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662. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Mais autant il serait à souhaiter qu’on n’écrivît jamais des ouvrages de goût que dans sa propre langue, autant il serait utile que les ouvrages de science, comme de géométrie, de physique, de médecine, d’érudition même, ne fussent écrits qu’en langue latine, c’est-à-dire dans une langue qu’il n’est pas nécessaire en ces cas-là de parler élégamment, mais qui est familière à presque tous ceux qui s’appliquent à ces sciences, en quelque pays qu’ils soient placés. […] Autrement il faudrait bientôt qu’un géomètre, un médecin, un physicien, fussent instruits de toutes les langues de l’Europe, depuis le russe jusqu’au portugais ; et il me semble que le progrès des sciences exactes doit en souffrir. […] -C. un ouvrage de goût  ; de ne pas croire (page 173) qu’il faille du goût pour être érudit ; et de ne pas conclure (page 169) qu’on fait bien d’écrire en latin des ouvrages de goût, parce que de grands hommes, tels que Bayle, Newton, et beaucoup d’autres, ont écrit dans cette langue des ouvrages de science. 6°. […] Il prétend (page 172) que des religieux, voués par état à la prière, doivent être plus propres par cette raison même à faire des progrès dans la physique, la géométrie et les autres sciences profanes, parce que S. 

663. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Certes, il atteste une science variée, solide, puisée aux sources, réglée par d’excellentes méthodes. […] Les Anglo-Saxons, experts à parer et à fleurir les choses sérieuses, savent associer la science avec la joie. […] Albert Vandal, comme aussi de son enseignement à l’École des sciences politiques. […] Mais on oublie ces spectres de science bourrue lorsqu’on écoute MM.  […] C’est sur ce point que la science française a pris sa revanche.

664. (1876) Romanciers contemporains

Non que l’auteur y ait augmenté les conquêtes de la science, ou agrandi, par ses observations, le champ du moraliste. […] Il se voit au seuil d’un siècle de science et de réalité, et il est ébloui par l’éclatante lueur qui se lève devant lui. […] L’histoire est une science exacte parce qu’elle repose sur des faits certains. […] Zola en prenne son parti, il a cru faire de la science, il a fait de l’art, et nous l’on félicitons. […] Où pourraient-ils mieux apprendre la science des déductions, l’art de l’enchaînement des preuves ?

665. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Ils n’aboutissent qu’à faire un échafaudage, extérieur, non un monument, de simili-science, de semble-science, de fausse science, de prétendue, de soi-disant science, de feinte science, d’imitation de science, plus belle que nature, qui est la risée des (véritables) savants. […] Ils ne gagnent point les sciences. Ils perdent l’art, la philosophie, la morale, la religion, et n’acquièrent point une science, nulle science, aucune science. […] Singulière science, surscience, suprascientifique. […] Il est très remarquable que les ignorants vont toujours aux mathématiques, comme à une science merveilleuse, comme à une science plus que science, comme à tout ce qu’il y a de plus savant, monsieur.

666. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

En vérité, malgré mon respect pour la science de M.  […] C’est aussi une tradition française de rendre la science aimable et avenante. […] Bourget est un homme de science. […] À la science, le monde réel ; à la poésie, le monde du rêve ! […] On peut voir le savant se défier de la science.

667. (1923) Nouvelles études et autres figures

La science, qui croit au Progrès, et qui ne devrait croire qu’aux siens, s’est efforcée de la ruiner. […] Elle s’offre à nous sous la double garantie de la Science et de l’Église. […] On les blâme d’avoir trop ramené cette science à l’homme. […] La haute Université la servit par sa dévotion à la science allemande. […] Deux années d’études désintéressées, deux années de science pure, d’une science dont ils n’auront peut-être jamais l’occasion de se servir.

668. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

À cette condition seulement la science de l’univers devient possible ; et puisque cette science existe, puisqu’elle réussit à prévoir l’avenir, l’hypothèse qui la fonde n’est pas une hypothèse arbitraire. […] C’est la science qui deviendra alors un accident, et sa réussite un mystère. — Vous ne sauriez donc déduire ni le premier système d’images du second, ni le second du premier, et ces deux doctrines opposées, réalisme et idéalisme, quand on les replace enfin sur le même terrain, viennent, en sens contraires, butter contre le même obstacle. […] Les uns se donnent l’ordre exigé par la science, et ne voient dans la perception qu’une science confuse et provisoire. Les autres posent la perception d’abord, l’érigent en absolu, et tiennent la science pour une expression symbolique du réel. […] En ce point P la science localise des vibrations d’une certaine amplitude et d’une certaine durée.

669. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Nous avons fait comme lui, à force de science et d’expérience. […] Elles apportent avec elles leur science et leur adresse. […] Ici une épithète comique remplace et résume la science du naturaliste. […] Il n’a pas besoin d’être érudit ; du moins son savoir est d’une autre espèce que la science. Il répugne à la lente accumulation des connaissances positives ; il n’est pas classificateur ; il n’est pas obligé d’être naturaliste et historien, comme le voulait Goethe, « docteur ès sciences sociales », comme le voulait Balzac ; sitôt que vous entrez dans la description, dans l’analyse, vous sortez de son domaine.

670. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

  Le sieur de Mézeray, notre historiographe, nous a très humblement représenté que l’une des principales fonctions de l’Histoire à laquelle il travaille depuis vingt-cinq ans, c’est de marquer les nouvelles découvertes et lumières qui se trouvent dans les sciences et dans les arts, dont la connaissance n’est pas moins utile aux hommes que celle des actions de guerre et de politique, mais que cette partie ne se pouvait pas insérer dans le gros de son ouvrage, sans faire une confusion ennuyeuse et un mélange embarrassé et désagréable, et qu’ainsi sa principale intention étant, comme elle a toujours été, de servir et profiter au public et lui fournir un entretien aussi fructueux et aussi honnête que divertissant et agréable, il aurait pensé de recueillir ces choses à part et d’en donner une relation toutes les semaines, sous le titre de J.  […] À ces causes, considérant que les sciences et les arts n’illustrent pas moins un grand État que font les armes, et que la nation française excelle autant en esprit comme en courage et en valeur ; d’ailleurs désirant favoriser le suppliant et lui donner le moyen de soutenir les grandes dépenses qu’il est obligé de faire incessamment dans l’exécution d’un si louable dessein, tant pour paiement de plusieurs personnes qu’il est obligé d’y employer que pour l’entretien des correspondances avec toutes les personnes de savoir et de mérite en divers et lointains pays ; nous lui avons permis de recueillir et amasser de foules parts et endroits qu’il advisera bon être les nouvelles lumières, connaissances et inventions qui paraîtront dans la physique, les mathématiques, l’astronomie, la médecine, anatomie et chirurgie, pharmacie et chimie ; dans la peinture, l’architecture, la navigation, l’agriculture, la texture, la teinture, la fabrique de toutes choses nécessaires à la vie et à l’usage des hommes, et généralement dans toutes les sciences et dans tous les arts, tant libéraux que mécaniques ; comme aussi de rechercher, indiquer et donner toutes les nouvelles pièces, monuments, titres, actes, sceaux, médailles qu’il pourra découvrir servant à l’illustration de l’histoire, à l’avancement des sciences et à la connaissance de la vérité ; toutes lesquelles choses, sous le titre susdit, nous lui permettons d’imprimer, faire imprimer, vendre et débiter soit toutes les semaines, soit de quinze en quinze jours, soit tous les mois ou tous les ans, et de ce qui aura été imprimé par parcelles d’en faire des recueils, si bon lui semble, et les donner au public ; comme aussi lui permettons de recueillir de la même sorte les titres de tous les livres et écrits qui s’imprimeront dans toutes les parties de l’Europe, sans que, néanmoins, il ait la liberté de faire aucun jugement ni réflexion sur ce qui sera de la morale, de la religion ou de la politique, et qui concernera en quelque sorte que ce puisse être les intérêts de notre État ou des autres princes chrétiens.

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