Biot n’a eu, pour le tracer, qu’à se souvenir de sa propre vie, et à proposer pour idéal un exemplaire dont tous ceux qui le connaissent savaient déjà bien des traits. […] En retraçant avec cette netteté vigoureuse qui est le cachet de sa parole les traits du caractère scientifique de M.
Ce qui reste d’une conversation spirituelle et facile qui nous a intéressés, quelques traits fugitifs comme elle, le plaisir d’y avoir assisté, et l’embarras de la reproduire. […] pour le partage de la Pologne, l’impératrice n’en a pas l’honneur ; car je puis dire qu’il est mon ouvrage. » Et il se mit là-dessus à raconter comment lui était venue un matin cette heureuse idée de s’agrandir sans perdre de sang ni d’argent, comment il l’avait communiquée à Catherine, qui en fut frappée ainsi que d’un trait de lumière, et plus tard à son frère qui l’embrassa en le remerciant, et qu’aussitôt après cette officieuse confidence les négociations avaient commencé.
S’il a aussi quelques traits de notre immortel Misanthrope, faut-il s’en étonner ? […] Jules Lemaître La reprise du Lion amoureux (au théâtre de l’Odéon) nous a montré, une fois de plus, que l’honnête Ponsard, tant raillé, est un bon et solide auteur dramatique, un de ceux qui parlent le mieux aux plus honorables instincts de la foule, un de ceux qui savent, le plus habilement et le plus naïvement à la fois, lui enseigner l’histoire simplifiée, lui donner les plus nobles et les plus claires leçons de vertu, lui développer les plus beaux traits de « morale en action », et la renvoyer, après un dénouement heureux, satisfaite, tranquille et toute pleine de bons sentiments dont elle se sait gré.
« Toutefois, il avait soixante-trois manières d’en trouver tousjours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larrecin furtivement faict ; malfaisant, pipeur, buveur, batteur de pavez, ribleur s’il en étoit à Paris ; au demeurant le meilleur fils du monde et toujours machinoit quelque chose contre les sergeants et contre le guet. » Et après ce portrait sommaire, viennent à la débandade, les mille aventures drolatiques où ce véritable héros de Rabelais se dessine à gros traits, menant à Paris le train bouffon de l’écolier de l’époque, puis partant pour les pays de la fable contre le roi des Dipsodes, puis s’embarrassant dans cette épineuse question du mariage, et parcourant pour s’amuser dans son dessein tout l’archipel d’îles peuplées à souhait des innombrables êtres allégoriques dont Rabelais tenait à rire ; en somme la plus durable et la plus humaine des caricatures énormes qui s’étalent dans le bréviaire des « beuveurs très illustres et et vérolez très prétieux ». […] Panurge rassemble quelques-uns des traits les plus permanents et les plus rarement retracés de l’ancien caractère français.
Il paraît bien dur de blâmer la chauve-souris de s’être tirée d’affaire par un trait d’esprit et d’habileté, qui même ne fait point de mal à son ennemie la belette ; mais La Fontaine a tort d’en tirer la conclusion qu’il en tire. […] Un trait que La Fontaine raconte en quatre vers, lui donne lieu de causer avec son lecteur, mais pour le jeter dans des questions métaphysiques auxquelles il n’entendait pas grand’chose.
Pourquoi ce sombre aspect, ces traits défigurés, Ces blessures sans nombre, et ces flancs déchirés ? […] Le dernier trait du tableau mêle la double poésie du songe et de la vision ; en emportant dans ses bras la statue de Vesta et le feu sacré, on croit voir le spectre emporter Troie de la terre.
Un trait, si je ne me trompe, mais un trait caractéristique, à savoir la conviction profonde que c’est aux simples que Dieu parle et se communique. […] Il est en effet bien peu de ses sermons où l’on ne rencontre quelques traits de ce genre. […] Relevons encore un trait. […] Toute l’histoire du journaliste est comme en raccourci dans ce trait. […] Et ne vient-il pas bien ajouter le dernier trait à la tartuferie de Diderot ?
En prononçant, avec les ménagements convenables, ces noms toujours un peu suspects et malsonnants, que ce nous soit une occasion d’ajouter qu’un des traits les plus marquants de l’esprit de Mlle de Meulan à ses débuts et dans les feuilletons du Publiciste où nous allons la voir, ç’a été de n’avoir aucune pruderie fausse, aucune délicatesse rechignée. […] Dans cet essai trop peu connu, il serait possible de noter quelque trait qui se rapprocherait du genre de Mlle de Meulan, celui-ci, par exemple, que « l’esprit est comme ces instruments qui surchargent et fatiguent la main qui les porte sans en faire usage. » Mais, en général, la méthode est distincte et même opposée. […] Le mordant se fait jour encore par places, par points, comme quand il s’agit de l’oncle de Revey, qui, en se mettant à son whist, prétend qu’on est toujours élevé ; mais le fond est en entier sérieux, ce qui n’empêche pas la finesse de bien des traits de s’y détacher. […] Je n’avais pu supporter le finale de Roméo et Juliette ; celui de l’Agnese seul m’a fait pleurer sans me déchirer le cœur. » Est-ce par l’effet d’un choix sympathique et de quelque prédilection, qu’elle se donna, vers la fin, à traiter ce sujet d’Héloïse et d’Abeilard, où la passion traverse et pénètre l’austérité, où l’abbesse savante, qui a des soupirs de Sapho, les exprime souvent en des traits de Sénèque ? […] Mme Guizot aimait à raconter que quand, jeune fille, elle essaya ce premier roman, elle s’étudia, pour qu’il réussît, à imiter certains traits de l’esprit du temps, quelques-uns même dont son innocence parfaite soupçonnait au plus la valeur.
Il décrit ce houe, dont on lui a montré un trait : ab ungue leonem. […] Combien ici la plainte est pénétrante, la raillerie amère, le trait mordant, l’impression troublante ! […] Plus d’un trait de l’Excusatio (Éloge de Louis XIII et Richelieu) a été reporté dans l’Excuse à Ariste. […] Et l’on reconnaît là l’humeur plaisante, ironique et légère, qui est le trait distinctif de ce charmant esprit. […] Si l’on mesure tout l’effet qu’elle produit à une simple lecture, cette spirituelle conférence a pu effaroucher par quelques traits, elle a dû enchanter, définitivement, l’intelligent auditoire.