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2288. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Il expose ses petites théories à Thouvenin, un ami de Bardannes, moraliste par état et manufacturier par accident — ou plutôt non, par piété filiale : il ne voulait que « nourrir sa mère » et s’est enrichi par surcroît. […] L’impression que j’en reçois est si cruelle, que je ne me demande pas si c’est de l’art et que je suis hors d’état de le savoir ; ou, plutôt je suis bien sûr que ce n’en est plus. […] Ils consisteront tous dans le contraste de ce que fera votre « sujet » sous l’influence de la suggestion, et de ce qu’il pensera dans son état normal. […] Ces troubles et ces perversions de la sensibilité et de l’intelligence ; ces états de l’être humain, qu’il nous plaît d’appeler anormaux et qui sont peut-être simplement exceptionnels ; ces commencements de folie dont nous ne sommes pas sûrs qu’ils soient folie en effet, et que notre empirisme seul qualifie ainsi…, des écrivains ont su nous les décrire avec puissance : Edgar Poë, Hoffmann, — et j’ajoute Paul Hervieu, qui me paraît bien être de leur famille. […] Une blonde maigre, en toilette rose, lui succède ; elle crie, d’affilée, une soixantaine de terribles alexandrins tout hérissés d’antithèses, où l’on ne comprend rien, sinon qu’elle est dans un état mental aussi inquiétant que ses camarades.

2289. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Comme Geneviève est un épisode de la vie privée, je ne devine pas à quel propos M. de Lamartine s’est cru obligé de tracer, pour les futurs historiens, un programme dont plusieurs parties demeureront sans doute éternellement à l’état de projet. […] Telle idée qui, mise à sa place, éloquemment exprimée une première fois, nous frappe d’étonnement, nous charme, nous entraîne, ramenée sans raison, exprimée une seconde fois, dans une langue moins vive, moins colorée, semble s’étioler et passe à l’état de lieu commun. […] Je conçois l’autobiographie des hommes d’état, je comprends qu’ils éprouvent le besoin de raconter la part qu’ils ont prise aux affaires publiques, le rôle qu’ils ont joué dans les événements, mais je ne comprends pas l’autobiographie des poètes, car les seules pensées de leur vie qui nous intéressent sont celles qu’ils ont traduites en œuvres durables, et, pourvu que le métal soit pur, nous ne tenons pas à savoir de quelle mine il est tiré. […] Il a cru devoir apprécier l’état des monarchies défaillantes en général, et en particulier l’état de la monarchie espagnole dans les dernières années du xviie  siècle, d’après les principes d’une science née d’hier, et qui jusqu’à présent n’a pas enseigné grand-chose à ceux qui ont pris la peine de l’étudier, d’après la philosophie de l’histoire. […] Or, si l’histoire de toutes les monarchies nous révèle ces vérités si vraies, trop vraies peut-être, parce qu’elles amènent le sourire sur les lèvres, est-il facile, à l’aide de ces vérités, d’expliquer l’état de la monarchie espagnole dans les dernières années du xviie  siècle.

2290. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Il a besoin de s’enquérir de l’état de son âme. « Ces vicaires sont si négligents et si lents pour sonder délicatement une conscience !  […] Il cherche « si la colombe dans laquelle apparut le Saint-Esprit était un animal véritable ; si un corps glorifié peut occuper un seul et même lieu en même temps qu’un autre corps glorifié ; si dans l’état d’innocence tous les enfants auraient été mâles. » J’en passe sur les digestions du Christ, et d’autres bien plus intraduisibles222 !

2291. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Eh bien, tel était précisément l’état des choses chez Fritz Kobus, vers une heure de l’après-midi : le vin vieux avait produit son effet. […] Tout ce que je vois me réjouit : j’ai donné un coup d’œil sur les vergers, tout pousse à souhait : et j’ai vu tout à l’heure le bétail qui rentrait de l’abreuvoir, il m’a paru en bon état.

2292. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Voyant les choses en ce misérable état, si éloignées d’accommodement, je pris la résolution de passer en Géorgie, de quelque manière et à quelque risque que ce pût être. […] Il m’écrivit que, grâce à Dieu, l’on n’avait point touché à notre argent, et qu’il l’avait trouvé au même état où nous l’avions mis en terre.

2293. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Les chefs de ces naissants états sont bien encore pasteurs, mais pasteurs de peuples ; leur bâton pastoral a déjà forme de sceptre. […] Il était presque inouï que les malheurs généraux de l’état dérangeassent sa vie.

2294. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Aimer le grand c’était son état. […] la maladie n’est-elle pas un état de l’âme pour lequel Dieu devait créer sa poésie et son poète ?

