Laffitte a fait l’essai non pas d’un système, mais de l’absence de tout système, mais du gouvernement par abandon. » Comment se fait-il donc qu’au moment où ce système à la dérive cessait, où un homme ferme et impérieux, Casimir Périer, se saisissait du pouvoir et allait par son énergie créer à la monarchie de Louis-Philippe le ressort sur lequel elle a vécu depuis, comment se fait-il que Carrel ait poussé un cri de colère, et l’ait dénoncé à l’instant comme le Polignac de la branche cadette, et qui allait consommer l’attentat contre les opinions véritablement nationales ? Carrel était persuadé (et en cela il se trompa, il crut trop à ce qu’il désirait) qu’une guerre générale était alors inévitable, et que, puisqu’elle l’était, il en fallait saisir l’occasion pour se relever des traités de 1815. […] Il est revenu plus d’une fois, dans des pages dignes d’un vrai politique et d’un historien, sur ce que c’est que l’heure de l’entraînement dans une nation, et sur le parti qu’on en peut tirer pour de grandes choses : Il y a de profonds politiques, dit-il avec raillerie (26 septembre 1831), qui ne croient pas qu’on puisse faire autre chose que du désordre par l’entraînement, et qui prétendent que c’est la ressource de l’incapacité… Il y a aussi, dans l’opposition, des hommes qui ont lu l’histoire, et qui se sont persuadé qu’en politique comme en guerre, ce qui distingue le génie de la capacité vulgaire, c’est de saisir l’entraînement et de s’en servir.
J’ai ouï-dire que sitôt le fascicule paru, le samedi de chaque semaine, un jeune Parnassien se saisissait d’un numéro qu’il portait chez François Coppée et qu’on se réunissait à dix, jeunes gens et hommes mûrs, autour de cet exemplaire unique pour se gaudir d’abord, puis alterner les lamentations sur la décadence de la langue française et le toupet inouï de ces jeunes barbares qui démantelaient l’ancien alexandrin, tendre chez Racine, épique chez Victor Hugo, sourcilleux chez Leconte de Lisle et devenu sous l’archet de nos railleurs si tranquille et un peu valétudinaire. […] Ce n’est point que je ne saisisse l’intérêt et le mérite des efforts tentés pour expliquer scientifiquement le vers libre. […] Théophile Gautier, que nous aimons et connaissons plus et mieux que les fils de Parnasse, disait : « Je vois le monde extérieur et j’écris des métaphores qui se suivent. » Nous, nous avons cherché à voir le mieux possible le monde extérieur, à traduire quelques nuances, (le plus possible) du monde intérieur, ce qu’on en peut saisir, chacun dans les limites de ses forces, et nous avons cherché à créer des métaphores qui s’engendrent les unes les autres ; nous n’avons pas souvent tenu à les exprimer entièrement mais pour ainsi dire à les citer, à les énumérer.
Au cours des vicissitudes de l’invasion et de la Commune, quelques âmes chrétiennes appartenant au clergé ou y touchant de près, en présence d’une si épouvantable succession de troubles et de déroutes, sentant le sol de la patrie chavirer sous leurs pas, eurent l’inspiration dont sont saisis, en pareille circonstance, les fidèles de toutes les religions. […] L’impression de grandeur dont on pense, sur la foi des descriptions enthousiastes, être saisi, n’existe nullement. […] Celui qui a compris ce que signifie Westminster s’incline, saisi de la profonde majesté de ce lieu.
l’observateur distrait, d’après Mieris . il faut saisir tout ce qui sortira du burin de celui-ci ; il est habile et travaille d’après habile ; il a excellé dans les grands morceaux, et il est précieux dans les petits sujets.
