Mais l’adjectif positive par lequel j’en modifie le sens me paraît suffire pour faire disparaître, même au premier abord, toute équivoque essentielle, chez ceux, du moins, qui en connaissent bien la valeur.
Quand une satire ne met pas dans un beau jour quelque verité dont j’avois déja un sentiment confus, quand elle ne contient pas de ces maximes dignes de passer incessamment en proverbes à cause du grand sens qu’elles renferment en abregé, je puis tout au plus la loüer d’être bien écrite ; mais je n’en retiens rien, et j’ai aussi peu d’envie de la vanter que de la relire.
Quand on a seulement ouvert son ouvrage, on est bien vite rassuré sur le sens d’un titre que l’auteur n’a pas mis au front de ses idées sans dessein.
La peinture n’était pas encore trouvée, ce qui s’explique naturellement : l’art du fondeur abstrait les superficies, mais il en conserve une partie par le relief ; l’art du graveur ou ciseleur en fait autant dans un sens opposé ; mais la peinture abstrait les superficies d’une manière absolue ; c’est, dans les arts du dessin, le dernier effort de l’invention.
Disons mieux, il ne sera ni républicain, ni royaliste, dans le sens que les partis attachent à ces mots ; il demeurera l’organe de l’humanité dans tous les systèmes, l’apôtre de cette sagesse toujours pareille dont les immuables maximes, proclamées depuis l’antiquité, survivent aux princes, aux peuples, aux révolutions passionnées. […] Chaque règle qui se présentera devant nous, achèvera de nous prouver la supériorité de l’art d’Homère, ou du sens droit dont la nature l’avait doué : car nous verrons que personne n’a sa mieux conformer ses ouvrages à toutes les conditions du bon et du beau. […] Il va donc traverser le monde en tous sens. […] Son talent ne fût pas tombé dans mille écarts qui le forcèrent à revenir en sens contraire sur tous ses pas, s’il eût appuyé sa marche d’un système exact et régulier, qui seul empêche de s’égarer dans les études littéraires. […] Il n’est pas besoin de s’enfoncer dans le labyrinthe des subtils scholiastes, ni d’en tirer leurs interprétations souvent ridicules, pour manifester que ces fables ont toutes un double sens que le vulgaire prend à la lettre, et dont les habiles saisissent l’esprit.
Cette supercherie juvénile n’empêchait pas que Téodor de Wyzewa fût un esprit distingué, doué d’un sens critique très fin et très juste, ainsi que l’attestent ses chroniques de la Revue Indépendante qu’il signait parfois du pseudonyme de Scipione Beccafumi. […] Pour l’être plus librement, il renonça à l’usage exclusif du vers classique et se laissa guider par son beau sens du rythme. […] Son avis est écouté et suivi sans discussion, car son opinion est toujours motivée, et accompagnée d’arguments convaincants que lui fournissent son expérience littéraire, sa vaste érudition, son admirable sens critique. […] Il a des curiosités de tout et les a poussées en tous sens. […] La lecture de ces livrets n’était pas aisée et il fallait pour les déchiffrer en avoir la clé, mais, l’avait-on, elle vous conduisait à des absurdités volontaires et à des énigmes vides de sens.
Les Grecs, qui avaient ce sens beaucoup plus développé que nous ne l’aurons jamais, avaient travaillé la forme humaine pour lui donner un rang honorable parmi les formes animales et ils avaient commencé par la râcler de son vilain poil, par la frotter d’huile, par la rendre d’une couleur luisante et homogène. […] Il y a une église et un casino ; on y chante des cantiques, cependant que le phonographe y étale ses flons-flons ; on y consomme force eau bénite et force limonade gazeuse, les deux commerces se prêtent un mutuel appui ; mais le grand attrait de Bonsecours, c’est son cimetière, endroit privilégié au sens pieux comme au sens esthétique. […] Les anciens chroniqueurs, qui ne notèrent souvent qu’avec un sens bien vague de la réalité les grands événements de leur époque, ne manquent jamais de renseigner la postérité sur le temps qu’il faisait. […] Il ne regrette rien de sa vie passée qui fut pourtant, en un certain sens, brillante, mais qui ne lui aurait, dit-il, apporté que des déboires. […] Et quand une rue en serait, au sens de quelques-uns, enlaidie, est-ce que l’ensemble en est atteint ?
. — Tu as raison, je dois pouvoir te rendre compte de ce que je sens. […] Sans doute l’individu est un, bien qu’il soit composé de facultés diverses, rempli d’idées contradictoires, combattu de passions opposées, et sollicité souvent en sens contraire par sa naissance et par son éducation ; de même la société est une, bien que ses membres soient en lutte d’intérêts, de passions et d’idées les uns contre les autres ; de même aussi l’humanité est une, bien que les peuples qui la composent soient si différents, que la guerre entre eux semble être l’état de nature. […] Ce fut une succession de toutes les fantaisies qui peuvent charmer et ravir les sens, travestissements, cavalcades, courses de bagues, concerts de voix et d’instruments, récits de vers, festins servis par les Jeux, les Ris et les Délices, ballets, machines, feux d’artifices, illuminations, loteries, collations. […] Jean-Baptiste Poquelin Voilà les attaques de Molière contre les médecins expliquées, et il me semble que peu à peu la lumière se fait sur le véritable sens de son théâtre, obscurci par les apologistes non moins que par les censeurs, par les exclamations de la critique admirative, comme par les démonstrations de la critique pédantesque. […] Ces remèdes peu sûrs, dont le simple vulgaire Croit que vous connaissez l’admirable vertu, Pour les maux que je sens n’ont rien de salutaire ; Et tout votre caquet ne peut être reçu Que d’un malade imaginaire464.
Nos livres, notre mode de travail, ont fait, je le sens, une grande impression sur Sainte-Beuve. […] « Bienheureux les doux parce qu’ils auront le monde. » Ça n’a pas de sens ? […] Je me sens du soleil sous la peau, et dans le verger, à l’abri des pommiers, couché sur la paille des boîtes de laveuses, il se fait en mon être un hébétement doux et heureux ainsi que par un bruit d’eau qu’on entend en barque, à côté de soi, roulant d’une écluse. […] Je me sens le nuage qui passe, la feuille qui remue, l’eau qui coule. […] Il y a deux sens de l’exotique : le premier vous donne le goût de l’exotique dans l’espace, le goût de l’Amérique, le goût des femmes jaunes, vertes, etc.