous ceux qui en ont fini avec les hommes, et il s’était formé une collection entomologique « qu’un Swammerdam aurait enviée ». […] Nous le répétons : il faut lire dans l’œuvre d’Edgar Poe — et ne lire que là — ces détails inouïs, pour en bien comprendre le sortilège et savoir à quel point l’imagination, cette folle sublime, peut fouler aux pieds la raison. […] Mais tout cela découd instantanément les raisonnements qu’on pourrait faire contre ces impressions absurdes plus fortes que les syllogismes et les droitures de la logique ; et, qu’on le veuille ou non, si on n’a pas l’âme faite avec le grès d’une cruche, on reste, après avoir lu de telles choses, vibrant dans la volute assoupie de son rêve, comme la toupie qui tourne, endormie, dans la main ouverte de l’enfant ! […] Lui aussi, comme tant d’esprits au xixe siècle, croit à l’omnipotence absolue de l’homme, à ce Roi du progrès qui vit trente-trois ans en moyenne entre le sein déchiré d’une femme et le cimetière, et qui ne sait pas lire couramment dans le fond d’une âme. […] C’est le rabâchage de ce génie épuisé, les dernières éructations nauséabondes de la terrible ivresse, noire et puissante, dont ceux qui ont lu Poe ont gardé sur eux longtemps le frisson.
Lisez ce chant, bref comme un cri, désordonné comme une ode, affirmatif comme un oracle. […] Lisez du grec ou du latin après un psaume ! […] Je lus avec des impressions centuplées pour moi par le site et par le voisinage du tombeau ; je continuai à lire jusqu’à ce que le crépuscule, assombri de verset en verset davantage, effaçât une à une sous mes yeux les lettres du Psalmiste ; mais, même quand mes regards ne pouvaient plus lire, je retrouvais encore ces lambeaux d’odes, ou d’hymnes, ou d’élégies, dans ma mémoire, tant j’avais eu de bonne heure l’habitude de les entendre, à la prière du soir, dans la bouche des jeunes filles auxquelles la mère de famille les faisait réciter avant le sommeil.
Les royalistes se sont abstenus de me lire, afin d’avoir le droit de répéter sur parole ces calomnies démenties par chacune de mes pitiés de cœur dans ce récit. Lisez de bonne foi aujourd’hui : « L’Assemblée suspendit sa séance à une heure du matin. […] Qu’on lise ce récit compulsé tête par tête, dans cette mêlée de cadavres et dans cette mare de sang, pour faire au peuple horreur de lui-même quand il prend ses fureurs pour loi ? […] Je savais bien, aussi bien, un peu mieux que tout le monde, parce que j’avais plus lu et mieux compris l’histoire des révolutions, qu’il y aurait, de toute nécessité, une journée de sédition dans Paris quelques semaines après que nous y aurions réinstallé la souveraineté de la nation dans la représentation nationale, symbole de droit, d’ordre et de souveraineté ; que les factions anarchiques latentes ou publiques, contenues par nous jusque-là d’une main souple et ferme à la fois, s’efforceraient de disputer la place à cette souveraineté régulière de la représentation de la France, rentrée à Paris pour tout ressaisir et tout dominer par sa présence. […] Lisez et jugez si j’ai flatté ce crime.
Le couronnement de Louis le Débonnaire, et la noble tristesse de Charles devant la puérilité biche de son héritier, le début du poème d’Aliscans, et la fière obstination de Guiboure qui, refusant de connaître son mari dans un fuyard, tient la porte d’Orange fermée et laisse Guillaume au pied des murs, exposé à tous les coups des Sarrasins, d’autres morceaux encore méritent d’être loués et lus. […] Aussi n’y a-t-il pas de poème qui se soit maintenu à travers le moyen âge dans une forme fixe, et le moment où l’écriture leur assura une prolongation indéfinie d’existence lut non le terme, mais le commencement des pires aventures pour la plupart. […] Cependant, de chantées avec accompagnement de vielle, ou violon, les chansons d’abord furent récitées, puis lues à haute voix ; et, comme il était naturel, plus on s’éloignait du chant, plus la versification devenait compliquée et curieuse. Puis l’instruction se répandit, on sut lire : on eut chez soi des manuscrits. […] Elle se mit à lire, et n’ayant plus besoin, des jongleurs, elle donna leur place auprès d’elle aux hérauts, détenteurs de la science du blason, rédacteurs de chroniques, ordonnateurs de jeux et de pompes.
