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808. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre III. Suite du précédent. — Seconde cause : les anciens ont épuisé tous les genres d’histoire, hors le genre chrétien. »

Tacite, Machiavel et Montesquieu ont formé une école dangereuse, en introduisant ces mots ambitieux, ces phrases sèches, ces tours prompts qui, sous une apparence de brièveté, touchent à l’obscur et au mauvais goût.

809. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

La couleur et la touche de Loutherbourg sont fortes ; mais, il faut l’avouer, elles n’ont ni la facilité, ni toute la vérité de celles de Vernet.

810. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Et vous ne songez pas que ces arbres doivent être touchés fortement, qu’il y a une certaine poésie à les imaginer selon la nature du sujet, sveltes et élégans, ou brisés, rompus, gercés, caducs, hideux ; qu’ici pressés et touffus, il faut que la masse en soit grande et belle ; que là rares et séparés, il faut que l’air et la lumière circulent entre leurs branches et leurs troncs ; que cette terrasse veut être chaudement peinte ; que ces eaux imitant la limpidité des eaux naturelles, doivent me montrer comme dans une glace l’image affaiblie de la scène environnante ; que la lumière doit trembler à leur surface ; qu’elles doivent écumer et blanchir à la rencontre des obstacles ; qu’il faut savoir rendre cette écume ; donner aux montagnes un aspect imposant ; les entr’ouvrir, en suspendre la cime ruineuse au-dessus de ma tête, y creuser des cavernes, les dépouiller dans cet endroit, dans cet autre les revêtir de mousse, hérisser leur sommet d’arbustes, y pratiquer des inégalités poétiques ; me rappeller par elles les ravages du temps, l’instabilité des choses, et la vétusté du monde ; que l’effet de vos lumières doit être piquant ; que les campagnes non bornées doivent, en se dégradant, s’étendre jusqu’où l’horizon confine avec le ciel, et l’horizon s’enfoncer à une distance infinie ; que les campagnes bornées ont aussi leur magie ; que les ruines doivent être solennelles, les fabriques déceler une imagination pittoresque et féconde ; les figures intéresser, les animaux être vrais ; et que chacune de ces choses n’est rien, si l’ensemble n’est enchanteur ; si composé de plusieurs sites épars et charmans dans la nature, il ne m’offre une vue romanesque telle qu’il y en a peut-être une possible sur la terre.

811. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

D’ailleurs je ne sais pas si vous faites trop bien de toucher cette corde-là. […] Celui-ci en a été touché, et le premier m’a dit qu’on n’imaginait point ces traits-là sans génie. […] Fréron se dispensera toutefois de publier : on ne touche pas de la sorte à M.  […] Grimm aussi se sentit comme touché d’une attaque personnelle par les réfutations dirigées contre le chevalier Zanobi. […] par où confine-t-il au langage de la sculpture, et par où touche-t-il au langage de la littérature ?

812. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

L’une, Sophie, est une vieille fille qui, un instant, ne saura pas si la tendresse de Virquot l’ingénieur ne l’a aucunement touchée. […] Il réunira autour de son erreur enchantée un troupeau de fidèles que touche son éloquence et que tourmente son prestige. […] Maeterlinck est touché de la précaution qu’ils mettent dans leurs expériences. […] Mais, pour ce qui est du texte évangélique, nous demeurons touchés de la frivole exégèse renanienne. […] Il ne me touche guère.

813. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Je suis pourtant plus touché de l’hémistiche qui précède : …. très peu voluptueux. […] Quel auteur n’est tout d’abord touché par la mode et enlevé quelque temps à sa propre nature ? […] Mais qui nous dit que Molière n’ait pas été touché des bonnes raisons de son ami, et que si les aparté, devenus de plus en plus rares dans son théâtre, disparurent tout à fait de ses chefs-d’œuvre, on ne le doive pas à La Fontaine ? […] Si l’humeur satirique s’y fait voir encore, ce n’est plus contre les poètes vaincus, mais contre les gens d’église, touchés d’une main légère qui effleure les personnes et n’atteint pas les choses. […] Les quatre premiers chants du Lutrin ont été écrits de 1672 à 1674, et les deux derniers de 1681 à 1683, quand l’auteur touchait à cinquante ans.

814. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Elle touche à toutes les autres ; elle les excite, elle les envoie au combat. […] J’ai éprouvé, en étudiant cette toile peinte avec une touche large et simple comme le sujet, ce je ne sais quoi que jettent dans l’âme certains Lesueur et les meilleurs Philippe de Champagne, ceux qui expriment les habitudes monastiques. […] L’école en question, dont le principal caractère (à mes yeux) est un perpétuel agacement, touche à la fois au proverbe, au rébus et au vieux-neuf. […] Ici, mon cher ami, je suis obligé, je le crains fort de toucher à une de vos admirations. […] Mais un démon cruel a touché le cerveau de M. 

815. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Considérez comme Virgile sait varier soudain la forme de deux incidents qui se touchent de si près. […] L’indignation de Pyrrhus, attaqué dans ce qui le touche le plus, dans sa gloire et dans son orgueil à la fois, rend plus excusable l’atrocité de sa vengeance. […] Est-ce avec les yeux du corps, touchés des seuls attributs physiques qu’il saisira, qu’il verra l’idéal des objets incréés ? […] D’autres chants jettent la semence du dramatique intérêt qui va toucher les cœurs émus à l’aspect de l’innocence des deux premières créatures humaines. […] « Il touche au doux rivage, à ces vallons si beaux « Où du roi Latinus paissent les grands troupeaux.

816. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Je viens de la relire après quarante ans : je ne sais rien de plus vif, de plus léger, de plus juste dans la touche et dans le dessin. […] « Je préfère de lui, à ses discours d’ouverture, les articles Edda, Voluspa, Hava-Mal, Rig ; au moins ici nous touchons à des textes. […] Il touchait au but, il était près du retour lorsqu’il paya cet excès d’exaltation et de travail par une maladie qui faillit être mortelle. […] Ce qui est aussi mon avis… » Il me faut pourtant toucher à un point délicat. […] Cette politique-là est comme la vertu des vierges, d’autant plus pudique qu’on n’y touche pas et qu’on ne l’éprouve jamais.

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