Quant à la forme du vers, — peut-être par trop classiquement arrêtée, — tant discutée et attaquée, je n’ai pas la prétention ridicule de la juger, raisonnant : L’œuvre est-elle belle ?
« Pour vous dire le vrai, je n’ai point grand goût pour cet auteur25. » Le changement qui s’opéra dans le goût de Voiture me paraît remarquable comme témoignage de celui qui dominait à l’hôtel de Rambouillet, et me semble prouver que les principaux personnages de cette société, au lieu d’être des modèles de mauvais langage, contribuaient à corriger et à épurer les ridicules qui depuis L’Astrée s’étaient propagés parmi les beaux esprits.
Le Public, qu’on ne peut y envoyer avec lui, sera du parti de Philoxene, & le Tyran n’aura pour partage que le ridicule de ses Ecrits, & la honte de l’oppression.
Mais l’amante de Paul est une vierge chrétienne, et le dénouement, ridicule sous une croyance moins pure, devient ici sublime.
Emotion contenue n’est pas plus ridicule qu’émotion dissimulée ; quant à front fuyant, c’est une expression scientifique et très juste qu’il suffit d’employer à propos.
Les romans de Mlle de Scudéry ont laissé tout un peuple de femmes de ce genre, qui, vers 1672, ont des ridicules qui paraissent des ridicules même aux personnages ridicules de 1672. […] Tartuffe est le personnage odieux, mais Orgon est le personnage ridicule. […] Je resterai comique, puisque mon homme n’est que ridicule, et je donnerai à mon homme, ou à ses pareils, une bonne leçon. […] C’est une satire par l’exagération des ridicules superficiels et extérieurs. […] Les Précieuses ridicules sont en entier une comédie bouffe.
On est ridicule quand on ne pense pas comme lui, et cela est terrible. […] Mais ce ridicule est beaucoup moins senti aujourd’hui qu’autrefois. […] Ne sommes-nous pas, sans nous en douter, d’une timidité ridicule devant le vrai ? […] Nous avons vu que ce qu’il lui reproche, c’est surtout de restreindre de la façon la plus ridicule le champ de son observation. […] Car il faut le dire, le personnage du jeune Rémond est pleinement ridicule et haïssable, haïssable des pieds à la tête, et ridicule de la tête aux pieds.
D’un bout à l’autre de sa correspondance et de son œuvre, nous assistons à une sorte de lutte, tantôt sourde, tantôt violente, entre les deux hommes qu’il y a en lui : l’un, le sensitif, s’abandonnant à des confidences pleureuses, à des frayeurs puériles, à des obsessions presque ridicules ; l’autre, le stoïque, acceptant avec un calme vainqueur les dernières conséquences de sa désolante et cruelle observation. […] Ils sont sublimes ou ridicules : les combattants du cimetière d’Eylau sont d’une bravoure simple qui exalte comme une fanfare, et la charité des pêcheurs des Pauvres gens devient de l’héroïsme. […] Dossi, comme ses congénères français et étrangers, trouve que la société est inepte, odieuse ou ridicule, que le monde est une comédie grotesque qui livre la scène à de méprisables appétits, et il n’écrit guère que pour mettre en relief les travers de l’espèce humaine. […] Il demande pourquoi l’on rit : « Parce que Broek est quelque chose de ridicule. » À Amsterdam, le propriétaire de son hôtel, auprès duquel il revient à la charge, lui répond : « Enfantillages ! […] J’ai vieilli tellement en peu d’années, sans acquérir un seul talent ou une seule connaissance de plus, qu’il serait ridicule que je conservasse encore les illusions de grandeur et de gloire qui ont bercé mes jeunes années.
Cependant, si la hardiesse lui a manqué pour attaquer, comme Molière, les ridicules de la cour, il laisse assez souvent entrevoir que le ton lui en était à charge. […] Il paraît que, dans cette pièce, Shakspeare avait pour but de faire la caricature d’une troupe de comédiens rivale de la sienne, et peut-être de tous ces artistes amateurs chez qui le goût du théâtre est une passion souvent ridicule. […] Le poëte devait aux vertus d’Hélène et à la morale de le punir ; mais il avait peut-être malgré lui de l’indulgence pour le fils de cette comtesse si bonne et si aimable, et que sa sagesse et sa tendresse pour Hélène élèvent au-dessus de tous les préjugés ridicules de la naissance. […] Nous passons en revue avec lui tous ces héros, que nos souvenirs classiques nous rendent sacrés, sans pouvoir résister à la tentation de les trouver parfois ridicules, et cependant naturels. […] En effet, c’est un défaut insupportable de chercher des épigrammes quand il faut peindre la sensibilité chez ses personnages ; il est ridicule de montrer ainsi l’auteur quand le héros seul doit paraître au naturel mais ce défaut puéril était bien plus commun du temps de Corneille que du nôtre.