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1783. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Le verbe grailler, sonner du cor, est resté comme terme de vénerie, mais il a pris d’autre part le sens second et contradictoire de « parler d’une voix enrouée ».

1784. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Mais il est des génies qui n’ont pour ainsi dire à leur disposition qu’un seul timbre, une seule voix ; les autres ont tout un orchestre ; — différence de richesse beaucoup plus que de nature.

1785. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Invoque des neuf Sœurs la troupe tout entière : Tente tout, au hasard de gâter la matière : On le souffre, excepté tes Contes d’autrefois. » J’ai presque envie, Iris, de suivre cette voix.

1786. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

… Cependant, quand aux bois, Le bruit des cors, celui des voix, N’a donné nul relâche à la fuyante proie, Qu’en vain elle a mis ses efforts A confondre et brouiller la voie, L’animal chargé d’ans, vieux cerf, et de dix cors, En suppose [en substitue] un plus jeune et l’oblige par force A présenter aux chiens une nouvelle amorce.

1787. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Comme Homère, qui, poésie à part, ne serait encore que son chef de file historique, Virgile a été l’écho de cette tradition, mais un écho avec une voix !

1788. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

et qui porte à la philosophie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint.

1789. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Le monstre pour les uns, le prodige pour les autres a paru, et la Critique n’a pas élevé la voix, et celle-là qui est le plus favorable à Michelet n’a pas pris le livre à partie dans un de ces comptes rendus retentissants qui sonnent la trompe… et la tromperie !

1790. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Il demeure discret et sobre, comme il l’est d’ordinaire, mais, à une certaine grâce mélancolique, on devine le futur auteur de Dominique, comme dans cette description de la petite danseuse kabyle endormie : « Entre quatre et cinq heures, la pluie cessa ; on entendit la voix des coqs qui n’avaient pas chanté depuis minuit.

1791. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Trygée n’y peut suffire lui seul : sa voix appelle à son aide les vignerons et les laboureurs des pays d’alentour. […] Elle leur déclare que le retour de la paix désirée ne dépend que de leur volonté ; que ses négociations lui ont assuré les femmes des cités alliées ou ennemies, et que ses vertueuses compatriotes se sont engagées de vive voix à lui obéir. […] « Plutus prêt à rouvrir ses yeux encor fermés, « D’Athènes veut bannir à jamais la misère : « La Pauvreté, toujours en horreur sur la terre, « Accourt, d’un air farouche, et d’une forte voix, « Vanter à qui la fuit ses bienfaits et ses droits. […] ta voix insolente « Peint sous ce vil aspect la misère indolente, « L’active Pauvreté, qui chasse le besoin, « Se fait un revenu d’épargnes et de soin. […] Le peintre qui en ranimerait vivement les images trop effacées nous courroucerait si fort, en nous montrant tout ce que nous avons aujourd’hui d’étrange, de dégradé, de difforme, de grotesque, et de risible, que nous commencerions par briser ses miroirs trop vrais, et que, nous récriant contre cet exagérateur, nous accuserions ses tableaux d’être invraisemblables : mais quelque voix s’élèverait encore du parterre, et lui redirait, Courage, disciple de Molière, voilà la bonne comédie !

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