Saint-Bonnet, comme pour nous, du reste, comme pour tous ceux qui portent un regard assuré sur l’Europe actuelle, l’application complète de toutes les doctrines du dix-huitième siècle à l’homme et à la société. […] II Si nous avons uni sous un titre commun L’Affaiblissement de la Raison et les Études classiques dans la société chrétienne, par le révérend P. […] Blanc Saint-Bonnet. — Des études classiques dans la société chrétienne, par le R.
Où il n’y avait que l’homme, on mit toute une société. […] L’hypocrisie n’est pas, au fond, si détestable qu’on l’a faite ; car elle prouve que la société croit à une Vérité absolue et régulatrice de la vie, puisqu’on est obligé d’affecter d’y croire comme elle, si ou veut emporter son respect. […] Houssaye nous a seulement donné deux femmes de notre civilisation et de notre société.
Au lieu d’aborder hardiment cette œuvre immense du roman qui comprend l’étude de l’homme et de la société, invariablement unis l’un à l’autre, M. […] Certes, je ne comparerai pas Beaumarchais-Figaro, ce bâtard de Rabelais, avec papa Le Sage, car du moins Beaumarchais avait dans le bec et dans l’esprit une vibrante paire de castagnettes, plus mordante que celles de toutes les mauricaudes de l’Espagne, et dont il se servit pour faire danser son dernier pas à toute une société, dans cette danse macabre, drôle et terrible, qui précéda la Révolution française. […] Je le sais, et je ne m’en étonne pas ; mais qu’aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, quand les passions et leur étude, et leurs beautés, et leurs laideurs, et jusqu’à leurs folies, ont pris dans la préoccupation générale la place qu’elles doivent occuper ; quand la littérature est devenue presque un art plastique, sans cesser d’être pour cela le grand art spirituel ; quand nous avons eu des creuseurs d’âme, des analyseurs de fibre humaine, des chirurgiens de cœur et de société, enfin qu’après Chateaubriand, Stendhal, Mérimée et Balzac, Balzac, le Christophe Colomb du roman, qui a découvert de nouveaux mondes, la vieille mystification continue et que la réputation de Gil Blas soit encore et toujours à l’état d’indéracinable préjugé classique, voilà ce qui doit étonner !
Nous avons cette impression quand nous comparons les sociétés d’Abeilles ou de Fourmis, par exemple, aux sociétés humaines. […] En réalité, l’homme est un être qui vit en société. […] Or, il est difficile d’imaginer une société dont les membres ne communiquent pas entre eux par des signes. Les sociétés d’Insectes ont sans doute un langage, et ce langage doit être adapté, comme celui de l’homme, aux nécessités de la vie en commun. […] Mais ces nécessités de l’action commune ne sont pas du tout les mêmes pour une fourmilière et pour une société humaine.
S’il n’eût pas détourné ses regards de la société française, il eut été amené, malgré lui, à oublier la pureté pour l’âpreté. […] Scribe a vu de bonne heure que la société se partage entre les enthousiastes et les hommes positifs, entre les passions et les intérêts, ou plutôt que les intérêts gouvernent seuls la société et prennent en pitié les passions. […] Ni l’histoire, ni la société contemporaine ne peuvent se montrer sur la scène sans interprétation. […] L’étude de l’histoire et l’étude de la société ne seront plus superficielles, mais profondes. […] La société lui appartient tout entière ; législation, gouvernement, magistrature, tout relève de son génie.
