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1426. (1864) Études sur Shakespeare

On se demande si le système dramatique de Shakespeare ne vaut pas mieux que celui de Voltaire. […] C’est ainsi qu’en France le siècle de Richelieu et de Louis XIV connut et posséda cette portion de liberté qui nous a valu une littérature et un théâtre. […] Aubrey ne l’attribue qu’au désir de trouver à Londres quelque occasion de faire valoir ses talents. […] Dans cet état de la propriété dramatique, la part qu’en pouvait réclamer l’amour-propre du poëte était comptée pour bien peu de chose ; le succès dont il avait aliéné les fruits ne lui appartenait plus, et le mérite littéraire d’un ouvrage devenait, entre les mains des comédiens, un bien qu’ils faisaient valoir par toutes les améliorations qu’ils y savaient apporter. […] Les traits qu’on en cite ne valent plus aujourd’hui la peine d’être recueillis.

1427. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Rien ne vaut mieux, pour se donner dès l’abord la mesure de son génie, que de voir avec quelle facilité il se rattache à son siècle, et comment il s’en détache aussi ; combien il s’y adapte exactement, et combien il en ressort avec grandeur. […] Ces deux amusants chefs-d’œuvre ne furent séparés que par la légère mais ingénieuse comédie-impromptu des Fâcheux, faite, apprise et représentée en quinze jours pour les fêtes de Vaux. […] Chauvelin sur le sujet qui nous occupe vaut mieux, comme pensée, que les trois quarts de ses odes. […] Molière disait du grand Corneille : « Il a un lutin qui vient de temps en temps lui souffler d’excellents vers, et qui ensuite le laisse là en disant : Voyons comme il s’en tirera quand il sera seul ; et il ne fait rien qui vaille, et le lutin s’en amuse. » N’est-ce pas dans ce même sens, et non dans celui qu’a supposé Voltaire, que Richelieu reprochait à Corneille de n’avoir pas l’esprit de suite ?

1428. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

L’éducation naturelle vaut l’assouplissement intellectuel. […] La noblesse de son attitude, enfin, lui valut, sinon le respect, la précieuse indifférence de la roture de lettres. […] Ce que pense un bouvier, un roi, ne vaut pas que l’on s’y attarde. […] Soudain le poète, épris de vagabondage, s’évade aux paysages belges, et ces aventures si terribles pour l’existence du poète, nous vaudront les Romances sans paroles.

1429. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Nous doutons qu’une définition métaphysique valût cette condensation poétique d’idées et de sentiments ? […] L’enthousiasme est une chose sans prix, et si, dans tout enthousiasme humain, il y a toujours une part destinée à se flétrir, il y a aussi, plus qu’en tout le reste, une part de force vive impérissable : ce qui est chaud reste toujours jeune, et, quoique la flamme vacille, nul objet au monde ne vaut une flamme. […] La toile d’ortie vaut la toile de chanvre… C’est du reste un excellent foin qu’on faucher peut deux fois. […] bien, ce qui dégoûtait cette femme est aujourd’hui de l’histoire, et cette histoire-là en vaut bien une autre.

1430. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Si nous en valons la peine, on nous nomme, on nous caractérise en deux mots, et voilà la page de notre vie dans un siècle. » Dans les temps d’orage, au contraire, « dans ces drames désordonnés et sanglants qui se remuent à la chute ou à la régénération des empires, quand l’ordre ancien s’est écroulé et que l’ordre nouveau n’est pas encore enfanté, dans ces sublimes et affreux interrègnes de la raison et du droit,… tout change ; la scène est envahie, les hommes ne sont plus des acteurs, ils sont des hommes… Tout a son règne, son influence, son jour ; l’un tombe, parce qu’il porte l’autre ; nul n’est à sa place, ou du moins nul n’y demeure ; le même homme, soulevé par l’instabilité du flot populaire, aborde tour à tour les situations les plus diverses, les emplois les plus opposés ; la fortune se joue des talents comme des caractères ; il faut des harangues pour la place publique, des plans pour le Conseil, des hymnes pour les triomphes… On cherche un homme !

1431. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

qui n’éprouve pas, en effet, qu’il vaut mieux descendre dans la tombe avec des affections qui font regretter la vie, que si l’isolement du cœur nous avait d’avance frappés de mort ?

1432. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Un chapitre long d’une coudée , a dit le divin Sterne, et ailleurs : cela ne vaut pas un liard rogné 140.

1433. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

En 1788790, le maréchal de Vaux, devant le soulèvement du Dauphiné, écrit au ministre « qu’il est impossible de compter sur les troupes », et, quatre mois après l’ouverture des États Généraux, seize mille déserteurs, rôdant autour de Paris, conduiront les émeutes au lieu de les réprimer791.

1434. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Le Dictionnaire académique vaut pour Racine : il est trop pauvre pour Molière et pour La Fontaine, qui ont besoin de signes moins éloignés et moins dépouillés des sensations naturelles.

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