2295. (1911) Nos directions

Contre ce « classicisme rétrospectif », Ghéon vante un classicisme « conforme à l’état présent » de la « sensibilité » nationale, enrichie par divers apports depuis le XVIIe siècle. […]   Or, pour qu’il soit bien dit que drame et roman d’une part et d’autre part poésie ont quelque chose d’essentiellement étranger, divergent, non seulement à l’état de santé, de puissance, mais aussi, mais surtout de maladie et d’amoindrissement, tandis que ceux-là perdant pied s’égareront dans l’empirisme, celle-ci au contraire, par respect de la tradition, s’attardera, s’enfoncera, et périra dans le formisme. […] en quel état ? […] Notre sensibilité, comme celle de nos ancêtres, cherche une règle à son usage ; et elle doit la trouver comme ils firent, originale et neuve comme celle qu’ils trouvèrent, et réaliste — c’est-à-dire conforme à l’état présent de cette sensibilité. […] — En fait, la notion de la strophe qui est l’acquisition la plus sûre du « vers librisme » et dans laquelle le vers se réduit à l’état d’unité rythmique indivise qu’il s’agit de mettre en valeur, ils la sacrifient volontiers, contrairement à leurs prémisses, à la notion traditionnelle et scolaire du vers numérique à césures 25 dont l’alexandrin est le type.

2296. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Le réalisme contemporain a passé, dans le roman, par trois états : le naturalisme, l’impressionnisme, et, plus récemment, le symbolisme. […] Ainsi, dans un autre de ses contes, dans son Tristan Noël, Tellier enveloppe d’une action impersonnelle les états d’esprit qu’il a lui-même traversés aux « heures d’ennui », aux « heures de pensée », aux « heures de tristesse », qui furent dès vingt ans toute sa vie morale. […] Brunetière171, par faire une espèce d’enquête générale sur l’état de l’opinion. […] Une quiétude menteuse de riches bois suspend alentour quelque extraordinaire état d’illusion, que ne réponds-tu ?

2297. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Nous ressemblons assez, à l’heure qu’il est, à un prodigue en état de ruine passagère, prodigue non plus jeune, mais vieilli et qui compte et recompte tristement ce qui lui reste de sa fortune gaspillée. […] Il y a, en effet, chez la femme, un besoin naturel de dévouement qui empêche la misanthropie de se développer à l’état aigu, si je puis dire ; mais la misanthropie n’en existe pas moins dans certains cœurs féminins, qui sont des cœurs d’élite, seulement elle se dissimule sous une tristesse souriante qui peut donner le change. […] Un curé de Paris, exaspéré par Tartuffe, qui n’avait cependant pas encore été représenté et n’était qu’à l’état de menace latente pour les hypocrites, un prêtre déclarait alors, dans une brochure, qu’il fallait brûler Molière. […] On n’a point, il est vrai, pour Shakespeare, les documents et les données que l’on possède pour Molière ; mais il est évident qu’en tenant compte de l’état d’enfance, de balbutiement, où se trouvaient la mise en scène — et le jeu des acteurs aussi, sans doute, — du temps de Shakespeare, l’auteur d’Othello devait être un comédien de talent.

2298. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Sans manquer de respect à ceux d’il y a deux cents ans, croyez-vous que monseigneur Dupanloup, par exemple, à qui il serait si facile de faire ses preuves de bel esprit, n’est pas mieux dans son état, dans la vraie pensée de l’Église, dans les saints et sérieux devoirs de l’épiscopat, que cet évêque de Grasse, coquetant avec toutes les Philamintes, désertant son diocèse pour l’hôtel de Rambouillet, et se croyant quitte envers sa sinécure épiscopale moyennant quelques banalités mystiques mêlées à des préciosités galantes ? […] Il est pour les peuples, comme pour les individus, un état d’enfance où la raison des hommes, loin d’être capable de les conduire, peut à peine suffire à les soumettre. […] que, même dans ces temps éclairés, dans cet âge viril dont parle l’éloquent historien d’Abailard, la cause de la liberté et celle de la règle ont assez de peine à se confondre, que leur alliance est marquée par assez d’orages et de rechutes, que l’état de maturité des nations paraît souvent assez près de retomber à l’état d’enfance pour justifier surabondamment les méfiances de l’esprit d’autorité contre l’esprit de contrôle. […] Il prend l’âme à ce moment rapide où elle s’absorbe en ce Dieu dont elle émane, et il fixe ce moment pour en faire l’état normal permanent, officiel, dogmatique, de cette âme.

2299. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ces deux pestes, envieuses de sa beauté et de son bonheur, conseillent à Psyché de demander à son amant quel est son nom et son état, « car, lui disent-elles, c’est sans doute un méchant magicien, ou bien peut-être est-il déjà marié ». […] Débauché, trompeur et impie, d’ailleurs assez incolore, beaucoup plus pâle que le don Juan de Tirso qui, lui du moins, est furieusement espagnol, — c’est dans cet état qu’ils le passent à Molière. […] Généralement, les jeunes filles qui sortent du couvent veulent se marier pour être mariées et pour jouir des avantages attachés à cet état ; et elles cherchent un mari riche, naturellement. […] L’inconnu rencontré par Francine est justement le clerc de notaire que Lucien a fait venir pour établir l’état respectif de leurs deux fortunes (car ils vont se séparer). […] Dumas n’en triomphe que plus clairement : à savoir que l’homme est tenu, dans l’état de mariage, à la même fidélité que la femme ; car on verra, en remontant la série des causes que, si Francillon se perd, c’est par la faute de son mari… Mais j’ai bien tort de m’embarrasser dans ces explications.

