Le vieillard de Salzbourg, témoin de la scène, s’attendrissait encore lui-même en la racontant.
Moi, en les attendant, je me promenais impatiemment dans ma boutique, disposé à faire une des plus épouvantables scènes que j’eusse faites de ma vie, lorsque je les vis arriver tous les trois, avec le père que je ne connaissais pas.
Ce ne fut que longtemps après que je demandai tout bas à un des témoins de ces scènes, qui était cet homme si dévoué et si calme, et qu’on me répondit : « C’est Barthélemy Saint-Hilaire, le traducteur d’Aristote. — Cela ne me surprend pas », dis-je à mon tour : « il y a du grec dans cette intelligence, et de la philosophie dans ce courage. » III Nous nous perdîmes de vue pendant quelque temps ; je m’informai avec anxiété de lui ; j’appris que, retiré dans un petit jardin de légumes au milieu d’un faubourg de la banlieue de Meaux, résidence de Bossuet, Barthélemy Saint-Hilaire, après avoir refusé ce qu’on le conjurait d’accepter comme gage de son silence, vivait à Meaux du travail de ses mains dans une hutte de son jardin, et nourrissait sa vieille tante de quatre-vingt-six ans des carottes et des pommes de terre cultivées par lui.
L’animal revoit son passé sous la forme d’une série de scènes avec décors, comme dans une lanterne magique.
Au seuil de la maison, assise sur un banc, Entre ses doigts légers tournant son fuseau blanc, Le pied sur l’escabeau, la ménagère file, Surveillant du regard cette scène tranquille.
Exemple, la scène incroyablement horrible et d’une bouffonnerie si déchirante, dans laquelle une pauvre femme, contrefaite et méprisée, s’attelle elle-même à une petite voiture de pâtissier pour charrier à un bal, où elle n’entrera pas, l’homme qu’elle aime sans espoir et qui n’a pas de quoi payer une voiture, par un abominable temps de pluie.
Les nations protestantes qui avaient assisté avec horreur aux scènes de carnage dont la France offrait alors le spectacle, n’osant intervenir par crainte de Louis XIV, accueillent avec enthousiasme les fugitifs.
Et qu’ont-ils ajouté eux-mêmes d’essentiel à ce jugement synthétique de Sainte-Beuve, qui dit tout : « Lamartine, en peignant la nature à grands traits et par masses, en s’attachant aux vastes bruits, aux grandes herbes, aux larges feuillages, et en jetant au milieu de cette scène indéfinie et sous ces horizons immenses tout ce qu’il y a de plus vrai, de plus tendre et de plus religieux dans la mélancolie humaine, a obtenu du premier coup des effets d’une simplicité sublime et a fait une fois pour toutes ce qui n’était qu’une fois possible. » J’ai dit qu’en feuilletant Fontanes et Chênedollé, on rencontrait des vers si harmonieux et si purs qu’il était assez difficile de dire en quoi ils différaient des vers de Lamartine. […] La scène est une cour de prison.
Il faut donc plaire à ce public, dont ce même Boileau, dans cette éloquente septième épître, nous énumère les sottes exigences : « L’ignorance et l’erreur à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer le chef-d’œuvre nouveau. » Et le satirique nous montre le commandeur qui discute l’exactitude de telle scène, — le vicomte qui s’indigne et qui sort au milieu de l’acte, — le marquis dégoûté et qui, placé sur le théâtre, à la mode d’alors, hausse les épaules et crie tout haut au parterre : « Ris donc, parterre, ris donc ! […] Et une scène a lieu entre eux, si simple, si brève, si poignante. […] Aubert, qui avait été leur condisciple, raconter une scène annonciatrice de l’avenir des deux jeunes gens !