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870. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIVe entretien. Épopée. Homère. — L’Odyssée » pp. 445-524

Ce repas s’accomplissait en silence, interrompu seulement de temps en temps par quelques remarques profondes, fines ou malicieuses, du vieux berger, aussi sage que Nestor, ou par quelques rires contenus des jeunes filles rougissantes, qui se retournaient contre le mur pour cacher leur visage ou qui s’enfuyaient en folâtrant dans les cours pour rire en liberté. […] Aussitôt le bruit des services, les conversations, les rires se taisaient ; sa physionomie noble, gracieuse et grave, même dans le sourire, apaisait tout ce bruit du jour comme l’huile répandue apaise le léger tumulte des petits flots bouillonnants dans la vasque d’une fontaine.

871. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

avoir le cœur séparé de soi-mesme, estre maintenant en paix, ores en guerre, ores en trefve ; couvrir et cacher sa douleur ; changer visage mille fois le jour ; sentir le sang qui lui rougit la face, y montant, puis soudain s’enfuit, la laissant pâle, ainsi que honte, espérance ou peur nous gouvernent ; chercher ce qui nous tourmente, feignant le fuir, et néanmoins avoir crainte de le trouver ; n’avoir qu’un petit ris entre mille soupirs ; se tromper soi-mesme ; prusler de loin, geler de près ; un parler interrompu, un silence venant tout à coup, ne sont-ce tous signes d’un homme aliéné de son bon entendement ? […] Tout à un coup je ris et je larmoye, Et en plaisir maint grief tourment j’endure ; Mon bien s’en va, et à jamais il dure ; Tout en un coup je sèche et je verdoye.

872. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

On sait la vie qu’ils y menèrent, et quels charmants contes pour rire et pour aimer naquirent de leurs loisirs d’été à l’ombre des arbres, au gazouillement des eaux et aux roucoulements des colombes. […] Près d’une eau qui frémit sur son lit de gravier, Sous l’aune où le geai siffle, où se rit la linotte, De l’hymne universel m’enseignant chaque note, Tu conduisis mes doigts sur ton vaste clavier.

873. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Des groupes de jolies pêcheuses, trempant leurs jambes nues dans l’eau transparente, et se jetant, avec de joyeux rires, les gouttelettes de l’eau de leurs filets au visage, forment à chaque tournant sous vos yeux de vrais paysages du Poussin. […] Fauvel, qui embellissaient de deux visages animés ce musée de beautés mortes, riaient aux éclats de cette puérile humeur du vieillard.

874. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Je les entends rire et toujours rire ; cet âge est une joie permanente.

875. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Je suis jeune encore, mais j’ai toujours aimé, dès mon enfance, à pleurer avec ceux qui pleurent, plus qu’à rire avec ceux qui rient ; si vous ne voulez pas me dire toute l’histoire aujourd’hui, vous me la direz demain, car je n’ai rien qui me presse, et si j’étais pressé, quelque chose encore me retiendrait ici que je ne puis pas définir.

876. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Racine et Boileau étaient dans la première jeunesse, l’un brûlant de passion, l’autre content de vivre et d’être libre, ami du rire et des malins propos. […] Là, on s’émancipait à de plus vives gaietés, encore bien inoffensives : comme il arrive souvent aux gens voués par profession aux graves pensées et aux travaux sérieux, ces magistrats, ces savants et ces prêtres ont le rire serein et facile de l’enfance.

877. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Je ressusciterai les cités submergées, Et celles dont le sable a couvert les monceaux ; Dans leur lit écumeux j’enfermerai les eaux ; Et les petits enfants des nations vengées, Ne sachant plus ton nom, riront dans leurs berceaux ! […] La Nature a chez nous l’ondoiement et la grâce, quelque chose qui rit, qui flotte et se renouvelle.

878. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

« Je veux vous émouvoir, et je vous ferais rire. […] « Le grand art du débit est toujours d’être juste, « Molière était comique en déclamant Auguste ; « Et, n’étant pas Molière, il doit m’être permis « De craindre, qu’en prêtant à rire à vos amis, « Je ne rende à vos vers un dangereux service.

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