Ses Romans en effet n’ont point pour le but d’occuper l’oisiveté, de repaître l’imagination, encore moins celui d’égarer l’esprit & de corrompre les mœurs. […] Un peu plus de noblesse & moins de prolixité dans le langage, rendroient ce Roman irréprochable aux yeux de la critique, comme il l’est aux yeux des mœurs & de la raison. […] De telles Productions seront toujours distinguées, avec les éloges qu’elles méritent, de la multitude assommante de nos Romans bizarres, frénétiques, & sans dessein ; parce qu’elles prouvent qu’avec le talent d’écrire, leurs Auteurs ont du savoir & des lumieres qu’on ne peut acquérir qu’avec beaucoup d’étude & de réflexion.
Le Roman de Renart. […] Le songe est un lieu commun et une machine en usage dans les romans de chevalerie : ici la parodie en est heureuse et très spirituelle. […] Maintenant j’ai à marquer qu’à côté de ces parties du Roman de Renart toutes vives, naturelles et gracieuses, il en est d’un tout autre caractère. […] Et il y a même eu, dans ce Roman de Renart, une épopée du même genre antérieure à la sienne et bien plus digne de ce nom. Depuis que l’on connaît le Roman de Renart, La Fontaine, même dans ce sens peu rigoureux et tout favorable où on l’entend, ne peut vraiment être dit que le second Homère dans son genre.
Je n’ai pas à continuer l’analyse du roman de Marianne : c’est un de ces livres que le lecteur, pas plus que l’auteur, n’est pressé d’achever ; il s’y sent un manque de passion qui désintéresse au fond et qui refroidit. […] Au moment où le roman semble tourner au drame, on n’a encore que de l’analyse. […] Le Paysan parvenu, second roman de Marivaux (1735), a plus d’action, je ne dirai pas plus d’invention ; mais il y a du mouvement. […] Ce dernier avait critiqué longuement Marivaux et avait parodié son style sous le nom de la Taupe dans le triste roman de Tanzaï. […] Marivaux, avant et depuis son Paysan parvenu, a toujours aimé ces transpositions de rôles, soit dans le roman, soit au théâtre.
De plus, Zola émit cette prétention que ses romans étaient des romans « expérimentaux ». […] Zola voulait dire qu’il faisait des romans d’observation et fondés sur des documents, comme on en faisait depuis une centaine d’années. […] Enfin, une manie particulièrement française était délicieusement chatouillée dans les romans de Zola, le goût d’entendre dire du mal de la France. […] Un peu de flottement et de « traînasseries » toujours, au milieu de ses romans toujours trop longs ; mais des débuts et des fins excellents. […] Mais il fit, conduit par ces nouvelles rêveries un peu confuses, des livres qui, s’ils étaient de mauvais romans, étaient de bonnes actions.
Au contraire, nous sommes à une époque où l’on a abusé de tout, et où il faut, pour exciter l’intérêt de ceux qui lisent encore, des romans compliqués comme des labyrinthes et démesurés de longueur. Dans l’état présent de la littérature, les journaux, qui sont les espaliers du roman, n’aiment à en étaler que dans des proportions formidables. […] Ainsi qu’on fait l’éducation de l’imagination publique à peu près comme on fait l’éducation d’un organe, les romans de feuilleton ont créé dans la masse des lecteurs de véritables appétits de Gargantua. […] Écrivain d’imagination, romancier qui a fait plus que de nous donner des romans, car il nous a donné des nouvelles qui sont des romans concentrés, l’auteur des Païens innocents a parfois interprété et illuminé même l’Histoire avec cette fantaisie qui touche le vrai, souvent, dans les délicieux colins-maillards qu’elle joue ; mais cette devineresse par éclairs n’est point l’imagination du critique, qui, comme une lampe entretenue d’huile, verse sur des œuvres qu’il faut pénétrer une clarté égale et continue. […] Si, un jour qui n’est pas très éloigné dans sa vie littéraire, il y eut pour Hippolyte Babou des Païens innocents, — dans le pays des romans, il est vrai, qui ne peuvent jamais (c’est sa théorie) être trop romanesques, — il n’y a pas à ses yeux de sots innocents sur le terrain de la réalité.
Même, il y avait là une des causes qui la désintéressait des romans. […] Jules Lemaître n’est ni un roman, ni un récit historique, ni une fantaisie, bien qu’il se compose d’un peu de tout cela. […] Mais l’épouseur n’est pas si dégradé qu’il ne veuille se réhabiliter, et c’est là qu’est le petit roman. […] Édouard Rod vient de faire paraître chez Perrin, est sans contredit un des meilleurs romans qu’il ait écrits. […] Dans ce nouveau roman, recueil de la correspondance de ses personnages entre eux, M.
Michelet, des romans dont toute la critique s’est émue. […] Nous vîmes notre pièce perdue, au moins pour le moment, et nous partîmes, assez désespérés, nous enterrer à la campagne dans le travail et la consolation d’un grand roman. […] La pièce, intitulée Les Hommes de lettres, était l’embryon du roman qui a pour titre aujourd’hui Charles Demailly. […] De ce jour, nous appartenions exclusivement au roman ; cela jusqu’à l’année 1863, où nous écrivions Henriette Maréchal. […] Dans le roman, je le confesse, je suis un réaliste convaincu ; mais, au théâtre, pas le moins du monde.
Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature. […] Ses romans, qui n’attestent ni profondes études sur la nature humaine ni intuitions nouvelles sur les passions ou les caractères, défient l’analyse et la désespèrent. […] pas renouvelé la face de la littérature, et rien ne nous fait présumer dans ce qu’il nous laisse qu’il fût destiné à raviver plus tard les vieilles sources du roman ou du conte, plus taries encore que celles du roman.
Que seront ces romans ? […] C’est de consulter les romans de M. […] Rosny compose ses romans. […] Ces romans traduits sont parmi les mieux écrits entre les romans français d’aujourd’hui. — Enfin M. […] Ces trois romans forment le cycle des « romans de la rose ».