Cet art enseignoit donc le grand usage qu’on peut faire de la mesure et du mouvement. […] Les romains qui emploïoient souvent les termes grecs en parlant de musique, en sçavoient certainement l’étimologie et ce que pouvoit changer dans la signification propre de ces termes un usage autorisé. Or saint Augustin dit positivement qu’il étoit en usage de son temps, de donner le nom de rithme à tout ce qui regloit la durée dans l’execution des compositions. […] Saint Augustin rend en quelque sorte raison de cet usage, en disant que tout ce qu’un musicien doit faire est presque renfermé sous le terme de modulation. […] Voila pourquoi la plûpart des auteurs grecs et latins qui ont écrit sur la musique, traitent fort au long de la quantité des sillabes, des pieds et des figures du vers ; ainsi que de l’usage qu’on en peut faire, pour donner plus d’agrément et plus d’expression au discours.
L’usage les reléguoit au sein de leurs maisons ; mais ce n’étoit point la jalousie qui avoit dicté cet usage, c’étoit la politique. […] Les premiers Romains, presque aussi austeres dans leurs usages que les anciens Spartiates, furent comme eux gouvernés par leurs femmes. […] Les Barbares, qui inonderent les différentes provinces de l’Empire, y porterent leurs usages, leurs productions, leur génie. […] Elle sera ornée de tous les accessoires que l’usage autorise ; usage que je trouve établi, & que je crois enfin devoir suivre, par la même raison qui oblige d’en suivre tant d’autres. […] N’exposez aux regards que ce que l’usage permet d’y exposer, & ne craignez point de multiplier les portraits.
Ce qui distingue le langage des femmes du grand monde et de la cour, du langage commun, c’est moins l’usage de certains tours, de certaines formes et de certaines expressions réputées nobles et élégantes, que l’ignorance parfaite des paroles et des locutions grossières, qui ont pris naissance dans le peuple. […] Quoi qu’il en soit, la vanité de la haute bourgeoisie qui veut toujours ressembler à la cour, finit par imiter à la longue sa réserve dans l’usage de la parole, son ignorance des locutions liasses, ainsi que ses actions et ses manières. […] Il se défendit par la nature de son ouvrage ; mais il avoua que ces mots dont on lui reprochait l’usage, étaient justement bannis de la conversation, et il souscrivit à leur réprobation. […] C’est qu’il venait de se faire un changement dans la langue, c’est que l’usage de la bonne compagnie en avait récemment banni nombre de mots et de locutions auxquelles il avait fait donner un nom distinctif qui en marquât la réprobation.
Dans les titres qui sont à la tête des comedies de Terence, on voit avec le nom de l’auteur du poëme et le nom du chef de la troupe de comediens qui les avoit representées, le nom de celui qui en avoit fait la déclamation, en latin : qui fecerat modos. j’ai deja prevenu le lecteur sur l’usage qu’on faisoit ordinairement de ce terme. […] On n’aura point de peine à concevoir comment les anciens venoient à bout de composer la déclamation, même celle des comédies, quand on fera refléxion que dans leur musique les progressions se faisoient par des intervalles moindres encore que les intervalles les plus petits qui soient en usage dans la nôtre. […] Ciceron, après avoir parlé de l’usage que les pythagoriciens faisoient de la musique dans leur régime, pour ainsi dire, et après avoir dit que Numa le second roi des romains, tenoit de l’école de Pythagore plusieurs usages qu’il avoit introduits dans son petit état, cite comme une preuve de ce qu’il venoit d’avancer la coutume de chanter à table les loüanges des grands hommes avec un accompagnement d’instrumens à vent. […] J’ai demandé à plusieurs musiciens s’il seroit bien difficile d’inventer des caracteres avec lesquels on pût écrire en notes la déclamation en usage sur notre théatre.
La connoissance profonde qu’il avoit des auteurs Grecs & Latins, & l’usage qu’il en faisoit pour extraire les beautés originales & les faire passer dans notre langue, lui ont fait imaginer qu’il falloit tenir la même route. […] Et, quant au mauvais françois, au stile même barbare qu’un jeune homme se fait dans les collèges, ce langage s’épure ensuite par l’usage du monde & par la bonne compagnie. […] Ce travail l’a mis plus à portée que tout autre de juger de l’abus qu’on fait souvent des droits réels de l’usage. […] On ne feroit que conserver le tour, le goût & les usages de la langue, consignés dans les grands modèles. […] De nouveaux usages, de nouvelles modes, &c. exigent de nouveaux mots.
