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1102. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Ce petit prince, élevé tendrement par Mme de Maintenon, qui était comme sa vraie mère, avait été formé sur l’idéal de la fondatrice de Saint-Cyr. […] Instruit, mais sans vraies lumières, il ne devait jamais dépasser, en fait d’idées, l’horizon exact où on l’avait encadré dès sa naissance. […] Au point de vue littéraire qui, de près ou de loin, est toujours le nôtre, l’inconvénient de ce train de vie tumultueux était au fond d’être incompatible avec le vrai goût. Le vrai goût discerne, examine ; il a ses temps de repos, et il choisit. […] Cette conclusion est vraie de tous ceux qu’on adore et qui se croient faits pour être adorés, depuis Nabuchodonosor jusqu’à la duchesse du Maine.

1103. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Turgot et moi qui aimions le peuple. » — « Ce discours est très vrai », écrivait Condorcet à Voltaire à cette date, en lui rapportant le mot de Louis XVI. […] Noble vieillard, ces paroles n’étaient pas dignes d’une bouche telle que la vôtre ; mais le vrai coupable est celui qui a pu vous les arracher ! […] Son vrai talent d’écrivain doit encore se chercher en arrière, dans ses éloges académiques ; depuis lors il n’a jamais eu qu’un style de plus en plus gris. « Condorcet, il est vrai, ne dit que des choses communes, a remarqué finement M.  […] Il avait sur l’ensemble et sur chaque branche, sur chaque point de l’ordre scientifique et du mécanisme social, des idées arrêtées, méditées, ingénieuses parfois ; et, dans cette refonte universelle qui se tentait alors de la société et de l’esprit humain, il pouvait rendre de vrais services à l’instruction publique.

1104. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Je sais que la correspondance de Bernardin avec Duval existe et qu’elle est à Genève aux mains des descendants de ce dernier : espérons qu’elle sera publiée un jour et qu’elle nous rendra le vrai ton55. […] Ici nous surprenons le germe de ce ton et de ces sentiments à la Jean-Jacques dont Bernardin de Saint-Pierre sera un nouvel exemple dans une période critique de sa vie, et qui constituèrent pour lui, comme pour le philosophe genevois, une vraie maladie de misanthrope. […] Dans ce premier essai de Bernardin, on saisit déjà le fond et les lignes principales de son talent : c’est moins développé, moins idéal, mais, en cela même aussi, plus réel par endroits et plus vrai en un sens que ce qu’il dira plus tard dans les Études et les Harmonies. […] Il est très vrai, monsieur et très cher ami, que vous soutîntes un jour chez moi les principes qui viennent de vous faire commettre une grande imprudence. […] Vous êtes à cent lieues du vrai dans toute cette affaire.

1105. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Il est vrai que lorsqu’il parut pour la premiere fois, c’étoit ce qu’on avoit vu de mieux en ce genre ; mais nous avons aujourdhui des Dictionnaires & plus étendus & mieux exécutés. […] On n’y voit point cette gradation philosophique qui fait appercevoir d’un coup d’œil l’origine, la filiation, les sens différens, la vraie valeur, & le meilleur emploi d’un mot pris séparément ou réuni avec d’autres. […] Son unique objet est de fixer & de déterminer le vrai sens & la vraie signification des mots de la langue les plus usités. […] Il est vrai qu’il n’est pas encore reçu, ni établi : mais n’est-il pas vrai qu’il seroit bon à établir & à recevoir ?

1106. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Nous suffira-t-il, pour découvrir leurs vrais traits d’union, d’examiner le premier venu, — ou nous faudra-t-il interroger ceux qui font profession de réfléchir, les penseurs, les faiseurs de systèmes ? […] Si donc il est vrai que les mœurs maintiennent contre les lois, sur plus d’un point, des distinctions anti-égalitaires, on peut convenir avec Cournot que ce sont là, dans le « pêle-mêle démocratique », des « sénilités inoffensives ». […] Or, s’il est vrai que, dans la civilisation, occidentale, les classes ne semblent plus assez fortement constituées pour tenir tête à l’esprit individualiste, les nations ne le sont-elles pas assez, pour faire tort à l’esprit humanitaire ? […] D’ailleurs, à l’intérieur même de cette église, est-il vrai que nous rencontrons notre idée des droits propres à l’individu ? […] S’il est vrai d’ailleurs que les lois de l’Empire effacent la distinction entre le civis et le peregrinus, ne tracent-elles pas une distinction nouvelle entre l’honestior et l’humilior ?

1107. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

C’est le mouvement qui constitue la vraie poésie, et non le vers mesuré. […] Il ne s’agit pas d’imitation, mais d’une assimilation merveilleuse qui devient chez elles une vraie sincérité. […] Dans une traduction, une vraie poésie réintègre son état de pierre brute, sans couleur et sans reflet. […] Qu’on ne voie pas là un reproche ; un vrai poète ne saurait noyer sa personnalité dans l’admiration d’un maître. […] Et c’est vrai.

1108. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Quelle était donc la pensée vraie et définitive de Baudelaire ? […] Était-ce son idée vraie ? […] Leconte de Lisle l’avait comprise, et il l’a fait passer dans ses écrits avec une spontanéité si vraie que le lien philosophique qui la rattache à l’Inde se montre à peine visible. […] Faut-il croire que le résultat obtenu, fondé sur une vision inexacte du monde, soit aussi défectueux, aussi éloigné du vrai qu’on le prétend ? […] Là en effet était la vraie doctrine.

1109. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Être vrai ! […] un vrai cacochyme entre ces deux médecins ! […] — Est-il vrai que vous ayez reçu, ces jours passés, des coups de bâton ? […] quelle plus gaie et plus vraie science que celle-là ? […] son fils a déjà la pâleur et l’œil affamé d’un vrai philosophe.

1110. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Il est vrai qu’il n’en voulait plus en 4 835 lorsqu’elle s’adressait, non plus à des morts, mais à des vivants, et qu’elle s’appliquait à lui-même. […] C’est profond, délicat et vrai. […] Cette légère réserve faite, je ne sais rien de mieux raconté. » M. le comte de Circourt enfin, cet homme de haute conscience et de forte littérature, dans une lettre qu’il m’écrivait le 24 avril 1864, reconnaissait la vérité du Portrait et s’exprimait en ces termes par lesquels je terminerai et qui me couvrent suffisamment : « Les grands côtés du talent de M. de Vigny sont mis par vous en relief d’une manière tout à la fois large et fine ; et malgré la sévérité de quelques-unes de vos appréciations, je n’ai rien à souhaiter de mieux pour la mémoire de M. de Vigny, si ce n’est que la postérité s’en tienne sur lui à votre jugement, ce que j’espère ; j’apprends que ses vrais (et par conséquent rares) amis sont tout à fait de ce sentiment. » 79.

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