Règle générale, dans toute proposition, les attributs font l’analyse du sujet, et le sujet est la somme des attributs. — Par conséquent, ma conception de la substance n’est qu’un résumé ; elle équivaut à la somme des conceptions composantes, comme un nombre à la somme des unités composantes, comme un signe abréviatif aux choses qu’il abrège et signifie. […] N’y a-t-il dans la nature que les séries de sensations passagères qui constituent les sujets sentants, et les possibilités durables de ces mêmes sensations ? […] Ne découvrons-nous en elle que des propriétés relatives, par exemple la possibilité de telles sensations tactiles pour un sujet sentant, la nécessité des mêmes sensations tactiles pour le sujet sentant qui se donnera telle série de sensations musculaires, à savoir la série des sensations musculaires à la suite desquelles sa main arrive à toucher la pierre ? […] Partant, pour que cette pierre soit, non pas la simple possibilité permanente de certaines sensations d’un sujet sentant, possibilité vaine et de nul effet si tous les êtres sentants étaient supprimés34, il faut qu’elle soit en outre une série distincte de faits ou d’événements réels ou possibles, événements qui se produiraient encore si tous les êtres sentants faisaient défaut. […] — Par analogie et induction, nous faisons cela légitimement, comme l’accordent tous les sectateurs de Berkeley, quand, au lieu d’une pierre, il s’agit d’un sujet sentant, homme ou animal, autre que nous-mêmes.
II À ce sujet, un mot de métaphysique : je ne m’en permets pas souvent. […] Voilà ma métaphysique, à moi, et c’est la seule que je me permette d’introduire rarement entre vous et moi pour éclaircir le sujet. […] Et il a fait les Moissonneurs et les Pêcheurs, deux poèmes naturels par le sujet, surnaturels par l’expression ; deux poèmes qui sont devenus populaires en huit jours et sont entrés dans l’œil de ce siècle avec la puissance de l’évidence et avec le charme du rayon qui entre dans le regard. […] Ce sujet, plus déclamatoire que vrai et pathétique, était à la mode de 1820 ; ce poème ou ce roman vivait encore ; il est mort aujourd’hui, comme meurent, après un certain temps, dans la littérature des peuples, toutes les choses qui sont calquées sur les engouements de la société factice au lieu d’être calquées sur l’éternelle et simple nature. […] Ce que j’ai fait jusqu’à présent ne me satisfait pas encore ; j’espère réussir mieux ; cependant mes tableaux, quels que soient les sujets, sont déjà très recherchés à Rome.
Enfin, on y parvint ; il est probable que le roi se vit sans trop de peine délivré d’un sujet excentrique, mauvais poète, grand déclamateur, qui méprisait son pays, et qui s’en allait toscaniser chez un autre souverain. […] Quoique passionné admirateur de la rapidité de Salluste, cependant la sublimité du sujet et la majesté des discours de Tite-Live me frappèrent vivement. […] Enfin arriva à Lerici cette felouque si impatiemment attendue ; je m’emparai de ma garde-robe et je partis immédiatement de Sarzana pour Pise, ayant ajouté à mon bagage poétique cette Virginie de plus, sujet qui allait merveilleusement à mon humeur. […] Si j’avais su reprendre un tel sujet dans un âge plus mûr, je l’aurais sans doute traité un peu plus savamment, et l’histoire serait venue au secours de mes opinions. […] J’avais conçu cette tragédie à Pise, l’année d’avant, et j’en avais pris le sujet dans l’Agamemnon de Sénèque, pièce détestable, s’il en fut.
Les peintres en tiraient leurs sujets. […] Ce sont les fabliaux ou lais, dont les sujets étaient tirés des mœurs du temps, la plupart graveleux, et mêlés de traits malins contre les puissances. […] La Bible, Pétrone, Ovide, Apulée, fournissaient les sujets de plusieurs autres. […] Depuis l’art de plaire, qui est le sujet d’un des plus intéressants de ces poëmes, le Chatoiement des Dames, par Robert de Blois19, jusqu’à l’art d’élever les oiseaux de chasse, on rimait des. préceptes sur toutes choses. […] Leurs sujets, tous de mœurs et de caractères différents sont Désir, Çomfort, Bon-Conseil, Trahison, Désespoir, Détresse, Souci.
Le poète n’est-il pas toujours le sujet le plus vivant et le plus intéressant de tout poème ? […] C’est là le sujet de la violente objurgation que nous adressent, depuis quelques mois, les nombreux journaux littéraires de l’Italie. […] Reprenons le sujet. […] La deuxième partie a pour sujet le passage du vice à la vertu, qu’il nomme Purgatoire, pour montrer la transmutation de l’âme qui se purge de ses fautes dans le temps, car le temps est le milieu dans lequel toute transmutation s’opère. […] « C’est la gloire du Dante », dit Ozanam en finissant, « d’avoir imprimé sa marque, la marque de l’unité, sur un sujet immense dont les éléments mobiles roulaient depuis bientôt six mille ans dans la pensée des hommes.