Or, nous sommes encore plus sûrs que ce grand poète fut aussi un héros, depuis que nous avons lu ses lettres intimes à sa petite parente. […] Lisez, par exemple, dans Leur beau physique, le soliloque de ce mourant qui se fait apporter sur son lit toutes ses cravates, et les palpe, et les caresse, et s’enivre d’elles mélancoliquement avant d’entrer dans l’éternelle nuit. […] (Avez-vous lu cette étonnante étude : Ce que sera le vingtième siècle ?) […] Ils n’ont pas fini de le lire. […] Et, seuls vivants dans un pauvre paquet d’os et de muscles ankylosés, noués en boule dans une corbeille, les yeux d’une rachitique roulent, désorbités, effrayants du désir de vivre, de la volonté de guérir… » Mais il faut tout lire.
Quelle réponse, en effet, aux Michelet et aux Louis Blanc, à tous ceux, enfin, qui, dans leurs églogues historiques, ont partagé ou singé l’ivresse de ces premiers temps de la Révolution dans les âmes niaises… Se tairont-ils maintenant, les Mœlibée et les Tityre (ne pas lire les Thyrtée !) […] Il y a des gens qui, après avoir lu M. […] Lisez M. […] Taine, s’il vivait et s’il le lisait ? […] Il l’a étudié et décrit comme il eût étudié et décrit le système organique de quelque monstrueux cétacé, dans une histoire générale des poissons… Il l’a étudié et décrit, sur ses propres témoignages à lui-même, dans un livre construit avec des milliers de citations et où presque chaque phrase en est une, ce qui fait la plus puissante des nomenclatures, et il a montré, dans le principe de sa vie et dans toutes les manifestations de son action, ce genre de monstre qui a constitué le jacobin dans la bête humaine, à un certain moment de l’histoire de France et de l’humanité, Ce livre incompatible, plus haut que les partis, et qui n’a été écrit pour être agréable à personne, mais pour la vérité, est un peu lourd, on doit le reconnaître, et pour le lire il faut quelque chose de la volonté ferme qu’il a fallu pour l’écrire ; mais cette lourdeur tient à sa force même.
Le métaphysicien Malebranche, dans sa jeunesse et avant d’avoir trouvé sa vocation, avait voulu s’appliquer à l’histoire ecclésiastique ; il commença par lire Eusèbe et d’autres chroniqueurs : « Mais les faits, dit Fontenelle, ne se liaient point dans sa tête les uns aux autres ; ils ne faisaient que s’effacer mutuellement. » Au contraire, prenez un pur historien, Tillemont : tout enfant, dès l’âge de douze ans, il ne peut se détacher de Tite-Live ; dès qu’il l’a ouvert, il ne peut se résoudre à le fermer qu’il n’en ait lu tout un livre. […] — Dans l’âge suivant, au xve siècle, dit Gray à la suite du passage que j’ai précédemment cité, je vois que Froissart était lu avec grand plaisir par tous ceux qui savaient lire, et sur le même pied que le Roi Arthur, Sire Tristram et l’Archevêque Turpin ; non pas qu’on le prît pour un romancier auteur de fables, mais bien parce qu’on les prenait, eux tous, pour de vrais et authentiques historiens ; tant il était alors de peu de conséquence pour un homme, de se mettre en peine d’écrire la vérité !
Discours sur les prix de vertu Avant été nommé directeur, c’est-à-dire président de l’Académie française, pour le second trimestre de l’année 1865, je me suis vu chargé du Rapport public sur les prix de vertu ; de là le discours que je reproduis ici : Lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française du 3 août 1865. […] C’est assez pour cette fois, Messieurs ; les autres noms, avec leurs titres, se liront dans le livret qui sera distribué. — Vertu, beau nom, admirable chose, respectable sous toutes ses formes et dans toutes ses variétés ! […] Ayant été nommé rapporteur au Sénat pour la loi votée par le Corps législatif sur la Propriété littéraire, qu’on évita toutefois d’appeler de ce nom, je lus mon Rapport dans la séance du vendredi, 6 juillet 1866 ; le voici : Messieurs les Sénateurs, la loi sur les droits des héritiers et des ayants cause des auteurs, votée le 27 juin dernier par le Corps législatif, est assurément une loi qui vous arrive dans les conditions les meilleures selon lesquelles une loi puisse vous êtes soumise : mûrie, prudente, libérale, pesée à diverses reprises, discutée en tous sens, avec science, talent, éclat et conviction. […] Vous qui ouvrez un journal, ou si le journal vous paraît chose trop légère, vous qui lisez ces recueils qu’on appelle des Revues, représentez-vous bien ce que vous devez, les longs soirs d’hiver au logis ou les après-midis d’été à la campagne, à ces esprits charmants, faciles, élevés, inépuisables, qui, depuis trente ans et plus, vous ont donné, dans des récits variés, de continuelles jouissances et des surprises de lecture devenues pour vous une habitude, — et qui vous les donnent sans trace d’effort, comme l’arbre donne ses fruits, comme la source verse l’onde.