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1965. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il manque de certaines délicatesses, il manque un peu de sensibilité véritable, de tact, de goût, et tout cela concorde. […] Lamartine a une des têtes les plus admirablement inspirées qu’on puisse imaginer ; Victor Hugo avait de la beauté, de la noblesse dans les traits ; Alfred de Vigny avait quelque chose de délicat, de fin ; Musset était séduisant ; Théophile Gautier avait une véritable beauté plastique ; François Coppée, une tête de médaille ; Sully Prudhomme, un charme de grâce, de rêverie. […] Le véritable Paris, c’est le Paris qui se cache à ceux qui ne font que le traverser ; c’est, si vous le voulez, le Paris des quartiers déserts, c’est le Paris des quartiers lointains, c’est le Paris des quartiers pauvres.

1966. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Les muscles avaient été tous fortifiés et assouplis ; on n’en avait point négligé ; les diverses parties du corps se faisaient équilibre ; l’arrière-bras, si maigre aujourd’hui, les omoplates mal garnies et droites, s’étaient remplies et faisaient un pendant proportionné aux hanches et aux cuisses ; les maîtres, en véritables artistes, exerçaient le corps pour lui donner non-seulement la vigueur, la résistance et la vitesse, mais encore la symétrie et l’élégance. […] On a songé à la vérité avant de songer à l’imitation ; on s’est intéressé aux corps véritables avant de s’intéresser aux corps simulés ; on s’est occupé à former un chœur avant de sculpter un chœur. […] Ils portaient le voile jusqu’à l’Erechtheion, le plus auguste de leurs temples, véritable reliquaire où l’on gardait le palladium tombé du ciel, le tombeau de Cécrops et l’olivier sacré, père de tous les autres.

1967. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Je viens d’avoir, à ce sujet, une longue conversation avec X… ; nous sommes convenus ensemble que c’était là la véritable humilité… » La suite de la correspondance entretenue avec cette même amie, et dont j’ai sous les yeux de nombreux extraits, fournirait bien des pensées semblables qu’on ne s’attendrait nullement à voir exprimées sous sa plume.

1968. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Sans être remarquable par le style et sans en avoir un qui soit proprement à lui, il n’est pas incapable, dans ses écrits, de certains mouvements touchants et d’une véritable éloquence.

1969. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il y aurait, si l’on voulait être complet, à ne point séparer, en Du Bellay à Rome, le poète latin du poète français : car, poète latin, il l’a été aussi à sa manière alors, et avec une véritable distinction.

1970. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ce ne devait pas être là encore la passion sérieuse, véritable, longtemps retardée, qui saisit enfin l’âme puissante de Mme Roland, et à laquelle elle fait allusion en deux endroits de ses Mémoires, lorsqu’elle parle des bonnes raisons qui, vers le 31 mai, la poussaient au départ pour la campagne, et lorsque, saluant l’empire de la philosophie qui succédait chez elle au sentiment religieux, elle ajoute que ces sauvegardes ininterrompues semblaient devoir la préserver à jamais de l’orage des passions, dont pourtant, avec la vigueur d’un athlète, elle sauve à peine l’âge mûr !

1971. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

» Ce fut une singulière destinée de Diderot, et bien explicable d’ailleurs par son exaltation naïve et contagieuse, d’avoir éprouvé ou inspiré dans sa vie des sentiments si disproportionnés avec le mérite véritable des personnes.

1972. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

On se plaint souvent que la littérature actuelle ne soit pas plus forte, plus élevée, plus semblable à celle des siècles précédents, des grandes époques précédentes : je ne sais ce que ces plaintes ont de fondé ; nous sommes trop juge et partie peur avoir voix au chapitre dans la question ; mais, en admettant le fondé du reproche, comment voulez-vous que la littérature, la véritable, celle qui a son inspiration propre, celle qui n’est animée ni du désir du gain ni de l’ambition des honneurs, mais qui a sa verve naturelle, originale, son goût de fantaisie ou de vérité, et d’une vérité piquante et parfois satirique (car ce ne sont pas les sujets qui manquent), comment voulez-vous que cette littérature qui sacrifie tout à elle-même, à sa propre satisfaction, au plaisir de rendre avec art, avec relief, et le plus excellemment possible ce qu’elle pense, ce qu’elle voit et dans le jour sous lequel elle le voit, comment voulez-vous qu’elle ait toute sa vigueur, sa joie, sa fierté et son indépendance, si, à tout moment, l’écrivain qui tient la plume a à se faire cette question : « Aurai-je affaire ou non à messieurs du parquet, à messieurs de la police correctionnelle ? 

1973. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

On pourrait s’étonner que les romantiques l’aient traité si mal, eux qui étaient poètes et artistes ; mais il faut songer que tous les pseudo-classiques qui s’abritaient derrière Racine, leur en faisaient méconnaître le véritable caractère.

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