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495. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Surtout il y a de multiples combinaisons de ces mondes divers. […] Ceux qui n’en sont pas et voudraient bien en être et surtout faire croire qu’ils en sont… Enfin M.  […] Rappelez-vous ce qu’il lui dit, et pourquoi elle lui pardonne, et surtout rappelez-vous pourquoi il aime mieux, cette fois, les ténèbres des rideaux fermés. […] Il a le tour d’esprit d’un moraliste et surtout d’un « maximiste » : on tirerait de ses livres toute une collection de maximes et réflexions, dont on ferait un joli manuel du mondain et de l’homme à bonnes fortunes. […] Avec cela, surtout dans les analyses de sentiments, des lenteurs, des nonchalances, et quelquefois la longue phrase un peu traînante, la période fluide qui s’étale dans la Princesse de Clèves et qu’on retrouve encore dans les romans du XVIIIe siècle.

496. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Au fond, il y a de bons et de mauvais romanciers ; et, parmi les bons, il y en a qui expriment surtout le monde extérieur et les sensations, et d’autres qui analysent de préférence les sentiments et les pensées ; et ceux-ci ne sortent pas plus de la réalité que ceux-là. […] Son impuissance est surtout physique. « Il s’énervait, ne voyait plus, n’exécutait plus, en arrivait à une véritable paralysie de la volonté. […] Mais c’est surtout que le métier de son héros permettait à M.  […] Et elle aimait surtout un Vitrail qui représentait saint Georges. […] Et surtout ils convenaient aussi mal que possible à un sujet comme celui du Rêve.

497. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Ce nouveau volume réunit des écrits qui ne sont pas sans intérêt, quelques lettres d’affaires et d’administration, quelques autres spirituelles et de direction, et surtout de charmantes lettres amicales et familières : c’est assez déjà pour retrouver tout Fénelon. […] Ce sentiment d’équité en vue surtout des petits, ce bien du peuple le préoccupe encore visiblement en d’autres endroits ; mais ceci ne nous apprendrait rien de nouveau, et je passe aux autres lettres du Recueil. […] Elle avait de la gravité et de la galanterie, du sérieux et de la gaieté ; elle sentait également le docteur, l’évêque et le grand seigneur, et ce qui y surnageait, ainsi que dans toute sa personne, c’était la finesse, l’esprit, les grâces, la décence, et surtout la noblesse. […] Il y a d’ailleurs, dans l’ensemble des Lettres spirituelles de Fénelon, une certaine variété par laquelle on le voit se proportionner aux personnes, et il devait surtout y avoir de cette variété dans sa conversation. […] Je voudrais obliger tout le genre humain, et surtout les honnêtes gens ; mais il n’y a presque personne à qui je voulusse avoir obligation.

498. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Si bien des choses étaient déjà gâtées à la fin du xviie  siècle et pendant tout le xviiie , le langage du moins y était encore bon, la prose surtout s’y retrouvait excellente quand c’étaient Voltaire et ses proches voisins qui causaient ou qui écrivaient. […] La mission de Voltaire, à ce moment, était de naturaliser en France les idées anglaises, les principes philosophiques qu’il avait puisés dans la lecture de Locke, dans la société de Bolingbroke ; mais surtout, ayant apprécié la solidité et l’immensité de la découverte de Newton, et rougissant de voir la France encore amusée à de vains systèmes, tandis que la pleine lumière régnait ailleurs, il s’attacha à propager la vraie doctrine de la connaissance du monde, à laquelle il mêlait des idées de déisme philosophique. […] Le trait final est aussi le plus perfide et le plus humiliant ; on l’y montre comme s’attachant à tout prix à la célébrité de M. de Voltaire : « C’est lui qui la rend l’objet de l’attention du public et le sujet des conversations particulières ; c’est à lui qu’elle devra de vivre dans les siècles à venir, et, en attendant, elle lui doit ce qui fait vivre dans le siècle présent. » Pour compléter la satire, il faut joindre à ce portrait de Mme du Châtelet, par Mme Du Deffand, les lettres de Mme de Staal (de Launay) à la même Mme Du Deffand, où nous est représentée si au naturel, mais si en laid, l’arrivée de Mme du Châtelet et de Voltaire, un soir chez la duchesse du Maine, au château d’Anet : « Ils apparaissent sur le minuit comme deux spectres, avec une odeur de corps embaumés. » Ils défraient la société par leurs airs et leurs ridicules, ils l’irritent par leurs singularités ; travaillant tout le jour, lui à l’histoire, elle à Newton, ils ne veulent ni jouer, ni se promener : « Ce sont bien des non-valeurs dans une société où leurs doctes écrits ne sont d’aucun rapport. » Mme du Châtelet surtout ne peut trouver un lieu assez recueilli, une chambre assez silencieuse pour ses méditations : Mme du Châtelet est d’hier à son troisième logement, écrit Mme de Staal ; elle ne pouvait plus supporter celui qu’elle avait choisi ; il y avait du bruit, de la fumée sans feu, il me semble que c’est son emblème. […] Elle a l’idée fixe qu’il soit sage là-bas, et ne se permette rien de trop dans ses éditions de Hollande, afin de pouvoir revenir ensuite et de jouir ensemble de la félicité à Cirey : « Surtout qu’il n’y mette pas Le Mondain !  […] Il n’avait que des admirations d’esprit, et était surtout capable d’amitié.

499. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Mais surtout en 1848, M.  […] Ce qui lui manquait surtout, c’était le goût, si l’on entend par goût le choix net et parfait, le dégagement des éléments du beau. […] Quoique les leçons, en général, ne servent à rien, que l’art de la sagesse et surtout celui du bonheur ne s’apprennent pas, ne nous refusons pourtant point le plaisir d’écouter Montaigne, donnons-nous du moins le spectacle de cette sagesse et de ce bonheur en lui ; laissons-le parler des choses publiques, des révolutions et des troubles, et de sa manière de s’y conduire. […] Le peuple surtout, le vrai peuple, celui qui est victime et non pillard, les paysans de ses environs le touchent par la manière dont ils supportent les mêmes maux que lui et pis encore. Cette contagion ou peste qui sévissait alors dans le pays, frappait surtout parmi ces pauvres gens, Montaigne apprend d’eux la résignation et la pratique de la philosophie.

500. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Les mésaventures et les déchirures qui lui survenaient parfois en chemin (et il en eut beaucoup dans sa vie) faisaient la joie et le régal des médisants, surtout de ses confrères les gens de lettres moins bien traités. […] Le compte que rendit de Warwick L’Année littéraire se composait surtout de deux lettres adressées au rédacteur, l’une de Dorat et l’autre d’un anonyme, et l’on ne peut dire que La Harpe n’y reçût point une part d’éloges très suffisante. […] L’ancienne tragédie française (je dis ancienne, parce qu’elle n’existe plus) avait ses règles, ses artifices, ses convenantes, que Racine surtout avait connus et portés à la perfection, et dont il était devenu l’exemplaire accompli La Harpe, après Voltaire, les entendait et les sentait plus que personne, et il est le meilleur guide en effet, du moment qu’on veut entrer dans l’économie même et dans chaque partie de ce genre de composition pathétique et savante. […] Dans le Cours de littérature, c’est le xviiie  siècle surtout qui a été le théâtre et comme l’arène des luttes et des combats de La Harpe lorsqu’il se convertit un jour et qu’il se retourna contre lui-même. […] Mais ses animosités surtout n’avaient fait, ce semble, que changer de direction et de sens, en s’exaspérant.

501. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Or, ce petit écrit, qui n’a pas cent cinquante pages, où il n’est qu’un moraliste et presque un pénitent, où il évite surtout l’air d’historien, a été imprimé en 1822 dans le volume des Mélanges de la Société des bibliophiles : comme ce rare volume n’a guère été tiré qu’à une trentaine d’exemplaires, on ne peut s’étonner que ces petits Mémoires de d’Antin soient si peu connus. C’est sur leur témoignage que je m’appuierai surtout ici. […] Dans son éducation domestique à Bonnefons, le jeune d’Antin n’avait pas manqué d’apprendre par les gens de la maison, surtout par les femmes de chambre, l’aventure de sa mère : Comme elles comptaient que j’en profiterais, dit-il, et, par conséquent, qu’elles en auraient leur part, elles me parlaient toujours, à l’insu de mon père, du roi, de la Cour, des grands biens et fortunes qui m’attendaient. […] Il en voulait au cœur du roi avant tout, il filait à la Cour le parfait amour, et c’est l’endroit aussi par où il est le plus blessé : Un homme sage, dit-il, peut se passer de la fortune, surtout quand il a fait abondamment ce qu’il faut pour la mériter. […] Quoique cette place ne semblât point faite pour honorer un homme de sa condition, il la désirait surtout par le motif de l’accès qu’elle procurait auprès du roi, et de l’assiduité qui était pour d’Antin la vie même.

502. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Cela est surtout vrai lorsqu’on tient à associer le lecteur à ses jugements, et à faire que, par le seul exposé des faits, il en vienne à prononcer comme nous-même. […] Dans toute cette affaire, Beaumarchais avait surtout cédé à la manie du siècle, à ce mouvement de chevalerie errante en faveur du sexe sensible et faible, et des pauvres victimes cloîtrées et opprimées. […] Il avait surtout raison quand il parlait de sa facilité à obliger et de sa bienveillance, lui avait fait tant d’ingrats. […] Mais la paternité l’avait ramené d’instinct et en idée au drame moral et vertueux, et il répétait souvent dans sa vieillesse « que tout homme qui n’est pas né un épouvantable méchant, finit toujours par être bon quand l’âge des passions s’éloigne, et surtout quand il a goûté le bonheur si doux d’être père !  […] Soyons sages ; surtout tenons-nous gais, car ils ne veulent que nous fâcher ; ne leur donnons pas cette joie.

503. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Il était temps que je finisse le mien ; ma vue se trouble le soir, je vois les objets doubles, surtout ceux qui sont élevés ou à l’horizon ; mais ma confiance est en Celui qui a fait la lumière et l’œil. » Il est dans le coup de feu de ses tableaux ; l’enthousiasme le prend lui-même en se relisant, et il jouit le premier des beautés qu’il va introduire : « Il y a eu des moments, s’écrie-t-il, où j’ai entrevu les cieux, éprouvant, à la vérité, dans ce monde, des maux inénarrables. » Il sent qu’il a le charme ; le vieux censeur théologien qu’on lui a donné est séduit lui-même, et n’a pu s’empêcher de dire que c’était divin, délicieux : « Je sais combien il faut rabattre de ces éloges, mais ils me font plaisir. […] Il y avait trop de fleurs, il y avait trop de verdure ; mais le siècle en voulait beaucoup, surtout dans les livres. […] Il s’en prend à la surabondance des bourgeois oisifs dans les villes, à la grande propriété dans les campagnes, à la plaie du concubinage, du célibat, aux tourments des enfants dans les collèges ; le vrai et le faux, pêle-mêle, et surtout le vague, se font sentir dans ces pages trop empreintes et comme noyées d’une sensibilité monotone. […] À propos d’un changement de lune et d’un redoublement de pluie au mois de mai, il lui écrit : « Cette abondance d’eau accélère la pousse des végétaux ; elle est nécessaire à leurs progrès et à leurs besoins : le mois de mai est un enfant qui veut toujours téter. — Je t’embrasse, mes amours, mes délices, mon mois de mai. » Ce mois de mai, qui est un enfant qui veut toujours téter, n’est-il pas la plus gracieuse et la plus parlante image, surtout adressée à une jeune femme, à une jeune mère ? […] Ces deux journaux, favorables à Bernardin de Saint-Pierre, dissimulent son échec du mieux qu’ils peuvent ; mais la conclusion, c’est que ce discours est venu une heure trop tard, et qu’il a paru rempli de réflexions intempestives, « surtout aux approches de l’heure où l’on dîne ».

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