et les heurts sourds contre la terre du squelette rajeuni, mais l’énergumène n’avait point à vous contempler. […] Son œuvre propre est enfin connue, et un clan d’écrivains campe sur cette terre novale. […] Tellus, terre.
J’entends aussi bien les choses de la vie terre à terre que les plus positifs : pour bien écrire l’histoire du xvie siècle, il ne faut rien moins que de croire au Saint-Esprit. […] Mais la foi religieuse, la hiérarchie, l’unité de la société chrétienne, la prépondérance de la Papauté, le principe même du pouvoir sur la terre, toutes ces choses immenses alors et attaquées pour la première fois, que peut être ceci pour un esprit de ce moment du siècle, qui écrit après la Révolution française et qui l’a à son coude toujours ?
On ne rirait pas de lui, je pense, si l’on pouvait supposer que la fantaisie lui est venue tout à coup de s’asseoir par terre. […] En résumé, quelle que soit la doctrine à laquelle notre raison se rallie, notre imagination a sa philosophie bien arrêtée : dans toute forme humaine elle aperçoit l’effort d’une âme qui façonne la matière, âme infiniment souple, éternellement mobile, soustraite à la pesanteur parce que ce n’est pas la terre qui l’attire. […] Supposons qu’au lieu de participer de la légèreté du principe qui l’anime, le corps ne soit plus à nos yeux qu’une enveloppe lourde et embarrassante, lest importun qui retient à terre une âme impatiente de quitter le sol.
C’est l’étude des reflets de la Lune à la Terre dans l’âme d’un songeur. […] Quelle leçon pour cette Terre, ronde comme un pot-au-feu ! […] La terre arable s’y enchaîne aux dunes sablonneuses, et la plaine continue par la rive mobile de l’Océan. […] Il s’est remémoré la terre natale et l’a démaillotée de l’oubli. […] Heureusement que la sensibilité du poète le conduit, malgré un dessein arrêté de terre à terre, de terre à terre de terroir, à plus d’émotion, et voici dans les Émaux Bressans une pièce qui élève singulièrement le volume, une pièce d’anthologie, au meilleur sens du mot : la Pauvre Lise : c’est rustique, c’est familier, c’est éloquent, c’est sobre, c’est de la beauté simple.
La question est seulement de savoir si c’est le moment d’être drôle, lorsque les âmes enivrées d’héroïsme planent dans l’idéal, et de les précipiter tout à coup du ciel en terre. […] Le pauvre grand poète, craignant de renouveler à ses dépens la fable du Pot de terre contre le Pot de fer, fut bien forcé d’y mettre moins de fierté castillane que de prudence normande. […] Je suis un peu plus de ce monde qu’Héliodore, qui aima mieux perdre son évêché que son livre31 ; et j’aime mieux les bonnes grâces de mon maître que toutes les réputations de la terre. […] Comme nous sommes dans une comédie, quelques aparté du valet Cliton, pendant cette scène de haut vol, piquent çà et là des notes comiques qui nous font toucher terre d’un pied, afin de maintenir l’harmonie générale de la composition. […] Fais périr, ou péris ; préviens, lâche, ou succombe ; Venge toute la terre, ou grossis l’hécatombe !
La petite convenance était de ne point sortir de ma représentation officielle ; mais le grand devoir était de jeter au ciel un cri de protestation que toute la terre entendît. […] Si un écrivain pouvait sortir de l’inspiration de son temps, il serait semblable, comme l’a dit Sainte-Beuve, à « l’antique et fabuleux Antée, qui perd terre » ; mais, s’il ne s’élève pas au-dessus de son temps, la terre où il s’attache le garde et le dévore. […] Une simple raison d’économie, au sens le plus terre à terre du mot, rend suffisamment compte du très petit nombre d’œuvres restées au répertoire. […] Croyez-vous que les hommes qui ont fait du bruit sur la terre sortiront en secret de leurs tombeaux, comme Bossuet s’exprime110, pour entendre ce qu’on dira d’eux ? […] On a dit de Shakespeare qu’il était un monde et qu’il avait en lui « des continents » : donc, des terres incultes, des aspérités, des marais, des landes, des précipices.
L’objection du mal sur la terre le renverse d’un seul coup. […] Hæckel descend à ces considérations terre à terre, à la fois pour rendre aux anciennes religions ce qui leur est dû et pour en montrer les imperfections, il reconnaîtra qu’il est juste qu’on s’y abaisse pour estimer la valeur de la religion nouvelle. […] Et l’on raille le bon Fénelon qui prouvait Dieu en montrant comme la terre, ni trop dure, ni trop molle, était bien faite pour porter l’homme ! […] … Cette terre que vous aviez faite était une matière informe ; elle n’était ni visible ni formée et les ténèbres étaient répandues sur la face de l’abîme. […] Soyons donc chrétiens, même en considération de nos frères inférieurs qui gémissent de nos injustices… Et voilà qui est comprendre les choses en bon sens et en charité un peu terre à terre.
Le ver de terre ne discute pas l’étoile. […] Ainsi s’explique son mépris les biens de ce monde, sa crainte même de posséder des terres ou des maisons. […] Il lui faut, à terre, bon souper, bon gîte et le reste. […] Elles s’en étonnent elles-mêmes. « Mais je suis de la terre, moi ! […] Dumas l’affirme, fait faire un grand pas à l’humanité vers cette terre promise.
L’immobilité de la terre fut pendant si longtemps une évidence que toute évidence est suspecte. […] En général, elles ne qualifient ni les actes, ni les sensations, ni rien d’accidentel ; les piques sont toujours éclatantes ; la terre est nourricière ; les nefs et les chevaux, rapides ; les flèches, amères ; la guerre, lamentable ; le lait est blanc ; les brebis sont blanches ; il y en a de plus vagues ; voici le doux baume, le solide baudrier, le rude combat . […] Le célèbre « gazon émaillé de fleurs » était un cliché au temps de Fénelon, quoique moins usé qu’il n’est devenu ; Richelet, en 1680, cite : L’émail des prés (Godeau) ; l’aurore émaille la terre de rosée (Sarrasin) ; les fleurs de toutes parts émaillent les vallons (Godeau) ; la terre s’émaillait de fleurs (La Suze) ; et je trouve exactement dans la Vie de M. de Renty par Saint-Jure, « gazon esmaillé de fleurs ». […] Surtout la France est, plus que jamais, la terre des poètes. […] Terre-plein n’est rien de plus qu’un mot italien francisé, terrapieno, substantif verbal de terrapienare, remplir de terre ; il faut sans hésiter l’écrire terreplein.