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1531. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Pour recueillir les petits faits, pour les ranger et pour n’y plus toucher, les Allemands ont la réputation de n’avoir point au monde leurs pareils. […] Notes pures, qui n’ont pas vibré fortement, qui n’offensaient pas le silence, qui ne l’ont pas interrompu et qui naissaient de lui comme d’un cristal à peine touché. […] Il est scrupuleux et ne touche point au passé sans respect, sans inquiétude et sans émoi. […] Or, quand il publiait les premières pages de L’Empire libéral, Émile Ollivier touchait à sa soixante-dixième année. […] Nulle idée généreuse et qui ne l’ait touché.

1532. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Par là, Monseigneur, vous pourrez juger si mon livre a été si mal reçu et interprété des personnages d’honneur comme de ceux qui vous l’ont envoyé avec persuasion si peu à moi avantageuse… » Du Bellay continue, en se défendant d’avoir voulu en rien toucher à l’honneur de Son Éminence, ce qui serait à lui « non une méchanceté, mais un vrai parricide et sacrilège ». […] Le côté le mieux touché de cette notice me paraît être dans l’exposé des relations du poète et de la reine Marguerite.

1533. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Necker ; quoiqu’il y ait au commencement des tournures ministérielles et un peu de ce pathos qui lui sont assez ordinaires, cependant on y trouve généralement un ton qui ne nous semble pas le sien, et quelquefois une touche de sentiment qu’il n’a jamais su mêler avec son apprêt et ses tortillages. » Cette prévention radicale contre M. […] Chacun y est touché et marqué en quelques lignes ; ils passent tous l’un après l’autre devant nous dans leurs physionomies différentes, et le digne Sers (depuis sénateur), aimable philosophe, habitué aux jouissances honnêtes, mais lent, timide et par là même incapable en révolution ; et Gensonné si faible à l’égard de Dumouriez dans l’affaire de Bonne-Carrère, qui ne sait pas saisir le moment de perdre un homme quand il le faut ; avec trop de formes dans l’esprit et pas assez de résolution dans le caractère ; et l’estimable Guadet, au contraire trop prompt, trop vite prévenu ou dédaigneux, s’étant trompé d’ailleurs sur la capacité de Duranthon qu’il a poussé aux affaires, et ayant à tout jamais compromis son jugement par cette bévue sans excuse ; et Vergniaud qu’elle n’aime décidément pas ; trop épicurien, on le sent, trop voluptueux et paresseux pour cette âme de Cornélie : elle ne se permettrait pas de le juger, dit-elle, mais les temporisations subites de l’insouciant et sublime orateur ne s’expliquent pas pour elle, aussi naturellement que pour nous, en simples caprices et négligences de génie ; mais elle le trouve par trop vain de sa toilette, et se méfie, on ne sait pourquoi, de son regard voilé, qui pourtant s’éclairait si bien dans la magie de la parole.

1534. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Je ne rappellerai que ce couplet d’une ballade, qui gagne à être isolé des couplets suivants ; pris à part, c’est un dizain des plus frais et des plus vifs ; on dirait que le rayon matinal y a touché : Estant seullet auprès d’une fenestre Par ung matin, comme le jour poignoit, Je regarday Aurore, à main senestre, Qui à Phebus le chemyn enseignoit. […] Je lui respond : Toutes tes fleurs périssent Incontinant que yver les vient toucher ; Mais en tout temps de ma Dame florissent Les grans vertuz, que mort ne peult sécher.

1535. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Et puisque j’ai touché aux questions de chiffres, je répéterai ce que les représentants des principaux journaux ont dit devant les commissions qui les ont entendus, ce que M.  […] Au point où j’en suis de ma carrière, cette considération personnelle n’est pas, croyez-le bien, ce qui me touche le plus ; et, pour moi, ce malencontreux article m’est surtout odieux en ce qu’il tend à altérer et à dénaturer le tempérament de la France.

1536. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« Comme l’extrême naïveté touche à l’extrême coquetterie, elle lui souriait, tout franchement. […] Mais, malgré l’étrangeté de cette invention du poète, cela touche, parce que cela est bon : ces pauvres enfants de la Thénardier, sans feu, sans pain et sans asile, rappellent ces couvées de petits chiens qu’on voit dans la cage des lions, réchauffés par la gueule du monstre.

1537. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

J’étais touché jusqu’aux larmes de la compassion de ce vieux serviteur partageant son morceau de pain avec le fils déshérité de son maître. […] La somme pour le voyage ne vous manquera pas. » Il me remercia, il fut touché, il partit.

1538. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Ils me parurent très-émus eux-mêmes, et ils se retirèrent en silence comme des hommes dont le cœur avait été trop vivement touché pour qu’ils pussent continuer l’entretien sur le ton léger et futile qu’ils avaient en le commençant. […] Il n’y était pas pour les Américains, peuple qui n’a que la grandeur de l’espace et la philosophie du lucre ; peuple sans ancêtres, pour lequel le passé n’existe pas, peuple brutal qui ne croit qu’à ce qu’il touche ; mais il y était en germe dans l’immensité des œuvres de sa nature, non encore épousée par les hommes nouveaux.

1539. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Un poison inconnu se mêlait à tous mes sentiments… Je suis un pénible songe… Je m’ennuie de la vie ; l’ennui m’a toujours dévoré ; ce qui intéresse les autres hommes ne me touche point… En Europe, en Amérique, la société et la nature m’ont lassé. » Eudore nous révèle encore et toujours la même personnalité, assez délicatement localisée à l’aide des Confessions de saint Augustin, où Chateaubriand trouvait une forme historique appropriée à son âme inquiète : mais à chaque instant la fiction se déchire, et Eudore découvre l’auteur. […] Il écrivit à Napoléon une demande en grâce, en consultant ce qu’il se devait plutôt que ce qui toucherait le juge : il blessa l’empereur, qui jeta la lettre au feu.

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