La satire n’est que la contrepartie de ces deux conceptions maîtresses, qui entraînent en effet la dérision de la scolastique et la haine des moines : sur quoi Rabelais se retient d’autant moins qu’il écrit dans le temps de l’indécision du pouvoir royal. […] Désormais le temps des vagues tendances, des complexes poursuites est passé. […] Il y a quelque chose de lui peut-être dans le cinquième livre, qui parut seulement en 1562, à l’époque des polémiques sans mesure, quand déjà les passions s’armaient : mais dans l’ensemble, cette satire âpre, directe, lourde, si peu riante, est d’un autre homme et d’un autre temps. […] Aux mêmes idées se rattache la pédagogie de Rabelais : et par là s’explique qu’il ait si vigoureusement exprimé dans ses programmes encyclopédiques les plus profonds désirs et les plus effrénées espérances de son temps. […] En même temps que Rabelais veut tout connaître, et demande aux sciences encore balbutiantes de son temps l’explication de « tous les faits de nature », il retient soigneusement les formes de toutes choses et tous les accidents joyeux de l’individualité.
Il y a pourtant une chose qu’ils sont de moins en moins avec le temps : ils ne sont plus gais. […] Les gens occupés et ambitieux n’ont pas le temps d’être gais, et ils ont des fils qui leur ressemblent : on a tant d’examens à passer avant l’âge de vingt ans, que cela coupe la veine. […] Sa vie fut pleine de singularités pour son temps ; c’est aux journaux qu’il a laissés qu’on doit d’en connaître les plus curieuses circonstances : il est à regretter que d’autres contemporains ne nous aient rien dit de plus particulier sur son compte, et n’aient pas joint leurs renseignements aux siens. […] Ici, à moins d’être averti qu’il s’agit d’une histoire vraie, on croirait être en pure fiction, comme du temps de Théagène et Chariclée ; c’est la vie qui imite le roman à s’y méprendre. […] Il y montrait la jeunesse du temps telle qu’il l’a peinte d’ailleurs en maint endroit de ses comédies, les hommes brutaux, peu complaisants, avares, négligés, débauchés, ivrognes et joueurs.
C’est une admirable analyse, qui n’a pas eu le temps de trouver sa synthèse. […] C’est en cela surtout qu’il était original et se distinguait des autres esprits de son temps. […] Quant à Montesquieu, le plus grand observateur politique des temps modernes, il n’a vraiment étudié de près que deux grandes formes politiques, la monarchie et le gouvernement mixte. […] Il y a donc, malgré les déviations, les temps perdus, les erreurs passagères, les dépenses inutiles, une résultante favorable au bien public. […] J’ai signalé les dangers qui attendaient une société sur cette voie ; mais je n’ai pas prétendu qu’on ne pût lutter contre ces tendances, découvertes et combattues à temps, qu’on ne pût conjurer ces dangers prévus à l’avance.
Le tems semble avoir pour lui seul des ressources extraordinaires. […] Il y a des choses que le tems a changées. […] Non ; le tems de la révolution est arrivé, elle est commencée depuis quelque tems dans tous les bons esprits ; & un second théâtre la décideroit d’une façon éclatante & victorieuse. […] Oui ; mais l’espèce entiere ne fait pas ce que fait tel individu à l’œil d’aigle : le tems seul lui manque Que ne ferait pas l’homme avec le tems & jusqu’où n’élèveroit-il pas ses travaux ? […] On est en même tems mal-adroit & coupable.