Sous le second Empire, la musiquette d’Offenbach, leste, moqueuse, spirituelle et canaille, mène gaillardement la ronde d’une société affolée de plaisir et fait danser le cancan aux dieux, aux héros, aux grands de la terre. […] Au moyen âge, églises, châteaux, hôtels de ville représentent les trois faces principales de la société française ; ce sont les monuments d’une France chrétienne, féodale et municipale. […] Et en effet le jour où la société polie naît en France, le jour où la vie mondaine s’organise, il faut un nouveau genre d’habitation qui réponde aux besoins nouveaux. […] Ces lits d’apparat révèlent une société (il ne s’agit, cela va de soi, que de la haute société) où l’on représente perpétuellement ; ils s’harmonisent, chez les princes, avec le cérémonial du petit et du grand lever ; ils sont les sanctuaires d’où les belles dames, enfouies dans des dentelles, tendent leur main à baiser aux visiteurs. […] Ainsi les tournois, plaisirs évanouis d’une société guerrière, revivent dans ces expressions : descendre dans l’arène, entrer en lice, combattre à armes courtoises, se faire le champion de quelqu’un, etc.
Ne séparant point l’idée de goût d’avec celle des sociétés charmantes où il a vécu, il conclut en disant : On peut remettre le trône en France, mais le goût jamais. […] Découragé sur la gloire, goûté de tous, il charmait la société autour de lui et trompait de son mieux le temps. […] Mes soldats (société d’honnêtes gens plus purs et plus délicats que les gens du monde) m’adoraient. […] Le prince de Ligne, malgré sa douceur de mœurs habituelle, ne pouvait s’empêcher d’avoir quelque accès de misanthropie ; il en voulait aux engouements et à toutes ces contrefaçons de talent ou d’esprit qui usurpent la réputation des originaux et des véritables : « Il se fait, disait-il, dans la société un brigandage de succès, qui dégoûte d’en avoir. » Mais il était plus dans sa nuance de philosophie et dans les tons qui nous plaisent, lorsqu’il écrivait cette pensée qui résume sa dernière vue du bonheur : Le soir est la vieillesse du jour, l’hiver la vieillesse de l’année, l’insensibilité la vieillesse du cœur, la raison la vieillesse de l’esprit, la maladie celle du corps, et l’âge enfin la vieillesse de la vie.
La nécessité d’une bonne contenance, d’une conduite mesurée et d’une circonspection habituelle dans une société d’un ordre supérieur, redressa tous mes écarts d’imagination et calma une vivacité de caractère qui, sans ce secours, m’eût conduit fréquemment à l’étourderie. […] Chabanon était un créole spirituel et d’une jolie figure, qui unissait des études sérieuses à des talents d’agrément, helléniste et bon violon, lisant en grec Homère, que Suard n’avait jamais pu lire en entier, même en français ; homme de société et sensible, d’un tour romanesque, qui ressentit et inspira de vives tendresses et des sympathies délicates ; qui fut cher à d’Alembert et à Chamfort. […] Préville y avait son rôle, tout en faisant répéter les autres, et, pour premier précepte à ses camarades de société, il voulait, quand on avait à jouer le soir, qu’on s’habillât dès le matin, pour donner des plis à ses habits (c’était son mot) et ne point paraître neuf et emprunté. […] La pitié, le respect, imposaient à ma curiosité ; je n’étais affecté que de cette prolongation des misères de la vie humaine, dans l’abandon, la solitude et la privation de tous les secours de la société.
Il n’en veut ni à la religion ni à la société ; il traite comme travers des personnes et des classes ce que les autres attaquent comme vices des institutions ; il fait le moraliste, et non le sociologue. […] Mais partout où l’on aime à s’arrêter, partout où l’on trouve une fine satire des sottises humaines, de chaudes peintures des mœurs du temps, soyez sûr que les sources de Gil Blas doivent se chercher dans la littérature française, et dans la société française. […] Diderot pense, déclame, argumente, s’abandonne à son imagination fougueuse et cynique, verse pêle-mêle les vues ingénieuses, profondes, fécondes, sur la littérature, la société, la morale, les effusions ardentes d’une sensibilité lyrique, les impiétés énormes et les obscénités froidement dégoûtantes. […] Lesage, Marivaux ont représenté des milieux : mais ils n’y ont cherché que l’homme, ils y ont relevé tous les indices caractéristiques d’une vie ou d’une société.