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647. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

A la suite des chansons en prose, on lisait en un clin d’œil, dans le mince volume, les dix petites pièces intitulées Tableaux, simple jeu d’un crayon gracieux et encore léger, mais où déjà l’on pouvait voir une redite, la même image toujours reprise et caressée, une variante affaiblie d’une situation trop chère, dont l’imagination du poëte ne saura jamais se détacher. […] Au moment de l’apparition du volume, Ginguené, ancien camarade de collége de Parny, mais poussé surtout par son zèle pour la bonne cause, donna dans la Décade jusqu’à trois articles favorables181, analyses détaillées et complaisantes, dans lesquelles il étalait le sujet et préconisait l’œuvre : « L’auteur, disait-il, l’a conçue de manière que les uns (les Dieux) sont aussi ridicules dans leur victoire que les autres dans leur défaite, et qu’il n’y a pas plus à gagner pour les vainqueurs que pour les vaincus. » Après toutes les raisons données de son admiration, le critique finissait par convenir qu’il se trouvait bien par-ci par-là, dans les tableaux, quelques traits « qu’une décence, non pas bégueule, mais philosophique, et que le goût lui-même pouvaient blâmer » ; il n’y voyait qu’un motif de plus pour placer le nouveau poëme à côté de celui de Voltaire, de cet ouvrage, disait Ginguené, « qu’il y a maintenant une véritable tartufferie à ne pas citer au nombre des chefs-d’œuvre de notre langue. » Le succès de la Guerre des Dieux fut tel, que trois éditions authentiques parurent la même année, sans parler de deux ou trois contrefaçons. […] Parny, au reste (et ceci achève le tableau), ne paraît pas s’être douté, sous le Directoire, de l’excès d’orgie d’alentour et de l’énormité du scandale dont lui-même il pouvait dire si présentement : Pars magna… Dans un Hymne pour la Fête de la Jeunesse, qu’il composait pour le printemps de l’an VII, il faisait chanter à de jeunes garçons : Loin de nous les leçons timides, Loin de nous les leçons perfides Et les vils préjugés que la France a vaincus ! […] Je noterai aussi le joli tableau intitulé le Réveil d’une mère ; on s’est étonné que ces jouissances pures d’une épouse vertueuse, ces chastes sourires d’un intérieur de famille aient trouvé, cette fois, dans Parny un témoin qui sût aussi bien les traduire et les exprimer ; mais c’est que les torts de Parny, s’il n’en avait eu que contre la pudeur et s’il ne s’était attaqué directement aux endroits les plus sacrés de la conscience humaine, ne seraient guère que ceux de l’époque qu’il avait traversée dès sa jeunesse. « Il ne faudrait pas trop nous juger sur certaines de nos œuvres, me disait un jour un vieillard survivant, avec un accent que j’entends encore : Monsieur, nous avons été trompés par les mœurs de notre temps. […] Marie-Joseph Chénier, dans ce qu’il dit du poëte en son Tableau de la Littérature, n’est qu’un rapporteur fidèle.

648. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

J’ai pu retarder le tableau du développement de la comédie, comme celui du développement de la tragédie, et pour les mêmes raisons. […] Don Juan, de même ; mais en vertu de son origine, la pièce est construite sur un patron | étranger, elle n’a que l’unité biographique et c’est une chronique découpée en tableaux dramatiques. […] La comédie de Molière nous offre un vaste tableau de la France du xviie  siècle, étonnant de couleur et de vie. […] Il sera facile à tout le monde de distinguer les deux points de vue, et de réduire chaque pièce tantôt à être un tableau de mœurs disparues, tantôt à offrir simplement des types sans date ni existence historique. […] Il contribua — bien malgré lui — à enfoncer dans les esprits une idée fausse, née d’une étude superficielle de son théâtre : l’idée d’une comédie de caractères, sans tableaux de mœurs, au comique noble et contenu, et qui serait la forme supérieure de la comédie.

649. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Loin donc que le siècle, quand on le considère dans ses artistes, paraisse dévoré de tristesse et de spleen, on le dirait au contraire soutenu doucement par la religion du Christ, tandis que ses yeux se promènent avec délices sur les tableaux du passé ou sur les scènes de la nature que ses romanciers sont continuellement occupés à lui peindre, et qu’à ses oreilles résonne la délicieuse et enivrante musique de Rossini. […] Les partisans de la doctrine de l’utile veulent que les artistes ne fassent des poèmes, des statues, des tableaux que pour l’utilité sociale. […] Quel sera mon criterium pour juger un produit de l’art, un tableau, une statue, un poèmed ? […] Walter Scott est un grand artiste qui symbolise admirablement des époques historiques dans des tableaux et des caractères. […] Aussi ces tableaux du passé Walterscottisés, comme on dit, sont-ils la plupart sans vie.

650. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Malgré la splendeur des œuvres que créa sa forte virilité, on trouve au fond de ces tableaux débordants de vie et ruisselants de lumière, les teintes crépusculaires d’un pessimisme assombrissant. […] Le rideau se ferme sur ce tableau. […] Le drame musical parle le langage du chant ; ses personnages sont des Types, présentés dans leur seule essence ; le tout, un tableau idéal, le Mythe universel. […] Avec une scrupuleuse exactitude ont été restituées ces notes telles, précisément, qu’elles furent trouvées ; l’orthographe, les abréviations, les ponctuations du texte original ont été respectées ; et, par les soins de M. le Baron de Wolzogen, un tableau a été joint au volume, indiquant les passages des Œuvres Complètes qui peuvent éclairer ou parfaire l’intelligence de ces fragments. […] L’esquisse s’achève par des notes sommaires sur l’histoire de l’Art et son avenir : Wagner devait développer dans Opéra et Drame, le tableau de cette évolution esthétique, qui, issue de la Danse, va, par les nouvelles formes, successives, de la Musique, de la Poésie, de la Plastique, jusque la rédintégration de ces formes dans le Drame, où est la fusion communiste des égoïsmes artistiques (p. 27 à 45).

651. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Leclerc trace un tableau enchanteur de ces vastes salles où les petits s’amusent, se chamaillent et déjà se cognent comme s’ils étaient grands. […] J’emprunte à l’auteur que je citais tout à l’heure le tableau d’une famille où toutes les femmes s’emploient à des besognes qui étaient jadis l’apanage ou la corvée du sexe masculin. […] Vandal a exposé, dans un tableau qui est en quelque sorte l’autre face de son œuvre, ce qu’ont fait, dans le Levant, nos agents d’autrefois, et ce que doivent faire les fonctionnaires que nous envoyons aux Échelles. […] Arrêtons-nous devant ce tableau imprévu : Arrive un moujik, avec un cheval qu’il veut baigner. […] Ses tableaux d’intérieur, sa description de la maison moscovite depuis la cave jusqu’au grenier, ses croquis familiers, ses esquisses et ses pochades sont des documents précieux et amusants.

652. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mestrallet, Jean-Marie »

Cependant plusieurs pièces déjà sont charmantes, en particulier divers sonnets et pièces fugitives, légers tableaux de tendresse intime, qu’enveloppe un certain vague triste et poétique.

653. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 80-81

Le Public eût joui alors sans danger du fruit de ses talens, & ses tableaux ne ressembleroient pas à ceux des Peintres de nudité, qu’il faut dérober à tous les yeux.

654. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 208-209

Il fut Peintre & Poëte ; mais son Poëme de Arte Graphicâ est moins estimé que ses tableaux, qui, dit-on, approchent de ceux du Titien par le coloris, & de ceux de Carrache par le dessin.

655. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Venevault, Boizot, Bachelier et Francisque Millet » p. 222

Il vit L’Europe savante de Bachelier, son Pacte de famille, ses Alliances de la France, sa Mort d’Abel, tirée du poème de Gesner, et il dit : Voilà un poète de mes amis qui fait faire de bien mauvais tableaux !

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