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274. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

— que le suicide universel, — pour faire suite au suffrage universel : charmante liaison d’idées ! […] À une époque où les dernières Philosophies sont des outrages insensés à l’intelligence humaine, si cette intelligence humaine n’était pas profondément et abjectement dégradée, — et dégradée au point d’admettre ces Philosophies ou au moins de les discuter, — Saint-Bonnet a grande chance, avec son livre de la Douleur autant qu’avec ses autres livres, de rester sans aucune influence sur le monde et de continuer autant que jamais, dans l’indifférence universelle, cette belle Harmonie de Lamartine : Le Génie dans l’obscurité.

275. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Et d’autant que dans son livre il y a une théorie, la seule chose nettement formulée dans ce livre composé d’un peut-être universel, et qui m’inquiète à juste titre sur la probité de l’auteur, — j’entends sa probité d’historien et de philosophe. […] Le Jésus de Renan, ce Jésus romantique, rêveur, paysagiste, exquise personne, âme suave, ennemi de toute religion, qui ne veut que la pureté du cœur, ce Jésus qui est un blasphème vivant contre Notre-Seigneur Jésus-Christ, une insulte hypocrite et profonde à la foi du plus grand nombre des Français encore par ce temps respecté de suffrage universel, a été trouvé généralement charmant, comme dit Renan lui-même. […] Infaillible, permanente et universelle, prolongement de l’Incarnation et deux fois Rédemptrice, car elle sauve les âmes et dix fois elle a sauvé l’Humanité civilisée de la Barbarie, l’Église est encore plus étonnante pour le simple historien que pour le mystique, seul pouvoir qu’on ait jamais vu donner des résultats aussi fulgurants que celui-ci : sur dix-neuf siècles et deux cent cinquante-cinq papes, il n’y en a que dix qui furent accusés de mauvaises mœurs, et que trois sur les dix contre qui l’accusation est convaincante.

276. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

En réalité l’unification sociale est loin d’être un fait universel. […] * ** La rareté des sociétés unifiées est dès lors manifeste : États et nations sont loin d’être des phénomènes aussi universels que les sociétés mêmes. […] Et peut-être le succès de cette notion, qui avait pris « la consistance et la chaleur d’une passion politique », s’explique-t-il par le spectacle de la centralisation croissante au milieu de laquelle on vivait. — Ainsi l’unification des sociétés aurait en elle de quoi incliner les esprits vers ce rationalisme, épris des idées générales et des règles universelles, qui conduit à l’égalitarisme.

277. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Il est curieux de suivre cet essor des lettres et de la philosophie, par lequel elles semblent usurper un empire universel. […] On voulut arrêter cet examen universel, qu’on prenait pour un prétexte à tout attaquer. […] C’était le doute complet, universel, la suppression de la vérité et de la certitude. […] Voltaire avait essayé les sciences exactes pour être universel. […] Cependant ce mouvement universel présentait au premier aperçu un assez beau spectacle.

278. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

L’ensemble de nos efforts a produit une civilisation qui, par conséquent, peut servir de législation universelle. » Qui peut, c’est le premier terme. […] On barricada les villes, les villages, les routes, sans qu’il ait jamais été possible de savoir quel prétexte déterminait ce subit sursaut d’effroi universel. […] Nous parlions du service universel auquel Renan se montrait, ce jour-là, fort opposé. […] Parlez-leur du « Grand soir », d’un universel abatis d’où procédera inévitablement une universelle renaissance, celui-ci par millénarisme, celui-là par haine, accepteront cet évangile de démolition, tout en ignorant complètement sur quel plan rebâtir la maison rasée et à quel prix. […] Une décadence inévitable suivrait, et l’universel malheur.

279. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 176-177

L’amour des Sciences, heureusement uni au goût des Lettres, a fait de cet Académicien un Savant presque universel & un habile Ecrivain.

280. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Le système est la perfection successive et indéfinie de l’esprit humain ; et cependant elle se plaint à chaque page des progrès de la corruption universelle ! […] L’abondance y était universelle, etc. etc. […] Alors les ruines d’un monastère, qu’avaient illustré le nom de Pascal et les vertus de quelques filles pieuses, excitaient un attendrissement universel. […] Le Grec ne porte qu’une idée politique et locale, où l’Hébreu attache un sentiment moral et universel. […] Il y vante trop seulement les poètes anglais ; mais c’était à cette époque la manie universelle.

281. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

La morale ne peut pas être universelle. […] C’est l’idée, sourde encore, d’égalité qui a inspiré aux anciens philosophes cette idée de la morale universelle et uniforme. […] Nous avons éliminé la conscience universelle… c’est cela même qui nous a procuré un grand soulagement. […] On croit facilement la morale universelle parce que l’on voit que tous les hommes en ont une, ce que je tiens pour exact. […] Elle dit : « Il y a une morale générale et universelle (car elle le croit).

282. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Dans l’étreinte universelle, nous voulons rajeunir notre individu. […] Jamais ils n’ont frissonné de panthéistique adoration, aux heures insexuées et brouillées des crépuscules, lorsque toutes les formes semblent se fondre et toutes les âmes s’unir pour un cantique suprême d’incomparable amour universel. […] Le langage le plus expressif, le plus bel en pathétique, c’est le parler universel. […] Mais ce qu’il faut y considérer, c’est l’illustration, en des pages palpitantes, d’une phase déterminée dans l’histoire de la tribu humaine, d’un événement social, décisif et contemporain : l’abandon général et quasi universel des campagnes, pour les cités factices et monstrueuses. […] Cette théorie universelle et frémissante, comme un tressaillement du vieux Pan, aura, en morale et en sociologie, d’importantes et prochaines conséquences.

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