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450. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Un jour, je vis, debout au bord des flots mouvants (1859) »

Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants, Passer, gonflant ses voiles, Un rapide navire enveloppé de vents, De vagues et d’étoiles ; Et j’entendis, penché sur l’abîme des cieux, Que l’autre abîme touche, Me parler à l’oreille une voix dont mes yeux Ne voyaient pas la bouche : — Poëte, tu fais bien !

451. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il invente peu, mais il marque ce qu’il touche d’une empreinte ineffaçable. […] La chimie explique l’amour ; la cuisine touche à la politique ; la musique ou l’épicerie sont parentes de la philosophie. […] Pour le peuple en masse, à la vérité, il peut servir ; car dans les séditions, il touche à la couronne des rois, même à leur tête. […] Tout cela ne remuait que l’esprit et les nerfs ; c’était le cœur qu’il fallait toucher. Il fallait toucher un nouveau ressort d’action, le même que dans l’Inde, et, de même que dans l’Inde, la morale fit volte-face.

452. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

A propos d’une phrase de l’auteur de Malvina, de Mme Cottin, qui semblait dénier à son sexe la faculté d’écrire aucun ouvrage philosophique, le critique rappelait l’ouvrage récent de Mme de Staël sur la Littérature, et en prenait occasion d’y louer plus d’un passage, de relever plus d’un censeur, et de toucher à son tour quelques points avec une réserve sentie. […] Une certaine passion, comme chez Helvétius, du bonheur universel, une croyance animée au vrai et un zèle de le produire (qui n’était pas encore venu à Mlle de Meulan), émeuvent cette lente analyse, circulent en ces pages abstraites, y mêlent en maint endroit la sensibilité et une sorte d’éloquence qui touche d’autant mieux qu’elle est plus contenue. […] Il faut sans doute qu’un poëte soit sensible, je ne sais s’il est bon qu’il soit touché. » Et elle continue, réfutant ou interprétant le vers de Boileau sur l’élégie. […] En fait de bonheur et de malheur, ma vie a été si pleine, si vive, que je ne puis, sans que la main me tremble, toucher à quelqu’une de ses profondeurs. […] Mlle de Meulan, comme plusieurs écrivains français distingués, ne tenait à l’antiquité que par une tournure d’esprit latine ; elle confinait un peu à Sénèque, c’est-à-dire qu’elle touchait l’antiquité par les plus vraiment modernes des anciens.

453. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Suite XLVII Les citations de la poésie allemande révèlent sa prédilection pour les sujets graves, tendres ou pieux, les seuls véritablement poétiques, parce qu’ils touchent à l’infini par la pensée, par le sentiment ou par la religion, cet infini du cœur. […] Dans le cercle étroit qu’elle parcourt, son activité lui semble vaine, et sa science du délire ; un désir invincible la presse de s’élancer vers des régions élevées dans des sphères plus libres ; elle croit qu’au terme de sa carrière un rideau va se lever pour lui découvrir des scènes de lumière : mais quand la mort touche son corps périssable, elle jette un regard en arrière vers les plaisirs terrestres et vers ses compagnes mortelles. […] Si tu es un homme, mon désespoir te touchera. […] Elle plane en philosophe, en moraliste, en citoyen, en homme d’État, sur tous les ouvrages qu’elle analyse ; et comme un créateur, elle complète tout ce qu’elle touche. […] Fille d’un ministre dont elle respira en naissant la popularité, favorite d’une nation qui flattait en elle son père, élevée sur les genoux des grands, des philosophes, des poëtes, habituée à entendre les premiers balbutiements de sa pensée applaudis comme des oracles de talent ; mêlée, sans en être trop rudoyée, au commencement d’une révolution qui grandit tout ce qu’elle touche, ses apôtres comme ses victimes ; abritée de la hache pendant les proscriptions par le toit paternel, au sein d’une nature poétique, écrivant dans le silence de cette opulente retraite des ouvrages politiques ou littéraires égaux aux plus beaux monuments de son siècle ; ne subissant qu’un peu les inconvénients de trop de gloire, en butte à une de ces persécutions modérées qui méritent à peine le nom de disgrâce, et qui donnent à celle qui les subit la grâce de la victoire sans les rigueurs de l’adversité ; vengée par l’Europe, de son ennemi, qu’elle a la consolation de voir tomber et de plaindre, remplissant le monde de son bruit, et mourant encore aimée dans son triomphe et dans son amour.

454. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cette préoccupation des choses wagnériennes est enfin devenue générale : la masse du public s’intéresse aujourd’hui à tout ce qui touche les œuvres de Wagner : cela est évident par les journaux. […] Comment n’être pas touché de tant de prévenances et comment y résister ? […] Tristan et Iseult, quel opéra d’étude pour un docteur en médecine spécialisé dans le traitement des maladies mentales et de tout ce qui touche à la grande névrose ! […] Richard Wagner pour un Gluck et pour un Eschyle que de ne connaître ni Eschyle ni Gluck, ce qui parfois s’est vu, même chez de puissants monarques … Au fond, tout ce rabâchage d’une personnalité ivre d’elle-même nous touche médiocrement, n’était pourtant une phrase trop bouffonne pour ne pas être relevée. […] Un peu d’autodérision ne fait pas de mal à la revue : « Tristan, quel opéra d’étude pour un docteur en médecine spécialisée, dans le traitement des maladies mentales et de tout ce qui touche à la névrose ».

455. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Esprits chauds, à ce qu’il semblait autrefois, âmes qui furent sans doute chrétiennes, ils n’ont pu toucher impunément à ces cuisines, et voilà comme ils ont fait leur Madame Gervaisais ! […] Les hommes qui l’ont écrit avaient trempé la fine extrémité de leurs doigts, faits pour toucher à de plus nobles choses, dans ce réalisme dont nous voyons les œuvres dernières. […] En effet, ni Rome ni Byzance n’ont eu, dans leurs littératures, un homme de talent quelconque — un Goncourt — qui ait fait un roman avec les cochers bleus et verts du Cirque, avec les mimes ou les joueurs de flûte aimés des jeunes Romaines… Mais l’objection ne me touche point. […] C’est que Diderot, tout matérialiste qu’il fût, avait, après tout, une sensibilité d’artiste, et le pathétique de cette destinée d’un artiste écrasé dans son art, de cette âme de clown foudroyée qui tombe de son ciel comme Phaéton, l’aurait touché et tenté. […] L’obligation, pour qui doit toucher à cet être complexe et phénoménal d’une grande comédienne, c’était de la prendre sans rien diminuer de sa complexité.

456. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 273

C'est dommage que ces Discours ne soient pas tous égaux ; il y a une si grande différence entre eux, qu'on auroit peine à croire qu'ils soient de la même main, si la touche de l'Auteur ne s'y faisoit sentir par intervalles.

457. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite, François Ier poète, le Chevalier de Mébé, l’abbé Prévost, Mademoiselle Aïssé, Madame de Krudner, Madame de Staal-Delaunay, Benjamin Constant, M. Rodolphe Topffer, M. de Rémusat, M. Victor Cousin, Charles Labitte. »

Il s’y rapporte par le ton et par les sujets : j’y touche aux Anciens, je m’arrête un instant au seizième siècle, je me complais au dix-septième, et nos contemporains ont aussi leur part.

458. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 192

Sous ce berceau qu’Amour exprès Fit pour toucher quelque inhumaine.

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