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1103. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Fils d’un père greffier, né d’aïeux avocats (1636), comme il le dit lui-même dans sa dixième épître, Boileau passa son enfance et sa première jeunesse rue de Harlay (ou peut-être rue de Jérusalem), dans une maison du temps d’Henri IV, et eut à loisir sous les yeux le spectacle de la vie bourgeoise et de la vie de palais. […] On le mit bientôt au collège, où il achevait sa quatrième, lorsqu’il fut attaqué de la pierre ; il fallut le tailler, et l’opération faite en apparence avec succès lui laissa cependant pour le reste de sa vie une très-grande incommodité. […] Ce petit nombre de faits connus sur les vingt-quatre premières années de sa vie nous mènent jusqu’en 1660, époque où il débute dans le monde littéraire par la publication de ses premières satires. […] Quant à l’effet hautement poétique et religieux des monuments d’alentour sur une jeune vie commencée entre Notre-Dame et la Sainte-Chapelle, comment y penser en ce temps-là ? […] Il se vantoit d’en avoir le premier parlé poétiquement, et par de nobles périphrases. » (Racine fils, Mémoires sur la vie de son père.)

1104. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Vers la fin de sa vie, l’ingénieux Bertrand s’occupait beaucoup, en effet, du daguerréotype et de le perfectionner. […] Les indifférents découragent ; les cœurs connus remettent de la chaleur et de la vie dans ceux de leurs amis, quand ils se touchent. […] La vie matérielle revenait chaque jour avec ses exigences, et, si sobres, si modiques que fussent les besoins de Bertrand, il avait à y pourvoir. […] Ainsi mon âme est une solitude où, sur le bord de l’abîme, une main à la vie et l’autre à la mort, je pousse un sanglot désolé. […] Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes !

1105. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Un journal qu’on fait de sa vie est encore une sorte de miroir. […] Je suis votre amie, je le serai toute ma vie ; ne me cachez rien de ce que vous avez dans l’âme ; que je sois assez heureuse pour vous consoler. […] Il y eut un moment critique dans la vie de la pauvre Mme d’Épinay, et où sa réputation eut à subir un terrible assaut. […] Sa Correspondance forme les Annales de la littérature de cette époque en France avec un aperçu de la politique et surtout du train de vie de ce temps. […] On sent, en lisant Grimm, un esprit supérieur à son objet, et qui ne sépare jamais la littérature de l’observation du monde et de la vie.

1106. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

En un mot, et avant son mariage (un mariage d’amour qu’il fit à trente ans), et encore après, Diderot continua trop de mener cette vie de hasard, d’occasion, d’expédients, de labeur et d’improvisation continuelle. […] Jetant les regards en arrière, il poussait vers la fin de sa vie un soupir de regret, et il disait : Je sais, à la vérité, un assez grand nombre de choses, mais il n’y a presque pas un homme qui ne sache sa chose beaucoup mieux que moi. […] Lisant dans Sénèque le traité De la brièveté de la vie, et ce chapitre iiie où le lecteur est pris à partie si vivement : Allons, repasse tes jours et tes années, fais-leur rendre compte ! Dis-nous combien de ce temps as-tu laissé ravir par un créancier, par une maîtresse, par un patron, par un client… Combien de gens n’ont-ils pas mis ta vie au pillage, quand, toi, tu ne sentais même pas ce que tu perdais ! […] Mais, comme correctif et comme adoucissement à ces (regrets mal étouffés de l’écrivain et de l’artiste, le philosophe en lui et l’homme moral répondait : « On ne me vole point ma vie, je la donne ; et qu’ai-je de mieux à faire que d’en accorder une portion à celui qui m’estime assez pour solliciter ce présent ? 

