répondez-lui toutes, notre nom : C’est un homme aveugle ; il a pour patrie l’île montagneuse de Chio ; tous ses chants seront les premiers dans l’avenir ; et nous porterons sa gloire sur la terre, partout où nous rente contrerons des villes habitées. » Ce langage, consacré dans des vers antérieurs à Thucydide, était-il, non le signalement du poëte, donné par lui-même, mais une fiction sur l’origine des chants populaires déjà répandus dans la Grèce ? […] Ils gouvernent par de sages lois leurs villes ornées de belles femmes. […] Il adresse ce langage à un Périclès antérieur de plus de deux siècles à celui de l’histoire46 : « Nul de nos citoyens, ô Périclès, ne voudra distraire par des fêtes nos gémissants regrets : la ville ne le voudra pas. […] Ce nom continua de vivre dans la mémoire poétique de la Grèce, souvent blâmé par les philosophes, mais cité, chanté dans toutes les fêtes : et, lorsque la Grèce libre et parlant à la tribune et sur le théâtre eut cessé, lorsque sa langue et son génie ne furent plus qu’un luxe de cour et une étude de cabinet dans Alexandrie et les villes grecques d’Asie, nul monument de l’art antique ne fut plus imité, plus commenté que le hardi génie d’Archiloque.
Jean de Meun, ou Clopinel, fut ainsi nommé, parce qu’il étoit boiteux, & de la petite ville de Meun sur la Loire, à quatre lieues d’Orléans. […] Sans parler ici de Théophile, de Tristan l’hermite, qu’on a représentés comme insensibles à ces petites disgraces, & de Pierre Boissat, qu’on dit avoir été cruellement puni dans une ville de province, pour avoir abusé du privilège des masques, n’a-t-on pas prétendu que Despréaux lui-même avoit reçu des marques du ressentiment de M. de Dangeau ? […] Ces deux abbés, plus célèbres encore par la causticité de leur caractère, que par le mêrite de leurs écrits, craignoient si fort la répétition de ces espéces d’exécutions militaires, qu’ils n’osoient jamais souper en ville.
A Toulouse, on le mit en prison pour un Discours qu’il eut la hardiesse de débiter contre les habitans de cette ville, & le Parlement en particulier. […] Dans d’autres villes, il se rendit coupable de nouveaux crimes, qui, joints à celui d’athéisme, dont il faisoit ouvertement profession, le firent condamner par le Parlement de Paris, à être brûlé, & la Sentence fut exécutée.
À gauche de celui qui regarde, la Paix qui descend du ciel et qui présente au monarque une branche d’olivier qu’il reçoit et qu’il remet à la femme symbolique de la ville de Paris ; d’un côté la générosité qui verse des dons ; de l’autre un génie armé d’un glaive qui menace la Discorde terrassée sous les pieds du monarque ; les rivières de Seine et de Marne étonnées et satisfaites. […] La figure symbolique de la ville est simple, bien drapée, bien noble, d’un beau caractère, bien disposée ; mais elle est du siècle de Jules Caesar ou de Julien.
A leurs pieds la vieille ville de Bayreuth et, au loin, la belle campagne verte que ferment sur l’horizon les chaînes du Sophienberg. […] Il faut reconnaître que Bayreuth est, cette année, une station mondainebc plus qu’aucune ville d’eaux ou plage. […] Préférez-vous élire domicile dans la ville même de Bayreuth pour n’avoir à faire sybaritement qu’un saut de votre stalle de théâtre dans un de ces bons lits allemands dont la réputation n’est plus à faire ? le comité wagnérien de la ville sacrée musicale — ou de la sacrée ville musicale, comme vous voudrez l’appeler — se charge, moyennant une honnête rétribution, de vous procurer un logement sans punaises si tel est votre goût, pour la durée de fêtes. […] A une extrémité de la ville, un édifice de forme inattendue, mais qui pourrait être une usine ou un hôpital, — sans la moindre prétention à aucun caractère d’élégance architecturale, c’est le théâtre.
Il habite tantôt Parme, tantôt Padoue, tantôt Venise, recherché, aimé, caressé par tous les hommes éminents de ces différentes villes. […] … Il faut dire la vérité : Rienzi, à son entrée en ville, n’était ni lié ni garrotté. […] Pétrarque fit plus ; il écrivit une lettre éloquente et insurrectionnelle à la ville de Rome pour l’exciter à défendre ou à venger son tribun. […] Jean Visconti lui donna dans la ville une maison élégante et retirée, décorée de deux tours, dans le voisinage de l’église et de la bibliothèque de Saint-Ambroise. […] Reconnu sous le déguisement qu’il avait revêtu pour s’évader du Capitole, il fut percé de mille coups de poignard et traîné aux fourches patibulaires, où la ville entière outragea son cadavre.
