L’auteur du Corneille inconnu a été bercé avec ce nom de Corneille, donné par le hasard à un aigle, et que voilà, par le fait du génie, presque aussi fier et aussi beau que le nom de l’aigle romaine. L’aigle, dans Corneille, fut souvent romain, mais il fut plus que cela, et M. […] Ni son génie romain, ni son génie gaulois ; car il avait les deux génies.
. — Pourquoi il a pu peindre les personnages et les passions de la corruption romaine. […] Il avait si bien pénétré et retourné les idées grecques et romaines, qu’elles s’étaient incorporées aux siennes. […] L’érudition et l’éducation classiques l’ont fait classique, et il écrit à la façon de ses modèles grecs et de ses maîtres romains. […] L’apothicaire romain tient sur même planche la boîte à remèdes, la boîte à cosmétiques et la boîte à poison128. Là-dessus vous voyez tour à tour se dérouler toutes les scènes de la vie romaine, le marchandage du meurtre, la comédie de la justice, l’impudeur de l’adulation, les angoisses et les fluctuations du sénat.
On le voit, si une idée auguste et grandiose préside à l’inspiration de Gibbon, l’intention épigrammatique est à côté : il conçoit l’ancien ordre romain, il le révère, il l’admire ; mais cet ordre non moins merveilleux qui lui a succédé avec les siècles, ce pouvoir spirituel ininterrompu des vieillards et des pontifes, cette politique qui sut être tour à tour intrépide, impérieuse et superbe, et le plus souvent prudente, il ne lui rendra pas justice, il n’y entrera pas : et de temps en temps, dans la continuité de sa grave Histoire, on croira entendre revenir comme par contraste ce chant de vêpres du premier jour, cette impression dénigrante qu’il ramènera à la sourdine. […] Sa grande ligne est tant qu’il peut romaine, puis byzantine ; mais il y a un moment où, à force de la prolonger, il la perd : qu’on veuille songer que cette Histoire qui se rattache à Auguste et qui commence à Trajan, ne se termine qu’au xive siècle, à la parodie tribunitienne et à la réminiscence classique de Rienzi. […] Sur ces parties accessoires il sera nécessairement surpassé un jour par ceux qui étudieront ces peuples dévastateurs en eux-mêmes, et remonteront plus haut vers leurs racines et leurs sources asiatiques : là où il reste original, c’est dans l’exposé des derniers grands règnes romains ou byzantins, quand il parle de Dioclétien, de Constantin, de Théodose, de ces âmes héroïques et venues trop tard comme Majorien ; c’est quand il parle de Justinien et de Bélisaire. […] Pourquoi, tout occupé de défendre et de justifier l’ancienne police administrative des empereurs et le procédé du magistrat romain, a-t-il méconnu l’introduction dans le monde et la création dans les cœurs d’un héroïsme nouveau ? […] Il était près, assure-t-il, de lui répondre ; il s’est ressouvenu aussitôt de son Histoire, de cette Histoire élégante et froide, où il est tracé « un tableau si odieusement faux de la félicité du monde », à cette écrasante époque de l’établissement romain : Je n’ai jamais pu lire son livre, ajoute-t-il, sans m’étonner qu’il fût écrit en anglais ; à chaque instant j’étais tenté de m’adresser à M.
Il eut de la peine à s’y résigner, mais la majesté romaine de l’exil et la haute fortune dont on lui dorait cet exil le firent enfin partir. […] Elle avait seize ans ; elle était Romaine, nièce d’un cardinal d’origine française ; elle voyageait je ne sais pourquoi en France avec je ne sais quelle princesse de sa famille. […] La jeune Romaine y essayait ses premiers pas et ses premiers sourires. […] Comment la monarchie de 1830 aurait-elle respecté la théocratie romaine de M. de Chateaubriand en révolutionnant Bologne et Rome ? […] L’homme du siècle des Bourbons se reposait enfin là, en jouissant de son beau soir et en attendant la mort sur sa chaise curule comme les derniers des Romains.
« Poppée était mariée à un chevalier romain, Rufus Crispinus. […] fut-ce les Romains ou Néron ? […] Et vous, censeurs, appréciez l’indignation des Romains sur le meurtre d’Agrippine. […] et quel bonheur pour les Romains ! […] Lucrèce, dame romaine.
» Et il oublie que la république romaine, qu’il exalte, a cessé de vivre le jour où elle a cessé de conquérir ! […] Il faut que le peuple conquis puisse jouir des priviléges de la souveraineté, comme les Romains l’établirent au commencement. […] « Le peuple romain, plus qu’un autre, s’émouvait par les spectacles. […] Est-ce que les Romains, habitant le plus chaud climat de l’univers, n’ont pas attaqué les Parthes, les Gaulois et les Germains dans les forêts ? […] Les Romains n’ont-ils pas courbé les pays chauds ou froids sous leurs lois ?
Sous sa rhétorique romaine et sa subtilité espagnole, c’est un Danois des anciens âges, un Northmann, un homme de fer et de glace, un monstre, un barbare. […] Restent en présence et peut-être en opposition, dans la plupart des personnages, l’homme de l’antiquité grecque ou romaine et l’homme du temps de Louis XIV. […] Pour Racine, Mithridate n’est pas seulement un grand homme, mais, tout compensé, un « honnête homme », quelque chose comme le grand Condé amoureux à soixante-dix ans et luttant contre les Romains. […] Et, pour le dire en passant, qu’importe que nous concevions mal la force de cette tradition romaine à laquelle se soumettent Titus et Bérénice ? Le préjugé romain n’est qu’un signe, le signe d’un obstacle insurmontable.
La terre lui paraît encore divisée en royaumes qui se font la guerre ; il semble ignorer la « paix romaine », et l’état nouveau de société qu’inaugurait son siècle. Il n’eut aucune idée précise de la puissance romaine ; le nom de « César » seul parvint jusqu’à lui. Il vit bâtir, en Galilée ou aux environs, Tibériade, Juliade, Diocésarée, Gésarée, ouvrages pompeux des Hérodes, qui cherchaient, par ces constructions magnifiques, à prouver leur admiration pour la civilisation romaine et leur dévouement envers les membres de la famille d’Auguste, dont les noms, par un caprice du sort, servent aujourd’hui, bizarrement altérés, à désigner de misérables hameaux de Bédouins.
Cela s’explique par le séjour des Phocéens, qui ont fondé Marseille, et des Romains, qui ont tant multiplié leurs colonies dans les Gaules. […] Il avait l’imagination tournée du côté du génie espagnol ; et même le caractère romain ne lui était apparu qu’au travers du voile espagnol, car Lucain était de Cordoue. […] Les Romains eux-mêmes, qui firent tant de choses pour assurer la conquête des Gaules, se plaignaient de la résistance que nos pères apportaient à parler la langue du vainqueur. […] Virgile, en racontant les origines de l’empire romain, en transportant les pénates de Troie sur la vieille terre du Latium, nous montre comment se fondent les empires, comment les traditions lient les générations les unes aux autres. […] Chez les Romains, Virgile seul eut le sentiment de la poésie.