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248. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Ce ne fut pas sans quelque difficulté que Frédéric réussit à se faire reconnaître un grand roi et le meilleur guide de la monarchie prussienne par les princes ses frères. […] Il aimait également ses frères ; mais ici le roi se faisait sentir davantage. […] On a les lettres qui constatent cette rupture entre le frère roi et le frère disgracié et qui se croit frappé injustement. […] Le prince Henri remercie le roi, il se dit touché de ses bontés et de ses grâces. […] Après un court intervalle de repos, le roi lui rendit le commandement d’une armée.

249. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

J’ai cru qu’étant roi, disait Frédéric, il me convenait de penser en souverain, et j’ai pris pour principe que la réputation d’un prince devait lui être plus chère que la vie. » Elle épouse donc complètement ses intérêts et sa destinée. […] J’imagine que si elle écrivait directement au roi une lettre touchante et raisonnée, et qu’elle adressât cette lettre à la personne dont je vous parle, cette personne pourrait, sans se compromettre, l’appuyer de son crédit et de son conseil. […] Je me chargerai très volontiers de la lettre de Mme la margrave, et je pense qu’elle ferait très bien, dans la lettre qu’elle m’écrira, de mettre les sages réflexions que M. de Voltaire emploie dans la sienne concernant l’agrandissement de la maison d’Autriche… Une lettre, dans le sens voulu, fut écrite par la margrave et adressée non pas au roi, mais au cardinal ; la lettre au roi ne devait venir qu’après qu’on aurait sondé le terrain à Versailles. […] Il y a eu, en des temps plus voisins de nous, une autre sœur de roi aussi, qui a voulu partager la destinée de son frère et mourir avec lui : cet autre roi était loin d’être un grand homme ou même un homme supérieur, ce n’était qu’un honnête homme ; cette sœur, c’était une personne douce, pure, simple, pieuse, ayant surtout les trésors du cœur. […] Elle a son nom désormais et son titre dans l’avenir, sa correspondance couvre et rachète ses mémoires, et quand il sera question d’elle, on dira d’abord : C’est une sœur de roi.

250. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Ils allèrent trouver le roi Marc’h et lui racontèrent ce qu’ils avaient vu ; le roi ne voulut pas les croire. […] Le roi se laissa conduire et se cacha dans le vieux chêne qui ombrageait la fontaine. […] Vous m’en voyez toute chagrine et je ne sais vraiment que faire, car ils ont toute la confiance du roi. […] dit le roi en voyant cela, que croire désormais, puisque Tristan, la loyauté même, est déloyal ? […] Des barons s’en doutent et suggèrent au roi leurs soupçons.

251. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VIII. Les calaos et les crapauds »

Le roi calao avait donné sa fille en mariage au roi des crapauds. […] Il alla trouver le chat151 et lui fit part de son désir et de son embarras. « Tu es le beau-père du roi des crapauds, lui répondit le chat. […] Envoie inviter le roi crapaud à défricher ton lougan demain matin.

252. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Rien ne peint mieux la morale d’une époque et d’une cour qu’une telle publication de la part d’un homme d’Église, précepteur en titre des fils du roi, une licence de cette force et qui paraît chose toute simple. Que l’on se figure, si l’on peut, le précepteur d’un fils de roi, depuis Bossuet jusqu’au digne et docte précepteur de M. le comte de Paris, s’avisant d’égayer par une publication de ce genre les travaux de son grave préceptorat. […] Sans prendre à la lettre les imprécations de d’Aubigné sur le roi qui eut le malheur d’attacher son nom à cette nuit funeste, on conviendra qu’il y avait au moins de l’illusion de précepteur et de père nourricier dans Amyot. — Quant au petit roi, il jugeait son bon maître tout en le comblant : on rapporte qu’il le raillait parfois sur son avarice et sa parcimonie, et enfin, lui qui se connaissait en vers et qui en faisait même d’assez bons, il se permettait de trouver durs ceux qu’Amyot mêlait à ses traductions : Amyot, très peu poète en cela, ne l’en trouvait pas moins aimable. […] L’assassinat de MM. de Guise, aux États de Blois, donna le signal aux mécontents et aux ligueurs d’Auxerre : un supérieur des Cordeliers, Claude Trahy, publia et prêcha partout que l’évêque Amyot avait tout su, tout approuvé, et qu’en absolvant le roi dont il était l’aumônier, il s’était fait son complice. […] Et c’est en cela qu’il est vraiment le premier et le roi des traducteurs : autrement il ne serait qu’un auteur original qui se serait mépris.

253. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Ainsi, ces Mémoires de Gourville, où il y a en général si peu de révérence et de sentiment de respect, débutent, comme tout ce qui s’écrivait alors, par un acte de dévotion envers le roi. […] de rapporter au roi la masse de drapeaux et d’étendards pris sur l’ennemi, et qu’on emballe du mieux qu’on peut derrière son carrosse. […] Il fit part de son envie à divers officiers et seigneurs du lieu, au marquis de Sillery, gouverneur, à M. de La Mothe, lieutenant de roi et homme fort entendu : Je leur dis que je croyais que l’on pourrait prendre M.  […] Mazarin distingua à temps Gourville dans les rangs des adversaires et résolut de l’employer ; il le reconnaissait pour avoir de l’esprit, et capable de servir le roi. […] Sollicité indirectement par Louvois de se détacher du service particulier de ces princes pour être tout à fait au roi, il refusa en sage et en serviteur reconnaissant.

254. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Ainsi fit le fils du roi, il était jeune. […] Alors, les gens se plaignent et disent : voilà ce qu’ont fait les enfants du roi ! […] En un instant, il pêcha le fils du roi, il était jeune. […] Le fils du roi les va chassant. […] Visa le noir, tua le blanc, fils du roi, qu’tu es méchant, Ô fils du roi, qu’tu es méchant, D’avoir tué mon canard blanc.

255. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Plusieurs membres de l’académie de Berlin, ont protesté contre une conduite si criante, & quitteroient l’académie, que le sieur Maupertuis tyrannise & déshonore, s’ils ne craignoient de déplaire au roi, qui en est le protecteur ». […] J’avois mangé souvent à la table du roi avec des personnes dont j’ignorois le nom. Mais quelques attentions singulières du roi, une grosse pension, la faveur de le voir à des heures réglées, de lire avec lui plus intimément les ouvrages par lesquels le roi se délasse du gouvernement, m’ont attiré la jalousie. » Les mauvaises intentions d’un rival en crédit à la cour de Berlin, vinrent bientôt à la connoissance de M. de Voltaire. […] Le poëte lui-même fut si touché dans ce moment qu’il écrivit à Paris, qu’en revoyant le roi de Prusse, il avoit retrouvé ce roi enchanteur. […] Il a dédommagé, & dédommage encore autant qu’il peut, par des lettres fréquentes & pleines d’estime, celui dont les écrits font si fréquemment son éloge, celui qui, tout entier à la philosophie, désabusé des grands & des rois, préfère l’indépendance & le repos à toutes les cours.

256. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Passons-lui donc d’avoir présenté la force comme la mesure de la grandeur des dieux ; laissons Jupiter démontrer, par la force avec laquelle il enlèverait la grande chaîne de la fable, qu’il est le roi des dieux et des hommes ; laissons Diomède, secondé par Minerve, blesser Vénus et Mars ; la chose n’a rien d’invraisemblable dans un pareil système ; laissons Minerve, dans le combat des dieux, dépouiller Vénus et frapper Mars d’un coup de pierre, ce qui peut faire juger si elle était la déesse de la philosophie dans la croyance vulgaire ; passons encore au poète de nous avoir rappelé fidèlement l’usage d’empoisonner les flèches 83, comme le fait le héros de l’Odyssée, qui va exprès à Éphyre pour y trouver des herbes vénéneuses ; l’usage enfin de ne point ensevelir les ennemis tués dans les combats, mais de les laisser pour être la pâture des chiens et des vautours. […] Mars, en combattant Minerve, l’appelle κυνόμυια (musca canina) ; Minerve donne un coup de poing à Diane ; Achille et Agamemnon, le premier des héros et le roi des rois, se donnent l’épithète de chien, et se traitent comme le feraient à peine des valets de comédie. […] Ensuite le roi des rois, se regardant comme outragé, croit rétablir son honneur en déployant une justice digne de la sagesse qu’il a montrée.

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