2300. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il s’est pénétré de leurs beautés, il s’est assimilé leurs idées ; il est parvenu à cet état de scepticisme et d’épuisement qu’engendre généralement l’excès de culture intellectuelle. […] La nuit monte avec les pénombres et leurs peurs vagues, chante avec les ténèbres des états de nature et d’âme dans les paysages. […] Ses personnages passent à l’état de silhouettes. […] Nous croyons le voir, nous le voyons avec son petit front arrondi et dur, ses gestes imperturbables, son grand nez en bec d’oiseau, fantoche inconscient et non dénué de majesté : Il était de ceux qui sont incapables de concevoir et de se figurer une âme différente de ce qui leur sert d’âme, ni une autre vie que la leur, ni la possibilité même d’un autre état social que celui dont ils ont profité et qui s’est trouvé, par le hasard de leur naissance, exactement adapté à leur intérêt personnel.

2301. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Les jeunes commerçants se mettent rapidement en état de parler cinq ou six langues. » Les ouvriers, en quelques mois, deviennent capables d’exercer un métier même difficile. […] Moins artificiel, moins spécial, moins éloigné de l’état primitif, le Grec agissait dans un cercle politique mieux proportionné aux facultés humaines, parmi des mœurs plus favorables à l’entretien des facultés animales : plus voisin de la vie naturelle, moins assujetti par la civilisation surajoutée, il était plus homme. […] Entourés de ces grandes images, exaltés par leur propre action, ils arrivaient à cet état extrême qu’ils appelaient l’enthousiasme, indiquant par ce mot que le dieu était en eux ; il y était en effet, car il entre dans l’homme, lorsque l’homme sent sa force et sa noblesse grandir au-delà de toutes limites, par l’énergie concordante et la joie sympathique de tout le groupe avec lequel il agit.

2302. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

En parlant de Goethe, il faut nous défaire de quelques-unes de nos idées françaises par trop simples, et consentir à nous mettre avec lui dans cet état, pour ainsi dire, d’enthousiasme prémédité, qui ressemble un peu dans l’ordre de la poésie à ce que Descartes a fait dans la sphère philosophique.

2303. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« J’ai continue de voir l’abbé Lacordaire pendant toutes ces années qui précédèrent son adoption d’un état religieux régulier.

2304. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

L’état de surdité absolue du poète lui interdisait d’aller rendre en personne ses devoirs à Madame Marguerite, au moment du départ de la princesse, et la lettre est pour s’en excuser ; cette prose émue se rejoint naturellement à ses vers, et le tout constitue pour nous la partie vivante et sympathique de l’œuvre de Du Bellay : « Monsieur et frère, ne m’ayant comme vous savez permis mon indisposition de pouvoir faire la révérence à Madame de Savoie depuis la mort du feu roi, que Dieu absolve !

2305. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

conclut-elle, il n’y a que cela pour ordonner les affaire et pour rendre les peuples heureux. » A travers cette faiblesse et ce manque de science politique positive, percent à tout moment des vues fort justes et fort prévoyantes qui montrent qu’elle ne se faisait pourtant pas illusion sur l’état réel de la société.

2306. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

XXI « Il se trouva que l’amour qui se présenta était précisément celui qui convenait le mieux à l’état de son âme.

2307. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Au lieu de l’appeler le Livre du peuple et de le lancer à cette partie déshéritée, souffrante et irritée de la société, adressez-le, sous un autre titre, à la partie aisée, privilégiée, heureuse et jouissante de l’humanité, et montrez-lui les moyens pratiques d’améliorer sans le renverser l’état social.

2308. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Nous admettrons que, certaines formes littéraires étant liées à certains états d’âme et à certains moments de la civilisation, il y ait des genres qui naissent, comme il y en a qui périssent ; par exemple, le drame bourgeois est légitimé par la même transformation sociale qui semble avoir mis la tragédie hors d’usage.

2309. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Or, c’est proprement la part de la Renaissance dans l’ouvrage de Rabelais ; ce sont toutes ces vérités générales sur l’homme, sur la société, et, comme dit Rabelais, sur l’état politique et sur la vie économique ; ce sont mille traits de lumière sur notre nature, qui jaillissent du milieu de cette ivresse, comme ce bon sens de hasard qui échappe aux gens pris de vin ; ce sont mille perles semées dans ce fumier, et dont trois siècles n’ont pas encore terni l’éclat.

2310. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Regnier avait fait pour Henri IV une élégie où il représentait la France montant au trône de Jupiter, et s’y plaignait de l’état où l’avait réduite la Ligue.

2311. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Il m’avait troublé jusqu’à l’âme ; il introduisait en moi des sentiments complexes, en foule, que je ne saurais plus analyser, mais qui me faisaient vivre dans un état de maladif énervement dont je me rappelle très bien la fiévreuse ivresse.

2312. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

L’amour de l’indépendance qu’il prêche dans ses Ecrits, amour qui flatte naturellement tous les Hommes ; l’apologie qu’il fait souvent des foiblesses humaines ; la tolérance & l’humanité, qu’il ne cesse de recommander, & dont tout le monde a besoin, n’ont pas peu contribué à décider en sa faveur les Hommes de tous les états, de tous les âges, assez foibles pour croire sur parole, & trop peu réfléchis pour rien approfondir.

2313. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On commencera par supposer que ces deux compagnons d’école, Carlin et Ganganelli, s’étant liés de la plus étroite amitié dans leur jeunesse, se sont promis de s’écrire au moins une fois tous les deux ans, et de se rendre compte de leur état.

