/ 1946
1224. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Mais c’est pour n’avoir pas défini avec rigueur les termes employés, c’est pour ne s’être pas suffisamment habitué à voir dans la relativité une réciprocité, c’est pour n’avoir pas eu constamment présent à l’esprit le rapport de la relativité radicale à la relativité atténuée et pour ne pas s’être prémuni contre une confusion entre elles, enfin c’est pour n’avoir pas serré de près le passage du physique au mathématique qu’on s’est trompé si gravement sur le sens philosophique des considérations de temps dans la théorie de la Relativité.

1225. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

On dira peut-être que ce sont là plutôt des vertus d’un cénobite que d’un prince ; on se trompe ; on ne pense point assez combien, dans celui qui gouverne, cette vie austère retranche de passions, de besoins, combien elle ajoute au temps, combien elle laisse au peuple, combien elle diminue les moyens de corruption et de faiblesse, combien, par l’habitude de se vaincre, elle élève l’âme.

1226. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Voilà ce qui a trompé les Égyptiens sur leur antiquité.

1227. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Quand je me trompe, elle ne perd point sa droiture. […] Mais alors nous nous trompons, nous bégayons, nous ne nous entendons pas nous-mêmes. Nous craignons même de voir que nous nous sommes trompés, et nous fermons l’oreille de peur d’être humiliés par ses corrections. […] Voilà pourquoi l’admiration est déjà par elle-même si bienfaisante, se trompât-elle dans son objet. […] De s’être trompé.

1228. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Le comte de Maistre ne s’y trompe pas, et Robespierre ne lui impose pas du haut de tant d’échafauds. […] Il ne se trompe pas plus sur le dénoûment de la lutte que sur le caractère de la lutte. […] L’empereur ne s’y trompa pas, et se sentit atteint par ces coups frappés d’une main gantée de velours. […] Je traite rarement ce sujet avec vous ; mais ne t’y trompe pas, chère Constance, non plus que tes compagnes, c’est la suite d’un système que je me suis fait : à quoi bon vous attrister sans raison et sans profit ? […] Il produisait une espèce d’illusion d’optique éminemment propre à tromper les esprits dans l’histoire comme dans la politique.

1229. (1895) Hommes et livres

Cette distinction, si je ne me trompe, a une réelle importance en matière d’histoire littéraire ; une question capitale de méthode y est engagée. […] Faguet, dans sa pénétrante étude sur La Tragédie au xvie  siècle, ne s’est pas trompé. […] Et il nous dénonce bien le sens profond des unités, quand il pose ce principe : l’essentiel, c’est de tromper l’auditeur. […] À Madrid, le boucher vend de la charogne ; l’épicier met de l’eau dans son huile ; les marchands trompent sur le poids. […] Pourquoi ne verrais-je pas Gil Blas avocat, ou Gil Blas soldat, ou Gil Blas joueur, Gil Blas mari trompé, et pour finir Gil Blas moine, prédicateur, évêque ?

1230. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Et pourtant on se trompe quand on s’imagine obtenir la fin du conflit et la solution du problème par l’identification pure et simple du fond et de la forme. […] Hors de la foi à l’immortalité individuelle des âmes12, tout homme réellement vivant que l’idée de la mort n’épouvante pas, ment ou se trompe lui-même ; et c’est ainsi que mentent ou se trompent les écrivains qui feignent de n’avoir aucun souci de leur vie à venir. […] Ceux-ci courent le risque formidable de ne pas tromper l’Éternel, qui rira des calculs grossiers de leur stérile égoïsme, et, pardonnant peut-être au bon épicurien, aura parfaitement le courage de les damner. […] Il peut arriver aussi que la présence ou l’absence d’un certain talent d’expression trompe l’historien littéraire sur l’importance relative des auteurs. […] Gœthe ne s’est pas connu lui-même parfaitement, puisqu’il s’est notoirement trompé en préférant à ses productions littéraires certains travaux scientifiques de sa façon, qui n’étaient même pas les meilleurs119.

1231. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Ne nous y trompons pas cependant. […] « Je ne veux plus de désirs, dit-il ; ils ne me trompent point. […] Cependant, qu’on ne s’y trompe pas. […] Un premier amour trompé lui suggère la pensée du suicide, mais un vieux pistolet emprunté pour ce funeste usage trahit son dessein ; Élie rentre donc dans le monde ; mais il y rentre découragé. […] Planche, dans une étude sur Mme Sand, a traduit Lélia par cette formule : « l’incrédulité du cœur née de l’amour trompé. » Il me semble qu’il a négligé le côté dominant de la physionomie de Lélia pour s’attacher à un détail secondaire.

1232. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il a voulu connaître les rêves et les subterfuges par où l’humanité a essayé de tromper son ennui ou de voiler sa misère, les tentatives que les hommes ont faites pour définir l’infini et pour exprimer l’ineffable. […] C’est pourquoi j’oserai confesser, en me frappant la poitrine, ce qui, dans ce livre, m’inquiète, rassuré d’avance par la quasi-certitude où je suis de me tromper. […] Qu’il crève donc de faim et de froid, ce peuple facile à tromper, qui va bientôt se mettre à massacrer ses vrais amis ! […] Si je ne me trompe, il y a, dans l’âme de M.  […] Un système comme celui de Kant ou de Hegel ne diffère pas essentiellement de ces réussites par lesquelles les femmes trompent, avec des cartes, l’ennui de vivre.

/ 1946