Quelque temps après, les Médicis furent rappelés à Florence. […] Dans ce temps-là, j’achevai un ouvrage d’argent en bas-relief, grand comme la main d’un enfant. […] Vite, vite, donnez-le-moi, me disait-il, en me laissant à peine le temps de parler. […] Mme Chigi me conseilla dans ce temps-là d’avoir une boutique à moi seul. […] me dit-il, il n’est plus temps de dormir ; on vient vous apporter une mauvaise nouvelle
Et c’est pour lui, l’occasion de parler de la partie du Cercle impérial, du temps où on pouvait dire qu’une chaise, pendant une heure, coûtait trente mille francs. […] » Royer-Collard préféra se retirer dans sa maison de famille, une façon de ferme près de Vitry-le-François, exploitée par sa mère, et là il passa tout le temps de la Terreur. […] Et dans ce bâtiment, où il avait pour coucher avec le capitaine, un espace grand comme le canapé où nous sommes assis, il parle de son bien-être moral, tout le temps que dura la traversée. […] Et dans l’évocation de ce voyage, il se soulève de son abattement, ses yeux brillent : c’est le Daudet du bon temps qui a la parole. […] L’opinion de ce Russe, c’est que Tourguéneff n’a de valeur qu’en ces premiers ouvrages, dans les scènes retracées du temps de son adolescence, où il a donné de véritables photographies de son pays.
Balzac, qui ne mourut que quatre ans après, eut tout le temps de voir et de méditer ces œuvres d’un rival et, selon lui, d’un disciple. […] Le reste du temps il eût semblé aussi peiné que peigné, et laborieusement prétentieux. […] Cependant il préparait ses batteries, car il était de ceux à qui il faut du temps pour être malins, ironiques, et pour avoir tout leur esprit. […] Quel inconvénient y avait-il de faire attendre quelque temps un si bel ouvrage ? […] Balzac n’eut pas le temps de voir cette publication des Entretiens ; il était mort dès février 1654.
On assure que l’éditeur hésita quelque temps ; il aurait d’abord songé à d’autres noms. […] Venons, il en est temps, à la seule et vrai marquise ; nous ne parlerons plus que de celle-là désormais. […] Jeune veuve, elle prit un parti courageux : pour assurer l’avenir de son fils et remettre en ordre la fortune que la mort du marquis laissait assez embrouillée, elle se retira à la communauté de la Doctrine ou de l’Instruction chrétienne, rue du Pot-de-Fer, et y demeura tout le temps qu’il fallut pour ses desseins d’économie. […] Née et vivant dans la haute société, elle s’y fit de bonne heure son coin de retraite à elle ; elle ne fut, en aucun temps, mondaine, et dans sa vieillesse, jetant un regard en arrière, elle pouvait dire : « Le temps d’être dans le monde n’est jamais venu pour moi, mais en revanche celui de m’y montrer est absolument passé. » Sérieuse, instruite, ayant du temps à donner à la lecture, Mme de Créqui encore jeune désira voir les littérateurs célèbres de son temps et se former dans leur familiarité. […] Elle était très liée avec d’Alembert ; elle le fut avec Rousseau dès les premiers temps de sa célébrité.
Son Virgile même, dans cette magnifique édition de 1649, si flatteuse à l’œil, et dans la Préface duquel il célébrait « les doctes discours qui découlent comme des fleuves d’or de la bouche de Μ. l’archevêque de Corinthe » (Retz), et faisait des avances louangeuses à tous les grands auteurs du temps, ce Virgile n’eut pas meilleure chance. […] En tête de son Histoire des rois de France (1678), il déclare avoir hésité quelque temps et délibéré s’il mettrait une préface, « dans la crainte que j’ai eue, dit-il, d’avoir été cause en partie de ce qu’on les a blâmées par écrit et de vive voix, sans en excepter aucune ». […] Il n’en est pas moins heureux et amusé le reste du temps. […] L’anecdote s’était conservée dans la famille, mais Jean Rou, qui la tenait de tradition, n’avait jamais eu occasion de voir la petite gravure très vantée, dont très peu d’épreuves avaient été tirées dans le temps. […] Ainsi Marolles ne demandait à Dieu que le temps de compléter sa collection et ses catalogues, mais il savait bien qu’une collection ne se complète jamais.