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541. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Eh bien, c’est cette fourmilière que nous trouvons dans le livre que voici, mais heureusement elle n’y est pas seule ! […] Levallois, lequel ne croit peut-être pas inconséquemment à l’action de la Providence, mais qui croit à l’action de la nature physique, est un livre de forme très douce et très charmante, mais positivement dirigé (sans en avoir l’air) contre l’idée chrétienne, qui est la seule vraie en moralité pratique et complète. L’idée chrétienne a dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », et elle a condamné absolument la solitude quand l’homme n’y est pas avec Dieu. […] Il est très bon — dit-elle — que l’homme soit seul, et la Nature, qui suffît pour lui donner la becquée morale, la lui donne mieux quand il est seul.

542. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Très jeune encore, comme les trente oppresseurs qui régnaient dans sa patrie faisaient traîner au supplice un citoyen vertueux, il osa seul paraître pour le défendre, et donna l’exemple du courage quand tout donnait l’exemple de l’avilissement. […] Mais Aristote n’a pas été le seul à penser ainsi. […] Il servit assez bien le roi de Perse pour mériter d’en être craint ; et ayant essuyé l’ingratitude et l’orgueil ordinaire aux grandes puissances contre les petites, il osa combattre le roi qu’il avait servi ; et avec ses seules forces, soutint pendant dix ans les forces de l’Asie. […] Il en est d’un peuple qui entend parfaitement une langue, et de l’orateur qui lui parle, comme de deux amis qui ont passé leur vie ensemble, et qui conversent ; les lieux, les temps, les souvenirs attachent pour eux, à chaque mot, une foule d’idées dont une seule est exprimée, et dont les autres se développent rapidement dans l’âme sensible. […] Les passions seules raniment tout ; les passions traversent les siècles et se communiquent, après des milliers d’années, sans s’affaiblir ; l’homme a besoin d’orages ; il veut être agité : c’est pour cela que Démosthène a encore des admirateurs, et qu’Isocrate n’en a plus.

543. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Le parlement Maupeou, seul, ne riait pas. […] Sully Prudhomme n’est pas la seule. […] Paul Collin devînt la seule parmi nous. […] Laisse-moi seul ! […] Hugo a seul de ces visions-là.

544. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Daru était investi en ces années, une seule, celle de l’intendance de la maison de l’Empereur, était fixe et déterminée dans sa circonscription ; les deux autres s’étendaient incessamment et élargissaient vers la fin leur cercle dans une mesure qui dépassait les forces d’un seul homme, si athlétique qu’il fût. […] Et cela seul ne fait-il pas honneur au souverain qui l’avait choisi, et qui apprécia de bonne heure l’utilité dont il pouvait être, d’avoir pris goût à cette nature parfaitement droite, sincère, qui, dès qu’on la questionnait, disait vrai et répondait juste, et n’eût pu s’empêcher de le faire ? […] Le groupe de littérateurs dont je parle était instruit sans être savant ; mais tous connaissaient Horace et le citaient sans cesse, c’était leur bréviaire ; il était, à lui seul, toute leur Antiquité. […] Daru était de ceux qui conseillaient à Picard les vers, estimant que cette forme était la seule qui consacrât tout à fait une renommée au théâtre et qui pût lui imprimer un cachet littéraire durable : mais il ne suffisait pas de mettre en rimes après coup ce qu’on avait d’abord écrit et conçu en prose. […] Tout cela prouve une seule chose, que le besoin de faire admirer nos talents n’est pas le seul besoin de notre amour-propre, qu’il nous faut encore, outre les applaudissements, de la considération ou de l’autorité, ou de l’éclat, etc.

545. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Il a aussi de temps en temps de petites lettres pour le seul de ses premiers amis et camarades d’école et de jeunesse qu’il ait conservé, Joseph Hill, à qui il rappelle le temps où celui-ci, dans leurs promenades, « couché tout de son long sur les ruines d’un vieux mur au bord de la mer », s’amusait à lire la Jérusalem ou le Pastor Fido. […] Ici nous trouvons un rapport (un seul rapport, il est vrai) de Cowper à La Fontaine : comme celui-ci, le génie de Cowper a besoin d’être excité, soutenu par l’amitié ; il lui faut un guide, quelqu’un qui lui indique ses sujets, comme presque toujours quelque beauté, une Bouillon ou une La Sablière, les commandait à La Fontaine. […] À la proposition de sa femme, Gilpin répond : « De toutes les femmes, je n’en admire qu’une seule, et celle-là c’est toi, ma chérie bien-aimée ; fais donc comme tu l’entends. […] Reprenons-le par ses côtés sérieux, les seuls par où nous puissions l’atteindre. […] toi dont je sens le bras, ce vingtième hiver, étroitement attaché au mien, avec un plaisir tel que peut seule l’inspirer une tendresse fondée sur une longue expérience de ton mérite et de tes essentielles vertus, — je te prends à témoin d’une joie que tu as doublée depuis si longtemps !

546. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Quand on sut que le jour était fixé, le roi dit tout haut : « On reçoit M. de Noyon lundi à l’Académie, je m’attends à être seul ce jour-là. » M. de Noyon, qui voulut se surpasser dans sa harangue ou du moins se montrer égal à lui-même, commença par un exorde des plus singuliers et tout à fait amphigourique. […] disait-il, le sublime génie qui anime et soutient cet illustre corps m’a seul inspiré le glorieux dessein d’en être membre ; et comme, étant supérieur à tout, il n’a que de grandes vues, j’en reçois heureusement celles que je n’aurais osé prendre de mon chef, et que vous avez bien voulu rendre effectives. […] Vous le prenez, vous le quittez selon qu’il vous convient, et il est de l’intérêt de votre gloire de vous en détacher quelquefois, afin que les honneurs qu’on vous rend ne soient attribués qu’à votre seul mérite. […] Les figures les plus hardies et les plus marquées, celles que les plus grands orateurs n’emploient qu’en tremblant, vous les répandez avec profusion, vous les faites passer dans des pays qui jusques ici leur étaient inconnus ; et ces ordonnances véritablement apostoliques, destinées au seul gouvernement des âmes, au lieu d’une simplicité négligée qu’elles avaient avant vous, sont devenues chez vous des chefs-d’œuvre de l’esprit humain. […] Il n’est pas sacerdotal par rapport à lui, car il n’a pas dit un seul mot de l’Écriture sainte, des Pères de l’Église, ni des Conciles œcuméniques, et ce sont les seules paroles qui doivent sortir de la bouche d’un prêtre.

547. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Il ne passait pas un seul jour sans cette cérémonie funèbre. […] il ne faut pas, celui-là, qu’il sorte de ton école, mon cher Sénèque, mais bien de l’école de Celui qui seul peut enseigner excellemment et changer les âmes de ses disciples, et les former selon qu’il le veut. […] S’il n’en était ainsi, et si quelque raison plausible pouvait me décider à faire le transfuge, tu sais, ô mon Dieu, quelles études me seraient le plus à cœur : car il y a longtemps qu’un violent désir m’a saisi de m’adonner tout entier à ces lettres dans lesquelles seules toute vérité est contenue, et qui seules immortalisent ceux qui s’y vouent et les unissent à Dieu. […] Ce n’est pas tout de lire, il faut comprendre, et non seulement comprendre, mais faire ce qui est écrit ; cela seul ouvre les cieux. […] Et sur ce seul sujet du saint mystère de l’Eucharistie, les choses en sont venues à ce point que les pieux et les sincères ont peine à fixer leur sentiment.

548. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

— Non, non, vous n’aurez pas un seul, un seul moment. — Faut-il raisonner sur cette étrange aventure ? […] Il n’était genre d’autorité, de considération, de vertu, de talent, qui ne lui fût suspect et ne lui parût comme rebelle et factieux, s’il n’avait été créé ou tout au moins consacré par la volonté royale. » Le seul reproche que je ferai à M. Rousset, le seul point où son excellent esprit me paraît avoir cédé à la prévention, est celui-ci, et j’ai peine à comprendre qu’au moment où il nous produit tant de preuves directes et nouvelles de l’élévation de sentiments, de la magnanimité et du bon esprit du jeune monarque, il soit si attentif à nous le présenter sous l’aspect le plus saillant de ses défauts. […] Rousset sur un seul point. […] Les deux premiers volumes qui vont jusqu’à la paix de Nimègue, avaient seuls paru.

549. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Seul des anciens amis d’Herman, il a été l’un des témoins de son mariage, et il ne l’a pas perdu de vue depuis. […] Le danger sérieux de cette rencontre avec Pompéa aura cela de bon, d’ailleurs, de diminuer et d’absorber en soi les deux autres dangers, ou plutôt (car la pauvre Lisette ne compte pas) le seul danger de l’intrigue avec la belle-sœur. […] Herman aura fait d’une pierre deux coups, ou, comme disent nos voisins, il aura tué trois oiseaux d’une seule pierre. […] Mes défauts sont nombreux ; ma seule qualité, ma règle de conduite est le respect de la sincérité. […] Herman, aussi faible que possible, s’en est tiré avec plus de bonheur que d’honneur, grâce à la seule énergie de Pompéa et à cette fierté de passion qui ne veut rien à demi.

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