Comme on le voit, Herbart fait reposer le plaisir et la douleur non sur le contenu des idées, mais sur leur relation mutuelle et leur forme ; or, comment admettre que nous soyons ainsi indifférents au contenu, par exemple à l’idée même de notre ami, et affectés par le seul rapport mutuel de nos représentations opposées ? […] Seuls, les états intellectuels qui les accompagnent, sensations, perceptions, jugements, raisonnements, leur communiquent une couleur distinctive et établissent entre eux des différences discernables. […] C’est par une abstraction artificielle qu’on sépare des émotions une qualité tout intellectuelle qui serait indifférente, pour ne leur laisser qu’un degré intensité qui seul serait agréable ou pénible. La conséquence nécessaire à laquelle on aboutit, et qui est contredite par l’expérience intime, c’est qu’il n’existe plus qu’un seul et même plaisir, plus ou moins intense, combiné avec des perceptions qui sont toutes aussi indifférentes en elles-mêmes les unes que les autres. […] Une sensation violente enlève la perception et le discernement ; si nous buvons une tasse de café bouillant, nous ne discernons nettement ni le goût du café ni la place où la brûlure a lieu ; la douleur seule remplit la conscience, et non ses relations.
En d’autres termes, nous ne trouvons pas la durée hors de nous ; la seule durée qui nous soit donnée est la nôtre. […] Nous ne durons pas seuls ; mais dans l’ordre de la connaissance, toute durée émane de celle dont nous sommes les fragiles dépositaires. […] Rien de plus dangereux que de montrer une goutte de sang se transformant elle-même, et par elle seule, en un animal qui vit et qui pense. […] Que le lecteur daigne examiner une idée, celle de triangle, en elle-même, toute seule, sans considérer avec les yeux aucun triangle effectif et réel. […] Votre feu est chaud, vous êtes seul ; le roulement des voitures vous arrive étouffé et monotone, la rêverie vous prend tout à fait.
La pluie est le seul spectacle dont ils se rendent compte et peut-être le seul où ils aient conscience d’eux-mêmes. […] Leur liberté d’esprit est notre seule sauvegarde. […] C’est vraiment le seul attrait des rues où l’on construit des maisons neuves. […] Peut-être même les maisons n’auront-elles plus qu’un seul, rarement deux étages. […] Ce ne ‘peut être que dans cette région, la seule maintenant où l’on inhume.
Là, c’est le cœur tout seul qu’il faut intéresser, toucher, émouvoir, attendrir ; dans la comédie, c’est l’esprit, pour ainsi dire seul, qu’il faut attacher et amuser : ce qui est peut-être plus difficile encore, à cause de sa légèreté et de son inconstance. […] Sophocle s’en est servi une seule fois dans son Antigone, où Hæmon veut tuer son père Créon. […] Un seul de ces traits suffirait pour faire un grand caractère. […] Enfin, il veut au moins que l’oracle lui demande ce sacrifice une seconde fois : c’est la seule ressource qui lui reste. […] Le récitatif est le seul instrument propre à la scène et au dialogue.
Voici une pure opération de l’esprit, s’accomplissant par la seule force de l’esprit. […] Lui seul recueille véritablement l’énergie solaire. […] Seule, la fonction sensori-motrice se fût conservée, sinon dans son mécanisme, du moins dans ses effets. […] Partout ailleurs que chez l’homme, la conscience s’est vu acculer à une impasse ; avec l’homme seul elle a poursuivi son chemin. […] Sur un seul point il passe librement, entraînant avec lui l’obstacle, qui alourdira sa marche mais ne l’arrêtera pas.
Sans arrière-pensée d’utilité ou d’application pratique, elle emmagasinerait le passé par le seul effet d’une nécessité naturelle. […] L’homme seul est peut-être capable d’un effort de ce genre. […] Notre vie journalière se déroule parmi des objets dont la seule présence nous invite à jouer un rôle : en cela consiste leur aspect de familiarité. […] Sa thèse serait déjà réfutée par ce simple fait qu’on ne connaît pas un seul cas d’aphasie motrice ayant entraîné de la surdité verbale. […] Le premier courant, tout seul, ne donnerait qu’une perception passive avec les réactions machinales qui l’accompagnent.
Mais la forme seule en était légère ; à un goût très sûr, M. […] Les Quarante seraient donc seuls inviolables ? […] Il n’en est pas qui puisse contenir même un homme seul. […] Un seul mot, un seul cri de l’âme du décadent traduira l’impression par lui ressentie. […] Honneur, gloire et respect au mariage religieux seul !
Et ce sont bien des « solitudes » : c’est toujours, sous des formes choisies, la souffrance de se sentir seul — loin de son passé qu’on traîne pourtant et seul avec ses souvenirs et ses regrets loin de ce qu’on rêve et seul avec ses désirs, — loin des autres âmes et seul avec son corps loin de la Nature même et du Tout qui nous enveloppe et qui dure et seul avec des amours infinies dans un cœur éphémère et fragile… C’est comme le détail subtil de notre impuissance à jouir, sinon de la science même que nous avons de cette impuissance. […] » Prométhée seul connaît le secret des destinées. […] Je me plains d’une seule chose, c’est d’être vieux dix ans trop tôt. […] Même la force d’affirmation, toute seule, ne la soutiendrait pas longtemps. […] Est-il assez content de parler la bonne langue, la meilleure, la seule !
C’est peut-être la seule fois que l’auteur s’est rapproché du style à la mode, et Dieu me préserve de le lui passer ! […] Voltaire au seul hasard a dû quelques beaux vers ; Ses succès, soixante ans, ont trompé l’univers. […] « Une seule chose m’embarrasse dans votre politique. […] Fontanes n’hésita pas un seul instant à reconnaître l’étoile à ce jeune et large front. […] C’est une vérité indubitable « qu’il n’y a qu’un seul talent dans le monde : vous le possédez « cet art qui s’assied sur les ruines des empires, et qui « seul sort tout entier du vaste tombeau qui dévore les peuples « et les temps.