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1206. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Il touche ces magnifiques objets avec un pinceau tout emprégné de sa tendre mélancolie : l’exquise ordonnance de son plan admirable et la dignité de ses chants l’annoncent en disciple de la sévère muse latine ; mais le brillanté qui reluit dans ses détails, cette sorte de prestiges qui ressort de la magie, les parures fleuries de ses héros, le fard de ses enchanteresses, la surabondance d’ornements de leurs palais et de leurs jardins, une certaine langueur voluptueuse qu’on respire en ses vers comme dans la suavité des parfums, tout décèle que, plus accoutumé à peindre les amoureuses sensations que les sentiments amoureux, il est plutôt le modèle de Italie moderne que de l’Italie antique où Didon fut inspirée. […] Il faut, en un mot, qu’un poème épique ressemble à la vie qui est pleine d’incidents et de sensations, par lesquels nous passons continuellement du plaisir à la douleur, et de l’agitation au repos.

1207. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Pour qu’un nom, quel qu’il soit, ne se puisse prononcer dans un salon sans produire une sensation marquée, il faut, à coup sûr, que la personne qui le porte, joue dans le monde un rôle spécial, qu’elle puisse disposer d’une influence déterminée, qu’elle soit enfin un objet d’admiration ou d’envie. […] Bien qu’il ait la prétention d’avoir mené à bout plusieurs ordres de sensations, d’avoir empli ses oreilles de symphonies, au point de pouvoir dire que l’Othello est d’une instrumentation maigre ; bien qu’il se vante de trouver au rhum moins de goût qu’à l’eau fraîche, je ne puis que le plaindre de toutes les satiétés qu’il s’est faites.

1208. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Essai sur les règnes de Claude et de Néron. Livre premier. I. Lucius Annæus Sénèque naquit à Cordoue, ville célèbre de l’Espagne ultérieure, agrandie, sinon fondée par le préteur Marcellus, l’an de Rome 585 ; colonie patricienne qui donna des citoyens, des sénateurs, des magistrats à la république, privilége dont les provinces de l’Empire jouissaient encore sous le règne d’Auguste. Le surnom d’Annœa signifie ou la vieille famille, ou la famille des vieillards, des bonnes gens, dont la rencontre était d’un heureux augure.

1209. (1923) Au service de la déesse

nous les romanciers, … nous perdrions l’ambition d’avoir une langue rendant nos idées, nos sensations, nos figurations des hommes et des choses, d’une façon distincte de celui-ci ou de celui-là, une langue personnelle, une langue portant notre signature, et nous descendrions à parler le langage omnibus des faits-divers ! […] Le livre déroule une ample et succincte méditation de la guerre, — succincte de mots, elliptique même, ample de pensée, — un peu lente, avec majesté, monotone aussi, où apparaissent pourtant les différents thèmes de la guerre ; les sensations deviennent des idées… Un choc : n’était-ce pas la mort, qu’avait devant lui le soldat ?

1210. (1925) Portraits et souvenirs

D’ailleurs, cette sensation n’a rien de rare.

1211. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il faut donc s’entendre avec elle sur la mélancolie, puisqu’elle ne paraît pas avoir bien défini ses propres sensations, malgré l’analyse philosophique.

1212. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

J’ai la sensation d’être entré dans le cabinet noir de l’inquisition de la Révolution, et ce décachetage haineux de l’Histoire me répugne.

1213. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Sitôt que nous avons pour ainsi dire la conscience de nos sensations, nous sommes disposés à rechercher ou à fuir les objets qui les produisent, d’abord selon qu’elles nous sont agréables ou déplaisantes, puis selon la convenance ou disconvenance que nous trouvons entre nous et ces objets, et enfin selon le jugement que nous en portons sur l’idée de bonheur ou de perfection que la raison nous donne.

1214. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Un mot est pris dans un sens actif, quand il marque que l’objet qu’il exprime, ou dont il est dit, fait une action, ou qu’il a un sentiment, une sensation.

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