2314. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

19 octobre Étudié chez Niel, l’œuvre de Méryon, dans tous ses états, ses essais, et même une partie de ses dessins.

2315. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

» * * * — Un volume qui est sous presse, et qui n’a point encore paru, laisse son auteur, dans un état vague, dans une résolution singulière de l’activité et du travail.

2316. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Il m’est agréable de rencontrer l’idéalisme verbal à l’état de tradition populaire et j’admets d’autant plus volontiers l’explication qu’elle n’explique rien, — en ce sens qu’il reste à nous faire comprendre comment le même euphémisme se retrouve dans les temps et les pays les plus éloignés ; il reste aussi à découvrir les vrais noms de la belette, si nous n’en sommes plus, comme les Grecs, à la confondre avec le chat.

2317. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Une fois faite, en ce pessimisme, la part d’une certaine affectation aristocratique, il semble bien que le « mal du siècle » ait marché ; nous arrivons avec Vigny à l’état aigu.

2318. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Ils sont évidemment très curieux, et il faut certainement en faire état.

2319. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

. ; — toutes ces questions d’enfant passent aujourd’hui à l’état d’homme, et sous cette plume, qui grandit ce qu’elle touche, s’élèvent des grêles proportions de la rhétorique à la hauteur d’une critique ample et perçante tout à la fois.

2320. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin, et, malgré les adorations d’expression qui ne prouvent que l’état inflammatoire de la tête d’un homme, on ne les trouve pas.

2321. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

— des théâtres du Moyen Âge, qui exaltaient l’amour des choses saintes et resserraient l’union du peuple dans la communauté d’une même foi, et il n’a oublié qu’une seule chose : c’est que le théâtre, au Moyen Âge, avec ses Mystères et ses Légendes, n’était que la conséquence d’un état de sentiments et de mœurs qu’aujourd’hui il faudrait créer pour sauver la France et pour laquelle ni lui, Michelet, ni personne parmi ceux qui se targuent de la régénérer, n’apporte un moyen de salut nouveau, absolu, infaillible, et dont la Libre Pensée puisse dire : « Ceci est à moi, car je l’ai trouvé ! 

2322. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

La « matière » contient de l’« âme », à l’état rudimentaire et chaotique.

2323. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

En cet état un besoin naît, qui est que notre façon d’être ne nous soit pas imposée par autrui.

2324. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

— Laissons de côté, pour le moment, les attardés et les précurseurs ; chez les autres, qui sont la majorité, il y a les combinaisons les plus diverses du tempérament individuel — tel qu’il est déterminé par l’âge — avec l’esprit général de l’époque, tel qu’il est déterminé par l’évolution du principe directeur ; chaque cas est un cas particulier et l’on a pu dire, avec quelque raison, que chaque génération a sa crise, précisément parce qu’elle doit s’accommoder d’un état général, acquis par les devanciers, qui ne répond pas exactement à la psychologie des plus jeunes.

2325. (1925) Comment on devient écrivain

Alfred Mortier, ont un pouvoir si enivrant que j’ai vu de grands écrivains ne faire état que de cela, et raisonner sur ce point comme le dernier des librettistes de music-hall. […] En vous voyant, il sera touché de pitié », comme si ce n’était pas son maître qui l’avait mise dans cet état… Après les imprécations romanesques de Paul apprenant le prochain départ de Virginie, avec quel art l’auteur reprend le ton des détails domestiques : « Je n’y puis tenir, dit Mme de La Tour. […] Celui qui connaîtrait parfaitement l’état actuel de la littérature et des esprits n’en serait pas moins incapable de prévoir ce que sera la littérature dans cinquante ans, et même cette impossibilité où nous sommes de deviner l’avenir est, quand on y songe, pleine d’angoisse. […] Qu’il nous suffise, pour le moment, de dégager quelques aspects de cette fructueuse démonstration, qui est pour nous d’un heureux augure et qui nous apporte, en quelque sorte, les prémices d’un esprit à l’état naturel et éminemment primesautier. […] Nous comprenons que les « faux dévots » et peut-être aussi quelques dévots sincères se soient scandalisés, et que les ennemis de Molière aient exploité et traduit cette indignation96. » C’est ce moule-cliché, ce sont ces procédés artificiels du sermon, avec ses divisions et subdivisions arbitraires, qui continuent à maintenir l’éloquence de la chaire dans un état d’incroyable décadence.

2326. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Les princes, les seigneurs et les prélats, en dehors des occupations que leur offrait leur état, connaissaient les arts d’agrément. […] Les représentants les plus caractéristiques de cet état de poésie sont Johannes R.

2327. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Alors, sans écouter ses compagnons qui le suppliaient de ne pas irriter davantage un farouche ennemi, Ulysse raille de nouveau le Cyclope, et lui crie : — Cyclope, si quelqu’un parmi les humains t’interroge sur l’état hideux de ton œil, apprends-lui que c’est Ulysse, destructeur des villes, fils de Laërte, ayant sa demeure dans Ithaque, qui t’a aveuglé. […] — À toi point de salut, lui répondit-il, qui souffres la vie, étant dans un tel état. […] Revenue de cet état, elle mande Francueil qui vient et se défend mal. […] Malgré l’état de sa santé, il quitte sa chambre et court mettre en mouvement avoués et huissiers.

