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617. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Quand il en vient au style, il frappe encore plus au hasard et souligne quelques-uns des vers que nous citions précisément à titre de beauté. […] C’est peut-être la seule fois que l’auteur s’est rapproché du style à la mode, et Dieu me préserve de le lui passer !  […] La manière littéraire a beau changer ; les formes du style. […] et, d’abord, par un style grave, ferme, soutenu, un peu difficile, mais par là-même pur de toute cette monnaie poétique effacée du xviiie  siècle, par un style de bon aloi, que Despréaux eût contre-signe à chaque page, ce qu’il n’eût pas fait toujours, même pour le style de M. de Fontanes. […] On s’est jeté aujourd’hui dans un excès tout contraire, et l’image tient le dé du style poétique, comme c’était la raison précédemment.

618. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Le style est ce qui, dans l’ouvrage, paraît laisser le plus à désirer ; le plus souvent on n’y songe pas, tant ce style est simple, facile et courant.

619. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

Il est fâcheux surtout que l’exemple du bon goût et du bon style n’accompagne pas toujours la satire qu’on fait du mauvais. […] Disciples amoindris des Suard et des Morellet, ils glanent çà et là dans Addison, dans Franklin, dans Voltaire ; ils ont une manière qui louvoie entre toutes les qualités, qui se ménage entre tous les défauts ; ce sont les modèles du style négatif.

620. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

On ne doit détrôner Aristote que pour faire régner Vaugelas, et il faut aimer l’Art poétique de Boileau, sinon pour les préceptes, du moins pour le style. […] Des fautes de langue ne rendront jamais une pensée, et le style est comme le cristal : sa pureté fait son éclat.

621. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Le style, c’est l’homme : or, M. de Féletz, qui sortait d’une des meilleures familles du Périgord, avait un style qui se sentait de son origine. […] En 1807, il publia une traduction d’un petit livre ascétique de Louis de Blois, le Guide spirituel, et l’on remarqua l’onction et la douceur de son style. […] Les idées de mademoiselle de Meulan, les habitudes de son style, tout se retrouvait imité, reproduit avec une scrupuleuse fidélité dans ce remarquable travail, qu’on aurait dit écrit sous sa dictée. […] Byron, à son retour, emporta le roman de sa vie dans son imagination, et le reflet de ses études classiques dans son style. […] Royer-Collard, né en 1761, et qui a comme eux, mais avec des opinions différentes, un tour dogmatique dans l’esprit et le style, appartient presque à la même époque.

622. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

On a trop souvent jugé Anacréon d’après des traductions qui ne permettent pas même de soupçonner la grâce parfaite, l’originalité piquante, l’inimitable légèreté de style. […] » Le style des Maximes et des Réflexions est très-finement apprécié. […] Et pour le style, soit en prose, soit en vers, pour la forme de l’expression, que de soins, que de scrupules ! […] Les conditions du bon style en italien sont, il ne faut pas l’oublier, très-particulières et très-différentes de ce qui a lieu chez nous. […] Lui, en effet, dans ce qu’il produisait, il était incontentable sur le fond ; Manzoni l’est sur le style.

623. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Le style en est quelquefois dur, incorrect et déclamatoire ; mais il ne manque pas de vigueur, de mouvement et d’originalité. […] Sénèque, dit Quintilien, plaisait à ses admirateurs par les vices de son style. […] Comme ce style est vif et rapide ! […] Au contraire, le style de Thomas se traîne quand il faut s’élancer. […] Tous les gens de lettres instruits et de bonne foi aimeront le parallèle qu’il établit entre le style de Racine et de Voltaire.

624. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Paul Desjardins, le style, c’est le mal. […] Hennique l’art et l’économie du style. […] Son style achevé ne donnait point l’idée de l’au-delà. […] Le style en est monotone et tendu. […] Le bon Ballanche se déclarait peut-être dans ce style à madame Récamier.

625. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Vous avez mis dans votre style les jeux de la lumière, les frissons du plein air, la coloration et la vie du monde extérieur ; vous y avez mis aussi les secousses intérieures, les émotions subtiles, les troubles secrets du monde moral ; et désireux de retenir dans votre phrase, un peu de ce qui luit ou de ce qui vibre, de ce qui aime ou de ce qui souffre, vous avez demandé à la richesse et à la diversité des formes, l’art d’exprimer fidèlement la multiplicité infinie de la nature. […] Dans cette suite de travaux, se faisait la fusion, l’amalgame de nos deux styles, qui s’unissaient dans la facture d’un seul style, bien personnel, bien Goncourt… Dans cette concurrence fraternelle à bien écrire, il était arrivé que mon frère et moi, avions cherché à nous débarrasser de ce que nous devions à nos aînés : mon frère à rejeter le papillotage du style de Janin, moi la matérialité du style de Gautier. Et nous étions à la recherche, tout en le voulant très moderne, à la recherche d’un style mâle, concret, concis, à la carcasse latine, se rapprochant de la langue de Tacite, que nous lisions alors beaucoup. […] » Maintenant il arrivait, peu à peu, dans cette fabrication de nos volumes, que mon frère avait pris plus spécialement la direction du style, et moi la direction de la création de l’œuvre. […] Et cet effort du style, jamais il ne s’y livra avec plus d’acharnement, que dans le dernier roman qu’il devait écrire, dans Madame Gervaisais, où peut-être la maladie, qui était en train de le tuer, lui donnait, dans certains fragments, je le croirais, comme l’ivresse religieuse d’un ravissement.

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