La Société des bibliophiles, fondée en 1820 par MM. de Châteaugiron, de Pixerécourt, Walckenaer, et autres gens de lettres ou amateurs distingués, est une institution essentiellement aristocratique, qui suppose de l’argent, du loisir, le goût des belles choses, des choses rares, de ces curieuses inutilités qui tiennent ou qui mènent aux études sérieuses. […] Pourtant elle profitait à travers tout ; le sérieux se glissait jusque dans les plaisirs. […] Au milieu de toutes ces légèretés et de ces enfances, la duchesse de Bourgogne avait des qualités sérieuses, et qui le devenaient de plus en plus avec l’âge.
Et qui donc a mieux défini que lui la conversation parfaite, et tout ce qu’elle demande de sérieux ou de léger ? […] Il fut bon pour La Fontaine que la faveur de Fouquet l’initiât à la vie du monde, et lui donnât toute sa politesse ; mais il lui fut bon aussi que ce cercle trop libre ne le retînt pas trop longtemps, et qu’après la chute de Fouquet il fût averti que l’époque devenait plus sérieuse et qu’il avait à s’observer davantage. […] Toute sa première tentative poétique, la seule qui compte véritablement pour l’originalité, la tentative des Méditations, a consisté à vouloir doter la France d’une poésie sentimentale, métaphysique et un peu mystique, lyrique et musicale, religieuse et pourtant humaine, prenant les affections au sérieux et ne souriant pas.
Mais il n’y a rien de plus compliqué que les faits qui paraissent les plus simples au vulgaire, et pour parler de ces faits d’une manière vraiment sérieuse, il faut commencer par les décomposer : opération très-difficile et pour laquelle la physiologie n’est absolument d’aucun secours, je me trompe cependant en affirmant que l’auteur n’a pas de théorie sur la nature du génie. […] En outre, pour ce qui est de l’hallucination, il faut éviter de prendre trop au sérieux toutes les anecdotes qui sont rapportées sur les grands hommes, ou qu’ils rapportent sur eux-mêmes. […] C’est ce qu’il me paraît absolument impossible de découvrir, c’est du moins ce qui demanderait des observations si longues et si délicates, que je ne crois pas que la science puisse encore rien avancer de sérieux sur un pareil sujet.
On a vu les facultés qui le distinguaient, mais on n’a pas vu ce qui les a bornées et faussées quelquefois, ce qui a souvent nui à leur jeu, ce qui leur a donné cette superficialité apparente dont son grand talent a été victime vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis des autres, car les autres ont dit souvent de lui, et bien des fois je l’ai entendu, le mot mérité, et mortel en France : « C’est un bel et grand esprit, mais il n’est pas sérieux ! » III Il n’est pas sérieux, voilà l’accusation ! […] IV C’est, en effet, ce mélange de dandysme et de monde, avec les labeurs incessants de l’esprit le plus infatigable, qui fait l’originalité de Philarète Chasles, de cette personnalité singulière, — mi-partie, comme le costume des Boulions au Moyen Âge, de choses voyantes et contrastées, d’élégance, de passion, de sérieux — trop rarement !
On désireroit seulement que, dans le Faux Généreux, il eût un peu moins sacrifié au goût du siecle pour le sérieux & le pathétique : un Auteur qui a tant de ressources par lui-même, n’a pas besoin de se prêter aux travers du moment pour se procurer des applaudissemens.
Ces pantalonnades théologiques, qu’on faisait applaudir à Notre-Dame à force d’aplomb et d’éloquence, n’avaient aucun succès auprès de ces sérieux chrétiens. […] sérieuse du christianisme viendra bien plutôt de Saint-Sulpice que de directions comme celle de M. […] L’essentiel est de n’y faire aucun sacrifice, et c’est là ce que votre sérieux, votre droiture, votre honnêteté enseignaient dans la perfection. […] Les autres ne sauront jamais ce que ces vieilles écoles de silence, de sérieux et de respect renferment de trésors pour la conservation du bien dans l’humanité. […] À Saint-Sulpice de Paris on pourrait passer trois années sans avoir eu aucune relation sérieuse avec un seul des directeurs.
Il ne vouloit point qu’on préférât au comique d’usage ce mêlange du pathétique & du sérieux, cet alliage des ris avec les pleurs. […] On plaisanta sur cette bigarrure de bouffonneries & de sérieux pathétique, sur l’honneur qu’on faisoit à des spectateurs raisonnables de les prendre pour des enfans ou des fous qui pleurent, & qui rient presque dans le même instant. […] On a dit, en assez mauvais vers, pour la défense de cette muse : Si quelquefois prenant son sérieux, Aux spectateurs elle arrache des larmes, Parlant aux cœurs, elle en a plus de charmes. […] Il condamne les tragédies où l’on substitue aux rois, & à des personnages illustres, de simples bourgeois ; où l’on veut introduire, parmi des hommes du commun, le même sérieux & le même air de dignité qu’on remarque dans les véritables tragédies. […] Cet accord des magistrats, avec tant de casuistes, peut donner lieu à des réflexions sérieuses.
De retour en Europe, les années suivantes se passèrent pour lui en succès de toutes sortes, en voyages dans les diverses cours, très-amusants et qu’il raconte à ravir, en projets politiques et en applications sérieuses de son métier de républicain. […] Tout ce qui précède n’a été qu’un prélude ; le plus sérieux et le plus mûr commence ; la gloire, jusque-là si pure et incontestée, du jeune général va subir de terribles épreuves. […] Les besoins de mon âme sont les mêmes, mais ont pris un caractère plus sérieux, plus indépendant des coopérateurs et du public dont j’apprécie mieux les suffrages. […] Le duc de Laval, parlant de M. de La Fayette et de ses bonnes fortunes dans sa jeunesse, disait en bégayant et de l’air le plus sérieux : « M. de La Fayette a eu madame de Simiane ; et madame de Simiane ! […] Envoyé très-souvent de Chartres à Paris pour les affaires du diocèse ou du chapitre, il jouissait de la capitale en amateur spirituel, en dilettante, et il passait à Chartres, dans ses courts retours, pour un grand dévot, parce qu’il était sérieux.
Sur Sériosité, l’horoscope de Vaugelas est en défaut ; il lui avait prédit de l’avenir ; il croyait qu’on dirait bientôt : « Cet homme a de la sériosité », pour signifier du sérieux. […] Sériosité n’a pu s’introduire, malgré son analogie de formation avec Curiosité ; on s’en est fort bien passé, et l’on en a été quitte pour dire substantivement le sérieux. […] Ce grand orateur, en son temps, savait fort bien se moquer de ces petites bouches et de ces esprits pusillanimes qui, à force de craindre la moindre ambiguïté dans le langage, en venaient à ne plus même oser articuler leur nom ; et M. de La Mothe ajoute dans un sentiment vigoureux et mâle : « Ceux dont le génie n’a rien de plus à cœur que cet examen scrupuleux de paroles, et j’ose dire de syllabes, ne sont pas pour réussir noblement aux choses sérieuses, ni pour arriver jamais à la magnificence des pensées. […] Poitevin, dans sa Préface, nous dit : « Autrefois les élèves trouvaient du charme dans la lecture des grands écrivains du xviie siècle ; ils avaient constamment entre les mains et sous les yeux de bons modèles ; mais, depuis une vingtaine d’années, le goût des études sérieuses s’est considérablement affaibli… » Et en conséquence, M.