2328. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

. — Ainsi, chaque instant de la vie est un avertissement des vanités de l’état où Talma était roi, où mademoiselle Mars était reine. […] Le beau mérite de nous montrer ce glouton, toujours repu, toujours affamé, vivant de tous les sales commerces, en premier ordre dans l’antichambre, en sous-ordre chez l’affranchie, passant, tour à tour, du métier d’ami du prince à l’état de farfadet ? […] Vouloir aller plus loin que les maîtres, gens hardis de toute la hardiesse que donnait le génie, la nouveauté, l’état nouveau d’une langue très osée parce qu’elle est à moitié faite, c’est vouloir se perdre plat et court. […] C’est un nommé Moncade, un beau, d’un certain âge, qui n’a ni feu ni lieu, ni parents ; ni amis, ni état dans le monde. […] Que Lucinde ait jamais été la parente de Célimène, cette ravissante coquette, la seule femme sans état dans le monde que Molière se soit permise, on ne saurait le soutenir.

2329. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

» Ce mot est le seul de la lettre qui fasse allusion à l’état des événements publics.

2330. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Cet état convient mieux au pécheur qui va se régénérer ; il va plus mal au poëte qui doit toujours marcher simple et le front levé ; à qui il faut l’enthousiasme ou les amertumes profondes de la passion.

2331. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

L’œil plus perçant et plus exercé d’une jeune couturière nommée Nicette, qui travaillait habituellement au château, finit par tout entrevoir ; elle parla à la Jumelle des attentions du petit Didier ; elle parla au petit Didier des préférences de la Jumelle ; elle finit ainsi par en savoir assez sur l’état de ces deux cœurs pour que le toucheur de bœufs crût pouvoir s’enhardir jusqu’à la pensée de faire parler de mariage au père de la jeune fille.

2332. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

IV Vous êtes arrivés dans cet état à une époque qu’on peut appeler l’époque française de l’humanité.

2333. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Mais ce télégraphe électrique de l’oreille qui fixera un jour ces fugitivités de l’inspiration des Liszt ou des Paganini, n’était pas encore inventé ; ces notes ne se fixaient qu’à l’état d’impression dans nos âmes, quand l’artiste improvisait pendant des heures sur le piano du salon, aux clartés de la lune, les fenêtres ouvertes, les rideaux flottants, les bougies éteintes, et que les bouffées des haleines nocturnes des prés emportaient ces mélodies aériennes aux échos étonnés des bois et des eaux.

2334. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Dans un tel état de l’âme en équilibre sur son bonheur, on aimerait assez la gloire, autant qu’elle pourrait s’associer au repos et à l’amour : ce serait une décoration domestique qui ornerait le fronton du foyer, comme ces plantes grimpantes et aromatiques qui festonnent l’humble toit de chaume ou d’ardoise, qui font pénétrer leurs bouffées enivrantes par les fenêtres de la chambre à coucher et qui font envier au passant cette paix.

2335. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

IV Ces dogmes, à peine contredits par quelques intéressés des classes théocratiques et des classes aristocratiques en bien petit nombre, sont acclamés comme une révélation aux états généraux, en présence d’un roi qui les applaudit lui-même généreusement après les avoir provoqués.

2336. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Si d’ordinaire les navigateurs ne commencent à apercevoir clairement les nuages magellaniques que sous des latitudes très rapprochées du Midi, sous l’équateur ou même plus loin vers le Sud, cela s’explique par l’état de l’atmosphère et par les vapeurs qui réfléchissent une lumière blanche à l’horizon.

2337. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Un vieil arpenteur du pays, accoutumé par état de déchiffrer les registres et les documents féodaux, l’assista dans ces recherches et lui remit dans les mains les mémoires et les poésies de Clotilde.

2338. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Interrogé sur son état, il répondit par un vers de Malherbe : Je suis vaincu du temps, je cède à ses outrages.

2339. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

… Tandis qu’en marchant il crée pour ainsi dire de nouveaux peuples, on doit être bien frappé d’un bout de l’Europe à l’autre de l’état remarquable de la France.

2340. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Tel était, depuis la mort de Marot, l’état de la poésie française.

2341. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

C’est une peinture d’une vérité amère et hardie que celle de ce vieux fripon dans sa maison, jovial et bourru, gouailleur et cynique, humiliant et rudoyant sa femme, qu’il a réduite à l’état de servante.

2342. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

cette année, je me suis trouvé dans une de ces heures de la vie, vieillissantes, maladives, lâches devant le travail poignant et angoisseux de mes autres livres, en un état de l’âme où la vérité trop vraie m’était antipathique à moi aussi !

2343. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Si elles sont d’énergiques résumés, elles substituent en même temps, à la description d’états d’âme, durs à rendre en vers, des visions imaginables et familières.

2344. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Au contraire, un enthousiasme réglé est comme ces douces vapeurs, qui ne portent qu’assez d’esprits au cerveau pour rendre l’imagination féconde, et qui laissent toujours le jugement en état de faire, de ses saillies, un choix judicieux et agréable.

2345. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Le clergé dans ses chaires, la noblesse dans ses états provinciaux, le parlement dans ses sessions, la bourgeoisie dans ses bureaux, la littérature dans ses académies, lui avaient préparé les élus de l’esprit du siècle.

