M. de Talleyrand lui répondit aussi cette fois avec plus d’étendue que d’ordinaire, et comme à un ancien ami éloigné, qu’on ne reverra plus et auquel on tient à donner une dernière marque d’attention et de confiance. […] Les étrangers sont admis aux séances de cette Académie, et cette fois il y avait autant de monde que la salle en pouvait tenir ; pas de femmes, mais des personnages d’élite, principalement politiques ; M. […] On devinait là-dessous une protestation indirecte contre toute participation de son fait dans le meurtre du duc d’Enghien, seule accusation en effet qu’eussent à cœur de réfuter la famille et les amis : on ne tient qu’à enlever cette tache de sang ; sur tout le reste on est coulant désormais. […] J’emprunte ceci aux Mémoires du baron de Gagern, qui le tenait de Mme de Dino. […] Thomas Raikes, honnête gentleman, fils d’un riche marchand de la Cité, et qui se trouvait très flatté de vivre dans ce grand monde anglais et français sur le pied de comparse ou figurant, a noté, comme l’aurait fait un Dangeau, avec une minutieuse attention qui tenait autant de la badauderie que de l’exactitude, tout ce qui peut se rapporter à M. de Talleyrand, à Montrond et à leurs entours.
Pourtant, quand une longue habitude l’a tenu courbé, il ne se redresse plus ; cela fournit un autre emblème : . . . . […] En lisant une épigramme de Platon sur Pan qui joue de la flûte, il en remarque le dernier vers où il est question des Nymphes hydriades ; je ne connaissais pas encore ces nymphes, se dit-il ; et on sent qu’il se propose de ne pas s’en tenir là avec elles. […] Tiens, regarde, adieu, pars : ne vois-tu pas le jour ? […] Je tiens de lui une note détaillée sur ce point ; mais je ne pose que l’essentiel, très-peu jaloux de contredire. […] On a là une juste mesure de la verve d’exécution d’André : elle tient le milieu, pour la rapidité, entre la lenteur un peu avare des poëtes sous Louis XIV et le train de Mazeppa d’aujourd’hui.
Elle était sans feu, sans pain, sans eau pour boire, couchée sur du chanvre et des pommes de terre qu’elle tenait là pour les préserver de la gelée. […] Non, ce n’est pas la peine, si ce n’était quelques âmes chères à qui Dieu veut qu’on tienne compagnie dans la vie. […] Au sortir de là, le monde est jugé, on y tient moins. Le pied sur une tombe, on tient moins à la terre. […] Quoique je le regrette, ce n’est pas cela, mais je ne sais quoi qui m’attriste, me tient dans la langueur aujourd’hui.
Quand je revins à moi, je me trouvai toujours couchée dans la poussière du chemin, sur le bord du pont ; mais une jolie contadine, en habit de fête, penchait son gracieux visage sur le mien, me donnait de l’air au front avec son éventail de papier vert tout pailleté d’or, et me faisait respirer, à défaut d’eau de senteur, son gros bouquet de fleurs de limons qu’elle tenait à la main comme une fiancée de la campagne ; elle était tellement belle de visage, de robe, de dentelles et de rubans, monsieur, qu’en rouvrant les yeux je crus que c’était un miracle, que la Madone vivante était descendue de sa niche ou de son paradis pour m’assister, et je fis un signe de croix, comme devant le Saint-Sacrement, quand le prêtre l’élève à la messe et le fait adorer aux chrétiens de la montagne au milieu d’un nuage d’encens, à la lueur du soleil du matin, qui reluit sur le calice. […] Ces autres hommes, jeunes et vieux, et ces femmes qui tiennent des fiasques à la main ou qui jouent au jeu de la morra sur le matelas, sont les parents et les parentes du village de Buon Visi : les oncles, les tantes, les cousins, les cousines de nous autres ; ils viennent avec nous pour nous faire cortège ou pour se réjouir, tout le jour et toute la nuit, avec nous passer le jour de la noce à Lucques chez le bargello (le geôlier, officier de police dans les anciennes villes d’Italie) ; car, voyez-vous, cette belle fiancée, la sposa de mon frère, ce n’est ni plus ni moins que la fille unique du bargello de Lucques. […] C’est l’habitude du pays de Lucques, quand la noce des paysans est riche et la famille respectée, qu’un musicien, soit fifre, soit violon, soit hautbois, soit musette, soit même tambour de basque, se tienne debout sur le devant du char à bœufs et qu’il joue des aubades, ou des marches, ou des tarentelles joyeuses en l’honneur des mariés et des assistants. […] Celui qui tient le bout de la chaîne peut la rendre à son gré lourde ou légère. […] CLXI Je tirai le verrou, je poussai la porte, j’entrai, toute tremblante, dans la petite chambre à voûte basse, éclairée le jour par une large meurtrière, qu’un triple grillage séparait du ciel ; le vent qui sortit de la chambre, quand la porte s’ouvrit, et des chauves-souris, qui battaient leurs ailes aveugles contre les murs, faillirent éteindre la lampe que je tenais dans ma main gauche pour m’éclairer jusqu’au lit.
