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21. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Cet automatisme, qui semble probable en ce qui touche aux actes pourtant complexes de certains insectes, les abeilles, les chenilles, les fourmis, qui semble le cas normal en ce qui touche à toutes les fonctions gouvernées par le grand sympathique, respiration, digestion, circulation du sang, cet automatisme se peut observer également à l’égard de toute une série d’actes habituels qui sont exécutés tout d’abord sous le regard de la conscience, mais qui, enregistrés par l’organisme d’une façon parfaite, s’accomplissent par la suite inconsciemment. […] Ils ne témoignent par la suite qu’ils furent pourtant accomplis, que par leurs conséquences, perçues et appréciées en un temps postérieur, alors que la complexité des nouveaux actes à commettre a fait surgir chez l’individu l’apparition de la conscience. Au lieu de ces brèves périodes d’activité automatique et qui n’intéressent qu’un nombre de mouvements coordonnés relativement minime, on peut imaginer dans une vie sociale mieux réglée, de laquelle on serait parvenu à éliminer l’accident et l’imprévu, des suites beaucoup plus longues d’actes automatiques.

22. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Mais nous voyons tant d’étranges gradations d’organismes dans la nature, que nous ne devons affirmer qu’avec toute réserve qu’un organe, un instinct ou un être complet quelconque n’a pu arriver à son état présent par une suite de changements graduels. […] Aussi longtemps que les conditions de vie restent les mêmes, nous avons des raisons de croire qu’une modification, qui s’est déjà transmise pendant plusieurs générations, peut continuer à se transmettre pendant une suite presque infinie de degrés généalogiques. […] La rapidité de cette progression est prouvée, non seulement par le calcul, mais par la prompte multiplication de beaucoup d’animaux ou de plantes pendant une suite de certaines saisons particulières ou lorsqu’elles sont naturalisées dans de nouvelles contrées. […] Ils admettent qu’elles sont le produit d’une suite de variations ; mais ils refusent d’étendre le même jugement à d’autres formes qui n’en diffèrent que très légèrement. […] Un champ d’observation immense et à peine foulé nous sera ouvert dans les causes et les lois de variabilité et de corrélation de croissance, dans les effets de l’usage ou du défaut d’exercice des organes, dans l’action directe des conditions extérieures et ainsi de suite.

23. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Si Brighelle montre son museau pointu, préparez-vous à le voir ourdir quelque trame perfide ; ainsi de suite. […] Ainsi le zanni Arlequin, qui à l’origine était niais et balourd, fut doué par la suite d’un esprit assez vif. […] Les personnages extrêmement variés que la suite des temps introduisit sur le théâtre italien peuvent presque tous se rattacher à ces quatre types principaux. […] Par la suite il revêtit des costumes bien plus fantasques ; on le chargea d’une cuirasse hérissée et de « bramballants panaches ».

24. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Si l’on surmonte à la lecture l’espèce de monotonie inévitable qui tient au genre, si l’on y entre par l’esprit, on s’aperçoit qu’on est dans une suite de chefs-d’œuvre. […] Il caractérise en termes vifs et précis toutes les suites de cette médisance, d’abord futile et légère, « ce rien qui va emprunter de la réalité en passant par différentes bouches ». […] Je ne sais rien de plus beau ni de plus vrai que le sermon pour le troisième dimanche de carême, qui traite des passions et de leurs suites, de la satiété incurable, de ce vide immense et précoce qui était alors le malheur de quelques-uns, et qu’on a vu depuis la maladie d’un grand nombre. […] Massillon, dès ce temps-là, montre que, sans avoir vu les Childe-Harold et les René, et tant d’autres illustres dégoûtés à leur suite, il en savait sur leur mal aussi long que personne, et qu’il en avait appris le secret de Job et de Salomon, sinon de lui-même. […] Le dernier ouvrage inachevé de sa vieillesse est une suite de Paraphrases morales des Psaumes.

25. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

(suite.) […] C’est surtout dans son second recueil intitulé : Station poétique à l’abbaye de Haute-Combe, dont deux seules livraisons parurent de son vivant et qui ne fut publié en entier qu’après sa mort (1847), c’est dans cette suite de journées et de veilles funèbres que se déroule tout l’orage intérieur, l’abîme et la profondeur des souffrances et des agonies auxquelles il était en proie. […] La plupart de mes lecteurs l’auront déjà senti et en auront fait tout bas la remarque : le monde est présentement occupé et distrait ; il n’a plus d’oreille pour le poëte qui se plaint seul, pour celui qui vient nous dire sur tous les tons : Je suis la fleur des champs égarée au désert… ou bien : J’étais un jeune oiseau sans plumes à son aile… Le monde commence à être rebattu de l’éternelle chanson ; il a écouté, non point patiemment, mais passionnément, tous les grands plaintifs depuis Job jusqu’à Childe-Harold ; il s’écoutait lui-même en eux, et il assistait à ses propres pensées désolées : cela lui suffît ; le reste lui paraît faible ; les pleureurs à la suite ont tort ; il en a assez pour quelque temps de ces lamentations sur les lacs et sur les rochers. […] Cette courte levée de boucliers n’a pas eu de suites. […] Après cette suite de beaux vers, d’un souffle élevé et juste, notre estime, celle de tous les lecteurs, est acquise au jeune poëte.

26. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Mais 35 est par définition 34 plus 1 ; 34 pareillement est 33 plus 1, et ainsi de suite. […] Une autre, suscitée de même, aboutira au mot six, et ainsi de suite. — On voit que, dans cette échelle, chaque nouveau nom est le substitut du précédent, et partant de l’objet du précédent, accouplé à l’unité. […] Si nous cherchons son sens, nous ne trouvons qu’un nom, celui du chiffre inférieur auquel on ajoute l’unité ; la même chose arrive à celui-ci, et ainsi de suite ; c’est seulement à la fin de ce long retour en arrière, qu’ayant descendu trente, cinquante, cent, mille, dix mille marches, nous touchons de nouveau notre expérience. — Et cependant ce nom remplace une expérience, une autre expérience que nous n’avons pas faite, que nous ne pouvons pas faire, qui est au-dessus de l’homme, mais qui en soi est possible, et qu’un esprit plus compréhensif pourrait faire. 36 désigne la qualité commune à tous les groupes de trente-six individus, qualité qui, présente devant nous, n’excite point en nous de tendance précise, et qu’un esprit capable de maintenir ensemble devant soi trente-six objets ou faits à l’état distinct pourrait seul éprouver. — Par cet artifice, nous atteignons au même effet qu’une créature douée d’une mémoire et d’une imagination indéfiniment plus nettes et plus vastes que les nôtres. […] Dès la première division, on peut remarquer que le reste étant 2, comme le dividende, doit, en devenant lui-même dividende, engendrer aussi un reste 2, celui-ci de même, et ainsi de suite. […] Nous posons, comme tout à l’heure, cette loi générale que la grandeur en question se continue hors d’elle-même par une autre grandeur toute pareille, celle-ci de même, et ainsi de suite, sans qu’une limite puisse intervenir.

27. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Voici d’ailleurs par quelle suite de changements cette perfection de l’art s’est réalisée dans notre pays. […] De même, la meilleure chance est à l’écrivain qui, au lieu de quelque image altérée et mensongère de l’esprit français, travaillera devant une image véritable, dont il aura recueilli les traits dans toute la suite de son histoire. […] La première chose s’est vue à la suite des guerres d’Italie. […] Quant à la liaison, à cette suite et à cette jointure des idées, dont Horace a admiré la puissance en homme qui en avait senti la difficulté, que d’efforts d’attention n’y faut-il pas ? […] Il n’y a pas ici de système à imaginer ; il n’y a qu’à prendre un à un dans l’ordre des temps et dans la succession des influences, les noms qui ont survécu, et dont la suite nous marque notre chemin.

28. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

On fera voir également, et cette distinction commandera les deux subdivisions qui vont marquer la suite de ce chapitre, qu’un groupe social peut se concevoir autre qu’il n’est, sollicité par l’un ou l’autre de ces deux foyers différents de fascination : le modèle étranger et le modèle ancestral. […] À la suite d’une invasion le vaincu subit la loi du vainqueur. […] Cet état de choses a donné lieu, à la suite du nombre croissant des naturalisations, à la formation d’un groupe important de nouveau-venus qui apportent de leurs pays d’origine une hérédité, des traditions, des coutumes et des idées morales, différentes de celles qui ont été élaborées chez nous au cours des siècles. […] Alors que les groupes humains qui deviendront par la suite les sociétés distinctes de l’Inde, de la Grèce et de Rome vivaient sur un territoire commun, quelle fut donc la croyance, également accréditée auprès de tous, qui se pétrifia par la suite dans la lettre des formules hiératiques et dans le texte de la loi, contraignant par des liens immobiles et fixes l’esprit mobile des hommes ? […] On voit de suite de quelle importance fut la perpétuité de la famille au regard d’une telle croyance.

29. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Chapitre XXII Année 1667 (suite de la septième période). — Madame de Montespan supplante madame de La Vallière. — Jalousie du marquis de Montespan. — Insulte à madame de Montausier. […] En effet, on voit bientôt, dans la suite de ses mémoires, le marquis de Montespan se déchaîner contre sa femme et contre le roi. […] Il est fâcheux, ce me semble, que l’ordre chronologique amène à la suite du premier éclat que fit l’intrigue du roi avec madame de Montespan et de la colère du mari, la première représentation de la comédie d’Amphitryon, qui eut lieu le 3 janvier 1668. […] La suite prouverait qu’alors les yeux de cette femme respectable furent dessillés sur les relations du roi avec madame de Montespan ; qu’elle fut épouvantée de l’idée d’avoir opposé de la résistance à un mari qu’elle croyait follement jaloux d’une femme irréprochable : il est du moins certain, par le témoignage de mademoiselle de Montpensier, par celui du duc de Saint-Simon, qu’à la suite de l’apparition qui eut lieu dans le passage de l’appartement de la reine, madame de Montausier rentra chez elle malade, ne sortit plus de sa chambre que pour quitter la cour et rentrer dans sa propre maison, à Paris, où elle languit, ne recevant qu’un petit nombre d’amis particuliers.

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