2346. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Nous ne savons donc rien de l’absolu, pas même, — pour le moment, — s’il existe ; et la science est hors d’état de nous garantir, sinon peut-être la « réalité » de son objet, mais, en tout cas, la « conformité » d’aucune vérité avec son objet.

2347. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Ainsi, quand ils viennent rendre compte de ce qui s’est passé sous leurs yeux, ils sont dans cet état de trouble qui naît du mélange des passions.

2348. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

» Amour fit une gambade, Et le petit scélérat Me dit : « Pauvre camarade, Mon arc est en bon état, Mais ton cœur est bien malade. » Quelle incroyable virtuosité chez cet homme qui fait un conte si rapide, si concis, si aisé, sans qu’on puisse y sentir absolument le moindre effort, sans qu’on y sente la moindre méditation ni le moindre apprêt !

2349. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Il joue du chiffre avec une facilité prodigieuse dans son livre, sur les Révolutions italiennes, ce livre brillant où les chiffres eux-mêmes brillent comme de l’esprit, et dans lequel il suppute sept mille et quelques cents révolutions, qu’il appelle bravement l’état normal de l’Italie !

2350. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Zola, c’est peut-être là de la saleté élevée à un état sublime.

2351. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Nous avons eu la pudeur outragée des bohémiens de la petite presse, des femmes libres et de tous les écrivains à l’état de compote dans l’adultère de leurs livres depuis vingt ans, tous indignés et rouges écarlate parce que M. 

2352. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

En Allemagne372, M. de Schlegel ouvrait ainsi son Cours de littérature dramatique : « Il n’y a point dans les arts de véritable juge sans la flexibilité qui nous met en état de dépouiller nos préjugés personnels et nos aveugles habitudes, pour nous placer au centre d’un autre système d’idées, et nous identifier avec les hommes de tous les pays et de tous les siècles, au point de nous faire voir et sentir comme eux. […] Esprit général de la critique littéraire Ainsi, une littérature, un poème, quelquefois même un morceau faisant tache, comme ce passage d’une comédie de Plaute où Sosie embouche la trompette héroïque, sont l’expression vive et fidèle d’une société ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme l’Iphigénie de Racine, lorsqu’elle exprime des sentiments nationaux, quelle que soit l’antiquité du vêtement dont elle s’affuble ; une œuvre d’art plaît à un peuple, comme Le Médecin de son honneur de Caldéron, lorsqu’elle exprime des passions nationales, quelque absurdes que ces passions puissent paraître au jugement faible des étrangers ; mais une œuvre d’art qui n’exprime pas un état social actuel et présent, ne plaît qu’à une élite de lettrés, comme l’Iphigénie de Goethe, ou ne plaît qu’à l’auteur et à sa famille, comme l’Alarcos de Frédéric Schlegel ; et il n’est point certain que l’Iphigénie allemande eût fait plaisir aux Grecs, ni l’Alarcos aux Espagnols, parce que l’artiste ne peut pas s’isoler, s’abstraire de la race d’où il sort, du milieu où il vit, du moment où il fait son poème, au point de devenir vraiment grec ou vraiment espagnol, quand il est moderne et allemand.

2353. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

. — Amyot aux états de Blois. — Son rôle pendant la Ligue. — Sa rentrée à Auxerre et sa mort. — Idée générale du service rendu par les traductions. — Dans quelle mesure les circonstances de la vie d’Amyot ont profilé à son œuvre. — Une page de Rivarol sur l’utilité des traductions [préface de sa traduction de Dante]. — Longue influence du Plutarque d’Amyot, et raisons de cette influence. […] Hippolyte, vers 545-690 ; vers 1360 et suiv. ; vers 1963-2150]. — La première tragi-comédie : Bradamante. — Que la Bradamante de Garnier marque un moment décisif dans l’histoire du théâtre : la tragédie « recule » et cède la place à la tragi-comédie. — Coup d’œil sur l’état du théâtre en Europe à la même époque. — Si cette éclipse de la tragédie est ou non un symptôme d’émancipation à l’égard des anciens ?

2354. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Au moment où Arthur reçoit les félicitations de ses amis sur la décoration qu’il vient de recevoir avec le titre de conseiller d’état, Delaunay raille à haute voix sa promotion et l’amène enfin à la nécessité de se battre. […] Dégoûté de la polémique, où il trouvait, si peu de profit, il veut partir, sur un navire de l’état, comme chirurgien. […] La trahison des secrets d’état, la dilapidation du trésor, la vénalité de la justice, la corruption des conseillers de la couronne, il y a là vingt occasions de demander et d’obtenir la tête d’un homme. […] L’auteur ne semble pas connaître bien précisément quel était l’état de notre langue avant la renaissance. […] Fouiller au fond de sa conscience pour y remuer les cendres des passions, feuilleter la mémoire de ses amis pour y lire le secret de leurs rides prématurées, c’est une tâche superflue ; essayer dans le commerce familier des penseurs et des hommes d’état de pénétrer le mécanisme des révolutions, c’est une tentative sans profit pour la poésie.