Je m’en tiendrai, parmi les vivants, à ceux qui, selon les lois de la nature humaine, semblent avoir accompli leur œuvre, et qui depuis longtemps en sont récompensés par l’admiration publique. […] Quant aux jeunes qui sont encore débattus, dont quelques-uns n’ont pas fini de se débattre avec eux-mêmes, l’avenir dira si leur âge viril a tenu les promesses de leur jeunesse et réalisé des espérances que je partage avec les plus prévenus de leurs amis. […] Il est peu de ceux qui meurent qu’il ne tienne pour les premiers coupables de leur mort. […] Sa langue, quoique bien à lui, se tient tout près de celle de ses grands devanciers. […] Elle parle plus volontiers de ses plaisirs que de ses dégoûts ; elle tient plus à nous faire aimer les beautés des livres, qu’à nous rendre trop délicats sur les défauts des écrivains.
Quand je me déciderai à tenir ma promesse et à étudier les agents de publicité, je ne pourrai plus ignorer qu’il existe des gens dénommés critiques dramatiques. […] Écoutez-moi, gendres qui remplacez les critiques comme les zéros tiennent la place des unités. […] Zidler ne s’étonna pas de tenir autant de place que Musset. […] Gebhart est aussi un commerçant souriant ; mais les articles qu’il tient sont d’un catholicisme moins actuel. […] On s’est donné, presque malgré lui, à ce maître qui ne voulait pas de disciples ; qui était fier d’esprit au lieu d’être doux et humble de cœur ; qui, loin de prêcher l’amour aux poses abandonnées, vantait l’individualisme et l’effort de se tenir debout.
Elle manquait ainsi qu’en toute notre Poésie, malgré ses émouvantes phrases humaines à travers le Moi du poète, qui ne put davantage de ses Inspirés tenir une œuvre-une pleine de la volonté pensante et pesante d’une vie. […] Or, l’entière suggestion dont nous parlons, et qui pour les persuasions ou les saillies en vertige de l’Idée, tient au sens idéographique des mots mais en même temps à leur phonétisme, ne peut naître que si la langue est traitée en son origine phonétique retrouvée et arrivant à une Musique des mots : matière, d’identique qualité, de la pensée qui agit et possède. Mais, d’autre part, de notre vers de douze pieds, naturel de tenir sa survie d’être le même ou d’avoir ses équivalents en les métriques des langues les plus lointaines, — les poètes ont démontré que la loi mathématique n’est pas par eux saisie entièrement. […] *** Or, à notre passé poétique, dont allèrent leur devoir, les Poètes : notre gratitude soit de tenter aussi un devoir, tenu modernement. […] D’aucuns ignorent-ils assez le sens phonétique de notre langue dont il est l’une des caractéristiques, qui n’ont même la sensation d’une entreprise attentatoire à son essence, — quand, dans le vers, sans l’élider, ils ne tiennent ni pour élément numérique, ni pour élément musical, l’« e muet ».
Ils ont laissé le dogmatique aux philosophes ; et ils s’en sont tenus à l’imitation, contens de l’avantage de plaire, tandis que les autres aspiroient à l’honneur d’instruire. […] Si les apologistes du poëme épique avoient raison, Homere eût dû tenir le premier rang dans les vûës de Platon ; mais ce philosophe ne trouva dans la poësie qu’un plaisir souvent dangereux ; et il crut que la morale y étoit tellement subordonnée à l’agrément, qu’on n’en pouvoit attendre aucune utilité pour les moeurs. […] En effet, rien n’abrége tant le discours, et ne multiplie tant le sens, qu’une epithéte bien choisie : elle tient lieu presque toujours d’une phrase entiére : elle fait une impression vive et inattenduë ; et outre l’agrément de la briéveté, quelques lecteurs sentent encore, ce qui fait une partie de leur plaisir, la peine et le mérite qu’il y a de s’exprimer aussi heureusement, malgré toute la contrainte des vers. […] Mais qu’on y prenne garde, je me tiens toujours dans de justes bornes : je releve les obligations qu’on a aux anciens, et je me contente d’animer les modernes à une émulation que je crois nécessaire, et sans laquelle le génie refroidi se contenteroit toujours du médiocre. […] Un génie médiocre, formé sur leurs exemples, peut tenir lieu du génie excellent qu’ils ont eu sans autre secours ; et enfin la perfection des ouvrages pourroit être de notre côté, que l’avantage du mérite personnel seroit encore du leur.
À quoi bon et pourquoi, devant les ombres chinoises qui n’ont pas de Séraphin pour les remuer, cet autre Séraphin qui tient la plume de l’historien, après coup, inutilement ; ombre chinoise lui-même ? […] Il dit : J’ai vu clair, et tenez ! […] Lorsque le malade n’en peut plus et ne tient plus à la vie, il tire sa couverture par-dessus sa tête. […] Tout le monde l’a exaltée, jusqu’au vieux Corneille, qui la tenait probablement du cardinal de Richelieu, lequel la tenait, lui, on ne sait nommément de qui, car ç’avait été un savant de Sorbonne que le cardinal de Richelieu, dans sa jeunesse, et M. […] On le croirait, si on ne se tenait, tant ce mathématicien singulier et inattendu sur un tel terrain, a d’imagination et de puissance !