Il est triste aussi d’errer dans l’étranger ; et d’ailleurs partout ils me saisiront. […] Pars, suis le chemin qui borde le ruisseau ; traverse le sentier qui conduit à la forêt ; à gauche, près de l’écluse, dans l’étang, saisis-le tout de suite, il tendra ses mains vers le ciel ; des convulsions les agitent. […] Non, je ne souffrirai point la violence ; ne me saisis pas ainsi avec ta force meurtrière. […] Il en verra, tour à tour, avec fanatisme ou avec horreur, tantôt une phase, tantôt une autre : ici une vertu, là un crime ; ici une sédition, là une réaction ; aujourd’hui 1789, demain 1793 ; ici la gloire, là la terreur ; un flux et reflux, un échafaud, un trône, une anarchie, un despotisme ; mais il n’en saisira jamais d’un seul coup d’œil l’ensemble, la tendance, les fausses routes, les progrès, les chutes, les repos, les recrudescences, les colères, les découragements, le vrai courant. […] comme tout le monde, je n’ai saisi ma vision qu’au vol, et je n’ai vu l’amour et la gloire qu’à travers la poudre d’un grand chemin.
Puvis de Chavannes, à dire vrai, m’ont toujours moins ému : un souci, peut-être, trop visible du sujet à décrire, une expression un peu riche, uniforme ; ou bien comme dans ce très beau tableau de l’inspiration chrétienne, un arrangement fautif ; car le majestueux paysage mystique, et les colonnes du cloître, si austères, sont une admirable décoration toute d’ensemble ; et j’y regrette ces personnages dont les expressions saisissent, perçues en détail, mais qui, à distance, raient de lignes trop frustes l’impression totale. […] Degas, nous avons vu par lui saisis, comme jadis par Hals, les artistiques secrets du mouvement et de la vie. […] L’orchestre était tout ce qu’il y a de mauvais ; la mise en scène aurait perdu un théâtre de province de troisième rang ; les représentations étaient données en allemand : et cependant, l’auditoire tout considérable qu’il fût, était saisi. […] Aussi ce final est-il un de ceux qui saisissent le public irrésistiblement, et que la salle entière applaudit dans un commun accord d’admiration ! […] Chacun des arts, peinture, musique et littérature ne saisissent qu’un mode particulier de la vie, c’est pourquoi chaque forme essaie de s’élargir aux domaines particuliers des autres arts comme la poésie étend le domaine de la littérature à celui de la musique.
Par où le saisir, comment le comprendre ? […] Un Satyre prend un tigre par la peau froncée de sa nuque, et l’emporte rugissant d’aise sur son dos ; un autre saisit un sanglier par ses défenses et le jette en l’air. […] — Les ravisseurs sautent sur la plage, ils saisissent Bacchus qui se laisse prendre, et l’attachent avec des liens d’osier, sur un banc du navire noir, à la proue duquel deux grands yeux rouges flamboyaient. […] quel est ce Dieu puissant que vous avez saisi et lié ? […] Saisis de nostalgie en se rappelant la race dont ils sont déchus, ils plongent dans leurs mains noueuses leurs têtes dégradées, et de grosses larmes roulent sur leurs joues velues.
Mais pour la faire goûter à des lèvres mortelles, pour la saisir lui-même de ses mortelles mains, il est contraint de la mélanger avec mille éléments terrestres et éphémères. […] La raison le saisit, tandis qu’un sentiment nous annonce sa présence. […] Contraint de lutter contre l’indifférence des lecteurs de gazettes, il s’entend à merveille à saisir leur attention, il l’enlace dans les replis de sa fantaisie, multiplie les digressions, les mots ingénieux. […] De tels hommes ont presque toutes les parties du grand artiste, l’élévation d’esprit et la noblesse d’âme qui saisissent l’idéal ; ils n’en diffèrent que parce qu’ils ne peuvent produire au dehors ce qu’ils conçoivent. […] Hegel avait dit aussi : « L’artiste par conséquent ne prend pas, quant aux formes et aux modes d’expression, tout ce qu’il trouve dans la nature, et parce qu’il le trouve ainsi ; mais s’il veut produire de la véritable poésie, il saisit seulement les traits vrais, conformes à l’idée de la chose ; et, s’il prend la nature pour modèle, ce n’est pas parce qu’elle a fait ceci ou cela de telle façon, mais parce qu’elle l’a bien fait. » (De l’Esthétique, t.
Utilité de l’étude du plan et de la composition des ouvrages qu’on lit Pour se bien pénétrer des conseils qui viennent d’être donnés, et en bien saisir le sens et l’application, il serait bon de s’habituer à connaître l’ordonnance et la composition des ouvrages qu’on lit : disséquez, réduisez à la substance essentielle, dressez des plans, des tables de matières.