2355. (1864) Le roman contemporain

George Sand vient-il à s’occuper d’études philosophiques, la chimère passe à l’état d’utopie sociale ou de thèse socialiste. […] Un roman peut prouver ou ne pas prouver, selon l’état de l’esprit de celui qui l’écrit ; mais, dans tous les cas, on a toujours le droit de demander à un roman ce qu’on demande à un simple breuvage, de ne pas exercer une action malfaisante, de ne pas agir sur le cœur et sur l’esprit comme les poisons agissent sur l’organisme. […] Octave Feuillet d’avoir fait un noble effort pour réhabiliter le roman et pour l’élever à l’état de thèse. » Une œuvre d’art n’est donc plus une œuvre de sentiment, c’est une thèse ; et un roman peut aspirer à prouver, parce que George Sand éprouve le besoin d’opposer à Sibylle, ce livre où M.  […] La poésie du bien-être, du confort, de la vie facile, des maisons entretenues en bon état et des terres plantureuses et bien cultivées, cette poésie représentée par Paule de Pénarvan, la fille de Renée, qui s’inquiète avant tout d’être heureuse et adresse des sommations respectueuses à sa mère pour épouser un armateur millionnaire, vaut mieux que la poésie des ruines. […] Il est écrit aussi : « Vous ne tenterez pas le Seigneur votre Dieu », et c’est le tenter, dans l’état de notre civilisation, que de commettre la vie de trois personnes au respect problématique de malfaiteurs qui ne respectent rien.

2356. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

L’accroissement de la richesse est une application légitime de la volonté humaine ; mais lorsque l’immense majorité d’un peuple voue toutes ses forces à la pratique de la seule industrie, l’homme est envahi par la chose, ou plutôt passe lui-même à l’état de chose, et c’est à l’effacement de la personne humaine qu’il faut rapporter la tristesse de Londres. […] Or, il est évident que là où les parties d’un tout ne sont pas ordonnées d’une façon nécessaire, le tout m’existe pas, et que, par conséquent, les parties elles-mêmes sont réduites à l’état de purs éléments et attendent, pour mériter le nom de parties, une organisation définitive. […] Quoique le drame proprement dit, conçu selon les lois poétiques, demeure perpétuellement à l’état d’embryon, les éléments dramatiques sont triés avec soin. […] De l’état du théâtre en France.

2357. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Un problème — le plus souvent ce que nos juristes appellent une question d’état — est posé. […] On voit que ce livre dit assez souvent des états d’âme noblement douloureux et que telles réflexions sont poignantes comme des cris de souffrance intellectuelle. […] Marie Maugeret exposa le féminisme chrétien, pauvre féminisme timide et anodin. — Dans un petit livre dont la Fronde publia une partie, Kaethe Schirmacher nous dit l’état actuel du Féminisme aux États-Unis, en France, dans la Grande-Bretagne, en Suède et en Russie. […] Et, deux pages plus loin, la démonstration faite, l’auteur triomphe : « Je le répète, c’est une erreur qui s’est transmise de génération en génération, et qui, à la longue, est devenue une habitude, et ensuite, d’âge en âge, de siècle en siècle, est passée par le contact de la civilisation, qui l’a admise à l’état de besoin. » Pauvres hommes !

2358. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Combien cet état dura-t-il ? […] C’était la première fois que j’essayais de m’expliquer avec moi-même, sur cet état particulier, où il me semblait être dédoublée. […] L’état social des personnes ne préoccupe guère les enfants et je ne sais en somme rien de précis, je ne suis pas même sûre du tout, que ce personnage fût commandant, ni même qu’il s’appelait Gruau. […] XLV Le bulletin qui tenait l’état de ma conduite et que l’on remettait chaque mois à ma famille, portait, invariablement : — Religion : — aucune.

2359. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Ils y restent inédits, à l’état de ces graines cachées dans les armoires qui sèchent sans avoir été semées. — Par exemsople, v craintes de vivre entre des habitudes perdues et d’autres à refaire par ce mouvement incessant vers des demeures nouvelles, c’est ma vie.

2360. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Ainsi Louis XVI avait convoqué les états généraux ; et voulant trop tard circonscrire le droit de délibération, l’insurrection morale du serment du Jeu de Paume lui avait forcé la main.

2361. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler.

2362. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

aucune… Avec une haute intelligence, avec autant de prudence que de vertus et de charmes, elle était restée par suite de mon bannissement dans une sorte de veuvage sans parents ou avec des parents pires que des étrangers ; sans amis pour l’aider de leurs conseils dans l’adversité, en sorte qu’elle vivait dans un continuel état de crainte ou d’anxiété ; elle était jeune, elle était belle ; elle était si jalouse de son honneur que depuis mon exil elle avait souvent désiré d’être vieille et disgraciée de figure !

2363. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Elle travaillait honnêtement de son état pour elle et pour lui, et pour lui encore plus que pour elle.

2364. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

L’état heureux des amants n’est pas celui où la jouissance amène la satiété : c’est une souffrance misérable, mais remplie d’espérance. » Reprenons : Celles des poésies de Michel-Ange qui chantent ce premier amour ont un accent de jeunesse et d’espérance vague qui les distinguent seules des vers inspirés par Vittoria Colonna dans une époque plus mûre de sa vie.

2365. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Et la royauté, sauf d’intermittents accès de frénésie chevaleresque, voit où elle va, ce qu’elle peut, par qui elle dure et gagne : elle devient bourgeoise et savante ; elle utilise les forces encore neuves que contiennent et l’âme du tiers état, et la science des docteurs.

