Les déserts ont pris sous notre culte un caractère plus triste, plus grave, plus sublime ; le dôme des forêts s’est exhaussé ; les fleuves ont brisé leurs petites urnes, pour ne plus verser que les eaux de l’abîme du sommet des montagnes : le vrai Dieu, en rentrant dans ses œuvres, a donné son immensité à la nature.
Les Latins, ainsi que les Grecs, employaient la répétition des sons dans les peintures pastorales, et dans les harmonies tristes.
Telle fut la triste et mémorable occasion qui fit connaître au jeune Étienne celui qui, deux ans après, devait l’admettre au nombre de ses élèves. […] La plaintive MALVINA, touchant sur sa harpe des airs douloureux et adressant un regard triste et plein de larmes au barde aveugle qui n’en jouira pas, vous a-t-elle jamais intéressé à ses malheurs ? […] Si, parmi tant de souvenirs, on en rappelle quelques-uns avec plaisir, combien d’autres demeurent tristes et sombres dans la mémoire ! […] Aussi, après la chute de Robespierre, lorsque David, jeté en prison, eut achevé son triste rêve, revint-il de toutes les illusions qu’il s’était faites sur la politique et même sur son art. […] Girodet va nous faire connaître les détails de cette triste affaire, et les dangers que ses camarades et lui-même ont courus.
Gilles, veuf pour la seconde fois, ne se remaria pas, et l’enfant grandit dans un triste logis, sans mère, le père absent, aux mains d’une servante grondeuse et rude. […] S’il s’était à peu près retiré du inonde, il ne menait pas triste vie dans sa maison d’Auteuil, qu’il avait achetée en 1685 et qu’il posséda vingt ans. […] Il est même un peu trop philosophe sur les malheurs publics, dans la triste année 1709 : il laisse là bien vite « la joie et la misère publiques » qui sont l’affaire du roi, pour venir à ce qui l’intéresse, à ses œuvres.
C’est, dit-elle, la peinture des maladies de l’imagination dans notre siècle ; et la cause de ces maladies, elle la trouve dans ces pensées qui nous assiègent, et qui ne peuvent se changer en actes, c’est-à-dire dans le contraste de notre développement intellectuel et sentimental, à nous autres modernes, avec la triste vie à laquelle nous condamne la constitution actuelle de la société. […] Que tu es grand, ô Byron, mais que tu es triste ! […] Les ouvrages remarquables qui appartiennent à cette poésie triste, malade, si l’on veut, mais prophétique, se sont tellement accumulés, qu’à l’exception des trois ou quatre œuvres d’un caractère différent dont nous avons expliqué la cause génératrice, tout le fond de la littérature européenne est teint de cette couleur.
C’est sans doute lorsqu’on vint le tenter d’en donner une édition complète, qu’effrayé de cet éclat, il fit ces vers, en manière de préface, pour cette édition qu’il ne devait pas voir : Si j’eusse osé penser qu’en ce temps-ci De tant d’esprits illustres eclairci On eust daigné recueillir et escrire Les tristes plaints de l’amoureux souci Que je faisois pour implorer merci De celle-là dont je n’eus que martire : J’eusse tâché de plus près à les dire D’un stile tel, qu’aucun les eust pu lire En patience et peut-estre en plaisir. […] Les Regrets, espèces de Tristes composées à Rome durant le séjour que Du Bellay y fit avec le cardinal son parent, ont paru ennuyeux même à l’historien ingénieux et peut-être prévenu de la poésie de ce temps85. […] J’en voy qui ont changé de couleur et de teint, Hideux en barbe longue et en visage feint, Qui sont, plus que devant, tristes, mornes et pâles, Comme Oreste agité de fureurs infernales ; Mais je n’en ai point vu qui soient, d’audacieux Plus humbles devenus, plus doulx ni gracieux ; De paillards, continents de menteurs, véritables D’effrontez vergogneurs de cruels charitables De larrons, aumosniers ; et pas un n’a changé Le vice dont il fut auparavant chargé.
Elle nous suivait d’un regard étrange, tantôt doux et triste, tantôt dur et presque féroce. […] Je le vois encore (il venait souvent chez nous à Tréguier), sérieux, grave, un peu triste, car il était presque seul de son espèce. […] À la pudeur exquise que respirait tout son extérieur se joignait un air triste, résigné, discret.
Mêlée par instants aux bruits de la tempête, s’exhale une clameur puissante et triste, une clameur qui est à la fois un sanglot et un appel. […] Mais qu’est-ce donc que cette chanson joyeuse qui nargue la triste clameur et rit de l’ouragan ? […] Toujours la triste mer sous le ciel implacable.
L’infinité de l’espace est presque conçue comme réelle en ces vers : Il vit l’infini porche horrible et reculant Où l’éclair, quand il entre, expire triste et lent. […] Que l’on prenne Napoléon II, le sultan Zimzizimi, dans les Contemplations, Claire, et ce chef-d’œuvre Pleurs dans la nuit ; ces pièces énormes, tristes de la farouche ironie des prophètes juifs, tintant le glas de toutes les grandeurs mortelles, donneront la mesure extrême d’une forme grandiose, et d’une idée banale, d’un thème adventice, pris n’importe où, laissé tel quel, sans addition originale, mais mis en splendides images, développé en impérieuses redites, violemment heurté par le choc des antithèses, déployé en larges rhythmes, manié et remanié par une élocution prodigieuse. […] Que l’on relise une pièce comme Dieu est toujours là ; on y verra exposés avec la plus irritante certitude, ces aphorismes ; l’été est chaud, le pauvre humble, l’orphelin doux et triste, les chaumières fleuries, le riche charitable, les enfants « innocents, pauvres et petits ».