Horace l’appelait déjà de son temps un « monstre à mille têtes » ; et, depuis Horace, les têtes ont changé, mais en augmentant. […] De là peu de franchise et par conséquent d’éloquence dans leur parole : c’est une voix de tête où la poitrine n’est pour rien. […] Laissez-moi faire : je veux arranger cela. » — « Général, reprit Ducis, en apercevant une bande de canards sauvages qui traversaient un nuage au-dessus de sa tête, vous êtes chasseur : voyez-vous cet essaim d’oiseaux qui fend la nue ?
Renart reconnut bien la bête à cette maladresse : il en secoue deux fois la tête, se lève pour mieux voir, et avise là-haut Tiècelin qui était son compère d’ancienne date, tenant le bon fromage entre ses pieds : Par les saints de Dieu, que vois-je là ? […] Les ordres religieux du temps, les Jacobins et les Franciscains, viennent à l’envi lui demander d’être des leurs et de se mettre à leur tête. […] Les poètes ont fait à ce sujet des pièces de vers en divers sens, et l’on a de Simonide cette épitaphe triomphante des Spartiates : Nous les trois cents, qui avons, ô Sparte notre mère, combattu pour Thyrée contre un pareil nombre d’Argiens, — sans tourner la tête, — là où nous avions marqué le pied, là même nous avons laissé la vie.
Or, dans l’ordre de l’esprit, il met en tête Archimède. […] La gazelle, couchée sur le flanc, levait tristement la tête ; ses beaux yeux (des yeux de gazelle !) […] La seconde statue, qu’il conviendrait peut-être de placer sur un écueil, nous le représenterait après la double carrière fournie, figure visiblement attristée, imposante toujours ; de haute stature ; la tête inclinée et fléchie, et comme à demi foudroyée ; semblant avertir par un geste les savants de ne point donner trop à l’aveugle sur le récif populaire : mais même alors, et de quelque côté qu’on regarde, gravez et faites lire encore sur le piédestal la date mémorable des services rendus.
Barneveld disait de lui, au sortir d’une conférence : « Je m’en vais toujours meilleur de quelque chose quand je parle à cet ambassadeur, et je ne sais ce que nous ferions sans lui. » — Et pour une marque certaine de l’estime auquel il était, nous dit Saumaise, témoin oculaire, c’est qu’il n’y a point de familles honnêtes ni de bonnes maisons en toutes ces provinces, où son portrait en leurs plus belles chambres ne servît d’ornement ; et, pour dire la vérité, cette figure est agréable à voir, car ce front élevé et cette grosse tête a je ne sais quoi de romain qui respire la liberté. […] Sully, lui écrivant dans les derniers mois, n’avait pu s’empêcher de le louer : J’ai toujours fort estimé la vivacité de votre esprit et la solidité de votre jugement, lui disait ce témoin difficile, mais ces dernières actions m’en donnent meilleure opinion que jamais, ayant su vous débarrasser de tant de diversités et opinions différentes qui tombent d’heure à autre dans l’esprit de toutes les parties avec lesquelles vous avez à traiter ; car non seulement il faut concilier deux ou trois partis fort éloignés de désirs et intentions les uns des autres, mais il semble que vous ayez à faire autant de traités qu’il y a de personnes d’autorité de tous bords, y ayant autant d’opinions que de têtes. […] Le président Jeannin, à la tête des finances, était peut-être moins à sa place que dans une négociation ; quelques-uns ont paru en juger ainsi.
Un passage de ce discours en donne la date : à l’occasion des discordes civiles qui éclatent dans Jérusalem assiégée et qui font que ces insensés, en rentrant du combat contre l’ennemi commun, en viennent aux mains les uns avec les autres, Bossuet a un retour sur la patrie : Mais peut-être vous ne remarquez pas que Dieu a laissé tomber les mêmes fléaux sur nos têtes. […] Ces peintures un peu molles et à la d’Aguesseau n’ont pas suffi, on le conçoit, à M. de Lamartine, qui, avec cette seconde vue qui est accordée aux poètes, a su apercevoir distinctement Bossuet jeune, adolescent, Bossuet à l’âge d’Éliacin, avant même qu’il eût abordé la chaire et quand il montait seulement les degrés de l’autel : Il n’avait pas encore neuf ans, nous dit l’auteur de Jocelyn parlant de Bossuet, qu’on lui coupa les cheveux en couronne au sommet de la tête. […] Allez plutôt voir au Louvre son buste par Coysevox : noble tête, beau port, fierté sans jactance, front haut et plein, siège de pensée et de majesté ; la bouche singulièrement agréable en effet, fine, parlante même lorsqu’elle est au repos ; le profil droit et des plus distingués : en tout une expression de feu, d’intelligence et de bonté, la figure la plus digne de l’homme, selon qu’il est fait pour parler à son semblable et pour regarder les cieux.