1107. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Ne prenant son Éloge d’Amyot distingué par l’Académie que comme un discours préliminaire, il a composé un livre tout plein de recherches et de dissertations sur les divers ouvrages d’Amyot, sur sa langue, sur sa vie ; il y discute tous les points qui ont prêté à la controverse et à la critique ; il s’applique à les éclaircir à l’avantage de son auteur, avec zèle, érudition et curiosité. […] Jacques Amyot, dont la meilleure vie et la plus complète a été écrite par l’abbé Lebeuf, était né à Melun le 30 octobre 1513, de parents pauvres et qui, pourtant, le firent étudier. […] Pour justifier l’honneur d’un tel choix, Amyot redoubla de zèle dans son grand travail à ses heures de loisir, et il publia en 1559 les Vies complètes de Plutarque traduites, qu’il dédia à Henri II. […] À côté de ces pages de la Vie de Numa, il faudrait en rappeler d’autres également connues de la Vie de Lycurgue, et dans lesquelles est nettement et vivement défini le caractère des jeunes guerriers spartiates avant et pendant le combat (chap.  […] Dans son avertissement aux lecteurs, en tête des Vies de Plutarque, il s’excuse de ce que le langage de sa traduction ne paraîtra point peut-être aussi coulant que celui de ses traductions précédentes ; mais un traducteur, dit-il, doit être fidèle au ton, à la forme de style de son auteur, et si sa nouvelle traduction paraît moins aisée que les autres, il faut tenir compte de la façon d’écrire « plus aiguë, plus docte et pressée que claire, polie ou aisée », qui est propre à Plutarque.

1108. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

On a sur lui de bons et d’éloquents éloges : une histoire complète de sa vie et de ses ouvrages n’existe pas. […] Il lisait plume en main et en réfléchissant : « Au sortir du collège, on me mit dans les mains des livres de droit ; j’en cherchai l’esprit. » Cet esprit des choses du droit et de l’histoire fut la recherche de toute sa vie : il ne se reposa que quand il crut l’avoir trouvé. […] Une sorte de vie manque, un lien, et l’on sent un puissant cerveau plus qu’un cœur. — Je liens à noter, sinon ce côté faible en un grand homme, du moins ce côté froid. […] On a souvent cité ces aveux mémorables de Montesquieu : L’étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n’ayant jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé. […] Qui ne sait le beau trait de sa vie, lorsqu’à Marseille où il allait souvent visiter sa sœur, il voulut un jour se promener hors du port dans une barque ?

1109. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arnault, et toute sa vie il eut de ces traits-là ; on n’avait qu’à frapper, et il rendait de ces étincelles. […] Fontanes, dans l’habitude de la vie, était tranchant ; Arnault était peu endurant. […] Arnault, dans cette partie de sa vie, prit donc l’habitude de mettre sous titre et sous enseigne de fable ce qu’il aurait pu appeler aussi bien d’un tout autre nom. Au milieu d’une vie occupée de devoirs administratifs ou mêlée au monde, c’était sa forme favorite de poésie morale ou légère. […] [NdA] Les affaires et le monde prirent la meilleure partie de la vie d’Arnault.

1110. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

—  Idée de la vie. —  Midsummer night’s dream. […] Que de misères dans ces minces événements de la vie courante ! […] Shakspeare laisse là la justesse et la clarté et atteint la vie. […] Leur vie aussi est un roman, mais triste. L’âme délicate de Shakspeare, froissée par les chocs de la vie sociale, s’est réfugiée dans les contemplations de la vie solitaire.

1111. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

La vie littéraire, en ses duretés, a parfois d’aimables surprises, mais au bout de bien des années. […] Et la dernière planche le représente écrivant les Mémoires de sa vie sur la terre. […] Ce volume est plein d’anecdotes relatives à la vie intime de Kiyomori. […] Dans ce petit livre, chaque personnage, dont on rapporte un acte de la vie, a son nom imprimé près de la représentation de cette action. […] Et des épilepsies d’ivrognes et des désarticulations d’acrobates : des anatomies admirables de vie vivante.

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