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1111. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

On ornait cela avec des expressions clichées, des épithètes attendues et banales : gras pâturages, vaste forêt, branches épaisses, tendres agneaux, herbe fraîche, le printemps qui règne, les vives couleurs, etc. […] Jamais ni le souffle empesté du midi, qui sèche et qui brûle tout, ni le rigoureux aquilon, n’ont osé effacer les vives couleurs qui ornent ce jardin. […] Comme je sentais une forte odeur de soufre, je montai sur le pont, où j’éprouvai d’abord un froid très vif. […] Ceux-là ont la faculté éminente de concentrer leurs réflexions et de les faire tenir dans quelque formule vive et brève. […] On croit que l’homme a un vif amour pour sa conservation, et cela est vrai ; mais on ne voit pas que cet amour, tel que nous le sentons, est en grande partie l’ouvrage des hommes.

1112. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Du trait dans la conversation, des pointes à tout propos, quelque chose de vif et de sémillant dans son bon temps ; avoir sur chaque sujet de passage une provision de bons mots plus ou moins préparés, comme on a des pastilles dans une bonbonnière d’écaille qu’on fait circuler aux mains des dames ; ne voir guère dans tout ce qui est sur le tapis, même dans ce qui est sérieux, que prétexte à paillettes et à étincelles ; ne jamais sortir d’un salon sans assurer et signaler sa sortie par un dernier petit trait qu’on lance en fuyant : tel était, tel nous vîmes pendant des années ce galant homme, homme d’esprit assurément, mais des plus précieux et non pas médiocrement frivole.

1113. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

De nos cendres froides il sort Une vive source de flammes Qui s’attache à nos froides âmes Et nous ronge après être mort.

1114. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Ainsi donc, ce jour-là, venant de ta fontaine, Nous suivions au retour les coteaux et la plaine, Nous foulions lentement ces doux prés arrosés, Nous perdions le sentier dans les endroits boisés, Puis sa trace fuyait sous l’herbe épaisse et vive : Est-ce bien ce côté ?

1115. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Jeté par sa position militaire dans le midi de la France, pendant les premières années de nos troubles, transporté tour à tour d’Uzès à Avignon et de Carpentras à Jalès, il aurait pu sans doute nous exposer avec clarté et franchise les déplorables agitations de ces provinces tant de fois ensanglantées ; nous dire comment la patrie des plus ardents fauteurs de l’ordre nouveau se trouva si proche du camp où le régime ancien se retrancha ; comment ces Cévennes, encore retentissantes de la voix des pasteurs proscrits, prêtèrent leurs asiles à la monarchie et à la religion déchues de Louis XIV ; comment, en un mot, les partis se caractérisèrent dans ces vives contrées, s’y constituèrent en présence l’un de l’autre, d’autant plus terribles et inexorables qu’ils s’alimentaient de rivalités plus immédiates et pour ainsi dire plus domestiques, que de vieilles haines inextinguibles se rallumaient aux haines récentes, et que les séductions étrangères les plus habilement ménagées s’y combinaient avec ce qu’ont de plus irrésistible et de plus spontané les mouvements populaires.

1116. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Né avec des affections vives et tendres, passionné pour les vers, il eût été probablement poète, si la Révolution n’était pas venue ; l’un des premiers, il s’y jeta ; dès le 12 juillet, il était populaire, et depuis, journaliste et clubiste sans cesse haletant, il se vantait d’avoir toujours eu six mois d’avance sur l’opinion publique ; tour à tour ami de Mirabeau et de Brissot, il les dépassa dès qu’il les jugea trop lents, et ne s’arrêta qu’à Danton.

1117. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

A part ce que l’écrivain allemand a de plus vif dans la manière, et aussi de plus sautillant, de plus décousu, c’est bien chez lui la même espèce d’opinions démocratiques, la même curiosité active et honnête, la même promptitude à juger, quelque chose de rapide dans le discernement, et de moins profond qu’on ne désirerait.

1118. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

A défaut d’une comédie de caractère, il aurait pu y avoir un agencement de pièce mieux entendu, une intrigue mieux ourdie ; le second acte semblait promettre à cet égard, le troisième n’a pas tenu : tout ce monde convoqué dans l’appartement d’Octave n’y produit rien de bien vif, de bien inquiétant ni de bien amusant.

1119. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Vive le poète patriote, qui a créé l’âme du vieil Horace !

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