On dit que Mme la duchesse de Bourgogne fait fort bien pour le soutenir, mais qu’il est honteux qu’il ait besoin d’être soutenu par elle… Dans les nombreuses lettres de Fénelon où il parle du prince, il y a deux parts à faire, celle de l’opinion même de Fénelon et des reproches ou des conseils qu’il lui adresse, et celle de l’opinion publique qu’il recueille avec anxiété à son sujet et dont il se fait l’écho direct, et presque offensant, pour l’avertir, le prémunir et l’obliger à en tenir compte. […] Si quelque chose pouvait être nécessaire pour convaincre de la profonde sincérité chrétienne de Fénelon et de sa haute rectitude morale, cette correspondance avec le duc de Bourgogne ou à son sujet suffirait à en donner la preuve ; car, au point de vue humain et à celui de la Cour, il n’est rien de plus vif, de plus désobligeant, de plus blessant même ni de plus âpre en fait de vérité : il n’y a rien là qui tende à ménager et à prolonger le crédit par aucune flatterie ni louange. […] Sa grande innovation, ce fut de penser et de dire, en face de l’idolâtrie monarchique de Louis XIV, « que les rois étaient faits pour les sujets, et non les sujets pour les rois ».
Il est heureux pour les critiques de n’être point comme Montesquieu qui ne tirait jamais, disait-il, du moule de son esprit qu’un seul portrait sur chaque sujet. […] On aime à savoir où ce grand écrivain et ce grand esprit s’est trompé et a décidé trop à la légère avant de bien savoir ; où il a été épigrammatique et injuste envers des prédécesseurs illustres et considérables ; où il a donné dans l’hypothèse pure et hasardée ; où il a deviné juste par étendue d’esprit et par aperçu de génie ; on aime à saisir avec précision sa marche progressive, à mesurer sa prise de possession graduelle de son sujet, à noter l’endroit certain où il devient complètement naturaliste, de physicien qu’il était en commençant. […] Buffon n’est pas comme Voltaire et d’autres qui se répètent sauf variations chaque matin, qui improvisent au courant de la plume sur chaque sujet, et qui ne font pas mieux à soixante ans qu’à trente : lui, il est toujours en marche et en effort sur lui-même comme Montesquieu, mais il atteint mieux à son but que Montesquieu, qui se fatigue à la fin et se brise sensiblement : Buffon va jusqu’au bout d’un pas grave et soutenu en s’élevant. […] Ajoutant ainsi continuellement à son acquis, à son fonds de comparaisons et d’idées, assouplissant et gouvernant avec une dignité de plus en plus aisée sa noble manière, semblant justifier en lui cette définition, que le génie (une haute intelligence étant supposée comme condition première), c’est la patience, il est arrivé, sur les plus grands sujets qu’il soit donné à l’œil humain d’embrasser, à la plénitude de son talent de peintre et d’écrivain.
Après avoir parlé lui-même de la grotte qu’on rencontre sur le cours du gave de Héas, et qui faisait le sujet du récent tableau : Voilà, disait-il, cette grotte célèbre que les voyageurs ont décrite, que les poètes ont chantée, qui appartenait surtout aux peintres, et qu’eux seuls avaient dédaignée. […] Les Observations faites dans les Pyrénées, en paraissant en 1789, portaient bien d’ailleurs l’empreinte de cette date ; c’est un livre jeune, en ce sens que l’auteur y déborde encore et exprime volontiers, chemin faisant, ses opinions sur tout sujet civil ou politique, philosophique ou philanthropique. […] Son ascension entière sur le principal sommet n’eut lieu qu’en 1802, et le mémoire qu’il lut à ce sujet à l’Institut devrait être ajouté au volume de Voyages de 1801, si on réimprimait ce dernier87. […] (c’est-à-dire Louis Ramond), et un autre au nº xxv (25 mars 1792), signé des mêmes initiales, et où les sophismes de Condorcet dans sa Chronique, au sujet des crimes d’Avignon, sont réfutés avec force et netteté.
On a tant écrit sur La Rochefoucauld, et j’ai moi-même autrefois traité ce sujet avec tant d’application et de prédilection, que je serais embarrassé aujourd’hui d’y revenir, si le propre de ces grands et féconds esprits n’était pas d’exciter perpétuellement ceux qui les relisent et de renouveler les sources d’idées au voisinage des leurs. […] On préparait le second passage du Danube ; Napoléon voit passer le général Mathieu Dumas, qui cherchait le maréchal Berthier : il l’arrête, le questionne sur plusieurs points de détail ; puis, tout d’un coup, changeant de sujet et se ressouvenant que Mathieu Dumas avait été des constitutionnels en 89 et dans l’Assemblée législative : — Général Dumas, vous étiez de ces enthousiastes (j’adoucis le mot) qui croyaient à la liberté ? […] M. de La Rochefoucauld, parlant ou écrivant des choses de la vie, se souvenant des choses du cœur et de ce monde des femmes qu’il connaissait si bien, n’aurait jamais fait, comme Ménage éloquent ou comme le philosophe amoureux ; il ne se serait point écrié tout d’abord avec emphase : « Nous sommes parvenu à découvrir toute une littérature féminine, aux trois quarts inconnue, qui ne nous semble pas indigne d’avoir une place à côté de la littérature virile en possession de l’admiration universelle. » Sans compter qu’il n’est pas honnête de prétendre avoir découvert ce que beaucoup d’autres savaient et disaient déjà, cela n’est pas de bon goût d’emboucher ainsi la trompette à tout moment et de proclamer sa propre gloire en si tendre sujet. […] » M. de La Rochefoucauld n’a point de ces gestes de démonstration dans le style ; il sait qu’on doit en être sobre partout, et qu’ils sont particulièrement déplacés en un tel sujet.