Le château de Blet n’a pas été habité depuis 1748 ; aussi presque tous les meubles sont pourris et hors d’usage ; ils valaient 7 612 livres en 1748 ; ils ne sont plus estimés qu’à 1 000 livres. « Le moulin à eau occasionne presque autant de dépense qu’il produit de revenu. » — « On ne connaît point l’usage de la chaux pour l’engrais des terres labourables », et pourtant « dans le pays la chaux est à vil prix ». […] La terre de Blet, suivant l’usage du pays pour les terres nobles, est évaluée au denier 25, c’est-à-dire 373 060 livres, dont il faut défalquer un capital de 65 056 livres représentant les charges annuelles (portion congrue du cure, réparations, etc.), non comprises les charges personnelles comme les vingtièmes. […] La terre des Brosses est, suivant l’usage du pays, évaluée au denier 22, car elle cesse d’être noble par le transport des droits de fief et justice à celle de Blet. […] Le gruyer du seigneur juge de toutes les affaires concernant les eaux et forêts, usages, délits, pêche et chasse. […] Les vassaux n’ont sur les communaux qu’un droit d’usage. « La presque totalité des fonds sur lesquels ils usent du droit de pâturage appartiennent en propriété aux seigneurs, fors ce droit d’usage dont ils sont grevés ; encore n’est-il accordé qu’à quelques particuliers. » 26° Droits sur les fiefs mouvants de la baronnie de Blet.
Mais les anciens leur apprirent du moins la valeur de la technique, et leur inspirèrent la passion de perfectionner l’instrument que la langue et l’usage mettaient à leur disposition. […] Il fallait jeter bien des mots dans la langue ; les meilleurs resteraient, élus par l’usage ; une sorte de concurrence et de sélection naturelle déblaierait le vocabulaire peu à peu. […] 3° « Use de mots purement français », disait Du Bellay, et il ne permettait qu’un usage très modéré et habilement exceptionnel de « vocables non vulgaires ». […] D’abord il conseille de « remettre en usage les antiques vocables ». […] Ronsard a très bien reconnu deux choses : 1° qu’il fallait innover avec prudence et choix ; 2° qu’à l’usage seul appartiendrait d’autoriser les innovations, et d’en faire des acquisitions définitives de la langue.
Elle était riche, faisait un bon et aimable usage de ses richesses, du bien à ses amis, et surtout aux malheureux. […] Elle fut très considérable à ses origines et dans les premiers temps de son institution : le monde et la littérature, malgré quelques révoltes çà et là, reconnurent en elle la régulatrice de la langue et du bel usage, et même un tribunal souverain du goût. […] Il est d’usage de vivre longtemps, à l’Académie ; c’est là une habitude qui ne s’est pas perdue, et qui, jointe à tant d’autres avantages, ne laisse pas d’avoir son prix. […] Elle avait prêté ses manuscrits à des amis qui furent indiscrets, selon l’usage. […] La conclusion littéraire sur Mme de Lambert, sur cette personne de mérite, si délicate à la fois et si bien-pensante, et qui fit de ses qualités et de sa fortune un si noble usage, a été donnée dès longtemps par un de ses autres amis que j’ai déjà nommé, le judicieux marquis d’Argenson : Ses ouvrages, écrivait-il, contiennent un cours complet de la morale la plus parfaite à l’usage du monde et du temps présent.
Or nous ne pouvons pas reconnoître aussi facilement la nature quand elle paroît revêtuë de moeurs, de manieres, d’usages et d’habits étrangers, que lorsqu’elle est mise, pour ainsi dire, à notre façon. Les bienséances d’Espagne, par exemple, ne nous étant pas aussi connuës que celles de France, nous ne sommes pas choquez du ridicule de celui qui les blesse, comme nous le serions si ce personnage blessoit les bienséances en usage dans notre patrie et dans notre tems. […] Or les hommes de tous les païs et de tous les siecles sont plus semblables les uns aux autres dans les grands vices et dans les grandes vertus, qu’ils ne le sont dans les coûtumes, dans les usages ordinaires, en un mot dans les vices et les vertus que la comedie veut copier. […] Nous voïons par l’avanture qui arriva aux funerailles de Vespasien, où Suetone nous dit que suivant l’usage on joüoit le caractere du défunt dans une piece de mimes, qu’il y avoit de ces pieces dans les moeurs romaines.