Le gentilhomme de province qui se donne pour un homme de lettres désappointé et ensuite pour un maire de village non moins mortifié et mystifié, Georges de Vernay ou tout simplement M. de Pontmartin, est censé faire sa confession littéraire à Carpentras ou en quelque ville voisine, dans le salon d’une Mme Charbonneau, femme du directeur de l’enregistrement ; il y raconte devant quelques habitués, ou plutôt il lit dans un manuscrit apporté tout exprès, pour qu’on n’en ignore, la suite de ses prétendues mésaventures depuis le premier jour jusqu’au dernier. […] Sans cesse tiraillé entre Paris et la province, l’auteur se raille de tous deux, et de la province comme de Paris ; il abuse même étrangement du nom de Gigondas, lequel lieu, des mieux habités, me dit-on, n’est pas celui de sa commune, et qui aurait droit de réclamer, pour être ainsi sans raison livré au ridicule ; mais enfin c’est à Paris qu’il en veut surtout, c’est Paris qu’il dénigre, contre lequel il a à exercer ses plus amères rancunes ; c’est à Paris qu’il disait tous les six mois en le quittant et en le menaçant du geste, comme Danton, ce grand auteur, ou comme le boudeur Jean-Jacques : Adieu, Paris, ville de fumée et de boue ! […] cela me donne envie d’aimer d’autant plus Paris, quand je vois ceux qui le maudissent commettre de telles fautes de goût, de bienséance, et, boutade pour boutade, je m’écrie à l’encontre : « Paris, ville de lumière, d’élégance et de facilité, c’est chez toi qu’il est doux de vivre, c’est chez toi que je veux mourir ! Ville heureuse où l’on est dispensé d’avoir du bonheur, où il suffit d’être et de se sentir habiter ; qui fait plaisir, comme on le disait autrefois d’Athènes, rien qu’à regarder ; où l’on voit juste plus naturellement qu’ailleurs, où l’on ne s’exagère rien, où l’on ne se fait des monstres de rien ; où l’on respire, pour ainsi dire, avec l’air, même ce qu’on ne sait pas, où l’on n’est pas étranger même à ce qu’on ignore ; centre unique de ressources et de liberté, où la solitude est possible, où la société est commode et toujours voisine, où l’on est à cent lieues ou à deux pas ; où une seule matinée embrasse et satisfait toutes les curiosités, toutes les variétés de désirs ; où le plus sauvage, s’il est repris du besoin des hommes, n’a qu’à traverser les ponts, à parcourir cette zone brillante qui s’étend de la Madeleine au Gymnase ; et là, en quelques instants, il a tout retrouvé, il a tout vu, il s’est retrempé en plein courant, il a ressenti les plus vifs stimulants de la vie, il a compris la vraie philosophie parisienne, cette facilité, cette grâce à vivre, même au milieu du travail, cette sagesse rapide qui consiste à savoir profiter d’une heure de soleil ! […] Et puis, quand je rentre dans mes quartiers non lettrés et tout populaires, quand je m’y replonge dans la foule comme cela me plaît surtout les soirs de fête, j’y vois ce que n’offrent pas à beaucoup près, dit-on, toutes les autres grandes villes, une population facile, sociable et encore polie ; et s’il m’arrive d’avoir à fendre un groupe un peu trop épais, j’entends parfois sortir ces mots d’une lèvre en gaieté : Respect à l’âge !
Il fallut mettre le sabre à la main et courir ainsi la ville. […] Napoléon rentra dans la ville. […] En quittant la ville, les chevaux tombèrent dans un trou. […] Les voilures, les troupes à pied, à cheval, les blessés, l’effroi des habitants, le désordre qu’augmentaient encore la nuit et la neige qui tombait avec abondance, tout concourait dans cette malheureuse ville à offrir le plus horrible aspect. […] Cette ville était assignée pour lieu de rendez-vous, dès le 24, à Murat.
En sortant de cette ville d’Angers où il avait passé les années de sa preuve et studieuse jeunesse, il se retourna un moment en arrière, salua les toits ardoisés qui brillaient dans le lointain, et pleura. […] Mais cette velléité, s’il l’a eue, dure peu ; écoutez la fin : L’attention, dit-il, fixée par des objets distincts, examine avec détail les rochers, les bois, les torrents, les coteaux, les villages et les villes. […] Croirait-on qu’après s’être arrêté très au long sur les ruines de Balbek et de Palmyre, il continue en ces termes : « À deux journées au sud de Nâblous, en marchant par des montagnes qui, à chaque pas, deviennent plus rocailleuses et plus arides, l’on arrive à une ville qui, comme tant d’autres que nous avons parcourues, présente un grand exemple de la vicissitude des choses humaines. » Cette ville qui est, selon lui, comme tant d’autres, c’est Jérusalem. […] N’est-ce point de la ville chère et sainte à vos pères et à vos aïeux que vous parlez ? […] Presque nulle part (excepté une fois sous la tente de l’Arabe) il ne rend hommage à cette fidélité des tableaux et des scènes bibliques qu’ont sentie d’abord tous les voyageurs en Orient, et dont il est dit dans le récit de Napoléon sur la campagne de Syrie : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix sous la tente du général en chef.