Thiers, en tête de ce tome xiie , que les circonstances avaient retardé et qui sera suivi rapidement de trois autres, a mis une préface vive, animée, dans laquelle il expose sa manière d’entendre et d’écrire l’histoire, et où il parle aussi de lui-même et des choses présentes avec dignité et convenance. […] Il y a en moi deux hommes distincts, l’homme de tête et l’homme de cœur. […] Si je ne savais combien il aime Raphaël, je ne verrais pas trop ce que vient faire Raphaël en cet endroit : Voulait-il peindre une Vierge, ce beau génie, dit-il, cherchait dans les trésors de son imagination les traits les plus purs qu’il eût rencontrés, les épurait encore, y ajoutait sa grâce propre, qu’il puisait dans son âme, et créait l’une de ces têtes ravissantes qu’on n’oublie plus quand on les a vues.
C’était une nature de guerrier, tout en dehors, tout d’une venue, donnant sa mesure de pied en cap et se dessinant de toute sa hauteur ; capable d’ailleurs de plus d’un emploi, et de négociations comme de batailles ; toujours actif, toujours insatiable, audacieux et fin, aimant les richesses, le faste, avide de grandeur, adorant la gloire ; ne songeant qu’à avancer, et en toute chose à tenir la tête. […] — « C’est, reprit Villars, à ce que, dans le même temps que plusieurs escadrons paraissent se retirer, plusieurs autres s’avancent dans les intervalles, et appuient leur droite au ruisseau dont ils voient que vous prenez la tête, afin que vous les trouviez en bataille. » Le prince de Condé lui dit ; « Jeune homme, qui vous en a tant appris ? […] Après quelques ordres donnés, le prince se mit à la tête des premiers escadrons et tira son épée.
Dans cette quantité d’embarquements, la plupart se font par point d’honneur ou par raison plutôt que par inclination, et de tête bien plus que de cœur. […] Paul Boiteau, qui a prononcé à ce propos, dans quelques vers qu’il a mis en tête du volume, les beaux noms de Grèce et d’Ionie, et qui a l’air de saluer en son auteur un des zélateurs sincères et des fidèles du culte de la beauté. […] Maintenant, tout cela dit, et les torts de trahison et d’indiscrétion étant dès longtemps épuisés, on sait gré involontairement à Bussy (à cette distance) de nous montrer en action tout ce beau monde, nobles gentilshommes et grandes dames, de nous les produire dans un naturel et une originalité de désordre qui fait réfléchir sur le degré de civilisation et d’honnêteté aux différents âges, et qui peut servir à remettre à la raison l’enthousiasme des historiens à tête montée et des faiseurs d’oraisons funèbres.
Un médecin qui le soigna dans cette première maladie augura de la conformation de sa tête et de sa physionomie qu’il ne chasserait pas de race et qu’il était fait pour une vocation plus tranquille. […] Dans un voyage avec la princesse, en passant à Amiens, comme on présentait parmi les reliques le chef de saint Jean-Baptiste à baiser, il s’en approcha après elle et, sur son invitation, fit de même, tout en disant à demi-voix de cette tête du saint : « C’est la cinq ou sixième que j’ai l’honneur de baiser. » Il raconte avec complaisance en ses mémoires ce propos dont il est tout fier. […] Avec Marolles, il ne faut rien presser ; il a les facultés visuelles, extérieures, superficielles, très développées ; mais à part les catalogues et les généalogies, rien ne s’enchaîne dans sa tête.