2366. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

C’est au bagne, où il était pour un crime de passion, que, forcément seul avec lui-même, il a connu la vérité. « Le secret de la destinée humaine, sans cet enfer, je ne l’aurais jamais goûté… Cette surabondance d’énergie, qui s’allait cramponnant aux dangers et aux fatigues vulgaires de la vie sociale, s’assouvit enfin quand elle fut aux prises avec les angoisses de la vie expiatoire… » Et enfin, la nouvelle religion, le christianisme naturel, celui qu’Ibsen prophétise sans l’expliquer clairement nulle part, ce qu’il appelle le « troisième état humain », qui sera fondé « sur la connaissance et sur la croix » (le second étant fondé seulement sur la croix et le premier seulement sur la connaissance), ai-je besoin de vous avertir que vous en rencontrerez du moins, dans George Sand et ses contemporains, de vastes et vagues esquisses ?

2367. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Dans cet état, on perd la triste faculté qu’ont les « heureux » de sentir le malheur en dehors du moment où il les frappe, et de l’allonger par l’appréhension et par le souvenir.

2368. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Hors de là, ils sont dans un état de grande fatigue intellectuelle.

2369. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Documents de critique experimentaleLe motif-organecf des Maîtres Chanteurs « Selige Morgentraum » Tout ce qui a vie ne vit qu’à l’état organisé.

2370. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Nous manifestons notre sentiment sur l’état actuel de la littérature et de la poésie en France, parce qu’il nous semble que la plus faible voix peut lancer quelques paroles utiles ; du reste, nous ne parlons que d’après notre profonde conviction, sans nous occuper du plus ou moins de succès des ouvrages que nous estimons, sans chercher à flatter l’opinion de la foule ni même à nous mettre en opposition avec elle.

2371. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le jeune lieutenant décrit fort bien les travaux qu’on achève à Cissey, la mise en état du camp retranché, la solide qualité de la défense. […] Elle devrait souscrire au projet de transformation de l’état territorial du Nord de l’Amérique au profit de l’Italie et de l’Allemagne. […] L’écrivain les a menées à un état de réalité complète : et elles se passent de lui désormais. […] L’église est en mauvais état, menace ruine et réclame des réparations. […] Notre univers, connaissons-le ; et nous serons en état de familiarité avec lui.

2372. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Déjà, dans cette même pièce de Clitandre, on rencontre des vers qui ne dépareraient point les plus belles œuvres du poète : Mais tels sont les excès du malheur qui m’opprime Qu’il ne m’est pas permis de jouir de mon crime ; Dans l’état pitoyable où le sort me réduit, J’en recueille la honte et n’en ai pas le fruit3 ; Et tout ce que j’ai fait contre mon ennemie Sert à croître sa gloire, avec mon infamie ! […] J’irai plus outre, et dirai que presque tous ont souhaité que ces entretiens se fissent ; et j’ai remarqué aux premières représentations qu’alors que ce malheureux amant se présentait devant elle, il s’élevait un certain frémissement dans l’assemblée, qui marquait une curiosité merveilleuse et un redoublement d’attention pour ce qu’ils avaient à se dire dans un état si pitoyable. […] Tel est l’état de la question. […] J’en voyais, là, beaucoup passer pour gens d’esprit, Et faire encore état de Chimène et du Cid, Estimer de tous deux la vertu sans seconde.

2373. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Elle a la vengeance tenace, la femme du roi Etzel. » « Le prince Gernôt dit à celui qui donnait ce conseil : « Si vous avez des raisons de craindre la mort dans les états des Hiunen, est-ce que pour cela nous devons renoncer à voir notre sœur ? […] Croyez-en mon conseil sincère, si vous voulez braver le péril, du moins vous n’irez chez les Hiunen qu’en bon état de défense.

2374. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Quant à la tentative de Mistral, je me récuse, je ne suis pas en état de la juger, car j’ignore le provençal ; je ne sais pas quelles ressources le vocabulaire de cette langue offre au rimeur pour éviter la monotonie. […] Quant au vers français proprement dit, pour lui donner à l’état de perfection cette nouvelle forme dont vous parlez, il faudrait, à mon avis, plus d’un Mistral.

2375. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

L’intérêt mutuel n’existe plus ; on est dans cet état que le Dante appelle l’enfer des tièdes. » Mais quelle est donc cette époque où nous sommes parvenus, selon l’auteur, au plus affreux période de l’esprit public ? […] Eschyle, à la fois soldat et poète, Eschyle, l’un des plus ardents républicains du siècle et de l’état le plus libres de la Grèce, n’insulte pas une seule fois, dans sa tragédie des Perses, aux désastres de Xerxès. […] Peut-on expliquer sous des images plus heureuses toute l’harmonie sociale, et les devoirs réciproques des divers états qui l’entretiennent ?

2376. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Car, à un degré modéré et dans les limites du moraliste, elle avait l’imagination inventive ; ses pensées, loin de rester à l’état de maximes, entraient volontiers en jeu et en conversation dans son esprit ; elle savait faire vivre et agir sous quelques aspects des caractères qui n’étaient pas de simples copies.

2377. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Je croirais avec vous que c’est un grand bonheur pour le monde que l’affranchissement de Bonaparte, et qu’un peu de bêtise dont on est assez généralement menacé vaut mieux que la tyrannie ; mais la France, la France, dans quel état elle est !

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