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330. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

. —  Son stoïcisme et sa vertu. —  Sa vieillesse, ses occupations, sa personne. […] Concorde, douceur, liberté, piété, il voit sortir du culte nouveau tout un essaim de vertus. […] Milton les décrit, et tout à la fois, il les imite ; il fait comprendre ce mot de Platon son maître, que les mélodies vertueuses enseignent la vertu. […] Voilà de la vertu et de la morale anglaises, et chaque famille, le soir, pourra la lire en guise de Bible à ses enfants. […] Si l’on ne craignait le paradoxe, on dirait qu’ils sont une école de vertu.

331. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Paul Fort est né malin, et c’est sa seule vertu. […] La vertu, selon lui, sans doute, et je le pense également, la vertu suppose le génie ; l’immoralité au contraire témoigne d’une complète mesquinerie et d’une stérilité certaine. […] La vertu, ne l’oublions pas, suppose le génie. — (Décidément, M.  […] Malheur à lui, s’il n’a pas dans son cœur les vertus du triomphateur. […] Nous vanterons donc les vertus de l’Homme.

332. (1774) Correspondance générale

Le malfaisant est un homme qu’il faut détruire et non punir ; la bienfaisance est une bonne fortune, et non une vertu. […] Ils étaient d’un homme chargé par état, et digne par ses talents, de prêcher la vertu à ses semblables. […] L’âme de l’homme est-elle donc une caverne obscure que la vertu partage avec les furies ? […] Vous n’avez pas encore, comme Miltiade, battu sur mer et sur terre le grand monarque de l’Asie ; vous n’avez ni les vertus guerrières, ni les vertus civiles de Cimon. […] Si vous ne pouvez pas, après vous être endetté cinquante fois pour le vice, endettez-vous une fois pour la vertu.

333. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

» Pendant ces négociations, la calomnie, à Rome et à Paris, poursuivait l’animosité par les mêmes moyens, la flétrissure des mœurs de madame Guyon, afin de faire rejaillir cette flétrissure, non-seulement sur la doctrine, mais sur la vertu de l’archevêque de Cambrai. […] Rome hésitait, le pape Innocent XII dissimulait mal sa conviction secrète de l’innocence de Fénelon, de la pureté de ses mœurs, du charme de ses vertus. […] Elle y mourut, de longues années après, dans une renommée de piété et de vertu qui ne se démentit jamais et qui justifie l’estime de Fénelon. […] Cet élève était devenu la perspective de la France ; elle attendait son règne comme celui de la vertu et de la félicité publique. […] Or ce prince, ces vertus, ces saintetés, ces espérances montrées et perdues, c’était Fénelon qui les avait faites !

334. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

L’auteur supprime en idée tout ce qui est du caractère et du génie particulier aux diverses races, aux diverses nations ; il tend à niveler dans une médiocrité universelle les facultés supérieures et ce qu’on appelle les dons de nature ; il se réjouit du jour futur où il n’y aura plus lieu aux grandes vertus, aux actes d’héroïsme, où tout cela sera devenu inutile par suite de l’élévation graduelle du niveau commun. […] Turgot ne s’en tient pas, en fait de morale, à une pure impression mobile de sensibilité physique, il a des principes plus fixes : « Je suis en morale, dit-il d’une manière charmante, grand ennemi de l’indifférence et grand ami de l’indulgence, dont j’ai souvent autant besoin qu’un autre. » Condorcet, dans son besoin d’activité et de propagation extérieure, paraît croire qu’on ne peut éviter certains vices peu dangereux sans risquer de perdre de plus grandes vertus : « En général, les gens scrupuleux, pense-t-il, ne sont pas propres aux grandes choses. » Turgot ici l’arrête tout court ; il semble deviner l’homme de parti et de propagande qui perce déjà, et il lui dit : « La morale roule encore plus sur les devoirs que sur les vertus actives… Tous les devoirs sont d’accord entre eux. Aucune vertu, dans quelque sens qu’on prenne ce mot, ne dispense de la justice. […] Jusqu’en 89, Condorcet n’avait donc rien fait qui démentît positivement ce titre de l’homme de l’ancienne chevalerie et de l’ancienne vertu dont l’avait un jour qualifié Voltaire, en osant le mettre au-dessus de Pascal.

335. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Ce n’est point seulement l’aversion que j’ai pour la polémique, qui m’en tiendrait éloigné, c’est l’idée très haute que je me suis formée des talents et des vertus qu’il faut pour l’enseignement de la jeunesse. […] Il professe, il ensevelit ses leçons, sa parole, toutes ses facultés, dans ces jeunes âmes en qui il aspire à revivre et à faire revivre les semences de la science et de la vertu. […] C’est le cœur qui parle au cœur ; on sent une secrète satisfaction d’entendre parler la vertu : c’est l’abeille de la France. » On ose à peine trouver excessive cette royale louange, née d’un si noble sentiment. […] La modestie pourtant, quand elle est innée et invétérée dans le tempérament même, quand elle augmente (loin de s’aguerrir) et qu’elle s’attendrit d’autant plus avec l’expérience et avec l’âge, n’est plus seulement une vertu morale et chrétienne, c’est le signe ou l’indice naturel d’une limite sentie. […] qui ne jetterait un cri de douleur en la voyant ainsi dépouillée de grâces, de vertus, et même de ces nobles traits de la physionomie qui semblaient héréditaires !

336. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVI. Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion. » pp. 346-352

Nicole est non-seulement propre aux Philosophes ; il est encore très-utile aux Chrétiens qui veulent faire des progrès dans la vertu. […] Les Œuvres spirituelles de Fénelon, sont le fruit d’une belle ame & d’un cœur sensible qui aime & qui fait aimer la vertu ; mais il y a une petite teinture de quiétisme, qui pourroit produire de mauvais effets sur les esprits foibles.

337. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

il y a de quoi douter de la vertu. […] Un amour bien entendu de soi-même qui produit la vertu, est-ce donc quelque chose de méprisable ? […] Ce qu’il nomme égoïsme, nous l’appellerons quelquefois vertu ; car voici une définition de la vertu qui est assez belle et qui me suffit : « La vertu est le sacrifice d’un intérêt immédiat et passager à l’intérêt supérieur et durable de l’être moral qui est en nous28. » Vauvenargues donna un jour une autre définition de la vertu. « Le mot de vertu, dit-il, emporte l’idée de quelque chose d’estimable à l’égard de toute la terre… La préférence de l’intérêt général au personnel est la seule définition qui soit digne de la vertu et qui doive en fixer l’idée. […] Il n’y a point de sentiment plus dangereux pour la vertu que le mépris de soi-même.

338. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Quiconque est sans principes, est nécessairement sans goût, sans sagesse & sans vertu. […] La différence de ces siècles au nôtre, c’est que la fidélité, la franchise & la discrétion étoient le partage des amans, & que depuis, ces vertus ont disparu, & même cédé la place aux vices opposés. […] dont le but est d’attaquer des vérités consacrées à jamais, & d’ôter à l’humanité ses sentimens, à l’ame ses vertus, son espérance & ses consolations, à l’esprit son calme & sa gaïeté, aux mœurs leur pureté, leur candeur & leur frein ! […] Quelles vertus nous inspireront-ils ? […] L’amour des Lettres, le mérite & les talens ne sont pas moins héréditaires dans cette illustre Maison, que la vertu, l’honneur & la probité.

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